SECRETS

𝕾𝖊𝖈𝖗𝖊𝖙𝖘
(𝔖𝔦𝔠𝔨 𝔬𝔣 𝔞𝔩𝔩 𝔱𝔥𝔢 𝔦𝔫𝔰𝔦𝔫𝔠𝔢𝔯𝔢, ℑ'𝔪 𝔤𝔬𝔫𝔫𝔞 𝔤𝔦𝔳𝔢 𝔞𝔩𝔩 𝔪𝔶 𝔰𝔢𝔠𝔯𝔢𝔱𝔰 𝔞𝔴𝔞𝔶)

A "SEEING DOUBLE, SEEKING TROUBLE" EPILOGUE

Jeongguk aurait tellement voulu dire à son grand-frère qu'il sortait avec son meilleur ami, mais à chaque fois qu'il essayait, sa voix se bloquait dans sa gorge.

yoonkook
(side ship: minjoon)
secret relationship
boyfriends!au
angst
top!yoongi
bottom!jeongguk

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Il faisait encore jour quand les portes de l'université s'ouvrirent enfin, et le ciel commençait à s'assombrir quand les étudiants présentèrent leurs visages las et tirés vers le zéphyr délicieux. S'étalèrent sur le parvis seuls les plus courageux d'entre eux, peu enchantés de finir aussi tard par un cours aussi barbant; mais bientôt, les faibles sourires et soupirs prirent place sur leurs traits froncés par la concentration. Remontant le col de leurs manteaux et se protégeant tant bien que mal du froid agressif de ce mois de novembre. Leurs silhouettes éclairées par les lumières précoces des lampadaires qui éclairaient le parking du campus.

Yoongi, à l'intérieur de sa voiture, ne pouvait que profiter avec délice de la douce chaleur du moteur. Mâchonnant mécaniquement un bâton de sucette -- il essayait tant bien que mal d'arrêter la cigarette, et pour le moment, cette alternative était celle qui fonctionnait le mieux --, il scrutait la foule de vestes noires pour essayer de repérer Jeongguk. Il avait toujours la manie de rester plus longtemps, discutant avec ses amis du programme de la soirée; et le noiraud espérait qu'aujourd'hui serait une exception. Il avait passé une journée passablement bonne, et même si cela lui plaisait de venir chercher son petit-ami à la fac, il n'empêche qu'il ne souhaitait qu'une chose: qu'ils rentrent tous les deux chez lui, dans son appartement, et qu'ils s'enlacent dans leurs chaleurs corporelles avec un soupir de contentement.

Et soudain, comme si ses prières avaient été entendues, apparut la touffe brune aux reflets rosés du plus jeune, jaillissant d'un petit groupe assez brave pour rester parler encore un peu. Avec un petit sourire qu'il savait attendrit, Yoongi le vit scruter le parking à la recherche de la voiture noire un peu cabossée de son aîné; et quand l'étudiant repéra enfin son chauffeur privé, il s'y dirigea avec hâte.

Dans une bourrasque de vent, qui fit frissonner même le noiraud, la porte s'ouvrit pour laisser entrer un jeune homme au visage renfrogné, avant de claquer dans un bruit sourd.

"Hey, comment s'est passé ta j-

"Démarre.

Dire que Yoongi était surpris ne serait qu'un euphémisme. La main sur le contact, Yoongi se retourna en direction de son petit-copain, les sourcils froncés face au ton sec qu'il venait d'employer, et jaugeant son expression pour savoir s'il comptait lui dire ce qu'il se passait. D'habitude, il avait toujours son sourire adorable peint sur ses lèvres quand il grimpait sur le siège passager, et passait un temps considérable à embrasser les lippes de son aîné.

Mais voyant que le cadet ne lui rendait pas son regard, le noiraud se résigna à démarrer la voiture et d'entreprendre de sortir de sa place de parking en vérifiant ses rétroviseurs, non sans marmonner un tout aussi aigre:

"Content de te voir aussi.

Jeongguk releva enfin les yeux de son téléphone, où il était en train de taper agressivement une série de messages, pour se poser sur le profil de son hyung. Avec un soupir, il se souvint du ton qu'il venait d'employer il y a quelques secondes à peine, et regretta presque immédiatement: Yoongi avait fait l'effort de venir le chercher aujourd'hui, alors qu'il savait son emploi du temps plus chargé que le sien, et il se permettait de se comporter de la sorte.

"Désolé hyung, j'ai passé une mauvaise journée, je suis un peu sur les nerfs là.

Fort heureusement, la voiture ralentit à l'approche d'un feu, laissant l'opportunité pour l'étudiant de se pencher au-dessus de la console centrale et du frein à main, pour venir poser tendrement ses lèvres sur la joue de son copain, comme faible signe d'excuse et de bonjour. Et Yoongi, même s'il comptait bien lui rendre la monnaie de sa pièce et agir aussi froidement qu'il avait été, ne put résister bien longtemps à l'appel divin de ses lèvres et à la douceur de son geste; tournant plutôt la tête pour que leurs bouches se rencontrent enfin, dans un baiser tendre et bref.

Bientôt, la circulation reprit, et alors que Jeongguk se réinstallait correctement sur son siège, le conducteur demanda, curieux de savoir ce qui avait causé la subite saute d'humeur:

"Tu veux en parler?

Le brun laissa passer un faible soupir avant de ranger son téléphone.

"Je me suis tapé une sale note, mon binôme de projet ne fous strictement rien, je suis arrivé en retard, j'ai cassé mes écouteurs, Taehyung me tape sur les nerfs avec ses histoires de couple, et je me suis brûlé en renversant du café sur mon jean préféré.

Et même si, en effet, c'était plutôt une journée de merde, Yoongi eut toutefois tout le mal du monde pour se retenir de pouffer face au ton enfantin qu'avait utilisé son copain pour raconter ses mésaventures. Mais la voix pleine de lamentation changea bien vite lorsqu'il ajouta, un petit sourire mutin dessiné sur ses croissants de chair:

"Mais heureusement, je dors chez toi ce soir, alors ma journée n'est pas si pourrie que ça, au final.

Comment retenir son sourire face à cela? Jeongguk n'était pas du style à balancer des choses aussi mielleuses en plein milieu d'une conversation, et pourtant, dès qu'il le faisait, Yoongi ne pouvait contrôler le rictus qui prenait place sur son visage. Le noiraud saisit alors la main de son cadet pour entremêler ses doigts aux siens, avant de venir poter le dos de sa main à sa bouche pour y laisser un petit baiser affectueux. L'étudiant le regarda, le souffle toujours aussi court quand il était aussi spontané; parce que son hyung également n'était pas forcément connu pour ses marques d'affection. Dehors, avec leurs amis, il était froid, un peu mystérieux, et détestait les contacts physiques, y compris les étreintes d'Hoseok, c'est peu dire. Mais dans leurs intimité, c'était un tout autre personnage: il savait faire preuve d'une douceur incroyable et sincère, presque instinctive, inconsciente, comme si lui-même ne se rendait pas compte qu'il dessinait des arabesques dans le dos de son petit-ami alors qu'il avait le regard rivé sur son téléphone, ou qu'il massait sa nuque quand ils étaient tous les deux avachis sur le canapé devant une série quelconque.

Et, aussi loin que le brun pouvait s'en souvenir, il ne se rappelait pas que son aîné était aussi tendre avec toutes ses autres conquêtes; et quand il avait réalisé cela la première fois, son cœur avait joué la 7e symphonie dans sa poitrine.

Malheureusement, ses pensées furent coupées lorsque la main de Yoongi quitta la sienne, le temps de changer de vitesse -- mais le plus jeune revint vite à la charge en venait glisser la sienne dans celle délicieusement veinée de son petit-copain aussitôt celle-ci libre.

"Chez qui tu as dit que tu dormais, cette fois?

"Chez Sehun pour faire le projet.

Yoongi eut un petit hochement de tête, et Jeongguk savait qu'il était en train d'associer le nom au visage -- le brun lui parlait de tellement de monde qu'il s'y perdait un peu, de temps en temps. Il avait toujours eu une horrible mémoire des noms.

"Et il a gobé ça? demanda-t-il après quelques secondes.

Il. L'étudiant n'avait pas besoin de d'avantage d'explication pour comprendre parfaitement le sujet de la conversation. C'était toujours le même nom qui tombait, un peu trop souvent à son goût, même.

"Appa et Eomma sont en voyage d'affaires pour un mois, et Namjoon est à la maison ce soir. Donc non au contraire, je pense qu'il était plutôt content que je découche.

Le conducteur eut un petit rire, comprenant tout à fait les raisons de son meilleur ami pour accepter que son petit frère ne dorme pas sous leur toit ce soir-là. Lui et le dealer avaient toujours été insatiables, alors même qu'ils passaient la plupart du temps ensemble; et Yoongi se souvenait avec douleur des trop nombreuses fois où il les avaient entendu, bien contre son gré.

"Il faudrait peut-être que tu lui dises, un jour ou l'autre, ajouta-t-il simplement dans un silence.

Et il ferma les yeux pendant une seconde ou deux, soupirant, quand il sentit la main quitter brusquement la sienne au moment même où ses mots quittèrent ces lèvres. Et il savait qu'il regrettait déjà ce commentaire, en particulier quand la réponse ne tarda pas à venir, aussi sèche qu'il l'avait anticipé:

"Aux dernières nouvelles, je ne suis pas tout seul dans ce couple.

"Jimin est ton frère.

"Et c'est ton meilleur ami, répondit le plus jeune du tac au tac, sans se laisser décomposer.

En un claquement de doigts, l'atmosphère changea du tout pour le tout dans l'habitacle. Quelque chose de plus tendu, de plus grinçant, bien loin de l'ambiance confortable qui régnait jusque là.

Avouer à Jimin qu'ils étaient ensemble avait toujours été un sujet de dispute entre eux. Ni l'un ni l'autre ne voulait avoir la responsabilité d'être celui qui allait enfin annoncé que son cher petit frère sortait depuis 6 mois avec son meilleur ami d'enfance. Rien que ce scénario ne présageait rien de bon; encore plus quand on savait que l'aîné des Park avait toujours été particulièrement protecteur envers le brun. Trop peut-être, et c'était bien là le problème: la simple idée de le confronter et de lui avouer qu'ils vivaient dans une relation secrète depuis quelques temps pouvait légitimement provoquer quelques frissons.

C'était ridicule, vraiment, parce que plus ils attendaient, plus ils risquaient d'envenimer la situation -- et ils ne comptaient très certainement pas lui annoncer ça en même temps que leur projet d'emménager ensemble. Pour autant, aucun des deux ne souhaitait être celui qui prononcerait les mots fatidiques, et qui risquerait par conséquent perdre sa tête face au courroux du blond.

Mais cela était pesant pour eux également. Quand les parents Park n'étaient pas là et que Jimin organisait à coup sûr une soirée dans leur maison, Yoongi et Jeongguk s'éclipsaient dans la chambre du plus jeune, quand l'alcool coulait à flot et que le blond était trop occupé par Namjoon. Là, même s'ils s'échangeaient des baisers fiévreux et des caresses passionnées, il y avait toujours cette sensation de trop peu, quand le noiraud devait s'éclipser en douce, de peur d'être pris en flagrant délit. C'était amusant, au début, comme la première fois où ils avaient couché ensemble et que son aîné avait dû se cacher dans sa penderie, seulement vêtu de son caleçon. Mais à la longue, cela devenait pesant: le lit de l'étudiant était trop grand et trop froid sans lui, et même si la couche de son aîné était un bon moyen de substitution, il rêvait de pouvoir dormir avec lui dans sa chambre sans craindre les remontrances de son frère.

Ils n'osaient lui dire, ne savaient pas comment il réagirait, ne savaient pas comment cela allait impacter leurs relations. Mal, de toute évidence. Avec l'absentéisme de leurs parents, Jimin s'était donné un point d'honneur de toujours veiller sur son cadet et de s'occuper de lui -- Seokjin, en riant, disant souvent qu'il le maternait plus que lui ne le faisait. C'était toujours Jeongguk, le petit frère, qu'il fallait protéger et que tout le monde aimait; qui était certes accepté aux soirées avec ses hyungs, mais qui n'avait pas le droit pour autant de faire un quart du dixième de ce que ses aînés consommaient.

Ajoutez cela au fait que Yoongi et le blond se connaissaient depuis des années. Le noiraud avait vu le brun grandir sous ses yeux, et tous deux savaient pertinemment que cette pilule-là n'allait pas passer doucement.

C'était lourd de garder un tel secret. Quand l'étudiant voyait cela dans les comédies dramatiques, il s'en moquait; mais à présent qu'il était dans l'exacte même situation, il se rendait compte à quel point c'était dur. Seul Seokjin et Taehyung étaient dans la confidence, mais tout simplement parce qu'ils les avaient pris en flagrant délit en train de s'embrasser discrètement à une soirée. Hoseok, lui, devait un peu s'en douter, mais il n'avait jamais fait de commentaires qui pourraient leur indiquer qu'il était aussi au courant. Quant à Jimin et Namjoon, ils étaient tous les deux dans le brouillard. Sûrement qu'ils étaient à des années lumières de s'imaginer une telle chose. Ce n'était pas du dealer qu'ils avaient le plus peur -- l'homme aux éternels cheveux violets avait toujours été quelqu'un d'extrêmement compréhensif --, mais bel et bien du blond.

Yoongi se sortit un peu de ses pensées lorsqu'il repéra une place de parking pile devant la porte de son immeuble, et effectua son créneau en silence, beaucoup plus tendu qu'il ne l'était il y a quelques instants.

La montée dans l'ascenseur fut silencieuse, et le jeune homme détestait cela. Jeongguk serrant contre lui son sac pour la nuit et Yoongi posant sa tête en soupirant contre la paroi de la cabine, derrière lui.

C'était toujours comme cela, dès qu'il était mention d'avouer; et tous deux se paraient dans leur ego, prétextant que l'autre était mieux placé pour cracher le morceau. C'en était fatiguant, à force, et l'aîné ne savait pas s'il pourrait supporter cela encore longtemps.

(Il se souvenait en particulier de la fois où le cadet avait explosé, lâchant un difficile et blessant "Si je ne sortais pas avec toi, ce ne serait pas aussi compliqué", qui l'avait laissé pantois à la porte de son appartement. Il se souvenait également la façon dont, quelques secondes plus tard, Jeongguk avait réalisé avec horreur ce qu'il venait de dire, et avait passé la nuit à s'excuser, le goût des regrets et des remords dans sa voix.)

((Une autre fois encore, Yoongi l'avait traité d'égoïste de ne pas vouloir partager cela avec son frère. Pour un homme comme lui, qui n'avait presque plus personne à part eux, cela était une idée qui lui était insupportable; et le soir, le noiraud avait du consoler un Jeongguk larmoyant parce qu'il n'avait pas mesuré ses propos, le choyant et murmurant contre ses lèvres que c'était l'homme le plus généreux qu'il connaissait. Ce qui était bien vrai. ))

Quand ils rentrèrent dans son appartement, Jeongguk se contenta de se déchausser et de se diriger automatiquement vers la chambre pour déposer ses affaires, sans un mot, sans un bruit, laissant Yoongi pantois sur le seuil de sa porte. Avec un soupir, il passa sa main dans sa crinière, avant de déposer ses clés dans la petite boîte en fer à l'entrée, avant d'ôter son bomber rouge et de se diriger vers la partie cuisine de la pièce. Ce qui avait de bien dans son appartement, c'était que le salon et la cuisine ne faisaient qu'un; seulement séparés d'un bar, il était ainsi agréable de préparer quelque chose tout en discutant avec ses invités, ou tout en jetant un coup d'œil à la télévision. Il se versa un grand verre d'eau, qu'il déglutit d'un coup pour calmer sa frustration et le reste d'émotions innommables qui parcouraient ses veines, avant de se diriger vers le canapé, au moment même où le brun sortir de sa chambre.

"Je suis désolé Gguk, soupira-t-il de nouveau. C'est débile, ces chamailleries, pour savoir qui est le mieux placé pour lui dire.

"Alors quoi, tu veux qu'on reste dans le secret tout le temps?

Le ton qu'il avait employé était beaucoup plus dur et amer qu'il ne l'avait voulu; mais alors que son hyung fronça des sourcils pour répliquer, il ajouta, un peu fatigué par toute cette situation et cette mise en scène.

"Tu sais, j'en ai un peu marre de tout ça. De ces mensonges. J'ai...

Il déglutit difficilement, et posa son regard sur ses doigts qu'il triturait sur ses genoux.

"J'ai envie qu'on puisse sortir tous les deux sans qu'on flippe de croiser quelqu'un qu'on connaisse. J'ai envie de te tenir la main dans la rue et que tu m'embrasses quand tu me déposes à la fac, sans craindre que quelqu'un ne vienne tout répéter à Jiminie-hyung. J'ai envie que tu viennes dormir à la maison, que tu prépares à manger dans ma cuisine et que tu fumes avec Namjoon-hyung avec moi sur tes genoux sans que mon frère ne puisse dire quoique ce soit. J'ai envie que tu m'embrasses à l'entrée quand je viens t'ouvrir la porte, et qu'on arrête de devoir s'échapper en douce en soirée pour qu'on fasse enfin quelque chose. J'ai envie de danser avec toi, d'aller en boîte avec toi, de prendre des shots avec toi et que tu m'essuies mes lèvres de ton pouce, parce que comme d'habitude, j'aurais mis plein de soju à côté. Je veux que tu m'embrasses la joue quand tout le monde me regarde, j'ai envie d'arrêter de mettre du fond de teint pour cacher tes marques, j'ai envie que tu me tiennes par la taille, j'ai envie que-

Mais son petit monologue fut coupé court quand il sentit Yoongi prendre son visage en coupe, tendrement, et presser ses lèvres contre les siennes dans un baiser tendre et réconfortant, qui valait plus que mille mots et qui signifiait beaucoup. Juste le goût de ses lippes contre les siennes était suffisant pour qu'il comprenne son message, mais le jeune homme se redressa tout de même et explicita, une lueur affectueuse dans les yeux:

"Moi aussi j'ai envie de tout ça. Tu n'as pas idée ô combien j'en rêve, d'être un couple normal, juste toi et moi, sans secrets et sans mensonges. C'est pour ça que je te proposes qu'on mette fin à tout ça, et qu'on lui dise enfin à propos de nous. Tous les deux.

Les mains de Jeongguk glissèrent jusqu'aux poignets de Yoongi, et, les yeux pleins d'espoir, demanda doucement:

"Quand?

"Qu'est-ce que tu dis de dimanche prochain? Comme d'hab' on va se retrouver dans ton salon en train de regarder pour la je-ne-sais-combientième-fois des épisodes de Friends parce que la soirée de la veille nous aura épuisé. Je vais demander à Jin-hyung et Tae de garder 'Seok loin de la maison pour le week-end, pour qu'on puisse leur annoncer tranquillement, sans aucune pression. D'accord?

"D'accord, souffla Jeongguk.

Un autre baiser. Oui, bien sûr qu'il était d'accord, comment dire non à cela?

"E-Et si ça se passe mal?

Oui, bien sûr qu'il y avait encore cette menace, inconfortable, qui planait au-dessus de leurs têtes comme l'épée de Damoclès. Il y avait mille raisons et mille scénarios possibles qui leur murmuraient que cela pouvait mal finir; et pourtant Yoongi n'était prêt à dire au revoir ni à Jimin, ni à Jeongguk. Alors, de toute évidence, cette confrontation devait se passer bien. Il fallait que cela se passe bien. Il n'y avait pas d'autres choix.

"Ne t'en fais pas pour ça, je te protégerais, répondit Yoongi en gonflant des pectoraux pour faire rire son petit-ami. Et puis, Jimin est peut-être une tête de mule, mais il ne peut pas t'interdire de sortir avec quelqu'un. Ce n'est pas comme si tu lui annonçait que t'allais vivre avec moi en Mongolie, ou que t'allais te marier avec un sosie d'IU.

Un autre rire. Un autre baiser. Un autre merci. Une certaine tendresse dans leurs gestes, un certain sourire niais sur leurs bouches, une certaine domesticité qu'ils appréciaient tous les deux grandement. Avec, en arrière plan, la promesse d'un futur plus radieux, où tous ces petits gestes du quotidien pourront être enfin révélés au grand jour. Où enfin, ils pourraient aspirer à être normaux, comme les autres.

"Bon, je te proposes que t'ailles prendre une petite douche et que tu mettes un gros pull bien chaud pendant que je prépare des ramen? On regardera Netflix parce que je te fais pas confiance pour m'attendre sur la série si on la regarde pas ensemble, et après je te ferais l'amour au moins trois fois. Ça te va comme programme?

Jeongguk était devenu aussi rouge qu'une tomate, et répondit un petit oui timide. Bien sûr que ce programme était tentant.

Quand, quelques heures et quelques orgasmes plus tard, ils retombèrent sur le matelas, épuisés et transpirants, Jeongguk vint tout naturellement caler sa tête contre le torse de son aîné, cherchant sa chaleur corporelle dans un besoin irrépressible, alors même que ses yeux papillonnaient de sommeil. Et Yoongi ne put s'empêcher de sourire tendrement à la façon dont son petit-copain finit par plonger dans les bras de Morphée grâce à seulement quelques caresses dans ses cheveux, un petit soupir de contentement et un fin sourire, presque béat, dessiné sur ses croissants de chair. Il laissa sur son front un murmure, une caresse et un baiser attendri.

Même si cette relation était secrète, et même si le repas qui les attendaient avec Jimin et Namjoon n'allait pas être de tout repos, pour rien au monde il n'aurait changé cela. Pour rien au monde il aurait renoncé à lui.

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"Hyung?

"Hmm?

C'est un brin hésitant que Jeongguk s'assit sur le rebord du canapé du salon, aux côtés de son frère. Ce-dernier, en pleine période de révision, avait repoussé son ordinateur et ses bouquins sur la table basse pour s'accorder une petite pause bien méritée, ses yeux rivés sur son téléphone portable. Il avait travaillé toute la journée, toute la semaine même, et le brun pouvait voir à quel point cela affectait son hyung: ses cernes étaient visibles sous ses yeux fatigués, son teint moins éclatant qu'à l'accoutumée, et il avait toujours un sourire las sur ses lèvres, au lieu du rictus qui faisait disparaître ses yeux en deux croissants de lune.

Et Jeongguk, malgré la lassitude présent sur ses traits, aimait beaucoup son frère ainsi: ses grosses lunettes noires qui lui mangeaient presque tout le visage, ses cheveux en désordre et son sweat qui sentait bon la maison. Il aimait le Jimin fêtard, bien entendu, celui qui le maquillait de khôl sur le rebord de la baignoire et qui enchantait tout le monde de ses formes; mais il y avait un sentiment de plénitude et de confort quand il était ainsi. Il y avait cette envie de se fondre dans ses bras, comme il le faisait quand il était petit, et d'y trouver ce sentiment de sécurité qui faisait tellement chaud au cœur.

Namjoon n'était pas ici ce soir-là, même si, de toute manière, Jeongguk le voyait plus que ses propres parents. Jimin avait donc prévu de réviser un peu, puis de commander quelque chose pour passer du temps avec son frère, emmitouflés sous un gros plaid, les yeux rivés sur un film qu'ils avaient vu au moins une centaine de fois et dont ils connaissaient les répliques par cœur. Sommes toutes, un sacré programme.

Voyant que son frère n'avait toujours pas dit un mot depuis qu'il était apparu dans le salon, le blond leva les yeux de son écran, et observa du coin de l'œil le brun aux reflets rosés tripoter machinalement les cordelettes de son jogging, le regard dans le vide. S'il était comme ça, c'était parce qu'il voulait sûrement lui dire quelque chose d'important, mais n'arrivait pas à trouver les mots justes.

"Ggukie? Tu voulais me dire quelque chose? demanda-t-il doucement en éteignant son portable, pour lui montrer qu'il avait son entière attention.

L'étudiant lui offrit un regard un peu perdu, suffisant pour lui faire comprendre qu'il était tellement plongé dans ses pensées qu'il en avait oublié l'annonce qu'il allait lui faire. Il comptait commencer à annoncer à son frère qu'il sortait avec quelqu'un, juste pour le préparer mentalement; et même si cette tâche était moins impactante que la "Grande Déclaration", il n'empêchait que ce n'était pas aussi facile à dire que cela laissait paraître. Le jeune homme mordilla alors un peu sa lèvre inférieure, réfléchissant une dernière fois à ce qu'il comptait dire, avant de commencer, hésitant:

"Oui, je...

Puis, inspirant une bonne fois pour toute pour se donner du courage, et se réinstallant face à Jimin, dos contre l'accoudoir du sofa, les jambes croisées à l'indienne, il dit enfin:

"J'aimerai que tu rencontres quelqu'un.

Jimin haussa un sourcil, curieux, ainsi qu'un sourire encourageant l'invitant à continuer. Une part de lui était heureux qu'il se confie toujours à lui, comme ils en avaient l'habitude quand ils étaient petits; et encore plus maintenant, parce que les discussions étaient plus sérieuses que les bavardages enfantins du passé ("tu sais, hyung, aujourd'hui, Jennie m'a offert un coloriage!").

"Je sors avec quelqu'un depuis un certain temps, et j'aimerai bien que te le présenter...

"Le? s'inquérit simplement le plus âgé, bien qu'il n'y avait aucune aigreur dans sa voix -- qui était-il pour juger l'orientation sexuelle de son petit frère, si lui-même était gay et sortait depuis longtemps avec un homme un peu plus vieux que lui?

Jeongguk ne put s'empêcher de rougir. Il avait secrètement espéré que Jimin ne prête pas attention à ce détail, mais comme toujours, il avait été -- trop -- rapidement percé à jour. Il savait que le blond n'allait certainement pas le juger, mais il venait tout de même de faire son coming out en plus d'annoncer à son frère qu'il avait quelqu'un. Ça faisait beaucoup à digérer d'un coup, encore plus pour lui que pour son hyung, paradoxalement.

"Oui, le.

Il y eut un petit silence, avant que Jimin ne lui offre un sourire moqueur avant de sortir:

"Je savais bien que tu ne pouvais pas être complètement hétéro, tu as beaucoup trop regardé Iron Man quand t'étais petit.

Le cadet tira la langue face aux rires de son grand frère avant de lui jeter un coussin en pleine figure -- qui rata son joli visage, malheureusement --, marmonnant quelque chose comme quoi Iron Man était certainement le meilleur des Avengers et qu'il n'avait aucun goût, de toute évidence. Alors que les rires se tarirent peu à peu, le brun ne pouvait s'empêcher d'être soulagé. Il avait cru, dans un moment de panique injustifié, que Jimin allait se braquer dès cette étape; mais au contraire, il le regardait avec une étincelle dans le regard, comme s'il était heureux qu'il ait trouvé quelqu'un.

Le blond ne put que regarder son petit frère avec un sourire doux sur ses lèvres. Ces derniers temps, Jeongguk était apparut plus heureux, plus sûr de lui, plus souriant -- par tous les saints, il avait même teint quelques mèches de cheveux en rose, et jamais l'ancien lycéen timide n'aurait fait cela de son plain gré. L'étudiant devenait un beau jeune homme, plus sûr de lui, plus confiant, plus mature; et Jimin était heureux d'être le spectateur privilégié de sa transformation.

Mais bien vite, le petit moment d'apaisement fut brisé par les questions incessantes de l'aîné des Park, qui revenait à la charge:

"Comment il s'appelle? Tu l'as rencontré comment? Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble? Montre des photos, tu peux pas laisser ton pauvre frère dans le suspens comme ça!

"Ah ça, c'est une surprise, hyung, ricana l'interpellé. Je ne sais pas encore quand est-ce que vous allez vous rencontrer, mais je voulais te prévenir. Tu comprends, histoire que tu te prépares psychologiquement.

C'est faux, pensa amèrement Jeongguk en son for intérieur. Premièrement, Jimin savait très bien à quoi son copain ressemblait. Il évoluait autour de lui en permanence, et le blond n'avait aucune idée de son identité, pourtant. Dans une autre vie, dans une autre situation, le jeune homme aurait trouvé les circonstances plutôt amusantes; mais là, alors que, de nouveau, il était au cœur de ce magma de complications, il n'avait plus vraiment la force de rire.

Et ensuite, le brun savait très bien quand est-ce qu'ils allaient enfin "faire connaissance" -- notez la forte présence des guillemets. Dans 5 jours très exactement, Yoongi allait être présenté à son frère non pas comme son ami d'enfance, mais comme son petit-copain. Et la boule au ventre rien qu'à cette idée ne faisait que grossir de jour en jour, prenant une place considérable dans ses entrailles, déplaisant, le rendant malade et l'empêchant de dormir la nuit. Mais comme toujours, il avait su avaler l'inconfort qui bloquait sa voix et avait su présenter un sourire convenable et crédible à son frère.

Il se sentait mal, de lui mentir de cette manière. Aussi loin qu'il s'en souvenait, Jimin avait toujours été présent dans sa vie. Il l'était encore, certes, mais pas complètement. Tant qu'il ne lui dirait pas tout, il ne serait pas pleinement présent avec lui, à ses côtés -- et cela le rongeait de l'intérieur. Leurs parents n'étaient presque jamais là, se disant que leur argent serait suffisant pour combler le manque affectif de leurs enfants, et Jimin était bien sa seule famille, à présent. Et il se sentait mal, de devoir lui cacher une grande partie de sa vie; et cela lui manquait, les longues discussions qu'ils avaient tous les deux, assis à même le tapis du salon, sans prêter attention au programme diffusé sur l'écran; et cela lui manquait, les soirs où ils se retrouvaient dans le même lit pour continuer leur discussion, s'endormant en plein milieu de phrase.

Cela lui manquait.

Et aussi fort qu'il aimait Yoongi, il aimait Jimin, de tout son cœur. Même si la situation qui les attendaient dimanche était absolument terrifiante, il était prêt à sauter le pas.

"Tu es heureux?

La question le surprit aux premiers abords, parce qu'elle l'avait sorti de ses pensées, mais aussi parce qu'il ne s'attendait pas à une telle question. Est-ce qu'il était heureux? Il devait bien se l'avouer, il ne s'était jamais posé la question. Il n'était pas malheureux, non, mais heureux? C'était là un mot un peu fort pour un garçon de 19 ans comme lui, et il n'était pas sûr d'en savoir la signification.

Quand il était mention de Yoongi, il pensait aux messages ridicules qu'ils s'envoyaient à deux heures du matin quand il venait enfin de finir un devoir. Il pensait à l'odeur des pancakes dans son appartement le matin, et de la couette le soir quand il se pressait contre lui. Il pensait aux T-Shirts qu'il lui prêtait pour dormir, un peu trop grand pour l'aîné mais un peu trop serrés pour lui depuis qu'il allait à la salle de sport. Il pensait aux baisers rapides échangés quand il le déposait au campus, et la façon dont il y avait toujours une brosse à dent en plus pour lui dans la salle de bain. Il pensait à la façon dont le noiraud n'arrêtait pas de marmonner qu'Holly l'aimait sûrement plus que lui, et la façon dont il lui donnait toujours les œufs de ses ramens, parce qu'il savait que c'était ce qu'il préférait.

Il pensait à la façon dont il lui embrassait le front et qu'il lui murmurait des choses qui faisaient du bien à son cœur quand il pensait qu'il dormait, et il sut la réponse à la question de Jimin.

C'était peut-être quelques détails insignifiants de 6 mois de relation, un peu trop courts à son goût, mais c'était suffisant pour savoir s'il était heureux ou non. Suffisant pour savoir si ce qu'il avait avec le noiraud était juste une relation "histoire de", ou vraiment quelque chose dans lequel il avait envie d'investir et de porter sur ses épaules. Alors bien rapidement, la réponse roula le long de sa langue, sans arrières pensées et sans retour en arrière:

"Oui. Il est... Oui. Il me rend heureux. Je n'ai jamais été aussi bien et aussi confiant qu'avec lui.

Jimin lui rendit son sourire, attendrit par la façon dont son frère parlait de son premier amour -- il y avait cette étincelle dans ses yeux qui ne trompait pas, la même qui brillait dans ses propres orbes quand il était question de Namjoon. Il ne pouvait empêcher son cœur de se gonfler de fierté, aussi, de le voir ainsi.

"Alors c'est tout ce qui compte pour moi.

Si seulement hyung, si seulement.

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Dimanche.

Quand son alarme avait sonné et que le jour s'était affiché en grandes lettres épaisses sur l'écran de son téléphone, comme pour le narguer, Jeongguk avait secrètement souhaité que son lit puisse l'engloutir afin d'éviter la confrontation entre son frère et son copain. Certes, il était las de cette relation cachée, qu'il devait vivre dans la pénombre; mais d'un autre côté, il appréhendait tellement la réaction de Jimin que cela l'avait empêché de dormir. Jusqu'à tard, il avait échangé des messages avec Yoongi, tous deux répétant encore et encore le plan, les arguments, entrecoupés de messages de tendresse et rassurants. Il savait que le noiraud aussi était stressé, même s'il essayait de tout son être de ne pas le montrer pour ne pas empirer l'angoisse du cadet.

C'était quitte ou double.

Jeongguk avait, plus tard dans la journée, ouvert la porte à son petit-copain, un sac de sushi à emporter à la main et la même appréhension que lui dans les yeux. Si Namjoon n'était pas passé derrière lui à ce moment précis, le brun l'aurait volontiers accueilli dans ses bras pour l'embrasser une dernière fois. Le calme avant la tempête. Comme pour se convaincre une dernière fois que tout allait bien se passer, qu'ils faisaient le bon choix, et que cette mascarade n'avait que trop duré.

A présent, ils étaient tous les quatre dans le salon, les yeux rivés sur un animé qu'ils regardaient tous quand ils étaient plus jeunes. Namjoon et Jimin occupaient un sofa à eux tout seuls, chacun contre un accoudoir et les jambes entremêlées sous le plaid au milieu. Parfois, ils s'échangeaient quelques makis, le blond préférant ceux au thon, et le violet ceux à l'avocat -- c'était ça faire des compromis. Yoongi, lui, était installé dans un fauteuil individuel, qu'il avait baptisé comme le sien le jour où il avait par mégarde écrasé un mégot contre l'assise; et Jeongguk était assis à même le sol, le dos contre l'autre canapé, non loin du noiraud. Somme toute, et vu de l'extérieur, cela ne changeait rien des autres dimanches qu'ils passaient tous ensemble, calme, profitant du silence des autres et n'hésitant pas à faire quelques concours débiles dont eux seuls avaient le secret.

Mais aujourd'hui, Jeongguk avait moins le cœur à rire qu'à l'accoutumée.

Et quand la page de publicité apparut enfin, le couple se jeta un coup d'œil discret, comme pour se donner le feu vert et un brin de courage en plus de cela. C'était maintenant ou jamais: s'ils ne le faisaient pas là, tout de suite, jamais ils en auraient le courage, et ils pourraient dire adieu à tout cela une fois de plus.

"Hyung?

"Hmm?

Jimin avait toujours les yeux rivés sur l'écran de télévision, absorbé par les pages publicitaires, mâchouillant distraitement le bout de ses baguettes.

"Tu te souviens quand je t'ai dit que je voulais que tu rencontres quelqu'un?

Cette fois, et pour coup sûr, il eut l'entière attention du blond -- et de Namjoon au passage, qui, évidemment, avait été mis au courant du nouveau béguin de son "beau-frère".

"Tu as enfin trouvé une date? Quand est-ce que tu veux que je le vois?

C'est bien là tout le problème, hyung. Alors, déglutissant difficilement, le mot fatidique qui allait sceller leur sort roula sur sa langue.

"Maintenant?

Le froncement de sourcils sur le beau visage de Jimin fut à prévoir, assurément. Même lui, s'il avait été dans sa position, n'aurait pas compris ce qu'il se passait. Perdu, son aîné essaya de lire son expression un moment, avant de demander, encore plus confus:

"Tu veux dire qu'il vient maintenant, là, tout de suite?

Le brun tenta d'ignorer son organe qui battait la chamade dans sa cage thoracique, et, à court de mot, jeta un coup d'œil en direction de Yoongi, comme demandant du renfort et de l'aide. Ce-dernier serrait ses baguettes tellement fort que ses jointures en étaient presque blanches; mais, pour autant, sa voix, quand il prit la parole après s'être raclé la gorge, était calme et posée. Comme si ce qu'il allait annoncer ne ferait pas l'effet d'une petite bombe.

"Ce que Gguk veut dire, c'est que c'est moi le petit-copain.

Il laissa un petit silence passer, et l'espace d'un instant, l'étudiant maudit son côté dramatique -- vraiment, qui l'avait autorisé à prendre des cours de théâtre pour passer le temps en première année.

"Nous sortons ensemble, acheva-t-il avec un petit sourire qui se voulait tout sauf arrogant et provocateur.

Silence.

Un long, très long silence, pesant, inconfortable, que même le brouhaha bas de la télévision n'arrivait pas à entrecouper. Ajoutez à cela que le couple, en face d'eux, était littéralement figé sur place. Namjoon et Jimin les regardaient, les baguettes levées comme prêt à manger, l'expression illisible. La réalisation qui colorait peu à peu leurs regards, et la façon dont ils scannaient leurs visages pour savoir s'ils avaient bien entendu.

Stupeurs et tremblements.

Puis une phrase, claquant comme un fouet dans l'atmosphère tendue du salon, d'un ton si neutre que cela en était presque douloureux:

"Je te demande pardon?

Forcément, c'était Jimin qui avait pris la parole en premier, le haussement de sourcil détestable sur son si joli visage. Le noiraud prit toutefois le temps de reposer doucement son chirachi à moitié entamé et ses baguettes sur la table basse, avant de placer ses coudes sur ses genoux, légèrement penché en avant pour plonger son regard dans celui de son meilleur ami.

"Si je suis ici aujourd'hui, reprit calmement Yoongi, ce n'est pas en tant que pote, mais en temps que copain. On voulait vous annoncer tous les deux que nous sortons ensemble.

Jeongguk regardait, un brin espérant, en direction du blond; mais ce-dernier avait le regard fermement fixé sur le profil de son aîné, comme s'il pouvait le tuer d'un simple coup d'œil.

"J'espère que c'est une blague.

"Non. Je suis très sérieux à propos de ça.

"Ça fait combien de temps?

"6 mois. La soirée quand tes parents sont partis au Japon.

Une partie de Jeongguk était incroyablement fière de Yoongi, qui répondait au tac au tac, prêt à parer toutes les questions qui lui seraient jetées à la figure. Jamais il n'aurait réussi à avoir la voix aussi forte et le regard aussi sûr.

Mais une autre partie de lui craignait encore la réaction du blond, parce que de toute évidence, cela n'était rien comparé à ce qui allait exploser. Comme le minuteur qui défile avant que la mèche n'atteigne la poudre. Oui, c'était vraiment la parfaite métaphore: ils étaient assis sur une poudrière, et Jimin tenait l'allumette. Et non, le brun n'exagérait pas.

"J'aimerai parler seul à mon frère, s'il-vous-plaît, lâcha Jimin, tout aussi sèchement, après un silence inconfortable et son regard ayant maintenant dérivé en direction de la tête brune de son cadet.

Namjoon et Yoongi se lancèrent un regard tendu -- il savait qu'il y allait avoir un interrogatoire dans la cuisine également, même s'il le craignait moins --, avant que le noiraud ne reporte son attention vers le cadet pour lui offrir un petit sourire encourageant comme il en avait le secret. Il pouvait le faire. Et ce que le brun lut dans ses yeux était suffisant pour qu'il puisse gravir toutes les montagnes et traverser tous les océans, rien que pour lui.

Alors, quand les deux hommes disparurent, Jeongguk se tourna vers son aîné:

"6 mois, répéta le blond, secouant la tête comme s'il n'y croyait pas ses yeux.

"Hyung...

"Non, Gguk, tu vas d'abord répondre à mes questions.

Son ton était froid et sec, et le brun ne l'avait vu ainsi que très rarement. La plupart du temps, cette rancœur et haine ne lui était pas adressée; lui, c'était Jeongguk, le petit frère attachant de Park, le frère qu'on voulait protéger et qu'on voulait étreindre jusqu'à ce qu'on ait plus de souffle. Jamais le blond ne l'avait regardé avec une telle lueur dans ses prunelles, ni parlé avec une telle acidité dans sa voix.

"Dis-moi que c'est une blague. Il y a une caméra cachée, c'est ça? Tae va sortir du placard à tout moment pour me dire que c'était une farce, non?

Il y avait presque un ton implorant dans sa voix, comme s'il suppliait qu'on démente ce qu'il venait d'entendre à l'instant.

"Non hyung, ce n'est pas une blague. On est très sérieux à propos de ça, tous les deux.

"Est-ce qu'il t'a forcé?

"Quoi? Mais non, hyung, bien sûr que non! C'est ton meilleur ami, et t'oses demander ça de lui?

Il savait Jimin protecteur, mais peut-être pas à ce point-là; comment pouvait-il demander cela? Yoongi était son frère de cœur, celui qui s'était dénoncé à sa place quand il avait cassé la fenêtre des voisins en tapant dans son ballon et celui qui l'avait dissuadé de se faire tatouer les fesses quand il avait trop bu. Est-ce qu'il était devenu un homme complètement différent sous prétexte qu'il sortait avec lui?

"Je connais Yoongi, Gguk. Et je connais aussi la longue liste de ses conquêtes. Combien de fois nous a-t-il présenté quelqu'un pour le ou la quitter une semaine après? Je le connais, et je ne veux juste pas que tu sois juste un nom de plus sur son tableau de chasse.

Une expression de douleur prit possession du visage du cadet; et si le jeune homme en face de lui cru que c'était du dégoût pour le noiraud, l'étudiant, lui, ne ressentait que de la révolte. Comment osait-il dire cela de lui? Comment osait-il?

"Je veux que tu arrêtes de le voir.

L'ordre avait claqué dans le silence assourdissant du salon, comme un deuxième coup de fouet qui faisait grincer des dents. Tout ce dont Jeongguk avait conscience, c'était la façon dont son souffle s'était fait plus court, et la façon dont son sang battait avec plus de force dans ses veines, le rendant presque migraineux. La voilà, la menace qu'il craignait tant. Posée devant lui sur un plateau d'argent, au bout de quelques minutes de conversation seulement, comme le narguant de sa laideur. Et, dans son cœur, il n'y avait pour seule réponse que de la révolte et de l'indignation.

"Il en est hors de question.

"Il est trop vieux pour toi, Gguk.

L'étudiant plissa les yeux, n'y croyant pas ses oreilles. Ça y est, il allait exploser si ça continuait.

"Tu te fous de ma gueule? C'est toi qui dit ça, alors que tu sors avec Namjoon-hyung? Sérieusement, Jimin?

"C'est toujours 'hyung' pour toi, gronda-t-il.

"Mais ce n'est pas le sujet, bordel! Même Appa et Eomma n'ont rien dit quand tu leur a présenté Namjoon! Et lui aussi est plus vieux que toi, alors pourquoi pour moi ce serait différent?

"Parce que-

"Non, hyung, cette fois c'est toi qui m'écoutes.

Une étincelle de fureur souffla dans les orbes de Jimin, mais le brun saisit sa chance avant qu'elle ne disparaisse entre ses doigts.

"Namjoon est un putain de dealer. Et ne te méprends pas, je l'adore, vraiment, il est génial, mais quand tu me l'as présenté, je n'ai pas été aussi buté que toi, et je l'ai accepté directement. Pourquoi est-ce que là ce serait différent?

Le blond soupira d'exaspération, et, levant les bras au ciel comme si c'était une évidence:

"Je suis plus âgé que toi, Gguk, je sais ce qui est bon pour toi!

Et le voilà, le second argument qu'il détestait tant. Tu es trop jeune. Trop jeune pour boire, trop jeune pour sortir, trop jeune pour prendre la voiture, trop jeune pour tout. Jimin n'avait que deux ans de plus que lui, par tous les saints.

"Non, hyung, j'ai 19 ans, je pense pouvoir dire ce qui est bon pour moi! Merde, hyung, je ne suis plus un enfant!

Et avant que Jimin ne puisse répondre, il ajouta, d'une petite voix pleine de douleur et les yeux commençant à être brillants de larmes, comme si tout le poids de la conversation retombait soudain sur ses épaules:

"Tu m'as demandé si j'étais heureux. Tu m'as dit que du moment que je l'étais, c'était tout ce qui importait.

"Mais c'était avant de savoir que c'était Yoongi! lâcha-t-il, les dents serrés et les bras croisés devant lui.

"Bordel, mais qu'est-ce que ça change que ce soit lui?

Le blond allait ouvrir la bouche, mais l'étudiant fit un signe pour le stopper, et le devança:

"J'ai pas fini. Tu te souviens, quand je t'ai dit qu'on m'emmenait en voiture à la fac tous les matins? C'est pas Sehun, c'est lui. Quand je t'ai dit qu'un de mes potes s'était battu pour moi parce qu'on avait voulu me piquer mon porte-feuille? C'était lui. Quand Seokjin m'explique les maths? C'est lui. Quand je me suis teint les mèches en roses? C'était lui qui l'a fait dans sa salle de bain parce qu'il savait que j'allais être trop timide pour le faire chez un coiffeur. Quand je me suis pris ma première cuite? C'était lui qui s'est occupé de moi. Quand je me sens triste et que tu n'es pas là? C'est lui qui vient me consoler. Quand tu m'as demandé où j'ai appris cette nouvelle recette? C'était lui qui m'a montré. Et même au lycée, quand le groupe de Shownu arrêtait pas de m'emmerder? C'était lui qui s'en est occupé. Quand je me suis inscrit à la boxe? C'était lui qui m'a accompagné. Quand je me suis ouvert le sourcil? C'était pas Hoseok qui m'a conduit à l'hôpital, c'était lui.

Il reprit sa respiration, et du coin de l'œil, vit Namjoon et Yoongi sortir de la cuisine -- sûrement que leurs cris les avaient interpellé --, mais cela ne l'empêcha pas de continuer sa tirade, les yeux fermement fixés dans ceux de son frère. Peut-être que la présence de son copain dans son dos lui faisait pousser les ailes, mais dans tous les cas, il continua, ne laissant aucune place à Jimin de le couper.

"C'était lui, depuis tout ce temps. Et oui, je sais que c'était un coureur de jupons, qu'il enchaînait les conquêtes sans ciller, mais c'est du passé. Je suis pas naïf, je sais que c'est compliqué et je sais comment les mecs peuvent mentir. Mais pas lui. Si je n'étais qu'un morceau de viande, il ne ferait pas tout ça pour moi. Il ne garderait pas un lapin sur son lit, vu qu'il déteste les peluches, si je ne lui avais pas offert. Il n'insulterait pas une grand-mère dans la rue si elle avait pas sorti des propos homophobes quand on se tenait la main. Il ne resterait pas en train de m'étreindre sous la couette parce qu'il a trop chaud si je n'étais pas autant frileux. Il ne se réveillerait pas plus tôt le matin pour me préparer du pain perdu si je ne détestais pas le goût des céréales au petit-déjeuner. Il ne ferait pas tout ça pour moi s'il comptait me quitter dans une semaine. Et peut-être bien que je suis sa plus longue relation, mais en tout cas je compte bien le rester.

Et ses yeux étaient brillants de larmes, à présent, parce que jamais il ne s'était confié ainsi et il n'avait pas envie de faire sa première vraie déclaration d'amour au noiraud pendant une dispute avec son frère. Il n'avait jamais été du genre très bavard, encore plus lorsqu'il s'agissait de sa vie personnelle. Mais il sentit la présence de l'aîné dans son dos, encore plus proche qu'avant, et cela lui donna l'énergie pour finir:

"Tu m'as demandé si j'étais heureux, répéta-t-il. Et je le suis. Et oui, je suis désolé si je ne te dis que tout cela maintenant, si on a dû se cacher pendant tout ce temps; mais maintenant, je te demande juste ta bénédiction, hyung. Rien d'autre. Tu le connais, Namjoon le connait, toute la bande le connait, et on sait tous très bien qu'il serait incapable de me faire le moindre mal. Et... Et je l'aime. Alors s'il-te-plaît, hyung, dis-moi juste que tu es content pour moi.

Mais Jimin ne répondit pas, et les larmes coulèrent enfin le long de ses joues.

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"Je t'entends ruminer d'ici, mon cœur.

"Il n'y a que moi qui désapprouves cette relation? soupira Jimin en s'enfonçant d'avantage sous la couette, laissant de la place pour que Namjoon puisse s'y glisser aussi.

Le dealer resta silencieux, le temps d'ôter son T-Shirt qu'il déposa sans ménagement sur la chaise de bureau, avant de se faufiler, seulement habillé d'un jogging confortable, sous les draps aux côtés de son amant. Presque aussitôt, Jimin laissa une main se glisser le long de son torse finement dessiné, dans des arabesques réconfortantes -- même s'il ne saurait dire qui est-ce qu'il était censé réconforter de cette façon.

Yoongi, après la dispute, était rentré chez lui, un peu penaud et déstabilisé par ce qu'il venait de se passer dans le salon; tandis que Jeongguk s'était couché sans leur dire bonne nuit, claquant la porte de sa chambre, les yeux si humides que cela avait serré le cœur de Jimin rien qu'à cette vue.

A présent, le couple était dans la chambre de l'aîné des Park. Une lampe basse était toujours allumée à leur chevet, plongeant la pièce dans un doux cocon confortable, et, aux côtés de son amant, le blond était très certainement le plus heureux des hommes. Ni l'un ni l'autre ne comptait l'éteindre, profitant de l'ambiance tamisée pour pouvoir se prêter aux confidences. Le jeune homme aux cheveux violets se tourna sur son flanc, emprisonnant la main du plus jeune contre son torse pour que celle-ci ne glisse pas, et fit face à son petit ami. Il lui repoussa tendrement quelques mèches qui lui retombaient devant les yeux, avant de soupirer de nouveau.

"Tu désapprouves parce que c'est ton frère, que c'est son premier amour, et parce que c'est Yoongi.

"Tu as l'air de plutôt bien prendre la nouvelle, répliqua-t-il avec un ton plein de reproches.

Namjoon ne put s'empêcher de retenir son petit rire, son pouce caressant doucement la joue du plus jeune, avant de reprendre:

"Pourquoi est-ce que je la prendrais mal? Gguk est grand, ce n'est plus un enfant, et je pense qu'il faut que tu te rentres ça dans ta tête. Je comprends que tu veuille le protéger, mais il sait ce qu'il fait. On le connaît, toi et moi: il est difficile à satisfaire, pour tout et n'importe quoi; alors s'il est avec Yoongi, et s'il est heureux avec lui, c'est qu'il doit forcément y avoir une bonne raison. Sérieusement, il ne parle jamais autant et reste toujours de marbre, et là, il te sort un monologue long comme mon bras et pleure pour lui.

Jeongguk avait toujours été connu pour quelqu'un de réservé, même s'il aimait passer ses soirées avec leur bande d'amis extravagants. Heureusement qu'il ne faisait pas des études en communication. Alors oui, Namjoon marquait un point sur ce coup-là, parce que le simple fait qu'il ait ouvert son cœur à ce point et qu'il ait tenu tête à son frère était suffisant pour prouver qu'il tenait énormément au cadet

"C'est justement toute la partie "je sors avec Yoongi" qui me déplaît. Ça aurait été n'importe qui d'autre, ok, pas de souci. Mais pas lui.

Namjoon eut un autre petit rire, pas dupe pour un sou face à la déclaration de Jimin. Lui aussi, ne le connaissait que trop bien.

"Non, pas "ok, pas de souci", sweets. Au contraire. Ça aurait été quelqu'un d'autre, et tu lui aurais fait passé un interrogatoire, la totale, avec numéro de sécurité sociale et si ses parents ont des comptes off-shore. Alors que Yoongi... On le connait. On sait qu'il ne lui fera pas de mal. Et lui-même sait d'autant plus que s'il touche à ne serait-ce qu'un de ses cheveux, il risque d'avoir toute la bande sur son dos.

Un silence, le temps de laisser la place pour l'aîné des Park de réfléchir. Il était désemparé face à cette situation, c'était le moins qu'on puisse dire. Tout allait de travers, il ne savait pas comment prendre la nouvelle, et c'était douloureux de passer pour le méchant de l'histoire.

"Je sais pas. Je l'adore, c'est comme mon grand frère pour moi, mais... j'ai vu comment il traitait ses autres mecs. Et j'ai pas envie de récupérer Gguk à la petite cuillère, tu comprends? Et puis, il l'a vu grandir, je trouve ça un peu malsain.

"Sweets, ton mec ici présent paye son loyer avec l'argent qu'il fait en dealant. Et tu trouves pas ça malsain pour autant, non? Bon bah Yoongi c'est encore moins pire. Oui, peut-être qu'il l'a vu grandir, mais il a grandi avec lui au moins. C'est pas un vieux de cinquante ballais. Et si tu trouves qu'eux c'est malsain, alors va dire à Seokjin-hyung, Taehyung et Hoseok que leur sorte de couple à trois est absolument révoltant.

Cela eut le mérite de tirer un petit sourire des lèvres de Jimin. Jeongguk et Yoongi avaient bien fait de faire confiance au dealer pour approuver leur couple et d'aider le blond à les accepter: il avait, avec le temps, également adopté le brun comme son petit frère, et tenait énormément à lui -- quand Yoongi était venu traumatiser les petits caïds de son lycée qui venaient le faire chier, Namjoon avait été là, en retrait, le regard dur et froid et tellement impressionnant, dépassant tous les jeunes de deux têtes au moins.

Le fait de le voir aussi heureux avec le noiraud lui faisait chaud au cœur.

Namjoon laissa Jimin jouer un moment avec ses doigts, fâcheuse habitude qu'était la sienne quand il était nerveux, puis ajouta, plus bas, heureux de se complaire dans un silence confortable:

"Tu sais, quand tu étais en train de parler avec Gguk, Yoongi et moi, on est parti dans la cuisine, et on a un peu parlé. Bon, je vais pas te mentir, il était pas super zen à l'idée de laisser Jeongguk tout seul avec toi dans le salon, mais là n'est pas la question. Je... Je lui ai demandé s'il l'aimait. Et tu sais ce qu'il m'a répondu ?

Un petit "non" de la tête lui répondit.

"Il m'a regardé droit dans les yeux, et, sans hésiter, il m'a répondu que oui, et que c'était certainement la chose la plus belle qu'il lui soit arrivé depuis la mort de ses parents.

Une petite pause, avant de reprendre, les yeux plongeant dans ceux de l'autre:

"Et tu sais aussi bien que moi que ça, ça veut dire beaucoup.

Un frisson et le souvenir désagréable du costume sombre qu'il avait porté lors de l'enterrement des géniteurs de son meilleur ami, et des larmes du jeune homme sur son épaule. Jimin ne l'avait jamais vu aussi vulnérable depuis ce jour tragique de ses 16 ans, encore plus quand, les mois suivants, il avait dû le ramasser à la petite cuillère. Sa vie avait changé du tout pour tout à partir de ce moment-là, et Jimin se mordit l'intérieur de la lèvre rien qu'à cette réminiscence douloureuse. Il avait retenu ses perles salées, quand Yoongi s'était effondré sur ses épaules et qu'il avait agrippé sa veste avec désespoir, juste pour paraître fort et le soutenir. Mais la simple mention du passé sombre de son meilleur ami lui faisait toujours monter les larmes aux yeux, sans qu'il ne puisse rien faire d'autres. Depuis lors, les Park avaient été sa seule famille.

Un soupir. Peut-être que Jimin avait été un peu dur, au final. Il savait que Yoongi était un homme qui pesait les mots, qui ne disait jamais rien à la légère, et qui pouvait très bien fracasser quelqu'un sur place pour une blague de travers -- combien de fois Jimin avait-il du le retenir par le bras pour éviter que son poing ne rencontre une autre mâchoire? Jamais, ô grand jamais, il n'aurait fait une telle déclaration s'il ne tenait vraiment pas à Jeongguk. Et jamais, ô grand jamais, il n'avait dit pareille chose pour ses histoires précédentes.

"Tu me promets que tu leur laissera une chance? demanda doucement le violet, le sortant de ses pensées, comprenant parfaitement ce à quoi il pensait -- il n'avait peut-être pas connu Yoongi et Jimin à ce moment-là, mais il savait parfaitement, à présent, la nature du lien qui les unissaient tous les deux, si fort qu'une simple dispute comme celle de tout à l'heure ne pouvait briser.

"Bon, d'accord, dit-il avec résignation, après un petit soupir.

Le dealer lui offrit un baiser chaste sur ses lèvres, son sourire transparaissant dans sa caresse.

"Je sais que c'est difficile, sweets, mais tout va bien se passer. Tu devrais plus être inquiet de devoir ramasser Gguk à la petite cuillère après la boxe que parce qu'on lui a brisé le cœur.

Une nouvelle fois, cela parvint à faire rire le blond, avant de replonger sur ses lèvres pour contenir son rictus. Et les baisers se firent plus passionnés, le rire depuis longtemps disparu, mais le besoin de ses lippes contre les siennes toujours aussi féroce dans ses intestins. Bientôt, Jimin se glissa au-dessus de son petit-ami, avant de conclure avec un dernier baiser chaste:

"Bon, assez parlé de mon frère et de sa vie sentimentale.

Du bout de ses doigts, il caressa les croissants de chairs de son vis-à-vis, hypnotisé par leur douceur, avant de souffler, plus bas:

"Tu m'as manqué.

"Je suis venu hier.

"Et alors?

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Deux semaines.

Cela faisait deux semaines depuis qu'ils avaient annoncé au blond qu'ils sortaient ensemble, et depuis que Jimin avait fait cette promesse silencieuse à son petit-ami d'essayer de les accepter. D'un certain sens, Jeongguk était plutôt rassuré de savoir que son hyung avait des examens; puisqu'en effet, durant ce laps de temps, ils ne s'étaient pas retrouvés tous les trois confrontés à l'autre. C'était futile d'en vouloir autant à son frère, surtout pour un tel sujet; mais son esprit était encore plein de rancœur face aux mots aigres de son aîné, que même les entraînements intensifs à la salle n'arrivaient pas à faire évaporer.

Ce soir-là, pour la première fois depuis la grande annonce, ils s'étaient retrouvés dans leur bar préféré du centre-ville. Les partiels étaient terminés, les examens loin derrière eux et les cours n'occupant plus leur entière occupation; et même si cela était agréable de pouvoir souffler enfin un peu, c'était la première fois que l'étudiant et le noiraud faisaient une sortie avec l'aîné des Park en tant que couple.

Le lendemain de la déclaration, Namjoon l'avait prévenu que le jeune homme avait promis de faire des efforts, et Jeongguk fut reconnaissant des efforts du dealer; en particulier quand il vit Jimin se mordre l'intérieur de la joue sans rien dire, quand tous deux arrivèrent à leur table avec un peu de retard, main dans la main -- le plus jeune était passé chez son petit-ami pour se changer après une journée particulièrement harassante, et, comme à leur habitude, ils n'étaient pas parvenu à partir à l'heure.

Au moins, Jimin n'interdisait plus à Jeongguk de voir Yoongi, et c'était déjà ça. Première étape vers l'acceptation pleine et entière.

A présent, ledit jeune homme était en train de siroter un cocktail à leur table, tandis que Namjoon était en train de faire la conversation avec Hoseok, une main rassurante sur la cuisse de son amant. Mais Jimin, lui, ne prêtait pas attention à la discussion entre ses aînés -- quelque chose sur le dernier film sorti, il lui semblait --, puisque ses yeux étaient fixés sur la table de billard.

Là, les quatre derniers membres de la joyeuse petite troupe se disputaient une partie bruyante de rires et d'exclamation de détresse dramatique; ils s'étaient divisé la partie en deux équipes, naturellement Taehyung et Seokjin -- qui avaient manqué de perforer l'œil de l'autre avec la canne -- d'un côté, et Yoongi et Jeongguk de l'autre. Etant donné que le plus jeune était vraiment une brêle à ce jeu, le noiraud se penchait toujours au-dessus de lui et le guidait dans ses mouvements, le sourire en coin et les murmures dans ses oreilles qui provoquaient des éclats de rire incontrôlables de la part de l'étudiant. Dès qu'il arrivait à toucher correctement la boule, ou mieux encore, quand il en éjectait une, le brun aux mèches rosées se retournait toujours en s'exclamant et se jetant dans les bras du plus vieux, qui le rattrapait toujours avec fierté.

Mais ce qui avait le plus rassuré -- et étonné, il fallait bien se l'avouer -- Jimin, c'était le regard plein de tendresse que Yoongi posait sur son frère quand ce-dernier le regardait pas, trop occupé à plaisanter avec Seokjin; c'était sa main rassurante dans le bas de son dos quand ils discutaient entre deux coups; et c'était les piques sarcastiques et complices qu'ils se lançaient entre eux.

Ce fut à cet instant présent que le blond se rendit compte qu'il n'avait été qu'un con. Il s'était promis d'essayer de les accepter, bien sûr, mais durant ces deux semaines, il n'avait jamais eu vraiment l'occasion d'observer les interactions entre eux deux. Et là, maintenant, alors que Jeongguk tirait la langue à Yoongi en rigolant parce qu'il avait réussi un coup que le noiraud ne pensait pas possible, Jimin comprit qu'il les avait mal jugés.

Parce que ce regard, c'était le même qu'il posait sur Namjoon. Cette main, c'était la même que le dealer avait posé sur sa cuisse, sous la table. Ces commentaires, c'étaient les mêmes qu'ils s'envoyaient.

6 mois. Il avait été aveugle pendant 6 mois. Et il avait cru que cette relation n'était qu'une vaste blague, alors qu'il avait la preuve vivante sous ses yeux qu'elle était bien sincère. Il se sentait mal d'avoir crié sur Jeongguk lors de leur dispute, s'en voulait de n'avoir voulu voir que le mauvais dans cette relation, sans penser à autre chose. S'en voulait de n'avoir pensé que le pire de Yoongi, pensant que cette gigantesque mascarade n'était qu'un prétexte pour corrompre encore plus son petit frère adoré. Mais il s'en rendait compte, maintenant, que jamais cette idée n'avait traversé l'esprit du noiraud. Jamais il n'aurait pu faire une chose pareille.

Il se sentait mal, et il fallait qu'il aille s'excuser, sinon il ne réussirait pas à dormir ce soir, peu importe le nombre de caresses que lui prodiguerait Namjoon.

Il se leva, un peu hésitant, lui-même incertain de ce qu'il allait faire, de ce qu'il allait dire, de comment il allait agir. Son petit-ami lui jeta un coup d'œil, s'enquérant silencieusement de son soudain départ; mais d'un mouvement de tête et avec un petit sourire, le blond l'invita à reprendre sa conversation avec Hoseok. C'était entre lui et le couple, parce que le dealer n'avait fait que soutenir les deux jeunes amoureux. Serrant son verre entre ses doigts, un peu nerveux, le blond s'avança doucement en direction de la table de billard -- Taehyung et Seokjin se disputaient parce que ce-dernier avait malencontreusement touché la boule noire, et, bien loin des règles du jeu, le cadet lui disait ô combien cela portait malheur.

"Yoongi?

Le noiraud, encore riant, détourna le regard du couple en train de se chamailler, pour se poser, avec surprise, sur le profil de son meilleur ami.

"Je pourrais te parler deux secondes?

Sans attendre plus de réponse, t espérant que son petit sourire ait été suffisant pour ne pas effrayer le jeune homme, Jimin lui tourna le dos et s'avança dans un coin reculé, où ils pourraient discuter en privé, l'invitant à le suivre. L'aîné ne put que ravaler sa stupeur, jeter un regard à un Jeongguk tout aussi confus, et embrasser chastement sa joue pour se donner du courage, avant de suivre son cadet. Il avait pris avec lui sa bière, histoire d'occuper ses mains, parce qu'il savait que la conversation qu'ils s'apprêtaient d'avoir n'était pas anodine -- ce n'était pas une concertation pour savoir ce qui ferait le plus plaisir pour l'anniversaire de Jeongguk, ou pour lui raconter ses dernières trouvailles au lit avec Namjoon. Des conversations qu'ils avaient quand ils étaient "encore" meilleur ami, mais de toute évidence, la petite bombe qu'ils avaient lâché dans le salon de la maison familiale avait changé du tout pour le tout la relation qu'il y avait entre eux.

Jimin attendait patiemment, adossé sur le mur à côté d'un vieux baby-foot inoccupé, comme absorbé par le contenu de son verre. Et, quand le jeune homme arriva à sa hauteur, il ne lut aucune colère dans ses yeux.

"Jimin, je-

"Je suis désolé.

Si Yoongi était déjà surpris quand il lui avait demandé une aparté, rien qu'eux, il était à présent encore plus pantois.

"Je suis désolé pour vous avoir mal jugé, reprit-il, la voix un peu tremblante. Je suis désolé pour ne pas avoir cru en vous, pour avoir crié sur Gguk et pour lui avoir demandé de ne plus te voir. Je suis désolé pour ne t'avoir réduit qu'à tes anciennes expériences, et pour ne pas avoir vu plus tôt que vous vous aimiez.

"Chim-

"Non, hyung, laisse-moi parler.

Sa voix était presque suppliante, et Yoongi ne saurait dire si ses yeux étaient brillants à cause de l'émotion qui transfigurait dans sa voix, ou à cause des néons du bar. Sûrement un peu des deux, et bien qu'il aurait répondu la première option, le noiraud hocha la tête et lui offrit un petit sourire:

"D'accord, je t'écoute.

Le jeune homme inspira profondément, comme s'il se préparait mentalement à ce qu'il allait dire.

"Quand tu m'as dit que vous sortiez ensemble, j'ai tout de suite vu le pire. Je me suis imaginé les pires scénarios, je me suis dit que tu le forçais ou que tu jouais avec lui -- et avant que tu ne dises quoi que ce soit, je sais très bien que c'est faux. Je m'en rends compte, maintenant. Mais... Je sais pas. Gguk est mon petit frère, je l'ai toujours protégé, et toi aussi, d'ailleurs. Avant même d'écouter ce qu'il avait à dire, j'ai fait le rapprochement entre le fait que tu es mon meilleur pote, le fait que tu le connaisses depuis qu'il est gosse, et le fait que tu aies toujours été là pour lui... et mon cerveau m'a tout de suite dit que c'était pas un bon combo. Et je vous ai mal jugé dès le début, j'ai pas voulu écouter ce qu'il avait à me dire, j'ai pas voulu comprendre, j'ai pas voulu voir.

Toujours silencieux, mais les yeux compréhensifs et doux face au discours du blond, Yoongi vint prendre sa main dans la sienne, comme pour l'encourager de finir ce qu'il avait à dire, conscient que cela était un moyen de s'excuser et de soulager sa conscience. Jimin se cramponna à lui, à défaut de se cramponner à son verre, inspira une nouvelle fois, un peu tremblant, avant de replonger son regard dans le sien.

"Et quand Namjoon m'a raconté ce que tu lui avais dit dans la cuisine, j'ai tout de suite regretté. Parce que tu n'as jamais été comme ça avec les autres, et maintenant, je vois comment tu le regardes. Et je m'en veux, tu sais. Je m'en veux de lui avoir ordonné de ne plus te voir, de lui avoir ordonné d'arrêter ça immédiatement. Je n'aurais pas dû réagir comme ça, si tu savais comme je suis désolé... Mais j'espère que tu comprends que ma réaction était plus du à mon instinct protecteur -- trop, même, ajouta-t-il dans un petit rire -- qu'à autre chose.

Yoongi le tira dans une étreinte réconfortante à la fin de son monologue, sans un mot, que Jimin accepta grandement et avec bienvenue. C'était plus que tous les grands discours, plus que tous les belles paroles, plus que tous les mots d'excuse et de compréhension. Le noiraud savait jongler avec les mots comme personne, et pourtant, dans les instants comme ceux-ci, il était difficile de savoir dire quoique ce soit, de faire quoique ce soit, d'autre que de le prendre contre lui.

Jimin avait son nez enfoui dans le cou de son aîné, agrippant faiblement son sweat d'une main, équilibrant son verre de l'autre; de la même façon dont ils le faisaient quand ils étaient petits et que le blond s'était fait mal en tombant. Que ce soit des peines physiques ou des peines de cœur, il n'y avait pas grande différence, après tout. Ses bras autour de lui étaient suffisants pour comprendre que le noiraud le pardonnait; et que, peut-être, il n'y avait tout simplement aucune rancœur dès le départ de sa part. Aucune raison de lui en vouloir vraiment.

"Et puis tu m'as manqué, tu sais, avoua le blond d'une petite voix.

Yoongi sourit dans ses cheveux, murmurant un "moi aussi" et resserrant son étreinte autour de son meilleur ami. Quoi qu'ils disent, quoi qu'ils fassent, Yoongi et Jimin retombaient toujours dans les bras de l'autre, comme ils le faisaient depuis qu'ils étaient enfants et comme ils continueront de le faire plus tard. C'était une sorte de destinée, comme deux étoiles vagabondes qui flottaient dans l'espace, attirées par une force magnétique qui pouvait être aussi dangereuse que bienvenue.

Mais leur petite bulle éclata vite.

"Et moi, j'ai pas le droit à un câlin aussi? demanda une petite voix à côté d'eux.

Ils se détachèrent, surpris, pour baigner dans la vision de Jeongguk, un sourire éclatant sur les lèvres et de l'émotion dans ses prunelles, les regarder avec attendrissement. Quelle vue plus plaisante que celle-là, que de voir son petit-ami et son grand frère enfin faire la paix, et redevenir comme avant. Plus loin, Taehyung, la tête posée sur l'épaule d'Hoseok et sa main entrelacée avec celle de Seokjin, les regardait avec attention, un rictus rassuré sur ses traits. Et Namjoon, accoudé au bar en train de commander une nouvelle tournée, posait un regard affectueux sur le trio, fier que son petit-copain ait mis son orgueil et fierté de côté pour accepter le nouveau couple.

"Bien sûr, viens-là, rigola Jimin en l'attirant vers lui, dans une sorte d'étreinte groupée entre eux trois.

Le brun, avec bonheur, enroula ses bras autour des deux hommes, les serrant contre lui comme s'ils étaient sa bouée de sauvetage. Et peut-être qu'ils l'étaient, d'une certaine façon, alors que Yoongi embrassait sa tempe dans un geste affectueux et que Jimin avait son visage plongé dans le cou de son petit frère, cette fois. Jusqu'à aujourd'hui, le cœur de l'étudiant avait été déchiré rien qu'à la pensée qu'ils ne puissent plus s'entendre; il ne pouvait pas fonctionner correctement sans l'autre, et si cette querelle futile et pathétique qui planait entre eux avait continué, il serait sûrement resté cassé encore longtemps, comme une poupée mécanique en manque d'attention.

"Je suis désolé, Gguk, murmura-t-il contre son pull, incertain que l'interpellé ait vraiment entendu son excuse.

Il sentit la main de son cadet venir caresser l'arrière de son cou, dans un geste rassurant et qui voulait dire beaucoup de choses, comme les messages secrets qu'ils s'envoyaient quand il y avait leurs parents dans la pièce. La même caresse, infatigable, qu'il avait toujours pour lui.

"Je suis désolé aussi, hyung, souffla-t-il contre sa peau.

Jimin n'avait pas la force de lui demander pourquoi lui s'excusait, puisqu'il n'était absolument pas dans ses torts; mais, au lieu de ça, il se laissa aller contre le torse réconfortant -- et beaucoup plus ferme et plus grand que lui, le petit con -- de l'étudiant, un petit sourire sur ses lèvres. Tout allait bien se passer. Et oui, peut-être que c'était encore étrange de se dire que son meilleur ami et son petit frère sortaient ensemble, mais ce n'était pas le pire des scénarios, au final. Et il pouvait très bien s'y habituer; parce que les voir heureux était tout ce qui importait, à présent. Il avait dit à Jeongguk qu'il serait content pour lui du moment qu'il était heureux, et voilà que ce jour était venu, et que Jimin devait respecter sa parole.

"Je veux juste le meilleur pour vous, alors oui, Gguk, pour répondre à ta question de la dernière fois, tu as ma bénédiction.

Et le sourire éclatant que les deux hommes lui renvoyèrent furent suffisants pour réchauffer son cœur. Qu'il avait été idiot, vraiment, de passer à côté de cela.

"Allez, embrassez-vous un peu que je vous vois, finit-il en riant.

Yoongi fut ravi de céder à sa requête, glissant ses mains dans le cou de son amant pour l'approcher de lui, et d'embrasser lentement ses lippes, un sourire incontrôlable sur ses croissants de chair et les sifflements appréciateurs d'Hoseok en fond sonore.

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La porte claqua avant qu'il n'ait le temps de la retenir, grimaçant face au bruit; mais ses pensées furent bien vite chassées alors qu'il sentit Yoongi le presser contre le mur d'à côté, venant dévorer ses lèvres des siennes. Les grandes mains veinées de son aîné agrippaient avec force ses hanches, et tout ce que Jeongguk pouvait faire, c'était de se laisser aller dans le balais pressé et fiévreux de leurs lippes, glissant ses doigts dans la touffe ébène de son amant, le souffle court.

Les bières n'étaient rien comparés à tout l'alcool qu'ils avaient bu lors de leur première fois ensemble, et Yoongi n'avait pas fumé autre chose qu'une cigarette depuis des lustres -- et même ça, il essayait d'arrêter aussi, pour le bien-être de son petit-ami. Non, vraiment, s'ils étaient aussi impatients, si leurs mains tiraient avec envie et empressement les vêtements de l'autre, c'était pour ce que Jimin leur avait dit, dans le bar. C'était pour le fait qu'il les ait acceptés.

"Je vous donne ma bénédiction".

Et quel soulagement était-ce là pour le couple, pour les deux amants, qui n'avaient plus à se cacher, qui n'avaient plus à inventer des excuses lamentables pour se voir. Maintenant, il y avait ce goût de liberté sur leurs croissants de chairs, quand ils s'embrassaient avec un sourire et qu'ils se disaient qu'à présent, ils pouvaient faire cela autant de fois qu'ils le voulaient, quand et n'importe où ils le voulaient. Les possibilités avaient été décuplées, et dieu ce qu'ils avaient hâte de pouvoir enfin s'aimer au grand jour, sans qu'ils n'aient à craindre que le grand frère du plus jeune ne le découvre.

Yoongi s'était retenu de longues heures avant de décider de ramener Jeongguk chez lui. Avec une énième dispute enfantine de Taehyung et Seokjin en fond sonore, bien vite rejoint par Hoseok, le jeune homme avait eu une longue discussion avec le blond, à propos de tout et de rien. Et par les cieux, ce que cela faisait du bien de pouvoir enfin retrouver son meilleur ami sans avoir à faire attention à ne pas trop en dévoiler. Les langues étaient libérées, les histoires débridées, et, avec le brun aux reflets rosés sur ses genoux, ils avaient tout deux raconté quelques anecdotes qu'ils ne pouvaient se permettre de dévoiler devant Jimin.

Ce jour où Jeongguk avait lancé son T-Shirt rouge dans la machine de chemises blanches de Yoongi, et que tout en était ressorti rose. Ce jour où ils étaient parti dans une bataille de farine dans la cuisine parce que l'étudiant avait dit qu'il était avait plus de muscles que le noiraud. Ce jour où ils étaient parti babysitter le petit cousin de l'aîné, et que le plus jeune avait explosé de rire sous l'air paniqué du hyung, un bébé pleurant dans ses bras et ne sachant que faire.

Ils avaient parlé, longtemps. Avaient rattrapé le temps perdu pendant de longues heures, l'alcool coulant à flot et les doigts rassurants de Jeongguk à la base de son cou. Le sourire graciant leurs lippes. Mais au bout de quelques temps, la présence de son petit-copain sur ses genoux, sa chaleur corporelle et ses doigts qui faisaient des merveilles avaient su le rendre impatient. Prétextant une excuse lamentable, qu'il savait très bien qu'elle ne passait pas auprès de Jimin, si on en croyait à son sourcil haussé avec une pointe de sarcasme dans ses yeux, ils avaient quitté le bar pour se rendre à son appartement. Fort heureusement, Yoongi n'habitait pas très loin du centre-ville, laissant la possibilité de rejoindre ses pénates à pieds, puisqu'il n'aurait pas pu conduire longtemps avec la bouche chaude de Jeongguk dans son cou et ses regards en coin qui voulaient en dire long.

Et les voilà dans le hall d'entrée de son pied-à-terre, jetant avec empressement leurs vestes au sol et se déchaussant aveuglément, sans même quitter la bouche de l'autre. Il y avait quelque chose d'incroyablement jouissif, que de se dire que ce qu'ils faisaient n'était pas mal, mais mieux encore, était accepté par Jimin. Que, à partir de maintenant, ils pouvaient marquer avec envie la peau tendre de l'autre, pouvaient griffer les biceps de l'autre, et pouvaient laisser un parterre de baisers incandescents sur les clavicules de l'autre.

Il y avait plusieurs parties de Yoongi que Jeongguk aimait – pardon, adorait – pendant le sexe. Il y avait le Yoongi sensuel, doux, un peu paresseux aussi, qui emprisonnait son corps entre ses bras et qui faisaient de lents et profonds va-et-vient en lui, sans se presser, passionné, passant un temps considérable à l'embrasser et à le regarder dans les yeux, la pénombre les baignant dans un cocon loin du temps et du monde extérieur. Il y avait le Yoongi coquin, un sourire en coin peint sur ses lèvres alors qu'il ne faisait que titiller l'étudiant, l'approchant toujours inexorablement prêt de son acmé délicieuse, mais refusant toujours de le laisser traverser la vague de sensations de son orgasme. Il y avait le Yoongi énervé, sa mâchoire serrée et ses mains agrippant avec force les hanches de son amant, son bassin claquant avec agressivité contre le sien, laissant des marques délicieuses, dans une symphonie de peau contre peau des plus obscènes.

Mais à présent, c'était le Yoongi impatient qui ressortait, parmi tous ses alter ego que Jeongguk aimait tant. Le Yoongi qui tirait avec force sur son T-Shirt pour le faire passer au-dessus de sa tête, et qui revenait à la charge dévorer sa bouche, comme si l'absence de contact de lèvres contre lèvres lui était insupportable. Il le plaquait contre chaque bout de mur qu'il trouvait, pour toujours perdre encore plus de vêtements ; pour, enfin, quand ils entrèrent à l'aveuglette dans la chambre, Yoongi pressant le corps chaud de Jeongguk contre le mur à côté de la porte, ils étaient en caleçon, leurs torses déjà brûlants et leurs érections déjà douloureuses frottant l'un contre l'autre.

"Dis-moi ce que tu veux babe, souffla Yoongi contre ses lèvres, haletant, ses pupilles déjà si sombres dans l'obscurité de la chambre. Dessus ou dessous ?

Et face à l'implication que ses mots, prononcés d'une voix rauque, apportaient avec eux, Jeongguk ne put que se cambrer de plaisir, frissonnant, un gémissement incontrôlé manquant de franchir ses lèvres. Ils aimaient échanger les positions : Jeongguk adorait voir le visage tordu de plaisir de son petit-copain sous lui pendant qu'il le martelait, et Yoongi adorait voir le côté possessif de son amant resurgir quand il prenait le contrôle – et quand il le prenait, tout simplement.

Mais là, ce soir-là, le bel éphèbe avait besoin de sentir son corps lourd sur le sien, avait besoin de perdre la tête sous ses caresses, avait besoin que quelqu'un s'occupe de lui. Et les grandes mains, si belles et si puissantes de son aîné, alors qu'elles caressaient d'un air douloureusement absent ses flancs, furent suffisantes pour qu'il ait la réponse toute trouvée à la question.

"En dessous, en dessous, pantela-t-il. Prends-moi, s'il-te-plaît, j'ai besoin de toi, je te baiserais demain matin si tu veux mais là j'ai besoin de toi en moi !

Le noiraud ne put que sourire carnassièrement en entendant ces mots désespérés. La promesse de se faire réveiller demain matin par les caresses quémandeuses et tentatrices de son cadet était forte tentante, mais la vision de son bassin pressé contre celui du brun alors qu'il abusait de sa prostate était plus alléchante encore, à présent.

"Vos désirs sont des ordres, susurra-t-il d'un ton moqueur alors qu'il décollait le jeune homme du mur pour le pousser du plat de la main contre le lit.

A peine le dos du brun toucha le matelas que Yoongi était au-dessus de lui, encadrant sa tête de ses bras puissants, sa bouche sur son cou et laissant un parterre de feu sur son épiderme déjà en effusion ; tandis que l'étudiant, lui, ne pouvait que s'accrocher désespérément aux épaules de son partenaire, la tête rejetée en arrière et laissant le noiraud faire tout ce que bon lui semblait sur la toile vierge qu'était ses clavicules. Les gémissements éclataient déjà comme des bulles de savon sur ses lèvres, et par tous les saints, si Jeongguk était aussi réceptif rien qu'à cette étape, Yoongi ne pouvait qu'imaginer avec impatience, la tête lourde et enfiévrée, de la symphonie qu'il jouerait pour lui quand il serait enfin en lui.

"Yoongi, Yoongi, répéta-t-il, comme un psaume, comme un leitmotiv, comme un chant de sirène, sans savoir réellement ce qu'il voulait. Quelque chose d'autre, quelque chose de plus, c'en était certain.

Et ses prières furent entendues, quand son hyung plaqua son bassin contre le sien, le contact de leurs intimités, bien que séparées d'un bout de tissu beaucoup trop encombrant, le fit soupirer de plaisir. Ses propres hanches bougeaient d'elles-mêmes, instinctivement, recherchant la friction délicieuse que savait lui procurer son amant. Amant qui, par ailleurs, plaqua lesdites hanches contre le lit de ses grandes mains, l'empêchant de bouger, pour mener sa propre danse, et admirer avec contentement la façon dont Jeongguk se tortillait sous lui, la bouche entrouverte face au flot de sensation.

"Yoongi-hyung, gémit-il de nouveau, réussissant comme par magie à ne pas s'étrangler alors que quelques doigts, mutins, venaient caresser légèrement les boutons de chairs bruns qui pointaient vers le ciel.  

"Qu'est-ce qu'il y a mon cœur? Vas-y, dis à hyung ce que tu veux que je te fasse.

Jeongguk se cambra encore un peu à l'entente de ces mots – par tous les saints, comment arrivait-il à rendre tout cela aussi terriblement excitant ? Cela faisait seulement quelques minutes qu'ils étaient rentrés, et déjà le brun avait l'impression d'être submergée par une vague de chaleur, bien que bienvenue. Sans même qu'il ne s'en rende compte, il demanda, haletant :

"A-Attache-moi, hyung... a-attache mes mains e-et prend ma bouche, s'il-te-plaît...

Yoongi eut un petit rire, qui était davantage attendrissant que moqueur, alors que, d'une douceur un peu déplacée dans cette frénésie, il lui caressa les cheveux, repoussant les mèches qui lui tombaient devant les yeux pour lui dire :

"Si seulement tu pouvais t'entendre, babe...

"Hyung, gémit-il encore en guise de réponse.

"Je sais, babe, je sais, je vais chercher de quoi t'attacher, d'accord ? conclut-il en déposant un baiser chaste sur ses lèvres, pour le rassurer.

Mais à peine se redressa-t-il, s'éloignant ainsi du corps bien-aimé de son amant, que Jeongguk ne put s'empêcher de pousser un son de protestation.

"Si tu veux que je t'attache, il va falloir que j'aille chercher les menottes, mon cœur.

"Les jouets sont trop loin, prends plutôt la ceinture au pied du lit, elle fera l'affaire.

Un autre ricanement face à l'impatience de son petit-copain, mais Yoongi s'exécuta tout de même, saisissant l'accessoire en cuir et découvrant les poignets tendus et impatients de Jeongguk en se retournant. Un autre sourire en coin, et, en silence, lui lia les mains avec précaution et attention, s'enquérant parfois pour savoir si c'était trop ou pas assez serré. Et, reposant délicatement les bras, il laissa Jeongguk se réinstaller. Ils n'avaient pas de tête de lit – qui en avait encore, de nos jours –, mais le brun était suffisamment obéissant pour savoir qu'il ne devait pas bouger les bras. Même si c'était lui qui avait demandé un tel traitement, il savait que le noiraud n'hésiterait pas une seule seconde avant de commencer à le punir, et il était beaucoup trop pressé pour devoir attendre encore plus avant de jouir.

"Bon, commença l'aîné après s'être assuré que son petit-ami était dans une position confortable, et après avoir ôté leurs deux caleçons – non sans sourire de nouveau face au soupir de bien-être de son amant. Qu'est-ce que tu as dit que tu voulais faire avec ta bouche, déjà ?

"Fais tout ce que tu veux avec, hyung, soupira-t-il.

"Tout ?

Un hochement de tête beaucoup trop excité et beaucoup trop impatient lui répondit.

"Ok, ok, très bien babe, dit-il avec un petit rire en passant de nouveau sa main dans sa crinière déjà humide. Mais avant, rappelle-moi tes safewords.

"Rouge pour on arrête, orange pour ralentir, vert pour je vais bien.

"C'est bien mon cœur. Et si tu ne peux pas parler et que tu as les mains attachées ?

"Je redresse les mains et je te pince la cuisse.

"C'est bien, répéta-t-il une nouvelle fois, un air attendrit sur le visage.

Avant que Jeongguk ne puisse commencer à s'impatienter de nouveau – aish, ce gamin, toujours aussi pressé –, Yoongi enroula sa main le long de son membre, déjà gorgé de plaisir, afin de donner quelques mouvements de poignets bienvenus. Il serait malheureux de jouir dans la bouche de son amant au moment-même où il apposerait ses lèvres sur sa peau palpitante. Alors, présentant son intimité déjà un peu humide, il laissa le brun la caresser de ses lèvres, au début, ses yeux fermement plantés dans les siens de la plus tendancieuse et obscène des façons, parce qu'il savait que cela rendait le noiraud complètement fou. Ses grands yeux brillants d'une innocence feinte, alors que sa bouche se livrait à des cajoleries à damner un saint.

Ses jambes de part et d'autre de ses épaules, le hyung soupira et rejeta la tête en arrière, quand il sentit la langue mutine et joueuse de son cadet rejoindre la partie, quand ses joues se creusèrent pour épouser la forme de son membre, quand il gémit doucement autour de son excitation.

"Bordel, babe.

Et Jeongguk adorait cela, si on en croyait à la luxure qu'on lisait dans ses yeux, si on en croyait son érection lourde et un peu douloureuse qui reposait contre son bas-ventre, si on en croyait ses soupirs de plaisirs ; alors que son amant enfouissait doucement sa main dans sa chevelure brune pour maintenir sa tête, et qu'il faisait doucement rouler de ses hanches.

C'était une vision diablement excitante, que de voir le jeune homme, allongé sur le lit défait, ses mains attachées d'une ceinture en cuir au-dessus de sa tête, les lèvres rougies et brillantes de salive enroulées autour du membre chaud et lourd de son petit-ami, qui lui, la main douce et rassurante dans ses cheveux, contraire aux mouvements de bassins profonds et cruels, ne pouvait que rejeter la tête en arrière, les yeux mi-clos, et apprécier la gourmandise.

Une fois, alors qu'ils étaient particulièrement excités et qu'ils ne s'étaient pas vus pendant 2 semaines à cause des vacances, ils s'étaient filmés dans une telle position – la première sextape de Jeongguk, imaginez un peu ! – ; et le cadet avait vite décrété que l'expression presque béat du bel éphèbe était certainement l'une de ses préférées.

"At-Attends, babe, gémit Yoongi, tirant le jeune homme de ses pensées sensuelles. Si tu continues, je vais jouir, et j'ai envie d'être en toi pour faire ça.

C'était ridicule, vraiment, la façon dont son partenaire rougissait après une telle déclaration ; mais, et bien qu'à contre-cœur, il se retira lentement, non sans donner un dernier coup de langue sur la peau brûlante, avant que son hyung ne descende de son petit piédestal, pour se placer entre ses cuisses outrageusement ouvertes.

Là, sur son épiderme de velours, dansaient quelques marques sombres de ses baisers ardents, à défaut de pouvoir marquer ses clavicules si appétissantes. Quand il était de retour dans la maison de famille, et que Jimin était une fois encore en compagnie de Namjoon, le jeune homme aimait admirer ces couleurs-là, florissantes comme un bourgeon passionné, se remémorant toutes les fois où c'était Yoongi qui était dans sa position et qu'il laissait ses lèvres découvrir les vallons de son intimité.

Dieu du ciel, rien que cette pensée faisait trembler son érection ; et cela ne passa pas inaperçu auprès du noiraud, qui était en train de préparer consciencieusement et rapidement l'antre chaude de son amant. Se penchant pour déposer un baiser entre ses deux pectoraux, ses doigts toujours enfouis en lui, il lui demanda doucement :

"A quoi tu penses ?

"A toi, répondit Jeongguk en lui renvoyant son sourire attendri.

Cela n'avait rien à voir avec l'empressement dont ils avaient été victimes, un peu plus tôt, leurs affaires atterrissant même dans la cuisine. C'était une petite parenthèse douce et confortable, sucrée comme du miel et savoureuse comme du champagne, laissant l'affection qu'ils avaient l'un pour l'autre les enrober de sa couverture duveteuse. Parce que, même si la passion et le désir bouillaient de façon impatiente sous leurs peaux, Yoongi prenait toujours le temps de bien préparer son amant, et Jeongguk prenait toujours le temps de l'admirer. Comme s'ils avaient besoin de se rappeler tout l'amour qu'ils portaient pour l'autre, avant de plonger tête la première dans les limbes de la luxure.

Au bout de quelques instants, durant lesquels ils ne s'étaient pas lâchés du regard et où Yoongi apposait sa bouche doucement partout sur son torse – pas dans l'optique de le rendre fou, sinon il aurait depuis longtemps qu'il aurait enroulé sa bouche autour de son bourgeon de chair brune –, le noiraud retira ses doigts, avant de lubrifier son membre.

"Comment est-ce que tu le veux ?

Sa voix était un peu essoufflée face à la vision d'Aphrodite que Jeongguk présentait-là – le dos cambré par ses caresses, ses cheveux humides en bataille et ses dents mordillant sa lèvre inférieure avec envie –, mais le jeune homme réussit tout de même à se placer entre les jambes de son aimé, attendant son feu vert et ses consignes de... « pilotage ».

"Lent et fort, s'il-te-plaît.

Un dernier baiser chaste sur ses lèvres, et le bel éphèbe s'enfonça doucement en lui, ses bras de part et d'autre de sa tête et ses grandes mains retenant son visage en coupe, l'obligeant à le regarder dans les yeux, juste pour voir son expression de salvation quand il fut enfin en lui jusqu'à la garde.

Le début de la soirée annonçait une baise violente et désespérée, les baisers pressants et décorant d'ecchymose la moindre parcelle de peau que les lèvres impatientes pouvaient trouver. Et pourtant, là, dans la pénombre de la chambre de l'aîné, leurs cœurs battant toujours la chamade, ils avaient opté pour un virage complet, mais tout aussi appréciable. C'était un peu à la hauteur de la grande révélation de la journée, à savoir qu'ils avaient la bénédiction de Jimin. Et ce soir-là, ils comptaient bien fêter cela en montrant tout l'amour qu'ils avaient pour l'autre.

Les jambes de Jeongguk étaient enroulées haut sur le bassin de Yoongi, s'accrochant désespérément à lui comme si c'était tout ce qu'il avait dans ces ténèbres et dans ces eaux tumultueuses de la concupiscence ; et, après avoir caressé d'une main diabolique la peau de velours de sa cuisse, le noiraud saisit l'une de ses jambes pour la placer sur son épaule, changeant l'angle et faisant crier silencieusement le jeune homme entre ses bras.

L'étudiant ne connaissait peut-être que lui en matière de parties de jambe en l'air, depuis cette fameuse soirée où ils s'étaient tous deux éclipsés dans sa petite chambre d'adolescent ; mais il était certain d'une chose, c'était que Yoongi était incroyable au lit. Un dieu du pieu.

"H-Hyung... soupira-t-il, gémit-il, scanda-t-il, alors que les mouvements de bassins se faisaient un peu plus rapide, la sensation d'être l'un contre l'autre les rendant fous et faisant approcher leur acmé rapidement.

"Je suis là, babe, murmura-t-il, la voix rauque, lui aussi manifestement affecté par la situation.
Jeongguk voulait qu'il le détache. Il était contre lui, sa peau chaude sur la sienne, et pourtant, il avait l'impression qu'il était trop loin à la fois, parce qu'il ne pouvait pas le toucher. Il voulait serrer ses épaules, enfouir son visage dans son cou, et agripper ses cheveux ; et même si c'était lui à l'origine de la demande de lui attacher les mains, maintenant il semblait regretter sa décision.

Mais, comme si l'homme au-dessus de lui pouvait lire ses pensées, il ôta la ceinture qui liait ses poignets d'une main, lui rendant la liberté de toucher ; et, aussitôt, Jeongguk agrippa avec force les épaules de son aîné, le rapprochant inexorablement plus près. Et si on en croyait son soupir de bien-être un peu plus fort que les autres, Yoongi aussi avait besoin de cette proximité extrême, où tout leur corps était pressé l'un contre l'autre, leurs cœurs battant l'un contre l'autre. Il avait beau être le plus âgé dans ce couple, celui qui était le pilier de l'étudiant et qui ne montrait que très rarement ses faces sombres et fragiles ; et pourtant, il avait aussi besoin parfois de la sensation des bras de son amant autour de lui, s'agrippant mutuellement l'un à l'autre comme s'ils ne pouvaient pas fonctionner normalement en l'absence de l'autre.

Et le brun le lui rendit bien, un bras autour de ses épaules et une main enfouie dans son scalp, gémissant doucement directement dans son oreille de la façon qu'il aimait, de la façon qu'ils aimaient. De la façon qu'ils s'aimaient, aussi.

"H-Hyung... Y-Yoongi...

Ses mots étaient plus hachés, plus essoufflés, et il ne fallut pas longtemps à Yoongi pour comprendre que leur jouissance mutuelle arrivait à grand pas.

"Moi aussi, Gguk, moi aussi, réussit-il à grogner avant que tout ne s'effondre autour d'eux.

Et puis l'orgasme. La rigidité des muscles et les râles rauques, les gémissements plus aigus et les beaux rubans blancs qui viennent décorer le torse. Là, à bout de souffle dans l'obscurité de leur chambre, leurs cœurs se remettant de leur marathon, les pensées encore bourdonnantes, ne donnaient que plus de poids encore à ces trois petits mots qui venaient décorer leurs lèvres dans un sourire paresseux :

"Je t'aime.

.

yo les loulous, on est de retour avec ce petit épilogue du yoonkook que vous avez été nombreux à me demander ! j'espère du coup que ça vous plaît !

merci d'ailleurs pour le récent engouement qu'il  y a autour de ce recueil, ça fait super plaisir à voir !!! (hésitez pas d'ailleurs à voter, partager et commenter !)

psst ! on est à presque 16 000 mots d'ailleurs ! 




et pour une fois, je vais faire un petit sondage ici (hésitez pas à répondre non plus, pour avoir plus de chance de voir votre idée mise en forme !!!)

DONC dites-moi quel ship vous voudriez voir dans un :

harry potter ! au

boxe ! au

timetravel ! au

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et si vous avez d'autres requêtes d'au, merci de les commenter ici !

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