SOUTHPAW FIGHTER

𝕾𝖔𝖚𝖙𝖍𝖕𝖆𝖜 𝖋𝖎𝖌𝖍𝖙𝖊𝖗
(𝔘𝔫 𝔭𝔞𝔰, 𝔲𝔫 𝔠𝔬𝔲𝔭, 𝔲𝔫 𝔯𝔬𝔲𝔫𝔡 𝔞̀ 𝔩𝔞 𝔣𝔬𝔦𝔰)

Hoseok était bestial et féroce. Que ce soit sur le ring ou au lit, y avait-il réelle différence? 

hopekook
(side ship : yoonmin)
boxer!au
mention of violence
rough sex
choking
top!hoseok
bottom!jungkook

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La première fois que Jeongguk rencontra Hoseok, il ne sut dire si c'était son sourire carnassier ou son coup de poing qui le mit K.O.

L'air frais de la ville en train de s'endormir était agréable sur sa peau, et calmait un tant soit peu son anxiété, frémissante sur son épiderme et palpitante dans son cœur. De là où il était, dans cette ruelle mal éclairée adjacente au club qui faisait office de ring pour ce soir, il pouvait déjà entendre les cris et les huées de la foule. Il pouvait presque sentir l'odeur de sueur et d'alcool, l'odeur des paris et de l'argent sale qui passe de main en main ; et se maudit l'instant d'après, faisant craquer ses jointures, parce que penser à ce qu'il se passait derrière cette porte ne l'aidait très certainement pas à se calmer.

« Tu es nerveux ?

Le noiraud fit signe que la voix de Yoongi ne l'avait pas surpris, et se retourna vers son coach, la porte claquant derrière lui et ses mains fouillant ses poches pour son paquet de clope par automatisme. Ce n'était pas vraiment une question, au demeurant, mais davantage une affirmation – son aîné aux cheveux blonds qui encadraient son visage le connaissait que trop bien, de toute façon.

Le jeune homme laissa le temps pour son hyung de sortir son briquet, le secouer un peu pour vérifier qu'il y avait encore du gaz, et allumer la tige de nicotine qui était coincée entre ses lèvres. Malheureusement pour lui, il n'avait pas le droit de fumer, mais il était certain d'une taffe ou deux pourraient calmer ses nerfs. Si c'était quelqu'un d'autre que son entraîneur, sûrement aurait-il été assez hardi pour lui demander cette faveur, mais là, c'était de Min dont on parlait, qui pouvait lui foutre une raclée pour ne serait-ce que penser à incendier ses poumons. Il avait trop besoin de son oxygène pendant les combats pour les foutre en l'air.

« Alors ? s'enquérait-il, un nuage de vapeur blanche s'échappant de ses lèvres alors qu'il retourna son attention sur son protégé.

Peut-être que ce n'était pas une question, mais il souhaitait quand même une confirmation de la part du noiraud. Jeongguk soupira, et se passa une main dans ses cheveux, tirant un peu sur son scalp.

Est-ce qu'il était nerveux ? Bien sûr que oui. Qui ne le serait pas, de toute manière ? Certes, il y avait toujours cette petite appréhension avant de monter sur le ring – appréhension de savoir si on était le favori du match, appréhension de savoir comment combattrait son adversaire, appréhension de voir les flics débarquer dans le sous-sol bondé pour démanteler ce combat illégal.

Mais là, son impatience familière se mélangeait avec quelque chose de plus profond, de plus lourd sur son estomac. Oui, son nom était connu dans le milieu : il était bon, assez pour être connu, assez pour être craint. Les gens qui ne s'intéressaient pas à la boxe des rues ne cilleraient même pas en l'entendant, mais le noiraud se plaisait à se dire que les connaisseurs, eux, ceux qui comptaient réellement, étaient assez alertes pour connaître l'ampleur de sa force. C'était tout ce qui importait, vraiment ; mais cela n'empêchait pas le mauvais pressentiment qui glissait dans ses veines comme un serpent, attendant le bon moment pour planter ses dents et lâcher son venin paralysant.

« Comment tu as deviné ? répondit plutôt le bel éphèbe en laissant son regard traîner sur les voitures qui passaient sur le boulevard, au bout de la ruelle.

Yoongi lui offrit un regard qui voulait en dire long, un de ceux qui disaient "c'est comme si je t'avais fait" ; et peut-être qu'il n'avait pas franchement tort, parce que oui, le blond avait été l'élément essentiel à la construction de l'homme que le boxeur était aujourd'hui. Mais tout cela était une histoire pour plus tard.

Comprenant que son protégé avait tout de même besoin qu'on lui tienne la conversation en guise de distraction, le fumeur s'adossa contre le mur en brique derrière lui, et commenta simplement :

« Tu te fais craquer les phalanges.

Tout boxeur qui se respecte évitait le plus possible de faire cela, pour des raisons évidentes – tous comme les chirurgiens ou les pianistes, il avait besoin de ses mains pour bosser, même si le métier en question n'était pas tout aussi noble. Ça arrondissait les fins de mois et ça mettait un peu de beurre dans les épinards, alors le jeune homme n'allait très certainement pas cracher dedans, encore moins s'il était bon dans le domaine. Et Yoongi avait beau lui avoir dit maintes et maintes fois de ne pas céder à la tentation de faire craquer ses articulations, le jeune homme retombait inconsciemment dans cette manie dans de pareils moments. C'était compréhensible, d'un autre côté – quand il était encore dans le coup, le garçon de Daegu se faisait toujours craquer la nuque, avant que son nom soit appelé dans les hauts parleurs.

« Je vais bien, soupira Jeongguk en se caressant simplement les phalanges, le sourire faux qu'il espérait suffisant pour pouvoir rassurer son hyung.

Mais ce serait là croire qu'il était idiot, s'il ne pouvait pas remarquer à quel point tout cela n'était qu'une gigantesque mascarade. Encore une fois, le blond ne le connaissait que trop bien, et, à cet instant, cela lui était préjudiciable.

« Menteur, répliqua-t-il, la voix sèche et claquante dans l'air frais du soir, sa cigarette à moitié consumée.

Jeongguk soupira de nouveau, laissant ses mains tomber le long de son corps, fermant les yeux un instant pour laisser passer son exaspération.

« Alors quoi, tu veux que je te dise que je suis en train de me pisser dessus, c'est ça ? Parce que c'est le cas. Je le sens pas, ce coup-là.

Ce fut au tour de Yoongi de soupirer, alors qu'il écrasait sa clope de son talon. Elle n'était qu'à moitié finie, mais il savait qu'il la gâcherait de toute manière, trop occupé à rassurer son poulain et le booster un peu pour le match que de tirer sur le filtre comme un pauvre camé. Il se décolla donc du mur, et en deux grandes enjambées, fut devant lui. Il avait beau être plus petit de taille que le boxeur, mais son aura était écrasante et imposante, et quiconque le croisait comprenait qu'il fallait garder profil bas si on ne voulait pas s'attirer ses foudres.

Son caractère avait toujours fasciné le noiraud, par ailleurs : il ne payait pas de mine, comme ça, ses muscles fins et secs cachés sous sa veste en cuir un peu grande pour lui, mais son caractère bien trempé était suffisant pour comprendre qu'il savait se servir de ses poings, qu'il s'en était déjà servi, et qu'il n'hésiterait pas à recommencer. Sur sa pommette, une cicatrice d'un de ses combats ; et l'espace d'un instant, le noiraud se demanda une nouvelle fois à quoi ressemblait son aîné, quand c'était lui à sa place et lui qui montait sur les rings. Sûrement avait-il la même hargne que dans le club où ils s'entraînaient.

« Mon problème, reprit le coach plus bas, c'est que tu as l'air d'avoir peur. Il y a une nuance, et pas des moindres. Tu penses que tu vas gagner comme ça ? Quand tu pourrais te réfugier dans les jupes de maman à tout instant ?

« Je ne savais pas que tu avais un mommy kink, coach, répondit-il avec un sourire en coin.

Le blond leva les yeux au ciel, exaspéré, et lui pinça l'avant-bras.

« Concentre-toi, gronda-t-il. A quoi ça sert que je t'apprenne des trucs si tu ne m'écoutes pas ? Si tu as peur, tu vas perdre. Tu perds, tu peux dire au revoir au fric. Et quand tu remonteras sur le ring, quelques semaines d'humiliation plus tard, tu vas perdre de nouveau parce que tu ne seras jamais prêt si tu n'as pas confiance en toi. C'est un cercle sans fin, petit. Reste pas bloqué dedans.

Il y eut un petit silence, durant lequel Jeongguk réfléchissait à ses propos en se mordillant la lèvre. Il ne faisait pas ça pour l'argent, Yoongi le savait bien ; pourtant, ce serait mentir que de dire que ce n'était pas une motivation supplémentaire pour enfiler ses gants et se faire craquer la nuque. En parlant de nuque, le blond fit passer sa main le long de son épaule, pour venir masser doucement l'arrière du cou de son protégé ; ce-dernier laissant ses paupières se fermer un instant, appréciant la relaxation bienvenue. Il était tendu, l'ancien boxeur pouvait le sentir sous ses doigts, bien qu'il n'en pipât mot. Les voitures continuaient de passer à vive allure sur l'arcade, mais, de manière générale, la ruelle était plutôt calme – il en avait presque oublié les cris de la foule.

Quand le noiraud rouvrit les yeux, le visage de son entraîneur était tout proche du sien ; cela aurait pu paraître bizarre, vu de l'extérieur, que de les voir aussi près, mais pas pour lui. Yoongi était plus qu'un coach, c'était aussi comme un grand frère – l'homme qui l'avait fait grandir, physiquement comme intellectuellement, et qui l'avait pris sous son aile alors que lui-même ne savait pas quoi faire de sa vie ; et même si son apparence bougonne en rebutait plus d'un, son attitude changeait du tout au tout dans de tels moments avec lui.

Il n'était pas vraiment sûr que toutes les relations avec les entraîneurs finissent ainsi, ou étaient censées être ainsi, mais il ne se plaignait pas : Yoongi savait quand être dur, quand être joueur, quand être sévère, quand être doux. Cela le faisait flipper, parfois, de voir à quel point le blond arrivait à lire en lui – du moment que son opposant n'arrivait pas à le percer à jour aussi facilement, c'était tout ce qui lui importait.

« Et si je ne suis pas prêt ? souffla Jeongguk.

Yoongi se détacha lentement de lui – leurs fronts étaient si proches qu'ils auraient pu se toucher –, et le boxeur dû retenir à contre-cœur le gémissement mécontent suite à la soudaine absence de ses doigts contre sa peau.

« Je m'en fous de savoir si tu es prêt ou pas. Le plus important, c'est que tu en aies l'air. Tu te souviens de ce que je te dis, à chaque fois ? Le combat commence maintenant : Jung est ici aussi, et tu ne peux pas te permettre d'avoir l'air peur.

« J'ai surtout peur pour mes côtes, dit-il en enfonçant précautionneusement ses doigts dans ses flancs pour tester la douleur – une vieille blessure dont la réminiscence était réapparue il y a quelques temps ; heureusement qu'il n'y avait pas de bleus qui venaient décorer sa peau et le trahir auprès de son adversaire.

« Ça, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même.

« Oh, attends un peu, t'avais pas qu'à me taper dessus comme un dégénéré à l'entraîne-

« Ta gueule. C'est ta faute pour m'avoir laissé te taper dessus, ok ?

Jeongguk fronça des sourcils face à cette logique douteuse, marque de fabrique éminente de son aîné.

« Ça ne fais aucun sen-

« Je m'en fous, grogna-t-il en se reculant un peu, passant une main dans sa tignasse blonde, virant au blanc. Ecoute, protège tes côtes, un peu plus qu'à l'ordinaire. La gauche plus que la droite. Ne le laisse pas te toucher là, concentre-toi sur le combat et pas sur sa belle gueule d'ange, et tout se passera bien.

Un autre soupir. A l'intérieur, il semblait qu'un nouveau combat venait de prendre place, si on en croyait les échos disproportionnés du micro de l'arbitre. Et, sachant pertinemment que Yoongi le couperait au moment même où il formulerait ses mots, comme il le faisait toujours, il ne put s'empêcher d'exprimer son trouble :

« Mec, je-

« Ta gueule, Gguk, répéta-t-il. Je sais à quoi tu penses, et tu ne peux pas te permettre de penser comme ça. C'est un mec comme toi, pas un dieu, bordel. T'as gagné plus de matchs que lui, en plus, t'as une réputation, presque des fans. Il doit sûrement avoir plus peur que toi.

« Il est entraîné par Kim Namjoon, quand même.

« Et alors ? demanda le fumeur, un sourcil haussé, les bras croisés, peu impacté par l'information que son protégé venait de balancer. Ce n'est pas parce qu'il a un mec balèze qui l'entraîne que pour autant il est comme lui. Et puis, j'ai déjà dégommé deux ou trois fois ce Kim, alors ce n'est certainement pas un gage de réussite.

Jeongguk eut un petit sourire à la mention de cette anecdote. Pour des raisons trop obscures et trop fumeuses, son coach se murait dans un silence étrange dès qu'il faisait mention de ses années où il boxait encore. Parfois, il lâchait quelques histoires, comme s'il ne s'en rendait pas compte, mais refusait d'en dire davantage dès que le noiraud le questionnait à ce sujet. Il savait qu'il avait une bonne réputation dans les combats de quartier, mais il n'arrivait jamais à vraiment se rendre compte de l'ampleur de son nom.

« Bref, là n'est pas la question, grogna-t-il d'un mouvement de main, ne voulant pas s'attarder sur cette conversation-ci et changeant de sujet. Sérieux, gamin, tu t'es regardé dans un miroir, dernièrement ? T'as pris vachement de masse, t'es capable de mettre plus de force dans un coup que lui, j'en suis persuadé.

« Ça, c'est à cause de Jimin qui s'accroches à moi partout où je vais...

« Oui bah pour une fois je vais laisser couler, et remercier mon mec comme il se doit en rentrant. A ce qu'il paraît, ce Jung n'est pas bien épais, un mec plutôt sec et long. Tu vas le manger tout cru.

A l'intérieur, la foule rugissait de plus belle, et la cloche sonore annonçait la fin du match – il n'avait pas duré longtemps, sûrement un forfait ou une défaite par K.O. Simple, rapide, efficace, du grand spectacle, un de ceux que le public aimait et que le public payait pour voir. Jeongguk déglutit difficilement, sachant pertinemment que c'était bientôt à lui ; la nervosité, elle, n'avait pas entièrement disparue lors de la conversation avec son aîné. Yoongi se tourna vers lui, et la voix un peu plus rassurante, le sortit de ses pensées.

« Allez viens, je vais t'aider à mettre tes bandes.

Sans même attendre de réponse, le blond s'aventura vers la sortie de secours, prêt à quitter cette ruelle malfamée où son protégé avait trouvé refuge ; mais alors que sa main allait se poser sur la poignée, il fut retenu.

« Yoon' ?

« Oui, Gguk ?

« Tu peux me promettre une chose ?

Son coach lui offrit un mouvement du menton, signe qu'il était tout ouïe.

« Quand tu tiras mon cadavre hors du ring, fais-en sorte que mon jogging reste en place. J'ai cassé la cordelette ce matin, et j'aimerai partir avec dignité.

L'ancien boxeur eut un petit ricanement, secouant la tête comme s'il n'y croyait pas.

« Arrête gamin, tu vas me faire pleurer. Allez, en piste.

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Il y avait quelque chose d'incroyablement galvanisant, que d'entrer dans la cave et d'entendre la foule scander son nom. Enfin, Jeongguk n'était pas vraiment sûr de savoir ce qu'ils criaient exactement, mais Yoongi lui avait dit, à son premier match, de croire que c'était des encouragements pour lui. Ça faisait du bien au moral, quelque chose comme ça.

Il s'était longtemps imaginé, quand il avait commencé à avoir un peu de notoriété, ce que cela ferait d'entendre tout une salle trépigner d'impatience rien que pour lui, et de rugir quand il ferait enfin son apparition, son profil sur les écrans géants et les commentateurs s'excitant dans leurs micros en déballant son palmarès. Vous savez, dans de vrais combats, avec un arbitre professionnel et des personnalités mondaines. Pas comme ici, dans un match clandestin.

Comme on pouvait s'y attendre pour des combats illégaux en sous-sol, le lieu était que faiblement éclairé, et très sobre. Quelques barres de néons accrochés au plafond nu, d'autres ampoules crépitantes qui se balançaient, par-ci, par-là ; un grand carré tagué d'une peinture blanche à même le sol en bêton, pour délimiter le ring, et un second, plus grand, pour dissuader le public de s'approcher trop près des combattants. 

Une fois, une seule, Jeongguk avait eu la chance de combattre sur un vrai ring, avec les barres et les filets et tout ce qui rendait cela grandiose ; il se souvenait même que Yoongi avait payé sa tournée ce soir-là. Mémorable en tout point, donc. 

Il n'y avait pas de bancs, ni de chaises, comme on pouvait s'y attendre ; et la seule façon de calmer et de gérer la foule qui était bien trop souvent hystérique, c'était grâce à l'arbitre et aux quelques videurs qui étaient postés à chaque coin du plus grand carré. La plupart du temps, il n'y en avait pas, et les boxeurs qui attendaient leurs tours calmaient les débordements.

La foule était parfois tout aussi violente et cruelle que l'étaient les adversaires ; une ou deux fois, il avait vu l'abondance se jeter sur un perdant pourtant placé favori, trop hargneux d'avoir perdu leur argent. Sûrement qu'il fallait être sérieusement dérangé et avoir un pet au casque, comme se plaisait à dire Jimin, pour chercher à se retrouver dans ce genre d'endroit le plus possible, et à s'entraîner, encore et encore, pour y retourner. Et sûrement avait-il raison.

Certains sont là pour la victoire. Certains sont là pour la défaite. D'autres sont là pour la violence, pour la brutalité, pour se rappeler la part animale qui sommeille en nous tout en restant douloureusement humain. Jeongguk aimait dire à ceux qui lui demandait qu'il était là pour l'argent – oui, bien sûr, la réputation qu'il s'était bâti commençait à payer et à lui rapporter gros. Mais il savait que c'était faux, et Yoongi aussi. L'excitation, l'impatience, l'expérience, cette adrénaline qui pulse dans les veines et qui est plus puissante qu'un rail de coke, son sang qui bat dans ses tempes et le sourire carnassier qu'il a quand il est enfin en face de son concurrent. C'était ça, la vraie raison de sa venue, ce fourmillement dans ses doigts et cette palpitation sur son épiderme.

Jimin, lui, comparait de tels lieux à l'Enfer. Parce que les hommes qui tournaient autour du ring n'étaient plus vraiment humains, tous fous et en quête de sang, de sueur, de larmes. Carnassiers, véhéments. Peut-être avait-il raison, mais aussi juteux que la pomme qu'Eve avait croqué à pleine dent, une fois qu'on avait goûté à cette euphorie barbare et insensée, il était difficile d'arrêter. Dans les deux fables, cela avait causé leur perte. Il avait toujours admiré le courage de Yoongi à s'arrêter avant de dépasser le point de non-retour, et se demandait si ce serait pareil pour lui, ou s'il mourrait d'un K.O. dans un sous-sol humide et sombre d'une boîte de Séoul. Après tout, il tutoyait la mort et les genoux brisés à chaque fois qu'il indiquait à l'arbitre qu'il était prêt ; sûrement serait-ce là un jour une façon symbolique de partir en beauté.

« Souviens-toi de tes côtes, lui glissa le blond dans l'oreille et lui donnant son protège-dents en caoutchouc, avant de disparaître dans la masse, pour se poser je-ne-sais-où et pour observer de son regard d'aigle, de loin.

Pour ses premiers matchs, le noiraud insistait toujours pour que son coach soit au premier rang ; mais avec le temps, il avait compris – de façon douloureuse – que c'était là davantage une distraction qu'une motivation. A présent, il n'avait pas besoin de savoir où était son entraîneur, exactement ; le seul fait de savoir qu'il était là, quelque part, dans cet amas sombre, était suffisant pour le rassurer et lui faire pousser des ailes dans le dos. Il savait que, dans tous les cas, au moindre pépin, il serait à ses côtés en un éclair. Et puis, ce n'était pas comme s'il pouvait réellement entendre ses conseils, à travers le chant de la foule.

Avec la confiance et la détermination de l'homme arrogant qu'il était lorsqu'il boxait, il franchit la ligne épaisse et cabossée peinte à la bombe sous les rugissements nouveaux, et entra ainsi sur le ring. Parfois, certaines salles de sports ou boîte de nuit, où la plupart des combats clandestins se déroulaient, posaient même des matelas sur le sol, ces sortes de tapis de yoga rembourrés qui n'amortissaient en rien les chutes. C'était tout simplement pour ne pas à avoir nettoyer tout le sang post-rixe, mais ce soir-là, le sol en bêton était nu et froid. Cela excitait toujours la foule que de voir l'hémoglobine se répandre à leurs pieds.

Jung Hoseok. Jeon Jeongguk.

Le public allait en avoir pour son argent.

L'arbitre – un jean un peu trop large pour lui et un T-Shirt blanc au logo d'un magasin de chaussures de sport – lança quelque chose, histoire de calmer un peu la masse galvanisée, qui sembla obéir qu'à moitié. Il se pencha vers Jeongguk, lui demanda quelque chose, mais le noiraud avait les oreilles qui bourdonnaient, alors il se contenta d'hocher de la tête. De toute façon, il connaissait bien le genre d'introduction que c'était là ; du blabla inutile, tout ça dans un semblant de « règles de l'art », que personne n'écoutait réellement mais qui faisaient toujours triper le pauvre gars qui avait été désigné comme juge. Quelle ironie, vraiment, de demander un match propre et sans bavures.

Et puis il se tourna vers son adversaire.

Jung Hoseok.

Tout le monde avait entendu parler de lui, de la même façon que tout le monde avait entendu parler de Jeon Jeongguk, peu importe ce que disait Yoongi pour essayer de le rassurer.

Là, sortant de la pénombre, il pénétra dans le ring. Des cheveux orangés dans une crinière de feu, caressant son visage. Un sourire, trop éclatant dans d'autres circonstances, qui devenait carnassier dans la lumière blafarde de la cave, presque néfaste et dangereux. Jung Hoseok et son sourire charmant, certes, mais qui était le même homme qui avait frappé les murs de ses poings pour durcir sa peau, pour encaisser la douleur, peu importe les sacrifices, du moment que son adversaire se retrouvait inconscient au sol, la mâchoire disloquée et le souffle court de douleur. Il était brutal, peut-être un peu plus que le noiraud, et il ne perdait jamais. Le boxeur de Busan non plus, ne perdait jamais, et il serait curieux de savoir qui allait dominer l'autre ; Jeongguk avait toutes les bonnes raisons d'être nerveux, avant leur rencontre.

Il avait des picotements dans les doigts, peut-être parce que son coach avait serré ses bandes trop fort autour de ses mains, ou peut-être parce que l'adrénaline commençait à prendre le dessus sur sa rationalité. La boxe clandestine ne se combattait pas avec ces sortes d'énormes gants gonflants comme on le voyait dans les compétitions internationales. Non. Ici, c'était la rue, et on se battait à la force de ses mains et à la douleur de ses phalanges. On acceptait les bandes, qui protégeaient que très peu, au final ; et quand le jeune homme laissa tomber son regard sur les poings de son opposant, il ne put que remarquer qu'il n'avait rien. Pas de protection, juste la peau, lisse et basanée, endurcie, fatale, qui fendait les arcades sourcilières et qui explosait les nez. Jeongguk pensait qu'il se protégeait moins que la moyenne, mais il fallait croire que ce Jung était ou inconscient, ou sacrément sûr de lui.

Son visage fut enfin éclairé de l'ampoule nue et dodelinante qui dansait au-dessus de leurs têtes. De belles proportions, de belles lèvres, de belles prunelles. Yoongi avait raison, il ne fallait pas qu'il se laisse distraire par son apparence angélique. Parce que s'il trouvait une certaine beauté dans la violence des combats et la haine des hommes dans le jeu, il fallait qu'il admette qu'Hoseok portait cette étrange, paradoxale, et dérangeante magnificence comme une seconde peau.

Dans d'autres circonstances, s'ils s'étaient rencontrés dans la boîte de nuit au-dessus de leurs têtes plutôt qu'ici, Jeongguk lui aurait très certainement payé un verre, et aurait très certainement espéré le ramener dans son lit, ce soir-là. Mais là, leur rencontre n'était pas de celles que les parents se plaisaient à raconter à leurs enfants, quand ceux-ci étaient curieux de savoir comment leurs géniteurs en étaient venus à s'aimer ; parce que ce soir, c'était Jeongguk ou Hoseok. Un seul pouvait gagner, et le noiraud n'allait pas baisser les bras pour autant.

L'arbitre cria quelque chose d'autre de nouveau ; mais Jeongguk n'avait pas besoin de savoir ce que c'était. Les nouveaux hurlements hystériques de la foule et Hoseok qui se mettait en position fut suffisant pour savoir que le combat allait commencer. Il pouvait sentir d'ici la foule qui piétinait, leurs pas se répercutant dans ses jambes, se réverbérant dans son cœur. C'était ça, qui le faisait tripper, n'en déplaise à Jimin.

Et le combat commença.

Plus tard, quand Seokjin passera sa lampe devant ses pupilles pour voir si elles répondaient, Jeongguk serait incapable de donner le détail du combat. Tout était flou, comme d'habitude, comme si l'adrénaline avait pris possession de son corps et qu'il n'était plus maître de rien. Il n'entendait plus les cris, n'entendaient plus les ordres de l'arbitre, seulement son cœur qui battait si fort dans ses tempes, et les grognements de son adversaire.

Un coup droit, un uppercut, un crochet du gauche. Une arcade qui sanguinole, un crachat d'hémoglobine.

Et Jeongguk comprit rapidement pourquoi Hoseok n'avait pas de bande pour se protéger, alors que le talon de sa main rentra brutalement en contact avec son nez : parce qu'il n'en avait pas besoin. Ses coups étaient létaux, fatals, dangereux ; et si cela avait été quelqu'un d'autre que le noiraud en face de lui, sûrement que son opposant se serait écroulé au bout de quelques secondes. Une arme de destruction massive prisonnière derrière un sourire ravageur, dans tous les sens du terme. Mais Jeongguk n'était pas aussi faible que cela, et lui rendait bien la monnaie de sa pièce, à chaque fois qu'il revenait à l'attaque.

Mais bon, comme il l'avait dit plus tôt, tout était flou ; le bruit de leurs corps, les craquements d'os, les insultes, même cela, il n'arrivait jamais à s'en souvenir. Seul Yoongi pourrait relater, plus tard, la façon dont il déversa une pluie de coups sur le torse du boxeur à la peau basanée. Seul Yoongi pourrait raconter la façon dont il s'était pris un crochet dans la tête, avait craché du sang, avait secoué la tête, avait repris le combat. Seul Yoongi pourrait raconter la façon dont Jung avait donné quelques uppercuts bien placés, stratégiques.

Mais tout cela n'avait pas beaucoup d'importance, en réalité, et en se réveillant le lendemain matin, Jeongguk ne voudrait pas entendre un pareil récit ; parce qu'Hoseok frappa sans retenir sa force dans sa côte amochée, et l'impact fut tellement fort qu'il eut la respiration bloquée, les points blancs valsant devant son champ de vision. Il se souvenait juste avoir rendu un dernier coup, avec la rage du désespoir, et, sans même savoir si oui ou non Jung était tombé à terre, s'évanouir de douleur.

---

« Je te jure que si tu fous du sang sur mon lit, gamin, Jung sera de la gnognotte à côté.

Jeongguk papillonna difficilement des yeux – la lumière du jour, qui, bien que filtrée à travers les rideaux, était beaucoup trop forte et intense pour ses rétines douloureuses. Yoongi avait toujours l'art et la manière de savoir le réveiller ; mais, derrière ses apparences froides et blasées, une pointe d'inquiétude était discernable dans sa voix. Le noiraud devait être dans un sale état pour qu'il laisse transparaître autant d'appréhension ; et pourtant, sa pique laissait entendre que rien n'avait changé. Qu'il était toujours ce gamin insolent et arrogant, et peu importe s'il avait blackout lors de son précédent combat, le blond allait quand même lui botter les fesses s'il tâchait ses oreillers.

Comme seule réponse, le boxeur poussa un grognement, le sommeil disparaissant peu à peu et la douleur prenant sa place, dans un relai dont il se serait bien passé. Petit à petit, son corps se réveillait, et il put deviner l'ampleur des dégâts : ses muscles étaient crispés, endoloris, et par tous les saints, il avait mal partout.

Lentement, péniblement, les yeux pas encore tout à fait ouverts, il se redressa du lit pour essayer de s'installer dans une position assise – uniquement pour grogner encore plus quand sa côte lui rappela douloureusement qu'elle avait été maltraitée. A ses côtés, tomba une poche de glace que son coach venait sûrement de lui lancer.

« T'es vivant ? demanda son entraîneur, la voix cousue d'une fausse note humoristique.

« Pourquoi, tu voudrais déjà me voir mort ? grogna le noiraud en appliquant la poche directement sur sa peau, sifflant d'inconfort la seconde suivante.

Les épaules de son aîné se détendirent un peu à l'entente de sa réponse. C'était des blagues courantes entre eux, entre "Je compte bien danser sur ta tombe" et des "T'as intérêt à me qualifier de légataire sur ton testament". Alors s'il trouvait le temps de blaguer et de se plaindre, alors c'était qu'il n'était pas aussi mal en point qu'il n'y paraissait. Le moral avant tout, le reste ne demandait qu'un peu de guérison ; il savait combien c'était compliqué d'appliquer du baume au cœur et de recoller les morceaux de son esprit, quand on se réveillait d'un K.O. Beaucoup n'en revenaient pas indemnes, et ils avaient tous deux de la chance que le jeune homme soit autant tête de mule pour pouvoir être affecté.

Jeongguk jeta un discret coup d'œil, maintenant un peu plus alerte, en direction de son hyung. Ce-dernier avaient les épaules tendues dans son fauteuil, penché en avant pour mieux pouvoir observer son poulain. Les cernes d'un violet saturnien décorant sa peau plus blafarde qu'à l'habitude, un froncement de sourcil presque permanent sur son beau visage lisse, et ses lèvres triturées par l'inquiétude perfide. Il était sûrement resté éveillé toute la nuit pour surveiller son apprenti, la jambe tressautante, la désagréable et déplaisante impression que l'on ne pouvait rien faire d'autre que d'attendre. Attendre qu'il cligne des yeux, l'accompagner dans ses phrases délirantes qu'il sortait dans son sommeil.

Parfois, le noiraud se demandait si quelqu'un avait attendu qu'il se réveille, lui-aussi, à l'époque où il terrifiait encore la boxe illégale.

« Il est quelle heure ? demanda le jeune homme, un peu groggy.

« 16 heures. T'as fait une bonne grosse sieste.

« Sois pas jaloux, répliqua-t-il avec un petit sourire – putain, même son visage lui faisait mal, il pouvait encore sentir là où les points de son adversaire avaient atterri sur ses traits.

Il y eut un petit silence, durant lequel Yoongi se leva pour aller préparer du thé ; il savait très bien que le noiraud ne pourrait rien avaler, ou du moins pas tout de suite – même si Jeongguk se plaindrait d'ici une demi-heure comme quoi il voulait une entrecôte bien poivrée.

« Seokjin est en route, dit-il en posant la tasse sur la table de chevet, interrompant la contemplation passionnante du plafond du garçon de Busan.

« Cool, répondit le boxeur, la voix un peu rauque encore. Je crois que je me suis tordu le poignet.

« Du moment que ce n'est pas cassé, c'est le principal.

Le jeune homme hocha de la tête, mais ne fit aucun mouvement pour prendre sa tasse. Un os cassé voulait dire des semaines sans tournoi, et c'était dur de devoir attendre, frémissant dans l'impatience. C'était comme retenir un lion enragé en cage : il allait devenir fou s'il ne faisait pas ce qu'il aimait. Yoongi aussi était un peu rassuré, bien qu'il préférait attendre le pronostic de Seokjin – si Jeongguk ne se défoulait pas un peu, il allait avoir du mal à le calmer et à la préoccuper : ce gosse avait la même capacité de concentration d'un enfant de 5 ans.

Ils avaient de la chance, quand même, d'avoir l'homme aux larges épaules dans leur équipe. Il travaillait dans une pharmacie du coin, et avait côtoyé suffisamment de bras cassés pour pouvoir donner un pronostic comme le faisait d'autres médecins. Parce que le noiraud ne pouvait pas se permettre de se pointer dans un hôpital : ses hématomes et ses blessures étaient beaucoup trop suspects, et cela éveillerait les soupçons, voire même l'attention de la police – ce qui, entre nous, n'était pas le plus préférable. Et grâce à l'accès de Seokjin aux réserves, la plupart du temps, il n'avait pas à payer les médicaments pour sa guérison.

D'autres boxeurs comme lui devaient s'en remettre aux médecins des contre-allées, au pédigré douteux et de mauvais augure, ainsi qu'au marché noir et à la contrebande pour les médicaments délivrés seulement sur ordonnance. Sa vie était assez merdique comme cela pour qu'il rajoute de tels problèmes en plus.

« Où est Jimin ?

« Au magasin. Il vérifie qu'il n'y ait pas une descente à la boîte ou à la salle de sport. Mais il est resté debout une bonne partie de la nuit aussi, à vérifier que tu ne t'étouffes pas dans ton vomi.

Ils étaient toujours particulièrement prudents après les combats. Après tout, c'était illégal ce qu'ils faisaient là, et le fait de se tailler un nom dans ce domaine pouvait également signifier de plus grandes chances de se faire balancer. Le code de l'honneur, c'était beau que sur papier ; quand il y avait des agents en uniforme en face de vous qui vous menaçait d'entrave à la justice, cela vous rendait plus bavard, d'un coup.

Yoongi avait par ailleurs un peu calmé sa paranoïa à ce sujet ; avant, il vérifiait les chaînes d'infos toutes les 5 minutes, refusant de combattre avant au moins deux semaines, le temps que tout se tasse un peu. Le petit-copain du blond, Jimin, passait régulièrement et discrètement devant les principaux lieux, pour vérifier qu'ils ne soient pas infestés de voitures de police. La boxe de rue ne bénéficiait pas de cette sorte de zone grise, où tant que les adeptes de telles pratiques la jouaient bas, il n'y avait rien à craindre ; non, ici, dans la capitale, le maire de la ville avait mis un point d'honneur à faire cesser ce genre d'activités. Les deux boxeurs n'étaient pas particulièrement inquiets de ce point de vue-là, parce que les rings trafiqués pullulaient dans les sous-sols assez grands pour contenir une foule convenable ; peu importe cette grotesque chasse à l'homme, il y aurait toujours de quoi continuer à se battre, et plus important encore, il y aurait toujours un public pour ce genre de spectacle. C'était la même chose avec l'alcool pendant les années 30 aux Etats-Unis, et c'était pareil ici.

Jeongguk était également un peu rassuré que Jimin soit resté cette nuit-là. Non pas pour son propre bien, mais pour le soutien moral qu'il avait apporté à son coach. Il ne pouvait qu'imaginer avec culpabilité la façon dont Yoongi avait tiré son corps inconscient hors du ring, l'avait hissé à bout de bras dans sa voiture, avait appelé Jimin en hâte au volant pour lui demander de descendre de leur appartement et de l'aider à le monter jusqu'à leur chambre.

La façon dont, avec une inquiétude presque hystérique, il avait frénétiquement agité sa lampe devant ses yeux pour voir s'il y avait une réponse pupillaire, lui donnant de petites claques sur son visage pour vérifier qu'il respirait toujours. Son hyung avait beau toujours paraître un peu distant des évènements, et ne montrait que de très rares marques d'affection ; et pourtant, le jeune homme n'était pas dupe. Il avait dû se tordre les doigts d'impatience, attendant avec espoir le moment où Jeongguk émergerait enfin.

C'est pour ça qu'il était content que son petit-ami soit resté à ses côtés. Même si l'homme aux cheveux rosés désapprouvait un peu ce qu'ils faisaient, tous les deux, il portait une grande affection envers le cadet, et soutenait toujours son amant dans de tels moments. Sûrement s'était-il chargé d'appeler Seokjin à sa place, parce que les mains du blond étaient trop tremblantes et que sa voix n'était pas assez posée pour lui demander de passer jeter un coup d'œil à son état.

Le bel éphèbe soupira. Sa vie se résumait en fin de compte à un yoyo, ou à une montagne russe : l'euphorie indescriptible des combats était toujours précédée d'un stress qui vous retourne les tripes, à vous en rendre malade.

« Bon allez, arrête de te casser les méninges et pose-moi ta question, dit le garçon de Daegu, sa voix grave interrompant le silence pesant.

« J'ai perdu ?

Parce que oui, Jeongguk n'était pas assez mal en point pour oublier complètement les évènements de la veille. La dernière chose dont il se souvenait, c'était la façon dont ses côtes avaient été frappées avec intensité, avant de s'évanouir face aux vagues de souffrance ; mais il ignorait, en revanche, si son dernier coup un peu désespéré avait atteint sa cible.

« Oui. Non. On ne sait pas vraiment. Vous vous êtes écroulés tous les deux presque en même temps.

« J'ai pris plus de coups, grogna-t-il alors que le blond se penchait pour réajuster la couverture autour de lui, dans un geste étrangement maternel.

« Pas forcément. Tu l'as pas vu, il crachait du sang de partout. Peut-être que c'était un adversaire de taille, mais en tout cas tu ne l'as pas loupé.

Jeongguk ferma les yeux en se renfonçant dans les oreillers, un petit sourire étiré sur ses lèvres, satisfait de ce qu'il venait tout juste d'entendre. Peut-être que Jung était fort et technique, mais en tout cas le noiraud lui avait clairement fait comprendre qu'il pouvait trouver un adversaire de taille en sa personne. C'était toujours une question d'ego, au final.

« Espèce de sadique, murmura Yoongi avec un ricanement, secouant la tête comme s'il n'y croyait pas ses oreilles.

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La deuxième fois que Jeongguk vit Hoseok, il avait envie de foutre son poing dans son visage pour faire disparaître son sourire en coin.

« Encore.

Jeongguk fit un mouvement de tête pour balayer les mèches de cheveux qui lui tombaient devant les yeux, et se remis à frapper les pattes d'ours qu'avait enfilé Yoongi, et qu'il tenait devant lui. C'était des cibles anglaises rouges sang, hypnotisantes, que le noiraud avait frappé un nombre inimaginable de fois, encore et encore.

« Très bien gamin, contrôle ta respiration, lui indiqua son coach en bougeant ses mains, variant l'endroit des cibles.

Le jeune homme s'exécuta, intégrant les conseils de son entraîneur et reprenant de plus belle ; sa respiration nette, rapide et précise, donnant plus de poids et de précision à ses coups, Yoongi encaissant les impacts sans broncher.

« Réduit la distance, allez, encore.

Et bien que le jeune homme soit déjà en nage, il obéit, et continua l'exercice.

Cela faisait un peu de temps depuis le dernier combat contre Jung, et les revoilà tous deux dans leur salle de boxe habituelle. Il y avait quelques visages familiers, quelques visages nouveaux et curieux qui venaient s'essayer aux sacs de frappe pour la première fois, quelques badauds qui donnaient des conseils alors qu'ils n'y connaissaient rien, quelques branleurs qui faisaient de la poire alors que, avouons-le, c'était juste pour se montrer et faire le beau.

Mais le duo athlète/coach qu'ils étaient n'en avaient que faire de ce qu'il se passait dans la salle, concentré sur l'entraînement en cours, à savoir des gammes et des parades. Parfois, Yoongi donnait un coup plus large pour que le jeune homme l'esquive – ce qu'il réussissait à chaque fois –, les sourcils froncés et étudiant les mouvements de son élève, en quête d'une quelconque imperfection à modifier et à corriger.

« Ok, non, stop, y a un truc qui va pas, interrompit le blond en se redressant et en ôtant l'une de ses pattes d'ours, lui faisant signe de se rapprocher un peu.

Jeongguk en fit de même, heureux d'avoir enfin une pause bien méritée – avec Yoongi, le temps s'allongeait et rétrécissait à la fois, rendant impossible pour lui de dire depuis combien de temps ils avaient commencé la séance. Une heure ou deux, peut-être, si on en croyait le soleil déjà déclinant qui baignait la salle de sport de sa lumière cuprifère, les rayons transperçant les grandes baies vitrées qui donnaient sur la rue.

« Jin a dit que ton poignet était rétabli, alors pourquoi tu retiens tes coups ? demanda son coach en saisissant sa main droite pour l'inspecter, un froncement de sourcils adornant son visage pâle.

Le boxeur haussa les épaules, ne sachant quoi répondre, et profitant de cet instant pour pouvoir reprendre son souffle.

« Ta bande est pas assez serrée ? questionna-t-il, les doigts glissant sur le tissu blanc enroulé fermement autour de son poignet, pour éviter qu'il ne fasse un faux mouvement et qu'il ne se le torde de nouveau.

« Non, hyung, elle va très bien comme ça, c'est juste qu-

« Et ta côte, ça va, je ne t'ai pas fait trop mal ? les coupa une voix derrière eux.

Le noiraud se figea uniquement parce que Yoongi avait fait de même.

Certes, le revers de la médaille de leur notoriété faisait que souvent, on venait les interrompre pendant l'entraînement. Juste histoire de pointer son bout du nez et pouvoir la ramener après auprès de ses amis, en disant qu'il avait rencontré deux légendes. Mais si Jeongguk était craint, alors Yoongi était terrifiant, et généralement, on n'osait pas trop s'en approcher ; et quand bien même quelqu'un serait assez hardi pour cela, le blond ne s'interrompait jamais, continuant de faire bosser son protégé sur ses gammes et sur ses parades, imperturbable.

Mais là...

Là, il y avait Jung Hoseok derrière eux, les bras croisés sur son torse musclé et son sourire ravageur sublimant ses lèvres ourlées de sarcasme. Dans la lumière déclinante du jour, il était encore plus beau, plus édifiant, ses cheveux étincelants retombant de part et d'autre de ses yeux ambre comme dans un tableau de Michael – Angelo. Un beau spécimen tombé du paradis, cela ne faisait aucun doute, les mots de son entraîneur rejouant encore et encore dans sa tête.

C'était la première fois qu'il entendait sa voix, aussi – le peu de souvenirs du combat l'avait empêché de se rappeler entièrement de ses grognements et de ses injures. Ses pensées avaient dérivé, les semaines précédentes, à ce à quoi sa voix ressemblerait s'ils étaient de nouveau dans le noir, sans qu'il y ait la foule et l'arbitre, pour autant. A ce à quoi son corps ressemblait, pressé contre le sien, et pas uniquement sous ses poings.

« Qu'est-ce que tu fous là, Jung ? demanda aigrement Yoongi, sa voix sèche et peu accueillante – comme s'il lui en voulait d'avoir mis son athlète dans un tel état après leur match.

De toute évidence, Hoseok n'était jamais venu dans cette salle de sport ; Jeongguk l'aurait vu bien avant, de toute manière, et le simple fait de s'aventurer dans un repère qui n'était pas le sien était vu comme une atteinte au territoire, comme une menace. Ils étaient pareils à des loups, pareils à des bêtes : possessifs, bestiaux, primitifs. La preuve en était que, du coin de l'œil, le boxeur pouvait voir son entraîneur se tendre, la mâchoire serrée, comme prêt à sauter à la gorge de l'intrus au moindre mot de travers.

« J'étais juste venu prendre des nouvelles de mon adversaire favori, répondit-il nonchalamment, haussant des épaules et étirant son sourire encore plus. Je suis en manque d'adrénaline, et je me languis d'avoir un autre combat aussi... spectaculaire. Même si la dernière fois m'a un peu laissé sur ma faim, c'était définitivement beaucoup trop facile.

Si le noiraud était bloqué sur le côté baisable du basané, à présent il voyait rouge : il était clairement venu ici pour le provoquer, voire même déclencher un autre combat, ici et maintenant, et s'il y avait bien quelque chose que Jeongguk n'était pas, c'était d'être patient. Il était impulsif ; et pour le garçon de Busan, ce regard amusé se répercutait dans tout son corps avec force et perfidie. Dieu, ce qu'il aurait voulu fracasser son visage pour lui faire avaler son sourire – laisse les pattes d'ours, coach, j'ai une meilleure cible ; et cette fois-ci, je ne vais pas retenir mes coups.

Mais, encore une fois, Yoongi connaissait bien Jeongguk, trop, justement ; puisqu'il posa une main à la fois rassurante et à la fois préventive sur son avant-bras, le dissuadant de faire quoi que ce soit. C'était une chose d'organiser des combats clandestins une fois le soir tombé dans son sous-sol, mais c'était autre chose que de se battre en plein jour, avec les vitrines donnant sur la rue ; et si c'était le noiraud qui commençait la rixe, lui et Yoongi pourraient dire adieu à leur abonnement dans cette salle de boxe, le proprio les raccompagnant même directement à la porte avec un sourire hypocrite. Même si, avouons-le, le blond mourrait lui-aussi d'envie de remettre ce malotru à sa place.

C'était chez eux, ici, et Hoseok n'oserait jamais lancer le premier coup : tout ce qu'il voulait, c'était que son adversaire perde son sang-froid, et qu'il commence le combat.

« Fais gaffe à ce que tu dis, Jung. J'ai déjà foutu la raclée à ton entraîneur, je ne vois pas ce qui m'empêcherait de faire pareil avec toi.

Et, étonnement, Hoseok rigola. Comme si la menace n'était qu'une gigantesque blague, et de là où il était, Jeongguk pouvait voir Yoongi se mordre l'intérieur de sa joue pour se contenir, la veine de sa tempe palpiter sous le coup de la colère. Si ça se trouve, c'était lui qui allait devoir le retenir.

« Oui, coach m'a dit que vous aviez eu des... différents, dans le passé.

Et le jeune boxeur n'aimait pas du tout la façon dont sa pupille s'était éclairée d'une lueur qui voulait en dire beaucoup trop, et n'aimait pas du tout la façon dont l'aura de son aîné s'était tout à coup assombrie. Mais avant que l'un d'entre eux ne puisse faire le moindre geste, prononcer le moindre mot, l'homme à la crinière de feu rangea ses mains dans ses poches, avant de dire avec un dernier sourire mondain :

« Bon, c'était sympa de vous avoir vu. A bientôt, sûrement – soit à l'affût de mon prochain match, Jeon, histoire que tu puisses apprendre un truc ou deux.

Et il disparut, aussi étrangement qu'il était venu. Comme une sorte de fantôme qui venait les hanter, trouvant un malin plaisir à leur retourner l'esprit et les rendre fou de sa présence.

Au moment même où la porte claqua derrière lui, Jeongguk se retourna vers son aîné.

« Hyung, je-

« D'habitude je dois te modérer un peu, mais là, oui, Gguk, on va aller à ce putain de combat.

Dire que le noiraud était surpris n'était qu'un doux euphémisme. Il pensait qu'il allait éclairer certains points sur sa relation obscure avec ce certain Namjoon, mais au lieu de ça, il acceptait sa requête silencieuse.

Parce que oui, normalement, Yoongi était toujours là pour le calmer, voire même lui botter les fesses parce qu'il était un peu trop impatient ; la preuve en était qu'il avait dû retenir, bien que légèrement, son protégé de se défouler sur la belle gueule d'ange de son adversaire. Et là... là, aujourd'hui, le blond le laissait aller à ses pulsions, l'encourageant, même. Sûrement que la pique qui lui était destinée avait fait plus de dégâts qu'il n'avait voulu montrer auprès du roux. Dans d'autres circonstances, donc, son aîné lui aurait sûrement expliqué que d'aller assister à un match de son adversaire comportait plus d'inconvénients que d'avantages.

L'avantage était qu'il pouvait voir son jeu d'un point de vue extérieur, et pas lorsqu'il était le plus proche de lui ; le permettant ainsi de prendre des notes mentales, d'analyser sa stratégie, son jeu de jambe, sa force, sa vitesse, les endroits qu'il visait le plus. D'être méthodique et objectif dans son étude.

L'inconvénient était que cela foutait un gros coup au moral : cela pouvait même en décourager certains, se rendant compte que la puissance et la précision du boxeur sur le ring était nettement supérieure à la sienne, et entrer dans cette sorte de spirale autodestructrice qui ne faisait du bien pour personne. Jeongguk n'avait pas encore repris les combats, ne s'estimant pas encore tout à fait prêt pour franchir de nouveau la ligne taguée à même le sol, et voilà qu'Hoseok se paradait sous son putain de nez, clamant haut et fort à qui voulait bien l'entendre qu'il était de nouveau dans le coup.

Le noiraud avait un esprit de compétition beaucoup trop exacerbé pour qu'il laisse passer ça. Il était à deux doigts de demander au blond de tout foutre en l'air, tant pis sa guérison, tant pis son entraînement, tant pis son poignet et tant pis ses côtes, pour qu'il lui dégote un combat rapidement, histoire qu'il puisse défouler ses nerfs – un sac de frappe, comme il en avait l'habitude quand il avait l'esprit trop échauffé, ne pourrait pas le satisfaire.

Et le fait pour Yoongi d'accepter de voir ce fameux match ne serait qu'un moyen supplémentaire pour encourager cette sorte d'ego surdimensionné qui pouvait parfois lui porter préjudice ; le même ego et la même arrogance que l'entraîneur essayait tant bien que mal de modérer, de tempérer ce sang chaud qui battait dans ses veines. Cela n'était bon pour personne, ni pour le boxeur, ni pour le coach, et encore moins pour leurs proches.

« Tu veux vraiment que j'y ailles ? demanda le jeune homme, un peu incrédule, comprenant les conséquences des mots de son aîné.

« Oui, soupira ce-dernier, semblant, en l'espace de quelques secondes, avoir calmé sa haine un tant soit peu. Parce que je te connais, si tu n'alimentes pas cette sorte de curiosité morbide et cette tension sexuelle que t'as là, tu vas frapper le premier venu, et on va encore avoir des emmerdes.

« Il n'y a pas de tension, qu'est-ce que tu-

« Te fous pas de ma gueule, gamin, coupa Yoongi, lui jetant un regard par en-dessous qui voulait en dire long. T'es un concentré d'hormones, Gguk, tu pues l'envie à un kilomètre à la ronde ; oses me dire le contraire. Et puis, tu veux que je te rappelle de la fois où t'as failli frapper un serveur parce qu'il t'avait proposé de la moutarde et que tu n'avais pas baisé depuis deux semaines ?

Jeongguk grommela quelque chose d'incompréhensible, avant que son entraîneur ne lui donne une petite tape derrière la tête pour qu'il se reconcentre.

« Donc, tu vas aller voir ce match. Tu vas étudier ses mouvements, analyser son jeu, et après tu vas me faire le plaisir de te trouver un coup d'un soir pour que tu te détendes un peu ; si t'es frustré, t'es infernal, et je n'ai pas envie de gérer ta merde en ce moment.

C'était assez paradoxal, et à la fois amusant, d'entendre son coach lui demander pareille chose. Normalement, avant chaque combat, il le prenait entre quatre yeux et lui interdisait de coucher au moins 24 heures avant de monter sur le ring, sinon quoi il "allait donner son engin à bouffer à son chien" ; et généralement, cette menace était suffisante pour qu'il se tienne à carreau. C'était pour des histoires de testostérone et de gâcher son énergie, quelque chose comme ça. Cette fois, pourtant, au lieu de râler, le jeune homme lui offrit un grand sourire, bien qu'un peu sarcastique et carnassier : Yoongi venait juste de lui dire banco pour aller observer de loin son ennemi numéro 1, et venait aussi de lui donner sa bénédiction pour faire un peu de sport de chambre.

« Bon aller, gamin, arrêtes de baver et remets toi en position, on n'a pas fini l'entraînement.

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La troisième fois que Jeongguk vit Hoseok, il voulait l'embrasser de toutes ses forces pour faire disparaître son sourire en coin contre le sien.

Jeongguk n'allait pas mentir, il n'était pas très familier avec la foule qui entourait le ring. Oui, bien sûr, il était familier avec l'endroit, avec l'ambiance générale, avec les cris, mais à chaque fois, il appréciait cet amas d'informations confuses depuis le ring. Quand le public venait le voir cogner, venait le voir saigner et venait le voir gagner. Que très peu de fois, en réalité, il s'était mêlé à cette même masse qui criait son nom quand il arrivait – Yoongi le lui avait toujours interdit, mais aujourd'hui était un soir différent, et si ce n'était pas pour son orgueil, sa rage et la scandaleuse proposition de Jung Hoseok, alors il ne serait pas là.

Ce soir, L'Hydre accueillait dans son sous-sol des combats illégaux de boxe sans gant. Ce n'était pas un club particulièrement chic, mais assez réputé pour attirer un public prêt à parier assez large. De là où ils étaient, ils pouvaient même entendre la musique du rez-de-chaussée, un mélange d'électro et d'hip-hop que crachaient les enceintes, à s'en percer les tympans. Jeongguk appréciait une sortie en boîte de nuit, de temps en temps, mais le son des basses qui résonne dans son corps n'était rien comparé à la foule hystérique qui criait pour lui en agitant ses billets.

Adossé contre un des murs du fond, froid, en bêton brut, le noiraud regardait d'un air ennuyé le combat qui était en train de se dérouler, au milieu de la pièce. Les gens se pressaient autour des deux adversaires, rendant presque impossible pour lui de voir les actions, mais ce n'était pas le match qu'il attendait – ce n'était que deux pauvres gamins des rues, qui avaient suscités quelques rires quand ils s'étaient avancés dans la lumière des ampoules jaunâtres et dénudées. Les organisateurs fermaient toujours l'œil sur l'âge des participants : si un gosse assez paumé et avec des envies un poil suicidaires voulait tenter sa chance et avait de la rage à revendre, alors ils ne disaient certainement pas non. Du moment qu'il y avait de l'argent à se faire, c'était le principal.

Le jeune homme n'était pas venu seul, pourtant : son entraîneur et Jimin étaient à côté de lui, mais ils ne prêtaient pas plus d'attention au duel que ne le faisait le boxeur, préférant se murmurer des choses au creux de l'oreille et de partir dans des éclats de rire. Sûrement que le blond avait promis à son petit-ami de lui payer autant de shot qu'il voulait et de danser avec lui aussi longtemps qu'il le voulait, pour que ce-dernier accepte de venir avec eux sans broncher. Il détestait ce qu'ils faisaient, et pourtant était toujours là dès qu'ils avaient besoin de lui.

Le noiraud reposa sa tête contre le mur en soupirant, fermant momentanément les yeux. Il en avait marre, et il s'ennuyait. L'indic' de son aîné avait pourtant bien précisé qu'Hoseok ferait son apparition, ce-soir ; et, comme si l'homme à la crinière de feu savait parfaitement qu'il était dans les locaux, il prenait son malin plaisir à faire patienter encore un peu plus ceux qu'il avait provoqué.

Il avait vraiment envie de se faire tabasser lui, c'était la seule explication possible.

L'un des gamins venait de se faire sortir du ring. Il saignait du nez et de la mâchoire, mais bon, c'était les risques encourus quand on voulait jouer dans la cour des grands. Et alors que le jeune homme se retournait vers le couple pour leur demander quand est-ce qu'ils allaient partir, il entendit la foule crier de plus belle. Comme si elle aussi avait été ennuyée par le combat qu'elle venait de voir, et qu'elle était de nouveau hystérique à l'apparition d'un nouvel adversaire, et non des moindres. Il savait aussi que Yoongi et Jimin avait entendu ce changement de comportement, si on en croyait à la façon dont l'homme aux cheveux rosés avait relevé la tête du cou de son amant pour plisser des yeux, espérant sûrement trouver l'objet d'un tel regain d'énergie.

Avant même que le bel éphèbe n'entende le nom de Jung Hoseok être scandé par le public surexcité, il savait déjà que c'était lui.

Et, comme un papillon attiré par la lumière, le garçon de Busan s'approcha doucement du centre de l'attention, espérant voir de plus près ce phénomène qu'était le basané. Avant son combat avec lui, il ne l'avait jamais vu avant ; et aussi détestables qu'étaient ses pensées, il se languissait de savoir à quoi il ressemblait quand il était transpirant, le torse nu haletant, les cheveux lui tombant devant les yeux et ses poings devant son visage, ses prunelles dangereuses et sombres. Certes, une fois encore, il s'était déjà retrouvé devant lui, mais ce n'était pas pour autant qu'il avait pu l'admirer autant de fois qu'il le voulait.

Et puis, Yoongi avait dit que c'était soir de baise, aujourd'hui, alors il pouvait bien se rincer l'œil, non mais.

Quand Hoseok fit enfin son apparition, le noiraud eu peur un instant que le sol s'écroule sous leurs pieds, tant le public était en délire. Et le voilà qu'il traversait la ligne blanche taguée sur le sol, avec ce sourire en coin qu'il connaissait déjà par cœur, et cet air de défiance qui émanait de son aura et qui tenait tout le monde en respect. Pendant un instant, le jeune homme regretta que leur sport ne soit pas aussi réglementé que l'était les compétitions internationales : il n'y avait pas de réel dress code, même si la coutume était de combattre torse nu et en jogging. Certes, la vue des abdos délicatement gravés dans la chair, de ses biceps impressionnants, d'une médaille dorée qui faisait parfaitement ressortir son teint halé, et de cet étrange tatouage en forme de scorpion qui s'étalait sur son flanc droit était suffisante pour faire grogner Jeongguk de désir. Il était désirable, il était baisable, et dieu ce qu'il voulait connaître la sensation de lécher sa peau encrée et de planter ses ongles dans les omoplates qui roulaient sous sa peau.

Mais d'un autre côté, il regrettait les shorts brillants que tous les grands champions portaient quand ils montaient sur le ring ; parce que Jeongguk aurait adoré voir ses cuisses musclées et allongées, si fortes et puissantes, les mêmes qui accompagneraient ses coups de reins. A la place, l'objet de ses désirs était camouflé dans un jogging molletonné gris, bien que bas sur ses hanches tentatrices, et il ne pouvait que saliver en les imaginant.

C'était étrange, quand on y pensait, de désirer autant le corps d'un homme qu'on détestait de tout son soûl.

L'arbitre s'avança dans la lumière, faisant régner un semblant d'autorité sur le public, tandis qu'il déblatérait le même discours que tout le monde avait entendu un million de fois. Jeongguk jeta à peine un regard à l'autre boxeur, et à peine vit-il la carrure plus frêle et moins confiante de son adversaire, qu'il sut qui allait gagner. C'était une évidence, qu'en dira-t-on du fait que l'homme en face de lui était plus agile, plus petit, plus rapide. Hoseok allait le massacrer, l'écraser dans ses mains comme on écrase une noix. Simple, rapide, qui explose en mille morceaux et qui fait du bruit.

Le match commença, et le noiraud ne put détourner le regard du roux.

Hoseok combattait comme un soldat, parce que, vraiment, franchir la ligne du ring était comparable à marcher à la guerre. Il évitait les coups – Jeongguk devait bien se l'admettre, il avait jugé un peu rapidement l'autre combattant, parce qu'il ne se débrouillait plutôt pas mal –, et répondait en y mettait le double, le triple, le quintuple, de force. Sa peau était luisante sous les néons, se tordant sous ses mouvements, dansant sur le sol en bêton comme un serpent danse pour son charmeur à flûte. Quelque chose de fatal et d'hypnotisant, dans la façon dont ses yeux sombres, sanguinaires, accros à la violence et exaltés par les cris de la foudre, se plantaient sur le visage de son opposant, ses cheveux de feu tombant devant ses yeux et le rendant encore plus beau dans toute cette véhémence.

Le basané avait clairement le dessus sur ce combat, et pourtant, même s'il aurait pu aisément le finir en moins d'une minute, il prolongeait le plaisir, jouant avec son adversaire comme une bête joue avec sa nourriture. Et tout le monde ici présent savait très bien que ce n'était pas parce qu'il était en position de faiblesse qu'il continuait, encore et encore, de sautiller autour de l'autre boxeur, mais réellement parce qu'il voulait se montrer en spectacle.

Sentait-il le regard lourd et profond de Jeongguk posé sur lui ? Savait-il qu'il était là, quelque part, répondant à sa provocation qu'il avait lancé dans la salle de sport ? Faisait-il tout cela pour l'impressionner, pour lui montrer tout ce dont il était capable ? Mouvait-il ainsi parce qu'il savait quelles pensées sombres et tendancieuses peuplaient l'esprit embrumé du noiraud ? Jouait-il également avec lui aussi, comme il le faisait avec l'autre boxeur, et faisait-il durer le plaisir pour laisser plus de temps à Jeongguk de graver le moindre de ses détails dans sa mémoire ?

Mais bientôt, Hoseok sembla se lasser, fatigué de ce petit manège. Un uppercut, une droite, un coup dans les côtes, et l'autre gringalet était à terre, dodelinant sa tête d'inconscience, pendant que la foule autour de lui s'agitait de nouveau, pithiatique, agitée, comparable à la mer qui s'écrase sur la digue. Et, dans cette marée humaine de bras qui agitait des billets en l'air, le basané se retourna, et comme s'il l'avait vu depuis le début, planta sans hésitation ses prunelles d'ambre dans ceux ébène de Jeongguk. Le monde semblait avoir cessé de tourner, le public assoiffé de sang n'était plus, et il n'y avait rien qu'eux, plus qu'eux, sous ses lumières crues qui ne faisaient pas justice à la crinière cuprifère du boxeur.

Un dernier sourire en coin, le temps de cligner des yeux, et Hoseok ne fut plus.

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Les présomptions du noiraud s'étaient avérées être exactes : Yoongi avait convaincu son petit-copain de venir avec eux avec des promesses d'alcool et de danses lascives collés l'un contre l'autre. De toute évidence, le debrief du match ne se ferait qu'au prochain entraînement ; parce qu'à présent, le boxeur se retrouvait tout seul au bar, pendant que le couple au milieu de la piste semblait dans leur propre monde, la bouche de son aîné pressée contre la vallée du cou du plus jeune.

Le jeune homme soupira, finissant d'une traite le verre posé devant lui sans grimacer. Il devait se changer les idées. Les visions du basané à moitié dénudé rejouaient sans arrêt dans son esprit, et l'alcool ne faisait que d'exacerber ces pensées pegi 18. Il était censé détester Hoseok, par tous les saints. C'était lui qui lui avait foutu une raclée – n'en déplaise à son coach qui n'arrêtait pas de lui rappeler qui lui avait rendu, à juste titre, la monnaie de sa pièce – ; et il était frustré, parce que le match ne s'était pas fini comme il était censé se finir. C'était Jeon Jeongguk, tout de même, merde à la fin ; et cette sorte de conclusion neutre avait un goût amer sur sa langue.

Il était censé le détester, et pourtant voilà qu'il fantasmait encore sur lui. Il avait beau chercher du regard un visage dans la foule de corps pressés l'un contre l'autres, un de ceux qui lui feraient oublier le temps d'une nuit tous ses problèmes ; mais à peine ses prunelles se posaient sur le joli minois d'une potentielle proie, et voilà que son cerveau lui envoyait des signaux, qui se résumaient en ces termes : "oh, je me demande bien si Hoseok baise aussi fort qu'il cogne".

Le bel éphèbe grogna une nouvelle fois. C'était sa soirée. Il avait le droit de découcher – enfin, il n'avait pas vraiment besoin de l'accord de son coach sur son planning sexuel, mais savoir que le hyung qui comptait énormément pour lui l'encourageait sur ce point, alors il n'allait pas s'en priver.

Fuck this, décida-t-il en quittant le bar, se pressant davantage dans la masse. Entre la foule du sous-sol et la foule d'ici, il n'y avait, en réalité, pas beaucoup de différence. Peut-être qu'ici ne recherchaient-ils pas la violence et la bagarre qui faisait frétiller d'autre, mais la promesse d'un grand spectacle et d'oublier, l'espace de quelques heures, leur train-train quotidien planait au-dessus de leurs têtes. L'ivresse n'était peut-être pas la même, mais les effets étaient similaires.

Alors Jeongguk se laissa porter, lui-aussi. Autant profiter d'être là pour laisser son esprit vagabonder et de laisser son corps parler pour lui. Pendant les combats, ses muscles répondaient aux coups par réflexe, ayant mémoriser chaque mouvement qu'il avait répété, encore et encore, avec Yoongi. Là, c'était une sorte de laisser-aller complètement différent, et pourtant bienvenu dans le chaos qu'était sa vie en ce moment. Sûrement trouverait-il sa proie ici, au lieu du bar.

Laissant donc ses hanches réagir au son bas et électro, il se laissa porter, la tête rejetée en arrière, les yeux clos, et un petit sourire sur ses lèvres charmantes. Les corps étaient peut-être suants et excités autour de lui, mais il n'en avait que faire.

Et puis, des mains sur ses hanches. Grandes, puissantes, réconfortantes, un peu caleuses, chaudes à travers le tissu de son T-Shirt. Un torse pressé contre son dos, et c'était vraiment ce dont le jeune homme avait besoin, à présent : que des bras forts s'enroulent autour de lui, peu d'humeur à être celui qui prenait les choses en main, ce soir-là. Alors il rejeta la tête contre l'épaule de l'inconnu, dévoilant la peau de velours de son cou, se laissant aller, faisant bouger ses hanches contre les siennes. Le souffle chaud de l'homme contre son oreille le rendait déjà fou, et il ne pouvait qu'imaginer avec impatience ce que cela rendrait quand il aurait enfin son corps pressé contre le sien.

« Même hors du ring tu as un magnifique jeu de jambe, murmura l'inconnu contre son cou, qui, au moment même où il prononça ces mots, ne l'était plus vraiment.

Le noiraud ne s'était jamais retourné aussi vite de toute sa vie.

Parce que là, toujours pressé mais contre son torse, à présent, à cause de la pression de la foule, se tenait Hoseok. Ses cheveux étaient encore un peu humides du combat, tombant de part et d'autre de son visage comme une pluie d'artifices ; ses yeux, toujours aussi sombres, mais à présent empreint d'une lueur légère et joueuse, étaient fixés fermement dans ses propres orbes ; et ses lèvres, rosées à souhait, étaient délicatement mordues dans un sourire en coin. Putain, ce qu'il était beau. Les néons de la boîte rendaient l'atmosphère tout autre que celle du sous-sol, éclairant de leurs lumières colorées et tamisées les traits angéliques de son aîné, laissant planer sur la peau de son visage un soupçon de mystère et d'interdit. Et ses mains, toujours accrochées aux hanches du plus jeunes, ne faisaient que de le rapprocher, encore et encore, pour que Jeongguk ne puisse sentir rien d'autre que le torse ferme du boxeur sous ses doigts.

Il n'y avait plus cette haine, cette animosité ni cette bestialité qui possédaient leurs corps dès qu'ils se mettaient en position de garde. A présent, il n'y avait que l'envie, que le désir et que la passion, dans un chant de phéromones que même le plus épais des murs ne saurait étouffer.

« Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Jeongguk.

Il aurait tellement voulu ajouter plus de ressentiment et de mépris dans sa question, mais c'était là chose presque impossible ; pas, en effet, quand tous deux continuaient de faire bouger leurs hanches l'une contre l'autre, la friction déjà presque insupportable, une sensation de trop et de pas assez à la fois. Il espérait de tout cœur que ses yeux, eux, puissent véhiculer tout ce qu'il ressentait, à présent, et tout ce qu'il avait ressenti durant ces dernières semaines, alimentant sa rancune petit à petit, coup après coup. Mais là encore, le message qu'il voulait faire passer était en totale inéquation avec ses gestes, puisque la proximité entre les deux hommes l'empêchait de poser ses mains autre part que sur les larges épaules d'Hoseok.

« Je t'ai vu me regarder pendant le match, répondit le roux en se penchant pour pouvoir dire – plutôt crier – ces mots dans son oreille, profitant de la musique beaucoup trop forte pour rentrer dans son espace vital.

« Ne te flatte pas, répliqua le noiraud en se penchant lui aussi. J'étais en train d'étudier ton jeu pour pouvoir mieux te battre la prochaine fois.

« Donc tu admets que tu as perdu ?

Jeongguk n'avait pas la place pour balancer son poing dans sa figure et le faire avaler ce sourire arrogant qu'il adornait là, mais dieu ce qu'il aurait voulu pouvoir le faire. Il était encore en train de le provoquer, satisfait de son petit effet, et le jeune homme détestait cela. Peut-être que l'embrasser serait suffisamment surprenant pour qu'il puisse disparaître de ces lèvres.

« Je te propose un autre match, si tu veux, reprit-il, comme s'il parvenait à lire dans les pensées de son adversaire.

« Quel genre ? demanda-t-il assez fort pour couvrir la musique, même s'il savait parfaitement de quoi il était question et qu'il rentrait dans son jeu.

Hoseok offrit un autre sourire, un de ceux qui le rendait tellement attractif, et se pencha de nouveau dans son cou ; et son murmure fut, surprenamment, assez fort pour qu'il entende tout :

« Toi. Moi. Mon lit en guise de ring. Tous les coups sont permis. Autant de round que tu voudras. Ça te dit ?

Oui, Jeongguk avait un tas de répliques qui brûlaient sa langue, du style "Qu'est-ce qui te fais penser que je voudrais coucher avec toi ? ", ou encore "Tu es au courant que tu vas perdre ? ". Mais au lieu de ça, et comme guise de seule réponse, il se jeta contre ses lèvres.

Violent, brut, bestial, comme tout ce qu'ils connaissaient et comme tout ce qui définissaient leur relation, jusqu'à présent. Les mains d'Hoseok qui le plaquaient encore plus contre lui, lui coupant presque la respiration, et les doigts du jeune homme qui glissaient dans sa tignasse rousse pour la tirer en arrière, provoquant un grognement outrageusement bas. Que dieu bénisse la réputation de cette boîte, parce qu'il y avait tellement de monde autour qu'ils ne pouvaient que se presser, encore et encore, l'un contre l'autre, leur donnant la possibilité de venir mordre la lèvre inférieure de l'un et de titiller de sa langue la bouche de l'autre.

La nuit promettait d'être mouvementée.

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« Où est-ce qu-

Mais la question de Jeongguk ne fut jamais finie, coupée par un baiser d'Hoseok, agressif, affamé, et le noiraud ne put qu'accepter le contact de sa bouche délicieuse contre la sienne, sentant la chaleur de son corps radier à travers le sien. Ils étaient tous les deux beaucoup trop impatients, et avaient dû puiser au plus profond de leur self-control pour ne pas se jeter dessus sur la banquette arrière du taxi qui les ramenaient à l'appartement d'Hoseok. Non pas qu'ils ne le voulaient pas, mais ils étaient peu enclins à se faire arrêter pour exhibitionnisme.

L'aîné se recula, un tant soit peu, le temps de pouvoir reprendre sa respiration et de plonger son regard pénétrant dans celui tout aussi noir de désir de son ancien adversaire. Il y avait encore une égratignure au-dessus de son sourcil, un bleu disparaissant contre le dessous de sa mâchoire ; il devait y en avoir plus encore, de coups, et l'espace d'un instant, le garçon de Busan ne put que s'imaginer avec délice ce à quoi ressemblait le boxeur quand il avait été victime de ces coups. Bandant, s'en était certain.

« La chambre, répondit Hoseok, et le noiraud eut tout le mal du monde de se souvenir de sa question de base ; mais ses pensées furent vites coupées quand il se sentit tiré par le bel éphèbe le long d'un couloir.

Et avant qu'il ne puisse réellement reprendre ses esprits et admirer la pièce dans laquelle ils venaient d'entrer, il se fit presser contre la porte, les corps durs et musclés pressés l'un contre l'autre, débordant de force et de puissance et peut-être de quelque chose d'autre, quelque chose de dangereux et d'inflammable déjà solo, mais de putain d'explosif quand combiné entre les deux combattants. La bouche contre la sienne était fiévreuse et demandeuse et quémandeuse, et Jeongguk craignait, l'espace d'un autre instant, qu'il en soit déjà accro. Peut-être que ce n'était pas si mal, en fin de compte, et si les effets étaient ceux qu'il ressentait à présent, alors il n'avait aucun problème à ce que le basané devienne sa drogue personnelle.

Oui, vraiment, c'était étrange de détester autant quelqu'un et de le vouloir autant en même temps.

Ça paraissait un peu surréel, irréel même, comme dans un rêve érotique qui ne dépasse pas le fantasme, que de sentir le corps, les mains, la bouche de son aîné contre lui ; mais d'un autre côté, c'était comme un retour brutal à la réalité, comme quand on se réveille en sursaut après s'être imaginé tomber du haut d'un immeuble, et c'était une expérience que Jeongguk ne pensait pas vivre un jour. Ne pensait pas que cela existait, tout simplement. Parce que la violence et la douleur des matchs n'était qu'une façon d'échapper à son quotidien, d'une certaine façon, même si les combats étaient devenus sa raison de vivre ; et pour le jeune homme, il ne suffisait que d'un sourire en coin, de sa bouche chaude contre la sienne et de la sensation de son torse sous ses doigts pour qu'il se sente désespérément vivant, pour qu'il comprenne qu'il n'était pas fou.

Peut-être que cela ne faisait pas vraiment de sens, ce qu'il disait là, mais d'un autre côté, le seul fait de se retrouver avec le roux sans le taper dessus était également quelque chose de plutôt insensé, si vous voulez mon avis.

D'un coup de langue, le boxeur quémanda l'accès de son aîné à sa bouche, et Hoseok ne pouvait qu'accepter, sa respiration chaude et lourde contre ses lèvres. Le roux embrassa en guise de réponse un peu plus fermement, utilisant ses dents pour mordiller la lippe inférieure et si tentante de son cadet, le dur et le doux se mélangeant dans un tourbillon sans fin. Mais c'était trop délicat encore, trop prudent.

« Allez, grogna Jeongguk en tirant un peu sur les cheveux de son amant d'un soir. Embrasse-moi vraiment.

Et de nouveau, le jeune homme aurait tellement voulu faire ravaler son sourire en coin quand il le sentit contre sa bouche, mais Jeongguk oublia cette pensée de haine alors qu'il utilisa ses mains pour se glisser dans ses cheveux ébène, tirant un peu en arrière pour dévoiler la vallée de son cou, si belle et si appétissante. Et voilà que sa bouche chaude et tentatrice était contre la peau palpitante de son cou, si demandeuse et si joueuse, léchant l'épiderme de velours à la recherche de ce petit endroit sous son oreille qui le rendrait fou.

« Ah – putain, comme ça.

Avant qu'il ne comprenne quoi que ce soit, Hoseok les fit pivoter pour qu'il se retrouve à son tour contre la porte. Au début, le jeune homme ne comprenait pas pourquoi il ne continuait pas à profiter de sa position de dominant, avant de sentir deux mains, dans leur baiser, venir agripper son fessier à travers le tissu rugueux de son jean. Dans cette position, il avait plus de prise, et Jeongguk le maudit et le bénit à la fois dans un soupir. Ses mains étaient si grandes, et elles agrippaient de la plus suave et de la plus délicieuse des façons le rebondi de ses fesses.

Mais, comme il fallait bien s'y attendre, le roux n'en resta pas là pour autant, invitant son cadet à venir se frotter contre sa cuisse, accompagnant ses mouvements de hanche et dévorant encore plus la peau sensible de son cou. La friction était douloureuse et exquise à la fois, et Jeongguk ne pouvait rien faire d'autre que de soupirer de contentement, les yeux mi-clos alors qu'il appréciait la caresse, la bouche de son ennemi d'antan dans son cou et ses doigts tirant ses cheveux. Il ne lui était jamais venu à l'idée qu'il pouvait mourir intoxiqué seulement par le désir, et pourtant le voilà, jetant ses pensées rationnelles par la fenêtre et laissant son corps répondre à l'appel du basané.

Et puis, il y avait ce sentiment indescriptible, de pouvoirs, de domination, que de savoir qu'il avait Jung Hoseok pressé contre lui ; le même homme qui faisait des ravages sur le ring, que tout le monde craignait et que tout le monde respectait ; le même homme qui faisait fantasmer plus d'un, lorsque leurs regards affamés dévoraient le velours de sa peau. Jung Hoseok était un homme qui faisait tourner les têtes, dans tous les sens du terme – que ce soit d'un coup de poing ou d'un clin d'œil, il y avait-il vraiment une différence ? –, et ce soir-là, il était tout à Jeongguk. Cette possessivité sauvage qui courrait dans ses veines et qui pulsaient avec force contre ses tempes, contre son cou, contre son membre. Il allait devenir fou avant la fin de la soirée, il pouvait presque le parier. 

« Putain, jura de nouveau le noiraud alors qu'il pouvait sentir déjà la bosse proéminente de son partenaire, pressée contre la sienne – et cette pensée seule le laissait le souffle court, court-circuitant ses neurones pour se concentrer sur rien d'autre que cela.

Il suffisait simplement au bel éphèbe de souffler son nom, un froncement de sourcil formé par le plaisir, pour qu'Hoseok semble enfin se réveiller. Bien qu'à contre-cœur, il relâcha les hanches si fines de son amant pour venir le pousser contre le lit – et lorsqu'il grimpa à quatre pattes au-dessus de son corps, chaud et impatient, le roux se dit que cela valait le coup.

Un mouvement de hanche contre son intimité, un grognement bas, la sensation de leur membre l'un contre l'autre. 

L'aîné lâcha une obscénité alors que, les doigts un peu tremblants et pressés, il s'afféra à défaire la braguette de jean du jeune homme, retirant sa ceinture avec hâte et la jetant quelque part dans la chambre, sans un regard. Jeongguk, quant à lui, s'était occupé de leurs deux hauts, et les voilà à présent torses nus, peau contre peau, les doigts découvrant avec envie et empressement la sculpture de leurs ventres. Il y avait les bleus sur leur épiderme, décorant leur corps comme une série de marques interdites, dangereuses, douloureusement belles, aussi. Le garçon de Busan fit passer la pulpe de ses doigts sur le tatouage intriguant de scorpion qu'il avait sur son flanc ; mais avant qu'il ne puisse poser la moindre question, il vit sa bouche attaquée de nouveau par une série de baisers qui lui ôtèrent le souffle.

« 'Seok, lâcha-t-il de nouveau, trop pressé pour correctement formuler son prénom, trop impatient pour faire quoi que ce soit d'autre que de s'arcbouter au moindre de ses contacts.

Le message sembla passé, alors que, de nouveau à contrecœur, l'homme à la crinière de feu descendit du lit pour rapidement ôter son pantalon et son sous-vêtement ; alors que Jeongguk ne perdait pas un instant, saisissant le lubrifiant et une ou deux capotes quand Hoseok lui indiqua où elles se trouvaient – dans le premier tiroir de sa table de chevet, quel cliché ambulant.

Et les voilà complètements nu, glorieux dans leur tenue d'Adam, se dévorant du regard un moment, admirant les angles durs de leurs muscles et les courbes plus douces de leur peau, les hématomes et les égratignures décorant leur épiderme comme une série de baisers volés et de tatouages. Cette impatience bestiale de marquer à leur tour la toile déjà abîmée du corps de l'autre, parce que, vraiment, il n'y avait pas beaucoup de différence entre combattre et baiser. 

Dans les deux cas, tout était une question de violence, de larmes, de grognements, d'une adrénaline qui pulsait dans ses tempes. De sang, un peu, parfois, mais cela dépendait vraiment de la façon dont on voyait les choses.

Jeongguk hissa quand son membre libre entra en contact avec l'air ambiant, la peau palpitante déjà trop sensible ; et dans d'autres situations, il serait un peu gêné d'être aussi excité aussi rapidement, seulement grâce à quelques baisers, mais si on en croyait l'intimité d'Hoseok qui reposait contre son ventre, il n'était pas le seul. Et, par tous les saints, ce que le jeune homme le voulait. Il le voulait dans ses mains, dans sa bouche, contre lui, partout et nulle part à la fois, imaginant encore une fois la sensation de leurs peaux claquant l'une contre l'autre dans une symphonie sensuelle et lubrique.

« Putain, 'Seok, tu es tellement...

Mais les mots n'étaient pas assez forts, pas assez précis, pour expliquer tout le désir primal et animal qui brûlait et qui crépitait sous sa peau. A la place, il obéit à ses pulsions, et saisit le sexe tendu de son partenaire entre ses mains, admirant la façon dont il ne pouvait pas faire le tour complètement avec ses doigts. Sans mentir, le bel éphèbe pouvait se vanter d'avoir vu son lot d'hommes nus dans sa vie ; mais là, à présent, alors qu'Hoseok était toujours debout à côté du lit, entre ses jambes, et qu'il avait la tête rejetée en arrière à cause des douces caresses de sa main, il se dit que le roux était différent de tous les autres, c'était évident.

« Bordel, lâcha enfin le hyung ; parce qu'au moment même où il entrouvrit les yeux, il fut accueilli par la vision de son amant suçotant de la plus érotique des façons le liquide pré séminal qu'il avait sur le pouce.

« Ok, très bien, lâcha Hoseok, à bout de souffle, si impatient qu'il allait exploser s'ils continuaient leur petit jeu ainsi. Comment tu le veux ?

Il venait de surplomber le jeune homme de nouveau, écartant les cuisses puissantes et tendancieuses de l'homme aux cheveux de jais, les doigts couverts de lubrifiant et laissant un parterre de baisers rougis contre son bas-ventre.

« Fort, soupira-t-il, rejetant la tête contre les oreillers alors qu'il sentait le contact des doigts agiles et long de son partenaire contre son antre.

« Fort ? ricana le boxeur, un air un peu incrédule sur le visage alors que Jeongguk ondulait le bassin pour l'inviter à l'enfoncer plus. 

« Quoi, tu ne penses pas en être capable ? murmura-t-il, un sourire joueur contre ses lèvres alors qu'il enfouissait sa main dans ses cheveux pour le rapprocher brutalement de lui, ses lippes dévorant les siennes dans un baiser rapide et sans finesse.

Si Hoseok déglutit difficilement, c'était surtout à cause de la chaleur du noiraud autour de ses doigts, à cause de sa bouche déjà rougie par les baisers, et à cause du gémissement aérien que le plus jeune venait de laisser passer, alors que, d'un autre mouvement de hanche, il invitait son partenaire à aller plus vite. Ils n'avaient pas toute la nuit, non mais.

« Pour qui tu me prends, je l'ai fait des centaines de fois, bien sûr que je peux aller aussi fort que tu veux, marmonna-t-il avant de se pencher pour prendre un téton brun en bouche, sa langue léchant goulument autour du bourgeon de chair.

« Ça a intérêt à être bien alors, soupira Jeongguk en accrochant les draps sous ses mains, alors qu'un deuxième doigt venait de rentrer dans la partie, les va-et-vient puissants et produisant déjà des bruits humides obscènes.

Et peut-être en effet que la préparation était rapide, trop rapide, mais le noiraud invitait toujours son amant à aller plus vite. Tant pis s'il n'était pas assez étiré, parce qu'il adorait la douleur – par tous les saints, qui ne l'avait pas encore compris ici ? –, et ne pouvait qu'imaginer et anticiper avec délice le moment où Hoseok s'enfoncerait enfin en lui. Qu'est-ce que disait Jimin, déjà ? Ah oui, qu'il avait un sérieux pet au casque. Dans de tels moments, le combattant avait tendance à le croire.

« Putain, lâcha-t-il une nouvelle fois.

« T'aimes ça ? demanda Hoseok, murmurant contre sa peau après avoir abandonné un des boutons bruns pour se concentrer sur le second.

« Ta gueule et prend moi, grogna le noiraud.

Par miracle, sa voix ne s'était pas hachée quand il l'avait dit cela. Mais Hoseok avait ce ton arrogant qu'il aimait et qu'il détestait à la fois, et il ne savait pas vraiment, dans ce dilemme récurrent, s'il préférait lui foutre son poing dans sa figure ou l'embrasser de toute ses forces. Un peu des deux, sûrement. Leur relation en elle-même était manichéenne, alors semblait faire du sens. 

Mais le jeune prodigue de la boxe illégale n'avait pas besoin de cela pour faire taire le grand basané, préférant, à la place, faire courir ses doigts de nouveau le long de son membre gorgé et tendu. Deux pouvaient jouer ce jeu, même si les conséquences en étaient tout autre ; et de ce qu'il pouvait voir de l'expression de son adversaire, son sourire arrogant avait disparu complètement, pour laisser place à une expression lointaine, de désir, de béatitude, ses dents triturant ses lèvres comme pour se retenir de faire trop de bruit sous les caresses divines de son cadet.

N'en pouvant tous les deux plus de ce jeu de chassé-croisé, ils furent soulagés quand le hyung prit enfin la parole, changeant de position pour se placer entre les jambes encore plus ouvertes de son amant :

« Bordel, Gguk, tu me rends dingue, je-

« Prends-moi, interrompit le susnommé en suppliant presque, la tension, l'attente et l'impatience beaucoup trop forte pour pouvoir tout gérer en même temps.

Et, la seconde d'après, il était en lui. Le souffle coupé, le temps de reprendre ses esprits, serrant contre soi le corps de l'autre, la respiration rauque dans le coup de l'autre.

Et le premier coup de bassin. Fort, qui déchire ses entrailles, le dos qui s'arque et les yeux qui roulent sous l'effet du plaisir. Les mains d'Hoseok, toujours aussi fortes et puissantes, qui clouent ses hanches contre le matelas pour qu'il évite de bouger, mettant toujours plus de vigueur, d'intensité, d'énergie dans ses mouvements de reins, laissant Jeongguk pantois, la bouche entrouverte incapable de faire un son de plus.

Ça faisait du bien. Beaucoup de bien, même. Ça le prenait de l'intérieur, ça dégageait tout sur son passage, comme un incendie, ne laissant qu'un champ de ruine, parce que savoir qu'Hoseok était au-dessus de lui le rendait complètement fou, le voulant plus près, encore plus près, encore plus près. Il semblait que seul le roux savait comment s'y prendre avec ce désir incommensurable qui possédait le noiraud, le prenant férocement, ardemment, comme il l'avait fait lors de leur première rencontre, le brisant morceau par morceau pour mieux le reconstruire, un corps gémissant et haletant.

La vision du boxeur au-dessus de lui était une œuvre d'art en soit. Parce qu'Hoseok était magnifique, sublime, superbe, quand il était le roi du ring, le conquérant, le vainqueur, le champion que la foule acclamait d'une seule voix. Et ce soir-là, ses hanches se mouvant sans relâches entre ses cuisses chaudes, il était persuadé qu'il pouvait ajouter la mention « dieu du sexe » à son palmarès. C'était une vision tellement érotique, lascive, concupiscente, que de voir le travail des muscles de ses bras, de ses abdos, de ses cuisses, tous tendus à l'extrême alors qu'il maintenait son rythme de la plus plaisante des façons.

Mais aussi beau que la machine humaine qu'était son anatomie en action, la cadence était compliquée à tenir, même pour un boxeur de haut niveau comme lui. Alors, se penchant encore plus vers le cou de son partenaire, il bougea son bassin de façon à ce que seul le gland de son membre vienne buter, encore et encore, contre la prostate abusée du noiraud. Ça le rendait fou, ce désir carnassier, primitif, qui le poussait à en avoir plus, encore et encore, quand bien même le sexe de son amant atteignait déjà les profondeurs de son antre.

Est-ce que c'était ça, la folie ? Aimer Hoseok comme on aimait gagner, et détester Hoseok comme on détestait perdre ? 

Alors, saisissant la main du basané qui reposait à côté de sa tête, il vint la déposer contre sa gorge, appliquant une pression pour faire passer le message. Et le regard que le boxeur posait sur lui s'assombrit lorsqu'il comprit de quoi il en découlait.

« Tu es sûr ?

Parce que oui, Hoseok et Jeongguk avaient beau se détester de tout leur être et se vouloir de tout leur corps, il n'empêchait que la violence avait parfois quelques limites.

« Oui, déglutit le noiraud en fermant momentanément les yeux. Mon safeword c'est champagne, tout le bordel, maintenant étrangle moi.

Il le haïssait pour l'avoir vaincu à moitié lors du premier combat, et voilà qu'à présent, il s'offrait tout à lui, son âme, son sang, ses larmes, son corps, tout, jusqu'à sa lucidité et sa conscience. Tout était à lui, il pouvait faire ce qu'il voulait avec. 

« Mec, j-

Le jeune homme grogna et planta ses ongles un peu plus fortement dans les omoplates de l'homme à la crinière de feu au-dessus de lui, l'interrompant dans sa protestation, comme pour lui intimider d'avancer, de faire quelque chose, de faire ce qu'il voulait.

« Quoi, on joue au dur que sur le ring ?

Et forcément, Jeongguk savait très bien ce à quoi il jouait. Cette espèce de motivation, d'ego surdimensionné qui bouillonnait dans tout boxeur qui se respecte ; et c'était finement joué, vraiment, quand il sentit enfin de lui-même la pression de sa main contre sa gorge, lui coupant la respiration.

Par tous les saints.

Les yeux du cadet se fermèrent d'eux-mêmes, les lèvres rougies entrouvertes, essayant de capturer de l'air entre ses lippes, pour prendre des respirations hachées, labourées, difficiles. Hoseok utilisait son appui contre la gorge, tout en vérifiant qu'il n'étouffait pas complètement son amant sous lui, pour plaquer ses hanches, encore et encore, plus brutalement, contre son bassin. Ses cuisses, enroulées autour de lui, tremblaient sous l'intensité, mais il encourageait le boxeur au-dessus de lui en glissant une main, paradoxalement légère, le long de son bras, pour venir encourager à aller plus vite, plus fort. Quand Jeongguk glissa ses doigts doucement dans la tignasse humide et de rouille de son ennemi d'avant, il ouvrit lentement les yeux, et même le boxeur en eut le souffle coupé.

Parce que Jeongguk se sentait si léger et si lourd à la fois à cause du manque d'oxygène dans son organisme, et les orbes qu'il tournait vers lui étaient vides et trop pleines en même temps. Le sang tambourinait contre ses tempes, et les doigts de son aîné autour de son cou se plantaient dans sa peau de la plus délicieuse des façons. Alors, quand il ouvrit les yeux, les points noirs dansant devant ses yeux comme Salomé danse dans la Bible, Hoseok put voir toute la perdition dans ses orbes, mis en valeur par les larmes de plaisir qui commençaient à perler au coin de ses prunelles. C'était un sentiment d'emprise et de domination qu'il ne pouvait goûter même sur le ring, même quand il avait le sang de l'autre sur les phalanges. Il semblait, en effet, que seul Jeongguk ait ce pouvoir captivant, et son amant adorait cela. 

Le roux baisait comme un animal, sauvage, indomptable, impitoyable, sans pitié. Il l'étranglait et putain, ce qu'il était beau au-dessus de lui, dans toute sa puissance, dans toute sa supériorité, dans toute sa force. Auguste. Jeongguk en aurait presque pleuré tellement ce tableau était plus magnifique que n'importe quelle toile de maître.

Et, à l'inverse, l'aîné ne pouvait que se perdre dans l'expression de plaisir incommensurable de la beauté sous lui, dégustait cette vue comme on déguste un verre de vin, comme on goûte à la victoire, comme on savoure le sang dans sa bouche. Hoseok n'était pas très doué avec les mots, mais il espérait de tout son cœur que ses actions soient suffisantes pour montrer à son cadet ô combien il était aux anges, ne pouvant qu'admirer sa silhouette lascive osciller sous ses coups de reins. Jeongguk était l'homme le plus beau et le plus sensuel des hommes, et merde, Hoseok était même prêt à combattre qui que ce soit qui était en désaccord avec lui – une bonne chose qu'il se savait capable de les mettre tous à terre, donc.

Là. Oui, là.

Mais le noiraud n'arrivait pas à exprimer son contentement, ni d'indiquer à son amant de continuer, encore plus fort, de tenir le rythme, parce qu'il n'en aurait pas pour longtemps.

« Tu aimes ça, gorgeous ?

Et le jeune homme ne saurait dire d'où venait ce surnom, ni ce qui avait poussé le boxeur a l'utiliser, et pourtant c'était comme si sa peau était devenue électrique, le frisson d'appréciation parcourant son épiderme de la plus formidable des façons.

Alors quand le roux attaqua de plein fouet la petite boule de nerf à l'intérieur de lui, Jeongguk ferma de nouveau les yeux, hoquetant, les doigts de pieds cambrés sous le plaisir et l'intensité incroyable, son corps devenant rigide alors que les vagues de jouissance s'écrasait contre son self-control avec une force inimaginable, menaçant d'exploser. Tout est sensible, trop, peut-être, et le noiraud n'arrivait pas à prévenir son amant qu'il allait bientôt atteindre le Nirvana.

Et puis, la main sur son cou disparu, et l'air rentra en trombe dans sa trachée. Assez surprenamment, c'était le soudain apport d'air qui le rendit faible et fragile et tremblant dans les bras du basané. C'était trop, beaucoup trop, et ce fut comme si on lui déchirait les poumons, avant qu'il ne jouisse, dans un râle silencieux, entre leurs deux corps.

Sa tête tournait et son cœur jouait la 7e symphonie dans sa cage thoracique, mais il entendit plus qu'il ne vit le juron d'Hoseok qui lui indiquait que, lui aussi, venait d'être subjugué, touché par la grâce. 

Jeongguk était presque certain qu'il s'était évanoui de nouveau tant l'orgasme avait été intense, parce que quand il rouvrit les yeux, le roux était en train de nettoyer les rubans blancs qui se trouvaient sur son torse. Il cligna les paupières, un peu surpris, avant d'ouvrir la bouche pour essayer de parler, de dire quelque chose, n'importe quoi. Il était chez l'aîné, sûrement voulait-il qu'il prenne ses affaires et qu'il parte ; parce que c'était ce qu'ils étaient, non ? Un simple coup d'un soir, histoire d'assouvir ce besoin, cette envie, cette pulsion. Maintenant qu'elle était consumée, cela ne faisait plus grand sens de rester encore à ses côtés.

« Tu peux rester, si tu veux, chuchota-t-il, calmement, comme s'il arrivait à lire en lui.

« Je... hésita le plus jeune un moment.

« Jeon, on a beau être rivaux, je ne vais pas te laisser rentrer chez toi comme ça, je suis pas un monstre.

Son sourire était si beau, si pur, si différent de tous ceux qu'il avait vu auparavant, neutre de toute émotion nocive, et l'espace d'un instant, le jeune homme se demanda s'il était toujours en train de rêver ou pas – non, sérieux, il ressemblait à un ange, comment cela était-il possible ? 

« Sérieux, regarde-toi, tu ressembles à de la compote, ajouta-t-il avec un petit rire qui se voulait rassurant.

Sans dire un mot de plus, et après s'être assuré que le noiraud ne comptait pas s'enfuir, il se glissa sous les draps à ses côtés.

« Et puis, on ne s'est pas présenté correctement.

Sa voix n'était plus qu'un murmure, et ce fut à ce moment-là que Jeongguk réalisa qu'ils n'avaient allumé aucune lumière en pénétrant dans la pièce. Il fut donc un peu surpris, donc, quand il vit une main tendue dans son champ de vision.

« Jung Hoseok, enchanté.

Un petit sourire de la part du cadet alors qu'il accepta la paume chaude de son aîné contre la sienne, rentrant dans son jeu comme on rentre sur un ring. 

« Jeon Jeongguk, le plaisir est pour moi.

.

j'étais à deux doigts d'en faire simplement un coup d'un soir et basta mdrrr, pas de serrage de main et jk qui se casse en boîtant lol.. mais bon je suis pas si horrible que ça!

sinon j'espère que ça vous aura plu, et que tous ceux qui ont voté "hopekook" au dernier sondage sont satisfaits du résultat! j'ai même envie d'en faire un second sur le monde de la boxe, parce que damn j'étais vachement inspirée !

ps : je crois que ça va commencer la norme des plus de 15 000 mots... !



hésitez pas à commenter, voter, partager, follow, l'envoyer à vos grands-mères, et tout le blabla habituel!! 



sur ce, 

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