un, deux , trois souvenirs
Sirius se tenait sur le pont, l'appareil photo en main, mais ses pensées voguaient loin, perdues dans le tourbillon de ses souvenirs. Le bruit des vagues, la brise salée du vent, tout semblait s'éteindre autour de lui. À la place, il revoyait Regulus, toujours là, dans sa tête, même après toutes ces années. Une ombre qui ne disparaîtrait jamais.
Il se souvint de leur arrivée chez les Potter, cet instant où tout avait basculé, où ils étaient passés de la solitude à une nouvelle vie. C'était un hiver glacial, la neige tombait doucement, et Sirius tenait fermement la main de Regulus. Ils étaient arrivés sur le perron de la maison des Potter, leurs valises à la main, sans savoir vraiment ce qui les attendait. Il y avait eu des sourires, des bras ouverts, mais au fond de lui, Sirius n'avait pu s'empêcher de sentir la distance, le fossé qu'il y avait entre eux et ces nouveaux parents, aussi bienveillants soient-ils.
"Vous n'êtes plus seuls," avait dit Euphémia Potter, en leur offrant un abri, une maison pleine de chaleur, d'amour, mais aussi de promesses. Pourtant, un détail demeurait : leur nom. "Black." Ce nom, chargé d'histoire, lourd de sens. C'était comme si, à chaque fois qu'il l'entendait, il portait avec lui le fardeau de son passé, de ce qu'ils avaient vécu avant d'arriver ici.
Regulus, toujours aussi silencieux, semblait plus perdu que jamais. Il ne savait pas comment accepter cette nouvelle vie. "Tu crois qu'on va pouvoir y arriver, Sirius ?" lui avait demandé, l'air inquiet, alors qu'ils étaient dans leur chambre d'ami, ce soir-là.
"On a tout ce qu'il nous faut ici, Reggie, ne t'inquiète pas . Tout ira bien." Mais les mots ne suffisaient pas. Ils n'avaient pas l'habitude de ce genre de vie, même si, au fond, Sirius savait que les Potter ne les avaient pas adoptés dans le sens traditionnel. Ils avaient pris leur nom, mais il restait toujours une sorte de distance invisible, comme si le sang qui coulait dans leurs veines n'était pas le même. Ce n'étaient pas leurs véritables parents. Ils étaient juste des étrangers qui les avaient accueillis.
Les années avaient passé, et avec elles, les rêves et les espoirs de Regulus. Le violon avait toujours été sa passion, mais à force de travailler sans relâche pour être le meilleur, il s'était enfermé dans une cage de perfection. Un jour, après un concours où il avait encore brillé, Sirius l'avait trouvé dans les coulisses, les yeux perdus, comme toujours. "Ça va ? Tu étais vraiment bien, Regulus," lui avait-il dit, un sourire sincère sur les lèvres.
Mais Regulus n'avait pas répondu tout de suite. Il avait baissé les yeux, gêné. "Tu crois vraiment que c'était bien ?" avait-il demandé, sa voix brisée par le doute. "Je... je ne sais pas. Je me sens tout le temps comme si je devais en faire plus."
Sirius s'était approché de lui, posant une main sur son épaule, voulant lui offrir un peu de réconfort. "Tu te mets trop de pression, Reg. T'es déjà incroyable."
Mais son frère n'avait pas voulu entendre. "Je sais. Mais c'est jamais assez. Je veux que tout soit parfait. Sinon, je suis rien."
C'était ce qu'il détestait chez lui, cette tendance à se détruire pour des détails, à toujours courir après quelque chose qui lui échappait. Sirius n'avait pas compris sur le moment, pensant que c'était juste une phase, une crise passagère, mais il aurait dû savoir. Regulus n'avait jamais été aussi fragile, si minuscule sous ses airs de perfection.
Quelques années plus tard, Regulus avait changé. Il parlait toujours de violon , se donnait toujours à fond , peut être trop. Un jour, en pleine conversation, il lui avait dit, sans prévenir : "Sirius, je sors avec James." La déclaration l'avait pris de court, et Sirius n'avait pas su quoi répondre. La surprise se lut sur son visage, mais Regulus semblait plus détendu, comme si un poids venait de se lever de ses épaules.
"Tu... tu sors avec James ?" avait répété Sirius, son regard fuyant. C'était étrange, déroutant même. James était son meilleur ami, et Regulus, son frère. Il ne savait pas comment tout cela pouvait se mélanger dans sa tête, comment ces deux mondes pouvaient se croiser ainsi.
Regulus, gêné, avait hoché la tête. "Je voulais te le dire avant que tu l'apprennes par quelqu'un d'autre. Mais je sais que ça peut te surprendre."
Sirius s'était tu, son cœur battant plus fort dans sa poitrine. Il se sentait partagé, touché par la sincérité de son frère, mais aussi perturbé par la nouveauté de la situation. James et Regulus ensemble... Ce n'était pas dans les plans qu'il avait imaginés. Il n'avait pas encore compris à quel point Regulus était plus fragile qu'il ne le pensait, plus que tout ce qu'il montrait à l'extérieur. Ce qu'il ignorait à ce moment-là, c'était que cette révélation ne serait rien comparée à ce qui allait suivre.
Quelques semaines plus tard, Regulus ne répondait plus à ses messages. Sirius, inquiet, avait pris son téléphone, mais rien n'y faisait. Ce n'était que quand il reçut cet étrange message, celui qui le ferait se souvenir à jamais, que l'angoisse prit une forme plus précise. "Désolé de ne pas être celui que tu voulais que je sois. Je ne peux plus faire semblant. J'ai tout donné, mais je n'arrive plus à continuer."
Au départ, Sirius n'avait pas compris, croyant que c'était juste un autre moment de doute, une autre faiblesse passagère. Mais quand les pompiers l'appelèrent, tout s'effondra. Regulus était parti. Une overdose. La voix du médecin à l'autre bout du fil, lente et marquée par la tristesse : "Nous avons trouvé son corps ce matin."
Tout s'effondra autour de lui. Sirius n'avait pas pu être là, il n'avait pas vu venir la fin. Il n'avait pas vu à quel point Regulus avait cessé de respirer à l'intérieur, combien il s'était noyé dans ses propres attentes. Dans ce message, Regulus lui avait dit au revoir, et Sirius n'avait rien vu venir. Il n'avait pas su comment sauver son frère, comment lui tendre la main quand il en avait le plus besoin.
Maintenant, alors que la mer continuait de défiler devant lui, Sirius ferma les yeux, laissant le vent emporter un peu de cette douleur. "Je ne t'oublierai jamais, Regulus," pensa-t-il. Mais malgré toutes les promesses, la réalité demeurait cruelle. Regulus était parti, et il ne pouvait rien y changer.
_
i am so sorry guys 💔
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top