Novembre 1183

Makoto avait eu un peu de mal à se remettre de la bataille de Septembre. Mais avec le temps toutes les blessures cicatrisent. Une sorte de routine s'était installée sur le campement des samouraïs. Entre prières, entraînements et repas, la brune continuait de s'entraîner en solo le soir bien qu'elle était régulièrement rejoint par son supérieur qui se plaisait à s'entraîner avec son combattant le plus fidèle, son meilleur apprenti, son ami. 

Le masque du mensonge devenait lourd à porter, elle aurait aimé lui dire toute la vérité, mais aussi savait-elle qu'un jour viendrait il le découvrirait d'une manière ou d'une autre, et ce jour là, elle aurait de sérieux ennuis, alors autant ne pas compliquer les choses. Ne pas hâter l'inévitable. 

Octobre était passé, Novembre s'était installé, et comme on s'y attendait, un matin, une nouvelle missive est arrivée aux mains du chef des samouraïs. On annonçait une bataille grandiose vers Muroyama, au vu des dernières victoires Minamoto, il se pouvait bien que celle ci soit la dernière et décide de l'issue de la guerre. 

C'est avec une excellente préparation et beaucoup de confiance que les troupes quittèrent le domaine à cheval pour se rendre au lieu indiqué. Mais quelle ne fut pas leur surprise de constater en arrivant une ville à feu et à sang, les affrontements avaient déjà débutés depuis l'aube. 

Ryuk mena tant bien que mal ses hommes à travers ce dédale de cadavres, dont beaucoup étaient Minamoto. Une fois au coeur de l'affrontement il partit trouver le général Minamoto no Yukiie avec qui il eut une sérieuse dispute. Le fait est que le général Taira actuel n'est nul autre que Taira no Tomomori, qui avait déjà terrassé Yukiie lors d'un affrontement en 1181 à la bataille de Sunomata. Il avait voulu prendre une revanche orgueilleuse et avait lancé la bataille sans penser à faire le compte des forces opposées. 

- On va tous se faire tuer ! Vous vous rendez compte de la taille de l'erreur que vous venez de commettre ! Hurla Ryuk

- Restez à votre place ou désertez mon champs de bataille ! Je nous mènerais à la victoire que vous y croyez ou non ! Rétorqua le général Yukiie.

- Comme vous l'avez si bien fait il y a deux ans ? 

Leur dispute se coupa nette à l'arrivée d'un cheval au galop, sur lequel se trouvait un soldat mal en point et paniqué. 

- Général ! Ils sont trop nombreux et se sont scindés en 5 divisions ! Certaines sont entrain de contourner, on ne sait pas où ils vont ! 

- Contourner ? Ils sont entrain de nous encercler. Elargissez le périmètre couvert ! Protégez une issue de secour ! On arrive en renfort. Ordonna le samouraï.

Il lança un regard mauvais au général et monta à cheval, faisant signe à ses hommes de le suivre vers le front de la bataille pour aller prêter main forte à l'armée. 

La difficulté des combats était remarquable, beaucoup de morts, tant qu'on ne saurait compter. Makoto dégaina son arme et sauta de sa monture pour être plus rapide dans ses mouvements. Chacun s'affairait à sa tâche mais les ennemis arrivaient par vague et en grand nombre, au point que ça devenait difficilement tenable, même pour des samouraïs surentraînés. Tous faiblissaient et nombre d'entre eux avaient déjà trouvé la mort. 

Rien ne pouvait repousser les troupes Taira, ce devint rapidement une évidence, ils étaient soumis par le nombre. Une nouvelle vague arrivait au loin et la rumeur courait qu'ils étaient bel et bien encerclés. La brune bondit sur le premier cheval qu'elle trouva et rejoint Ryuk. 

- Il faut se replier, on a plus le choix ! 

- Je sais bien ! Pars devant je te rejoindrais, protège les nôtres ! 

Il acheva quelques combats avant de lui aussi trouver une monture pour fuir jusqu'à la seule issue protégée qu'il leur restait. Il n'était pas loin derrière Makoto, mais en arrivant enfin à leur porte de sortie, il la vit vaciller et tomber au sol dans un fracas impressionnant.

- Makoto ! 

Il se hâta de rejoindre son protégé et vint tenter de la relever, ce qu'elle réussit à faire, toujours consciente. Avant de retomber, un genoux à terre. Mais elle fit signe à son supérieur de rester où il était ; Il se figea. 

Elle porta une main à son ventre et se rendit compte de la quantité de sang s'échappant d'une plaie. Elle ne s'était pas rendue compte de cette grave blessure, certainement l'adrénaline. 

- Makoto, tu es blessé, laisse moi t'aider. 

Ryuk s'approcha à nouveau et elle lui fit signe de s'arrêter encore avant d'être prise d'un frisson de douleur dans tous le corps, elle posa une main au sol pour se tenir. 

- On a pas le temps, je vais te sortir d'ici.

Il s'approcha à nouveau avant de s'accroupir et à ce moment elle hurla : "RECULE !". Il se stoppa, surpris. Elle laissa échapper une plainte de douleur en essayant de se relever, mais elle ne parvenait qu'à aggraver son cas. 

- A quoi tu joues Makoto ! Tu vas te tuer, ça suffit maintenant ! 

Ordonna t'il sur un ton autoritaire en attrapant son épaule pour la maintenir en place, il défit rapidement son armure qui glissa au sol... et la brune cessa de se débattre. C'est fini, il allait tout découvrir. Elle ferma les yeux et se fit aussi silencieuse qu'une tombe. 

Ryuk continua de la déshabiller pour lui prodiguer des premiers soins mais il ouvrit son haut et découvrit un bandage clairement suspect qu'il observa un instant avant de tout comprendre. Il lâcha son vêtement en silence avec un visage vide d'émotion. 

- Qui es-tu ? Que fais tu ici Makoto ? Si ce n'est ne serait-ce que ton vrai nom. Murmura t'il.

- Je m'apelle Makoto Uso. J'ai fuis ma famille et la vie qu'on me réservait. Et maintenant je vais faire ce que je fais de mieux, fuir encore. 

Elle puisa dans ses dernières forces pour se relever, en proie à une douleur insoutenable. Elle remonta à cheval et attacha ses mains aux sangles au cas où elle perdrait conscience. Ryuk n'avait pas bougé, il ne la regardait même pas. Et c'était peut-être ça le plus dur à vivre. 

- Pourquoi m'avoir menti ? J'aurais compris. Demanda t'il.

- La place d'une femme n'est pas sur le champ de bataille, mon père me l'a enseigné. Je n'ai pas besoin qu'on me comprenne, j'ai besoin qu'on me respecte. 

A peine sa phrase finie, elle avait disparue au grand galop entre les feuillages épais de la forêt avoisinante et elle ne revint pas malgré qu'il l'eut attendue un moment. Makoto fut déclaré disparu.