SOMNIANT EX VOBIS
𝕾𝖔𝖒𝖓𝖎𝖆𝖓𝖙 𝖊𝖝 𝖛𝖔𝖇𝖎𝖘
( 𝔄𝔫𝔡 ℑ 𝔥𝔦𝔱 𝔦𝔱, 𝔩𝔦𝔨𝔢 𝔦𝔱'𝔰 𝔞𝔩𝔩 𝔪𝔦𝔫𝔢 )
Rêver de toi, c'est tout ce que je sais faire.
vmin
sci-fi / dark future
discrimination rich / poor
illusion dreams
the year is 2189
strangers ?
bathroom sex
handjobs
pls tell me who's the top in this lol
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Il était douloureux pour lui de regarder par la fenêtre.
La voiture à propulsion magnétique filait le long de l'autoroute qui liait les Hauts Quartiers des Bas-Districts, le paysage désolant de cet univers post-apocalyptique se dévoilant sous ses yeux. Au loin, certes, il y avait les grandes tours de verre et d'élégance, flambant neuves, perçant les nuages sombres du ciel ; il semblait que même d'ici, il était aisé de voir les lustres des grands appartements, et les diamants cousus dans les robes de ces gentes dames. Et, de l'autre côté, il y avait les immeubles miteux, les ruelles sombres encombrées de poubelles, les rats et les chats de gouttières, les visages barbouillés de suie, les logements de fortune où l'on devait dormir à plusieurs pour conserver un peu de chaleur humaine quand le grand hiver venait à leurs portes.
L'océan de verre, l'océan de béton.
Les riches, les pauvres, ce combat manichéen qui durait depuis des millénaires.
Beaucoup de la Haute ne daignaient accorder un regard à la plèbe, préférant admirer les soies les plus fines et les fourrures les plus opulentes qui s'étalaient dans les grandes vitrines des ruelles. Pour la plupart, ils étaient déjà nobles ou bourgeois, avant la Grande Dépression, et le fait que la face du monde ait changé du tout pour le tout depuis l'écroulement des grandes sociétés modernes ne les importaient peu. Leurs vies, et leurs privilèges, demeuraient intacts ; qu'importe que d'autres crèvent de faim à quelques pas de leurs portes.
Jimin, lui, pouvait dire avec aise qu'il ne faisait pas partie de ces gens-là. Certes, c'était le fils du Maire, un homme qu'il répugnait pour son égoïsme et son avarice ; mais, ou tout du moins espérait-il, n'avait pas les mêmes visions que lui. Sa vie était douce et sans soucis parce qu'il était né du "bon" côté de la Barrière ; d'autres, en revanche, n'avaient pas cette chance, et étaient condamnés au troc, à la contrebande, à dormir avec une arme et à voler des vêtements dans les poubelles pour pouvoir espérer survivre. Parfois, ils vendaient leur seule richesse et se rasaient la tête pour espérer obtenir quelques crédits auprès du bureau de change, aux fins de se faire transformer en perruque avec lesquelles on se pavanait lors des soirées mondaines. Soit les petites filles se laissaient pousser les cheveux pour pouvoir les revendre encore plus chers, soit d'autres se les coupaient le plus souvent possible pour avoir de quoi manger pour les prochains jours. Le tout sous le regard médusé des autres.
Des parias parmi les parias.
Au final, très peu de ces miséreux misérables avaient la chance de grimper la longue et épineuse échelle sociale ; Jimin, en tout cas, n'en avait jamais rencontré. A chaque fois que cela se produisait, les Magistrats se réunissaient, craignant que l'on ait tué un notable ou usurpé de son identité et de son influence pour se tailler une place de choix parmi les Grands de ce monde. Etait-ce parce qu'ils dormaient dans de la soie, mangeaient du caviar et du chocolat, et dégustaient les derniers grands vins de ce monde que cela faisaient d'eux des hommes d'excellence ? Le jeune homme en doutait fort.
"Combien de temps avant que nous arrivons ? soupira-t-il en décrochant son regard de l'infortune poignante, pour s'adresser à son chauffeur.
"Seulement dix minutes, monsieur, répondit l'androïde d'une voix qui rendait toujours le jeune homme inconfortable. Puis-je vous offrir un rafraîchissement ?
A peine les mots prononcés que la console arrière s'ouvrit pour laisser apparaître un plateau d'argent supportant divers liquides dans de grandes carafes en cristal. D'un geste de la main, le citoyen déclina poliment l'offre, et soupira de nouveau avant de reposer sa tête contre le siège.
L'Opéra était un peu excentré des Hauts Quartiers, pour une raison qu'il avait toujours ignoré ; mais cela le faisait sourire, que de voir toute le beau monde de Polis s'avancer dans les terres "hostiles" pour pouvoir se montrer et parader. Un paradoxe amusant. Tous les mois, le gratin de la ville se retrouvait pour apprécier un air d'orchestre, parfois même quelques danseurs s'ils arrivaient à retrouver quelqu'un qui avait gardé le savoir-faire d'antan. Ce n'était qu'une soirée mondaine de plus, mais c'était devenu, petit à petit, une sorte de tradition ; et étant donné que l'Opéra n'ouvrait que rarement ses portes, seul un cas de force majeure empêcherait les braves gens de la Haute de manquer un tel événement. Effrayé de la racaille, donc, mais encore plus terrifié des ragots qui pourraient courir sur eux s'ils ne venaient pas.
Sûrement devait-il y avoir un philosophe, dans l'ancien régime, qui avait écrit une théorie sur la tyrannie des pairs.
Et étant donné que le jeune éphèbe était la progéniture d'un personnage important des Hauts Quartiers, le dernier échelon avant de toucher du doigt les Magistrats, il se devait de s'y rendre également, c'était pratiquement écrit dans son ADN. Il n'osait imaginer ce que les autres diraient sur lui s'il ne pouvait y assister ; après tout, presque tous connaissaient son nom – merci, papa. Cette fois-ci cependant, il se demandait aux bras de quelle(s) poupée(s) son père se pavanerait, soupirant une nouvelle fois d'avance que d'avoir à être témoin malgré lui de ce spectacle.
Trop pris dans ses pensées, il ne remarqua pas le ralentissement subtil de la voiture à l'approche de l'Opéra. D'autres limousines, gravitant au-dessus du bitume et sans roues, étaient garées de par et d'autres de la grande allée par des voituriers robotisés, et une foule déjà suffisamment conséquente était agglutinée devant le perron, attendant de faire vérifier leur scan rétinien pour pouvoir rentrer. Avec les nouvelles technologies de camouflages, aisément trouvables au marché noir, et avec l'assassinat raté du Premier Magistrat, il y a une dizaine d'années, il valait mieux être trop prudent que pas assez. Même si ce monde était en apparence parfaite, la crainte d'une rébellion des peuples opprimés était facilement distillable dans les couloirs du haut pouvoir du gouvernement de Polis.
Quand sa voiture personnelle s'arrêta devant les marches, les flashs en sa direction crépitaient déjà ; et les éclairs des appareils photos le suivirent alors qu'il descendit gracieusement, ajustant un bouton de sa veste luxueuse et brodée d'argent, la même couleur qui ornait ses cheveux.
Après avoir serré quelques mains, après avoir complimenté la fourrure de loutre qu'une femme portait en boa, et après avoir enfin passé le scanner rétinien, il put enfin entrer à l'intérieur du bâtiment.
L'Opéra était un joyau d'architecture néo-futuriste : des lignes épurées, des matériaux nobles, du blanc et des tableaux de composition contemporaine sauvés des ruines, une magnifique hauteur sous plafond, un raffinement rare. Jimin en avait eu le souffle presque coupé la première fois qu'il était rentré ici – et pourtant, il parlait en connaissance de cause, en termes de raffinement, quand on savait où il était logé.
On lui proposa une coupe de champagne sur un plateau d'argent, qu'il saisit avec plaisir, tout en veillant à ne pas trop observer le serveur. Le crâne chauve, signe de soumission au gouvernement des Magistrats – un esclavage moderne que les organisations internationales, en périssant avec l'ancien monde, ne pouvaient plus dénoncer. Une langue coupée, leur donnant le nom de Muet, pour qu'ils ne puissent révéler les secrets qu'ils avaient l'occasion d'entendre. Une fine chaîne en verre blanc liant ses poignets, et une puce implantée sous la peau, pour rappeler à tous ce qu'ils étaient vraiment : d'anciens criminels, réduits en servitude pour le bon plaisir et le sadisme discret de la Haute. Pour certains d'entre eux, il y avait même un tatouage imprimé sur leur front ; Jimin, en se glissant dans la bibliothèque des livres interdits de son père – ceux qui parlaient d'un ancien temps qu'il ne fallait mieux pas se souvenir – avait apprit que c'était une technique auxquels les Romains de l'Antiquité s'adornaient. Comme si déjà tout cela n'était pas suffisant pour comprendre que c'était des marginaux, contrôlé d'une main de fer par le système.
Dans leurs cas, la mort serait sûrement plus douce que la vie de domesticité à laquelle ils étaient contraints.
Pour autant, il savait bien qu'il devait modérer ses propos ; même si la rétrogradation des biens et des statuts ne s'appliquaient pas de ce côté-ci de la Barrière, il n'empêchait que le crime de haute trahison était encore en vigueur. Alors on sourit, on passe du bon temps, et on fait mine de ne pas s'interroger sur les coulisses de cette mise en scène.
Jimin, se secouant de ces pensées, repéra bien vite Seokjin dans la foule – un de ses rares et seul ami, dans ce monde d'apparence et de prétention –, en pleine discussion avec une sexagénaire vêtue d'une longue robe en velours incrustée de rubis. Rien qu'une pierre de sa parure suffirait à nourrir une famille pendant longtemps, dans les Bas Districts. Quand le blond l'aperçut enfin, il éluda rapidement la conversation plus ou moins passionnante pour s'enfuir le plus discrètement possible.
"Oh mon dieu, soupira Seokjin en embrassant bruyamment Jimin de façon maniérée – l'une ces bises qui ne touchent pas la joue de l'autre qui avait toujours amusé l'argenté –, si Venia Avox me dit encore une fois qu'elle a été la muse du créateur Peeta quand elle avait 20 ans, j'envoie valser son chihuahua.
Jimin ne put s'empêcher de ricaner. Contrairement à lui, son aîné était un citoyen qui jouait parfaitement le jeu de la Haute ; plusieurs fois, quand ils avaient abordé le sujet des Bas Districts, il n'avait pas eu des opinions aussi tranchées et outragées que son cadet. "Tu lis trop les livres interdits de ton père, Chim", lui disait-il tout le temps, "La réalité d'avant n'est plus la nôtre, à présent" ; et ainsi, il clôturait le sujet, préférant passer à la dernière rumeur qu'il avait entendu au salon de coiffure ou la dernière paire de gants fourrés qu'il s'était offert. Le jeune homme ne lui en voulait pas : toute la jeune génération avait été élevée dans ce monde de luxure, d'opulence, de fortune et de prospérité ; il était dur de penser en dehors du cadre qui était rabâché sans cesse.
Dans l'ancien monde, sûrement auraient-ils appelé cela de la propagande, ou pire encore, du lavage de cerveau.
"Oh, et tu ne sais pas la nouvelle ?
"Mon père a réussi à trouver quelqu'un qui avait l'âge légal pour l'accompagner ?
Seokjin pinça ses lèvres dans une moue qui trahissaient le fond de sa pensée, avant de reprendre, après une gorgée de champagne : "Hmm, non. J'ai entendu dire que quelqu'un d'en Bas était avec nous ce soir.
"Tu veux dire quelqu'un qui a réussi à passer la Barrière ?
"Et à être accepté comme tel par les Magistrats, oui, hocha rigoureusement le blond de la tête.
"Wow, souffla Jimin en donnant un regard circulaire à l'assemblée. C'est...
"Très rare, oui. La dernière fois qu'on a accordé la citoyenneté dans ce genre de cas, ça devait être il y a quoi, 10 ans ?
"A peu près, oui, murmura de nouveau l'argenté en laissant ses yeux parcourir les visages des nobles.
Ces circonstances-là étaient assez mal vues : de la même façon que quelqu'un de la Haute ne pouvait être rétrogradé dans les Bas Districts, l'inverse était difficilement envisageable. Le communautarisme de leur société et l'absence d'ascenseur social faisait qu'il était difficile de changer de conditions de vies ; on naissait, on vivait, on mourrait au même endroit.
Alors oui, bien sûr que Jimin était fasciné par cette information. Toute sa vie, on lui avait empêché de faire quoique ce soit pour les miséreux, avait toujours critiqué secrètement l'absence de compassion flagrante dont faisaient part ceux qui avaient de la richesse ; et aujourd'hui, dans un acte de clémence aussi rare qu'une météorite, on montrait un brin de compassion et acceptait que quelqu'un, un étranger, un inconnu, découvre leur monde – et mieux encore, en fasse parti.
"Il s'appelle Kim Taehyung, souffla Seokjin dans son oreille avant que le cadet n'ait le temps de lui demander, amusé par le petit jeu de repérage auquel il s'adonnait. Et il est en train de parler avec le Quatrième Magistrat.
Automatiquement, les yeux du jeune homme se dirigèrent vers l'homme à la grande perruque blanche qu'ils portaient en toute circonstance, l'hermine drapée sur son épaule et le numéro 4 cousue de fils d'or reconnaissable entre tous. Face à lui, tenant d'une main une coupe de champagne intacte, et l'autre fourrée dans sa poche, se dressait un homme d'une splendeur sans nom.
Une chevelure d'un noir de jais, dont une seule mèche teinte en rouge sanglant lui retombait devant les yeux, trahissant de l'excentricité des gens de la Haute ; un costume noir, orné de détails en bronze, une chemise blanche et souple sous sa veste cintrée. Un regard d'un noir charbon, intense, perçant, un de ceux qui avaient été habitué à être alerte et sur le qui-vive dans les rues dangereuses de l'autre côté de la Barrière ; bien loin des prunelles blasées, ennuyées et un peu vides que tendaient à aborder ceux de son rang. Une expression un peu fermée, un sourire que Jimin pouvait, même d'ici, reconnaître comme crispé – sûrement n'était-il pas habitué aux fastes de ce nouveau monde, et à l'attention qu'il semblait recevoir.
L'espace d'un instant, l'argenté jurerait que leurs regards s'étaient croisés ; mais il n'eut pas le temps de savoir s'il avait rêvé ou non, parce que Seokjin le tirait déjà par le bras.
"Allez, ils viennent d'annoncer que l'Orchestre allait commencer, tu viens ?
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La fin de l'ancien monde avait marqué également, pour beaucoup, la fin des arts tels que leurs ancêtres les connaissaient avant la Grande Dépression. Seuls quelques âmes avaient réussi à faire revivre et continuer à perpétuer la culture d'antan ; pour preuve, il devait exister seulement moins de sept peintres différents, deux ou trois poètes, un sculpteur, et un seul orchestre de musiciens. C'était pour cela, sûrement, que l'Opéra n'ouvrait ses portes qu'occasionnellement, et que personne ne voulait manquer un tel événement.
A peine Seokjin et Jimin pénétrèrent dans l'immense amphithéâtre néo-futuriste, escortés par des Muets, que le blond fut alpaguer par Yoonji, une jeune femme rayonnante et toute aussi excentrique que son aîné, pour lui supplier de s'installer à côté d'elle – chose qu'il ne pouvait refuser, de toute évidence. Jimin leur sourit doucement, leur souhaitant une bonne performance, avant de prendre place au milieu de la salle.
Au centre de la scène, un grand piano laqué, noir, magnifique, aux touches étincelantes, se tenait sous le faisceau des projecteurs ; dans la fosse, le chef d'orchestre donnait ses dernières instructions aux violonistes. Selon les murmures, la composition qui allait être jouée aujourd'hui allait être un morceau de feu Franz Liszt ; c'était la première fois que Jimin pourrait apprécier des partitions écrites par lui, et pour une fois depuis qu'il avait gravi les marches du perron, il était heureux, voire même excité d'être ici.
"Je peux m'asseoir ici ?
L'argenté eut grand mal de ne pas sursauter en entendant la voix soudaine ; et, une main sur le cœur pour calmer ses pulsations rapides, il manqua de perdre le souffle à nouveau quand il vit qui se tenait debout à ses côtés, attendant patiemment sa réponse.
Kim Taehyung, l'homme des deux mondes. L'homme qui fascinait Jimin depuis qu'il avait entendu son nom.
"Bien sûr, balbutia-t-il.
Et la Grâce incarnée prit place à ses côtés avec un petit sourire, lui chuchotant un remerciement, disant qu'il ne connaissait pas suffisamment de monde encore.
Et il y avait tellement de choses que le jeune homme voulait lui demander, tellement de questions. Comment percevaient-ils la Haute, dans les Bas Districts ? Est-ce que la vie était aussi dure que ce qu'ils entendaient ? Pire, peut-être ? Comment avait-il fait pour venir habiter avec eux ? Quelles horreurs quotidiennes ses yeux ambrés avaient-ils pu voir ? Quels réflexes d'auto-défense ses muscles avaient-ils dû apprendre ? Avait-il laissé sa famille derrière lui ? Était-il orphelin ? Avait-il dû vendre ses cheveux, quand il était plus jeune ?
La curiosité était peut-être un vilain défaut, mais il avait l'impression que lui, au moins, écouterait avec intérêt ses réponses, se délecterait de ses histoires et de ce qu'il avait à offrir ; parce que même si le jeune éphèbe aimait tant feuilleter les livres interdits, il n'empêchait qu'il avait encore beaucoup à apprendre et à savoir. Poserait sur la sienne une main rassurante, compatissante, et, si les dieux étaient suffisamment cléments avec lui, ses yeux ne transmettraient ni la pitié, ni le dédain auxquels il avait dû avoir affaire trop souvent.
Mais avant que Jimin n'ait eu le temps de dire quoique ce soit – bien qu'il n'était pas sûr qu'il soit aisé de poser de telles questions dans un tel endroit, entouré de toute l'élite de Polis –, les lumières commencèrent à devenir plus tamisées, signe indéniable que la pièce allait commencer d'une minute à l'autre.
Tout le monde, d'un même homme, enfilèrent les lunettes disposées sur leurs accoudoirs ; les verres fumés et dégageant un halo jaune. La première fois qu'il les avait mis, son père avait dû le rassurer qu'il ne lui arriverait rien de mal ; alors, imaginant l'expérience que cela devait être pour Taehyung, il l'observa du coin de l'oeil en train de prendre exemple sur les autres et d'enfiler timidement les verres à son tour.
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Quand les lunettes furent en place, tout ce que vit son champ de vision était un brouillard jaunâtre, épais, si épais qu'il ne pouvait pas voir ses pieds. Jimin y était habitué, pourtant, les nuages l'entourant presque familiers, à présent.
Les premières notes, délicates et subtiles, s'élevèrent dans l'air, et la brume commença à prendre forme. Il n'était pas sûr de savoir ce que les autres voyaient dans ces volutes ; mais lui y voyait des visages, des sourires, des mains le caressant, parfois, et des foulards dans le vent. La réelle nature de ces verres était un mystère à lui tout seul, que probablement seuls les Magistrats devaient connaître. Certains, à la fin de la prestation, chuchotaient à leurs voisins qu'ils avaient vu des paysages d'antan, avant que tout soit calciné ; d'autres, une montagne de nourriture ; pour certains, des corps dénudés, pour d'autres, des bijoux d'exception dessinés dans la fumée. Il avait compris avec le temps que chacun y voyait ce qu'il avait envie de voir : leurs fantasmes, leurs envies, leurs émotions. Le nuage jaune ne faisait que de retranscrire ce que l'on ressentait à l'écoute de l'orchestre.
Il s'était à maintes fois demandé pourquoi le gouvernement des Magistrats autorisait une telle rêverie, pourquoi il acceptait, dans cet univers post-apocalyptique et ô si chancelant, de laisser son peuple entrevoir une partie de ce qu'ils ne pourraient jamais avoir. De les laisser penser, désirer, songer à un bout de réalité qu'ils auraient pu connaître si tout avait été comme avant. Bien vite, le jeune éphèbe avait compris qu'ils n'habitaient pas en Bas, foyer potentiel d'un rébellion destructrice ; la Haute avait déjà la richesse et les privilèges en guise de chaîne. Jamais ils remettraient en cause le système, au risque de voir disparaître tout ce qu'ils possédaient.
Et puis, sûrement que les Magistrats estimaient que la plupart de l'élite présente ce soir ne comprenait pas vraiment ce qu'ils voyaient – trop obnubilés, trop aveuglés par leurs vies de fastes et de bulles de champagne pour ne serait-ce que penser à remettre tout cela en question ; si Jimin poussait la réflexion jusqu'au bout, c'était sûrement et seulement parce qu'il s'était de trop nombreuses fois faufilé dans la bibliothèque de son père.
Mais bien vite, toutes ces interrogations s'envolèrent au loin, alors que les notes de piano se faisaient, doucement, de plus en plus intenses, et que le nuage mouvait de nouveau, arabesques volages dansant au gré d'un vent inexistant.
Soudain, il sentit quelqu'un derrière lui, une présence physique, une aura poignante, pourtant si réelle dans cette illusion artificielle ; et ce fut tout juste s'il ne sursauta pas, quand il sentit une main se glisser le long de son bras, effleurer la paume de sa main avant de disparaître. Sa peau n'en était pas moins électrique, ses sens en alerte et attendant impatiemment ce qui viendrait ensuite. C'était comme un souffle, un chatouillis, une caresse presque trop douce pour que son cerveau en ait conscience.
Puis une autre, dans son cou, caressant du bout de la pulpe des doigts sa peau si sensible sous son oreille ; une troisième, un peu plus ferme, contre les vallons de son torse, appréciant les muscles à travers son haut ; et, indéniablement, les intentions, quoique subtiles, n'en étaient que plus criantes, plus évidentes, plus omniprésentes, au point que Jimin ne pouvait rien percevoir d'autre qu'une absence totale d'innocence. Son souffle était un peu court, si on y réfléchissait bien ; comment cela se faisait-il qu'il pensait à cela maintenant ? Il n'était pas certain que le compositeur ait crée cette pièce en souvenir de la sensualité d'une nuit ; et pourtant, c'était ainsi que son esprit le percevait. Car le toucher, pourtant léger et doux, apportait un frisson qu'il savait existant que dans ce genre de situation.
Un crescendo, un accord plaqué contre les touches luisantes, et une bouche, ensuite. Se pressant, légère comme l'air, sur sa clavicule, comme un baiser d'ange, si imperceptible que l'argenté crut l'avoir imaginé de nouveau, comme la première fois que l'être l'avait touché. Comme si l'autre voulait tester ses réactions, voir les émotions se succéder sur son visage un peu ébahi et perdu, apprécier ses frissons si honnêtes qu'il ne pouvait les simuler. Et le jeune homme avait beau se tourner, regarder dans toutes les directions, plissant les yeux dans les volutes ocres pour espérer voir quelque chose, quelqu'un, mais il semblait qu'il était le seul dans son petit univers personnel.
Les violons entrèrent en scène ; et à peine l'archer se posa-t-il sur les cordes vibrantes de l'instrument, qu'enfin, le jeune homme le sentit. La même bouche, posée sur le coin de ses lèvres cette fois, les croissants de chair doux sur sa peau, chaude et déjà tellement envoûtante. Il en fallait peau pour qu'il soit autant hypnotisé, et même dans ses rêves les plus profonds et les plus intimes, il n'avait jamais été aussi impatient et avide aussi rapidement. Sans même s'en rendre compte, il entrouvrit les lippes, haletant déjà doucement – il ne savait, en revanche, si la respiration courte venait de son alter ego dans le brouillard ou de son corps physiquement présent dans l'opéra.
"Ouvre les yeux, lui chuchota dans l'oreille une voix rauque, qui manqua de faire sursauter le jeune noble, une fois encore.
Il ne s'était pas rendu compte qu'il les avait clos ; et quand ses paupières papillonnèrent, obéissant aveuglément – si toutefois vous me permettez cette expression –, cette fois-ci, il en était certain, tout air avait quitté ses poumons, abandonnant lâchement leur hôte.
Car devant lui, prodigieux et ô si magnifique dans la brume dorée, se tenait Kim Taehyung. Comment pouvait-il être ici, avec lui dans son hallucination, et à côté de lui, écoutant les notes classiques ? Personne, depuis la première fois où il était venu ici, ne l'avait visité dans ses moments de liberté illusoire. Et pourtant l'homme était bien là, portant la même tenue dans lequel Jimin l'avait vu dans le hall, sa mèche grenat retombant avec charme devant ses prunelles sombres ; c'était comme si le nuage créait une auréole divine autour de sa tête, le peignant comme un ange repenteur venu du Ciel. Il était beau, vraiment, encore plus, si cela était humainement possible – peut-être ne l'était-il pas, c'était la seule explication valable –, au milieu de ce tourbillon de musique fantasmagorique.
Délicatement, comme s'il ne voulait l'effrayer, Taehyung tendit sa main vers son visage ; et fermant les yeux un instant, Jimin ne put qu'apprécier le contact de sa paume contre sa joue, tendant la face vers lui pour apprécier encore plus son contact, comme un chat qui ronronne sous les caresses. Et son regard – dieu, il ne pouvait pas le décrire. Il semblait que les mots ne soient pas suffisants pour décrire la danse d'étincelles qui jouait dans le fond de ses pupilles ; Jimin aurait dû en créer de nouveau, et même après cela, rien n'aurait été aussi fidèle que la pure et sauvage vérité. Il le regardait avec une émotion rare, surprenante, intense et brute, si vive que l'argenté ne put que frissonner. C'était comme si...
... Comme s'il le connaissait depuis le début, et qu'il l'avait enfin retrouvé.
Cela ne faisait aucun sens, et pourtant, il ne pouvait s'y tromper. Était-ce possible que toutes les fois où Jimin avait rêvé des mains parcourant son corps, ce fut les siennes ? Était-ce possible qu'il ait rêvé de lui depuis tout ce temps, mais qu'il ne rencontre qu'aujourd'hui ? Était-ce seulement concevable, imaginable ? N'était-ce là que pathétisme et absurdité ?
Mais avant que le bel éphèbe n'eut le temps de faire un tri dans toutes ces pensées confuses et confusantes, que Taehyung se jetait déjà sur ses lèvres, tenant son visage en coupe fermement contre sa bouche ; et qui était Jimin pour dénier un tel baiser ? L'explosion de saveurs et de désir était si intense contre sa peau, si délectable, que cela ne pouvait égaler les mets les plus fins des plus grands chefs de la Haute. Appréciant la chaleur de ses lippes, il ne put que soupirer d'aise et fermer les yeux, entourant le cou du noiraud de ses bras, le rapprochant aussi de son corps.
La douceur apparente des premières secondes se transforma rapidement en feu aride, du magna liquide, si chaud et enflammant tout sur son passage, dévorant sa bouche et l'explorant de sa langue ; les mains de Jimin agrippant désormais les pans de sa veste, gémissant presque contre les croissants de chair de l'autre, la tête qui tourne et la musique emplissant ses oreilles, le temps et l'espace réduits à des notions insignifiantes.
Par tous les saints, il ne voulait jamais sortir de ce nuage.
Et pourtant, c'était bien ce qu'il se passa, alors que, tout aussi soudainement qu'elle était arrivée, la bouche disparue, comme les dessins qui s'effacent quand la mer leur glisse dessus. Hagard, Jimin ouvrit les yeux avec difficultés, papillonnant de nouveau une ou deux fois ; hélas, à son plus grand regret, Taehyung n'était plus là, s'envolant dans l'air comme le nuage qui continuait à esquisser des arabesques d'une force tranquille.
Peut-être que son cœur rata un battement ; il ne pouvait croire que tout cela n'avait été qu'un mirage, qu'une illusion, même si le but même de ces lunettes était de créer une hypnose de toute pièce, se basant uniquement sur leurs pensées. Il ne pouvait l'être, pas quand tout cela avait été aussi... réel ? La chaleur sous ses doigts, le souffle contre ses lèvres, les frissons contre sa peau, tout cela ne pouvaient être la création artificielle, quand bien même à la pointe de la technologie. Il devait forcément il y avoir une pointe de vérité dans tout cela.
Dans une hâte qu'il ne se connaissait pas, Jimin ôta rapidement ses lunettes, le souffle toujours court. La encore, il ne les avait jamais ôté en plein milieu d'une représentation, mais ce Taehyung lui faisait faire des folies, de toute évidence. Autour de lui, les autres étaient encore dans leurs brouillards fantasmatiques, tandis que le pianiste, au centre de la scène, semblait à présent attaquer la partie principale du morceau, ses doigts véhéments et rapides sur le clavier bicolore. Et son cœur rata probablement un autre battement, alors que, quand il se tourna sur sa gauche, là où il était censé être, il ne découvrit que le vide. Le Taehyung de la vraie vie semblait s'être envolé, au même titre que le Taehyung de son rêve.
Pourtant – et Jimin ne put être que reconnaissant de son excellente vision –, il aperçut sa silhouette sortir par l'entrée latérale, une seconde avant que son profil ne disparaisse dans le couloir. Son cerveau lui souffla immédiatement d'aller à sa recherche ; et même si son esprit ne lui avait pas ordonné cela, sûrement que ses muscles se seraient mis en mouvement d'eux-même, car son corps tout entier semblait avoir besoin du corps de Kim, comme un cri, comme un appel à l'aide qu'il lui lançait.
Le plus silencieusement possible, Jimin se faufila jusqu'au bout de la rangée, avant de dévaler les escaliers et de pratiquement courir à travers la porte par laquelle était passé le noiraud quelques instants auparavant, le souffle court et l'envie irrépressible de le retrouver. Plus qu'un besoin, c'était presque un devoir ; il n'était pas sûr que son organe vital tiendrait le coup s'il ne le retrouvait pas au sein de l'Opéra.
Bientôt, il se retrouva dans la hall dans lequel il avait partagé une coupe de champagne avec Seokjin, avant que la pièce ne commence. Ses yeux cherchant frénétiquement de gauche à droite, par peur de le perdre de vue, ce fut tout juste s'il capta la vision de sa silhouette s'engouffrant dans le couloir qui, il le savait, menait aux toilettes pour hommes. Alors, seul dans cette entrée gigantesque, pas un seul androïde ou Muet à l'horizon, il laissa ses chaussures claquer contre le sol lisse et ciré, pour partir à sa poursuite ; et, bientôt, il poussa à son tour la porte battante.
"Toi... souffla-t-il simplement.
Car au milieu de la pièce, dos à la porte et face aux gigantesques miroirs incrustés de technologie avancée, se tenait le seul et unique Kim Taehyung. Une main dans sa poche dans une posture nonchalante, et les yeux vifs et alerte dans son reflet quand il capta le regard de Jimin, derrière lui.
Et comme un papillon attiré par la lumière, hypnotisé, Jimin ne put que s'avancer à petits pas en sa direction, une partie rationnelle de son cerveau, bien que minoritaire face aux émotions intenses qui animaient son corps, lui recommandait la prudence. Il ne le connaissait pas, c'était un garçon des Bas Districts, et pourtant, l'argenté ne savait pas trop comment il le savait mais il en était certain, il remettrait sa vie entre ses mains. Il y avait quelque chose, dans cet inconnu, qui lui confirmait cela ; quelque chose dans la chaleur de ses orbes chocolat, dans la douceur de son sourire, ou dans la délicatesse de son toucher alors que celui-ci se rapprocha de lui pour venir glisser sa main contre sa joue, de la même manière qu'il l'avait fait derrière ces lunettes.
La danse exquise, ravageuse et brute des étincelles continuait son ballet derrière ses prunelles.
Et puis, il lui sembla que son esprit se déconnecta un instant, comme un trou noir, comme ayant oublié de se souvenir et de percevoir ce qu'ils se passaient entre eux ; quand Jimin sembla revenir à lui, il était assis sur le rebord des lavabos à double basque, les pieds ne touchant sol, le corps chaud de Taehyung entre ses cuisses, et sa bouche pécheresse dans les vallons de son cou.
"Putain, soupira-t-il en glissa une main dans les mèches corbeau, la tête rejetée en arrière et la bouche entrouverte.
Les mains de l'homme des deux mondes étaient fortes et puissantes autour de ses hanches, même à travers le tissu brodé d'argent ; et Jimin ne put qu'enrouler ses jambes pour le rapprocher encore plus de lui, saisissant les pans de sa veste, et modulant presque agressivement ses lèvres contre les siennes. Les baiser semblaient encore plus fiévreux, quand le jeune homme pensait à la répercussion que ce qu'ils étaient en train de faire pourrait avoir. Certes, Taehyung faisait parti de la Haute maintenant, mais il n'était pas encore assez accepté comme tel ; bientôt, si leur "aventure" venait à s'ébruiter, les ragots et les chuchotements les suivraient pendant un long moment encore.
Mais, décidant que cette réflexion était pour plus tard, Jimin ne put que balayer ces pensées négatives d'un revers de bras, avant d'enrouler les siens autour du cou du charmant en face de lui, et de laisser sa langue explorer sa bouche.
Le baiser était chaud, torride, et si excitant quand on pensait au fait qu'ils ne se connaissaient pas, qu'ils étaient en plein milieu des toilettes pour hommes – même pas dans un cubicule pour se cacher un minimum –, et que n'importe qui pourrait rentrer d'un moment à l'autre. Si c'était un androïde ou un Muet, encore pourraient-ils s'en tirer ; mais si c'était un concitoyen de Polis, ce serait une toute autre affaire. Et ça, ce sentiment d'excitation et de danger, sensation qu'il n'avait jamais réellement vécu dans sa petite vie bien rangée et médiatisée, pulsait avec force dans ses veines, transformant son corps entier en une bulle de chaleur, que seul Taehyung serait en mesure d'éclater.
Et, si on en croyait le grognement bas de ce-dernier, quand les doigts impatients de l'argenté vinrent déboutonner avec hâte la chemise élégante, sa bouche occupée à mordiller la peau tendre de son cou – si on en croyait ce grognement rauque, alors nul doute que l'ancien des Bas Districts pensait la même chose également.
Qu'importait, au final, que ce que Jimin avait imaginé dans le nuage. Qu'importe l'idée qu'il avait eu en croyant qu'ils se connaissaient depuis toujours. Qu'importe si les folles pensées de son esprit s'avéraient être fausses sur toute la ligne. Qu'importe s'il avait mal interprété la lueur dans les yeux de son amant pour du désir pur et dur, et non de l'émotion plus intense. Qu'importe tout cela, qu'importe si cela était vrai, qu'importe si cela était faux ; parce qu'alors que les mains puissantes de Taehyung malaxaient ses cuisses à travers le tissu, cela n'avait plus grande importance.
A la place, en revanche, il regarda, la bouche entrouverte, les yeux ourlés de passion et un certain intérêt pour les grognements de son partenaire, la réaction de Taehyung alors qu'il passa un pouce sur l'un de ses bourgeons de chair brun qui agrémentait son torse, à présent visibles avec sa chemise à moitié ouverte. Son torse était une sculpture dont il ne pouvait se passer, sa bouche était un démon tentateur, ses yeux étaient une coulée de désir liquide, ses doigts étaient une douce emprise dont il voulait bien volontiers être prisonnier.
Aucun mot n'était échangé, mis-à-part les jurons, de temps en temps, qui venaient ponctuer le parcours de la langue de Taehyung le long du torse de Jimin, avant de remonter pour rencontrer ses lèvres à nouveau. Que diraient-ils, de toute façon ? Leurs corps parlaient déjà pour eux, et c'était un langage universel, peut importe qu'ils étaient de la Haute ou de la plèbe.
Les mains de Taehyung malaxaient de plus en plus puissamment les hanches de Jimin, ses pouces s'enfonçant avec délice dans les creux de son entrecuisse, à seulement quelques centimètres de son membre, déjà palpitant. Vraiment, il mettait au défi quiconque de ne pas être aussi atteint par l'échange enfiévré auquel ils s'adonnaient ; alors non, il n'avait pas envie ni besoin de se justifier si son état, pas quand il n'avait rien vécu d'aussi intense depuis des années, et pas quand il sentait le début d'érection de son partenaire contre sa cuisse.
"Tae, soupira-t-il de nouveau, ne pouvant retenir ses premiers gémissements bas quand les longs doigts fins de son partenaire vinrent jouer avec son bouton de chair.
Il pouvait sentir son sourire en coin contre sa peau, son souffle chaud et sa langue mutine, comme une distraction, alors que ses doigts vinrent prendre en coupe son membre à travers le tissu. Un autre soupir, un autre grognement, et ce fut tout juste si Jimin devait retenir ses hanches de ne pas venir se frotter comme une chienne en chaleur contre sa paume chaude. Son self-control, en revanche, ne dura pas longtemps, alors que Taehyung, lui aussi apparemment trop impatient pour devoir attendre plus longtemps, zippa la braguette, et sortit sa verge à la vue de tous.
Un instant plus tard, comme si l'esprit de Jimin s'était déconnecté de nouveau, et voilà que Jimin enroulait ses doigts autour de leurs deux membres, la grande main de Taehyung couvrant la sienne et l'aidant dans ses mouvements de poignets. Celle du jeune homme était largement plus petite que le noiraud, et malgré la demie honte qu'il avait ressenti au début, il ne put que remercier les cieux de l'avoir créé ainsi, parce qu'à présent, sa tête frottait juste en dessous du gland de l'homme des deux mondes – et ces râles rauques étaient suffisants pour le faire partir dans une autre dimension.
C'était obscène, indécent, le fait qu'il pouvait sentir sur sa peau palpitante et tendue les quelques perles salées ; c'était empli de luxure et de concupiscence, la façon dont ils se regardaient dans les yeux, la respiration courte, trop courte pour s'embrasser correctement, alors qu'ils sentaient leurs membres gonflés de sang pressés l'un contre l'autre. Ils n'avaient pas le temps, ni peut-être la patience, de faire plus que cela ; même si l'argenté aurait voulu savoir la sensation de son membre en lui, ses hanches claquant contre les siennes, le présent était tout autant agréable et putain de bon que si Taehyung l'avait pris violemment contre la paroi d'une cabine. Cela avait beau être brouillon et sans réel rythme, mais la chaleur des yeux du noiraud sur lui était suffisant pour le faire jouir.
Il y avait tellement de chose qu'il aurait voulu lui dire, qu'il aurait voulu lui demander. Comment cela se faisait qu'il était autant réceptif à ses caresses, comment cela se faisait que lui aussi trouvait autant de plaisir dans ses bras, alors que c'était de parfaits inconnus. C'était compliqué, cependant, de poser de tels questionnements, quand l'autre vous regardait avec cette force brute, et quand leurs deux mouvements de poignet combinés commençaient à devenir un peu trop pour avoir un fil de pensées rationnelles.
Cependant, Jimin entendit bien vite les premiers rires des convives, signe imparable que la pièce venait de finir et que le hall se remplissait de nouveau. Ils devaient se dépêcher de finir, avant qu'un de ces hommes à la moustache excentrique ne vienne pousser à son tour la porte des toilettes et les surprenne dans une telle posture. Et bien que la sensation d'exhibitionnisme et de danger qui parcourait sa peau était agréable, il n'empêchait que l'idée de son orgasme l'était plus encore.
"Allez, grogna Jimin contre sa bouche, fais-moi jouir.
La lueur de défi dans les yeux de son amant lui plu instantanément ; encore plus, quand il serra sa main plus fermement autour de leurs deux verges, les mouvements plus brutaux, plus secs, plus courts, les rapprochant encore plus de la jouissance. Un baiser plus tard, chaud et sensuel, et les deux laissèrent leurs acmés prendre possession de leurs corps, les amenant, le temps d'un bref instant, au Nirvana.
Qu'importe, au final. Qu'importe s'ils se connaissaient avant. Qu'importe si le monde dans lequel ils vivaient était merdique et répressif. Qu'importe si on les avaient trouvé, dans ces toilettes pour hommes.
Qu'importe, parce qu'à ses côtés, la vie paraissant un peu plus douce.
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hop ! je sais que je vous avais promis un autre os, complètement différent... mais j'ai eu cette idée d'un coup, et, vous me connaissez, il fallait que je l'écrive! résultat des courses : un univers un peu bizarre, mais que j'aime bien quand même ! et vous ?
je n'ai jamais fait de vmin though, donc n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !
je sais que le smut est un peu court, mais mon imagination commençait un peu à s'essoufler sur la fin... j'espère que vous ne m'en voulez pas trop ??
à titre d'information, je pense que les prochains os seront sur des ships que nous avons déjà vu, je pense qu'on a fait un peu le tour... si vous voulez absolument voir votre ship préféré, n'hésitez pas à me le dire !!!
gros kiss
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