SAFE PLACE
𝕾𝖆𝖋𝖊 𝖕𝖑𝖆𝖈𝖊
( ℑ 𝔨𝔫𝔬𝔴 𝔶𝔬𝔲 𝔴𝔬𝔫'𝔱 𝔥𝔞𝔯𝔪 𝔪𝔢 )
Yoongi était confiant en sa sexualité. Son couple n'avait jamais été aussi fort. Et il savait qu'au creux de la nuit, les bras de Jimin étaient toujours là, quoiqu'il arrive.
yoonmin
(side taekook)
safe space
kink discussion
healthy relationship
domestic bliss
cisgender woman! jimin (she/her pronouns)
pegging
dirty talk
this os turned into a gender study lol
ils peuvent être maladroits mais ils essayent ok
switch couple
bottom ! yoongi
top ! jimin
(ndla : pas vraiment de prompt pour celui-ci ! à la suite d'une discussion forte intéressante sur la sexualité que j'ai pu avoir, j'ai décidé de faire un ptit os sur le sujet parce que ce n'est pas une pratique très répandue et c'est bien de montrer un peu des relations saines dans ce monde de brutes !)
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Avant toute chose, il convenait de préciser que Yoongi était confiant en sa sexualité.
Cela faisait à présent 5 ans qu'il était avec Jimin, et il n'avait jamais autant aimé quelqu'un qu'il aimait sa copine. Les mots n'avaient jamais été quelque chose avec lequel il était très à l'aise, préférant montrer son amour par un sourire doux et une main réconfortante dans le bas du dos, mais... fuck, ce qu'il l'aimait. Il savait ce que les gens pouvaient dire à leur sujet, ce que ses grand-tantes chuchotaient entre elles quand il l'emmenait aux repas de famille : que cet amour n'était que précoce, qu'il suffirait d'une épreuve pour que tout s'écroule en mille morceaux comme des éclats de verre. Et pourtant, pourtant, Yoongi n'avait jamais été aussi amoureux de toute sa vie.
Il la connaissait par cœur, comme le dos de sa main, de ce grain de beauté dans son cou qu'il aimait tant embrasser quand il l'enlaçait par-derrière, à cette trace brune sur son doigt quand elle s'était brûlée en sortant les pizzas du four à une soirée. De cette façon dont elle riait tant qu'aucun son ne sortait parfois — juste cette euphorie pure et magmatique, comme cette fois où ils avaient sauté en hélicoptère pour l'anniversaire du jeune homme —, à cette façon dont ses cils papillonnaient quand elle luttait de s'endormir devant la télévision. De cette cicatrice à l'avant-bras, quand un inconnu en sortie de boîte l'avait brûlé de sa cigarette et que Jimin avait retenu Yoongi de le frapper de ses poings, à cette façon nerveuse dont elle lui serrait la main dès qu'ils faisaient quelque chose d'excitant — quand elle avait fait son premier tatouage, quand ils attendaient les résultats de ses examens, quand ils étaient tout en haut de la montagne russe et que la descente n'étaient qu'à quelques secondes.
Jimin était son tout, son jour, sa nuit, sa force et ses doutes ; qu'il y avait-il de mieux que de s'endormir tous les soirs contre elle, son cœur battant doucement au rythme du sien ? Qu'il y avait-il de mieux que de se réveiller le matin à ses côtés, ses cheveux blonds tombant sur son front et sa joue pressée contre son pectoral, sa peau encore chaude et sentant bon les draps ?
Il avait cherché, pendant longtemps, quelque chose qui surpasserait cela ; et la réponse qui revenait tout le temps était que rien n'y était comparable.
Et Yoongi était confiant en sa sexualité : il pensait être un bon copain, l'accompagnait quand elle faisait ses ongles, faisait des soirées masques à l'argile avec elle et chantait à s'en casser la voix sur les musiques des dramas. Il venait la chercher régulièrement au travail, lui offrait des fleurs sans raison particulière, avait le calendrier de ses menstruations dans son agenda pour pouvoir lui préparer une bouillotte ou lui chercher des protections au besoin, savait qu'un bain moussant à deux ne faisait pas de mal de temps en temps, connaissait sa commande du resto thaï par cœur, prenait en photo les articles qu'elle regardait quand ils partaient faire du shopping pour ne jamais être à court d'idées pour lui faire des surprises impromptues, savait qu'elle préférait les documentaires sur les tueurs en série aux films de Noël, et enlevait doucement ses lunettes quand elle s'endormait dans leur lit, un livre sur sur sa thèse de psychologie ouvert sur sa poitrine.
Yoongi était confiant en sa sexualité : ils étaient encore jeunes, plein de fougue et d'envie de découverte de lointains horizons, et il aimait quand ils testaient de nouvelles choses sous la couette, quand les rires se transformaient en gémissements bas et râles rauques, quand les caresses étaient plus quémandeuses et qu'ils se perdaient dans la bouche de l'autre. Ils avaient appris qu'ils aimaient bien quand l'un des deux avait les poignets attachés, le brun compris, mais pas trop serré pour ne pas laisser trop de traces. Ils avaient appris qu'ils préféraient laisser une lampe chaude allumée sur leur table de chevet pour pouvoir se contempler à l'infini plutôt que d'être plongés dans le noir complet, et que les bienfaits des séances du jeune homme à la salle ne se résumaient pas qu'à pouvoir porter Jimin sur les épaules aux concerts ou à la pride. Ils apprenaient, à deux. Il avait l'impression de la connaître par cœur, et pourtant tous les soirs il redécouvrait son corps comme si c'était la première fois, avec ce même émerveillement.
Taehyung leur avait offert un exemplaire du Kama Sutra une fois pour l'un de leurs anniversaires, son rictus arrogant sur les lèvres en prenant le pari qu'ils ne le finiraient jamais avant Jeongguk et lui ; et dieu ce que Jimin avait pris un malin plaisir, quelque temps plus tard, à lui jeter le livre sur la table du café où ils se retrouvaient pour un brunch pour lui annoncer fièrement qu'ils avaient gagné leur petite compétition. Yoongi, les étincelles dans ses prunelles, avait embrassé le dos de sa main en se souvenant de ces soirées qu'ils avaient passés dans le salon, un lit de fortune sur leur tapis persan, les verres de vin sur la table basse, et les gloussements de Jimin quand le jeune homme râlait que ce n'était pas possible d'être aussi flexible.
Yoongi était confiant en tout ça, en lui, en son couple, en Jimin, ne se préoccupant du regard des autres et que de celui de son amour ; et pourtant, pourtant, il aurait tellement voulu lui dire ce qu'il ressentait, ces idées qui tournaient dans son esprit sans cesse. Il y avait cette boule dans sa gorge qui l'empêchait de dire ces mots, ce frisson le long de sa colonne vertébrale quand Jimin le regardait de ses grands yeux bruns qu'il aimait tant et qu'il n'osait lui dire ce qu'il avait sur le cœur.
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Tout avait commencé dans ce bar.
Jimin et Yoongi étaient arrivés les derniers, parce que la jeune femme ne trouvait plus sa colle à faux cils malgré les maugréments de son amant, qui lui disait qu'elle n'avait pas besoin de ça pour être belle, et que "s'il-te-plaît, love, je ne veux pas te presser mais ça serait top si tu pouvais finir ça en vitesse, les mecs attendent, tu pourras toujours mettre ton rouge-à-lèvres dans la voiture mais maintenant il faut qu'on y aille".
Ils avaient poussé la porte du bar main dans la main, les dernières traces des rires de Jimin fantomatiques sur ses lèvres, et si ce n'était pas pour le cri de Seokjin qui les appelaient vers eux, Yoongi aurait très certainement embrassé ses lippes divines, avant de la pousser doucement en avant d'une main dans le dos. Bien vite, dans un tourbillon d'éclat et de musique, ils s'étaient retrouvés happés dans la discussion et les ricanements de la bande. Le jeune homme parlait avec animation avec Namjoon des opérations qu'il avait pu faire à son cabinet dentaire, et son cadet lui expliquait en retour sa thèse sur le féminisme et la question de genre qu'il était en train de peaufiner avant de publier. Jimin, sa tête contre l'épaule de son petit-ami, jouait avec le verre de bière entre ses doigts, les yeux en croissants de lune et son rire léger quand Hoseok et Jungkook racontaient avec des grands gestes leur dernière péripétie du jour.
Il y avait ce sentiment de légèreté dans la poitrine du brun : c'était vendredi soir, la petite Mina qui pourtant était si effrayée des dentistes avait été particulièrement courageuse aujourd'hui — il n'avait absolument pas un soft spot pour cette gamine —, Jimin avait mis le parfum qu'il aimait tant sur elle, il retrouvait ses amis après une longue semaine, et l'alcool commençait à bourdonner doucement dans ses veines.
Et puis... Et puis il ne pouvait que tendre l'oreille face aux rires de Taehyung et de sa copine — quelque chose sur une des escapades sexuelles du duo des plus jeunes.
"Je lui ai dit, racontait Taehyung avant de s'essuyer l'œil sous la force de ses ricanements, je lui ai dit "Tu me tiens bien ?", et il a suffi d'un coup de rein—
"Hyung, grogna Jeongguk à côté du brun en se pinçant l'arête du nez.
"Il a suffi d'un coup de rein pour qu'il devienne complètement rigide, continua-t-il entre deux rires en ignorant la protestation de son amant, comme s'il venait de voir une apparition, et — punaise Jimin c'était hilarant, j'avais pas l'impression d'avoir touché sa prostate aussi fort —, il a complètement lâché prise et il est tombé, c'éta—
Avant de se faire interrompre par la main de Jeongguk plaquée contre sa bouche pour l'empêcher de dire quoi que ce soit d'autre, sous l'esclaffade générale de la tablée. Il était difficile de ne pas se joindre aux rires, pas quand Jeongguk faisait mine d'énerver mais que ses épaules tremblaient sous la force de son hilarité.
Ce ne fut que lorsqu'ils rentrèrent, la main de Jimin jouant avec ses mèches de cheveux distraitement, les lampadaires coulant languissant sur la carrosserie et le souffle frais de la nuit faisant tourbillonner les notes du rap lent dans l'air, qu'il y repensa. À ce que Taehyung avait dit. À cette envie, qu'il avait depuis quelques temps déjà. À ce qu'il pourrait bien ressentir.
À ce que Jimin pourrait bien en penser.
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"Babe ?
"Hm ? demanda Jimin, ne levant pas les yeux de sa tablette, l'écran bleu illuminant son visage dans la demi-pénombre de la chambre.
Yoongi s'arrêta un instant dans l'embouchure de la porte. La pluie battait doucement contre les vitres, mais la noirceur de la nuit était chassée par la lueur douce et réconfortante des lampes de chevet allumées sur leurs petites tables. Comme un doux cocon réconfortant qui les protégeait de la cruauté du monde, parenthèse rien que pour eux pour échanger quelques sourires et caresses — et le brun était ravi de cette chaleur protectrice, inspirant avec nervosité et priant pour que cette conversation se passe bien. Priant pour trouver les mots justes.
"Je peux te parler ?
"Si c'est pour le week-end chez ta grand-mère, j'ai pas encore checké mon emploi du temps, répondit-elle, le regard toujours rivé sur son écran.
"Non, je... C'est pas à propos de ça.
Il se doutait bien que la jeune femme lèverait les yeux à l'entente de sa voix. Elle aussi le connaissait par cœur, connaissait ses rêves et ses cauchemars et l'idéal auquel il aspirait, connaissait les chansons qu'il fredonnait quand il attachait son tablier, la signification derrière ses froncements de sourcils et le poème qu'il avait tatoué sur son avant-bras. Alors, avec un léger froncement de sourcil que Yoongi aurait voulu aplanir de son pouce — "ça va te faire des rides, mon amour" —, elle demanda :
"Ok ? C'est... important ?
Il se mordilla anxieusement la lèvre.
"Un peu quand même ?
Dieu, ce qu'il détestait l'inquiétude qui coursait dans ses veines. La blonde se redressa sur le lit, posant sa tablette sur la table de chevet, relevant ses lunettes sur son crâne et tapotant le lit juste en face d'elle, les yeux aimants.
"Viens près de moi, dit-elle avec un sourire.
Son sourire était si doux, si honnête, si réconfortant, que, quoiqu'il se passe, Yoongi savait que cela irait bien. Que tout irait bien. Elle était resplendissante ainsi, malgré les légères cernes qui faisaient de l'ombre sous ses pépites d'amende, et il savait qu'il n'avait plus qu'à se jeter à l'eau, à présent.
"Avant toute chose... je ne veux pas que tu me détestes.
"Que je te— répéta-t-elle en fronçant des sourcils. Tu... tu veux rompre avec moi ? Tu m'as trompé ?
"Non ! s'empressa-t-il de corriger en prenant sa main dans les siennes. Je t'aime, babe, du fond du cœur, et tu ne vas pas te débarrasser de moi de sitôt.
Qu'il était idiot de commencer sa conversation par cela ; forcément que sa petite-amie s'inquiéterait, et elle en avait tous les droits — comme cette fois où il l'avait appelé alors qu'il s'était coupé en voulant lui préparer à manger, nécessitant quelques points de suture et débutant sa phrase par "surtout ne t'inquiètes pas, mais je suis à l'hôpital". En face de lui, les sourcils toujours froncés, Jimin continua de le jauger les yeux plissés.
"Alors... tu as cassé quelque chose et tu veux pas me le dire ? Tu as planté la voiture ? T'as fait tomber le vase de ma marraine ?
"Non plus, rassura-t-il avec un sourire qui se voulait sincère. Je voulais juste... Je veux juste que tu saches que je t'aime, d'accord ? Et que ce que je m'apprête à dire ne change absolument rien à mes sentiments pour toi.
Cela faisait 5 ans qu'ils étaient ensemble, alors malgré ces mots qui se voulaient assurés et rassurants, elle réussit néanmoins à déceler dans son regard une étincelle plus craintive — et plus vulnérable, aussi. Relaxant ses épaules, elle serra la main dans la sienne en retour dans une gestuelle silencieuse, avant de porter ses doigts frais à sa joue dans une caresse rassurante.
"Hey, amour. Regarde-moi. Quoiqu'il se passe, je suis là pour toi, ok ? On va gérer cette situation ensemble. Peu importe ce que tu as à l'esprit.
Il avait l'impression d'avoir retenu son souffle pendant de longues minutes, la tête submergée à seulement quelques centimètres de la surface et la poitrine en feu, alors il s'efforça de respirer calmement, l'air âcre brûlant ses poumons.
"D'accord.
Il fallait juste qu'il se jette à l'eau, se répétait-il en boucle. Il fallait juste qu'il fasse un pas dans le vide, puisque quoiqu'il arrive, Jimin était là pour lui en bas, l'attendant les bras ouverts. Alors, relevant les prunelles dans les siennes, il fit le grand saut :
"Je... Je voudrais qu'on teste un truc au lit.
"Ça doit être totalement différent si tu prends cet air-là.
La pique avait un côté rafraîchissant, qui eut le mérite de lui tirer un petit sourire malgré les nerfs bouillonnant le long de sa peau comme un serpent venimeux. Ils n'avaient jamais été timides sur ce qu'ils voulaient, sur leurs désirs et leurs envies, exprimant leurs pensées et prenant en compte celles de l'autre, travaillant comme un tandem autour de leur acmé délicieuse. La communication était la clé, c'était l'un des enseignements qu'ils avaient appris à leur tout débuts, quand ils n'habitaient pas ensemble et que le brun ne l'avait pas encore présenté à ses potes. Yoongi pouvait chuchoter qu'il avait envie de jouir sur son visage quand elle était à genoux devant lui sous la douche, et Jimin pouvait demander à ce qu'il enroule sa main autour de son cou lorsqu'il ouvrait les portes du Paradis entre ses jambes de sa langue.
Ne pas être timide. Communiquer. Ecouter.
Pas de jugement. Juste eux.
"Je...
Il soupira une nouvelle fois.
"Je ne sais pas trop comment te l'expliquer, en vrai.
Jimin haussa les épaules en face de lui.
"Sois cash.
C'était souvent ce qui fonctionnait le mieux entre eux, en effet, quand prendre des pincettes était trop compliqué, trop confus ; alors, prenant une énième inspiration pour ne pas suffoquer de nervosité, il lança :
"J'ai envie que tu me baises.
La jeune femme fronça légèrement des sourcils, penchant la tête sur le côté.
"Tu veux dire que ce soit moi qui prenne les rênes ? s'enquérait-elle, confuse. Mais on le fait déjà, love, plein de fois même ? J'ai fait un reverse cowgirl pas plus tard qu'hier soir, je ne vois pas en quoi c'est différent des autres fois—
"Non, coupa-t-il en secouant la tête. Je... Je veux que tu me baises. Que tu me prennes. Que ce soit moi qui reçoit tout.
"Attends, je comprends pas, tu voudrais que je te b— Oh.
Yoongi laissa planer un instant, laissant sa copine formuler sa pensée.
"Tu... Tu voudrais que je te pénètre, si j'ai bien compris ?
Il y avait quelque chose de tellement crude que d'entendre un tel vocabulaire dans sa bouche, et pourtant, ce ne fut pas l'excitation qui courait dans ses veines, mais plutôt le souffle frais du calme et de l'apaisement qui caressa son visage. Il pensait qu'il devrait expliquer plus longuement que cela, mais Jimin avait toujours été en parfaite harmonie avec ses besoins et ses envies, alors il n'était pas étonnant qu'elle soit tout de suite mise au diapason.
"Oui.
"Avec un jouet ?
"Oui, hocha-t-il de nouveau de la tête en déglutissant.
L'ange blond lui offrit un petit sourire.
"Et c'est ça que tu avais peur de me dire ?
Il savait qu'il n'y avait pas l'once de raillerie dans sa voix, mais il ne put s'empêcher de lâcher un petit rire encore empreint de nervosité, avant de détourner le regard, les joues brûlantes.
"Te moque pas de moi.
"Non, non, my love, pas du tout, se précipita-t-elle en serrant davantage ses mains entre les siennes. C'est juste que généralement les "je peux te parler" partent assez mal, surtout quand tu me rassures en préambule que tu m'aimes, et... je sais pas, j'ai cru que tu étais malade, que tu étais muté à l'autre bout du pays, que tu voulais faire un break... Tu sais que j'ai la fâcheuse tendance à imaginer le pire, ajouta-t-elle avec un petit rire, que Yoongi rejoint sans peine.
"En tout cas, continua-t-elle après un moment, je suis contente que tu m'en aies parlé. Ca ne devait pas être facile à dire pour toi, et je te remercie de m'avoir fait confiance.
"Ça fait des années qu'on se connaît, dit-il avec un sourire tendre. Bien sûr que je te fais confiance. Je ne savais simplement pas comment tu allais réagir, je ne voulais pas que tu te sentes blessée par ma requête.
Elle continua de caresser la joue de son copain d'un geste aimant.
"Est-ce que cela change quelque chose à ta sexualité ?
Puis, écarquillant les yeux en entendant le poids de ses mots, elle se reprit :
"Ce n'est absolument pas une critique, je... Je veux juste que tu sois heureux. Si tu penses aimer les hommes, si je ne te satisfais plus, dans tous les cas je reste quand même ta meilleure amie, et je suis là pour toi. Je te l'ai dit dès le début, non ? Quoiqu'il se passe, on traversera cela ensemble. Bon comme mauvais.
Yoongi fit un geste théâtral en mimant se serrer le cœur, mais les mots s'étranglèrent dans sa voix, l'émotion lourde dans l'air :
"Tu veux que je pleure, c'est ça ? Raison de plus de bel et bien penser que tu es un ange tombé du ciel.
Puis, reprenant sa respiration :
"Je ne penses pas que ça change quoique ce soit à ma sexualité, avoua-t-il lentement, cherchant ses mots. Je suis toujours hétéro — je veux dire, le sexe entre toi et moi ? Sublimissime. Tu ne vas pas te débarrasser de moi comme cela, j'ai bien prévu de t'épouser un jour. C'est juste que... C'est une envie qui me pèse de plus en plus ces derniers temps. Et j'ai envie d'explorer cette partie-là avec toi, mais dans le sens premier et matériel du terme, sensuel, plutôt qu'identitaire, si cela fait du sens ?
"Bien sûr, répondit-elle en hochant la tête.
Tout de son expression était douce : de sa coiffure à la va-vite, de ses lunettes sur sa tête, de la beauté de ses traits, et ses yeux — dieu, ses yeux : si ouverts, si sincères, si honnêtes, qu'il n'avait pu rêver d'avoir de meilleure conversation pour ce secret qu'il portait depuis trop longtemps.
"Je suis vraiment contente que tu m'en aies parlé, répéta-t-elle dans un murmure. Je suis super fière de toi. Je t'avoue que je connais pas grand chose à ça, mais on va faire des recherches ensemble, comme pour la fois où on a voulu tenter le bondage, ok ? Je ne veux que le meilleur pour toi.
Il ne se rendit pas compte de la larme roulant sur sa pommette avant que Jimin ne vienne l'essuyer de son pouce.
"Love, sourit-elle délicatement. Pourquoi tu pleures ?
"Parce que, renifla-t-il avec un petit rire, j'avais tellement peur de ta réaction. Je sais que tu m'aimes, et je sais que cela n'aurais rien changé entre nous, mais... J'avais peur que tu penses que c'était à cause de toi. J'avais peur que ce que je voulais ne fasse pas de moi un homme comme la société le définit. Et parce que tu es tout simplement un ange, ajouta-t-il en cajolant davantage la main sur sa joue. Si prévenante, si douce, si sincère, et je remercie les cieux tous les jours de t'avoir rencontré.
Au lieu de lui répondre directement, Jimin souffla à la place :
"Viens-là. Fais-moi un câlin.
Ils s'installèrent dans le lit, éteignant la lumière et laissant la lueur de la nuit, brouillée par la fine pluie, éclairer la chambre ; emmitouflés sous la couette et enfouis dans les bras de l'autre, les doigts de Jimin massant la base de son cou comme lorsqu'il avait passé une journée particulièrement harassante, elle chuchota :
"Ce que tu aimes au lit ne définit pas qui tu es. Tu peux aimer étrangler, cela ne fait pas de toi un tueur en série. Tu peux aimer donner des fessées, cela ne fait pas de toi quelqu'un de violent. Tu peux aimer être dans des rôles qui sont traditionnellement et sociétalement plus féminins, tu pourrais aimer la lingerie, peindre tes ongles et te maquiller, et cela n'aurait rien à voir avec le fait de savoir si tu es un homme ou non. Le genre n'est qu'—
"Qu'une construction sociale, tu me l'as déjà dit, oui, récita-t-il avec un sourire.
"Tu vois ?
Puis, reprenant :
"Regarde nos potes. Taehyung et Jeongguk sont ensemble depuis aussi longtemps que nous, et même si Hoseok le nie en bloc, il s'est quand même tapé son prof d'histoire quand il était au lycée. Est-ce que sous prétexte qu'ils aiment bien recevoir, cela ferait d'eux moins des hommes que toi, Seokjin, Namjoon, ou le Pape ? Absolument pas.
"Mais ils sont queer — et ne te méprends pas, je sais ô combien il est parfois difficile de faire son coming out, le cas de Gguk est le parfait exemple, surtout dans une société comme la nôtre. Mais ils sont queer, et une fois qu'on le sait, une fois qu'ils ont cette étiquette, on comprend plus facilement qu'ils aiment recevoir — ou donner, il n'est pas nécessaire qu'ils aiment que recevoir — , si tu vois ce que je veux dire ?
Jimin huma.
"Et jamais je ne pourrais me comparer à eux, jamais je ne dirais que je suis plus oppressé qu'eux — le simple fait qu'ils n'aient pas le droit de s'aimer sous prétexte que ce sont des hommes me donne envie de brûler le Parlement, si tu veux mon avis. Mais... Mais je suis un homme, hétéro, en couple avec une personne aussi merveilleuse que toi, et pour beaucoup, pour le regard que la société porte sur moi, c'est anormal de vouloir de telles choses, anormal de chercher à renverser les rôles. Tu te souviens du vieux grand-père qui était scandalisé parce que j'avais mis des stickers sur les ongles ? Les hommes sont censés être des représentations de Sylvester Stallone on dirait. Alors... je sais que tu n'allais pas réagir comme cela, mais j'avais quand même une certaine appréhension. Parce que c'est difficile de se défaire des stéréotypes, d'autant plus que ces idées-là nous sont inculquées depuis qu'on est gosses.
"Putain de masculinité toxique, n'est-ce pas ?
"Putain de masculinité toxique, répéta-t-il avec un petit rire.
Jimin joua encore un instant avec ses cheveux.
"Ecoute, tes préférences ne changent absolument rien au fait que je t'aime, du plus profond de mon cœur. Laisse-moi prendre soin de toi, à présent, d'accord ? Tu sais si bien me faire grimper au rideau, à mon tour de te faire crier toute la nuit.
Yoongi eut un petit rire, mais ses mots réveillèrent une flamme dans son bas-ventre. Pouvait-elle sentir d'ici son cœur qui battait à tout rompre ? Se rapprochant encore plus de son copain, le sommeil commençant à lacer ses prunelles de fatigue, elle ajouta :
"On a tout le week-end devant nous. On peut y aller doucement, d'accord ? On n'est pas obligé d'y aller d'un coup. On est même pas obligés de le faire demain. Ça te va ?
"Tu mérites la médaille de la meilleure copine du monde, dit-il avant de l'embrasser et de la rapprocher plus encore de son torse, Morphée commençant lui aussi à saupoudrer quelques grains de sable las au-dessus de ses paupières.
"Attends de dire ça demain matin, je comptais te réveiller avec une petite gâterie.
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"Hey, MD, murmura Yoongi en caressant la tête de Monsieur Darcy, encore un peu essoufflé par son traditionnel footing du week-end.
Jimin détestait quand il l'appelait comme cela — "la MD est une drogue, Yoon, hors de question que tu donnes de mauvaises idées à mon bébé", ce à quoi il répondait toujours par un "c'est un chat, babe, déjà qu'il ne mange pas ses croquettes, je pense qu'on a pas trop à s'inquiéter". Il ferma la porte de leur appartement derrière lui, encore suant et sa montre bipant ses progrès par rapport à la semaine précédente, et il fut saisi, en se retournant par la vision de... ça. Peu importe ce que cela pouvait être.
La jeune femme avait transformé le salon en véritable champ de bataille, son ordinateur ouvert sur la table basse en verre et des feuilles étalées devant elles, surlignées et post-it-ées de couleurs différentes ; et l'espace d'un instant, le brun avait l'impression de se retrouver, quelques semaines en arrière, quand sa copine préparait sa thèse en psychologie et qu'elle avait réquisitionné leur loft entier, retrouvant des notes gribouillées de son écriture fine mais illisible jusque sur le miroir de leur salle de bain.
La tête blonde se redressa de par-derrière le canapé en entendant le ronronnement de leur animal de compagnie et la porte qui se claque.
"Love ! s'écria-t-elle en sautant par-dessus le sofa pour se précipiter vers son amant, embrassant ses lèvres avec un grand sourire.
"Qu'est-ce que c'est tout ça ? demanda-t-il en retirant ses écouteurs et s'approchant du réfrigérateur pour se servir un verre d'eau glacée bien mérité. Je croyais que tu avais fini tes documentations pour au moins quelques semaines ?
Jimin eut un petit rire, avant de coincer une mèche de cheveux derrière son oreille.
"Je t'avais dit que j'allais faire des recherches, dit-elle doucement.
Et ce fut suffisant pour que Yoongi se souvienne de tout ce qu'ils s'étaient dit la veille, ce secret qu'il avait avoué depuis tant de temps dans l'intimité de leur chambre et dans les bras de sa bien-aimée ; et ce serait idiot de dire qu'il avait oublié tout cela, son esprit vagabondant encore sur les paroles qu'ils s'étaient échangés sur l'oreiller ce matin-là alors qu'il avait enfilé ses running de sport — courir et s'aérer un peu l'esprit lui avait permis de ne pas exploser, tant sous l'impatience que la peur du lendemain.
"Wow, souffla-t-il en admirant l'étincelle dans les yeux de l'ange en face de lui. Tout ça pour moi ?
"Bien sûr, répondit-elle avec un hochement de tête décisif et un doux sourire. Je t'ai dit que je voulais que le meilleur pour moi.
Yoongi serra presque inconsciemment le verre dans ses mains, ignorant si sa respiration lourde était due au dernier sprint le long des berges, ou au fait que sa petite-amie était décidément pleine de ressources et qu'elle ne cesserait jamais de le laisser bouche bée. Il y avait une certaine pointe d'appréhension également, derrière tout cela — cette appréhension parce que tout cela devenait trop réel, des mots qu'il avait encore du mal à prononcer à cette réalité qui le rattrapait de plein fouet.
"Va prendre ta douche, ok ? dit-elle, comme si elle avait lu en lui comme dans un livre ouvert. Après, on pourra parler tranquillement. Je t'ai préparé un petit brunch.
Mais avant que cette lumière si pure et si divine ne s'envole trop loin de lui, mué dans un réflexe presque animal et possessif, le jeune éphèbe saisit son visage en coupe pour embrasser tendrement ses lippes, espérant faire passer tout son amour dans le baiser — il avait toujours préféré montrer son affection par les caresses tendres que par les mots, dans tous les cas —, avant que Jimin se s'écarte de lui avec un froncement de nez adorable :
"Yoon', je t'aime, je t'assure, mais là tu pues et t'es tout suant.
Les éclats de rire du brun le suivirent jusqu'à son échappée vers la salle de bain — non sans une petite tape sur les fesses de sa copine et un "eh !" de protestation qu'il pensait avoir bien mérité. Il y avait ce sentiment étrange qui tournait en boucle dans ses pensées, et là, sous l'eau chaude, il ne put s'empêcher de ressentir un certain bourdonnement sourd de désir sous son épiderme, comme si Jimin venait d'ouvrir une nouvelle dimension dans sa poitrine. Presque timide de son propre corps, il laissa ses mains, massant ses muscles dans cette odeur de musc et de miel, se promener le long de son torse, le long de son dos, curieuses et tentatrices, découvrant les vallées de sa peau comme les nouveaux explorateurs qui posaient pieds sur une terre qu'ils pensaient inhabitée. Ses doigts glissèrent, lentement, le cœur au bord des lèvres face à ce chemin presque profane, contre ses hanches, encerclant ses fesses, se rapprochant de plus en plus de cet endroit qu'il n'avait osé toucher de cette façon depuis tout ce temps...
Avant de se raviser.
Il ne voulait rien découvrir, rien entreprendre seul. Quel était le but d'en avoir parlé à Jimin, si c'était pour se résoudre à quelques plaisirs solitaires, alors même qu'il était si proche du but ?
Il ne prit pas le temps de se sécher correctement les cheveux, se contentant de passer sa serviette rapidement et presque agressivement dans ses mèches corbeaux, enfilant à la hâte un bas de jogging et un T-Shirt large qui lui servait habituellement de pyjama, avant de se rendre vers le salon, non sans mordiller ses lèvres dans un geste mécanique de nervosité.
À l'entente de ses pas et du miaulement de Monsieur Darcy l'accompagnant, Jimin releva la tête de son carnet, avant de laisser sa bouche se fendre d'un sourire accueillant — un de ceux qui faisaient toujours chavirer le cœur du pauvre homme —, avant de se réinstaller sur le sofa pour lui laisser de la place, s'asseyant les jambes croisées et le dos contre l'accoudoir, face à l'autre.
"Je n'ai même pas envie de connaître le contenu de ton historique, plaisanta-t-il avant de tirer son chat norvégien sur ses genoux.
"Si le FBI toque à la porte cette nuit, répliqua-t-elle avec un rictus en coin, sache que c'est entièrement de ta faute.
Leurs rires se perdirent dans la pièce avant que la belle n'apporte son carnet sur ses genoux, faisant jouer un stylo entre ses doigts, relevant les lunettes sur le bout de son nez avec un rire sérieux — c'était une conversation sérieuse, Yoongi devait s'en convaincre, mais dieu ce que cela lui faisait de l'effet dès qu'elle mettait ses lunettes et étudiait.
"Avant de commencer, j'ai appris que cette pratique s'appelait le pegging.
"Toujours bon à savoir, hocha le brun de la tête, caressant inlassablement MD sous le menton.
"Je vais te poser quelques questions, continua-t-elle, pour avoir une idée plus précise de ce que tu souhaites. Il faut qu'on soit sur la même longueur d'ondes, tous les deux, et je ne veux pas complètement me planter.
"J'ai l'impression de passer un interrogatoire, grogna-t-il en rejetant la tête en arrière.
Mais Jimin prit ce qui s'apparentait à une plaisanterie pour un signe de frustration, et elle se pencha en avant pour serrer la première partie du corps qui lui tombait sous la main — en l'occurrence, sa cheville — dans un geste réconfortant.
"Te mets pas la pression. Ce n'est que moi, d'accord ? Je t'ai promis de tout faire pour t'aider et pour que ce soit le plus agréable pour toi. Et puis, ce n'est pas forcément définitif ? C'est juste pour la première fois, on pourra changer les choses pour la suite, ok ?
Pour la suite. Les mots roulèrent dans son bas ventre dans une traînée enflammée et sinueuse, et Yoongi se força à déglutir pour reprendre pied.
"Je sais, love, répondit-il doucement, mimant son sourire sincère. Je sais que tu es la meilleure. Vas-y, pose-moi tes questions, on verra bien ce que ça donne, n'est-ce pas ?
Jimin serra une dernière fois sa cheville, avant de se redresser contre l'accoudoir.
"Ok, alors, première question : est-ce que tu veux être simplement doigté d'abord, ou est-ce que tu veux aller jusqu'à la pénétration ?
Yoongi manqua de s'étouffer dans sa propre salive. Il aurait dû s'attendre à avoir une conversation aussi... directe, mais il ne put empêcher la surprise tirant le rose sur ses joues à l'entente de ces mots. Il aurait apprécié un peu de temps pour se préparer.
"T'es obligée d'être aussi crue ?
"C'est du sexe, amour, répondit-elle platement avec un sourcil levé. Tu veux que j'utilise des belles métaphores, comme ta mère qui raconte à ton neveu que les bébés sont apportés par des cigognes ?
"Tu aurais pu me prévenir, grommela-t-il, embarrassé.
"Oh ? demanda-t-elle en soulevant l'autre sourcil, son rictus devenant plus carnassier. Alors quand tu m'as pris la semaine dernière contre la porte d'entrée en grondant que t'allais me baiser si fort que j'allais sentir ta queue pendant des jours, tu m'avais prévenu peut-être ?
Elle évita le coussin décoratif que Yoongi lui avait lancé avec un rire sonore et mélodieux.
"C'est bon, j'ai compris, maugréa-t-il en croisant les bras sur son torse avec une fausse moue boudeuse.
"Est-ce que tu préfères être doi—
"Je l'avais bien entendu la première fois, merci beaucoup.
Et, comme une bulle de savon, leur hilarité se dissipa alors que le brun réfléchit à la question, laissant les deux propositions tourner devant ses yeux, hasardeuses et affriolantes, n'attendant qu'à être choisie. Il ne s'était jamais réellement posé la question à vrai dire ; ce qui n'était qu'une idée il y a une nuit à peine devenait quelque chose de beaucoup plus concret, tangible. Il n'avait qu'imaginé quelque chose de flou, comme un rêve érotique dont on en oublie la véritable teneur pour se réveiller, la peau encore chaude des fantasmes mouvants, pour ne se souvenir que du désir que l'on avait ressenti.
"Etre pénétré, dit-il bassement dans le silence paisible du salon.
"Pour la première fois ? répéta Jimin pour confirmation.
Yoongi haussa des épaules.
"Pourquoi pas ? Tant qu'à faire aller jusqu'au bout des choses. Il faut savoir faire le grand saut, parfois.
La jeune femme secoua la tête avec un sourire amusé sur ses lèvres — du saut à l'élastique aux brochettes de scorpion grillé à la nage avec les requins, son amant avait toujours vécu à 100 à l'heure, ne prenant une seconde de répit, de cette recherche d'adrénaline pure et magmatique qui les rendait euphorique. Il fallait s'y attendre, que cela s'étende également à leurs nouvelles pratiques pimentées sous la couette.
"Deuxième question, reprit-elle après avoir noté la réponse. Celle-ci est un peu moins tranchée, mais... tu as une vibe en tête qui te plairait ?
"Vibe ?
"Est-ce que tu préfères quelque chose, je sais pas, dans le mood cuir, fouet, menottes et draps en satin rouge, ou quelque chose plus doux, sensuel, bougie et petite musique d'ambiance ? expliqua-t-elle.
Yoongi déglutit de nouveau, mais cette fois, davantage parce qu'une nouvelle vague d'anxiété venait lécher ses poumons d'une langue implacable et mutine.
"Juste... juste nous. Pas de kinky et de latex, plutôt quelque chose de... quelque chose de doux. Tranquille. Ça reste néanmoins ma première fois, ajouta-t-il avec un petit sourire de travers presque timide, alors je ne voudrais pas aller trop vite. C'est une idée auquel je pense depuis super longtemps, mais si ça se trouve, ça ne me plaira pas du tout, qui sait ? J'ai pas envie de me lancer dans une scène avec des menottes et tout le bordel pour être inconfortable la seconde qui suit, si je ne sais même pas ce que cela fait comme sensations. Alors, juste... juste nous deux. S'il-te-plaît.
Jimin le regardait avec ses grands yeux, et le brun se rendit compte qu'il avait débité son monologue avec une aisance auquel il ne s'était pas imaginé. Par tous les diables, pourquoi était-ce si facile de parler à la jeune femme ? Tout de sa personne donnait ce sentiment à l'autre d'être écouté, d'être entendu, d'être compris, donnant toute son attention sur ses paroles, enveloppant sa silhouette de ses orbes caramel telle une chaude couverture.
Et, en retour, ô ce que Jimin était fière de Yoongi, lui qui d'habitude n'aimait s'épancher sur ses sentiments, pour réussir, en ce dimanche matin, de mettre les mots sur ce qu'il souhaitait réellement. Sans pouvoir se retenir, elle se redressa sur les genoux pour traverser du bout des doigts le maigre espace qui les séparait, pour planter, amoureuse à en mourir, un léger baiser sur les lèvres du jeune homme.
"Tout ce que tu souhaites, love, murmura-t-elle contre sa bouche, admirant la façon dont les prunelles de son amant scintillaient de toutes ces émotions presque inexplicables — et qu'elle connaissait pourtant à la perfection.
Il lui rendit un sourire, un qui de ces rictus secrets qu'il n'avait rien que pour elle et qui voulait dire tout ce qu'elle savait déjà, avant de se retourner vers le carnet qui gisait dans un coin du canapé.
"Tu as d'autres questions pour moi ?
"Oh ! dit-elle en se réinstallant et en feuilletant ses pages. Certains sites suggèrent de se mettre d'accord sur la position en amont, mais je me dis qu'on pourra toujours voir sur le moment ? Pour une première fois, il est conseillé de le faire en doggy style.
"On peut commencer par ça, hocha Yoongi doucement de la tête, mais je pense que j'aurais envie un moment de voir ton visage. Laissons-nous de la place à l'improvisation.
Jimin griffonna quelques mots en approuvant dans un mouvement de cheveux.
"C'est tout ?
La blonde releva la tête en claquant son carnet entre ses mains, un sourire carnassier peint sur ses lèvres charmantes, bien loin de celui plus discret peint sur ses lippes quelques secondes avant.
"Oh non, my love. Ce n'est que le début.
Le jeune homme haussa un sourcil, intrigué.
"Il faut désormais choisir ton jouet.
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La porte eut à peine le temps de claquer que déjà Jimin se pressait contre le torse de son petit-copain, la bouche chaude et quémandeuse se jetant sur ses lèvres rougies.
Cela faisait quelques semaines depuis qu'ils avaient eu la discussion, voulant prendre le temps avant de sauter le pas — et le tourbillon de leurs vies avait pris le dessus sur leurs désirs plus sombres et plus profonds, trop occupés pour ne serait-ce que penser à faire autre chose sur leur lit que dormir à poings fermés une fois leur visage en contact avec l'oreiller. Alors, en ce vendredi soir, Yoongi avait rompu avec la coutume du traditionnel verre avec leurs amis, pour réserver une table dans un restaurant huppé de la capitale, aux lumières tamisées et à la vue imprenable sur la ville illuminée, afin de passer un peu de temps avec son amante. Il avait l'impression qu'ils ne faisaient que se croiser le soir dans leur appartement, et il avait tellement de choses à lui raconter, de ses anecdotes sur ses patients, sur les mésaventures de Hwasa, son associée, à cette nouvelle rumeur de film qu'il avait lu sur Internet. Et surtout, ils étaient crevés, le jeune homme avait même manqué de s'endormir en faisant un cunni' à sa chère et tendre, alors ils avaient besoin de se retrouver un peu, là, dans cette atmosphère intime des bougies et de la nuit.
Jimin avait mis l'une de ces robes noires qu'il aimait tant sur elle, avait relevé ses cheveux de miel pour laisser un des colliers qu'il lui avait offert pour son anniversaire briller sur ses clavicules et ses boucles d'oreilles scintiller dans la lumière dorée des chandeliers. La viande était fondante, la main dans la sienne était douce et réconfortante, et l'étincelle dans les yeux de la belle était pétillante lorsqu'elle dérobait le whisky de Yoongi pour y goûter à son tour, les paupières ourlées d'un désir plus luxueux et laissant quelques traces de rouge à lèvres charnel sur le verre.
Le retour en taxi avait été silencieux, mais la tension était à couper au couteau autour d'eux, ce bourdonnement sourd et impatient parcourant leur échine de la plus succulente des façons, leurs mains languissantes se pressant contre la cuisse de l'autre avec une promesse silencieuse — l'ordre muet d'être patient, d'attendre encore un peu, que leur calme saurait être récompensé.
Et à peine la porte eut le temps de se fermer derrière eux que Jimin fondit sur le brun pour laisser un parterre de feu le long de sa gorge, le long de son cou gracieux, la tête rejetée en arrière contre le mur alors que ses doigts baladeurs et mutins se glissaient le long de sa chemise avec un serment concupiscent.
"Love, hoqueta le bel éphèbe alors qu'il sentit déjà la boucle de sa ceinture céder sous les ministrations de la jeune femme, sa veste encore sur ses épaules et ses clés toujours en main.
Elle remonta le long de son torse, paresseuse comme une panthère mais son rictus dangereux et lascif — et Yoongi était merveilleusement ensorcelé. Qu'aurait-il pu faire de plus, à part l'admirer dans toute sa gloire luxueuse, sa robe brodée dans les vœux d'une nuit sans sommeil ?
"Qu'est-ce que tu veux ? murmura-t-elle bassement en laissant ses lippes prendre de nouveau possession de ses clavicules et de ce point sensible derrière son oreille qui le faisait tant soupirer.
Un bruit sonore marqua la chute des clés sur le parquet de leurs entrées, avant que le galant ne prenne le visage en coupe de sa douce pour dévorer à son tour sa bouche, sa gorge, le début de ses seins, réplique incandescente à ses agressions brûlantes et fiévreuses, laissant ses mains se balader dans son dos, à l'orée de ses fesses, avant de chuchoter d'une voix stupre contre ses lèvres :
"Je te veux toi.
Il détacha la pince dans ses cheveux pour laisser les mèches d'or cascader sur ses épaules, balançant l'épingle sans ménagement quelque part dans leur salon. Jimin huma doucement, ses mains agrippant les pans de sa chemise, avant de prendre sa main dans la sienne et de se retourner, pour le tirer avec empressement vers la chambre à coucher. Ils étaient toujours sur la même longueur d'onde, et pour ce qu'ils s'apprêtaient à découvrir, hors de question de faire cela sur un coin de canapé ou le rebord du plan de travail de leur cuisine.
Ils s'arrêtèrent au pied de leur couche, l'arrière des genoux de Yoongi butant contre le lit, laissant ses mains caresser la douceur des épaules de la jeune femme et griffer les dessous de sa poitrine à travers le tissu, un brin impatient — avant que Jimin ne dégage ses cheveux de son dos, signe silencieux lui demandant de descendre la fermeture éclair de sa robe. Le bruit du zip était infime et pourtant assourdissant dans le silence étouffé et étouffant de la pièce, sa respiration déjà rauque et les yeux affamés dévorant la lumière de sa peau qui se dévoile peu à peu.
Avec un petit rire, elle repoussa du plat de la main son amant, laissant le brun tomber sur la couette dans un bruit sourd, se redressant presque aussitôt sur les coudes.
Lentement, la blonde laissa sa toilette choir à ses pieds, dévoilant un ensemble de lingerie noir absolument divin sur sa peau de soie, le collier brillant toujours autour de son cou comme un signe de possession. Le signe qu'elle était libre, et pourtant irrémédiablement, irrévocablement, de toute son âme et de tout son être, à lui. Et, tout aussi lento, elle grimpa sur le lit, telle une féline, ses yeux fauves ourlés de khôl et de quelque chose de plus sombre encore, de plus sensuel — et Yoongi n'était que sa glorieuse proie, muet sous le poids de sa beauté et de son aura dominatrice, cherchant désespérément les vers poétiques qui sauraient faire justice à cette vénusté qu'elle peignait.
"Fuck, love, tu es... Je trouve même pas les mots. Tu es absolument magnifique. Sublimissime.
Sois ma muse.
Jimin haussa un sourcil, amusée, avant de se pencher pour embrasser fiévreusement la peau découverte par sa chemise.
"Je répète ma question, demanda-t-elle bassement. Qu'est-ce que tu veux ?
"Je te l'ai dit, soupira Yoongi entre deux baisers, sa main se glissant le long de la cuisse de sa petite-amie. Je te veux toi.
Elle eut un petit rire.
"Il va falloir être plus précis que cela, babe.
Yoongi déglutit difficilement en comprenant le réel sens de sa question. Ils n'en avaient pas discuté avant qu'ils ne partent au restaurant, mais il savait qu'ils en avaient tous deux envie — et Jimin, si elle se sentait inconfortable, pouvait toujours dire non, tirant la sonnette d'alarme avec leur safeword qu'ils avaient convenu depuis si longtemps déjà. Ignorant la forme de nervosité face à ce qui allait venir qui commençait déjà à se dessiner, il reprit :
"Je veux que tu me baises.
La jeune femme eut un petit sourire satisfait, se penchant pour embrasser chastement ses lèvres, avant de se redresser.
"Je veux que tu te déshabilles pendant que je vais chercher ce dont on a besoin. Tu peux faire ça pour moi ?
Le bel éphèbe hocha la tête. Il était délicieusement à sa merci. Dans une autre réalité, elle aurait pu lui demander son royaume, ses richesses et jusqu'à son âme même, et tout ce qu'il aurait fait serait de tomber à genoux pour embrasser ses pieds. Ils aimaient bien inverser les rôles parfois, Jimin prenant le contrôle de la situation et faisant crier Yoongi jusqu'au petit matin, et c'était ce même masque qu'elle venait de revêtir. Laisse-moi prendre soin de toi, avait-elle dit ce soir-là .
"Et interdiction de se toucher, ajouta-t-elle par-dessus son épaule alors qu'elle se rendait dans la salle de bain, ricanant face au grognement de son copain.
La sensation de ses vêtements roulant contre son épiderme était à la fois bienvenue et traîtresse, sa peau liquéfiée en véritable magma indomptable, et il avait besoin seulement d'une caresse, d'un baiser, pour qu'il explose telle une supernova — s'aventurerait-il jusqu'à dire que les orbes charbons de Jimin étaient comparables à deux trous noirs, dévorant le jeune homme pour le garder jalousement auprès de son coeur pour toujours ? La fièvre du désir lui faisait dire de drôles de choses ; mais, trop perdu dans ses contemplations, il ne remarqua pas immédiatement la silhouette fine de sa petite-copine dans l'embouchure de la porte.
Elle avait abandonné son soutien-gorge quelque part sur le carrelage de la salle de bain, la chaleur de la pièce dessinant quelques arabesques invisibles le long de sa poitrine, laissant le regard de Yoongi lourd de promesses et d'impatience peindre une toile mentale à son hommage, ses cheveux cascadant de la plus douce et divine des façons dans une pluie cuprifère, et ses yeux — dieu, ses yeux — dévorant avec une faim non contenue le corps athlétique de son amant allongé rien que pour elle. Rien que pour elle, rien que pour qu'elle fasse de lui voir des astres et ces contrées inexplorées par-delà les horizons de l'acmé délicieuse.
Ses pupilles enflammées coulèrent le long de son corps, ce corps qu'il avait vu tant de fois, le connaissant presque par coeur dans la pénombre de leur chambre, mais qu'il voulait découvrir encore et encore comme pour la première fois, glissant le long de son ventre et de ses bras gracieux... avant de s'arrêter, la bouche soudainement sèche.
Car, les hanses noires et crues du gode-ceinture zébraient ses hanches, jurant avec la peau caramel.
Et, entre ses doigts, le jouet qu'ils avaient choisis spécialement pour lui.
Le couple n'était pas étranger aux sextoys — peut-être pas aussi friands que ne l'était Namjoon, à y repenser — : du vibromasseur bleu électrique que Jimin avait voulu honteusement cacher l'une des premières nuits que Yoongi avait passé chez elle, il y a 5 ans de cela, bien avant qu'ils n'emménagent ensemble, aux différents objets qui étaient venus peu à peu agrémenter leur collection, et qu'ils sortaient des entrailles de leur dressing quand ils voulaient épicer leurs ébats. Certes, il y avait un dildo vert pomme dans leur boîte interdite, mais ce dimanche-là, lorsqu'ils avaient passés en revue tous deux ce que le jeune homme attendait de cette soirée, ils avaient décidé d'un commun accord d'en choisir un spécifiquement pour le brun — peut-être qu'ils pourraient utiliser celui de Jimin plus tard, mais pour le moment il ne se sentait pas encore assez à l'aise avec tout cela pour se faire baiser par le même jouet avec lequel il avait tiré plusieurs orgasmes à sa copine, bien que l'idée en soit terriblement excitante.
Yoongi s'était arrêté sur un dildo délicieusement nommé L'Excalibur — non sans causer leur hilarité —, d'un noir profond, et à peine l'avait-il déballé qu'il n'avait pu s'empêcher de s'imaginer les sombres secrets qu'il réveillerait en lui. Et pour Jimin, afin qu'elle tire également profit de cette toute nouvelle expérience, un vibromasseur bullet compact — elle avait prévenu, au moment où son petit-ami rentrait les codes de carte bleue sur le site, qu'il était hors de question qu'il ait le contrôle de la télécommande lors de leurs échanges, car, le connaissant, il en profiterait pour se venger sur elle.
Perdu dans ses pensées et dans son impatience, il ne remarqua pas la silhouette de Jimin contourner le lit pour s'allonger sur lui, revenant à la surface qu'au contact des seins de la belle éphèbe sur son torse, lui tirant un frisson agréable. Il n'eut le temps de détailler les prunelles pétillantes de sa petite-amie, que déjà ses lèvres étaient sur les siennes, chaudes et quémandeuses et avides ; et Yoongi ne remarqua que ses mains étaient quelque peu tremblantes qu'au moment où elles vinrent étreindre la peau crémeuse de son dos.
La cadette, du bout des doigts, venait caresser dans un frisson exalté la beauté du corps sous le sien, de ce grain de beauté sur ses clavicules à la tentation de ses boutons de chair, laissant un frémissement électrique parcourir les côtes de son amant — mais son toucher était moins haletant et pressé que lorsqu'elle l'avait plaqué contre la porte d'entrée, plus... doux. Plus calme. Plus posé. Toujours aussi désireux, certes, mais il y avait cette certaine forme de tendresse derrière ses étreintes, comme voulant chasser la nervosité qui creusait les sourcils de Yoongi, prenant le temps de souffler pour apprécier l'autre dans la chaleur des lumières tamisées.
Jimin se redressa quelque peu, non sans un dernier baiser, ses mains cajolant les vallons de son ventre, et ses yeux interrogèrent silencieusement le galant — si tout allait bien, s'il se sentait prêt, s'il voulait continuer. Ils avaient appris, avec le temps, à communiquer sans besoin de parole, et il suffit d'un seul petit hochement de tête de la part du brun pour qu'elle comprenne sa réponse.
Lentement, comme ne voulant briser la bulle intimiste qu'ils s'étaient construite autour d'eux, elle se redressa sur les genoux et saisit le jouet qu'elle avait balancé sans ménagement sur le lit, le profil sombre de la clé de concupiscence jurant contre la blancheur des draps, avant de l'accrocher au gode-ceinture qu'elle portait.
"Fuck, lâcha Yoongi en rejetant la tête en arrière.
Jimin lui offrit un regard interrogateur.
"C'est beaucoup plus hot que ce que je n'imaginais, répondit-il avec un petit rire.
Le ricanement de la blonde vint rompre l'atmosphère secrète qui les auréolait, ses yeux disparaissant dans un sourire en croissant de lune — mais la tendresse de ses traits ne masquait en rien l'étincelle assoiffée et cupide qui miroitait dans ses orbes, ni la façon dont son rictus se transformait en quelque chose de plus carnassier et dangereux.
Lentement, elle approcha son bassin du sien, laissant le membre en plastique glisser le long de la peau tremblante des cuisses de son amant, tentatrice, donnant comme un avant-goût de ce qui l'attendait ; et si on en croyait la respiration courte et le regard transfixé de Min sur ses mouvements de hanches mesurés, presque trop peu, il n'en était pas indifférent.
Toujours aussi féline, elle s'abaissa doucement pour venir couvrir de son corps le profil sous elle, les bras de part et d'autres des épaules de son aîné, laissant le jouet presser contre l'érection naissante du jeune homme de la plus délicieuse des façons, et... et Yoongi gémit rien qu'à se contact, rejetant la tête en arrière et laissant ses paupières papillonner sous le poids de cette nouvelle sensation, sous le poids de ce que tout cela pouvait bien réserver.
"Je vais être honnête, souffla Jimin contre ses lèvres haletantes.
Yoongi ouvrit un œil difficilement.
"Je ne pensais pas que tu serais autant turned on par ça.
"Putain, moi non plus, répondit-il avec un petit rire essoufflé.
Comme pour tester ses dires, Jimin accentua ses va-et-vient langoureux à travers la dernière barrière de tissu, laissant leurs deux entrejambes s'épouser tel le ballet auquel s'adonnaient leurs lippes, empressées. Il y avait quelque chose d'étrange, que de provoquer toutes ces sensations sans sentir réellement sa peau contre la sienne à cet endroit-là, car aussi merveilleuse était la technologie, ce n'était qu'une extension en silicone ; mais son imagination, et, par tous les saints, les expressions si changeantes et si délicieuses à cueillir et à observer qui se traçaient sur le visage de Yoongi étaient plus satisfaisantes que toutes les stimulations du monde. Jimin avait tracé mille fois la peau tendue de son intimité de ses mains, de sa langue, de son sexe, de ses jambes, de ses seins, alors en quoi était-ce différent que de le tracer à présent d'un jouet ?
Et Yoongi avait l'impression d'entrouvrir un livre aux pages éblouissantes, ne laissant qu'un fin trait de lumière éclairer son esprit et le laisser fantasmer sur toutes les possibilités qui restaient à découvrir ; certes, nombre de fois la jeune femme l'avait excité en pressant un sex toy contre son sous-vêtement avant de s'en servir pour son propre plaisir, mais cela ne s'était arrêté qu'à là : une simple provocation mutine, de quoi lui faire hisser les poils sur son épiderme, mais sans d'autres arrières pensées. Là, sentir le poids de son corps contre le sien, sentir le poids du faux sexe contre le sien... il y avait un but derrière. Une promesse silencieuse. Ce n'était pas qu'un moyen, c'était une fin en soit, un accomplissement à atteindre, et Jimin était certainement celle qui allait l'emmener jusqu'au bout du précipice pour s'y jeter corps et âme avec lui.
Et putain, ce qu'il était hard.
Puis, hâtivement, ses mains vinrent se glisser entre leurs deux ventres pour venir griffer la peau de sa chère et tendre dans un geste impatient, tirant sur son caleçon :
"Fuck, babe, enlève-moi ça et baise-moi !
La jeune femme eut un petit rire en le déshabillant de son dernier vêtement, avant de poser une main réconfortante contre sa hanche :
"Tu veux bien te retourner pour que je puisse te préparer ?
Il y avait encore cette lueur au fond de son regard, qu'il accrocha un instant avant qu'elle ne parte en chasse du lubrifiant — oh, ce qu'elle était tout aussi excitée que lui. Il enfouit son visage dans les oreillers, comme pour tenter de calmer son cœur hâté de curiosité, respirant l'odeur si chaleureuse de leurs deux parfums mélangés contre la couette. Le reste se passa dans un éclair empressé : le bruit de la bouteille qu'on décapsule, les mains fraîches de son amante contre ses hanches pour le redresser un peu, un oreiller qu'on glisse sous son bassin pour plus de confort, un baiser en bas de sa colonne vertébrale.
Et ce sentiment de vulnérabilité et d'être tellement exposé qui naquit soudain dans sa poitrine.
Jimin — cet ange —, sentit la soudaine rigidité dans les muscles de son copain, et, se rapprochant pour venir embrasser délicatement son épaule, sa nuque, ses cheveux, elle murmura :
"Tu n'as rien à craindre, d'accord ? Ce n'est que moi. Je ne vais pas te faire de mal, je m'y refuse. On va y aller lentement, ok ?
Yoongi déglutit.
"Tu me fais confiance ?
Il soupira dans un sourire, l'air de dire bien sûr, quelle question.
"Tu veux quand même continuer ?
Il hocha timidement la tête. Ils étaient trop proches du but pour abandonner, et le jeune homme ne voulait pas abandonner.
Il dut ravaler son hoquet de surprise en sentant le toucher délicat de ses doigts de fée malaxer la peau de ses reins, de ses fesses, avant de descendre, terriblement lentement, bas, plus bas encore, là où se cachait l'objet de leurs désirs, vers cette parcelle de territoire encore inexploré... avant que les caresses ne marquent un stop.
"Est-ce que tu es... ?
"Oui, souffla Yoongi à la question silencieuse de sa petite-amie. Tout à l'heure, sous la douche, avant qu'on ne parte au resto...
Il devina plus qu'il ne sentit le sourire en coin s'étirant sur les lèvres de la sirène dans son dos, et put presque sentir le goût des mots sur sa langue avant qu'elle ne dise, si tentatrice que ses joues ne pouvaient que tourner au cramoisi :
"Oh ? Tu espérais que les choses tournent en ta faveur, peut-être ?
"Espérer, non, mais...
Il tenta de former des phrases, incohérentes, en pressentant son amour se rapprocher de plus en plus de lui.
"Mais ? questionna-t-elle de nouveau, le rictus aisément détectable dans sa voix.
"Mais tu étais si belle, si bonne, dans ta robe, que tout ce que j'avais envie était de voir tes lèvres rouges autour de moi et que tu me prenn— ah !
C'était un contact si lointain. Là, un doigt à peine pressé contre son antre, comme le premier homme qui foule une nouvelle planète ; les mots bloqués dans sa gorge et l'impression de ne plus réussir à respirer, alors que Jimin entrait lentement, atrocement lentement mais pourtant si vite à la fois, en lui. Quelques caresses dans ses cheveux plus tard, et, sans même qu'il ne s'en rende compte, à force de baisers dans le bas de son dos et de murmures rassurants, son majeur était en lui.
"Ça va ? chuchota la jeune femme contre son cou, parsemant sa peau de légers baisers comme pour atténuer la sensation étrange.
Yoongi hocha difficilement la tête.
"Je peux en mettre un deuxième ? Ou tu veux prendre une minute ?
"Vas-y, souffla-t-il contre l'oreiller.
"Parle-moi, demanda-t-elle alors qu'un second doigt vint se presser piano contre le deuxième, et alors qu'elle massait sa hanche de l'autre main dans un geste rassurant. Dis-moi à quoi tu penses. Est-ce que c'est à quoi tu t'attendais ?
La distraction était bienvenue, encore peu habitué à toutes ces sensations nouvelles — bien que, pour le moment, tout ce qu'il ressentait n'était que bizarrerie plutôt que réel plaisir, ne doutant pas que les étincelles arriveraient par la suite.
"C'est... j'imaginais pas que c'était ce que tu ressentais, croassa-t-il en avalant de travers. C'est tellement bizarre et pourtant...
Sa voix s'éteignit dans un râle bas, les yeux roulant dans ses orbes ; ce n'était que le début, et pourtant, pourtant, il était déjà si réceptif que Jimin ne put que se mordre la lèvre inférieure face au spectacle qu'il offrait. Elle avait toujours aimé le voir à court de mots, quand la concupiscence enserrait tellement son cœur qu'il en avait le souffle coupé, le bras rejeté sur ses yeux et les lèvres entrouvertes dans un grognement rauque, quand elle lapait le dernier frisson de stupre avant la volupté suprême tant attendue, quand elle griffait un bourgeon de chair brun ou qu'elle plantait ses ongles dans son dos ; que ce soit en le chevauchant si fort qu'il en oubliait jusqu'à son nom ou en lui réveillant en lui quelques vertiges insoupçonnés, là encore, qu'elle était la différence ?
Le temps semblait être une notion vétuste et étrangère, comme n'ayant aucune emprise sur le couple et la bulle secrète qu'ils s'étaient construits autour d'eux ; car, en ce qui semblait n'avoir été qu'une seconde, Yoongi se retrouvait déjà gémissant, les draps prisonniers de ses poings et la tête rejetée en arrière aussi bien qu'il le pouvait, trois doigts en lui créant quelques séismes et autres tsunamis qui le laissèrent tremblant. C'était... wow. Indescriptible. L'étrangeté du toucher s'était transformé en quelque chose de plus poignant, de plus vibrant, l'enserrant dans un embrasement étouffant et pourtant si délicieux, telle la lave en fusion qui crée derrière sa danse des cratères qu'on ne pouvait refermer, qu'il ne voulait refermer. Et la belle panthère était là, de l'autre côté, l'emmenant dans ce paradis perdu que jamais il n'aurait pu rencontrer sans elle, murmurant des paroles salaces contre son oreille, sa langue chaude dessinant quelques arabesques imaginaires le long de sa peau basanée.
"Putain, love, ne t'arrête pas, exigea-t-il, pantelant, la main autour du poignet de la belle non comme un signe qu'il voulait tout stopper, mais pour l'encourager encore et encore.
"Je comptais pas, répondit-elle avec un petit rire, se massant de l'autre main l'auréole de son sein, le regard lourd et noir et palpable.
"T'arrête pas, répéta-t-il dans un leitmotiv. T'arrête pas, t'arrête pas, t'arrête pa— oh.
Car soudain, son dos se cabrant dans un arc électrique, ses yeux révulsés, les phalanges blanches autour de l'oreiller, serrant si fort le drap que la cadette était persuadée qu'il allait arracher la housse, il laissa un long gémissement guttural, un de ceux qui procurent un frisson immense — Jimin aurait pu être transportée jusqu'aux portes de l'orgasme rien qu'à l'entendre —, si bien que la jeune femme dut se stopper dans ses ministrations pour saisir son visage en coupe d'une main, les sourcils légèrement froncés.
"Babe ? interrogea-t-elle doucement, comme pour ne pas l'effrayer. Tu vas bien ?
Elle retourna délicatement le corps de son homme sur le dos, se replaçant pour ne pas avoir à tordre son poignet toujours en lui dans un angle inconfortable, avant de se réinstaller sur lui, caressant ses cheveux et embrassant distraitement la commissure de ses lèvres. Son copain ouvrit un œil, hagard, le souffle écrasé.
"Je... Je crois que tu as trouvé ma prostate.
Elle souffla, rassurée — sue her, mais c'était la première fois qu'elle faisait ça à quelqu'un d'autre, alors la nervosité de faire un pas de travers ou pire, de blesser son amant, lui était insupportable.
"C'est pas trop tôt, je la cherchais depuis tout à l'heure. Comment tu te sens ?
"Je pourrais sérieusement jouir rien qu'avec ça.
"Tu veux continuer ?
"Si tu ne me baises pas sur-le-champ, je te jure que je t'étrangle.
Jimin eut un rire sonore, embrassa tendrement son copain, et se redressa, s'installant entre ses cuisses et étalant sous son œil lubrique le gel au goût miel sur le membre en plastique. Elle murmura quelque chose comme quoi elle voulait le voir dans les yeux, laissant le jouet reposer à seulement quelques millimètres de l'antre.
"Respire à fond pour moi.
— Avant de donner un léger coup de rein, et avant que la bouche rougie de Yoongi ne s'ouvre dans un cri silencieux.
Etait-ce le Paradis ? Etait-ce les Enfers ? Etait-ce le néant infini ou était-ce la damnation des mortels ? Il avait l'impression d'être si, si full, et par tous les saints, était-ce que Jimin ressentait quand ils ne faisaient qu'uns ? Il avait toujours observé les réactions de la belle avec un œil attentif, hésitant de croire parfois qu'il pouvait susciter de telles émotions, aussi vibrantes, valser sur son visage, mais le débat était à présent définitivement clos — parce qu'il comprenait. Clair, limpide, et par tous les diables, ce qu'il avait bien fait de se confier à sa petite-amie au sujet de cette pensée, de cette simple idée, qui tournoyait sans cesse dans son esprit, puisque les et si, les et pourquoi pas, s'étaient transformés en un feu ardent qui lui brûlait la gorge et piquait les yeux, ce mélange de douleur et de délectation brute, vive, magmatique, si pure et si incandescente à la fois, était tout simplement fantastique.
Et, au-dessus de lui, Jimin ne pouvait que se délecter de ce tableau si libertin, si sensuel, que c'était comme si Eros avait saisi lui-même le pinceau pour apposer quelques touches de rouge sanguin et charnel contre ses joues, de bleu pur dans le coin de ses orbes, de blanc salvateur et virginal dans le plissé des draps — mais cette innocence-là était désormais teintée, par les gémissements de Yoongi alors qu'elle s'enfonçait encore plus profondément en lui, par le bruit sourd du vibrement du jouet en son propre sein, par ses paroles ô si obscènes qu'elle lui murmurait à l'oreille alors qu'elle commençait un rythme lent et implacable : tu te débrouilles très bien trésor, si beau pour moi, respires à fond. Il n'y a que moi qui peut te voir comme ça, hm ? Vois comment les rôles sont inversés, tu aimerais que je te prenne contre la porte comme tu me l'avais fais la dernière fois ? Que je te laisse gémir sur ma queue ? C'est ça mon amour, lâche prise, laisse moi faire, tu n'as juste à prendre ce que je te donne, ok ?
Ils trouvèrent facilement le rythme, tombèrent aisément dans ce ballet tendancieux, comme si c'était une chorégraphie qu'ils avaient répété encore et encore, les hanches de Jimin claquant dans le silence essoufflé de la pièce, à peine entrecoupé par les gémissements rauques et étranglés de Yoongi ; se redressant sur un bras, les paupières papillonnant un instant face au changement de position si, si délicieux contre le creux de ses reins, pour venir laper un sein et enserrer une fesse dans une demande silencieuse d'aller plus vite et plus fort ; rejetant la tête face aux attaques impitoyables, les vagues de l'orgasme roulant sur son épiderme dans l'attente de se fracasser contre la digue de sa conscience et de sa volonté, balbutiant quelques paroles insensées illustrant à merveille l'incohérence de ses pensées ; quémandant, dans une transe hystérique, quelques baisers contre ses lèvres, le souffle chaud de sa copine contre son cou, ses joues, son front, murmurant des paroles encourageantes et admiratives contre son cœur.
Ils avaient toujours créé de l'art, tous les deux, lorsque leurs corps étaient si intimement emmêlés qu'il était impossible de savoir où commençait la blonde et où finissait le brun ; mais maintenant que Yoongi était la muse, c'était une toute nouvelle forme de poésie, celle où le parfum de l'interdit, du nouveau et du tabou se fondait gracieusement avec la musique de leur amour, partition dont ils connaissaient chaque note et chaque mesure.
Toutes les hésitations du bel éphèbe venaient de se taire dans sa gorge, pour ne le laisser vivre que du moment présent, apprécier la beauté de leurs formes et les nouveautés qui se réveillaient en lui, laissant place à d'autres interrogations moins nerveuses — pourquoi n'avaient-ils pas fait cela plus tôt, pourquoi était-ce si bon, quand est-ce qu'ils pourraient recommencer.
Et, aussi salvateur et cataclysmique que tout ce qu'il avait ressenti jusqu'alors, l'acmé emporta son cœur dans un raz-de-marée soudain, n'ayant le temps de prévenir Jimin que d'un grognement avant de laisser la jouissance éclater le long de sa peau dans un feu d'artifice tremblant, les pupilles révulsées dans une vision ésotérique et mystérieuse.
Il ne sut réellement combien de temps il passa dans les limbes réconfortantes et si lointaines de l'orgasme, mais quand il revint un peu à la raison, l'esprit encore cotonneux de cette volupté sucrée, Jimin avait apporté une serviette de la salle de bain pour venir tendrement essuyer son corps de la sueur et d'autres substances plus douteuses. Lâchant mollement le tissu à ses pieds, elle grimpa dans le lit à ses côtés, l'enlaçant presque immédiatement et posant sa joue contre son torse.
"C'était... wow, souffla Yoongi après un petit silence, l'euphorie légère dans sa voix comme encore incrédule de ce qu'il venait de se passer.
"Tu l'as dit, répondit son amante d'un petit rire fatigué. Tu te sens comment ?
"Comme si je venais de me faire baiser à en perdre mon nom.
Jimin se redressa légèrement pour pouvoir le regarder dans les yeux, laissant ses cheveux cascader autour de son visage, son sourire tendre et l'étincelle aimante dans ses orbes.
"Je suis ravie que cela t'ai plu.
"Je ne pouvais qu'aimer, love. Tu as été incroyable... juste, merci.
Un baiser chaste.
"Tu as joui ? Je ne t'ai même pas senti.
"Presqu'en même temps que toi. T'étais... Mon coeur, je crois que tu n'en avais pas conscience, mais tu étais tellement beau ! Je suis tellement fière de toi. C'est moi qui devrais te remercier de m'avoir laissé t'accompagner dans cette découverte.
La fatigue commençait à gagner leurs traits, alors elle se rallongea à ses côtés, laissant la main de Yoongi jouer avec ses boucles.
"Tu voudrais recommencer ? demanda-t-il timidement.
"Mille fois oui, répondit-elle en plongeant ses prunelles dans les siennes. Mais pas tout de suite. Là j'ai besoin de dormir pour me remettre de ces émotions — je comprends pourquoi t'es toujours fatigué après, c'est assez demandant physiquement.
Yoongi eut un petit rire en enfouissant son visage dans le cou de sa belle.
"Je t'aime.
"J'espère bien.
Communiquer, écouter, s'aimer.
Pas de jugement.
Juste eux.
.
ta dammmmm !! très très heureuse de vous proposer cet os, cela faisait si longtemps que je voulais l'écrire !! j'avoue j'étais un peu nerveuse de vous le poster au début (le fait qu'un des personnages soit une femme cisgenre, je n'avais jamais fait ça), mais j'espère qu'il vous aura quand même plu (voire même donné quelques idées, qui sait....)
n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, je suis tout ouïe !!! n'hésitez pas à commenter, voter, partager, ça me fait toujours autant plaisir, and it means a lot ;)
quel prochain ship / univers aimeriez vous voir dans ce recueil d'ailleurs ?
n'oubliez pas de bien vous hydrater les amours, and remember :
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