SOME LEGENDS ARE TOLD
𝕾𝖔𝖒𝖊 𝖑𝖊𝖌𝖊𝖓𝖉𝖘 𝖆𝖗𝖊 𝖙𝖔𝖑𝖉
(𝔖𝔬𝔪𝔢 𝔱𝔲𝔯𝔫 𝔱𝔬 𝔡𝔲𝔰𝔱 𝔬𝔯 𝔱𝔬 𝔤𝔬𝔩𝔡)
Certaines légendes sont restées secrètes, prises dans un tourbillon de mythes et de chimères. Mais, dans quelques grimoires poussiéreux du rayons des livres rares, on peut encore lire l'histoire d'amour méconnue entre les fils d'Arès et de Poséidon.
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anciengreek!au
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slight violence
top!yoongi
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Aux temps glorieux de l'Olympe, les divinités étaient vénérées. Chaque ville de Grèce avait son protecteur, et rendait grâce aux dieux pour les avoir permis d'avoir vu un nouveau jour se lever. Et, du haut de leur montagne, les démiurges étaient tout-puissants, ayant un droit de vie ou de mort sur chaque mortel que comptait cette Terre, bénite par leurs auspices.
Cette quête de pouvoir, pourtant, se traduisait également par des conflits violents entre les dieux, que les mortels ne pouvaient que craindre. La colère de Zeus caractérisée par la foudre si hypnotisante et destructrice, laissait imaginer le combat dans les étoiles. La houle de l'océan, malmenant les pêcheurs et brisant les bateaux contre les récifs, traduisaient le courroux de Poséidon dans son royaume. Le magma en fusion et les flots de lave dévalant les versants des volcans parlaient pour la fureur du seigneur Héphaïstos, et des querelles qu'il menait dans les tréfonds de la Terre.
Quelle ère triomphale et glorieuse, donc, quand les divinités étaient à la fois craintes et vénérées; quand ils se transformaient en simple humain, foulant la terre et se faisant passer pour leur semblables. Et surtout, quelle douce époque, quand les éternels goûtaient aux plaisirs de la chair, succombant aux charmes des humaines graciées par Aphrodite, et enfantant une nouvelle génération d'héros qui les succéderaient.
Certains oracles annonçaient que ces descendants seraient le salut de leurs parents; d'autres, dans de plus funestes présages, les présentaient comme la perte des Olympiens.
Laissez-moi donc vous raconter l'histoire de ces demi-dieux, progénitures d'une divinité et d'un mortel.
Et laissez-moi vous raconter comment deux de leurs enfants sont tombés amoureux, dans une oeuvre que seul Cupidon aurait pu concocter.
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De tous les demi-dieux qui foulaient la terre humaine de leurs gracieux pieds, il y en avait quelques uns en particulier qui retenaient l'attention des conteurs, et dont les enfants aimaient en écouter les histoires fantastiques. Ils étaient sept, fils des divinités les plus craintes et vénérées de ce bas-monde, fils de mortelles dont la beauté avait réussi à engendré de telles créations.
Jungkook était certainement celui qui était le plus connu de tous, et ce grâce à la place prestigieuse que son père entretenait tout en haut du mont Olympe: Zeus. Le héros était un jeune homme charismatique, imprévisible; et parfois un peu hautain avec les humains, il fallait l'admettre.
Suivant les traces du Dieu du Ciel, c'était un homme qui était malgré tout épris de justice et de courage, souvent envoyé par les citoyens des Cités pour combattre les monstres qui terrorisaient les campagnes. Mais son impulsivité le rendait souvent sourd aux prophéties, aveugle au danger; et l'aventurait même parfois dans les Terres Interdites du Tartare, provoquant le courroux d'Hadès et de son cher fils.
Trop souvent, le Démiurge Absolu confisquait momentanément à son fils prodige le pouvoir de l'éclair, utilisé trop de fois à mauvais escient; mais disons que cela était pardonnable, il n'était qu'un adolescent, après tout, et son paternel réparait ses bêtises en soupirant.
En parlant du fils d'Hadès, Taehyung, c'était un être sinistre, tentateur, qui revêtait la noirceur et le pêché comme une seconde peau. Si Jungkook s'efforçait à rendre le monde des mortels un peu plus doux et agréable à vivre, Taehyung se faisait un malin plaisir à l'enlaidir.
En effet, l'un des premiers devoirs du Seigneur des Enfers était de garder les âmes des morts dans les confins du monde souterrain, puisque leur vue remplirait d'horreur les hommes comme les dieux; hors, le jeune demi-dieu n'en faisant généralement qu'à sa tête, il laissait quelques ombres brumeuses s'échapper de leur horrible prison, créant parfois même de toute pièce des monstres abominables, qu'il laissait sur la route du fils de Zeus.
Peiné par le fait que son géniteur soit détesté et craint de tous, il avait cependant complètement embrassé sa nature, visitant pour son bon plaisir les enfants mortels dans leurs cauchemars. Mais son très cher père devait souvent rappeler sa progéniture insolente à l'ordre, envoyant la plupart du temps Cerbère le chercher.
Sur le mont Olympe, il y avait un demi-dieu qui s'amusait particulièrement à transmettre les messages de haine entre Taehyung et Jungkook; et cet homme, c'était Hoseok, fils du rusé Hermès. L'enfant, de toute évidence, était tout aussi fourbe et subtil que son progéniteur, lui le dieu des voyageurs, des voleurs, des orateurs, et surtout, des prostituées -- Hoseok avait suivi l'exemple de son père, et visitait régulièrement ces filles de joie; parfois, il se disait que l'esprit de débauche d'Hermès était la raison pour laquelle il avait été conçu, aux côtés de ses nombreux frères et sœurs: Éros, Pan, et autres nombreuses nymphes et satyres.
Etant donné qu'il reprenait souvent le rôle que sa fonction prévoyait, à savoir conduire les âmes aux Enfers, c'était certainement le plus proche ami de Taehyung -- voire le seul, cela dit. Et il ne se gênait guère pour laisser ses oreilles traîner un peu partout, lui l'esprit espiègle dont son plus grand passe-temps était de répandre des rumeurs, qui, bien entendu, étaient fausses. Le Dieu des Messagers, en guise de punition, lui confisquait généralement ses sandales ailées pour le clouer au sol -- et lui clouer le bec, accessoirement.
Coquin comme il était, il allait souvent rendre visite au fils d'Aphrodite, quand les papillons-de-nuit humaines n'étaient pas assez divertissantes. Il était bien inutile de demander à Seokjin de quelle divinité il descendait: sa beauté sans nom faisait de lui un demi-dieu versatile, séduisant, captivant et enchanteur.
Quelle n'était pas la surprise de sa mère quand elle donna naissance à un garçon, dont le sourire était plus éclatant que le soleil d'Apollon -- la légende raconte-même que lorsqu'il émit son tout premier cri, les bourgeons des bouquets de la pièce avaient tous immédiatement germés. On chantait certes la vénusté de la Déesse de l'Amour, mais on louait tout autant la finesse du visage de son fils. Narcisse même aurait pu délaisser son propre reflet pour contempler l'harmonie de ses traits.
Quant aux bêtises que Seokjin provoquait, c'était souvent de fricoter avec de trop nombreuses créatures sur le Mont Olympe -- on raconte que sa mère aurait même formellement interdit aux trois frères tout-puissants, à savoir Zeus, Hadès et Poséidon, de l'approcher, sous peine d'une colère d'une exceptionnelle imprévisibilité. Cela dit, il lui aurait été confisqué la clé de sa chambre, ainsi que tous ces miroirs, un temps.
Et tout ce beau monde, toute cette génération de demi-dieu, pouvait remercier Namjoon, fils de Dionysos, pour les avoir réuni. Ce n'était pas le fils du dieu des fêtes, de la folie, de l'ivresse, de l'excès, de l'alcool et de l'extase pour rien. Il est relativement impossible de le trouver sans un verre de vin à la main, lui, aussi insouciant qu'un nourrisson, préférant s'amuser plutôt que d'assister aux lourds et barbants conseils des Grands.
Selon les croyances populaires, les grappes mûrissent au contact de ses mains, les terres qu'il foule de ses pieds sont prospères et fécondes, les vignerons qui l'hébergent un temps dans leur humble demeure voient leurs productions fructifier. Cela dit, il n'a pas la capacité de transformer l'eau en vin -- du moins, pas encore -- de la même manière que son père, et cela l'attriste grandement. Certains allaient même jusqu'à murmurer qu'il était l'enfant d'Athéna -- ou de l'une de ses progéniture, du moins -- tant son intelligence et sa stratégie lui étaient comparables; mais il avait du sang de mortel dans ses veines, après tout.
Il avait, comme tous les autres enfants de sa trempe, provoqué la colère de son géniteur, lui aussi; et ce, en vidant littéralement la cave de ses plus fins nectars qu'il gardait précieusement sur le Mont. A présent, lorsque ses lèvres goûtent au liquide pourpre, une pointe d'amertume vient gâter son plaisir.
Et puis...
Et puis il y a nos deux protagonistes.
Qui ne savaient pas encore qu'ils s'aimaient; et dont les sibylles n'arrivaient pas à décrypter les prophéties qui volaient au-dessus de leurs têtes.
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Il y avait d'abord Jimin, fils de Poséidon.
Si Poséidon était connu -- et craint -- comme étant l'"Ebranleur du sol", de part son emprise sur les tremblements de terre et les inondations, il semblait que Jimin ait hérité de son côté calme, aussi limpide qu'une mer d'huile, aussi profond qu'un océan abyssal, aussi mystérieux que les flots inexplorés.
C'était un enfant doux, un peu solitaire, aussi. Il passait énormément de temps auprès de l'eau, parfois essayant de communiquer avec un père beaucoup trop absent, parfois pour laver ses soucis, parfois pour y laisser crier sa mélancolie profonde.
Les humains l'avaient reconnu comme étant le fils de l'Eau, de part son étonnante capacité de marcher sur les lacs, même lorsque les profondeurs laissaient frissonner en imaginant les créatures des profondeurs. Il avait la faculté de calmer les tempêtes en s'avançant doucement vers elles, causant l'effroi des mortels quand ils voyaient ce petit être presque innocent braver la terreur des flots. Et ses larmes -- ô, ses larmes -- avaient le pouvoir de guérir, et certains disaient même qu'elles retardaient la mort et l'arrivée d'Hadès.
Mais gare à ceux qui osaient et oseraient abuser de sa confiance et de son calme: Jimin était certes un jeune homme pacifique, mais il n'était pas rare qu'il soit pris de colère subite, bipolaire, inexplicable et incontrôlable. Un jour, des paysans malhonnêtes avaient tenté d'abuser de lui en lui volant tous ses pleurs, dans l'espoir d'avoir la vie éternelle. Comprenant la supercherie, lui cet être pourtant si généreux, il avait été pris d'une colère si noire qu'ils dépérirent tous dans un séisme si puissant qu'il creusa une brèche dans la terre; avant de noyer leurs corps dans un tsunami qui laissa même le Dieu des Océans perplexe.
Ce n'était pas un enfant capricieux, loin de là. Il vivait une existence douce et paisible, s'occupant des magnifiques chevaux de son père -- ayant même parfois le droit de monter Pégase, le bien le plus précieux de Poséidon, vous vous rendez compte? -- protégeant les marins en les suivant, sous son apparence de dauphin. Il n'était jamais l'initiateur même de quêtes, à contrario de Jungkook, mais était toujours d'une grande aide quand il s'agissait de communiquer avec le monde du silence.
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Yoongi, lui, fils d'Arès, était d'une personnalité bien différente.
Son père était le dieu de la guerre sanglante, de la brutalité, de la destruction, de la violence, de la vengeance; et son fils avait bien entendu hérité de ces traits-là. Le feu d'Héphaïstos brûlait ardemment dans son cœur, ses frères divins Déimos [*la Terreur] l'accompagnait dans ses combats, et la sœur de son père, Éris [*la Discorde] avait embrassé son front à sa naissance.
Si Jimin passait des jours tranquilles au bord de la falaise, Yoongi, lui, était tout le jour durant sur le champ de bataille, auprès de l'esprit de son paternel, guidant des armées de son casque doré, porté par les ailes d'Enyo [*déesse des Batailles]. Peu lui importait s'il était haï, s'il était craint; il n'avait soif que de brutalité, de véhémence, de sueur, de sang, et de larmes.
Il avait un cœur froid, mais le sang chaud.
A contrario du fils de Poséidon, ses crises de fureur ne se comptaient désormais plus. Dans un cri venu d'outre-tombe, il apparaissait auprès de ceux qui l'invoquaient comme l'épée de leur vengeance, le suppôt de leur haine. Combien de fois avait-il provoqué en duel l'un des autres demi-dieux, lors des fêtes chez Namjoon? Combien de fois, ivre, était-il parti seul en croisade contre les barbares? Combien de fois était-il rentré sur le Mont Olympe trempé de sang, comme s'il s'était baigné dans l'hémoglobine de ses victimes? Combien de fois son père lui avait dit qu'il était sûrement le meilleur de ses généraux?
On murmure cependant, parmi les très-hauts comme parmi les landes mortelles, que la rage dont il est l'enfant se transforme en une bestialité des plus plaisantes, au lit; que ce soit avec des humaines aux courbes tentatrices, avec des nymphes délicieuses, ou même avec le fils de la Déesse de l'Amour et de la Sexualité. Et, loin de lui de rougir des rumeurs que dispersait Hoseok pour son bon plaisir. Le feu brûlant dans sa poitrine n'était pas uniquement la raison de son impulsivité, mais également de sa passion et de son désir.
Ceux qui disent que le feu et l'eau ne font jamais bon ménage se trompent grandement.
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Le feu de camp crépitait ardemment dans la nuit noire, tandis que les étincelles se laissaient portées par le vent, au doux son des lyres et autre orchestre.
Comme à l'accoutumée, le fils de Dionysos avait organisé une "petite" fête. Comprenez ici qu'il avait invité presque tout l'Olympe, que des nymphes dansaient pour le bon plaisir des invités, que le vin et l'ambroisie [*nectar assurant l'immortalité aux dieux] coulait à flot, et que l'ambiance était à la bonne entente. Disons que du moment que Namjoon n'invitait pas les géants à la fête -- comme il avait voulu le faire une fois, trop bourré --, Zeus tolérait ces petites... "réunions amicales".
Namjoon avait encore réussi à détourner l'attention de son père pendant qu'il chapardait des meilleurs crus dans sa cave à vin; et c'était très exactement ce qu'avait Jungkook dans sa coupe, à présent. Mais le froncement de sourcils peint sur son visage laissait entendre que la réjouissance ne faisait pas partie de son vocabulaire d'émotions, à présent.
"Tu n'es vraiment qu'un imbécile, tu le sais ça, Taehyung?
L'intéressé, à demi-allongé sur un sofa, dégustant tranquillement du raisin, ne dédaigna même pas hausser un sourcil pour marquer son intérêt. La différence entre les deux demi-dieux était frappante: si Jungkook portait une cuirasse blanche et une tunique brodée de fils d'or, revêtant le même caractère suprême que son père, l'habillement de Taehyung était beaucoup plus sombre, fait entièrement de noir, faisant ressortir ses yeux charbons.
"Avoues que tu as bien aimé ma petite surprise, ricana le fils d'Hadès, s'amusant à lancer un grain en l'air pour le rattraper avec sa bouche.
"Des Gorgones, sérieusement? J'aurais pu mourir ! [*créatures malfaisantes dont le regard à le pouvoir de pétrifier]
"Mais tu n'es pas mort, puisque tu es à moitié immortel, idiot. Et puis, le cas échéant, je me serais fait une joie de t'accueillir dans mon royaume.
Un sourire carnassier orna les lèvres de la divinité, tandis que le fils du Dieu du Ciel bouillonnait de rage, devant lui. Les relations entre lui et Taehyung étaient de la même nature que celles entre leurs paternels: extrêmement tendues. Sûrement le fait que Jungkook devait rattraper bien souvent les erreurs du garçon de l'Enfer n'aidait guère à apaiser les tensions.
Soudain, Seokjin apparut devant eux, auréolé d'une grâce des plus charmantes. Il portait une couronne de fleurs dans les cheveux, que ses sœurs les naïades avaient tressé pour lui; et à peine se posta-t-il entre les deux rivaux que l'atmosphère électrique se détendit. La sensation de picotement au bout des doigts du plus jeune, signe apparent de l'Éclair divin, se dissipa; et Taehyung rangea sagement ses ombres brumeuses et ténébreuses qu'il avait sorti de sa poche.
"Buvons et dansons, au lieu de se disputer, dit simplement le fils d'Aphrodite, leur lançant un petit clin d'œil.
Et qui étaient Taehyung et Jungkook pour dire 'non' à une beauté pareille? Ils suivirent donc le demi-dieu, hypnotisés par ses courbes enchanteresses, oubliant toute querelle.
Non loin de là, alors que ses amis se resservaient encore et toujours à boire, riant à des blagues peu fines d'Hoseok, chantant à tue-tête des musiques d'Apollon, Jimin était posté près du lac. La cabine dans laquelle Namjoon organisait sa petite soirée était tout proche d'une immensité d'eau, reflétant les rayons lunaires et étoilés du firmament. Il était assis à même le sable, une coupe de vin dans sa main, dans lequel il trempait ses lèvres que de temps en temps.
Ses cheveux, un blond d'une teinte holographique et irisée qui changeait selon l'angle de la lumière, se laissaient bercer par le souffle du vent. Et sa peau, qui semblait toujours humidifiée, comme s'il passait sa vie dans l'eau -- bon, d'accord, peut-être qu'il passait réellement sa vie dans l'eau -- avait été chanté par Orphée lui-même, le prince des poètes, tant cela semblait irréel.
Jimin était un jeune homme plutôt nostalgique. Il semblait que cela soit un attribut de son père que peu de gens connaissaient. Il ne s'entraînait pas au combat comme ses amis, ni ne prenait place au cœur de l'action, était plutôt silencieux et réservé; en un mot, il était assez étrange, pour un héro. Il se sentait toujours et inexorablement attiré par la mer, mais cette attraction presque magnétique était empreinte d'une lassitude et d'une mélancolie qu'il était difficile de comprendre.
Certes, lors des fêtes du fils du Dieu de la Vigne, il s'efforçait de s'amuser, de laisser l'alcool monter à sa tête, et d'écouter avec attention les anecdotes de ses amis. Mais il lui arrivait parfois, alors que la soirée battait à son plein, qu'il aille se retrouver seul, lui âme solitaire, pour contempler le lagon.
Souvent, c'était juste pour être au plus près de son élément. Mais de temps en temps, il s'interrogeait aussi. De sa place dans le cœur de son père -- c'était une question qui, il le savait, tous ses congénères se posaient, quand Morphée tardait à les visiter. De sa place dans ce monde, de son but dans la vie. De son immortalité.
Et, plus rarement, il repensait à cette prophétie qu'un oracle lui avait soufflé, au-dessus de son berceau. "Le feu et l'eau enlacés périront par la flèche dorée". Cela le tourmentait, ne sachant ce que cela voulait dire, ne comprenant le sens caché. Alors, depuis son enfance, il n'osait s'approcher trop d'Héphaïstos, Dieu du Feu et de la Forge, ni d'Artémis et d'Apollon, qui maniaient l'arc divinement bien, et ni de leurs progénitures respectives.
C'était un fardeau lourd à porter, que de savoir qu'une prophétie prédisait le cours de sa vie dès sa naissance; et pourtant, il avait beau la tourner et la retourner, il ne comprenait toujours rien. Son père lui-même n'avait pu lui en expliquer le sens, étant donné qu'il n'était pas à le dieu à l'origine du souffle qui avait inspiré les sibylles.
Il ferma les yeux un instant, histoire de se vider l'esprit. Laissa le bruit des clapotis emplir ses oreilles, laissa les parfums de l'embrume chatouiller ses narines, laissa le-
"Jimin!
Il rouvrit lentement les paupières alors qu'il entendait des pas aériens sur le sable. Et il devina presque immédiatement qui venait le rejoindre, avant même de se retourner.
"Qu'est-ce qu'il y a, Hoseok?
"On a besoin de toi à l'intérieur, répondit ce-dernier, à peine essoufflé par sa course.
De la plage, on pouvait entendre quelques insultes venir du bungalow, signe évident qu'une rixe était sur le point d'éclater. Le jeune homme soupira, et se leva lentement, époussetant les grains de sable de sa toge. Sa coupe en or toujours fermement serrée dans sa main, il suivit silencieusement son ami à l'intérieur. A peine foula-t-il le marbre luisant de la cabine au bord du lac, qu'il put voir, un peu plus loin dans la pièce centrale, deux figures se faire face avec haine.
Il put non sans mal distinguer Yoongi, le fils d'Arès, dans une toge grise tâchée de sang -- même ses bras et son cou semblaient avoir été trempés dans le liquide carmin et poisseux. De toute évidence, il rentrait à peine de la guerre, et cela ne surprenait même pas les autres demi-dieux, tant cela était une pratique courante. Parfois, il lui arrivait de venir avec encore son armure sur le dos, et se diriger directement vers le buffet pour boire un verre d'une traite, comme si l'alcool était la meilleure boisson pour désaltérer. A présent, sa mâchoire était contractée, et, de là où il était, Jimin pouvait lire toute la colère qu'il y avait dans ses yeux. Ou peut-être l'imaginait-il seulement, parce qu'il était trop habitué à voir cette flamme dans ses prunelles.
Face à lui, se trouvait un jeune homme que le fils de l'Eau n'avait vu que quelques fois. Il l'avait vu quelques fois lors des fêtes de Namjoon, ou au sein même du Mont Olympe, mais jamais lors des grands conseils, ce qui le laissait envisager qu'il était le fils d'une divinité secondaire. L'inconnu était dans une position de victime, face à Yoongi furieux et crachant des paroles aussi brûlantes que le feu des dragons; bien qu'il osait répliquer de temps en temps, rassemblant toute sa force et son courage pour se risquer à répondre.
Jimin soupira une nouvelle fois. Il savait très bien pourquoi Hoseok l'avait demandé: de tous les demi-dieux, et particulièrement de tout le groupe d'ami, l'enfant aux cheveux irisés était celui qui savait calmer le plus efficacement les autres.
Yoongi y compris.
Et puis, c'était aussi certainement l'un des seuls qui n'était pas affecté par ses crises de rage, ni qui en avait peur. Jungkook même, qui pourtant se plaisait à se vanter d'être le fils du Dieu des Dieux, préférait quitter la pièce plutôt que de devoir affronter un homme qui avait hérité de la hargne et de la bestialité de son père.
Alors Jimin fit ce qu'il savait faire de mieux, à savoir calmer la tempête. Posant sa coupe sur un meuble proche, il s'avança doucement et silencieusement en direction des deux opposants, fendant la foule d'invités curieux. De eux-même, ils s'écartèrent, comme lorsque l'océan s'écartait devant lui pour le laisser traverser entre deux îles; lui créant un chemin direct vers le fils de la guerre. Quelques chuchotements suivirent sa marche tranquille: il était toujours assez impressionnant de le voir calmer la bête qui rugissait dans les paroles du noiraud.
Ce serait mentir que de dire que cette sensation, cette position d'être le seul en mesure de sauver la situation, ne gonflait pas le cœur du jeune homme.
Et bientôt, il se trouva en face de Yoongi; qui, aveuglé par son courroux, ne semblait remarquer la présence du blond. D'une démarche toujours aussi paisible, il fit quelques pas pour s'interposer doucement entre les deux adversaires, ignorant les paroles de haine qu'ils se lançaient; et qui venaient, inconsciemment, frapper de plein fouet Jimin au visage.
Et, délicatement, il posa sa main droite sur la poitrine du guerrier, au niveau de son cœur; ne grimaçant même pas alors que sa paume entrait en contact avec le sang séché sur sa tenue, lui qui pourtant était le plus pacifique des sept enfants. Cela eut pour mérite de porter l'attention de l'aîné sur lui, plutôt que sur son ennemi du moment.
Et, comme l'eau qui efface les messages dans le sable, les paroles cinglantes s'évanouirent au fond de sa gorge, quand les yeux charbons rencontrèrent les perles marines. Le silence venait de retomber dans la pièce, les harpes n'osant plus jouer, tous admirant avec quelle facilité le fils de Poséidon avait réussit à calmer l'ardent brasier qui crépitait dans la poitrine du soldat.
"Jimin? souffla-t-il doucement, surpris; et l'interpellé était sûr que lui seul avait pu entendre son nom prononcé.
Le cadet lui offrit un sourire, un de ses sourires si mélancoliques et si beaux à la fois. Ils se noyèrent dans le regard de l'autre, se laissèrent bercer par les lueurs qu'ils voyaient danser dans les prunelles de l'autre, se perdirent dans leur monde; et Jimin put sentir l'organe vital de Yoongi se calmer, sous la pulpe de ses doigts. Sa respiration, auparavant hachée par la haine, était moins erratique; et son souffle chaud venait s'échouer sur les lèvres pleines de Jimin, un peu plus petit que lui.
Ils se regardèrent longtemps, peut-être trop longtemps pour des garçons, peut-être trop longtemps pour des demi-dieux.
Et c'est tout juste s'ils entendirent Namjoon claquer dans ses mains pour intimer à ses invités de reprendre leur conversation, pour que la musique continue, et pour que la fête redémarre de plus belle.
Et, dans un tourbillon renaissant de danses et de rire, Yoongi lui rendit son sourire.
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Un fracas d'épée contre une armure, un grognement, un souffle court, le bruit d'un combat, la sueur qui goutte sur ses paupières.
"Tiens bien ta garde! lui crie le centaure, alors qu'il observe les deux adversaires se confronter avec une rage qui leur est propre.
Ce n'est pas la première fois que Chiron, créature d'une grande sagesse et homme de science -- a contrario des gens de son espèce, tous cruels et frustres -- dispensait des cours aux jeunes héros. Bien que l'on pouvait se demander en quoi sa présence était nécessaire pour ces deux divinités-ci, tant ils étaient habiles avec l'art du combat, c'était Arès en personne qui avait demandé à ce que l'homme-cheval continue à prodiguer ses conseils; car même si ses fils l'accompagnaient toujours dans ses conquêtes guerrières, ils étaient trop imprévisibles et avaient le sang-chaud, se fichant un peu des règles de stratégie.
En effet, devant le sage, s'affrontaient en duel Yoongi et son frère, Phobos, incarnation de la peur panique. Si le jeune noiraud était brutal et violent, Phobos était sournois et agressif. Le mortel Homère s'était même aventuré à écrire ces quelques vers, à son propos:
"On voit ainsi Arès, fléau des hommes, marcher au combat,
Suivi d'Effroi, son fils intrépide et fort,
Qui met en fuite le guerrier le plus résistant".
Et inutile de préciser qu'entre les deux enfants, la jalousie et la défiance régnait de manière absolue. C'était à savoir lequel d'entre eux était le meilleur général, le plus courageux soldat, cherchant toujours l'approbation d'un père qui, par sa nature de divinité, n'était pas aussi présent qu'ils l'auraient voulus.
Dans leurs jeunes années, Yoongi et Phobos s'entraînaient ensemble avec engouement et volonté de bien faire. Alors qu'ils étaient trop jeune pour pouvoir commencer une formation digne de ce nom, ils se chamaillaient avec des petits glaives en bois, toge courte et pied nus, dans le jardin à l'arrière du temple d'Olympie.
A présent, cependant, l'amour filial entre eux deux s'était dissipé, laissant place à une rivalité maladive.
Le choc entre les lames des épées continuèrent de plus belle, alors que les grognements se firent plus sonores, l'effort puisant dans leurs muscles. Yoongi grimaça quand il reçut un coup dans les côtes, avant de rapidement se baisser pour éviter le fil tranchant de l'arme de son frère. Habilement, il lui asséna un coup à l'arrière des genoux dans le but de le faire chuter, pour bien vite se retrouver au-dessus de lui.
Mais alors qu'il allait s'apprêter à lui administrer quelques coups bien placés sur son visage au sourire arrogant, une voix claire retentit derrière eux.
"Il suffit.
Cette voix leur fit tourner la tête; et reconnaissant leur père, aux côtés de Chiron, ils se redressèrent vite, et époussetèrent un peu la poussière sur leurs armures avant de le saluer poliment.
Arès était un homme imposant, dont la musculature était évidente sous son armure sombre. Il ne portait pas son casque, mais sa longue cape rouge était fixée sur ses épaules, dont le vent s'amusait à jouer avec pour laisser apparaître, de temps en temps, l'éclat de la poignée dorée de son arme. Son aura était dominante, puissante, sombre, et se reflétait dans ses orbes sombres et calculatrices; si bien que Yoongi, enfant, avait toujours peur de lui quand il rentrait du champ de bataille, le visage couvert de peintures de guerre -- qui s'avéraient être le sang des ennemis.
Son regard dur se posa sur son plus jeune enfant, tandis qu'il reprit la parole:
"Chiron, Phobos, vous pouvez disposer. J'ai besoin de parler à Yoongi.
Et alors que les deux hommes s'éloignèrent du terrain d'entraînement, le demi-dieu ne put s'empêcher de s'interroger sur la nature de la conversation qu'il allait avoir avec son géniteur. De toute évidence, il s'agissait de quelque chose de sérieux, sinon le Dieu de la Brutalité ne se serait pas donné la peine de venir ici en personne. Il aurait très bien pu envoyer Hermès, ou un simple messager, si c'était simplement une quête; or, il était là, dans sa resplendissante armure noire, les yeux perçants, comme pour essayer de fouiller les profondeurs de son esprit.
Le noiraud n'avait plus 5 ans, il n'était plus effrayé de son père; mais il n'était pas très à l'aise non plus, alors que son paternel cherchait quelque chose dans ses prunelles, sans savoir de quoi cela s'agissait.
"Marchons, fils.
Et ils marchèrent. Le terrain d'entraînement se trouvait dans une clairière, entourée de grands arbres protecteurs, sûrement habités par des dryades, les nymphes des forêts; et les deux hommes s'avancèrent jusqu'au haut de la colline, depuis laquelle on pouvait avoir une vue magnifique sur la villégiature des dieux.
Yoongi resta silencieux, attendant qu'Arès entame la conversation; ce qu'il fit quelques secondes plus tard, s'éclaircissant la gorge.
"Je sais ce qu'il se passe dans ta tête et dans ton cœur, fils. Et il faut que cela cesse.
Le guerrier se tourna vers lui, les sourcils froncés, ne comprenant pas le sujet de la conversation. Était-il censé savoir d'emblée de quoi le démiurge parlait? Voyant très clairement la confusion sur le visage de sa progéniture, le père éluda ses questions :
"Je te parle du fils de Poséidon, Yoongi.
"Jimin? demanda ce-dernier, surpris.
Le froncement de sourcils s'intensifia, alors qu'il se demandait, le cœur battant, ce que le charmant garçons aux yeux bleus profonds venait faire dans cette conversation.
"Précisément. Je sais que je n'ai pas été très présent quand tu étais jeune, ni maintenant, d'ailleurs; mais je suis quand même ton père et je sais pertinemment ce qu'il se passe dans ton esprit.
"Je suis navré, Père, mais je ne vois pas le rapport entre Jimin et cette conversation.
Bon, peut-être mentait-il un peu à son géniteur: une partie de lui, enfouie tout au fond de son cœur, devinait aisément le lien entre le garçon qui arrivait toujours à le calmer, et le simulacre de conversation paternaliste que tentait d'engager l'Olympien.
"Ne feigne pas l'incompréhension, fils, répliqua Arès un peu plus durement. Je ne suis pas aveugle: je vois bien ce qu'il se passe entre vous deux. La connexion que vous avez. Les moments que vous échangez ensemble. Ose me dire que ton cœur est impassible face à ce garçon et je t'emmène à Alètheia [*déesse de la vérité et de l'honnêteté] sur le champ.
Yoongi se tendit à l'entente de ces paroles: le Dieu de la Guerre était quelqu'un qui tenait ses promesses, alors le fait de rencontrer une divinité qui saura en un clin d'œil s'il était franc ou non pourrait lui rapporter des problèmes.
Mais le jeune homme ne pouvait pas dire à son père ce qu'il lui demandait, il ne pouvait pas dire qu'il était complètement indifférents aux charmes du fils de l'Eau. Des sept enfants principaux de l'Olympe, c'était certainement pour lui qu'il avait le plus d'attachement et d'attraction. Il était tellement différent de lui -- calme, pacifique, posé, mystérieux, mélancolique --, et pourtant, c'était comme s'il était la personne qu'il cherchait depuis tout ce temps. Il n'était pas dupe non plus: il avait su analyser les longs regards qui s'échangeaient, comprendre les frissons qui parcouraient son corps quand il posait ses petites mains sur sa poitrine pour le calmer, interpréter pourquoi il était la première personne qu'il cherchait dans la pièce quand ils se regroupaient tous.
Et d'un autre côté, il ne pouvait pas avouer à son paternel ce qu'il ressentait pour ce demi-dieu --bien qu'il serait incapable de mettre des mots sur ses sentiments. Parce qu'il savait qu'une telle attirance susciterait des problèmes, et des complications; non pas de la part des enfants, mais des parents. Poséidon et Arès n'étaient pas forcément connus pour être aussi lié que les deux doigts de la main; et voir leurs fils respectifs s'aventurer sur ce chemin inconnu ne ferait qu'intensifier la tension de leur relation.
Face à son silence, son père repris la parole:
"Je te laisse méditer là-dessus, Yoongi. Mais saches que si ce que je vois est bien réel, tu devras en payer le prix. Cet amour ne sera pas permis au Mont Olympe; soit tu arrêtes tout de suite le peu de choses qu'il se passe entre vous, soit tu acceptes de recevoir les conséquences du Conseil des Grands s'ils apprennent cela.
Yoongi baissa les yeux, ses sandales étonnamment plus intéressantes. Il entendit Arès lui marmonner un "je t'aurais prévenu", avant qu'il ne le salue, pour disparaître comme par enchantement dans l'air lourd de cette fin de journée.
Lorsqu'il releva la tête, son géniteur n'était plus là; mais les questions qui hantaient son esprit, elles, étaient bien présentes.
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Il y avait une écurie, non loin du grand lac. Les chevaux à la robe magnifique, création divine de Poséidon, broutaient tranquillement tandis que le palefrenier pouvait se délasser au soleil, les vaguelettes rafraîchissant délicieusement ses pieds; l'étendue d'eau tellement impressionnante qu'on aurait dit une petite mer à l'intérieur des terres. Il y avait, parmi les pur-sangs, un somptueux étalon aux grandes ailes blanches, aussi blanches que la lune, répondant au doux nom de Pégase.
Et Yoongi était sûr de trouver Jimin dans un tel endroit.
En effet, ses présomptions furent bonnes, alors qu'il arrivait sur la petite plage de sable fin. Certains mustangs trempaient leurs sabots dans l'eau; d'autres étaient couchés sous l'ombre des grands pins, qui délimitaient la forêt de la rive; d'autres étaient partis s'aventurer dans les pâturages, un peu plus loin.
Et au milieu des bêtes magnifiques, il y avait un petit être des plus charmants: Jimin. Pégase était allongé sur le flanc, profitant de la brise fraîche du littoral, tandis que le garçon aux cheveux irisés était assis à ses côtés, son dos reposant doucement sur ses côtes. Il était, comme à son habitude, surréel ainsi. Les reflets de l'eau s'amusaient sur son visage gracieux, et il n'eut même pas besoin de tourner la tête pour savoir que le fils d'Arès s'avançait vers lui.
"Bonjour, Yoongi, le salua-t-il de sa voix douce, les yeux clos pour apprécier la chaleur du soleil.
Le guerrier resta un instant debout, à côté de lui, à débattre intérieurement du prochain mouvement à faire. Il décida finalement d'imiter l'autre demi-dieu, et s'installa à ses côtés. Au départ, le cheval ailé le regarda d'un mauvais œil, analysant sa démarche pour savoir s'il devait protéger son maître ou non de l'étranger; avant de le laisser s'adosser contre lui à son tour, reposant doucement la tête sur ses pattes repliées, et reprenant sa sieste.
Si Jimin était parfaitement détendu, la brise marine caressant ses paupières fermées, le fracas des vagues comme berceuse, c'était une toute autre histoire pour Yoongi. Il n'avait pas de rattache à l'eau, contrairement au jeune homme dont il avait eu un coup de cœur, à ses côtés; c'est pourquoi ses doigts jouaient nerveusement avec le sable, sous lui, comme pour calmer un peu ses nerfs.
"Yoongi, commença doucement le garçon de l'eau, les yeux toujours fermés. Détends-toi, je ne vais pas te manger.
Le susnommé eut un petit rire nerveux. D'habitude, c'était plutôt lui qui rendait les gens fébriles et mal à l'aise -- depuis quand est-ce que les rôles s'étaient inversés?
"Jimin...
"Hmm? fut sa réponse.
Les doigts s'enfoncèrent encore plus dans le sable, appréhendant la réponse de la question qui allait suivre.
"Est-ce que tu m'aimes?
Dire que la descendance de Poséidon était surprise ne serait qu'un doux euphémisme. Il ouvrit un œil, observant d'un regard en coin les traits de son aîné, comme pour essayer de voir s'il plaisantait ou non. Mais au vu de l'expression sérieuse que ce-dernier abordait, l'interrogation était fondée, et non lancée en l'air dans le but de faire une mauvaise blague.
"Bien sûr que je t'aime, Yoongi, répondit-il simplement en refermant sa paupière et en abordant un petit sourire sur ses lèvres charmantes.
Le noiraud soupira et se passa une main dans ses cheveux corbeaux. Il avait dit cela comme une évidence, et l'aîné su qu'il s'était mal fait comprendre.
"Non, Jimin, ce n'est pas ce que je voulais dire. Je ne veux pas savoir si tu m'apprécies, je veux savoir si tu m'aimes.
Il y eut une pause, dans lequel le guerrier attendait avec crainte la réaction de son interlocuteur. Plutôt affronter toutes les garnissons du monde, plutôt se battre sur plusieurs fronts en même temps, que d'avoir à supporter le silence pesant qui régnait sur la plage. Il semblait même que les vagues aient cesser de s'échouer sur la plage -- et encore une fois, Yoongi était assez fasciné par le pouvoir qu'avait le jeune homme sur son élément.
Lentement, affreusement lentement, Jimin leva son regard abyssal vers les prunelles dures, couleur métallique, du soldat.
"Je crois que tu le sais déjà, dit-il d'une voix encore plus douce, presque timide.
Et comme si tous ses vœux venaient d'être exaucés, l'aîné renvoya un sourire éclatant; et Jimin se sentit privilégié, parce qu'il était sûr que personne d'autre n'avait eu le droit à une telle merveille. C'était comme un petit trésor, un secret caché -- qui aurait pu imaginer que le fils du Dieu de la Guerre, un homme froid et sanglant, puisse sourire aussi intensément, et s'énamourer de l'un des siens?
Contre toute attente, Yoongi se leva, se postant devant le soleil; et de là où était Jimin, c'était comme s'il était auréolé d'une couronne de lumière, les rayons cuprifères se mariant à la perfection avec ses mèches ébène. De son sourire toujours aussi éblouissant et tellement adorable, il tendit la main vers le plus jeune; ce-dernier l'accepta bien volontiers, se levant lentement, pour enfin être à la même hauteur. Le noiraud était un peu plus grand tout de même, et il plongea dans le regard hypnotisant du garçon aux cheveux irisés: c'était comme s'il était submergé par les vagues, par l'océan dont il était tant amoureux; et peut-être, au fond de lui, il ne voulait pas remonter à la surface pour respirer, de peur de ne plus jamais le retrouver.
"Viens, dit-il simplement.
Et ils coururent. Yoongi tira derrière lui Jimin en direction de l'écurie, les rires du cadet se répercutant contre les grands pins protecteurs, les étalons levant la tête en les voyant cavaler devant eux. Le soldat aurait pu même jurer qu'il se sentait voler, comme s'il portait les scandales ailées d'Hoseok, comme si les ailes de Pégase poussaient dans son dos.
Une fois à l'intérieur de la petite étable, il se retourna, pour pouvoir admirer un Jimin respirant fortement, mais toujours avec son petit sourire sur ses lippes délicieuses. Le noiraud s'approcha alors doucement de lui, comme pour ne pas l'effrayer, prenant son visage en couple, caressant ses joues pleines de ses pouces comme pour l'aider à se calmer. L'enfant de l'Eau ferma un instant les yeux au contact de ses mains chaudes; et il ne fut pas surpris, quand il les rouvrit, de voir que Yoongi observait intensément sa bouche. L'ombre d'un sourire passa sur elle.
Et, ne pouvant plus attendre dans cette atmosphère électrique, ils décidèrent simultanément de se lancer à la poursuite de l'autre, leurs lèvres s'écrasant avec force, passion et désespoir. C'était tout juste s'ils ne gémirent pas dans le baiser -- parce que, enfin, ils se touchaient, ils s'embrassaient... ils s'aimaient.
Leurs lèvres semblaient se compléter à la perfection, entre celles charnues et fines de Yoongi et celles douces et pleines de Jimin. L'un avait le goût métallique du sang, l'autre le parfum des embruns.
Les petites mains du fils de Poséidon vinrent s'agripper dans la tignasse ténébreuse de son partenaire, comme si -- comble pour un homme qui pouvait littéralement marcher sur l'eau -- il était sa bouée de sauvetage dans cette houle de sentiments et de sensation.
Yoongi se laissa faire, cependant, se contentant de glisser ses mains le long des hanches de son cadet, pour agripper son bassin et le rapprocher encore plus près du sien; ce qui ne tarda pas, dans un gémissement de toute beauté.
Leurs baisers étaient puissants, dévastateurs, mais étonnamment doux et légers à la fois: le feu de la rage et de la passion crépitant ardemment lorsque leurs lèvres et leurs peaux se rencontraient, adoucis par la fraîcheur et le calme de l'eau lorsque leurs caresses se faisaient volages et graciles.
Lentement, extrêmement lentement, atrocement lentement, la bouche démoniaque du noiraud s'aventura sur le saillant de la mâchoire de son partenaire, laissant des parterres brûlants de l'empreinte de ses lèvres sur son cou appétissant. Ses doigts, fins et si meurtriers dans d'autres situations, s'agrippèrent au haut de la toge en lin de Jimin, tandis que ce-dernier s'accrochait désespéramment au cou de son aîné.
Et alors que le fils d'Arès maltraitait les clavicules du fils de Poséidon, il le repoussa, doucement, sans jamais briser le contact, jusqu'à ce que le plus petit soit complètement assis sur une botte de foin. Etant donné qu'il passait énormément de temps à s'occuper des chevaux, sublimes créations, de son père, dans cette écurie près de la plage, il avait aménagé une petite couche rudimentaire sur les bottes de paille des étalons, en y ajoutant seulement une couverture épaisse et quelques oreillers -- fait de plumes qui auraient fait pâlir Icare de jalousie. Parfois, le soir, il déplaçait son lit improvisé pour pouvoir admirer les étoiles, et la lune, tellement brillante, qui glissait sur la mer d'huile.
Pour autant, aujourd'hui, cette couche ne servirait pas à se reposer ni à dormir, s'il en croyait le sourire en coin du guerrier, tandis que ses mains refermaient leur prises autour des hanches fines du palefrenier. Cela n'avait rien à voir avec le rictus qui lui avait offert, un peu plus tôt, assis sur le sable; et pourtant, cela pouvait être certainement un de ceux qu'il préférait, tant cela faisait remuer des choses en lui qu'il ne pensait pas possible d'exister.
Et, pour lui prouver qu'il appréciait ses douces tortures sur la peau fine de sa gorge, il enroula ses jambes divines autour du bassin de son aîné, pour le rapprocher encore plus près -- heureusement que le lit improvisé était à la même hauteur que le pelvis de Yoongi.
Détachant ses lèvres dans un grognement, le soldat recula légèrement pour pouvoir, une nouvelle fois, s'enfoncer dans la profondeur spectrale des yeux aux reflets marins. Sa respiration était un peu hachée, lui qui pourtant était accoutumé à l'effort de la guerre; bien qu'il parvint à lâcher ces mots:
"Jimin...
L'intéressé retint un frisson en entendant la voix rauque et tellement tentatrice, fermant momentanément les paupières pour mieux apprécier les vibrations délicieuses.
"Jimin, répéta-t-il en soulevant doucement le menton du plus jeune, afin qu'il puisse le regarder en face. Ouvres les yeux.
Peut-être était-ce une mauvaise idée d'obéir à la voix rocailleuse, car maintenant le jeune homme aux cheveux irisés semblait comme perdu dans les orbes pleines de promesses quant à la nuit à venir.
"Je sais qu'on a pas beaucoup de temps, souffla-t-il, ses lippes si proches des siennes. Mais s'il-te-plaît, restes avec moi pour cette nuit.
Restes avec moi pour cette nuit. Ces mots résonnaient dans la tête du garçon de l'Eau, et il comprit presque immédiatement de quoi il s'agissait. Restes avec moi, aimes-moi pour cette nuit. Et le ton de sa voix -- ô, sa voix -- transpirant toute la détresse et la passion qu'il pouvait ressentir. Le blond ne pensait pas pouvoir entendre de telles variations chez lui, et pourtant, il venait d'être le spectateur privilégié d'un tout nouveau Yoongi.
Un Yoongi impatient, qui avait peur du futur et de la colère de leurs parents, lui l'homme qui se vantait de pouvoir affronter toutes les armées que la Terre comptait. Un Yoongi brûlant de désir, alors qu'il dévorait son amant des yeux. Un Yoongi aimant, aussi; et même s'il ne lui avait pas dit clairement, Jimin savait que ses sentiments étaient réciproques: et cette nuit, bien que leur temps soit compté, ils allaient s'aimer. Ils avaient réalisé trop tard l'attraction magnétique entre eux, les sentiments puissants et les sourires discrets. Ils avaient réalisé trop tard qu'ils étaient sous le joug d'Éros et des d'autres divinités de l'amour, et ce soir-là, ils allaient se dire tout ce qu'ils n'avaient jamais eu le courage de faire.
Le noiraud le poussant légèrement pour qu'il s'allonge réussit à tirer le plus jeune de sa contemplation, alors que l'aîné était toujours debout, au pied du lit, entre ses jambes. Et, avec un sourire, peut-être un peu timide, le guerrier se pencha au-dessus de lui, avant d'embrasser lentement chaque parcelle de son visage. Il embrassa le rictus satisfait sur ses croissants de chair, embrassa les joues délicieusement rondes, comme la pomme de la Discorde; et ses baisers, ses marques d'affection migrèrent dans le cou délicieux de Jimin, tandis que ce-dernier glissait ses mains dans ses cheveux de nouveau, l'obligeant à se rapprocher.
Et quand leurs lèvres se rencontrèrent de nouveau, ce n'était jamais assez. Au moment-même où l'un d'entre eux s'écartait légèrement pour reprendre son souffle, l'autre se rejetait sur ses lèvres délicieuses, ne pouvant s'en passer. Ils essayèrent de se faire passer des messages, à travers leurs baisers; et même si Yoongi n'était pas sûr que Jimin comprenait ce qu'il lui disait, au moins il se laissait faire, l'accueillant, et gémissait doucement quand ses lippes s'agrippèrent à sa lèvre inférieure.
Et bientôt, les doigts impatients de l'aîné tirèrent sur la tunique du cadet pour la retirer. L'une des grandes qualité de ces vêtements était qu'ils suffisaient amplement -- nul besoin de s'attarder avec d'autres tissus. Les dieux ne s'embêtaient guère avec des sous-vêtements que les mortels, dans quelques années, allaient créer.
Sous ses yeux, légèrement cambré, ses joues délicatement rougies par le regard de feu que le guerrier posait sur lui, Jimin était étendu sur la couverture en laine des bergers de l'île de Sicile, ses jambes toujours délicieusement et fermement enroulées autour de la taille de son amant. Il avait une peau si parfaite, si douce, et Yoongi pouvait y déceler un parfum d'embruns et de sel lorsqu'il glissait sa langue le long de son ventre.
Mais le fils des mers, impatient comme il était, décida qu'il était plus juste d'inciter au soldat de retirer son vêtement également. Et, alors que le noiraud obéissait aux ordres de son prince, le jeune homme put observer la peau marquée par le combat. Sur son torse pâle, aussi pâle que l'écume des vagues, se dessinaient des dizaines de coupures, de cicatrices, des traces de ses duels, de ses guerres, de ses batailles. Et il devina sans peine que les mêmes striures décoraient aussi son dos. Distraitement, il laissa ses doigts glisser le long d'une grande balafre, sur son pectoral, et le fils d'Arès du retenir un frisson -- uniquement à cause du contact des pulpes fraîches sur son épiderme brûlant.
Probablement était-ce les mœurs de leur Grèce adorée, qui avait pour habitude de sculpter leurs muses masculines et divinités peu vêtues, mais aucun des amants ne semblait particulièrement gênés par la nudité subite. Non, au contraire, leurs regards s'étaient notamment obscurcis alors qu'ils détaillèrent chacun le corps de l'autre, l'enveloppe charnelle de l'autre.
Lentement, Yoongi parsema le torse de son partenaire de baisers légers, tantôt sensuels et tantôt plus approfondis -- notamment près de ses boutons de chairs, ce qui laissa un Jimin étouffant tant bien que mal un gémissement -- pour se diriger, adagio, vers le membre du plus jeune, qui criait son besoin d'attention.
Et tandis que l'aîné cajolait délicatement son érection naissante, tout en le préparant avec une douceur dont il ne le pensait pas capable, et tandis que son ventre se tordit de plaisir et de douleur plaisante, l'enfant des Eaux se rendit compte de quelque chose.
Il se rendit compte que, peu importe le sang de divinité qui coulait dans ses veines, ce n'était pas possiblement humain de vouloir quelqu'un à ce point-là. Il se rendit compte -- même s'il en était persuadé depuis longtemps -- que s'il arrivait à calmer Yoongi aussi facilement, ce n'était pas seulement pour sa figure paisible comme une mer d'huile. Il se rendit compte que les caresses délicieuses de son amant lui faisaient perdre la tête, que les coups de langues outrageuses faisaient l'effet d'un feu d'artifice dans sa poitrine, que le mouvement de ses phalanges dans son antre n'était qu'un appel à fourrer ses doigts dans la tignasse corbeau.
"Yoongi... appela-t-il d'une voix cassée.
L'interpellé leva donc les yeux, tout en continuant ses marques d'affection, et ce qu'il vit fit rater un battement à son organe vital. La tête blonde rejetée en arrière sur la couverture brune, les yeux fermés tellement forts, les doigts tirant distraitement sur ses racines, les cuisses serrant et déserrant autour de ses épaules au rythme des assauts. Si Yoongi ne savait pas à qui il avait à faire, il aurait pu confondre le cadet avec une divinité de la sensualité et de la sexualité tant son corps était un appel à la débauche, qui feraient même succomber les prêtresses d'Hestia -- qui pourtant s'étaient vouées à une vide de pieuté et de virginité.
Il avait bien entendu les gémissements que Jimin essayait de dissimuler tant bien que mal, et les petits cris d'inconforts quand il avait glissé un doigt, puis deux, puis trois, dans son antre. Il avait bien ressenti les doigts tirer plus fort sur son scalp, ses jambes se refermer encore plus, lors qu'un coup de poignet plus précis que les autres. Et lorsque le jeune demi-dieu, les larmes aux yeux face aux vagues de plaisir et de douleur -- semblables aux assauts d'une mer s'écrasant sur une digue, encore et encore --, prononça une série de prières toutes aussi pécheresses les unes que les autres, Yoongi n'eut pas bien de mal à comprendre ce qu'il souhaitait.
"Yoongi.. S'il-te-plaît... gn- ... prends-moi, fais-moi tiens... s'il-te-plaît...
Et quand le guerrier glissa d'un coup fluide en lui, les larmes salées coulèrent le long de ses joues; mais il sut, comme s'il pouvait lire dans ses yeux humides et dans ses soupirs lourds, que ce n'était pas à cause de cette déchirure au plus profond de lui. Non, bien au contraire.
Si, alors que le soldat embrassait son cou avec passion, alors qu'il agrippait ses hanches doucement mais fermement, alors qu'il amorçait des mouvements amples en lui; si, à ce moment-là, Jimin laissa ses larmes dévaler le mont de ses joues pleines, c'était parce qu'il était comblé.
Parce que, déviant tous les interdits, ils s'étaient enfin avoués ce qu'ils ressentaient. Pour beaucoup, c'est peu compréhensible; mais le fils de Poséidon comprit, à travers les gestes et caresses, que Yoongi l'aimait: la voix qui se brisait quand il aspirait la peau sous son oreille, le grognement satisfait quand il griffait son dos, au point de créer de nouvelles cicatrices.
Mais ces larmes, bien que gage de son bonheur dans sa forme la plus pure, trempaient son visage d'une once de tristesse, aussi. A cet instant-là, le garçon aux cheveux irisés n'avait pas besoin de savoir la conversation qu'avait eu le noiraud avec son père Arès; il sut, au fond de lui, comme si la connexion entre eux était d'une nature la plus brute, volcanique, fusionnelle et profonde qu'il soit, que leur temps était compté. Et qu'au moment où ils s'embrassaient de cette façon, la langue de l'autre glissant sur sa lèvre inférieure, les mots d'amour de l'autre tombant dans ses oreilles, les gémissements rauques de l'autre se répercutant dans l'écurie, cela ne faisait qu'accroître la fureur divine de leurs parents.
Et, encore une fois, comme s'ils ne faisaient anatomiquement qu'un, Yoongi sembla comprendre les sombres nuages qui peuplaient ses pensées, et de son pouce, essuya tendrement les perles au coin de ses yeux.
"Jimin... souffla-t-il, tout près de ses lèvres, les effleurant que de temps en temps. Tu es mien et je suis tiens, amour, dit-il en référence à ses supplications, un peu plus tôt. S'il-te-plaît, ne penses pas à tout ça... restes avec moi.
A comprendre, ici: restes avec moi, chasses ses sombres tentacules vénéneuses, et laisses-toi aller, prends-moi dans tes bras pour ne plus jamais me lâcher.
Et le demi-dieu s'exécuta. Il ouvrit ses paupières au ralenti, et la vision qui lui apparut fut suffisante pour bloquer son souffle dans sa gorge. Par Zeus. Yoongi était là, au-dessus de lui, penché à moitié par-dessus son torse, parsemé de baisers rougis. Il était... Il était divin. Ses cheveux étaient collés contre son front de part la transpiration, et le cœur du plus jeune s'emballa un instant -- il l'avait tellement vu ainsi, couvert de sueur, le souffle court et le regard déterminé, mais à chaque fois, c'était sur le terrain d'entraînement ou sur le champ de bataille; il ne s'imaginait pas, même dans les rêves les plus fous que Morphée lui apportait, qu'il aurait pu le contempler d'aussi près, là, dans ses bras.
Et alors que le cadet lui offrit un sourire attendri, et comblé de nouveau, l'enfant de la guerre lui donna un coup de rein plus puissant que les autres. Cela eut le mérite de renverser la tête de Jimin en arrière, son dos cambré à l'extrême, ses boutons de chairs pointant si tendancieusement vers le plafond. Ses ongles se remirent à griffer les épaules de son partenaire, lui procurant autant de douleur qu'il lui faisait de bien.
Profitant de cette cambrure des plus séductrices et dévastatrices, Yoongi glissa un bras sous lui pour le maintenir, enfouissant son visage dans le creux de son cou, ses mouvements de plus en plus amples, profonds, précis, chassant un acmé attendu avec impatience. Jimin ne savait plus à quoi se rattacher: il flottait dans un océan de ressenti qui l'anéantissait complètement, qui le submergeait; ses seuls points d'appuis étant la taille de son aîné, au creux de ses cuisses -- qu'il serra de plus en plus fortement, au fur et à mesure des coups de hanches --, les épaules si fortes de son amant, et les cheveux qu'il ne se dérangeait pas pour tirer de toutes ses forces -- le guerrier grognant face à la douleur plaisante.
Du point de vue du fils d'Arès, c'était une vision de félicité absolue, de bonheur extrême, de désir incommensurable: le demi-dieu, complètement détaché du matelas de fortune, la nuque tellement penchée en arrière que cela formait un arc de cercle des plus providentiels, ses petits poings qui essayaient de se raccrocher à l'air tant Yoongi le déchirait en deux, comme une de ses brèches volcaniques qui fendait la terre.
Et devais-je parler de ses soupirs? C'était des gémissements de pure extase, ne cherchant même pas à être discrets; et, pour le plus vieux, c'était l'une de ces mélodies glorieuses qui resterait gravée dans sa mémoire aussi longtemps que son sang humain lui permettait.
"Y-Yoon-Yoongi, je.. t'a-aime...
Il ne fallut que de ces mots, hachés, prononcés difficilement, pour que les deux amants explosent dans une tempête de sensation. Ils planèrent, Yoongi ne lâchant aucunement son aimé -- au contraire, il l'avait même rapproché encore plus, au possible, de lui. Ils planèrent, aussi haut que Pégase pouvait les emporter, loin au-dessus du monde des humains, des dieux, et de toutes les créatures mystiques.
Là, dans cette écurie au bord de la plage, sur ce lit de paille, ils ne firent qu'un dans le sens le plus poétique du terme, s'abandonnèrent pleinement, un sourire béat sur leurs lèvres satisfaites, des frissons chuchotant encore le long de leur peaux.
Avant que le guerrier ne retombe soudainement sur le garçon de l'océan, exténué, trop emporté par ce torrent sans nom.
Et, dans le soir tiède de l'Olympe, sur cette couverture brune tricotée par les bergers mortels, leurs corps fourbus s'enlacèrent de nouveau dans une embrassade qui fit même sourire Cupidon, de là-haut.
---
C'est le bruit du tonnerre qui les réveillèrent.
Quand Jimin ouvrit les yeux, son champ de vision ne se résuma qu'à un torse ferme, décoré de quelques cicatrices -- qu'il avait hâte de connaître par cœur. Un sourire radieux et satisfait orna ses lèvres, alors qu'il leva le regard pour voir la chevelure emmêlée de son amant. Yoongi dormait encore, ses cils caressant le haut de ses joues, sa respiration posée, un bras drapé autour de la taille du cadet dans un geste protecteur et presque possessif. Maintenant qu'ils s'étaient trouvés, il ne voulait jamais le laisser partir.
Mais son repos fut de courte durée, quand un second coup de tonnerre éclata dans le ciel. Il ouvrit les yeux brutalement, se redressant en emportant le fils de Poséidon avec lui contre buste -- les années qu'il avait passé, réveillé par les hurlements des troupes ennemies, jouaient à présent en sa faveur.
Il n'eut même pas besoin de demander ce qu'il se passait, ni eut le temps d'embrasser tendrement son aimé en guise de "bonjour", qu'il aperçut un éclair zébrer le ciel, par l'une des fenêtres de l'écurie. Il s'en était fallut seulement de cela, d'un flash de la foudre, pour qu'il blêmisse considérablement; avant de jeter un regard à Jimin, cramponné à son biceps, qui comprit lui aussi immédiatement ce qu'il se passait dehors, sur la plage.
L'heure était venue d'affronter les dieux pour ce qu'ils avaient fait.
Ce qui était, soit dit en passant, le crime d'avoir osé s'aimer.
Et, inutile de dire que les deux amants auraient préféré profiter de leur amour partagé plutôt que de faire face à leurs pères aussi tôt.
En hâte, sans s'adresser un mot, ils jetèrent leur tunique sur leurs épaules, le noiraud saisissant son glaive et l'accrochant fermement à sa taille. Et alors que Yoongi allait ouvrir la porte en bois de l'étable, le garçon de l'Eau le retint par le bras, lui murmurant un doux "attends". Quand son amant se retourna pour lui lancer un regard interrogateur -- ourlé d'une inquiétude que le blond détestait plus que tout --, il posa ses douces lèvres sur les siennes, dans un ultime baiser. C'était tendre, lent, et rempli de sentiments; mais aussi d'une certaine âcreté, amertume que ce soit le dernier. Comme s'ils savaient que la quelconque confrontation qui allait se dérouler dehors allait les changer à jamais.
"Je t'aime, murmurèrent-ils simultanément; et même si, dans d'autres circonstances, cela les aurait fait sourire, ce ne fut qu'un rictus triste et un brin apeuré qui se dessina fourbement sur leurs lippes.
Yoongi inspira à fond, avant d'enclencher la petite poignée de la porte de l'écurie; et à peine l'ouvrit-il que le soleil brillant de ce début de matinée les accueillit en son sein. Ils n'eurent que quelques pas à faire sur le sable, main dans la main comme pour se réconforter face à l'ennemi, pour comprendre que leur relation était désapprouvée par presque tous les Grands Dieux de l'Olympe.
Là, devant eux, se tenaient le gratin des divinités grecques: Zeus, bien évidemment, se trouvait au centre de la plage, la mer à sa droite et la forêt à sa gauche, auréolé d'une couronne faite de rayons solaires dorés. Il était si auguste ainsi, drapé dans sa toge d'une blancheur presque aveuglante.
Il y avait, bien évidemment, les paternels des deux protagonistes. A quelques pas du Dieu des Dieux, se trouvait Poséidon, son frère, dont la peau abordait le même aspect humide que son fils, comme s'il venait tout juste de faire trempette dans le lac. Ses cheveux, d'un blond tout aussi irisés, rappelèrent à Yoongi la façon dont il avait plongé les doigts dans la tignasse de Jimin, cette nuit-là.
Bien entendu, Arès était également convié à la confrontation. Tout comme son enfant, sa tunique, sous sa cuirasse lustrée, semblait couverte de sang; et ses yeux sombres traduisaient toute la bestialité dont il était capable, toute la férocité qu'il laissait libre sur le champ de bataille. Et Jimin ne put s'empêcher de penser qu'il préférait les orbes de son amant, bien qu'aussi sombres, quand il le regardait: puisque dans ses prunelles, la violence et la furie courbaient l'échine devant une douceur et une profonde affection pour sa personne.
Derrière le Dieu de l'Éclair, se trouvait également diverses démiurges, soit courroucés par la relation qu'entretenait ces deux jeunes hommes, soit simplement curieux de voir quel sort allait leur être réservé. Et, à l'orée du sous-bois, Yoongi remarqua la présence d'autres enfants comme eux: Jungkook, Taehyung, Hoseok, Namjoon et Seokjin étaient aussi présents, une mine tantôt inquiète, tantôt neutre -- ça, c'était le cas surtout du fils d'Hadès -- peints sur leurs visages.
"Jimin, résonna la voix de Poséidon dans le silence pesant, éloignes-toi de lui.
Mais son fils n'obéit pas; à la place, le noiraud le tira encore plus vers lui, ne voulant sous aucun prétexte se séparer de lui. Il ne comprenait ô que trop bien ce qu'il se passerait si c'était le cas. En relevant les yeux, le guerrier croisa le regard de son père: et il put y lire toute la déception dans ses yeux, tout le mécontentement et toute l'indifférence, aussi. Il l'avait prévenu la veille de la potentielle colère de Zeus s'il laissait ses sentiments parler pour lui.
"Mes enfants, appela le Dieu Tout-Puissant d'un ton paternaliste qui donnait la bille aux deux garçons, la quelconque flamme que vous avez attisé entre vous doit s'éteindre.
La main du cadet referma sa prise autour du biceps de son aîné à l'entente de ces mots.
"Je me sens assez clément pour que vous vous repentissiez, là, tout de suite, sans que vous subissiez quelque sanction que ce soit.
Ses mots étaient durs, frappants comme le marteau contre l'enclume, et Jimin ne put s'empêcher de frissonner quand il aperçu les jumeaux Apollon et Artémis tendre leur arcs en leur direction. C'était les meilleurs archers de l'Olympe, et nul doute que leurs flèches n'étaient pas innocentes et sans douleur. Zeus, dans sa grande fourberie, leur proposait d'oublier ce qu'il s'était passé entre eux sous la menace des carreaux divins.
"Je suis désolé, ô grand Zeus, répondit Yoongi amèrement, mais malgré tout le respect que l'on vous doit, cela ne nous dit rien qui vaille.
A ces mots, il dégaina son glaive, le bradant devant lui, protecteur de son aimé. Il s'était battu tant de fois pour des hommes aux desseins qui ne l'intéressaient guère, comme un vulgaire mercenaire -- bien qu'il acceptait sans broncher les requêtes de vengeance, étant donné que c'était ce qu'il était. Mais à présent, y avait-il plus belle résolution que de défendre celui à qui il avait susurré des mots d'amour, la veille, dans une étreinte charnelle d'une incroyable force?
Et à peine l'éclat brillant de la lame se réverbéra sur la plage, la tension monta encore d'un cran. Du coin de l'oeil, il crut voir Namjoon retenir Jungkook par le bras, lui qui était prêt à s'interposer entre ses amis et son paternel pour pouvoir raisonner le Dieu des Dieux. Et le fils de Dionysos eut tout le mal du monde à convaincre l'impulsif à rester caché dans la forêt, alors que les autres Olympiens dégainaient leurs armes à leur tour -- plus, dans un premier temps, comme élément de persuasion plutôt que de combat.
Et tout bascula, au moment même où Zeus, d'un mouvement de la main, fit émerger de la terre une armée de soldat. Le sable se regroupait par sa volonté divine, s'agglomérant pour pouvoir, petit à petit, former le corps d'un homme, casqué et cuirassé, menaçant, au visage sans trait encore plus terrifiant. Et, en l'espace d'une seconde et sous les yeux tremblants de Jimin, une dizaine de créations de poussière se postèrent devant le Dieu du Ciel, leurs lances braquées vers les deux amants maudits.
Yoongi savait que c'était le bon moment pour se rétracter, le bon moment pour désavouer son amour et pour se diriger, l'échine basse et le regard fuyant, en direction de son père. Mais il ne pouvait pas. Il ne voulait pas. Parce qu'il avait silencieusement promis au garçon blond, cette nuit-là, qu'il ne l'abandonnerait pas. Et il comptait bien tenir sa promesse, il comptait bien défendre son inamorato au péril de sa vie, même s'il devait se battre contre les figures de sable -- et quelconque création que Zeus présenterait sur son chemin.
Au lieu de faire acte de rédemption, il raffermi la prise autour du manche de son épée, et de son autre main, fit reculer l'enfant de l'Eau encore plus derrière lui. Cela fallut amplement pour que le Démiurge Tout-Puissant souffle d'agacement, avant d'envoyer son régiment de sable et de pierre en leur direction.
Et le noiraud fit ce qu'il savait faire de mieux: il combattit de toutes ses forces, poussant des cris de rage à chaque coup d'épée dans les inventions célestes. Et, même si Jimin ne l'avait jamais vu sur le champ de bataille, il ne put s'empêcher de porter sur son amant un regard rempli d'un soupçon d'admiration, alors que ses muscles et sa rage féline faisait acharnement, rapidité et précision étant ses armes de prédilection.
Seulement, à leur grand dam, l'issue de ce combat n'était pas écrite d'avance en leur faveur. Ils ne pouvaient aller nulle part: ils étaient bloqués entre l'écurie en bois et l'armée issue de la terre, avec la mer et la forêt de chaque côté. S'il s'en était tenu qu'à Jimin, il se serait enfui par l'océan; mais même s'il avait la fantastique capacité à se transformer en dauphin, il savait que son amour, lui, ne tiendrait même pas une minute sous l'eau. Et l'option des sous-bois semblait inutile, étant donné que les Grands Dieux se précipiteraient en leur direction.
Et puis, le blond ne savait pas se battre, alors tous leurs espoirs reposaient à présent sur les facultés de Yoongi à repousser son adversaire -- de temps en temps, il informait en criant et avec inquiétude dès qu'il y avait une ombre derrière lui, mais cela ne l'aidait pas pour autant dans son avancement. Et enfin, Zeus avait bien pensé ses créations: chaque coup d'épée en travers de leurs corps de sable étaient comparable à un coup d'épée dans l'eau -- autrement dit, inutile--; la lame perforait les hommes sans que cela ne les affecte.
Mais malgré cela, le fils d'Arès se donnait corps et âme dans le combat qui se définira comme étant celui de sa vie. La sueur commençait à s'accumuler sur son front, et quelques coupures sur ses bras étaient déjà rougissantes; mais il continuait, fiévreux, avec une fureur, énergie et force que même son père n'avait jamais vu chez lui.
Et puis tout se passa beaucoup trop vite.
Jimin entendit le bruit de la flèche se décocher de l'un des arcs des jumeaux; il entendit le sifflement sinistre du carreau fendre l'air; mais avant que le blond n'eut le temps de relever la tête en direction d'Apollon et d'Artémis pour savoir qui avait tiré, la pointe se planta, sous ses yeux écarquillés par l'horreur, dans la poitrine de Yoongi, s'enfonçant si profondément qu'il fut presque sûr que le cœur en fut transpercé de part en part.
Et alors qu'il y a quelques secondes à peine tout se passait avec une effrayante rapidité, à présent, le temps semblait s'écouler avec une lenteur glaçante.
Jimin vit, avec épouvante, Yoongi se figer, le bras armé, prêt à donner un nouveau coup; vit son épée glisser de ses doigts pour venir se planter dans le sablon sans un bruit; vit sa main se porter à son cœur, comme s'il essayait de comprendre ce qu'il s'était passé, avant de porter ses doigts recouverts de sang devant ses yeux; le vit tomber lentement à genoux, par terre, comme si soudain il ne pouvait plus supporter le poids de son propre corps.
Et, regagnant ses esprits, le fils de Poséidon se précipita à ses côtés pour pouvoir l'allonger sur ses genoux en tremblant; sa bouche laissa couler une cascade de 'non' et de supplications confuses.
"Non, non, non, s'il-te-plaît, Yoongi, non, restes avec moi...
Les belles perles charbons du guerrier étaient comme vides, ou du moins sur le point de se ternir, alors qu'elles quittaient leur molle contemplation du ciel pour se porter vers les orbes marines de son cadet -- dont la vision commençait à s'embuer au fur et à mesure où il comprenait les funestes conséquences. Il était faible, pâle comme la mort, d'un teint presque vampirique, les lèvres perdant de leur couleur.
"Yoongi, supplia-t-il d'une voix tremblante et pleine d'émotion, je t'aime, tu m'as demandé de rester avec toi, alors fait de même pour moi, je t'en prie..
Ses paroles étaient toujours les mêmes -- un mélange de prières, d'implorations, et de 'je t'aime' sanglotants --, tandis qu'il caressait de ses petits pouces les joues de son amour, comme pour apaiser sa douleur; à moins que cela ne soit sa tignasse corbeau, balayant les mèches pour pouvoir regarder une dernière fois ses prunelles magnifiques.
Et puis soudain, il se rappela des extraordinaires capacités que son lignage lui avait offert; et il n'eut pas besoin de se forcer à pleurer, laissant les larmes salées tomber sur la blessure ensanglantée -- et sur ses paupières et ses lèvres, aussi, mais cela était surtout dû aux baisers brefs qu'il apposait sur les lippes tant aimées. Mais, pour une fois, cela ne fonctionna pas: la flèche qui allait lui causer la mort provenait des forges d'Héphaïstos, un Dieu d'un rang plus élevé que le sien, et tiré par une divinité tout aussi importante. Et ses pleurs redoublèrent alors que le blond comprit qu'il ne pourrait sauver l'amour de sa vie, qu'il était là impuissant à regarder son âme être aspirée hors de son corps. La fatalité faisait peut-être aussi mal que de le voir là, fermant les yeux dans un rictus de douleur, comme si c'était son propre cœur que l'on venait d'arracher de sa poitrine.
Dans un dernier effort, Yoongi leva sa main, encore pleine d'hémoglobine, pour venir à son tour caresser la joue de son cadet; avant de lui souffler, contre ses lèvres pleines:
"A la vie, à la mort...
Avant que sa main ne retombe mollement à ses côtés.
Jimin cligna plusieurs fois des yeux, essayant de comprendre ce qu'il venait de se passer; avant que la réalité ne le percute de plein fouet, comme un violent et douloureux retour de flammes. Dans son dos, à l'orée des sous-bois, les larmes coulaient également le long des traits gracieux de Seokjin, à présent déformés par la tristesse, le visage enfoui dans les bras protecteurs d'Hoseok. Et même Taehyung, qui pourtant côtoyait la mort tous les jours, semblait lui-aussi un peu peiné.
Et tous les demi-dieux sans exception ne purent retenir un frisson lorsque l'enfant de l'Eau poussa soudain un hurlement de douleur, guttural, puissant, traduisant toute sa tristesse et son désemparement, en direction du ciel, se répercutant dans les montagnes -- au point même que les mortels tournèrent tous la tête vers le Mont Olympe avec surprise en entendant le cri d'horreur; le corps de son défunt aimé toujours sécurisé dans ses bras.
Une fois sa voix épuisée, lui d'habitude pacifique et calme, sentit le sang bouillir dans ses veines alors que la colère commençait à monter au cerveau; provoquée par l'injustice de la mort de Yoongi, par la haine qu'il avait envers leurs parents, par la fureur de ne pas pouvoir aimer celui qu'il avait choisi. Reposant avec une infinie précaution le buste du fils d'Arès sur le sable tiède, il se releva lentement, les yeux au sol, avant de se retourner avec rage envers le conseil des Grands, toujours sur la plage.
"Comment avez-vous pu faire ça...
Sa voix n'était au départ qu'un murmure; et il la répéta, encore et encore, prenant de l'ampleur, avant de planter ses yeux, rempli d'une colère noire et létale, dans ceux indifférents de Zeus.
"Comment avez-vous pu faire ça? s'écria-t-il en direction de ses aînés, les points serrés et le cœur palpitant.
Et si on observait de plus près, au fur et à mesure que le torrent de sa furie se déversait dans son cœur, l'eau de mer bouillonnait à ses côtés, prenant la forme de son courroux, instrument de sa peine et porteur de sa vengeance; les nuages sombres s'accumulaient au-dessus de leurs têtes, noirs et menaçants. Les doigts du cadet semblaient tiquer, alors qu'il ressentait le rythme de la mer, les vagues qui s'accumulaient avec la marée montante, la pression se tissant de plus en plus; la mer qui lui murmurait qu'elle était prête à l'attaque, qu'il n'avait qu'un mot à dire.
"COMMENT AVEZ-VOUS PU FAIRE CA! hurla-t-il enfin, avant d'exploser.
Et il lâcha les flots furieux sur les dieux.
Ses yeux étaient devenus complètement blancs, légèrement bleutés, alors qu'il relâchait toute la haine qu'il avait accumulé. Il utilisait peu ses pouvoirs de cette façon, dans le but de nuire, mais cela ne semblait pas vraiment le déranger, à présent; tandis que les eaux enragées venaient engloutir les hommes de sables, qui dépérirent sans un mot, avant de briser tout sur son passage. Le craquement sinistre des arbres, les hennissements apeurés des chevaux et les jurons étouffés des divinités vinrent s'ajouter à la noirceur du ciel -- bien que l'on soit en plein jour --, le sifflement assourdissant du vent, et les rugissements des vagues meurtrières. L'océan prenait la forme de guerrier, pourchassant certains Dieux qui s'envolèrent, prenait la forme de bêtes qui engloutissaient tout ce qui se trouvait sur leurs routes.
Et bien que Poséidon lui-même aurait pu admirer le travail de destruction de son fils, il se résigna alors qu'il vit Artémis décocher à son tour la flèche divine. Et tout comme le carreau de son frère, la pointe vint se planter elle-aussi dans le cœur palpitant du blond, qui a son tour tomba à genoux dans un dernier cri qui provoqua des frémissements chez tous les spectateurs.
Seokjin se défit de la prise de Namjoon, et courut sur la plage, alors que les flots se retiraient avec respect face à leur maître, faisant la sourde oreille quant aux protestations de ses parents; et il s'arrêta, les yeux pleins de larmes et la main devant la bouche pour masquer le bruit de ses sanglots, quand il vit les deux corps sans vie de ceux qui étaient devenus ses frères. Il fut bientôt rejoint par les autres, et, d'instinct, s'agenouillèrent tous les cinq devant les dépouilles des amants en guise d'hommage, dans un silence seulement ponctué par leurs pleurs et la plainte gémissante des vaguelettes. Pour traduire leur peine, mais également pour montrer à Zeus qu'il n'avait rien gagné dans ce combat, et que sa décision était tout sauf louable.
La légende raconte que, à présent, l'âme de Yoongi serait enfermée dans le glaive de son père; et que son cri perçant de douleur et de désespoir, à chaque fois qu'Arès brandissait son glaive, faisait trembler de peur même le plus courageux des hommes.
Et Poséidon supplia également Hadès de lui rendre l'âme de son fils, pour l'emprisonner dans l'écume des vagues; la nuit, ce n'était pas le chant des sirènes que l'on entendait, mais la longue plainte agonisante de Jimin.
"Le feu et l'eau enlacés périront par la flèche dorée".
.
well.
c'est la fin d'un long os sur lequel j'ai passé pas mal d'heures dessus... je ne suis pas du genre à me vanter du nombre de mots (la quantité ne fait pas la qualité), mais là je suis plutôt fière du résultat: environ 13 000 mots !!!!!
j'ai écrit la scène finale avec outro:tear et truth untold en boucle (intenseeeeee), espérons que j'ai réussi à retranscrire un brin de désespoir aha!!
sinon, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, je suis toujours super curieuse (et super ravie) d'avoir vos avis!!
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