Pris En Flagrant Délit
Remus se leva lentement, s'appuyant sur le bord du lit, le regard fixé sur ses pieds nus. Le matin était calme, mais l'agitation dans son esprit ne s'éteignait jamais vraiment. Il s'habilla mécaniquement : un t-shirt blanc, un jean bleu et des chaussures assorties. Par-dessus, il enfila un gilet bleu et moutarde. Un contraste audacieux, mais qui semblait atténuer son teint doré et ses cheveux brun foncé, presque noirs.
À ses doigts, plusieurs bagues dorées étincelaient faiblement dans la lumière tamisée de la cabine. Elles avaient l'air d'appartenir à quelqu'un d'autre, mais il ne s'en séparait jamais : des reliques d'un passé qu'il portait comme une armure.
Son regard dériva vers sa canne, appuyée contre le mur. Elle lui semblait presque trop présente, même quand elle était immobile. Il hésita, comme chaque matin, avant de la prendre en main. Il n'aimait pas ce qu'elle représentait : la fragilité qu'il tentait de cacher, la culpabilité qui le hantait.
Sa main effleura son visage, suivant machinalement la ligne fine et blanchâtre de la cicatrice qui traversait sa joue gauche. Elle descendait jusqu'à son cou, où elle disparaissait sous le tissu de son t-shirt, continuant sur son torse et son dos. Des souvenirs de l'accident. Des souvenirs qu'il s'efforçait d'enterrer, mais que son corps ne lui permettait jamais d'oublier.
Il attrapa finalement la canne et sortit, inspirant profondément comme pour s'armer face à la journée.
Au restaurant, il choisit une table isolée, près d'une fenêtre donnant sur la mer. Il ne sautait jamais un repas, même si le simple fait de s'asseoir dans un lieu public lui demandait un effort. Il s'efforça de ne pas prêter attention aux regards des autres, qu'ils soient réels ou imaginaires.
Il commanda un thé noir bien chaud, une assiette de toasts grillés, et un bol de porridge garni de fruits secs. Tandis qu'il tartinait soigneusement son premier toast, une voix familière résonna à quelques mètres.
— Maman, regarde ! C'est lui ! Le mannequin gallois !
Remus releva légèrement les yeux et croisa, dans le reflet de la vitre, le regard insistant d'une adolescente. Son excitation était évidente, et elle tirait sur la manche de sa mère, qui semblait dubitative.
— Je ne sais pas... Peut-être. Il lui ressemble, mais il a l'air différent.
— Maman, je te jure, c'est lui !
Remus sentit une tension grimper dans sa nuque. Il baissa la tête, laissant ses cheveux dissimuler son visage, et prit une gorgée de thé, essayant de rester impassible. Mais la jeune fille continuait de le dévisager.
Quand elle commença à fouiller dans son sac, probablement pour prendre une photo, Remus décida qu'il était temps de partir.
Il se leva doucement, récupérant sa canne d'un geste rapide mais nerveux.
— Excusez-moi, murmura-t-il en passant près de leur table, le regard fuyant.
Il quitta le restaurant, le cœur battant plus vite qu'il ne l'aurait voulu. Il n'était pas Remus Lupin, ancien mannequin et rescapé d'un accident qui l'avait brisé. Ici, il était Peter Evans, cousin de Lily et vendeur dans une épicerie de quartier.
Dehors, il marcha jusqu'à la rambarde du pont, ses doigts serrés autour de la canne. L'air salé lui fouetta le visage, apaisant en partie son anxiété. Il observa les vagues, cherchant à s'ancrer dans l'instant présent.
Mais son répit fut interrompu par un clic distinct.
Il tourna la tête et vit Sirius Black, l'appareil photo à la main, concentré sur son objectif. Sirius ne l'avait pas remarqué. Il capturait des scènes de vie : un enfant courant après une mouette, un couple riant ensemble.
Remus détourna le regard, espérant passer inaperçu, mais Sirius finit par le remarquer.
— Ah, tiens, Peter ! Belle lumière, non ?
Remus hocha vaguement la tête, mal à l'aise.
— Oui. Très belle, répondit-il d'une voix basse.
Sirius s'approcha, son appareil pendant autour de son cou.
— T'es photogénique, tu sais ? Tu devrais essayer un jour.
Remus haussa un sourcil, tentant de cacher son agacement.
— Non merci. Ce n'est pas vraiment mon truc.
Sirius plissa les yeux, intrigué, mais n'insista pas.
— Dommage. Mais je comprends, tout le monde n'aime pas ça. Par contre, si jamais tu changes d'avis, dis-le-moi.
Il leva son appareil, comme pour prendre une photo au hasard, mais s'arrêta à mi-chemin.
— En fait, je peux ? demanda-t-il.
Remus sentit son estomac se nouer.
— Non, vraiment. Pas de photos.
Sirius recula légèrement, les mains levées en signe de reddition.
— D'accord, d'accord. Pas de problème. Mais dis-moi... tu te débrouilles bien pour rester sous le radar. Pas facile pour quelqu'un comme toi.
Remus fronça les sourcils, une pointe d'inquiétude le traversant.
— Quelqu'un comme moi ?
Sirius haussa les épaules, son sourire espiègle toujours en place.
— Quelqu'un qui attire les regards sans même essayer.
Remus ne répondit pas, détournant le regard vers l'horizon. Les pommettes rouges
— T'es vraiment un drôle de type, Peter, reprit Sirius après un silence. Si mystérieux.
— Peut-être que j'aime ça, répondit Remus, un sourire en coin.
Sirius éclata de rire, léger comme toujours.
— Allez, je te laisse à tes pensées. Mais sérieux, si jamais tu veux une photo... juste une ?
— Pas de photos, insista Remus, mais cette fois avec un léger sourire amusé.
Sirius le salua d'un geste et s'éloigna, l'appareil toujours en main. Remus le regarda partir, ses bagues scintillant faiblement sous le soleil.
Il se tourna à nouveau vers la mer, inspirant profondément.
Un drôle de type, hein ? pensa-t-il, un sourire furtif traversant son visage. Peut-être que Sirius n'avait pas totalement tort.
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