SILENCE DES AGNEAUX

𝕾𝖎𝖑𝖊𝖓𝖈𝖊 𝖉𝖊𝖘 𝖆𝖌𝖓𝖊𝖆𝖚𝖝
(
𝔍𝔢 𝔫𝔢 𝔰𝔞𝔦𝔰 𝔭𝔞𝔰 𝔰𝔦 𝔧𝔢 𝔱𝔢𝔫𝔱𝔢 𝔩𝔢 𝔡𝔦𝔞𝔟𝔩𝔢, 𝔬𝔲 𝔰𝔦 𝔧𝔢 𝔩'𝔞𝔣𝔣𝔞𝔦𝔟𝔩𝔦𝔰 )

Ne fais pas confiance aux inconnus, Jimin. 

hopemin/jihope
motel!au
stranger & mysterious!hoseok
young & innocent & weak-for-pretty-smiles!jimin
bloody past
kinda inexistant plot (thanks, author)
one night stand
top!hoseok
bottom!jimin
(ndla: harsh end oups)

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Il avait besoin de dormir.

C'était, en réalité, la seule raison qui poussa Hoseok à garer sa moto sur le parking à moitié abandonné du motel miteux du bord d'autoroute. Le ciel était sombre, et les néons crépitaient de façon irrégulière le long de la façade jaunie de l'établissement, mais Hoseok avait besoin de dormir.

Il ne savait pas depuis combien de temps il était sur la route, son casque lui compressant la tête, empêchant ses pensées de divaguer, et le vent giflant ses membres endoloris, mais il avait besoin de s'arrêter, juste le temps d'une nuit. Il savait qu'il se détachait de son programme, que ce n'était pas très prudent de faire une pause impromptue, et que Yoongi lui ferait la peau – si ce n'est pas au sens propre du terme – lorsqu'il se rendrait compte qu'il avait dévié de sa route. Mais il avait faillit percuter un camion parce que ses yeux papillonnaient, il y a quelques bornes déjà, et il n'avait pas traversé toutes ces merdes pour finir comme une crêpe au kilomètre 72. Il ne saurait vraiment dire avec exactitude, mais il était persuadé qu'il avait mit assez de distance entre lui et le Point de Rendez-Vous, alors il pouvait bien se permettre de s'arrêter un peu. Même s'il n'aurait pas fini d'entendre le long laïus que lui prodiguerait Yoongi, il était persuadé que le blond serait d'avantage content de le savoir en vie.

D'un mouvement familier, il sortit la béquille et laissa sa moto reposer dessus ; mais, bien qu'après des heures à rouler à en perdre haleine, il resta encore un moment ou deux assis sur son bijou, peu importe le hurlement de fatigue de ses cuisses autour du moteur, le temps de souffler et de reprendre ses esprits. Les klaxons hurlants résonnaient encore dans ses oreilles, et depuis qu'il avait faillit être percuté, il avait fini le reste de sa route dans une sorte de transe. Heureusement qu'il n'y avait pas eu d'autres accidents, sinon il n'était pas persuadé qu'il aurait réussi à être aussi rapide sur ses réflexes que la première fois.

Il retira alors son casque, soupira, s'ébouriffa les cheveux, et contempla un moment son reflet dans le rétroviseur.

Il était las. Ses cheveux noirs de jais aplatis sur son crâne, sa peau marquée par le vent et la poussière de la route, son sourire seulement une ligne pincée sur son visage. Sûrement aurait-il été plus joyeux si tout s'était déroulé comme prévu ; et rien que de repenser au déroulement de sa mission, il y a quelques heures, était suffisant pour lui procurer une bouffée de rage sourde et aveugle.

Mais le claquement d'un volet, à l'étage, fut suffisant pour qu'il reprenne ses esprits. Il aurait tout le loisir de repenser à cela sous la douche, ou lorsqu'il sera enfin en compagnie de Yoongi ; pour l'instant, il devait se trouver une chambre – bien que l'absence d'animosité laissait présager qu'il y en avait une ribambelle de libres –, de manger un peu, et de se reposer. Il n'était pas bon de rester aussi longtemps sur le parking, aussi vide semblait-il. Ce n'était pas le moment pour être négligent, pas après la merde qu'il avait dû fuir il y a peu.

Un dernier coup d'œil au rétroviseur, vérifiant qu'il n'avait pas de traces vermeilles suspectes et visibles sur son visage et son cou, Hoseok descendit enfin de son engin, taisant ses muscles qui criaient à la fatigue, et saisit son sac en cuir dans le petit coffre de son baby. Là, à côté de sa Yama, il y avait seulement un vieux pick-up cabossé, qu'il suspectait appartenir au gérant de l'établissement, une caravane familiale – qui, de toute évidence, était celle d'une fille de joie que son client avait payé au prix fort pour lui faire accepter de faire leurs galipettes ici – et une poignée de voitures d'occasions poussiéreuses des voyageurs désespérément en quête de repos. De toute évidence, sa monture pesait plus chère que ces tas de ferrailles réunies, et avec un autre soupir, il espéra avoir une chambre qui donnerait sur sa place de parking. Il n'avait clairement pas envie qu'un petit délinquant vienne bricoler ses fils et se tire avec pendant la nuit, ou sinon il se retrouverait encore plus dans la merde qu'il ne l'était déjà. Yoongi ne lui pardonnerait pas une telle imprudence.

Lentement, habituant ses cuisses à fouler le bitume abîmé, le noiraud se dirigea vers la petite réception, casque dodelinant au bout de son bras. Il leva les yeux sur le nom crépitant de l'auberge, en néons rouges sang, et se dit que, dans d'autres circonstances, jamais il ne serait descendu dans un endroit pareil à un décor hitchcockien – bien que, avouons-le, le réel danger à présent n'était pas un propriétaire dérangé, mais bien un étranger bardé de cuir et de noir, aux cheveux corbeaux, qui venait de garer sa moto.

Il détesta presque immédiatement le bruit de la clochette au-dessus de la porte d'entrée en plexiglas qui tinta lorsqu'il entra au chaud, et ferma bien vite la porte derrière lui pour ne pas lui laisser l'occasion d'enrager ses oreilles davantage.

Le comptoir en bois était poli par le nombre de manches qui s'étaient frottées dessus, depuis sa création dans les années 70, et Hoseok ne manqua pas de respecter la coutume, alors qu'il posa ses avant-bras prisonniers dans une veste en cuir, attendant que quelqu'un vienne le servir. Un rapide coup d'œil au tableau des clés, en face de lui, lui indiqua qu'il y avait en effet suffisamment de chambres de libre pour qu'il en trouve une à sa convenue. Sur le côté, il y avait cette petite barre en fer droite, pas plus longue que sa main, que les restaurants utilisaient pour y empiler leurs reçus en les perforant les uns au-dessus des autres. Le dernier, tout en haut de la pile, était la chambre 89, réservée pour deux, datée d'il y a une heure et demie à peine. Sûrement la prostituée et son client pudique.

"Bonjour, et bienvenue au Black Cliff Motel, entonna sans grand entrain la voix monotone du réceptionniste.

Hoseok ne se laissait jamais surprendre. Il ne se le permettait pas, pas avec un tel métier qui traînait derrière lui comme une ombre sombre. Et pourtant, aujourd'hui était un jour à marquer d'une pierre blanche ; non pas parce que l'annonce avait été soudaine – il avait entendu ses pieds traîner le long de la moquette –, mais par l'homme devant lui.

Blond, le regard qu'il devinait rieur pourtant ennuyé jusqu'à la moelle, les joues un peu rondes, les lèvres pleines et délicieusement tentantes, un profil sculpté par les artistes de la Renaissance. Comment un homme d'une telle beauté s'était-il retrouvé réceptionniste d'un motel miteux, perdu au plein milieu de nulle part ? Pourquoi n'était-il pas sur les couvertures des magazines, laissant le monde entier apprécier ses charmes et souriant à la gloire ? 

Sur son vieux polo à manches courtes, brodé au nom de l'établissement, il y avait un pins avec son nom fixé dessus. Il y avait quelque chose d'adorable, dans le fait que son nom soit à l'envers, mais lorsque l'aîné réussit à décrypter le nom de « Jimin », il se dit que cela lui avait à merveille.

Le bel éphèbe marqua également un temps d'arrêt lorsqu'il leva enfin les yeux vers sa personne, quittant momentanément l'écran de son téléphone pour apprécier la beauté mystérieuse du noiraud en face de lui. Le temps sembla ralentir, pendant quelques instants, alors que leurs regards se chevauchèrent et goûtèrent au physique avantageux de l'autre. L'idée de l'avoir dans son lit ce soir traversa pendant quelques secondes l'esprit d'Hoseok, même si sa conscience lui hurlait que c'était une mauvaise idée, listant avec rapidité tout ce qui n'allait pas dans ce plan et la façon dont cette histoire finirait ; mais, soyons honnête, après une journée aussi foireuse que celle qu'il venait de vivre, la perspective de passer quelques heures dans des bras aussi charmants que les siens le laissait presque saliver.

Ses pensées tendancieuses furent interrompues quand le jeune blond, un peu rougissant de s'être fait surprendre à admirer un client, se racla la gorge et demanda :

"Que puis-je faire pour vous ?

Hoseok dû presque physiquement secouer la tête pour chasser les allusions obscènes qui lui venaient à l'esprit avec cette simple phrase – excusez-le, mais si vous aviez eu la journée qu'il venait de passer, sûrement vous abaisseriez-vous aussi à de tels raisonnements –, et se raclant la gorge pour se redonner contenance, il lui sourit avant de dire :

"Il vous reste une chambre pour une nuit ?

Bien sûr qu'il en restait, mais il voulait juste entendre le son de sa voix encore une fois, comme un baume que l'on appliquait directement sur son cœur rageur.

"Oui, bien sûr.

"Elles sont vues parking ?

Lorsque Jimin haussa un sourcil face à cette question, Hoseok ne put que lui dire la vérité – pour une fois, cela faisait du bien de ne pas créer un tissu de mensonges pour la moindre question insignifiante –, et, lui montrant ses clés, il lui offrit un petit sourire vraisemblablement gêné :

"Ma moto est neuve, et ça me ferait vraiment chier si on venait me la piquer pendant la nuit...

A ces mots, le cadet ne put que rigoler doucement – et dieu du ciel, ce rire. Hoseok n'était pas vraiment catholique, ni croyant de manière générale, mais c'était comme si le Ciel venait d'envoyer ses anges au-dessus de la charmante tête blonde, parce que lorsque ses yeux disparurent en croissants de lune, Satan lui-même se serait mis à genoux devant lui.

Lorsque son rire mourut doucement, il lui fit remplir les formalités, et Hoseok paya en cash. Intraçable, plus sûr, et l'avantage des motels était qu'il était possible de régler immédiatement à la remise de la clé. Il savait que demain matin, il n'aurait guère l'occasion de le faire. Quand ils firent un brin de conversation, le noiraud découvrit avec bonheur qu'il était tout seul à être de garde, et que tous les rares clients avaient demandé à ce qu'on ne les dérange pas : pour la pute et son homme d'un soir, cela était compréhensible, mais pour les autres, le motard n'avait pas vraiment envie de savoir pourquoi.

"Autre chose...

"Hoseok, offrit-il avec un sourire.

"Autre chose, Hoseok ? répéta alors Jimin, une coloration savoureuse sur ses joues.

L'interpellé se délecta des quelques secondes où son regard parcouru de nouveau le corps désirable de l'homme en face de lui, et apprécia à sa juste valeur la lueur de compréhension qui s'alluma dans les prunelles du blond.

"Et bien... Je n'ai pas mangé depuis ce matin...

"Il y a un in'n'out correct à quelques minutes d'ici, offrit-il lentement.

"Alors, dit Hoseok en sortant un billet de 20 de son porte-monnaie, est-ce que ça te dérangerait de commander deux burgers ?

"Deux ? répéta Jimin, même s'il savait très bien où cela les menait.

"Oui, deux... je pensais qu'on pourrait manger tous les deux dans ma chambre, vu qu'il n'y a personne d'autre ce soir et que tu risques certainement de t'ennuyer...

Puis, arrogamment, se penchant au-dessus du comptoir, il lui chuchota à l'oreille :

"Ne t'en fais pas, je donne de très généreux pourboires.

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Chambre 124. Hoseok, en maniant la clé dans la serrure, doutait sérieusement qu'il y ait autant de chambres que de chiffres dans un aussi petit complexe, mais si cela gonflait l'ego du gérant que de dire qu'il y avait plus d'une centaine de chambres dans son établissement, alors le jeune homme voulait bien le laisser rêver un peu.

L'intérieur en lui-même n'avait rien d'un rêve, cependant. Sombre, miteux, la moquette couverte de tâches suspectes, les rideaux d'un ancien temps, les fissures au plafond et la télévision cathodique posée sur un meuble bancal. Même s'il détestait les endroits comme ceux-ci, Hoseok y était habitué, et c'était à peine s'il haussa un sourcil quand il vit un cafard disparaître dans un coin quand il alluma la lumière de la prétendue salle de bain. C'était bien loin, de toute évidence, du luxe et du raffinement dont il avait été témoin lorsqu'il s'était rendu à son Point de Rendez-Vous.

Quand il sortit de sa douche, une serviette enroulée autour de ses hanches, il se sentait déjà mieux. La pression du pommeau n'était pas assez forte, mais assez pour délasser un temps soit peu les nœuds de tension dans son dos, et malgré la crasse évidente dans la salle de bain, au moins se sentait-il un peu plus propre et à même de tirer la situation au clair. Il enfila le seul jogging qu'il avait dans son sac en cuir – il n'avait clairement pas prévu de vêtements de rechange, et c'était là une potentielle couverture au cas-où il devait changer de plan à la dernière seconde et se faire passer pour un homme sortant de la gym, s'il se faisait interpeller. Mais Jimin arriverait bientôt, alors pourquoi donc s'encombrer d'un T-Shirt ?

Se séchant les cheveux grâce à la serviette, il s'aperçut dans le reflet trouble que lui renvoyait le miroir. Torse dessiné, muscles secs et longs, cernes, tatouage sur la côte. Seul lui et Yoongi connaissaient la réelle signification des chiffres qui décoraient son épiderme ; un coup d'un soir lui avait demandé un jour si c'était son numéro de téléphone, et le noiraud n'avait jamais été aussi heureux que ce soit là une histoire sans lendemain. Que ceux qui partageaient sa couche le temps d'une nuit imaginent le mystérieux sens de cette encre noire, il n'en avait que faire. Ils n'étaient pas prêts pour la vérité, de toute manière, plus sombre et plus brutale. Ils ne l'étaient jamais.

Logé entre ses deux pectoraux, il y avait également une plaque militaire qui frôlait sa peau basanée. Ces chiffres, il les connaissait par cœur, eux aussi ; mais que ce soit une plaque en plastique achetée dans une boutique souvenirs ou une plaque véritable, il n'y avait pas beaucoup d'importance. Sur le CV des gens de sa trempe, il était bon de marquer qu'on avait passé quelques années au sein des forces spéciales, apparemment. Si cela pouvait rassurer ses employeurs le temps d'une mission, et lui rapporter une belle somme d'argent, alors là également, il n'allait pas s'en plaindre. Du moment que le résultat était au rendez-vous, alors il n'avait rien à justifier à personne. Là aussi, le seul à savoir l'entière vérité était, encore et toujours, Yoongi. Il n'était pas sûr de pouvoir murmurer ces détails à quelqu'un d'autre que lui un jour, aussi insupportable pouvait-il être; mais au moins était-il une personne de confiance, et cela était suffisant pour que le noiraud puisse lui révéler ses plus sombres secrets – ou du moins, la plupart.

Son téléphone vibra sur le lit, affichant le nom de K. Sinner. Avec un soupir, le bel éphèbe décrocha ; c'était le nom de code pour la ligne sécurisée qu'il avait avec Yoongi, et il savait qu'il se devait de répondre. S'il ne donnait pas de nouvelles, dans quelques heures, le blond lancerait Namjoon à sa recherche – et ça, il en était hors de question, alors autant s'en débarrasser maintenant. Ni l'un ni l'autre ne voulait avoir affaire à l'homme aux yeux sanguinaires, mais les situations extrêmes impliquaient parfois des solutions tout aussi drastiques.

"Dis-moi où tu es, lâcha la voix de son aîné au moment-même où il apporta son téléphone à son oreille.

Ce n'était pas une question, et cela, le tatoué le savait très bien. Cela avait été comme ça dès le départ, depuis toujours, et tous deux s'en accommodaient parfaitement. Yoongi gérait les détails, la logistique, les faux-papiers et tous les autres trucs merdiques mais nécessaires à régler, et Hoseok... Hoseok faisait le boulot. Sale, souvent, mais c'était ce qu'il savait faire de mieux ; comparable à la graisse et à la suie que les tâches ingrates et manuelles laissaient sur les doigts. Seulement, dans son cas, le liquide qui tâchait son épiderme basané était plus visqueux, plus horrifiant, plus inquiétant, plus dangereux... plus pourpre.

"Dans un motel au bord de l'autoroute.

"Tu t'es arrêté ?

Hoseok soupira et se pinça l'arête du nez. Voilà exactement pourquoi il ne voulait pas prévenir Yoongi en premier lieu, parce que les questions et les reproches allaient tomber sur ses épaules comme une pluie sans fin ; et cela commençait déjà, si on en croyait le ton de surprise et de reproche qui raisonnait encore dans ses oreilles.

"Oui, j'ai faillit me prendre un camion en m'éloignant, alors je n'ai pas préféré prendre de risques. Et avant que tu ne me le demandes, oui, ne t'en fais pas, j'ai pris toutes mes précautions.

"Ouais, tu m'avais dit la même chose aussi pour Hanoi, et regarde comment ça s'est fini.

A ces mots, le bel éphèbe serra la mâchoire face aux souvenirs qui affluaient à la simple mention de cette ville. Hanoi avait été une boucherie, un bain de sang, un souvenir presque impossible à ôter de sa mémoire ; mais personne, ni lui, ni Yoongi, ni l'autre Namjoon, ne pouvait savoir qu'il y avait un autre privé sur le coup. Ils avaient été doublés, et si Hoseok n'était pas aussi doué, sûrement qu'il ne s'en serait pas sorti. Pas indemne, en tout cas.

"Bon, demanda son interlocuteur plus calmement – au son de son briquet qui s'ouvre, il venait de s'allumer un truc ; un bang, une cigarette, un joint, peu importe, du moment qu'il était plus tranquille – ; qu'est-ce qu'il s'est passé, au juste ?

"Je ne sais pas trop. On a été vendu, je crois. La police est arrivée beaucoup trop vite, j'ai dû passer par les immeubles en construction d'à côté. Personne n'était censé savoir qu'elle était là, donc je ne vois que ça comme solution.

"Mais la fille ?

Des flashs des heures précédentes se rappelaient à son bon souvenir, comme une lumière aveuglante qui crame la rétine. Si Hoseok n'avait pas été engagé pour l'éliminer, sûrement aurait-il aimer passer du temps avec elle : elle était belle, grande, d'un blond élégant et naturel, un sourire doux et de grands yeux qui auraient pu être innocents, mais tout ce que le jeune homme avait pu lire en eux lorsqu'il s'était approché d'elle, c'était de la peur panique. Voilà pourquoi il détestait travailler aussi près des cibles, préférant les snipers, mais les ordres sont les ordres, alors, comme à l'accoutumée, il s'était plié en quatre pour suivre à la lettre les instructions. C'était las, comme mode de vie, mais bon, il ne pouvait pas faire grand chose d'autre.

"Oui, je m'en suis occupé. Dans la salle de bain, pendant qu'elle se maquillait, comme convenu. C'était qui, l'employeur ?

Il y eut un bruit de claviers, quelques clics de souris, et Hoseok imagina sans mal Yoongi dans son fauteuil en cuir défoncé, une capuche rabattue sur ses mèches décolorées, faisant frénétiquement courir ses phalanges tatouées sur les touches, les yeux rivés sur l'écran recouvert de lignes de code.

"Un certain JJK. De ce que je vois, il n'est jamais passé par nous, donc je n'ai pas beaucoup d'infos. Mais si c'est sa première fois, comme tu dis, il n'est pas impossible qu'il ait flippé et qu'il ait appelé les flics en se rendant compte de sa connerie.

Hoseok laissa échapper un petit grognement sourd, visiblement peu satisfait de ce qu'il venait d'entendre.

"Rentre au QG, et après on verra. J'enverrais peut-être Namjoon fouiner pour savoir s'il nous a vraiment balancé ou pas, mais toi, tu dois faire profil bas. Alors pas de conneries, et à la première heure demain, tu reprends la route et tu rentres. Laisse ta-

"Laisse ta moto au garage et prends le train en cash, oui, je sais hyung. Je connais la chanson.

C'était peut-être là un peu arrogant de sa part de se comporter de la sorte, surtout quand son aîné s'occupait toujours de lui, mais il y avait quelque chose d'énervant dans le ton de sa voix. Comme s'il ne pensait pas Hoseok capable de faire le boulot vite et bien, même si tous deux savaient que ce n'était que mauvaise foi de dire cela. Yoongi, aussi furieux et flippant qu'il pouvait être, était protecteur – trop, même, mais ce n'était que partie remise.

"Ok. Autre chose ?

Le jeune homme marqua un temps de pause. S'il y avait autre chose ? Il y avait bien Jimin qui viendrait sous peu avec de la nourriture à emporter, mais cela, il ne pouvait pas le lui révéler. Leur passé commun faisait que le blond lui ordonnerait de partir immédiatement, par une jalousie sourde et maladive qui coursait dans ses veines ; mais Yoongi n'était pas là, et cela faisait longtemps qu'il n'avait pas partagé sa couche. Ce n'était qu'une nuit, et ce que son interlocuteur ignorait ne pouvait lui faire de mal.

"Non, hyung.

Il y eut un petit silence de l'autre côté de la ligne. Peut-être qu'il n'était pas aussi dupe que cela. 

"Bon, très bien. Sois prudent. Évite de mourir.

Et sur ce, il raccrocha.

Avec un soupir las, Hoseok fit de même lorsque ses oreilles n'entendaient rien d'autres que les tonalités stridentes et énervantes, et balança son téléphone sur son matelas. Quand il jeta un coup d'œil à ses mains, celles-ci tremblotaient légèrement. Le basané ferma ses poings un instant, et, avec un autre soupir, se dirigea vers son sac pour en sortir une toute petite boîte en fer, contenant des pilules blanchâtres. En laissant l'une d'entre elles fondre sur sa langue, il se dit que, ça aussi, Yoongi n'avait pas besoin de le savoir. Il avait réussi à tenir cela secret pendant plusieurs mois, alors une histoire de sexe n'était qu'une banalité.

Au moment-même où il avait ces pensées, deux coups furent timidement frappés contre la porte de sa chambre. Jetant un rapide coup d'œil, il vérifia qu'aucun élément incriminant ne vienne le trahir – en particulier la crosse froide qui se trouvait encore dans son sac en cuir –, et en trois enjambées, fut devant la porte pour venir ouvrir à un Jimin un peu rougissant. 

Il s'était changé en vêtements plus confortable, en un jean qui épousait ses cuisses comme un amant, et en T-shir noir, simple, laissant deviner les vallons de ses délicieuses clavicules. Il était si beau, et si innocent, aussi, quand il leva ses yeux timides et son visage un peu empourpré en direction d'Hoseok, en prenant le soin de laisser son regard couler le long de son torse encore un peu humide. Il venait de se jeter tout droit dans la gueule du loup, et, avec un petit pincement au cœur, le noiraud se dit qu'il n'avait aucune idée de ce qui l'attendait. 

Mais quand Jimin lui offrit un petit sourire, tout aussi radieux que ses yeux, alors Hoseok balaya les pensées négatives qui peuplaient son cerveau, et le laissa passer avec un rictus similaire. 

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La vision de peur implacable qu'il avait vu dans les prunelles de la blonde, plus tôt ; les sirènes des voitures de police, son cœur battant alors qu'il s'enfuyait de la scène de crime, les emmerdes qui s'en étaient suivies – tout cela avait été vite oublié. Et comment aurait-il pu, comment aurait-il voulu ressasser tous ces souvenirs déplaisants, quand il avait sur ses genoux une créature tout droit venue du ciel, embrassant ses lèvres le souffle court, comme si, inconsciemment, il voulait lui ôter toutes les noires pensées qui teintaient son âme ? Lui ôter le voile, brodé de nuit et de sang, qui couvrait son regard ? 

Le sac en papier et les boîtes de nourriture à emporter avaient vite été oubliés, la conversation prenante, naturelle, emplie de sourire et d'anecdotes d'enfance et de questions innocemment ambiguës et de rires et de rougissements, comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Et Hoseok n'avait pas à mentir : pour une fois, il n'avait pas envie de s'inventer une vie, laissant le jeune homme raconter la sienne avec un petit sourire. Il devrait être inquiété de savoir qu'il se perdait aussi facilement dans la discussion et dans les mots de miel de l'ange en face de lui, tous deux assis en tailleur sur le lit – mais ce n'était pas le moment de penser à cela. Cela faisait des siècles qu'il n'avait pas profité de l'instant, même pas quand il était avec Yoongi. 

Jimin était un rêveur. C'était un homme qui regardait le monde différemment – à moins que ce ne soit Hoseok qui en ait une vision fade et sombre, tâchée par sa triste réalité. Il travaillait dans ce motel pour économiser suffisamment, se languissant du moment où il plierait bagages et qu'il ferait enfin son tour du monde. A la place, il caressait du bout des doigts les cartes postales accrochées dans sa chambre, s'imaginant déjà le bruit des vagues et l'air chaud qui lui caresse le visage, un sourire quand il décrivait les landes lointaines, comme s'il les connaissait déjà par cœur. Il avait cette façon de voir la vie qui était déconcertante, malgré la certaine mélancolie qui transparaissait derrière ses mots. Et même s'ils ne venaient que de se rencontrer, l'homme aux cheveux corbeaux voulait déjà lui offrir le monde. Il méritait plus, bien plus que de rester ici, sur un motel miteux de bord d'autoroute, alors que tant d'autres merveilles, au-dehors, n'attendaient que lui.

Hoseok n'avait pas de cœur, n'en avait plus ; mais celui de Jimin était immense, si grand qu'il aurait pu amplement suffire pour deux corps. Le problème avec le blond – le motard l'avait vite compris –, c'était qu'il voyait le bon en tout le monde ; et le basané n'aurait su dire ce qu'il voyait de bien dans lui, quand, entre deux baisers passionnés, il plongeait son regard dans ses orbes charbons, comme s'il pouvait lire toutes les émotions brutes qui ravageaient son esprit à ce moment-là. Il ne savait pas ce qu'il y lisait, anxieux qu'il ne comprenne que trop vite qui il était réellement ; mais peut importe ce qu'il y trouva, cela ne semblait pas trop l'affecter, si on en croyait la façon dont il revenait écraser sa bouche contre ses lippes avec force.

Oui, en réalité, tout cela n'avait pas beaucoup d'importance ; pas quand Jimin l'embrassait de tout son soûl, comme s'il trouvait en Hoseok un échappatoire de sa vie monotone et ennuyeuse, comme si ses baisers lui apportaient de l'adrénaline et un sentiment d'euphorie qu'il avait cherché toute sa vie. Et tant pis, en réalité, si tous deux utilisaient l'autre comme une excuse, comme une issue de leur quotidien. L'un l'utilisait le temps d'une nuit pour oublier l'horreur dont il était confronté, trouvant dans les formes du blond une certaine innocence et une beauté auxquelles il n'avait pas eu l'occasion de goûter depuis trop longtemps ; l'autre l'utilisait le temps d'une nuit pour prétendre à une vie de frissons et d'excitation, trouvant dans les souffles rauques du noiraud quelque chose qui le faisait frissonner, quelque chose de dangereux et de réconfortant à la fois.

Peu importait les conditions qui les poussaient à partager leur couche le temps d'une nuit ; Hoseok préférait ne pas y penser, ni à ce qui les avaient amenés jusqu'ici, ni les conséquences que cela entraînerait. Pas quand, adossé contre la tête de lit, les jambes étendues sur le matelas miteux devant lui, Jimin se trouvait logé entre ses cuisses, laissant ses baisers descendre plus bas, beaucoup plus bas, là où il avait le plus besoin de lui. 

La tête rejetée en arrière, les yeux mi-clos, il se laissait porter par la sensation des lèvres, si douces, si tentantes, si serrées du blond autour de sa verge. Les grognements et les soupirs étaient de vigueur, alors qu'il retenait faiblement entre ses doigts quelques mèches blondes, histoire de le rassurer et de l'encourager. Par tous les saints, Jimin était vraiment un être à part – qui acceptait de sucer un étranger que l'on venait à peine de rencontrer dans une chambre lugubre d'un établissement douteux ? 

Et si Hoseok trouvait que Jimin avait un air quelque peu innocent, quand il l'avait vu pour la première fois à la réception, c'était à présent tout le contraire – parce qu'il lui murmurait contre sa peau des paroles tellement tendancieuses, d'un érotisme qui faisait gonfler son torse de fierté et de chaleur. Il n'était pas sûr qu'il entendait précisément tous les mots trempés dans la concupiscence, mais la voix, rauque par le désir et par son membre dans la bouche, lui faisait un effet indescriptible. 

"Putain, viens-là, babe, grogna le noiraud en utilisant ses jambes pour ôter son bas de jogging. 

Il laissa ses mains danser dans l'air, les écartant juste suffisamment pour que Jimin puisse y caler avec délice ses hanches – il avait toujours eu un don pour les mesures, et quand il sentit la peau de velours glisser contre ses grandes mains caleuses, il ne put que humer de contentement. Ses yeux, encore plus sombres qu'ils ne l'étaient, observèrent d'un regard lubrique la façon dont la beauté dorée se mouvait, ses muscles tendus sous son épiderme encore vierge, ses cuisses puissantes se plaçant de part et d'autres du bassin du basané, se mordant la lèvre inférieure avec une lueur charnelle dans les yeux. 

Par tous les saints, par Hadès et par les diables qui traînaient dans les flammes démoniaques, Hoseok, par cette simple vision, avait déjà trop chaud ; et ne put retenir le gémissement bas qui franchit ses lèvres, alors que Jimin, déjà lumineux dans sa nudité glorieuse, se laissait glisser le long de son ventre pour placer un baiser humide sur ses clavicules. 

"Tu étais tellement thick dans ma bouche, murmura-t-il en laissant traîner ses lippes sur le coin de l'oreille de son amant d'une nuit ; tu n'as pas idée à quel point j'ai envie de t'avoir en moi. 

Et Hoseok, en guise de réponse, ne put qu'abattre sa main sur la fesse de Jimin, alors que la dernière phrase résonnait encore dans ses oreilles, quelque chose de lascif et de sensuel collant à sa voix. Est-ce que c'était le noiraud qui l'avait autant corrompu, en si peu de temps, ou est-ce que cet ange n'était pas si innocent que cela, quand il avait garé sa moto sur le parking ? Cachait-il sa vraie nature sous ces apparences, entraînant son aîné dans sa chute, dans ses griffes, le faisant tomber sous son charme comme on tombe d'une falaise ? 

Pour faire bonne mesure, Hoseok claqua une seconde fois son bassin, laissant Jimin haleter dans un gémissement à peine contenu, ses mains s'agrippant aux muscles de ses épaules, son regard d'une noirceur et d'une luxure dans lequel le basané ne pouvait que s'y plonger avec délice. 

Et le baiser qui en suivit était comparable aux chaudes nuits d'étés, aux feux d'artifices qui éclairent le firmament et aux étoiles qui chantent une fois le soleil caché. Parce qu'Hoseok, la nuit, rencontrait avec passion Jimin, le soleil ; et à eux deux, leurs souffles courts se mélangeant à celui de l'autre, ils créaient l'aube et le crépuscule, quand les ténèbres de son âme rencontraient les petits matins de son sourire, et qu'ils en peignaient un tableau d'une finesse et d'une beauté que les poètes ne pouvaient s'empêcher de louer. 

Le baiser devint plus fiévreux : la langue de Jimin était comparable à la soie la plus fine et la plus luxueuse, comparable au fruit le plus sucré et le plus juteux – il était presque impossible de s'en passer. Et les doigts du cadet se glissèrent dans sa tignasse corbeau, quand Hoseok laissa glisser son index le long de l'entrée du bel éphèbe – par pur accident, mais il aimait la direction que prenait le cours des choses. Leurs corps étaient chauds contre l'autre, le feu de la passion et le magma de la concupiscence crépitant contre leurs peaux, l'oxygène se raréfiant et les pensées obnubilées par l'homme d'en face ; et Hoseok put sentir quelques gouttes toutes aussi chaudes, émanant du sexe de Jimin contre ses abdominaux, lui témoignant à quel point il avait envie et besoin de lui – les corps ne mentent pas, Hoseok avait vite compris cela à travers son métier. 

Le motard continua de caresser son entrée par des cercles impatients, laissant une ribambelle de sensations, créant une multitude d'explosions le long de la colonne vertébrale de son amant, alors que ce-dernier, la tête rejetée en arrière et le dos cambré pour lui faciliter l'accès, ne pouvait que soupirer des "plus, donne-moi en plus". 

Et vraiment, qui était Hoseok pour refuser une telle requête ? Pas quand, son doigt humide par sa propre salive, il laissa une première phalange passer, provoquant un gémissement long de l'ange au-dessus de lui, qui, à présent, s'était complètement collé à lui, son visage enfoui dans son cou, son dos encore plus cambré qu'auparavant pour l'inciter à lui en donner plus. 

"Tu es tellement impatient... laisse moi m'occuper de toi, lui chuchota Hoseok alors que de son autre main, il caressait en une traînée de frissons la hanche du jeune blond. 

"B-Baises-moi, fut sa seule réponse, gémie dans son oreille.

Et si Hoseok aimait embrasser, aimait choyer, aimait caresser Jimin, il aimait le débaucher encore plus, plus que tout ; et peut-être que c'était lié à sa nature, parce que tout ce qu'il touchait se transformer en quelque chose de plus vulgaire, de plus sombre – mais rien, à ce moment-là, n'était comparable à la façon dont Jimin, la bouche entrouverte et les yeux clos, alors que le noiraud ajoutait un deuxième doigt lubrifié, rejetait sa tête en arrière une nouvelle fois. La façon dont il exposait son cou et sa gorge gracile, la façon dont il accompagnait le cisaillement des doigts à l'intérieur de son antre par de petits coups de bassins, la façon dont ses lippes traçaient les contours de son nom ; rien ne pouvait être qualifié de vulgaire. 

C'était bien la première fois qu'Hoseok rendait quelqu'un plus beau encore. 

Et Jimin chevaucha ses doigts. L'une de ses mains était enfouie dans la tignasse ébène de son amant, tandis que l'autre tirait sur l'une de ses fesses pour pouvoir s'empaler plus profondément encore sur les longues phalanges qui faisaient des merveilles à l'intérieur de lui. 

"'Seok, 'Seok... haleta-t-il ; s'il-te-plaît, prends-moi ! 

Et, prenant la situation en main – sans mauvais jeu de mot –, Jimin enroula ses petites mains autour de la verge tendue et si frémissante du basané, avant de se placer au-dessus d'elle ; mais alors qu'Hoseok s'imaginait déjà le délice de se retrouver à l'intérieur de lui, le blond la laissa glisser entre ses deux fesses, stimulant son périnée juste ce qu'il fallait, dans une certaine impatience, comme s'il voulait montrer à son aîné l'ampleur d'une promesse d'une nuit avec lui. Et le motard ne put que rejeter lui aussi la tête en arrière, un grognement guttural quittant ses lèvres, reposant contre la tête de lit avec un bruit sourd. Il allait le rendre fou... à moins qu'il ne le soit déjà ? 

"Putain, laisse-moi, laisse-moi...

"Vas-y, babe, grogna Hoseok en raffermissant sa prise autour des hanches. 

Et puis... 

Et puis toucher le Nirvana du bout des doigts. 

Hoseok, Jimin.
Le soleil, la nuit.
L'Enfer, le Paradis.
Le sombre, le clair, et toutes les couleurs qui se mélangeaient entre eux au moment où ils s'embrassaient. 

C'était comme si le noiraud oubliait tout : son passé, sa journée merdique, Yoongi, la blonde, le fait qu'il était dans une sorte de cavale, tout, au profit de Jimin, de ses baisers fiévreux, de ses gémissements, de la chaleur le long de son membre, de la façon dont sa propre verge rebondissait au gré de ses va-et-viens. C'était... C'était comme si c'était un nouvel homme. Jimin le rendait bon, d'une certaine façon, prenant son cœur entre ses mains pour y embrasser les ténèbres ; et Hoseok ne pouvait que le lui rendre, en plantant ses pieds dans le matelas pour rendre ses coups de bassins, écoutant avec délectation les cris cassés de la beauté au-dessus de lui. 

"Bordel, hyung, là, juste là, hoqueta le blond alors que le basané changea d'angle pour abuser allègrement de sa prostate, plaquant ses mains contre le mur pour avoir meilleur appui.

La chambre sentait déjà la débauche, la dépravation, la luxure et la corruption de l'innocence ; et les voisins se plaindront sûrement le lendemain matin du claquement de leurs peaux contre peaux, des plaintes lascives et des mots d'encouragement. 

Qu'ils aillent au Diable.

La façon dont Jimin bougeait au-dessus de lui était erratique, fixé sur son orgasme et de son approche rapide, parce qu'ils étaient trop loin et trop saoul de leur ébats pour attendre encore plus longtemps. Ses propos étaient incohérents, suppliant Hoseok de le toucher, de le faire trépasser la ligne d'arrivée, de le pousser dans le précipice et de chuter avec lui. L'espace d'un instant, l'aîné ne put s'imaginer ce que cela ferait de partir dans un orgasme – quelle belle mort, cela ne faisait aucun doute. 

Et, encore une fois, qui était le basané pour refuser une telle demande de sa part ? 

Embrassant les bourgeons de chair bruns qui dansaient devant ses yeux, il lui murmura, après un coup de langue mutine : 

"Viens pour moi, babe, laisse-toi aller.

Et ce fut suffisant pour que Jimin se laisse, effectivement, aller, suffoquant dans ses gémissements et ses mains tirant les cheveux de son amant, ses ongles griffant la peau de ses épaules, dans une vaine tentative de rester conscient ; tout ce qu'il vit, ce fut des points blancs danser devant son champ de vision, son estomac faisant les montages russes, avant que, enfin, de longs rubans vinrent décorer le bas ventre de son amant. Et cette vision était si érotique, si... si parfaite qu'Hoseok ne put que jouir dans cette antre délicieuse à son tour. 

Ils restèrent ainsi un long moment, la tête de Jimin reposant dans le cou du noiraud, le souffle court s'apaisant. Hoseok, pourtant pas grand amateur des moments post-orgasmiques, ne put s'empêcher toutefois de laisser ses mains caresser doucement les hanches du bel éphèbe au-dessus de lui, embrassant presque tendrement ses tempes – parce qu'il y avait quelque chose chez le blond qui le poussait à être aussi doux. Il s'inquiéterait plus tard de ce que cela voulait dire ; mais alors que ses doigts tapotaient sur le velours de sa peau une mélodie imaginaire, il ne put que remarquer que ses mains ne tremblaient pas. 

Le cadet se redressa un peu, prenant appui contre la tête de lit, et planta son regard dans celui, plus sombre, de son partenaire d'un soir. Et, un sourire en coin peint sur ses lèvres, il lui dit : 

"C'est sûrement le meilleur pourboire que je n'ai jamais eu ; 

– avant de fondre de nouveau sur ses lèvres, mille promesses et mille fantasmes dansant sur la peau douce de ses lippes.

---

Hoseok était déjà réveillé au moment où les premiers rayons du soleil filtrèrent à travers les rideaux poussiéreux de sa chambre de motel. Légèrement adossé contre la tête de lit, ses yeux papillonnaient entre le petit jour et la figure encore endormie de son amant d'une nuit à ses côtés. Il savait qu'il devait partir, c'était trop dangereux pour lui de rester plus longtemps que nécessaire, et il l'avait promis à Yoongi – mais une autre partie de son esprit voulait qu'il profite un peu de ce moment, parce qu'il savait qu'il prendrait fin trop tôt. 

Le noiraud était bien conscient qu'il devait prendre une décision, mais son esprit ne voulait pas s'y résoudre. Jimin avait l'air tellement paisible, ainsi, avec sa joue délicatement pressée contre l'oreiller, ses cheveux tombant voluptueusement autour de son visage, comme une pluie de fils d'or venant gracier sa beauté matinale, et sa peau dénudée, coulant dans le cuivré du soleil, était semblable à du velours. Jimin était un ange, vraiment, et jamais Hoseok n'aurait dû le corrompre au point de venir se jeter directement dans la gueule du loup. C'était une créature divine, que le soleil lui-même semblait adorer, et voilà que son cœur et son âme avaient été noircies par les ténèbres qui émanaient de la figure lunaire et dangereuse du motard. Il savait, au moment-même où il lui avait proposé de monter dans sa chambre, la façon dont tout cela terminerait. Il en était bien conscient, et avait fait taire sa raison hurlante; même s'il n'avait pas voulu vraiment y penser en premier lieu, cela faisait quand même de lui un égoïste, pour avoir voulu, avarement, l'avoir que pour lui. Une dernière fois. La seule fois qui comptait. 

Le dernier orgasme et la dernière nuit de Jimin avait été passé en sa compagnie, et cette réalisation emplissait son cœur d'une certaine fierté et d'un haut-le-cœur des plus ragoutants, dans un paradoxe qui rendrait fou plus d'un. 

La veille, le jeune réceptionniste lui avait parlé de ses projets de voyage, qu'il mourait d'envie de faire le tour du monde, avec juste un sac à dos, et qu'il économisait pour pouvoir partir, loin ; et à présent, Hoseok était sur le point de tout lui ôter, de tout lui enlever. Ses rêves, ses ambitions, ses promesses, partiront en fumée au moment-même où le basané franchirait pour la dernière fois la porte de sa chambre. Son passé, son futur, ses souvenirs, l'homme qu'il aurait pu devenir, l'homme que l'on regrettera plus tard. 

C'était bien la première fois que le noiraud avait autant de vague à l'âme à la simple mention d'ôter la vie. D'habitude, il ne se posait pas de question, était détaché, juste un nom de plus sur son tableau de chasse, juste une série de chiffres sur son compte en banque, rien de plus simple, rien de bien compliqué. Même pour ses anciens coups d'un soirs, il n'avait jamais eu autant de regrets et de remords, d'hésitation, à faire le sale boulot. 

Il savait qu'il avait été injuste. Il ne pouvait pas juste se pointer dans un motel, séduire l'employé mignon de l'établissement, passer la nuit avec, et devoir s'occuper de lui pour ne pas laisser de traces derrière lui. Voilà pourquoi Yoongi n'aimait pas qu'il dévie du plan d'une telle façon : parce que ça laissait toujours et encore des traînées de cadavres derrière lui, et Hoseok ne pouvait pas se permettre d'épargner Jimin, aussi intenses ses baisers étaient, et aussi innocent était empreint son regard. Bien sûr qu'il aurait voulu le sauver. Bien sûr qu'il aurait voulu lui laisser vivre la vie qu'il s'était promis. Mais il ne pouvait pas se permettre qu'il se mette à parler, à quiconque viendrait le voir avec des questions sur lui, parce qu'il pourrait leur décrire beaucoup trop de choses sur sa personne. Peu importe s'il lui ordonnait, s'il le menaçait de se taire. La vérité ressortait toujours, et il pourrait tout leur dire. Le tatouage qu'il avait sur la côte, la façon dont il avait susurré des encouragements à son oreille, la plaque de sa moto, les affaires qu'il avait avec lui. Certes, il y avait peu d'éléments qui puissent réellement remonter jusqu'à lui, mais c'était déjà beaucoup trop pour qu'il laisse passer cela. Il devait emporter ce souvenir de lui dans sa tombe. 

Avec lassitude, Hoseok se leva du matelas défoncé, en prenant garde à ne pas réveiller la beauté blonde à ses côtés. Un froncement de nez sur son visage, il renfila ses affaires de la veille, les seules qu'il possédait, boutonna son jean moulant et ajustant les épaules de son col roulé, en une figure noire qui ne faisait pas forcément bon de rencontrer tard la nuit. Une fois tous ses effets personnels regroupés, il se retourna en soupirant en direction de l'homme encore endormi, les bras croisés sur son torse, se demandant bien comment s'en charger. 

C'était un homme doux, alors Hoseok ne voulait pas le tuer d'une simple balle. Ne pouvait s'y résoudre. C'était certes la solution la plus rapide et la plus efficace, mais aussi la plus cruelle. Tout ce sang, toute cette violence, cela gâcherait son si beau visage, et il n'avait pas envie que Jimin parte de cette façon. N'avait pas envie de tâcher le tableau si paisible dont il était la muse. Ce ne serait pas lui rendre justice que de lui donner la mort ainsi.

Malheureusement, il n'avait pas de seringue sur lui. Il n'aurait rien senti, s'il lui avait donné une dose suffisante pour caresser le Paradis de ses doigts. C'aurait été comme s'endormir, en réalité, partir dans un rêve et dans un baiser. Il y avait pire. 

Alors, avec un autre soupir, Hoseok s'approcha donc du lit, et s'accroupit, de façon à être en face de son visage sculpté par les dieux. Il avait bougé dans son sommeil, et il était sur le dos, à présent, le drap blanc ne cachant en rien ses boutons de chairs bruns. Quel dommage, vraiment. Il aurait aimé le retrouver sur les panneaux publicitaires des grandes marques de luxe, parce que c'était ce qu'il aurait mérité. Pour le plus grand regret de l'industrie de la mode, ils perdaient aujourd'hui une égérie potentielle et un regard si hypnotisant qu'on aurait pu faire n'importe quoi pour ces prunelles. Hoseok aussi, avait envie de faire n'importe quoi pour lui. Aurait voulu voir l'admiration et le bonheur dans ses pupilles quand il partirait enfin de ce trou à rat pour découvrir ce vaste monde. Quelle vie cela aurait été, d'être un peu plus longtemps à ses côtés.

Du bout des doigts, l'aîné caressa sa joue, doucement, sans vouloir le réveiller, replaçant quelques unes de ses mèches derrière son oreille. Un si joli tableau. Puis, tout aussi lentement, il se pencha en avant, embrassant avec délicatesse ses lèvres pleines, comme un souffle, un effleurement trop court et trop rapide pour être ressenti. Il ne savait pas trop s'il avait fait cela pour lui ou pour le blond, mais une chose était sûre, c'était qu'il aurait regretté de ne pas l'avoir fait. 

Il ferait un beau macchabée. 

Et, sans faire de mouvements brusques, Hoseok saisit l'oreiller un peu miteux à côté de lui...

... Avant de le presser sur sa bouche et son nez. Le noiraud maintint la pression, sans faire vraiment attention aux coups de pieds et les bras qui se balançaient dans l'air sous la suffocation. Vaine façon d'essayer de s'en sortir. C'était des gestes de désespoir, dernier instant de survie, quand Jimin avait senti sa respiration se couper – mais il était trop tard. Hoseok savait ce qu'il faisait, et peu, voire aucune, personne n'était sorti indemne d'entre ses mains. 

Pourtant, le basané avait détourné les yeux. Il était habitué, aux regards remplis de panique et de peur, d'une hystérie presque tout aussi dangereuse que létale, cet instinct de survie hurlant, mais là... il y avait quelque chose de différent. Il ne pouvait se résoudre à trouver une telle lueur dans les yeux du blond, pas après la nuit qu'ils venaient de passer. Pas sur son visage. Ne voulait pas partir avec ce dernier souvenir de lui ancré dans sa mémoire, le hantant à jamais.

Un soubresaut, un spasme, et puis plus rien. Le noiraud maintint la pression un instant ou deux, s'assurant que Jimin l'avait bien quitté pour un monde meilleur, avant de se redresser. Il ne pouvait se résoudre d'ôter l'oreiller pour pouvoir voir son triste dessein, son tableau sombre qu'il avait peint avec la peur et les ténèbres. C'était bien le seul cas où il détestait avoir choisi de telles couleurs et de tels pinceaux pour peindre sa toile. Ce n'était, de toute évidence, pas son plus grand chef d'oeuvre, parce qu'il n'avait pas mis autant de passion et d'implication que dans d'autres ; parce qu'il y avait, derrière la couche de vernis, un arrière-goût d'amertume et de regrets. 

Jimin était la victime collatérale qu'il aurait préféré ne pas ajouter à son tableau de chasse. 

Quand il sortit de la chambre, il claqua la porte en rangeant son briquet dans sa poche. Quand il enfourcha sa moto, il put voir dans son rétroviseur droit que les flammes sortaient déjà du numéro 124, léchant le battant en bois et les rideaux poussiéreux, gourmandes, mortelles, démoniaques, sataniques. C'était mieux ainsi ; la chambre entière était pleine de son ADN, de ses cheveux à sa semence, alors c'était mieux de tout éliminer par le feu. Y compris un certain amant qui lui avait fait tourner la tête, le temps d'une nuit. 

Et, sans un regard en arrière, il démarra. Une ombre disparaissant dans l'aube, un étranger à qui il n'aurait pas dû faire confiance. 

Car après tout, la nuit venait d'engloutir le soleil.


.

j'espère que cette fin n'est pas trop abrupte !  j'ai fait d'autres os où l'un des deux meure, mais jamais où l'un tue l'autre !!! 

c'est un os qui n'est pas très long (dsl pour ceux qui étaient habitués aux précédents, bcp plus long) mais promis, je me rattraperai la prochaine fois ! 

qu'est-ce que vous en avez pensé? est-ce que vous avez aimé l'hoseok tueur ?  je ne voulais pas trop en dévoiler pour rester un peu mystérieux, j'espère que c'est réussi !  des théories, au passage ? 

un petit peu de promo à présent : 
1°      si vous voulez lire un autre hopemin, n'hésitez pas à checker sur mon compte "spiky roses", (mon petit bébé), une fiction sur le vin, sur un œnologue et sur un riche héritier... ;)
2°      si vous voulez lire une fiction un peu thriller dans ce genre là (kinda), je vous conseille "souviens toi que tu es légende", un yoonmin que j'ai sorti il y a peu, sur un marchand d'armes et un flic véreux ;)


j'espère que tout cela vous plaira ! 

n'hésitez pas à voter, commenter, partager, follow !!!! ça me ferait super plaisir ;))))

on se retrouve bientôt, et n'hésitez pas si vous avez des idées de ships/concepts/autres os !




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