Accident Sur Le Pont

Deux jours après leur échange sur le pont, Sirius n’avait pas revu Peter. Ou plutôt, Peter semblait tout faire pour éviter de croiser son chemin. C’était agaçant, frustrant même. Sirius détestait cette sensation d’être écarté sans explication, comme s’il avait fait quelque chose de mal.

Ce soir-là, incapable de trouver le sommeil, il sortit sur le pont supérieur. Le silence de la nuit était seulement troublé par le doux clapotis des vagues contre la coque. Sirius marcha un moment, profitant de la solitude. Puis il le vit.

Peter était assis sur un petit banc près de la rambarde, un livre à la main. La lumière de la lune dessinait des ombres délicates sur son visage concentré. Sirius s’approcha lentement, ne voulant pas effrayer celui qui semblait toujours prêt à fuir.

— Encore en train de lire, Evans ? lança Sirius en s’arrêtant à quelques pas de lui.

Peter releva la tête, surpris. Son regard se posa sur Sirius, et pour un instant, une émotion indéchiffrable passa dans ses yeux. Puis il referma calmement son livre.

— Sirius… tu ne dors jamais, hein ? répliqua-t-il doucement.

Sirius haussa les épaules et s’adossa à la rambarde.

— Disons que j’ai l’impression que certaines personnes m’évitent. Du coup, je m’occupe.

Peter détourna les yeux, jouant nerveusement avec la couverture de son livre.

— Je ne t’évite pas, répondit-il, mais son ton manquait de conviction.

— Vraiment ? Alors pourquoi, chaque fois que j’entre dans une pièce, tu trouves une excuse pour en sortir ?

Un silence gênant s’installa entre eux. Sirius le brisa en pointant le livre que Peter tenait toujours dans ses mains.

— Tu lis quoi ?

Peter hésita, puis tendit le livre. Sirius le prit et lut le titre à voix haute.

— Recommencer à zéro.

Il releva un sourcil, amusé.

— C’est un roman ou un guide de développement personnel ?

Peter esquissa un sourire, mais il était teinté de tristesse.

— Un peu des deux, je suppose.

Sirius s’assit à côté de lui, plongeant son regard dans celui de Peter.

— Pourquoi t’as besoin de recommencer à zéro ? demanda-t-il, son ton plus sérieux.

Peter sembla hésiter, comme s’il pesait chaque mot.

— Parce que parfois, c’est la seule option. Quand tout ce que tu étais ne te convient plus… ou quand ce que tu es vraiment ne peut pas être montré.

Sirius fronça les sourcils, intrigué.

— Ça sonne un peu dramatique.

Peter soupira et se passa une main dans les cheveux.

— Peut-être. Mais ce n’est pas facile, tu sais. Se montrer tel qu’on est… surtout quand on a peur que les autres n’aiment pas ce qu’ils vont voir.

Sirius le fixa, une chaleur étrange naissant dans sa poitrine. Il avait l’impression de voir au-delà du masque que Peter portait constamment.

— Tu sais quoi, Evans ? Je crois que je commence à t’aimer.

Peter releva brusquement la tête, ses yeux s’élargissant sous le choc.

— Quoi ? murmura-t-il, la voix tremblante.

— Tu m’as entendu. Je t’aime bien. Beaucoup. Et pas parce que tu caches des trucs, ou parce que t’es un mec mystérieux. Mais parce que… parce que t’es toi. Et ça me suffit.

Peter ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son n’en sortit. Son souffle s’accéléra légèrement, et il se redressa, tentant de s’éloigner. Mais dans sa précipitation, il heurta maladroitement sa canne, qui tomba au sol. Déstabilisé, il perdit l’équilibre.

Sirius réagit instinctivement, tendant les bras pour le rattraper.

— Attention !

Peter tomba lourdement contre lui, et ils basculèrent ensemble sur le banc. Sirius se retrouva allongé sur le dos, avec Peter au-dessus de lui, leurs visages à quelques centimètres l’un de l’autre.

Le silence s’installa à nouveau, mais cette fois, il était chargé d’une tension palpable. Les yeux de Peter rencontrèrent ceux de Sirius, et pendant une fraction de seconde, ni l’un ni l’autre ne bougea.

Et puis, sans vraiment le vouloir, leurs lèvres se touchèrent.

C’était doux, hésitant, presque accidentel. Mais le contact fit éclater une chaleur dans la poitrine de Sirius, un mélange de surprise et d’évidence.

Peter recula rapidement, le souffle court, ses joues rouges.

— Je… je suis désolé, balbutia-t-il, récupérant sa canne en évitant le regard de Sirius.

— Désolé ? Pour quoi ? répondit Sirius en se redressant, un sourire en coin. C’était pas désagréable, tu sais.

Peter secoua la tête, visiblement troublé.

— Tu ne comprends pas. Ce n’est pas… moi. Enfin, si, mais pas complètement.

Sirius plissa les yeux, confus.

— De quoi tu parles ?

Peter se leva, s’appuyant sur sa canne.

— Oublie ça, Sirius. Tout ça. Je… je dois y aller.

Il s’éloigna rapidement, laissant Sirius seul sur le banc. Ce dernier passa une main dans ses cheveux, un mélange de frustration et d’amusement sur le visage.

— Bon sang, Evans… t’es vraiment une énigme.

Mais malgré le départ précipité de Peter, Sirius sentit un sourire naître sur ses lèvres. Ce baiser accidentel, si bref soit-il, était peut-être le début de quelque chose qu’il n’avait pas encore totalement compris.

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