Chapitre 1
Je n'entends rien, ni les bruits métalliques du métro ni ceux des voyageurs. Je ne suis pas ici, je suis ailleurs. Je ne vois rien, ni les regards plaqués sur les téléphones ni ceux en ma direction. Il est sept heures quarante cinq, plus que deux arrêts. Sept heures quarante huit, il ne m'en reste qu'un. Il est sept heures quarante huit et trente secondes, dernier arrêt. Par habitude tout me semble mécanique. La plupart des personnes de mon lycée empruntent ce métro. Des uniformes bleu marine emplissent le couloir de leur couleur telle une vague. Nous sommes tous, depuis notre petite enfance, engloutis par cet océan infini qu'est l'école. Nos minutes de sommeil sont comptabilisées tout comme nos rangs au sein de nos classes respectives. Beaucoup de nos parents, aveuglés par la réussite, pensent que tout cela n'est qu'éphémère et ne remarquent pas que nous étouffons. Nous envahissons les allées du lycée, je me dirige vers ma classe et m'affale sur mon bureau à la recherche de quelque secondes de repos en plus. Le temps idéal pour réfléchir en attendant le reste de ma classe qui ne saurait tarder à arriver. Nous faisons partie des meilleurs lycées de Corée ainsi probablement une grande majorité des élèves entreront dans une des universités SKY. Certains auront plus de chance que d'autres d'y parvenir, sans argent,ici nous ne pouvons pas réussir. Les premiers élèves essaient de déstabiliser ceux qui s'en rapprochent de peur de perdre leurs places, j'y étais moi aussi ce fut un temps.
- Suyeong ! Suyeong ! m'appelle Haneul me tirant de mon sommeil.
Toute la classe est arrivée. Les cours vont bientôt débuter. Je croise le regarde de Boyeong, celle qui a été autrefois une amie.
Mes années de collège étaient totalement à l'opposé de celles de primaire. "Ils sont jeunes et candides" ne cessait de me répéter mon entourage alors que je n'avais que six ans. Mon impureté, la débauche de ma mère, pour avoir oser être tombée amoureuse d'un étranger, étaient au coeur des conversations. Toutes ces brimades ne sont pas liées aux nombres d'heures que ces enfants ont passées sur terre mais bien aux valeurs d'une société encore traditionnaliste. Au collège nous étions cinq, inséparables. Nous allions à l'école ensemble, jouions ensemble, rentrions chez nous ensemble. Cette amitié paraissait indéniable mais tout avait changé à partir du lycée. Nous nous étions perdues de vue et nous avions à la fois perdu notre amitié. J'essayais tant bien que mal de renouer le lien qui nous unissait ; nous avions fait plusieurs sorties et puis je n'ai plus reçu de leurs nouvelles. Je pensais que le lycée allait être l'opportunité de rencontrer de nouvelles personnes. Il s'est révélé être un emprisonnement dans le travail afin de réussir au mieux le Suneung examen d'entrée à l'université pour lequel nous travaillons avant même d'avoir posé les pieds sur cette planète. J'étais particulièrement heureuse lors de ma première année de lycée, Boyeong était toujours là, éloignée mais toujours là. Se tenir à côté d'elle était comme se tenir à l'écart des projecteurs car elle s'accaparait à elle seule toute la lumière grâce à sa beauté étourdissante. Pourtant, elle n'appréciait guère cet halo qui l'entourait ni l'attention que tout le monde lui portait. D'une certaine manière avec son allure, elle n'a pas à se soucier de son avenir en Corée au sein notre société aux accents perfectionnistes. Je l'admirais toujours avec ardeur lorsqu'elle passait sa brosse entre ses cheveux lisses d'un noir chatoyant. Sans doute de nombreuses fois l'ai-je jalousée car, elle, elle resplendissait. Boyeong était une amie jusqu'à l'année dernière, à vingt deux heures trente nous nous sommes tues.
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