au coin d'un bar


Marlène avait couru presque tout le long du pont pour retrouver Dorcas. Son cœur battait la chamade, non pas à cause de l'effort, mais à cause de ce qu'elle s'apprêtait à faire. Elle n'avait jamais été douée pour parler de ses sentiments. Elle était du genre à plaisanter, à se cacher derrière son humour grinçant. Mais cette fois, tout était différent. Cette fois, c'était sérieux.

Elle trouva Dorcas dans un coin tranquille du bar, en train d'essuyer distraitement un verre. La jeune femme semblait pensive, ses longs cheveux bruns noués en une tresse lâche qui tombait sur son épaule. Son uniforme de barman impeccable, ses mouvements précis... tout en elle respirait la maîtrise et le contrôle, ce qui contrastait violemment avec le chaos que Marlène ressentait à l'intérieur.

Dorcas releva la tête en voyant Marlène arriver, mais son sourire s'évanouit rapidement lorsqu'elle croisa son regard.

- Marlène, dit-elle d'un ton neutre, presque froid.

Marlène s'arrêta net, hésitante. Ce n'était pas la réaction qu'elle avait espérée.

- Salut... Dorcas. Je... je peux te parler ? demanda-t-elle, sa voix trahissant son malaise.

Dorcas posa le verre qu'elle tenait sur le comptoir et croisa les bras, la fixant d'un air indéchiffrable.

- Je t'écoute, répondit-elle simplement.

Marlène sentit son courage vaciller, mais elle prit une profonde inspiration.

- Écoute, je sais que... que ce que tu as vu tout à l'heure avec Sirius a dû te paraître bizarre. Mais c'était rien, vraiment ! Ce n'était qu'un... un plan stupide.

Dorcas haussa un sourcil, son expression devenant plus dure.

- Un plan stupide ? répéta-t-elle, sa voix teintée d'irritation.

Marlène sentit une boule se former dans sa gorge.

- Oui, enfin... c'était juste pour voir si... si tu serais jalouse, avoua-t-elle finalement, les joues en feu.

Un silence pesant s'installa entre elles. Dorcas la fixait, les mâchoires serrées, ses yeux sombres brillant d'une colère contenue.

- Jalouse ? répéta-t-elle, sa voix basse mais cinglante. Marlène, est-ce que tu te rends compte de ce que tu viens de dire ?

Marlène ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Elle n'avait jamais vu Dorcas aussi en colère, et cela la désarmait complètement.

- Tu voulais "tester" mes sentiments, c'est ça ? continua Dorcas, son ton montant légèrement. Et tu t'es dit que la meilleure façon de le faire, c'était de te jeter sur Sirius Black, devant tout le monde ?

- Mais ce n'était rien ! s'exclama Marlène, paniquée. C'était juste un baiser, un faux baiser. Ça ne voulait rien dire !

- Rien dire pour toi, peut-être, répliqua Dorcas, ses yeux lançant des éclairs. Mais pour moi, ça veut dire quelque chose. Tu crois que c'est facile de travailler ici, de croiser des centaines de gens chaque jour, et de me demander si ce que je ressens pour toi est réciproque ? Et maintenant, tu viens me dire que tu joues à des jeux ?

Marlène sentit son cœur se briser un peu à chaque mot.

- Je ne voulais pas te blesser, murmura-t-elle, la gorge serrée. Je... je ne savais pas comment te le dire. Je suis nulle pour ça, Dorcas. Je suis nulle pour parler de ce que je ressens. Mais ce que je sais, c'est que je tiens à toi. Plus que je n'ai jamais tenu à qui que ce soit.

Les mots étaient sortis avant qu'elle ne puisse les retenir, et elle se sentit soudain vulnérable, exposée.

Dorcas baissa les yeux, ses traits toujours tendus.

- Marlène... je... je ne sais pas, souffla-t-elle finalement, sa voix brisée.

Marlène sentit une larme couler sur sa joue, mais elle l'essuya rapidement, refusant de se laisser aller.

- Je sais que j'ai merdé, admit-elle. Mais je t'en prie, Dorcas, laisse-moi une chance. Une vraie chance.

Dorcas releva les yeux vers elle, et pendant un instant, Marlène crut voir une lueur de tendresse. Mais cela disparut presque aussitôt.

- J'ai besoin de temps, Marlène, dit-elle doucement mais fermement. De temps pour réfléchir à tout ça.

Et sans attendre de réponse, elle se détourna, attrapant un autre verre à essuyer, comme si la conversation venait de se terminer.

Marlène resta plantée là, incapable de bouger. Elle voulait dire quelque chose, faire quelque chose, mais ses jambes refusaient de bouger. Finalement, elle fit demi-tour, le cœur lourd, et s'éloigna lentement.

Alors qu'elle remontait sur le pont, elle croisa Sirius, qui la regarda avec une expression mi-amusée, mi-curieuse.

- Alors, comment ça s'est passé avec ta chère Dorcas ? demanda-t-il, un sourire narquois sur les lèvres.

Marlène lui lança un regard noir.

- Ta gueule, Black, grogna-t-elle avant de continuer son chemin.

Sirius haussa les épaules, mais un éclat de souci traversa son regard. Il savait que Marlène plaisantait rarement à propos de ce genre de choses.

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