Confiance
Les deux jours qui avaient suivi la dispute entre Marlène et Dorcas étaient étrangement silencieux. Marlène avait évité Dorcas autant que possible, se perdant dans des tâches banales pour noyer la tension qui flottait entre elles. Chaque moment passé à côté de Dorcas semblait lourd, comme si un fossé invisible s’était formé entre elles, mais elle savait que quelque chose devait changer.
Ce matin-là, Marlène s’était décidée. Elle ne pouvait pas continuer à fuir cette situation, à fuir ce qu’elle ressentait. Elle s’était promis qu’elle irait la voir, qu’elle prendrait ses responsabilités, même si ça la terrifiait.
Elle trouva Dorcas dans un coin tranquille du bar, comme d'habitude. Les cheveux en désordre, l'air concentré, elle nettoyait un verre comme si c'était la seule chose qui comptait. Mais à chaque mouvement, Marlène ne pouvait s'empêcher de ressentir une douleur sourde dans la poitrine. Elle savait qu'elle avait brisé quelque chose.
Marlène s'approcha, hésitante. Cette fois, elle ne voulait pas de faux-semblants. Elle voulait être honnête, même si cela signifiait se montrer vulnérable.
– Dorcas, souffla-t-elle, sa voix brisée par l'incertitude.
Dorcas leva les yeux vers elle, et cette fois, il n’y avait pas de colère dans son regard, juste une sorte de tristesse. Elle posa le verre, attendant que Marlène parle.
– J'ai réfléchi, dit Marlène, ses mains tremblantes. Je... je sais que j'ai merdé. Je t'ai fait du mal avec ce test stupide, et je m'en veux.
Un silence pesant suivit ses mots. Dorcas la regarda en silence, comme si elle analysait chacune de ses paroles.
– Tu sais que je ne voulais pas te blesser, n'est-ce pas ? poursuivit Marlène, les yeux brillants. J'avais besoin de savoir... si ce que je ressens pour toi est réciproque. Si tu... tu ressens la même chose. Je n’ai pas su comment le dire autrement.
Dorcas ne répondit pas immédiatement, mais son regard se radoucit un peu. Elle se leva lentement du comptoir et s’approcha de Marlène. Son visage restait calme, mais quelque chose dans son attitude trahissait une émotion retenue.
– Tu sais, Marlène, dit-elle d’une voix plus douce que d’habitude, je ne savais pas si je pouvais te faire confiance après ce que tu as fait. Mais je n’ai pas voulu te repousser. C’est juste que... j’avais besoin de savoir que tu étais sincère.
Marlène hocha la tête, son cœur battant à tout rompre. Elle se sentait nauséeuse, mais d’une manière douce, comme si la tension entre elles s’éclaircissait enfin.
– Je suis sincère, murmura Marlène, ses yeux fixant ceux de Dorcas. Je tiens à toi. Plus que tu ne peux imaginer. Je veux qu’on essaie, mais je ne veux plus de jeux, plus de tests stupides.
Dorcas la regarda un moment, puis, avant que Marlène ne puisse dire quoi que ce soit de plus, elle posa doucement ses mains sur ses hanches. Les deux jeunes femmes se tenaient là, leurs regards s'ancrant dans ceux de l'autre, le silence entre elles lourd, mais paisible. Une tension palpable flottait dans l'air.
Puis, sans prévenir, Dorcas s'avança, ses lèvres effleurant celles de Marlène dans un baiser timide, mais électrique. C’était comme si tout le poids de la dispute, tout le poids de l’incertitude s’évaporait à ce simple geste.
Le baiser se transforma en quelque chose de plus intense, un mélange de désir, de frustration, et d’espoir. Dorcas pressa Marlène contre elle, comme pour sceller ce moment, effacer les doutes et les silences qui les avaient séparées ces derniers jours.
Marlène répondit au baiser, ses mains trouvant instinctivement le dos de Dorcas, la rapprochant d’elle, sentant enfin qu’elles étaient sur le même terrain. Pas de faux-semblants, pas de jeux. Juste elles deux.
Quand elles se séparèrent, leurs respirations étaient haletantes, et un silence lourd, mais rassurant, s’installa entre elles.
– Alors... c'est ça, on recommence ? demanda Marlène, un sourire timide sur les lèvres, mais une lueur d'espoir dans les yeux.
Dorcas la regarda longuement, son regard intense et sérieux, avant de répondre avec un petit sourire.
– Oui, je crois que c'est ça.
Sans dire un mot de plus, Dorcas prit doucement la main de Marlène et l'attira vers elle. Elles restèrent là un moment, comme si rien d'autre n'existait autour d'elles. Les bruits du monde, le va-et-vient incessant des passagers, tout cela semblait soudainement loin, comme un écho qui se dissipait.
Marlène sentit son cœur se calmer, le poids de ces derniers jours enfin dissipé, comme si un nouveau chapitre venait de commencer pour elles deux. Une vraie chance, cette fois.
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