SKOLL (part 2)
𝕾𝖐𝖔𝖑𝖑
(ℑ 𝔣𝔢𝔢𝔩 𝔶𝔬𝔲𝔯 𝔟𝔬𝔡𝔶 𝔢𝔩𝔢𝔠𝔱𝔯𝔦𝔠)
PART II
"Serre moi fort que j'oublie que c'est le chaos"
La neige commençait à fondre; et, peut-être aussi, que la glace autour de son cœur se fissura un peu.
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heat
dirty talk
slight graphic scenes
nude gifs (ouuuh des fesses)
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Trois mois.
Trois mois et demi, pour être exact.
Trois mois depuis qu'il avait serré sa fourrure, les doigts tremblants, autour de ses épaules, les yeux peureux grands ouverts et découvrant avec crainte le fjord qui abritait le clan des Loups de Midgard. Trois mois depuis qu'il avait foulé le sable noir du village, à sa descente de drakkar. Trois mois qu'il avait été entassé avec les autres Thraellar dans la hutte basse de bois sombre.
Trois mois aussi depuis que Yoongi avait défoncé la porte avec violence, le traînant jusqu'au chevet de son meilleur ami en lui promettant de l'étriper s'il ne le sauvait pas. Trois mois depuis qu'il avait négocié sa liberté au-dessus du corps transpirant et délirant du fils du chef alpha, empalé sur une dague.
Trois mois, pensa Jimin en raffermissant sa prise autour de son manteau, les joues rougies par le vent et les yeux observant le fjord gelé. La glace commençait à craqueler, laissant les arabesques hivernales valser avec délicatesse; les arbres perdaient de leur manteau de blancheur petit à petit; et bientôt, les premières avalanches dévaleraient les penchants de la colline, de l'autre côté de l'immensité figée. Bientôt, quand les routes seront suffisamment praticables pour pouvoir briser la fine couche de glace, il prendrait le premier drakkar pour rentrer chez lui. C'était un homme libre, à présent, et même s'il s'était plus ou moins intégré dans la tribu qui l'avait jadis fait captif, il se languissait de ses chaumières familières.
Ici avait été sa maison pendant un temps; mais le clan de l'Est était et demeurait sa vie, son chez lui, et il lui tardait de pouvoir fouler les bientôt verdoyantes collines de son village. Ici, il n'avait pas d'attaches. Certes, les habitants avaient appris à lui faire confiance depuis qu'il avait repris la hutte du guérisseur, mais il lisait bien dans leurs yeux qu'il était toujours une forme de curiosité pour eux. Qu'est-ce qui pouvait bien le retenir? Ces mêmes loups qui à présent lui confiaient leurs santés -- et parfois même leurs vies -- étaient les mêmes qui l'avait fait prisonnier de guerre, saccageant sa caste et retournant les huttes à feu et à sang.
Parfois, dans ses rêves, il lui semblait même pouvoir entendre les cris des mères et les insultes des pères. Parfois, dans ses rêves, il s'imaginait de nouveau pouvoir admirer la beauté de la lande nordique, au lieu de cette dernière vision affreuse des volutes de fumées s'élevant dans l'air glaçant. Et, parfois, c'était avec le sillon brûlant des larmes sur ses joues qu'il se réveillait en sursaut.
Alors, qu'est-ce qui le retenait ici? Qui le retenait ici?
Hoseok, le bêta avec qui il s'était plus ou moins lié d'amitié, lorsque ce-dernier avait été obligé de veiller un œil sur lui pendant la première épidémie de grippe? Namjoon, qui ne parlait jamais beaucoup, mais qui lui lançait des regards complices? Yoongi, qui avait usé plus d'une fois son statut d'alpha pour passer son agressivité sur lui, et qui était toujours surpris quand il voyait le jeune blond ne pas en démordre? Jeongguk...?
Jimin avala avec difficulté la boule qui se formait dans sa gorge à chaque fois qu'il était mention de quitter les yeux sombres et pénétrants de l'héritier au trône. Par Odin, il ne devait pas penser à cela. C'était à l'encontre de son rang, de son statut, de ses principes et de sa morale. En un mot, c'était à l'encontre de tous les préceptes qu'il s'était imposé, et voilà que tout cela venait d'être démoli comme un vulgaire vase d'argile qu'on fait tomber sur le sol. Il se disait toujours qu'il y avait des alphas qui lui conviendraient mieux qui l'attendaient dans son clan -- Taehyung et son sourire ô plus que charmant, notamment. Par tous les dieux, avant même d'être capturé, il était sur le point de se faire courtiser.
Mais voilà que Jeongguk était rentré dans l'équation, et tout avait changé depuis lors. Sa petite vie bien rangée, bien organisée, partie dans la même fumée qui avait recouvert son village le jour de sa capture.
Ce n'était pas comme s'il lui avait déclaré sa flamme, mais les signes ne trompaient pas. La façon dont il s'était inquiété lorsqu'il avait pris en charge l'épidémie. Le fait qu'il l'ait ramené dans son lit et non dans la hutte du guérisseur quand le jeune oméga s'était effondré dans la neige -- le fait que ce soit lui qu'il l'ait retrouvé en premier lieu, déjà, voulait dire beaucoup. Les regards lourds de sens que Jimin sentait dans son dos au moindre de ses mouvements, et le blond ne saurait dire si cela avait pour but de s'assurer qu'il respirait toujours, ou pour l'admirer discrètement. La façon dont il ne le quittait pas des yeux lors des grandes fêtes et que d'autres alphas venaient lui parler, son poing serré et sa mâchoire contractée, presque prêt à bondir dès que l'un d'entre eux outrepasserait ses droits. Les grognements bas que le blond s'imaginait presque entendre, signe d'une possessivité débordante, incontrôlée, incontrôlable, et qui n'avait pas lieu d'être. Les frissons d'électricité quand leurs mains s'effleuraient, et son sourire mutin en coin qui voulait signifier que ce n'était pas pure coïncidence.
Jimin n'était pas bête -- sa mère lui avait toujours dit que les dieux, en embrassant son front au-dessus du berceau, lui avaient donné l'intelligence. Il comprenait tout cela, et pire encore, il voyait tous ces signes. La façon dont Yoongi posait sa main sur son biceps pour le dissuader de faire quoi que ce soit dès qu'un autre alpha s'approchait trop près de lui. La façon dont Namjoon l'observait toujours du coin de l'œil dès qu'ils étaient dans la même pièce. La façon dont Jeongguk ne détournait pas les yeux quand il était surpris par le plus jeune en train de l'observer.
Il y avait tous ces signes qui le déstabilisaient au plus grand point. Et il y avait les disputes, aussi.
Le besoin permanent et perpétuel du jeune blond de venir le contredire, de venir chercher son attention; le calme olympien du noiraud dans la façon de lui répondre, presque agaçante, comme s'il savait très bien quelles ficelles Jimin voulait tirer à lui. Hier encore, ils avaient eu une conversation animée en plein milieu de la salle du conseil au sujet du départ du guérisseur; et si l'oméga ne commençait pas à aussi bien connaître Jeongguk, il n'aurait su déceler la pointe blessée qui dansait dans ses pupilles. Et, comme à l'accoutumée, Yoongi avait clos la discussion en intimant au jeune homme de se rappeler de sa place ici. Et, comme à l'accoutumée, le blond avait mordu l'intérieur de sa joue pour ne pas envenimer la situation, les poings serrés.
Il avait pourtant tous les droits de venir reprocher le comportement du mâle alpha: ce-dernier lui avait promis qu'il le laisserait partir, et voilà que maintenant il reportait le jour fatidique le plus possible. Certes, la glace était encore trop épaisse pour prendre les drakkar, mais le jour de son départ approchait inexorablement. Le repousser encore plus n'était qu'une façon de gagner du temps, même si Jimin ignorait pourquoi le noiraud en aurait besoin.
Quel temps? De quoi avait-il besoin? Pourquoi en avait-il besoin? Pour l'avoir plus prêt de lui, encore un peu de temps, avant de le laisser partir pour de bon? Le jeune blond ne saurait le dire. Et pourtant, parfois, dans son sommeil, lui aussi s'imaginait rester un peu plus encore.
Il se mentirait s'il disait qu'il ne ressentait pas toutes ces choses là aussi. La façon dont son regard durcissait lorsqu'une brunette lui servait du vin, la tunique en lin basse sur ses épaules, laissant ses clavicules au regard neutre du noiraud. La façon dont ses prunelles étaient toujours et encore attirées vers son profil, première silhouette qu'il cherchait dans une foule, dans une fête, dans une pièce.
Le jeune homme souffla une dernière fois dans l'air particulièrement froid de ce début de journée. Il avait passé un peu trop de temps sur ce ponton, et à présent, il devait retourner à l'intérieur de sa hutte. Les chasseurs seraient bientôt de retour, et il pouvait presque être certain qu'il devrait guérir de petites blessures -- le vent et le froid mordant étaient impardonnables, même pour des guerriers aguerris. Serrant une nouvelle fois son manteau au plus proche de lui, ce fut avec un petit soupir qu'il tourna dos au lac de glace et qu'il se dirigea vers la petite hutte de bois sombre, avec cette envie de pressante de se mettre à l'abri quand il sentit ses doigts s'engourdir.
Et, par le hasard de Frigg, les hommes venaient justement de rentrer de leur expédition. Là, à l'orée de la forêt, un ou deux lapins jetés par-dessus leurs épaules. La récolte était maigre, mais ils s'en doutaient; ce n'était là qu'un prétexte pour Jeongguk, ses deux conseillers et un ou deux hommes du clan de se dégourdir un peu les jambes et de faire quelque chose de la journée. Ils avaient encore suffisamment de provisions pour tenir tout l'hiver, mais de la viande fraîche n'était jamais de refus.
De là où il était, Jimin en profita pour admirer, peu subtilement, le profil du mâle alpha. Quelques flocons blancs parsemés dans sa chevelure ébène. Un sourire finement dessiné sur ses lèvres tentatrices, tantôt moqueur et arrogant, tantôt subtil et doux. La peau de bête jetée sur ses larges épaules, réconfortantes, mais cachant la musculature de son torse, qu'on devinait sous sa tunique épaisse. Et ses yeux -- ô par Odin, ses yeux. Deux perles de charbon plus intenses et plus brillantes que n'importe quels orbes Jimin avait pu voir dans sa vie. Empreintes d'une flamme qui faisait naître mille frissons dès qu'elle lui était destinée.
Depuis quelques temps, dès qu'il posait les yeux sur lui, Jimin ressentait quelque chose d'étrange dans son ventre – encore plus, de toute évidence, dès qu'il avait cette étincelle dans ses yeux. Comme si on avait tiré une flèche enflammée dans ses entrailles. Même s'il connaissait cette sensation, comme tout oméga qui avait passé l'adolescence, il y avait tout de même quelque chose de différent lorsqu'il s'approchait de Jeongguk. Comme si c'était lui directement, son odeur de musc et son regard pénétrant, qui déclenchait cette chaleur dans son bas-ventre, ces tremblements et cette sensation de ne jamais en avoir assez, d'être trop loin de l'alpha, de manquer de chaleur humaine. Et même s'il se doutait du sens de tout cela, il ne voulait vraiment y penser. N'y pensant pas à voix haute, préférant plutôt de chasser ses pensées et de se contenter d'admirer la silhouette de l'héritier, au loin.
Mais les chaleurs étaient de plus en plus fréquentes, symptômes évidents que ça allait arriver, mais, comme toujours, il ne préférait pas y penser.
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Les cris.
C'était les cris qui le paralysaient le plus. Qu'il était atroce, de les entendre -- et se boucher ses oreilles n'était pas suffisant. Les cris des femmes, les cris des enfants. S'insinuant avec horreur dans ses veines, le figeant de tout son être. Les cris des hommes, les cris des guerriers. Faisant battre son cœur au rythme du fracas des armes.
Il y avait l'odeur du sang et la fumée épaisse qui suffoquait ses poumons, aussi, mais c'était toujours les cris qu'il détestait le plus. Il y avait le bruit assourdissant des corps qui tombent, inanimés, par terre, et le tintement clair des lames contre lames. Il y avait la peur panique qui parcourait son corps, mais c'était, toujours et encore, les cris qui le glaçaient sur place.
Jimin n'avait rien vu venir, comme la dernière fois qu'un raid avait mis à feu et à sang son clan. Seulement, cette fois-ci, ce n'était pas le clan de l'Est; mais la déchirure dans son cœur était tout aussi profonde quand il entendait les pleurs de panique des jeunes enfants.
Ils n'avaient rien vu venir. Leurs assaillants étaient arrivés avec la brume du matin, profitant de l'effet de surprise pour pouvoir faire autant de dégâts que possible. Dans le fracas d'armes et de casques que l'on enfonce sur le crâne avant de partir sur le front, le blond avait entendu le nom de leur ennemi: le clan du Corbeau, le même clan qui avait pris Jeongguk et ses hommes en embuscade il y a quelques mois, pour l'empaler sur une dague empoisonnée. La même dague qui avait été le début de tout, et, surtout, de sa liberté.
Très naïvement, le jeune oméga pensait qu'ils auraient attendu la fin de l'hiver pour attaquer et finir ce qu'ils avaient commencé. La neige était épaisse dans la vallée, et la réputation des Loups les précédaient, alors il s'était pensé à l'abri, le temps de quelques semaines. Maintenant qu'il y pensait, le fils alpha, son père et ses plus proches conseillers avaient sans doute senti le danger approcher, comme le vent lorsqu'il porte l'odeur du chasseur; mais, au vu de leur état de surprise, ils ne pensaient pas de toute évidence que cette attaque se déroulerait aussi tôt.
Et, à présent, les cris d'au-dehors bloquaient ses jambes et rendait sa respiration laborieuse. Il était dans la hutte du guérisseur quand tout avait commencé -- lâchant un bocal d'absinthe, qui s'était fracassé par terre, en entendant le premier hurlement barbare. Hoseok devait le rejoindre plus tard dans la matinée, mais, de toute évidence, leurs plans étaient tombés à l'eau au moment même où les Corbeaux avaient dévalé le flan ouest de la montagne. Alors Jimin, après avoir jeté un coup d'œil dehors qui lui avait glacé le sang, avait fait ce qu'il savait faire de mieux.
Il s'était caché.
Il s'était glissé derrière un panier tressé où étaient entassés diverses fourrures -- avec lesquelles il couvrait les patients quand ils étaient tremblotants --, les genoux repliés contre son torse et une dague cachée dans sa manche. Ce n'était pas là un acte de couardise: c'était un oméga, par Odin. Il savait manier l'arc et les flèches, pouvait dépecer une bête sans problème, savait comment infliger les pires tortures avec une fine lame: mais cela, ce n'était que lorsque l'adrénaline battait aveuglément dans ses tempes, le rendant sourd face à sa conscience qui lui hurlait de s'enfuir. Et là, il savait qu'il ne ferait pas le poids. Il savait qu'il n'aurait aucune chance. Il était faible, trop faible, et pour la énième fois de son existence, il maudit sa condition. Ce n'était pas un guerrier, mais un simple guérisseur qui savait se défendre -- et il tenait beaucoup trop à la vie pour se jeter ainsi dans la gueule du loup.
Et, plus que tout, il ne voulait pas être fait prisonnier de guerre de nouveau. Ne voulait pas subir de nouveau cette humiliation et cette torture de devoir lentement et péniblement descendre du drakkar, se faire palper par ses détraqueurs, et d'être jugé par les habitants pour savoir si c'était là un bon esclave. Le clan des Loups avait été assez clément envers lui pour lui rendre sa liberté, et il ne savait pas si la tribu qui était en train de les attaquer serait tout autant miséricordieux et indulgent. Peut-être qu'il serait tué sur place, tout simplement.
De longues minutes s'étaient écoulés depuis l'arrivée des étrangers sur leur sol, mais Jimin avait l'impression que c'était des années. Les cris, eux, ne diminuaient pas, venant hanter l'oméga comme des elfes noirs, comme des Jötunn, comme des goules assoiffées de sang qui voulaient le torturer. Le blond s'était retenu de pleurer, impuissant, alors que le peuple qui l'avait accueilli était en train de se battre de toutes ses forces. Mais, même en plaquant ses mains contre ses oreilles, il n'y avait rien à faire, les pleurs des enfants étaient toujours aussi déchirants.
De toute évidence, c'était ces cris-là qui étaient les plus horribles à entendre. Comment pouvait-on allègrement tuer la jeunesse insouciante et si douce qu'on lisait sur leurs visages bambins? Il savait que les Vikings entraînaient leurs descendance dès qu'ils étaient en mesure de tenir sur leurs deux jambes -- Jimin le savait bien, parce qu'il en avait fait parti, lors de ses premiers printemps. Mais, quoi que l'on dise et quoi que l'on fasse, il lui était insupportable de ne serait-ce qu'imaginer s'en prendre à des enfants.
Contre toute attente, il se redressa brusquement, malgré ses mains tremblantes. Il ne pouvait pas les laisser là, il ne pouvait pas les laisser comme ça. Il ne pouvait pas laisser les plus jeunes d'entre eux se faire massacrer pendant que les aînés s'occupaient des guerriers. Quelqu'un devait se tenir devant eux pour les protéger, exactement de la même façon dont il l'avait fait quand il s'était tenu droit dans ses bottes, quand il avait plaidé sa cause auprès de Jeongguk pour le laisser le reprendre le rôle de guérisseur. Exactement de la même façon dont il s'était sacrifié et qu'il avait donné son croûton de pain à la fillette à ses côtés, dans la hutte des esclaves. Tout son combat avait été de prouver qu'il pouvait s'occuper d'un peuple qui n'était pas le sien, qu'il était de son devoir de protéger les plus faibles. Que c'était de leur devoir à tous, les alphas inclus. Alors aujourd'hui, il allait appliquer ses paroles à la lettre.
Il ne vaudrait pas mieux que tous les contes qu'on racontait sur eux s'il laissait des innocents mourir. Il n'était pas comme ça, il valait mieux que cela.
Alors, les mains tremblantes, il saisit son arc et ses flèches, qu'il gardait toujours dans la hutte du guérisseur -- qui était devenu sa maison, avec le temps --, ainsi qu'une épée légère. La main sur la poignée, il adressa une dernière prière aux dieux, prit une dernière grande inspiration, avant d'ouvrir la grande porte en bois.
Dehors, c'était le chaos. Tout Viking qui se respecte avait vu un champ de bataille au moins une fois dans sa vie, mais ce n'était pas pour autant que le jeune blond était habitué à cette vision des enfers. Comme si Hel avait déversé sa haine et son poison sur le village, crachant du feu et du sang. Les guerriers ennemis semblaient venir tout droit de son sein maléfique, emprisonné dans des tenues de cuir noir; et malgré les casques aux cornes effrayantes cachant leurs visages, l'oméga pouvait toujours voir l'étincelle de folie meurtrière dans leurs yeux sans vie et sans humanité. Il jeta un rapide coup d'œil à ses environs, essayant tant bien que mal de repérer un visage familier dans toute cette anarchie.
Mais rien. Pas de Namjoon, pas d'Hoseok, pas de Yoongi, pas de Jeongguk. Et ses entrailles se serrèrent alors que ses pupilles ne trouvaient pas le profil si familier de l'héritier alpha. Cette fois, ce n'était pas cette douce chaleur confortable qui pulsait dans ses veines, mais cette peur sourde qui collait à la peau, cette inquiétude qui s'infiltrait comme un poison dans ses pores, cette panique qui serrait son cœur et qui rendait la respiration difficile.
Sa conscience et son instinct primitif lui hurlèrent de se mettre en mouvement, et Jimin sortit un peu de sa transe, secouant sa tête pour chasser ses pensées malsaines. Jeongguk était un grand garçon, il avait sûrement survécu à bien pire que cela. Il pouvait se débrouiller, et il n'avait de toute évidence pas besoin de l'aide d'un oméga comme lui.
A la place, le jeune homme se concentra sur sa mission sauvetage, qui pouvait rapidement tourner au suicide s'il ne se dépêchait pas de trouver les enfants. Son arc en travers de son dos et son épée en face de lui, il longea les huttes de bois sombre, en parvenant à ne pas attirer trop d'attention sur lui. La sueur perlait déjà sur son front, et ses mains étaient moites autour du pommeau de son arme.
Si Jimin avait pu entendre les cris des enfants de là où il était, il était évident qu'ils n'étaient pas très loin; ses yeux scannant les environs, évitant de justesse un lancé de hache, il trouva bien rapidement la hutte qui faisait office d'école. Par chance, elle n'avait pas encore été investie par les barbares, et mentalement, Jimin accorda une autre prière à Asgard. Autant mettre toutes ses chances de son côté, y compris la clémence des dieux.
Au moment même où il allait s'élancer en direction de la hutte, un corps tomba devant lui -- une femme qui l'avait aidé plusieurs fois à cueillir les dernières herbes de l'hiver. Ses doigts le démangeait, le suppliant de s'occuper d'elle, mais il n'y avait rien à faire: elle perdait beaucoup trop de sang, si on en croyait la profonde blessure à son abdomen. Cela lui faisait mal, d'autant plus pour un oméga guérisseur, mais il avait les enfants à protéger et à faire sortir d'ici. Une chose après l'autre, dans le sens des priorités.
Quand il poussa la porte en bois du bout de son épée, il fut soulagé de voir que la plupart des louveteaux du village étaient là, recroquevillés entre eux, tremblants, les grands yeux plein de larmes et de peurs. Il devait y en avoir une bonne dizaine, et même si le jeune homme savait qu'il y en avait plus en temps normal, il devait s'occuper du plus grand nombre avant de se préoccuper des progénitures restantes. Cela lui faisait atrocement souffrir, mais c'était le plus sûr à faire pour le moment.
Abaissant doucement son arme, Jimin ferma la porte derrière eux, avant de se retourner avec un sourire qui se voulait rassurant, comme pour montrer qu'il n'était pas un étranger et qu'il ne leur voulait pas de mal. La fillette de la hutte des Thraellar le reconnut en premier, ses épaules s'affaissant, comme si un poids venait de lui être ôté.
"Ecoutez-moi, les enfants, chuchota-t-il en captant l'attention du plus grand nombre. Je vais vous faire sortir d'ici. Les plus grands, vous prenez dans vos bras les plus petits, et s'ils sont trop lourds, vous les tenez par la main. On s'assure que personne est resté derrière, on veille les uns sur les autres, d'accord?
Un faible hochement de tête parcourut le petit groupe, et rapidement, les enfants se regroupèrent comme indiqué. Jimin pris contre son torse un enfant de quelques mois: il y aurait moins de chance pour lui de pleurer et de se faire repérer s'il avait le visage bien enfoui dans son cou, son nez baigné par les phéromones apaisantes et rassurantes de l'oméga. Il brandit son épée en face de lui, et avant de pousser une nouvelle fois la porte, il se retourna une nouvelle fois derrière les louveteaux, qui le regardaient avec peur, leurs petites mains serrées autour de leurs manteaux de fourrure.
"Ne me perdez pas du regard, quoi qu'il arrive. Ne regardez rien d'autre que moi, ne vous concentrez que sur moi. Tout va bien se passer, d'accord?
Puis, se penchant vers la fillette, qui semblait la plus âgée de la troupe, il lui chuchota, suffisamment bas pour que les autres ne paniquent pas:
"S'il m'arrive quelque chose, dit-il en lui offrant une dague qu'il avait caché dans sa botte, je veux que tu les emmènes à la grotte dans la forêt. Tu restes là-bas, et tu attends que quelqu'un vienne vous chercher. Si ce n'est pas l'un de nous, tu te sers de cette dague, comme Hoseok vous a appris. Je peux te faire confiance?
La fillette, bien qu'au bord des larmes, réussit toutefois à hocher péniblement de la tête. Jimin lui offrit un petit sourire, même s'il n'atteignait pas ses yeux, et lui caressa la tête en guise d'encouragement. Il savait que c'était compliqué psychologiquement, qu'il lui mettait la responsabilité d'une douzaine de vies, en plus de la sienne, sur sa conscience si quelque chose lui arrivait -- mais la bataille rageait dehors, et il valait mieux être prudent. Il valait mieux s'assurer que ces enfants seraient encore entre de bonnes mains s'ils faisaient une rencontre infortune.
Il ne laissa pas ses propres mots l'atteindre, et serra les dents. Il devait se montrer fort, ces petits comptaient sur lui, et leurs parents aussi. Il se releva, les yeux déterminés, le louveteau contre son torse et son épée protectrice devant lui.
"Prêts?
Il n'attendit pas la réponse, poussant la porte d'un coup de pied. Et voilà qu'il se retrouva de nouveau sur le champ de bataille, à la simple différence que cette fois-ci, il était accompagné d'une dizaine d'enfants, et qu'ils étaient sous sa responsabilité et sous sa protection. Il jeta un coup d'œil derrière son épaule pour s'assurer que tout le monde le suivait.
Il ne serait dire si le combat touchait à sa fin ou non. Il lui semblait qu'il y avait moins de monde dehors, mais le déchaînement de haine n'avait pas faibli pour autant.
Les peuples du Nord étaient des brutes, des barbares, ne craignant que les dieux. Même la glace, même les bêtes, même les hommes ne les effrayaient pas. Mais pour des enfants, encore tendres dans leur innocence déjà de courte durée, c'était un spectacle dur à regarder. Le jeune homme savait bien que certains d'entre eux laisseraient leurs regards vagabonder vers les scènes de violence sans nom, poussés par une pulsion morbide qui fait qu'on n'arrivait pas à détourner les yeux. Qu'il aurait voulu les protéger, pas seulement physiquement, mais également dans leur candeur juvénile. Rien qu'à cette pensée, il serra contre lui encore plus fort le petit louveteau, qui, bien que réveillé, était relativement calme grâce aux phéromones réconfortantes de l'oméga -- et puis, son visage était si profondément enfoui dans le cou de Jimin qu'il ne pouvait apercevoir les scènes d'un théâtre les plus sanglants.
De nouveau, il n'essaya pas de repérer les alphas, persuadé qu'ils s'en sortaient très bien. Sa progression était rapide; apparemment, les guerriers du clan du Corbeau n'avaient pas encore repéré la petite procession, trop occupé à s'attaquer aux hommes en âge de se battre, étant donné que c'était les principaux adversaires.
Mais encore une fois, il parla trop vite.
Parce que devant eux, se tenait un homme, un sourire cruel et narquois peint sur ses lèvres charnues; dégoulinant de sang, la lame de son épée complètement recouverte de rubicond, sa tunique déchirée, et une lueur de folie pure dans ses yeux. Il en était persuadé, cela n'avait rien avoir avec un Loup de Midgard; et il était beaucoup trop grand et imposant pour pouvoir espérer s'en débarrasser facilement. Tout se passa beaucoup trop vite; il brandit son épée en criant à la fillette de s'enfuir avec les autres, se tourna de profil pour créer le plus de distance possible entre le nourrisson qu'il avait encore dans les bras et le barbare en face de lui. Mais la panique rendait sa main tremblante et incertaine, et le Corbeau n'eut pas beaucoup de mal à le désarmer. Il tenta de s'enfuir, en vain; il tenta de reculer, en vain. Et son souffle se coupa quand il vit l'homme brandir sa hanche haut au-dessus de sa tête. Il ne put que se retourner et s'accroupir, présentant son dos, protégeant de son corps le louveteau aux creux de ses bras, les yeux fermement serrés et le cœur battant qui attend son heure.
Mais l'homme n'abattit jamais son arme.
Ce ne fut qu'au bout d'un certain temps, ne comprenant pas pourquoi il n'était toujours pas mort, que Jimin se retourna doucement pour savoir ce qu'il en était. A la place de son sourire narquois et cruel, un hoquet de douleur, le sang dégoulinant de sa mâchoire, les yeux parcourus d'une étincelle de panique -- avant de tomber face contre sol, raide mort, une hache plantée profondément dans son dos. A sa plus grande honte, Jimin ne put contenir le petit cri de surprise qui échappa de ses lèvres.
Derrière lui, glorieux avec sa cape de fourrure flottant au vent, des éclaboussures d'hémoglobine lui maculant le visage, une entaille à la pommette et une lueur sombre dans ses pupilles, se tenait Jeongguk. Ses cheveux étaient défaits, et de là où il était, le guérisseur était presque sûr d'apercevoir une plaie au niveau du scalp.
Il était là. Il était devant lui, victorieux, guerrier, combattant. Et, plus que tout, il l'avait sauvé.
Jimin retint avec peine le sanglot de soulagement, tandis que son corps, lui, régissait d'une manière bien étrange -- les papillons étaient revenus, et une vague de chaleur parcourra son épiderme quand il admira l'alpha dans toute sa splendeur. Ce-dernier lui offrit une main pour lui permettre de se relever, que l'oméga accepta volontiers; et une fois de nouveau sur ses pieds, Jeongguk le plaqua contre son torse, prenant bien soin de ne pas écraser le petit-être encore fermement maintenu dans les bras du blond.
(L'espace d'un instant, l'esprit désabusé de Jimin imagina quelle serait sa vie si l'enfant qu'il avait contre son cou était le leur, et il sembla que ses entrailles étaient de nouveau parties en fumée.)
Sa main était crasseuse et poisseuse quand il caressa doucement la joue de Jimin, mais tous deux n'en avaient que faire; tandis que, les yeux cherchant frénétiquement toute trace de blessure, il s'enquérait:
"Tu vas bien?
Le jeune homme hocha la tête, ne faisant pas confiance à sa voix pour être calme et posée. Sa lèvre tremblait, signe évident que toutes les émotions retombaient, d'un coup, et qu'il était difficile d'encaisser. Mais Jeongguk était là, contre lui, le protégeant de ses bras si puissants qu'il lui semblait que, contre son torse, était l'endroit le plus sûr sur Terre. Voyant clairement l'état de désespoir et de peur plus que lisibles sur le visage de l'oméga, l'héritier glissa sa main derrière la nuque de son vis-à-vis, avant de le tirer de nouveau contre son torse, laissant sa cape couvrir un peu ses épaules aussi. Il semblait qu'il voulait qu'ils fondent l'un dans l'autre, qu'ils ne fassent qu'un; et Jimin, la tête calée contre le cou du guerrier et respirant à plein poumons son odeur si caractéristique, ne pouvait dire le contraire.
Mais cette parenthèse agréable ne fut que de courte durée; puisque Jimin se décolla brusquement au son d'un cri d'outre-tombe, dur rappel à l'ordre de la situation dans laquelle ils étaient. La peur et la panique de nouveau clairement lisible dans ses iris, sans même chercher à cacher ses émotions si violentes et si brutes, il détourna son regard vers Jeongguk, la voix affolée:
"L-Les enfants...
Il put clairement apprécier le moment où la mâchoire de l'alpha se raidit, la détermination brûlante dans ses yeux alors qu'il laissait ses prunelles couvrir du regard les joues rondes du louveteau encore contre le torse de l'oméga, avant de reporter son attention vers le blond en face de lui.
"Où est-ce qu'ils sont?
"J-Je les ai envoyé vers la grotte.
La jeunesse était certainement l'une des premières priorités dans un clan. Chacun portait un intérêt tout particulier en direction de leurs descendances, se jurant de les protéger de leurs vies s'il le fallait. C'était la chair de leur chair, le sang de leur sang, ceux qui combattront pour eux plus tard quand leurs peaux vieillies ne pourront plus soulever un glaive. Et c'était une tâche qui incombait tout particulièrement au chef de la caste; encore plus, si possible, à ses héritiers. Et Jimin comprenait tout à fait cette réaction qu'on pouvait lire sur les traits du noiraud. Il avait juré de défendre la veuve et l'orphelin, d'être leur porte-voix, leur bouclier, leur épée.
"Va les rejoindre.
Et à présent, le guérisseur ne pouvait qu'admirer la détermination et l'autorité qui découlait de sa voix, de ses muscles, de son aura. Il était fait pour être chef. Certes, Jimin en avait déjà conscience; mais aujourd'hui, en plein milieu du champ de bataille, après lui avoir sauvé la vie et voulant en sauver bien d'autres encore, le sang maculant son visage et la brûlure dans ses orbes si intenses, qu'il ne put que se dire que l'alpha était destiné pour être chef. Roi des clans, peut-être, un jour aussi. Odin avait taillé de lui-même l'étoffe dans lequel il était né; Frigg avait taillé d'elle-même la cape qui reposerait sur ses épaules augustes; et Loki avait taillé de lui-même tous les obstacles qui se mettront au travers de son chemin pour qu'il puisse les surmonter avec aise.
Il y avait encore cette flèche incandescente qui crépitait dans les entrailles du jeune blond.
"Jeongguk...
"Va. Tu seras plus en sécurité si tu es loin des combats. Protège-les. Je viendrais vous chercher quand tout sera fini.
"Non, Jeongguk, je...
"Jimin.
L'héritier prit son visage en coupe, moyen subtil pour que le jeune oméga se concentre d'avantage sur ses propos -- même si, inconsciemment, Jimin avait l'impression que ce contact de ses paumes sur ses joues avait provoqué mille frissons sous son épiderme.
"Tu as un enfant dans les bras, tu ne peux pas combattre ici. Protège-les. Je vais rester ici et m'assurer que personne ne vienne en direction de la grotte, d'accord? Je ne les laisserai pas te faire du mal, je te le jure.
Et Týr, dieu du ciel et exemple de hardiesse, laissa son pouvoir prendre possession des veines de Jeongguk, pour le pousser à venir embrasser doucement le front du jeune homme en face de lui, comme un moyen de le rassurer et de lui dire que tout allait bien se passer. D'autres frissons et d'étincelles sur sa peau au simple contact de ses lèvres, et Jimin ne put empêcher ses yeux de se clore un instant, voulant chérir ce moment pour toujours, oubliant tout ce qu'il y avait autour d'eux, pour ne se concentrer sur rien d'autre que la chaleur qu'émanait du corps de l'héritier contre lui.
Après quelques instants, Jeongguk se détacha de lui, un petit sourire s'étirant sur sa bouche délicieuse -- et l'oméga dû retenir de tout son soûl le gémissement qui manqua d'échapper de ses lippes à l'absence de contact. Un dernier hochement de tête, et les mains chaudes quittèrent la douceur de ses joues, avant de se rediriger vers la bataille, main sur le pommeau de son épée et le regard que seul un guerrier pouvait avoir.
Non. Jimin refusait. Il ne pouvait pas le laisser comme ça. Il ne pouvait pas le laisser tourner les talons et ne rien dire, ne rien faire de plus. Par tous les dieux, ils pouvaient mourir aujourd'hui, demain, ou maintenant au détour d'une hutte. Une hache pourrait voler en leur direction et tout serait fini. Non. Le jeune homme ne voulait pas le laisser comme cela. Il savait que Jeongguk était un guerrier aguerri, qu'il ne laisserait pas un barbare ennemi prendre le dessus sur lui; mais c'était de la nature du blond de s'inquiéter pour les gens, comme il l'avait fait pour les enfants et comme il le faisait à présent pour l'héritier.
"Jeongguk! appela-t-il au-dessus du tumulte des combats.
L'interpellé se retourna, un peu étonné.
Et étonné il était, quand Jimin franchit les quelques pas qui les séparait, pour laisser lui aussi Týr prendre possession de son esprit. Étonné il était, quand l'oméga agrippa le haut de son plastron en cuir brun, ses doigts caressant la peau de ses clavicules, pour le tirer à lui... et pour écraser ses lèvres contre les siennes.
Il sembla que les sbires de Freyja chantèrent au-dessus de leurs têtes, quand, la surprise passée, le noiraud répondit au baiser avec tout autant de rage que Jimin de désespoir. La bouche de l'un était chaude contre celle de l'autre, avalant les soupirs de son partenaire. Parce qu'enfin, enfin, ils s'embrassaient, laissant leurs corps parler pour eux. Ils étaient en plein milieu d'un champ de bataille, et pouvaient mourir à tout moment si l'un du clan du Corbeau décidait de s'en prendre à eux. Mais ils n'en avaient cure; l'alpha vint même glisser une main le long de la hanche de son amant, pour le rapprocher de lui et lui permettre de mieux dévorer sa bouche si délicieuse. Et rien qu'à cette action, le feu dans les entrailles de l'oméga était encore plus intense qu'auparavant, laissant un doux frisson de chaleur pulser dans ses veines.
Ils étaient en plein milieu d'un champ de bataille, et c'était ce qui rendait le baiser encore plus incroyable qu'il ne l'était déjà. Cette adrénaline qui battait dans leurs tempes, cette palpitation qui embrassait leur cœurs, cette fièvre de vivre et de revoir l'autre en vie. Pourquoi avait-il fallut qu'ils attendent trois mois, qu'ils attendent le pire moment, pour laisser leurs bouches découvrir l'autre?
Quand, enfin, ils se séparèrent pour inspirer l'air frais de l'hiver, Jimin répondit à la question silencieuse qu'on pouvait lire sur le visage de l'héritier.
"Reste en vie.
---
"Jimin?
La voix de Jeongguk retendit dans la colline; et au moment-même où l'écho de sa voix parvint à l'oméga blond, ce-dernier ne put que se redresser, les sens en alerte.
Cela faisait quelques heures depuis qu'ils s'étaient quitté avec un baiser, entre deux combats entre le clan des Loups de Midgard et la tribu du Corbeau. Jimin s'était précipité en direction de la grotte qu'il avait indiqué à la fillette, le louveteau toujours fermement tenu contre son cou, la fourrure de ses épaules autour de son corps frêle au fur et à mesure qu'il s'enfonçait dans la forêt. Le sang battant dans ses tempes, quel n'avait pas été son soulagement de voir tous les louveteaux serrés entre eux, la fillette serrant la dague entre ses petites mains et semblant vouloir protéger tout le monde de son aura. Il en avait presque eut les larmes aux yeux, quand leurs regards innocents s'étaient porté sur lui et qu'ils lui avait offert, rassurant, le plus beau sourire qu'il puisse être.
Et, pendant ces quelques longues heures, atroces, douloureuses et interminables heures, il avait veillé sur leurs petites têtes blondes. De là où il était, prostré à l'entrée de la grotte, l'épée à ses côtés, quelques enfants inquiets autour de lui, il avait essayé d'apercevoir quelque chose du village en contrebas. Mais rien. Les arbres, bien qu'ayant perdu toute leur verdure dans cet hiver désolant, obstruaient de leurs longs bras nus et squelettiques son champ de vision. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était d'entendre le bruit de la violence et des combats, les fracas des armes et le grognement des barbares.
Combien de fois avait-il dû rassurer les enfants? Leur dire que leurs parents allaient bientôt revenir? Ce n'était que des mensonges qui leur offrait sur un plateau d'argent, profitant de leur naïveté pour faire briller de l'espoir dans leurs yeux. Mais il avait trop vu de corps tomber à terre, trop de derniers soupirs poussés, pour être absolument certain du dénouement de la situation. Et puis, personne ne pouvait le rassurer, lui. Son cœur battant la chamade à l'idée de perdre Jeongguk alors qu'ils venaient juste de se trouver. Essayant tant bien que mal de discerner les cris de guerre du noiraud dans le tumulte brillant se déroulant au bord du lac. Mais rien. La colline et la forêt déformaient les sons, allongeaient les écho, rendaient fou d'impatience et d'inquiétude.
Et puis... Il y avait cette chaleur désagréable qui collait à sa peau. Au départ, le jeune homme avait mis cela sur le compte des enfants qui s'agrippaient à son dos, qui se cachaient derrière son épaule et qui cherchait du réconfort contre son cou. Mais c'était quelque chose de plus enfoui, de plus profond à l'intérieur de lui, qui réclamait la présence d'un autre homme -- un alpha de préférence, de toute évidence. Et encore une fois, Jimin voulait tellement ignorer les symptômes, puisqu'il était beaucoup trop tôt pour que ses bouffées de chaleur signifient le besoin omniprésent d'accoupler.
Et même s'il se cachait derrière le déni, préférant se concentrer davantage sur son ouïe si Jeongguk venait à appeler, il savait qu'un moment ou l'autre, cela le rattraperait.
"Jimin? répéta la voix de l'alpha.
Et le jeune homme se redressa, confiant les plus jeunes aux plus âgés des enfants, saisissant son épée et s'avançant jusqu'au devant de la grotte pour s'assurer de l'identité des nouveaux arrivants. La montagne était traître, et il était aisé pour un barbare de contrefaire une voix et d'attirer dans son piège de pauvres oméga naïfs et sans défense. Jimin se complaisait à dire qu'il ne faisait pas partie de cette catégorie-là, alors il s'avança au-devant du potentiel danger pour s'assurer que c'était bien l'héritier.
Et en effet, il était là. Magnifique dans sa cape sombre, jurant avec le blanc du parterre de neige, son visage encore plus maculé de sang, sa hache dégoulinante de carmin fermement serrée dans sa main. Derrière lui, il pouvait apercevoir Namjoon et Yoongi, même s'il lui semblait que le plus vieux boitait légèrement.
"Jimin, souffla de nouveau le jeune homme, plus pour lui même que pour l'oméga, alors qu'il aperçut son profil se dessiner au-devant de la grotte.
Il était là. Et mieux encore, il était vivant.
Il ne sentit pas vraiment son épée glisser de ses doigts, ni ses jambes se mettre en mouvement. Tout ce dont il avait conscience, c'était de la façon dont il courra en direction de l'alpha, avant de sauter dans ses bras et de le serrer dans une étreinte étouffante. Il était en vie, il était en vie; et cette phrase se répétait dans son esprit comme un poème, comme un leitmotiv, alors qu'il sentit les bras puissants de Jeongguk se serrer autour de son corps à son tour, pour le rapprocher de lui et d'enfouir son nez dans son cou pour sentir son odeur à plein poumons. Il était là, et sûrement mieux encore, il était tout contre lui.
Mais, aussi délicieux qu'était ce moment, le simple contact de leurs peaux et le simple fait de sentir son parfum provoqua une bouffée de chaleur beaucoup plus intense que les autres. Et cette chaleur radiant de sa peau ne passa pas inaperçu auprès du jeune homme qui le tenait encore dans ses bras. Doucement, il se décolla de lui, pour voir de quoi il en découlait -- ce qui provoqua un gémissement de peine de la part de l'oméga au manque de contact.
"Tu es bouillant... dit-il avec stupéfaction alors qu'il posait le dos de sa main contre son front pour tester la température.
Jimin, à ce simple contact, se pencha encore plus pour pouvoir sentir plus de peau contre la sienne, fermant presque les yeux, la respiration hachée et l'épiderme toujours aussi bouillant. Et ce fut à ce moment précis qu'il sentit une perle d'autolubrication couler le long de sa cuisse. Ce fut également à ce moment là où Jeongguk le sentit. Cette odeur de pêche et de sucre et de caramel et de sexe, si caractéristique d'un oméga en chaleur, qui n'attendait rien d'autre que de se débarrasser de cette chaleur inconfortable en s'accouplant avec un alpha.
"Alpha... murmura le blond, et le loup à l'intérieur du noiraud ne put que grogner, étant directement adressé.
Quel timing parfait, vraiment, que d'être réduit à un être tremblant et insatiable pile à la fin d'une bataille contre les barbares.
"Alpha, répéta le jeune homme, dans ce qui était à présent davantage une lamentation qu'un gémissement.
Et cela fut suffisant pour Jeongguk de glisser son bras sous les genoux de Jimin pour le soulever et le porter contre son torse, frottant son nez contre sa tempe et lui murmurant des paroles rassurantes, lui disant qu'il allait s'occuper de lui et que tout allait bien se passer. Se retournant vers ses deux aînés à ses côtés, qui le regardaient avec curiosité, il leur signala de s'occuper des enfants pendant que lui allait s'occuper... d'un problème plus urgent.
Et alors qu'il redescendait la colline aussi vite qu'il le pouvait avec le corps du jeune blond contre son torse, il lui murmurait qu'ils avaient gagné, qu'il n'y avait pas eu beaucoup de pertes, qu'il n'avait pas à s'en faire parce que tous les blessés étaient déjà pris en charge, que tout c'était bien passé et que Jimin avait été si courageux, et que Jeongguk était si fier de lui pour son initiative, et qu'il allait s'occuper de lui à présent.
Mais la descente jusqu'au village était dure; l'odeur de lubrifiant naturel emplissait ses narines au dur et à mesure que l'oméga délirait sous la fièvre, disant ô combien il sentait bon; disant qu'il avait besoin de lui tout de suite, de sa peau, de sa bouche, de sa verge. Depuis combien de temps combattait-il contre ses instincts producteurs? Par Odin, que Jeongguk était déjà à l'étroit dans son pantalon quand il arriva enfin à destination, traversant les scènes de chaos et de désolation sous le regard curieux des survivants et des prisonniers.
Par la suite, il dira ne pas se souvenir du chemin qu'il avait emprunté pour rentrer jusqu'à sa hutte personnelle, à côté de celle du chef. Ne se souviendra pas la façon dont il a fermé la porte avec hâte, et la façon dont il a déposé avec douceur le corps de Jimin sur sa couche de paille, de lin et de fourrure. Ne se souviendra pas la façon dont il s'était débarrassé avec empressement de sa cape et de ses armes, avant de se débarbouiller le visage du sang, pour enfin poser ses yeux sur l'oméga.
Jimin avait déjà ôté la plupart de ses vêtements, et tirait sur les derniers, la mâchoire serrée et les yeux fermement clos. Jeongguk pouvait sentir d'ici la chaleur qui émanait de son corps; et à présent que les lourds obstacles textiles étaient retirés, l'odeur était encore plus forte. Les hormones embuaient presque son cerveau, et il était presque sûr que les murs en bois de sa hutte ne seraient pas suffisants pour tout contenir.
Son nom gémit fut suffisant pour le tirer de cette contemplation délicieuse. Avec lenteur et précaution, il grimpa sur la couche, à quatre pattes au-dessus du corps fiévreux de l'oméga, et la main un peu tremblante, glissa ses doigts dans la tignasse déjà humide du blond -- cela eut, par ailleurs, pour effet de le faire revenir un peu à la surface, ouvrant les yeux pour découvrir le visage rassurant et familier de l'alpha au-dessus du sien.
"Alpha... murmura-t-il avec une voix qui dégoulinait tant de soumission que cela était dur pour Jeongguk de ne pas craquer.
"Je suis là, elsker [*amour], je suis là, dit-il d'une voix douce, laissant une main glisser le long de son flanc.
"S'il-te-plaît, alpha, j'ai tellement besoin de toi, commença à balbutier l'oméga, peu repus des caresses légères et subtiles.
Il voulait plus. Beaucoup plus. Il voulait que Jeongguk lui fasse voir des étoiles, qu'il le maintienne contre la couche et qu'il fasse des va-et-viens puissants dans son antre, qu'il le fasse jouir à répétition et qui le marque de son odeur, qu'il le satisfasse et qu'il le remplisse de sa semence, qu'il le griffe, qu'il l'embrasse, qu'il décore son cou de baisers violacés, qu'il griffe ses cuisses et qu'il le touche, par Odin, qu'il le touche.
Peut-être avait-il dit tout cela à voix haute, il n'en avait aucune idée; tout ce qui importait à présent, c'était les mains puissantes du noiraud qui retirait enfin la dernière pièce de tissu de son corps, et la voix beaucoup plus rauque de l'héritier qui s'adressait à lui:
"Jimin, s'il-te-plaît, j'ai besoin que tu sois sûr de toi. C'est vraiment ce que tu veux?
Et de toute évidence, ce fut les hormones qui parlèrent pour lui quand il prit la main du jeune homme dans la sienne pour la plaquer contre son érection déjà si douloureuse, parce que jamais, ô grand jamais, un Jimin sobre et lucide aurait fait preuve d'aussi peu de pudeur.
"Jeongguk, alpha, s'il y a bien une chose dont je suis sûr, c'est que j'ai besoin de toi. En moi.
Et cela fut suffisant pour donner le feu vert à l'héritier du clan. Jimin était si beau ainsi, allongé sur les fourrures luxueuses, les cheveux blonds formant une auréole dorée autour de ses joues rougissantes, les bras de part et d'autres de son visage, ses poings serrant les peaux sous ses doigts alors que le poignet de Jeongguk, toujours posé sur l'érection sensible du jeune homme, commença de longs et lents vas-et-viens, langoureuses caresses le long de sa peau palpitante. Et à peine les gémissements quittèrent-ils ses lèvres savoureuses, que le noiraud plongea sur sa bouche pour en avoir plus, en goûter plus, léchant de sa langue mutine les croissants de chairs si appétissants.
Mais même sa bouche chaude sur la sienne ne fut pas suffisante pour étouffer tous ces sons les plus obscènes les uns des autres, tandis que de sa deuxième main, Jeongguk laissa ses doigts glisser le long de son cou pour venir titiller le bouton de chair brune sur son torse, pointant vers le plafond et vers les dieux avec une lascivité qui faisait saliver d'avance le jeune homme.
Ignorant la plainte qu'il tira en se redressant un peu, l'alpha ne put qu'admirer une nouvelle fois le corps de Jimin.
Sa peau pâle, déjà luisante par la fine pellicule de sueur qui recouvrait l'ensemble de son épiderme, et vierge encore de toutes marques, que Jeongguk ne pouvait attendre de marquer comme la sienne. Il savait déjà que ses baisers rougis formeraient un collier des plus charmants le long de ses clavicules, et que les gémissements bas qu'il en tirait suffiraient à le rendre le plus heureux des hommes.
Ses tétons bruns, si outrageusement appétissants dans la légère pénombre de la chambre, l'invitant à venir déposer sa bouche, sa langue, le bout de ses doigts contre eux; imaginant déjà avec ardeur la façon dont Jimin se cambrerait à cette simple friction délicieuse, demandant plus, encore plus; ou au contraire, se plaignant que c'était trop, ses larmes dégoulinant le long de son beau visage à cause du trop plein de stimulation.
Son érection, si belle et puissante, si gorgée de sang, palpitante contre sa main, qu'il lui pressait de laisser sa langue glisser le long de sa peau sensible, lui pressait de découvrir quelle réaction il réussirait à en tirer du corps si chaud et malléable du blond sous lui.
Ses cuisses -- par Odin, ces cuisses --, si fermes et musclées, qu'il savait déjà sensibles lorsqu'on s'approchait un peu trop de son antre, déjà humide par le lubrifiant naturel qui y glissait le long, rendant Jeongguk affamé et impatient d'enfin y goûter, après tout ce temps à n'avoir fait que le sentir.
Quittant ses pensées de débauche, le noiraud se concentra sur l'expression de pur désir et plaisir peinte sur le visage de Jimin, dont les mouvements sur son membre étaient suffisants pour l'approcher à grand pas de son acmé si attendue. Alors, se penchant au-dessus de sa bouche, et après avoir laissé le jeune homme lui dévorer les lèvres et enfouir ses doigts à la base de ses cheveux, l'alpha demanda, d'un ton qui laissait tellement de possibilités:
"Dis-moi ce que tu veux, amour, et je serai tien.
---
Jeongguk ne serait pas en mesure de dire combien de temps ils étaient restés tous les deux dans cette hutte. Un jour, deux, peut-être? Tout ce qu'il savait, c'était que lorsque Hoseok -- peu affecté par les hormones étant donné que c'était un bêta, et parce que jamais le noiraud aurait laissé entrer un autre alpha sous peine de le réduire en pièce -- était venu leur apporter de l'eau et de la nourriture, il faisait nuit. Cela n'aurait pas été nécessaire s'ils avaient tous deux prévu la période de reproduction de l'oméga, comme il est de coutume; mais bien entendu, l'invasion des Corbeaux avait tout chamboulé, et Jeongguk doutait que Jimin lui-même était au courant qu'une telle période allait arriver.
Jimin était insatiable. Plus jeune, l'héritier s'était occupé de quelques oméga en chaleur, Seokjin, notamment; mais jamais ils n'avaient été aussi désespéré que le blond l'avait été. Le jeune homme ne saurait dire combien de fois il l'avait fait jouir avant qu'il ne s'endorme d'épuisement, ni combien de fois lui-même avait atteint le point de non retour. Les fourrures, sous eux, étaient sales de leur semences et de leur odeur si particulières.
A présent, le jeune guérisseur était assoupi sur son torse, tandis qu'il lui caressait doucement les cheveux, un doux sourire sur ses lippes en voyant son expression relaxée. La couverture qu'il avait lancé sur leurs corps alors qu'ils tombaient d'épuisement après un énième round ne cachait pas grand chose du corps divin de Jimin; par Odin, était-il une nymphe pour avoir des courbes aussi enchanteresse, ou est-ce que Loki s'était penché au-dessus de son berceau pour lui donner des courbes auquel nul homme ne saurait résister?
Sur sa peau douce, il y avait des marques, témoins de leurs ébats -- et Jeongguk était certain que leurs jumelles décorait son propre épiderme.
Sur la rondeur de ses fesses, des traces de griffures de quand Jimin l'avait chevauché, son nez enfoui dans son cou et ses gémissements tombant directement dans son oreille, son membre tendu glissant contre le ventre ferme de l'alpha.
A l'intérieur de ses cuisses, de traces de baisers rougis, quand Jeongguk s'était penché au-dessus de son antre si délicieusement humide pour laisser sa langue savourer le goût de sa chair.
Sur son bas-ventre, des traces de dents qu'il avait appliqué avec soin, juste avant que Jimin n'agrippe son scalp alors qu'il laissait sa bouche cajoler son membre tendu à l'extrême.
En enfin, dans son cou, un parterre de fleurs passionnées, comme il s'était promis de le faire, alors qu'il regardait dans les yeux le jeune homme et que ses coups de reins étaient lents, lascifs, juste ce qu'il fallait pour tomber de l'autre côté du précipice et de laisser les limbes du désir prendre possession de son corps, venant dans un gémissement silencieux et sous les baisers de son amant.
Jeongguk ne l'avait pas marqué, ne l'avait pas fait sien; ce n'était pas qu'il ne voulait pas planter ses dents dans sa peau si tendre, juste à l'endroit où le cou rejoignait l'épaule. Mais parce que Jimin n'était pas lucide dans de tels moments, acceptant tout et n'importe quoi du moment que cela lui fasse du bien et que cela calme le brasier ardent qui crépitait dans ses intestins. Il aurait tellement voulu, certain de ses sentiments pour lui; mais par tous les dieux, il ne pouvait pas lui faire ça. Ne pouvait pas lui imposer cela, même s'il suppliait de le faire sien et de le prendre dans tous les sens. Le jeune homme avait prévu de bientôt partir, de retourner dans son clan, à l'Est; et aussi déchirant qu'était cette simple pensée, Jeongguk n'avait aucun droit pour l'obliger à rester. Cet épisode et ces embrassades ne changeait rien.
Ses pensées furent coupées court quand il sentit la créature blonde à ses côtés s'étirer doucement, laissant le sommeil le quitter peu à peu. Papillonnant les yeux doucement, se replongeant encore plus profondément dans l'étreinte de l'alpha pour essayer de rattraper le dieu des songes, Freyr.
"Hey, souffla doucement Jeongguk, replongeant ses doigts dans la tignasse emmêlée du jeune homme, et embrassant tendrement sa tempe pour le réveiller.
Ses yeux papillonnèrent de nouveau, se posant, un brin hagard, sur le profil souriant de l'héritier.
"Comment tu te sens?
"Mieux, répondit-il d'une voix encore un peu endormie. Merci, pour tout ce que tu as fait, tu n'étais vraiment pas obligé, je-
"Jimin.
L'interpellé leva les yeux vers lui, un peu hésitant et embarrassé. La plupart du temps, il ne se souvenait pas de ses nuits, comme plongé dans une transe; alors il craignait un peu ce que l'alpha allait lui dire. Mais les mots qui quittèrent la bouche du noiraud n'étaient absolument pas ceux qu'il attendait.
"Reste. S'il-te-plaît.
"Je...
"Ne t'en vas pas. Reste avec nous. Reste avec moi. S'il-te-plaît. J'ai failli te perdre sur ce champ de bataille, et mon cœur ne pourra pas supporter que tu t'en ailles pour de bon.
Jimin prit le temps de sonder les prunelles charbon en face de lui avant de répondre. Il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre, en réalité, mais il fut surpris quand il y lut que de la sincérité, dans sa forme la plus brute et la plus pure. Il y trouva la raison des incessants reports de son départ; au début, il pensait que ce n'était qu'une façon de l'agacer, mais maintenant il comprenait. Avant même qu'ils ne s'embrassent et qu'ils laissent leurs cœurs se répondre entre eux, Jeongguk voulait qu'il reste, parce qu'il ne voulait pas le voir partir pour de bon, définitivement. Se disputait avec lui pour qu'il annule son départ et qu'il se rende compte qu'il était comme chez lui, dans le clan des Loups de Midgard.
Jimin n'eut pas besoin de continuer la lecture de ses iris si délicatement ciselés. Il n'avait pas besoin de se plonger davantage dans ses orbes pour autre chose que la volonté de les admirer, parce qu'il comprenait. Et sa réponse fut toute trouvée: c'était le même souffle qui l'avait poussé à rappeler le noiraud et de l'embrasser, au milieu des batailles; c'était le même souffle qui l'avait poussé à accepter son aide sur la couche. C'était le même souffle qui le poussait à faire confiance à l'héritier, parce que depuis le début, il n'avait été qu'honnêteté et protection envers lui. Il s'était inquiété pour lui lors de l'épidémie de grippe, s'était précipité à son secours lors du déchaînement de violence contre les Corbeaux.
Et puis... l'idée d'un avenir avec lui n'était pas une idée aussi folle qu'elle en avait l'air. Peut-être était-il encore trop tôt pour dire que ses sentiments pour lui étaient aussi ardents que le feu qui avait pris possession de ses entrailles, plus tôt; mais il savait quand même reconnaître ce début de flamme qui scintillait au fond d'eux, et c'était suffisant pour lui pour faire le grand saut.
"Il faut que je rentre, débuta-t-il prudemment.
Mais avant que Jeongguk ne puisse porter le masque de stupeur et de douleur face au rejet, il s'empressa de rajouter:
"Il faut que je rentre pour m'occuper de certaines choses. J'ai encore de la famille, dans mon clan, et une fois l'hiver passé, ils seraient capable de prendre les drakkar pour partir à ma recherche. Alors laisses-moi m'en occuper d'abord.
"Et après? osa demander Jeongguk.
Pour la première fois, Jimin ne vit pas en lui le chef qu'il allait être, ou l'alpha qu'il était, mais son ego plus jeune d'autrefois; un enfant, peureux, qui s'accrochait à une mince partie d'espoir en attendant une réponse positive. Et le sourire qu'offrit l'oméga traduisait toute l'affection qu'il ressentait pour ce petit garçon perdu, avec ce sentiment qu'il était bien l'un des rares à voir cette partie-là de lui.
"Après, murmura-t-il contre ses lèvres avant de l'embrasser, après je reviendrai, et je serais tien, amour.
.
et c'est ainsi que s'achève cette deuxième et dernière partie de cet os!
j'aimerai vraiment que vous me donniez vos avis là-dessus, parce que j'avais plein d'idées quand j'ai écrit la première partie, mais je n'ai pas écrit la deuxième dans la foulée, donc j'ai l'impression que j'ai perdu de l'élan et que je n'ai pas écrit comme je voulais... c'est super dur d'essayer de traduire le vocabulaire alpha/oméga qu'on lit dans les fics en anglais sans éviter le malaise, alors je suis un peu mitigée... à vous de me dire!!
des idées pour la suite? des thèmes, des ships?
update : j'ai du modifier un gif parce que les fesses n'étaient pas ok avec la politique de watty ;)
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