𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 19
On venait de traverser la place du marché, à présent vide, laissant juste une rue côtière, pour arriver dans le centre-ville. Des centaines de pieds passaient dans tous les sens, s'arrêtant devant telles ou telles boutiques, léchant la vitre de leurs yeux plein de d'envie, puis se retournèrent pour s'arrêter devant une autre, ne bougeant que de quelques mètres au bout de vingt minutes. Un groupe de filles, avec des oreilles de chat, de pandas, des branchies d'axolotl ou des cornes de chèvres traversaient la rue devant nous, gloussant comme les blondes de série américaine. Pourtant, elles avaient quelque chose de médiéval. Je me sentais dans mon temps, tout en étant dans une époque tout à fait différente, et j'eu du mal à bien voire autour, sans un esprit critique. Je ne pouvais juste pas être neutre : Ou moderne, ou ancien. Pas les deux. Pas aucun.
On avança dans une rue bien moins empruntées : Les pavés semblaient vieux, se décollaient de la route à multiples endroits, certaines façades de boutiques étaient carrément mal entretenues, en décrépitudes. Un groupe de garçons dessinaient sur un mur d'n bâtiment abandonnés avec de la peinture rouge, et bleue. Je ne m'attarde pas dessus, ne comprenant pas bien la logique de détruire un endroit déjà bien salit par le temps, et décide d'ignorer. J'attrape ma capuche et tire dessus, cachant mon visage le plus possible. On remonta la rue, pour débouler sur une autre, bien plus accueillante. Elle était plus propre, les magasins mieux tenus, et il y avait de la verdure. A la place des caniveaux, des canalisations où de l'eau, claire, laissait voir au travers des petits poissons. On marcha quelques minutes à peine, avant de s'arrêter devant un vieux magasin, un peu bancal mais mignon. Une pancarte un peu usée était accrochée au-dessus de la porte d'entrée :
« Perle Salée. »
Je souris, tandis qu'Aeglos passait le premier pour nous tenir la porte. Dedans, des piles de lires et d'objets formaient des tables et des étagères, où d'autres livres et objets se reposaient. Fascinée, j'en attrapa un. Il n'avait pas de forme particulière, et je ne suis pas sûr qu'il ai de vrai utilisation, mais il était plutôt joli, et je me surpris à avoir envie de l'avoir. Je glisse à Oromë :
« C'est là pour les vêtements ? »
Elle secoua la tête, amusée aussi des divers bibelots.
« Non, c'est une boutique Passeuse. Elle sert de portail de téléportation, en gros. Il y en a beaucoup dans les villes, mais il faut savoir où chercher. »
Aeglos commença à avancer, et le fil qui reliait nos poignets se tendit, nous forçant également à s'approcher. Il entra dans une sorte de cabine, et on le suivit à l'intérieur, un peu à l'étroit. Une sorte de sablier avec un liquide bleu était accroché au mur. Aeglos le tourna deux fois, et aussitôt, la cabine sembla s'enfoncer dans le sol. Un peu comme un ascenseur, mais en plus rapide.
Au bout de huit secondes, il s'arrêta et on en sortit sous mes yeux ronds comme deux pièces. On était dans une pièce totalement différente. Une librairie, d'où les principales couleurs semblaient être le vert et le blanc crème. Oromë sourit.
« Voilà. Là, on est dans la ville où on achète des vêtements. »
Ses mains poussèrent la porte d'entrée -et donc également de sortie- de la librairie, et un vent sec et brûlant frappa mon visage. La chaleur était impressionnante, violente, vulgaire. Je grimaçai, essayant de cacher mon visage de cette sensation presque désagréable avec ma capuche. Oromë eut la même réaction : Seul Aeglos semblait bien le vivre. Il passa ses mains dans ses cheveux pour refaire son chignon qui menaçait de lâcher sous le vent, sans même remarquer le temps brûlant qui nous faisait face. Puis, il reparti droit devant lui, avant de se tourner vers nous d'un œil amusé.
« Dis donc petites crevettes. Vous ne supportez pas quelques degrés en plus ?
-Ce n'est pas quelques degrés, Aeglos. C'est tout un climat différent. »
Il ricana tout en avançant. Je suivi, pas prête physiquement pour avancer sous cette chaleur insupportable. En levant les yeux, je remarque une sorte de bâtisse, immense, en hauteur. Elle semble être entourée de large mur, comme pour la protéger. Elle doit être bâtie en quelque chose de brillant, comme du verre ou du cristal, parce que les rayons de soleil frappent dessus et font des reflets très violents qui me brûlent la rétine.
« Qu'est-ce que c'est ? Un palais ?
-Le château là-bas ? Non, du tout, c'est une académie. »
Je hoche la tête, gardant les yeux rivés au sol, tandis qu'Aeglos regardait le château. Je finis par froncer les sourcils.
« Comment tu peux supporter ça aussi facilement ?
-Quand tu dis « ça », tu veux parler de quoi ? La chaleur ou la brillance ?
-Les deux. »
Oromë racla sa gorge, sûrement sèche, comme la mienne.
« Parce qu'il vient d'ici. Il est né dans cette ville. Comme beaucoup d'orcs, en fait.
-Ah, les orcs ce n'est pas un géant vert avec de grosses dents ? »
Elle explose de rire, tandis qu'Aeglos pouffe.
« C'est comme ça que tu me vois ?
-Quoi ? Non ! Non, bien sûr que non ! Mais justement ce...ça m'étonne un peu ?
-Non, Astal. Un orc c'est certes une catégorie de géant, mais ils ne sont pas verts. Et ils n'ont pas de grosses dents. C'est une race de guerrier dans l'âme, avec une très haute résistance aux températures extrêmes. Ils sont massifs de naissance, et très bons soldats. »
Je hoche la tête, avec un petit sourire. Effectivement, ça n'a rien à voir. C'est plutôt clase, en fait, et ça ne m'étonne pas tellement que la mère d'Aeglos en soit une. Je l'imagine bien en guerrier, ou en bon combattant. Et pour ce qui est du massif, ça le correspond plutôt bien. Cet homme est un véritable frigo.
On s'arrête devant une énième boutique, qui semble être la bonne. Je me glisse à l'intérieur, et bouscule accidentellement quelqu'un. Je sursaute en le voyant, mais Oromë pose une main sur mon épaule comme pour me rassurer. Je fronce les sourcils en essayant le voir, sans succès. Une femme semble tenter de le chasser à coup de balais, ce qui me fait un peu de peine. Il a une apparence humaine, mais pas de peau, ou de visage. Il ressemble à une ombre, couvert de traits blancs qui s'animent de manière très aléatoire en rythme avec un bruit de croassement.
« C'est un Bruit. Il ne peut pas te faire de mal, il est juste écrasant.
-Mais pourquoi elle le met dehors ?
-Les Bruits ne font rien, sauf du bruit justement. Généralement, ça finit par être trop lourd à supporter, et ils sont rejetés.
-Ils comprennent que c'est à cause de ça qu'ils sont mis dehors ?
-Oui, mais ils n'arrêtent pas. La plupart des Bruits le font pour pousser à bout les gens, ils ne sont pas de nature très amicale. »
Je hoche timidement la tête, tandis que la femme, qui a réussit à le sortir du magasin, revient, essoufflée.
« ça fait une heure que je lui dis qu'il faut qu'il arrête sous peine d'être mis dehors. Je perds des clients à cause de lui. »
Je le regarde. Du moins, j'essaye. Mais je ne sais pas où est sa tête. En fait, je ne sais même pas comment je sais qu'il a une forme humaine. Je pense qu'il se redresse, et disparaît. La vendeuse nous offre un grand sourire, ramenant ses cheveux bouclés roux sur son épaule, comme une cascade de feu.
« Comment puis-je vous aider ? »
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