SILENCE ; ENTENDS-TU LE CRI DES CHAINES ?

𝕾𝖎𝖑𝖊𝖓𝖈𝖊 ; 𝖊𝖓𝖙𝖊𝖓𝖉𝖘-𝖙𝖚 𝖑𝖊 𝖈𝖗𝖎 𝖉𝖊𝖘 𝖈𝖍𝖆𝖎̂𝖓𝖊𝖘 ? 
𝔏𝔦𝔟𝔢𝔯𝔱𝔢́, 𝔧'𝔢́𝔠𝔯𝔦𝔯𝔞𝔦 𝔱𝔬𝔫 𝔫𝔬𝔪 𝔞̀ 𝔩𝔞 𝔠𝔯𝔞𝔦𝔢 )

"Que ce passe-t-il ?
"La révolution, mon amour. C'est la révolution. 

jinmin
(side ship: slight jikook)
révolution française ! au
la liberté guidant le peuple ! kinda vibe
mention of agoraphobia (phobie des foules)
part time prostitute!jimin
top!seokjin
bottom!jimin
 
[ndla: oui, je sais, le tableau de delacroix dépeint la révolution des Trois Glorieuses de 1830, mais je trouvais la révolution de 1789 plus intéressante à traiter, so sorry pour la légère incohérence historique! ]

---

"Jimin ! gronda la voix du tenancier à travers la taverne animée, un client pour toi ! 

"J'arrive ! cria-t-il pour couvrir le bruit des hommes et de leurs rires gras, levant les yeux au ciel sous le coup de l'exaspération. 

Il zigzagua tant bien que mal entre les tables, son plateau haut dans les airs et veillant à ne pas renverser les pintes de gerboise vides et en équilibre tremblant, avant de s'avancer en direction du bar et de son patron essuyant distraitement une chopine, l'œil vif surveillant la salle et les allers et venus de ses employés. Le jeune homme posa son plateau et son tablier sur le comptoir, et, à travers le miroir brisé et si sale qu'il était difficile de voir quelque chose d'autre que la poussière et la pénombre de la gargote, prit quelques instants pour se recoiffer, au moins pour avoir un aspect à peu près présentable.  

"C'est la tablée là-bas, grommela la patron en pointant un doigt boudiné en direction de trois hommes, non loin de la fenêtre. 

Si on en croyait le nombre de chopes devant eux, ils avaient dû se prendre une belle rasade ou deux ; et si on en croyait toujours à leurs ricanements forts et leurs gestes larges et imprécis, sûrement qu'ils devaient être déjà bien attaqués. Une partie de son esprit aurait voulu grincer des dents face à un tel spectacle, mais l'autre partie se sentait toutefois un peu rassurée. Certes, des clients aussi saouls étaient fatiguants — leurs humours douteux, leurs haleines puantes, leurs mains moites —, mais ils jouissaient plus rapidement, et le fait de faire parfois seulement le strict minimum était satisfaisant quand on empochait l'argent, parfois un peu plus que ce qui était d'usage — l'alcool et le calcul des pièces sonores et trébuchantes ne faisaient pas toujours bon ménage. 

"Jimin ! s'écria l'un d'entre eux quand il aperçut la grâce personnifiée s'avancer vers eux avec un roulement de hanche légendaire dans le quartier. Mon amour, cela faisait longtemps !

Avec un petit rire, le bel éphèbe s'installa sur les genoux du client sans accorder un regard à ses amis, encerclant son cou lâchement de ses bras, un sourire onctueux et délicieux sur ses lèvres,; alors que, d'une voix plus grave, il répondit d'un air faussement inquisiteur : 

"Voyons, Jeongguk, combien de pintes as-tu pris ? 

"Pas assez pour ne pas réussir à te faire crier de plaisir, ma mie, répondit l'éméché, buttant un peu sur ses mots, alors que ses grandes mains poisseuses s'abattaient sur les hanches de l'ange blond qu'il avait sur ses genoux. 

"Oh, vraiment ? demanda Jimin avec un sourire en coin, sa main caressant presque innocemment le chemin de peau que laissait apercevoir sa chemise ouverte, d'une blancheur douteuse.

L'homme hocha rapidement de la tête, un sourire et de grands yeux admirant le visage soyeux de l'ange qui lui accordait tant d'importance, comme un enfant qui voulait bien faire et prouver qu'il pouvait être sage. Le blond ne prêta guère importance aux rires gras de ses compagnons de tablée, sûrement grandement amusés de voir leur ami réduit à des rictus niais face à la pute qu'il était; mais au fond de lui, Jimin savait parfaitement que ces ricanements moqueurs ne cachaient que tant bien que mal la jalousie possessive qui dégoulinait de leur hilarité hypocrite. 

Il connaissait bien Jeongguk; dire qu'il serait un client régulier qualifierait correctement la relation qu'ils avaient tous les deux. Au tout début, quand Jimin commençait à avoir un réseau plutôt conséquent, le charpentier lui avait déclaré sa flamme. Beaucoup de pauvres âmes comme lui étaient tombés sous le charme de la muse blonde qu'était Jimin, de la façon dont il leur souriait et de la façon dont il les caressait. Pour être honnête, le jeune homme ne lui en avait pas voulu; au contraire, il avait éprouvé une certaine gêne à refuser ses avances — Jeongguk faisait partie des clients qui le traitait bien, qui lui payait des verres et qui lui donnaient des surnoms affectifs. Il ne pouvait pas en dire autant de tous les autres, mais c'était là chose vaine que de vouloir les éviter. 

"Tu connais la règle, mon chou, sourit-il en relevant les yeux en direction du visage impatient de l'homme. L'argent, et après je ferais tout ce que tu veux. 

Comme à l'accoutumée, l'alcoolisé ne put rien faire d'autre que de sortir sa bourse et de verser quelques pièces sonnantes et trébuchantes au creux de la main du blond — la même, pensa-t-il avec impatience, qui sera bientôt enroulée autour de moi. Jimin avait cet effet-là sur les hommes; beaucoup oubliaient le dégoût qu'éprouvait la société à l'égard de personnages comme lui pour se laisser transporter vers les contrées désirables de l'orgasme. Il savait que, quand le soleil rayonnant éclairait le milieu du jour, les mêmes clients qui le payaient pour avoir un peu de son attention, un peu de son corps, un peu de ses baisers, pourraient cracher dans sa direction s'ils le croisaient dans la rue. La réputation, la belle façade qu'ils montraient pour leurs femmes, pour leurs compagnons, pour leurs enfants, se réduisait cependant en cendre une fois le soir venu, une fois que les bougies éclairaient faiblement la taverne, et une fois qu'ils apercevaient la silhouette de Jimin à l'horizon. 

Pour le blond, peu lui importait. Il savait que sa réputation avait été tâchée de nombreuses fois par les insultes blessantes que pouvaient lui sortir les biens pensants, mais il n'en avait cure. C'était une façon ou une autre de se sortir de la misère, de survivre — le Roi n'accordait que peu d'importance au peuple, de toutes les manières ; c'était un peu chacun pour soit, à l'heure actuelle. D'autres filles de joies traînaient bien le long des ruelles en attendant de se faire sauter, alors pourquoi pas lui ? 

Ses pensées furent toutefois coupées court quand il emmena son client dans l'arrière cour — le gérant de la taverne avait beau accepter sa présence en tant que distraction, disant que cela attirait plus de clients à son bar, mais il avait en horreur d'entendre les gémissements faussés de Jimin au sein même de son établissement : si les clients ne le ramenait pas chez eux, alors leurs petites affaires allaient devoir se passer dehors. 

A peine le seuil de la porte passée, Jimin plaqua Jeongguk contre le mur le plus proche, peu soucieux que quelqu'un les voit; lui et ses passes étaient connus dans le bourg. 

"J'ai rêvé de toi toute la semaine, lui avoua le charpentier, déjà un peu pantelant alors que le blond faisait courir ses mains le long de sa chemise, s'approchant dangereusement de sa ceinture. 

"Pourquoi n'es-tu pas venu me voir plus tôt, dans ces cas-là ? le questionna la muse, un rictus peint sur ses lèvres alors que son client rejetait déjà sa tête contre le mur, les paupières closes et un râle discret l'échappant quand les mains divines se glissèrent sous son pantalon. 

Il savait qu'une fois que Jeongguk avait bu quelques chopines, il lui en fallait peu pour jouir. Le strict minimum. Certes, il aimait le titiller, tester ses limites, l'obliger à le supplier avant de poser sa bouche sur lui; mais la journée avait été longue et pénible, et il n'avait pas envie de trop s'attarder. 

"M-Ma fiancée ne sait pas que je viens ici — par les diables, Jimin, plus fort — alors j'essaye de ne pas attirer ses s-soupçons... 

Le blond serra, avec un autre sourire en coin, ses doigts autour de sa verge, sentant le membre du jeune homme palpiter contre sa paume, tandis que de sa main libre, il glissait parcourir ses doigts le long de ses clavicules et caressa un bouton de chair à travers sa chemise en lin fine, avant de dire: 

"Je parie que tu aimes ça, mon chou, souffla-t-il tout près de son oreille. L'adrénaline, la peur qu'elle sache... 

"J-Jimin, je-

"Que dirait-elle, si elle découvrait, hm ? Est-ce que tu continuerais quand même de venir à moi ? 

"Gn-

"Parce que tu ne pourrais pas te passer de moi, hm, mon chou ? Tu sais que tu as toujours été mon préféré. 

Bon, cela pouvait s'apparenter à un mensonge, surtout quand la vision d'une certaine paire d'yeux ambrés lui revenaient à l'esprit, mais si cela lui permettait d'atteindre les 7e cieux plus rapidement, alors Jimin donnerait volontiers ce que ce pauvre diable était venu chercher. 

"Dis-moi, mon amour: qui de nous deux baise le mieux ?

C'était suffisant pour que Jeongguk vienne dans sa main avec un râle rauque, les cuisses tremblantes sous le coup de l'orgasme, ses yeux fermement clos. 

Avec le sourire satisfait du travail bien fait, Jimin s'essuya distraitement sur le torchon qu'il avait gardé, se disant, en tâtant les pièces dans sa poche de pantalon, qu'il avait bien mérité ses livres. Satisfait, également, de ne pas avoir dû mettre plus de cœur dans l'ouvrage. Il jeta un coup d'œil en direction de son client, qui, si l'on en croyait à ses expressions faciales, commençait tout doucement à revenir sur la terre ferme. Jimin ne lui en voulait pas trop ; quand on avait une muse telle que lui s'occupant de son érection douloureuse, il paraissait évident que l'on veuille rester un peu plus longtemps sur le petit nuage post-orgasme, plutôt que la dure réalité de leur quotidien. Un échappatoire, c'était ce qu'il était. La promesse qu'un monde meilleur était là, quelque part. 

"Merci, murmura-t-il, les yeux encore lourds et les paupières chargées d'une concupiscence tardive. 

Pris d'un soudain élan d'affection, Jimin s'approcha de lui pour planter un baiser juste à côté de ses lèvres ; Jeongguk, plus que n'importe quel autre client, le méritait bien. Pourtant, toujours dans les vapes délicieuses qui embrumaient son esprit, le charpentier tenta de chasser sa bouche de la sienne, quémandant une autre faveur, ses yeux presque implorants. 

"Tu devrais rentrer, mon ami, repoussa le blond d'une main légère sur son torse et d'un ton amusé. 

"Jimin, je-

"Il t'a dit de le laisser, lâcha une voix non loin. 

Il semblait que Jeongguk n'avait pas entendu le nouveau venu ; mais Jimin, lui, manqua de sursauter, et, le regard noir et assassin, se tourna vers Seokjin. Parce que cela ne pouvait être que lui, connaissant son timbre de voix comme on connait une comptine, ses yeux habitués à sa silhouette avant même qu'il ne sorte de l'ombre. Des cheveux d'un noir de jais tombant légèrement devant ses yeux, des traits fins, un nez droit, des prunelles éclatante malgré la pénombre de la ruelle, ses clavicules apparentes sous sa chemise en lin ouverte sur son torse. Il avait les mains enfoncées dans ses poches de pantalon, un léger froncement de sourcil sur son visage si délicat. 

"Je- commença à balbutier le charpentier. 

"Allons, ce n'est rien, mon beau, répondit Jimin en détournant son attention en direction de l'éméché, son regard s'adoucissant. Il faut que tu rentres chez toi, à présent. 

Jeongguk hocha la tête tant bien que mal dans un hoquet, et, remontant son pantalon avec maladresse, il se tourna une dernière fois vers le jeune blond: 

"A la semaine prochaine ? 

"A la semaine prochaine, lui assura Jimin avec un léger sourire, avant de voir la silhouette saoule de son client disparaître au bout de la ruelle. 

Une fois que Jeongguk était hors de son champ de vision, le prostitué se tourna, irrité, vers le nouvel arrivant. 

"On en a déjà parlé, Seokjin, fulmina-t-il. Tu ne parles pas à mes clients, tu n'interviens pas quand je suis avec des clients, tu n'as pas à me "sauver" quand je suis avec des clients, tu—

"—Restes à l'écart, oui, je sais, Jimin, soupira l'aîné en s'approchant un peu plus de lui. 

"Alors qu'est-ce que tu fais ici ? demanda-t-il avec un regard inquisiteur, croisant les bras devant son torse et jaugeant l'autre du regard. 

Le noiraud eut un petit sourire, comme attendri par le comportement du jeune homme, et se pencha pour claquer un baiser sur la joue du putain. 

"Tu m'avais manqué, ma mie. 

Il ne reçu qu'un regard neutre de la part du jeune homme, comme si cette simple excuse ne l'intéressait guère, comme si cela n'était pas suffisant pour qu'il vienne l'interrompre en plein travail. 

"Et puis, continua Seokjin, comme insensible au regard noir posé sur lui ; j'ai un cadeau pour toi. 

Jimin aurait voulu ne pas réagir. Aurait voulu rester stoïque, montrer par son comportement comment il désapprouvait celui du noiraud. Mais, ce n'était qu'un homme, et d'aucun ne restait insensible bien longtemps aux charmes de son aîné, quand bien même était-on un personnage de frivolité et le fantasme de beaucoup d'autres. Parce que, telle une toile finement tissée, Seokjin avait attrapé Jimin dans son filet, par son beau sourire et par ce petit pétillement au fond de ses yeux. 

Et le blond, le jeune homme le savait bien, n'était pas insensible aux compliments. C'était peut-être son métier, c'était peut-être le fait d'être au centre de toutes convoitises, mais Jimin aimait quand on lui susurrait des mots doux ou quand on lui apportait quelques bonnes attentions. Seokjin le savait bien, connaissait cette faiblesse qu'avait son amant, et savait en profiter. Pas parce qu'il était vil, avare, ou comploteur, mais parce qu'il aimait cette teinte rougie que prenaient les joues de son cadet quand il prononçait ces quelques mots.

"Vraiment ? demanda Jimin après un instant, sa posture plus décontractée, croisant toujours les bras sur son torse pour la forme ; mais le noiraud n'était pas aveugle, et malgré la faible lumière de la ruelle, il était aisé de voir le rouge qui lui montait aux joues, et ses dents mordre tendrement sa lèvre du bas. 

"Hmm hmm, répondit simplement le jeune homme en faisant quelques pas en sa direction, lentement, comme pour prolonger le plaisir qu'était l'impatience et la curiosité du putain. 

Il glissa une main dans sa poche, le sourire en coin torturant Jimin, avant d'en sortir une petite boîte. 

"Seokjin... souffla le prostitué en écarquillant les yeux à la vue du coffin de velours. 

"Une cliente avait commissionné ce collier, commença-t-il en faisant encore un pas en sa direction. Mais quand elle est venue ce matin, elle a catégoriquement refusé de le prendre ; la couleur de la pierre n'était apparemment pas la bonne. Yoongi était las ; il ne voulait mettre le pendentif en vente, alors il me l'a glissé dans la poche, en disant qu'il savait qu'il ferait plaisir à quelqu'un. L'un des avantages d'être cousin avec le patron, ricana-t-il. 

Avant, enfin, d'ouvrir la petite boîte pour y révéler l'objet de toute les convoitises. 

Là, une fine chaîne en argent, simple — les détails étaient travaillés avec soin, mais ce n'était pas là le plus impressionnant du bijou. Contrastant avec force sur le coussin de velours rouge, se trouvait en pendentif une petite émeraude, le vert profond de la pierre glissant dans le reflets des lumières des torches. 

"Amour, souffla le blond de nouveau en relevant la tête, les doigts graciant du bout de ses pulpes la beauté devant lui. 

Seokjin ne put que lui sourire en retour. 

"Viens-là, dit-il doucement, bien loin de l'animosité qu'ils venaient de s'échanger il y a peu. 

Et, tournant sur lui-même, Jimin laissa son amant glisser autour de son cou la petite merveille qu'il avait construite de sa propre main, avec amour. Le contact de l'argent était frais contre sa peau presque brûlante, et le blond laissa le frisson parcourir sa colonne vertébrale avec délice. 

"Amour, répéta-t-il en se retournant, et en glissant ses bras autour de son cou. Il ne fallait pas, vraiment, je ne sais que dire... 

"Allons, ma mie, répondit-il avec cet éternel sourire, laissant ses mains retrouver avec une certaine familiarité les hanches de son amant. Tu sais bien que tu mérites tous les cadeaux du monde ; vois ceci comme un gage de mon affection pour toi. Cela faisait longtemps que je ne t'avais pas apporté de petite attention, et après la dispute d'hier soir—

Un doigt posé sur ses lèvres l'interrompit. 

"Seokjin, commença-t-il avec un brin de sérieux ; je sais que tu veux rejoindre les rangs des révolutionnaires et... et je n'ai rien à dire, à part te soutenir. 

"Vraiment ? 

La surprise avait pris place sur ses traits. 

"Si tu penses que c'est là ton devoir, si c'est là ton souhait... Jimin haussa des épaules, avant de reprendre ; alors je ne peux que t'encourager, et te soutenir. Sans jugement. De la même façon que tu m'as soutenu dans cette profession. 

Dieu sait ce que le fait d'être un prostitué, dans cette ville, dans ce pays, par ces temps qui courent, avait été difficile à accepter pour Seokjin ; mais le regard qu'il portait sur lui n'avait guère changé, même lorsqu'il l'interrompait avec un client, comme il y a peu de temps.

"Alors pourquoi cet emportement, hier ? 

Jimin soupira, et posa son front sur la clavicule de son aîné. Il n'était pas particulièrement partisan du courant de ces philosophes, mais il était indéniable que le régime en place était dur et autoritaire. Ils scandaient des discours de haine et de vengeance, de sang par le sang ; lui, préférait un monde plus pacifiste, tant l'horreur des hommes avaient déjà suffisamment laissé leur trace grotesque et immonde sur l'Histoire. Un changement dans leur pays serait bénéfique, mais à quel prix ? 

"C'était de la peur, majoritairement, avoua-t-il d'une petite voix. Peur que tu te blesses, peur que tu tombes sur de mauvaises fréquentations, peur que tu te fasses arrêter, peur que tu m'oublies, peur que—

Cette fois-ci, ce fut au tour de Jimin de se faire interrompre ; à la place d'un doigt silencieux, en revanche, une paire de lèvres, douces et quémandeuses, contre son propre sourire. Seokjin avait ce goût de liberté sur les lippes, et des matins qui chantent. 

Il ne saurait dire combien de temps ce baiser avait duré, tous deux enlacés à l'arrière de la taverne, une pierre précieuse logée contre son cou, les mains rassurantes et pleines de promesses contre ses hanches ; une chose était sûre, en tout cas, c'était ce petit gémissement qui en demandait plus encore quand le noiraud s'écarta. 

Il plongea son regard dans le sien, et même si Jimin était un brin surpris par ce changement de comportement, au moins eut-il le loisir de se délecter de la beauté de ses orbes charbon. 

"Je crois que je vous aime, ma mie. 

Le sourire que le blond lui répondit était, Seokjin en mettrait sa main à couper, comparable à mille soleils, plus brillant que les bougies de la Galerie des Glaces, plus puissant que n'importe quelle pierre précieuse. Et c'était suffisant pour lui faire comprendre "moi aussi". 

"Allez, viens, rentrons, lui souffla-t-il dans l'oreille avant de saisir sa main et de s'aventurer dans les rues de Paris. 

---

Heureusement que la petite fenêtre de leur chambre apportait un brin d'air frais bienvenue, car nul doute que Jimin aurait explosé sous les caresses délicieuses de Seokjin. 

Sa bouche sur ses boutons de chair, sa langue se baladant sur son abdomen tendu, ses cuisses puissantes de par et d'autre de lui, ses doigts caressant le collier autour de ses clavicules. Ses mains de par et d'autre de ses hanches, repoussant sa tête contre le matelas et surélevant son bassin pour le chérir de ses lippes, de ses doigts, de son membre. Sa main claquant contre son fessier quand le plus jeune ne cessait de bouger, ordre silencieux de prendre ce qu'il avait à lui donner sans broncher, ordre silencieux de rester sage. Sa main massant sa peau rougie, caresse muette appréciative, lui faisant comprendre oh combien il était beau, ainsi. Sa bouche contre son oreille, lui murmurant quelques merveilles, les gémissements doux de Jimin ricochant entre les murs de leur chambre. 

C'était dans de tels moments que Jimin remerciait le ciel que leur logeuse soit sourde, car Seokjin pouvait le faire chanter jusqu'au petit matin, le menant au bord de la folie et l'accueillant à bras ouvert de l'autre côté de l'orgasme, ses baisers tendres et ses caresses légères contrastant bien joliment avec l'agressivité et la rudesse dont il avait fait preuve entre les draps du lit. 

Et il y avait quelque chose de diablement tentant, de diablement satisfaisant, pour Seokjin de rendre l'objet du désir de beaucoup d'hommes aussi pantelant sous lui, de savoir que d'autres pouvaient avoir son corps, mais pas son cœur ; parce que quand il était au creux de ses cuisses et que le blond rejetait sa tête en arrière, ses doigts s'agrippant à sa chevelure dans un geste désespéré, son nom sur ses lèvres et quelques autres luxures sur sa langue, il savait qu'il était à lui. 

Seokjin lui appartenait et Jimin était sien ; et ce collier aux reflets verts autour de son cou, tapant sur ses clavicules quand le noiraud était encore insatiable et le prenait contre la tête de lit, était bien la preuve même de leur amour. Et les doigts caressant ses paupières quand il retombait, essoufflé, à côté de lui, était bien la preuve même de leur amour. Et les sourires timides qu'il lui offrait, la gorge sèche par tant de gémissements, était bien la preuve même de leur amour. Et ces baisers offrant mille promesses et au parfum des anges était bien la preuve même de leur amour. 

Cette nuit-là n'était pas une exception. Le noiraud l'avait déconstruit, créature gémissante et suppliante sur le lit défoncé de leur chambre, avant de le serrer dans ses bras et de l'accompagner tous deux dans ce royaume délicieux de l'acmé ; Jimin jouissant dans un cri silencieux contre son abdomen, la vision si exaltante et pleine de concupiscence que Seokjin ne pouvait rien faire d'autre que de l'admirer. 

C'était une silhouette à graver dans la pierre, un tableau à accrocher au Louvre, un sourire à y dédier un opéra entier. Tout ce que le noiraud avait à lui offrir, c'était son cœur, son amour, quelques sourires, et ce collier précieux — parfois, il avait l'impression que ce n'était pas assez, que Jimin méritait bien plus que ces quelques babioles qu'un pauvre petit artisan pouvait lui offrir. Il méritait un château, une couronne, une place sur le mont Olympe à côté des Dieux, et lui, en retour, n'avait pas grand chose à lui offrir ; mais il suffisait d'un sourire de sa part, graciant ses douces lippes, pour que tous ses soupçons et ses inquiétudes fondent comme neige au soleil. 

Peu importe si le monde s'écroulait, peu importe s'il fallait traverser mers et contrées ; du moment qu'ils étaient ensemble, du moment qu'ils s'aimaient, c'était tout ce qui importait. 

Et, ce soir-là, ils s'endormirent, l'un contre l'autre, aux bruits de la ville qui ne dormait jamais et au son mélodieux des promesses qu'ils se chuchotaient. 

---

Les gens courraient. 

Jimin ne savait pas trop s'ils hurlaient, s'ils riaient ou pleuraient, mais le bruit du peuple grondait entre les rues de la capitale, ricochant contre les pavés pour ne devenir qu'un écho difforme et continu. Certains d'entre eux avaient des faux, des outils de paysans, les brandissant bien haut comme des armes, scandant des phrases qu'il ne comprenait pas. Certains d'entre eux avaient des fourches, des grotesques effigies d'homme empaillés. Certains d'entre eux criaient qu'ils allaient à la Bastille, d'autres des profanités envers le Roi ; et le blond, lui, se retrouvait, perdu, au milieu de cette foule. 

Il était désorienté ; ce matin-là, Seokjin était parti avant lui, lui laissant une note sur le bord de son lit en disant qu'ils se revoyaient ce soir. Et quand Jimin avait descendu l'escalier étroit qui menait à la rue pour aller au travail, il s'était retrouvé emporté dans cette vague humaine, agressive, furieuse, réclamant du sang et d'autres choses qu'il ne comprenait pas, désorienté. 

Sa respiration était pantelante, son rythme cardiaque erratique ; il n'avait jamais aimé la foule, préférant regarder les grandes manifestations de loin, se contentant de n'être qu'un œil attentif plutôt qu'un acteur de ces cris. Et, à présent, il se retrouvait entouré de ces grandes silhouettes menaçantes, leurs visages déformés dans un rictus de haine et de vengeance, criant à la tyrannie, demandant à ce que le peuple se soulève. 

Et, le cœur encore plus battant, il se demandait où était le noiraud. La veille, ils avaient de nouveau parlé de son projet de rejoindre les révolutionnaires, des rêves de liberté et d'égalité peints sur ses lèvres, et à présent que le moment était venu pour le peuple de renverser la monarchie, il avait peur pour lui. Peur qu'il se soit fait emporté par ses amis, peur qu'il se retrouve en première ligne devant les baïonnettes, peur qu'il prenne des risques inconsidérés pour une idéologie. Car il fallait payer la liberté de son sang, et Jimin priait tous les dieux que Seokjin ne meurt avant d'avoir vu la fin de la guerre. 

Bien malgré lui, il fut emporté par la foule ; cette masse informe et dangereuse, anxiogène, et voilà que le blond ne pouvait aller à contre-courant. Les rues étaient gorgées du petit peuple qui jetait leur haine aux visages des soldats de la Garde Royale — peu importe où il tournait la tête, ce n'était qu'une immensité de cohue et de bousculade. Sur les côtés, montant sur des échafauds, des sièges, ou même des irrégularités des bâtiments, des hommes scandaient des discours de haine et de liberté, secouant un drapeau tricolore qu'il n'avait jamais vu. Certaines silhouettes étaient familières, des philosophes qui avaient distillés dans la tête des Parisiens la promesse d'un avenir meilleur, et qui leur avait fait miroiter monts et merveilles. 

Il lui fallait sortir d'ici ; la masse l'oppressait, le rendait plus petit encore, et ces slogans haineux ricochaient sur sa peau dans un crissement d'inconfort et de peur. 

Et, soudain, il tomba à terre, poussé par une figure sans visage, ses mains se rattrapant avec grand mal sur les pavés humides de la rue. L'intérieur de ses paumes le picotait, mais alors qu'il voulu se relever, un autre coup le fit retomber. Bientôt, assez rapidement pour ne pas avoir le temps de comprendre ce qu'il se passait, voilà que les hommes et les femmes se mettaient à le piétiner en même temps qu'ils piétinaient leurs rages, n'ayant cure de sa silhouette tremblante et recroquevillée sur elle-même. Il ne put que se rouler en boule, encaissant les coups des bottes et les cris de la foule au-dessus de lui, contenant tant bien que mal ses sanglots. La douleur était aiguë, la déchirure de son cœur encore plus, et pendant quelques instants, il pensa réellement qu'il allait mourir ici, écrasé par cette multitude. 

Il avait besoin de S—

"Jimin ! sembla crier une voix au loin ; peut-être était-ce une hallucination, son esprit traître et vil qui lui faisait réentendre le son de celui qu'il chérissait le plus, de celui dont il avait besoin. 

"Jimin ! répéta la voix, plus près cette fois-ci. 

Il sentit une main le tirer ; et, l'instant d'après, ce n'était plus la foule malsaine qui l'entourait de leurs doigts froids, mais des bras familiers, là, au creux de son cou.

Le blond prit une grande inspiration, serrant la veste de son amant entre ses doigts comme une bouée de sauvetage ; et tout ce qu'il sentit, c'était son parfum, cette odeur comme une bulle d'air, comme quand on atteint enfin la surface après avoir été à bout de souffle. Les grandes mains du noiraud étaient dans ses cheveux, dans son cou, dans son dos, s'assurant qu'il n'était pas blessé sans avoir à se décoller de lui — il savait que s'il faisait le moindre mouvement pour s'éloigner du plus jeune, celui-ci ne ferait que le suivre dans un gémissement bas et désespéré. 

"Tu n'as rien, souffla-t-il dans ses cheveux après un baiser ; était-ce une question ou une affirmation, Jimin ne savait réellement, mais c'était suffisant pour y croire aussi, que c'était une mauvaise passe, que maintenant, il était sain et sauf, sans avoir à s'inquiéter. 

"Que se passe-t-il ? demanda le putain — mais cette question était futile, parce qu'il savait parfaitement ce qui agitait Paris et laissait la ville gronder. 

Le visage de Seokjin se fendit d'un grand sourire. 

"La révolution, mon amour. C'est la révolution. 

Et c'est dans cet état un peu euphorique, paradoxal comparé à la détresse que le plus jeune avait vécu seulement quelques instants avant, qu'ils se partagèrent un baiser passionnel, là, au milieu de la foule. Il y avait des sifflements autour d'eux, d'autres cris, mais il n'en avait cure. Car les lèvres de son amant, de celui pour qui il décrocherait n'importe quelle étoile dans le ciel, étaient contre les siennes, comme si c'était la seule façon pour lui de pouvoir respirer, comme si c'était son oxygène, sa raison de vivre. Car les lippes de Seokjin partageaient un ballet lent et explosif avec les siennes, et Jimin ne voulait jamais le laisser partir.

A bout de souffle, ils se séparèrent, toujours enlacés, front contre front et respirant ce même air de victoire et de quelque chose de plus intense encore. 

"Ce soir, nous serons libres. 


.

i know il y a quelques incohérences historiques, mais laissez moi être soft ;(( après tous les os un peu dark que j'ai écrit ces derniers temps, ça fait pas de mal un ptit jinmin tout cute ;(((

en fait je me suis rendue compte que j'avais déjà bien avancé sur cet os, mais pour une raison inexpliquée, je l'avais laissé en brouillon pendant quelques mois !! alors en attendant les prochains os pour les recueils collaboratifs, que je vais bientôt republier ici, voici quelque chose à se mettre sous la dent !! 

n'hésitez pas à dire ce que vous en avez pensé, n'hésitez pas non plus à voter et à vous abonner ! dites-moi aussi quels sont les prochains ships que vous voudriez voir, quels concepts, etc. !! je suis tout ouïe !! 



love you lots, prenez soin de vous surtout ! 

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