Quand La Vérité Explose..
Le café sur le pont principal était un havre de paix ce matin-là. Quelques passagers, assis par petites grappes, discutaient doucement en savourant des boissons chaudes, tandis que d'autres profitaient de la vue imprenable sur l'océan. Dans un coin, légèrement à l'écart, Remus – ou Peter, comme tout le monde le connaissait ici – était plongé dans un livre.
Sa casquette était abaissée sur son front, ses lunettes de vue glissant légèrement sur son nez, et sa canne était posée contre la table. Malgré l’apparence décontractée qu’il tentait d’afficher, son pied tapotait nerveusement le sol. Les mots du livre s’étalaient devant ses yeux, mais son esprit était ailleurs. Il ne cessait de repenser à Sirius, à leur conversation avortée, à ce moment de trouble où tout avait basculé deux jours plus tôt.
Mais avant qu’il ne puisse organiser ses pensées, une voix familière le tira de sa fausse concentration.
— Peter !
Remus releva brusquement la tête. Sirius venait d’entrer dans le café, essoufflé et visiblement agité. En quelques secondes, il repéra Remus et s’avança rapidement vers lui.
— Sirius ? Qu’est-ce que…
— Non, c’est à moi de parler ! l’interrompit Sirius, s’asseyant en face de lui sans lui demander son avis.
Remus soupira, refermant lentement son livre.
— Sirius, c’est ni l’endroit ni le moment…
— Oh, vraiment ? Et quand est-ce que ce sera le bon moment, Peter ? Hier soir, peut-être ? Tu t’en souviens ? Tu m’as laissé comme un idiot après… après ce qui s’est passé !
Le visage de Remus rougit légèrement, mais il ne répondit pas.
— Je t’ai dit ce que je ressentais, continua Sirius, sa voix plus douce maintenant. Je t’ai dit que je t’apprécie, que je commence vraiment à… tomber pour toi. Et toi, tu m’as juste tourné le dos. Comme si tout ça n’avait aucune importance pour toi.
Remus baissa les yeux, serrant ses mains sur la table.
— Ce n’est pas que ça n’a pas d’importance, murmura-t-il.
— Alors pourquoi ? Pourquoi tu t’enfuis toujours ?
Sirius le regardait intensément, cherchant une réponse dans les yeux fuyants de Remus. Ce dernier ouvrit la bouche, mais aucun mot n’en sortit.
Agacé par ce silence obstiné, Sirius lança :
— Tu sais quoi ? Peut-être que c’est ça ton problème. Tu te caches derrière ton fichu mystère, ta canne et tes airs de gars intouchable. Peut-être que t’as peur, mais moi, je suis là. Je suis prêt à voir ce qu’il y a derrière tout ça.
Et avant que Remus n’ait le temps de répondre, Sirius fit un geste impulsif : il tendit la main et arracha la casquette que Remus portait.
— Sirius ! s’exclama Remus en attrapant sa main, mais trop tard.
Sirius souriait, prêt à faire une remarque taquine, mais il s’arrêta net. Sans la casquette pour ombrager son visage, Remus semblait soudain plus vulnérable. Sa cicatrice, fine mais visible, traversait sa joue et remontait vers sa tempe.
C’est alors que Sirius remarqua un changement dans l’atmosphère du café. À une table voisine, des murmures commencèrent à s’élever.
— Attends… mais c’est pas lui ?
— Qui ?
— Remus Lupin ! Tu sais, le mannequin !
Sirius fronça les sourcils, son regard passant de Remus aux clients chuchotant à côté.
— Le mannequin du Pays de Galles ? Celui qui a disparu après un accident…
— Oui, regarde sa cicatrice. C’est lui, j’en suis sûr !
Les mots résonnèrent dans l’air comme une cloche assourdissante. Sirius tourna lentement la tête vers Remus, qui s’était figé sur place.
— Remus Lupin ? répéta-t-il, abasourdi.
Remus serra les poings sur ses genoux, ses yeux fuyant désespérément ceux de Sirius.
— Sirius, je peux tout expliquer, murmura-t-il, mais sa voix était faible.
— Explique quoi ? Que tu m’as menti depuis le début ? Que t’es pas Peter Evans, l’épicier mystérieux, mais Remus Lupin, un foutu mannequin ?
La confusion et la colère dans la voix de Sirius firent tressaillir Remus. Prenant appui sur sa canne, il se leva précipitamment, prêt à fuir.
— Ne pars pas ! cria Sirius, se levant à son tour.
Mais Remus secoua la tête.
— Tu ne comprends pas, Sirius. Tu ne comprendras jamais…
— Alors fais-moi comprendre ! cria Sirius, désespéré.
Les clients du café les observaient maintenant ouvertement, mais Sirius s’en moquait. Il voulait des réponses.
Remus prit une profonde inspiration, comme s’il s’apprêtait à dire quelque chose d’important. Mais au dernier moment, il se ravisa.
— Ce que tu ressens, Sirius… c’est pour Peter, pas pour moi.
— Mais c’est toi ! Peu importe le nom que tu utilises, s’exclama Sirius.
— Non, Sirius, tu ne comprends pas. Peter est une façade. Un rôle que je joue pour… pour avoir la paix. Ce que tu ressens, c’est pour ce rôle, pas pour la personne que je suis vraiment.
Les yeux de Remus brillaient, comme s’il était au bord des larmes, mais il tourna les talons avant que Sirius ne puisse dire quoi que ce soit d’autre.
— Remus, attends ! cria Sirius.
Mais il était déjà parti, la canne claquant contre le sol alors qu’il s’éloignait.
Sirius resta immobile, seul au milieu du café, le cœur lourd et l’esprit confus. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait complètement perdu.
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