Chapitre 5
Vingt trois heures. Une envie me vient subitement de m'enrouler dans mes draps et de fermer mes yeux à la recherche du sommeil. Je ne peux pas, la soirée ne fait que commencer. Mes parents restent réveillés bien qu' ils savent que mes lumières ne s'éteindront que vers deux heures du matin.
Leur couple est atypique pour les coréens, il attire la curiosité de tous y compris des chaînes télévisées qui quelque fois les accostent en pleine rue. Néanmoins tout n'était pas rose à leur début de relation car tout cela n'était que nouveau.
Tous deux étaient à l'université en France, à la Sorbonne plus exactement. C'est là qu'ils se sont rencontrés puis qu'ils se sont aimés. En 1990, leur couple restait toujours un mystère car improbable. Lui venait de Kinshasa et elle de Séoul. Il avait émigré en France à l'âge de trois ans et elle était venue faire ses études de lettres. Il et elle étaient antinomiques. Mais, ils sont tombés amoureux. Après ma naissance ils ont emménagé en Corée du Sud et n'en sont plus partis. Il est plus facile d'élever des métisses en France de par sa pluralité et sa diversité mais mes parents ont préféré la Corée. Cinq ans après ma naissance, ils ont eu une nouvelle fille . On m'a raconté que je n'avais pas apprécié l'arrivée de ma sœur dans la famille, que j'avais longuement pleuré en voyant mes parents s'occuper d'elle plutôt que de moi. Et maintenant, elle a treize ans. A treize ans on commence à se perdre à ne pas savoir réellement qui l'on est, je le sais parfaitement. Pourtant, elle ne semble décontenancée de rien, Nari. Nari comme la fleur de lys. Le lys se pare de diverses couleurs, fleur symbole d'élégance et de beauté unique. Je ne saurais définir l'unique puisqu'il peut être ce qui est identique tout en étant ce qui est exceptionnel. Elle est singulière, drôle, pétillante et aimée. Plus extravertie que je ne le suis, on arrive à lui dire que cela colle avec ses origines africaines. On pense au prime abord que je suis amusante, que je sais danser, chanter ou encore rapper. Je ris toujours devant ces stéréotypes bien ancrés. Mais je ne sais rien faire de tout cela. A vrai dire, je me demande même si j'excelle en quoi que soit. Puis on se rend vite compte que sourire ou rigoler ne m'est pas familier du moins ne l'est plus.
Au départ, mes parents ne cessaient de se questionner si tout allait bien. Que leur répondre à part que non tout ne va pas ? Alors, j'ai arrêté de répondre. J'ai appris que crier, essayer de se faire comprendre ne servaient à rien. Les gens veulent seulement entendre ce qu'ils veulent entendre. Bien entendu, il m'arrive de m'adresser aux gens de leur dire bonjour. Mais parler m'est devenu étranger, lointain, quelque chose que je ne contrôle plus. J'ai cependant encore tous mes sens ; le ciel est sombre, l'odeur de la nuit embaume ma chambre et puis je sens mes cahiers sous mes doigts. Cela me rappelle que notre examen approche et que je ne peux pas perdre du temps à cause d'activités inutiles. L'université de Sungkyunkwan est celle que je vise afin d'y apprendre la littérature coréenne. Je ne sais pas qui je serai demain mais j'ai envie réellement de connaître ce que mon pays recèle. Oui mon pays. Malgré ce que les gens en disent.
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