Chapitre 27 : "Sortie de nuit'

Une fois que Jeffrey fut sorti de la pièce, mon cerveau sembla de nouveau apte à réfléchir. Récapitulons : Jeff est un mec affreusement beau qui m'a, un soir dans une ruelle; kidnappée et séquestrée afin de me torturer. Ce petit jeu là ne lui a pas suffit et il a alors décidé de me relâcher pour s'amuser "au chat et à la souris". Conclusion des faits, j'ai appelé la police et j'ai fini dans un centre militaire, où se trouvait d'ailleurs le frère de Jeff, que j'ai embrassé, mais Jeff m'a retrouvée et séquestrée chez lui et on a couché ensemble et il tue des gens dont les cadavres restent dans sa chambre. Et maintenant que j'ai enfin réussi à m'échapper, je me blesse et on me met dans un hôpital où il n'a même pas besoin de me courir après pour me retrouver... Et dans deux jours, je sors de l'hosto et je me retrouve de nouveau avec lui. Mais, il veut changer parce qu'il m'aime, soit disant, et il m'a juré que s'il n'y parvenait pas, il me laisserai, même si j'en doute. Et il a l'air d'avoir deux ou trois personnalités différentes... Une qui semble vraiment innocente, que je n'ai vu qu'une seule fois, une qui incarne littéralement l'archétype du "bad boy" en puissance, que je vois assez souvent et la dernière, le tueur en série sanguinaire avec la lueur rouge dans le regard... Et moi, malgré tout, je l'aime.

J'ai vraiment un gros problème.

Il m'empêche de sortir, d'aller à la fac, de voir mes amis, de vivre tout court en fait. Il m'a tabassé et même plus ou moins violée une fois, et tout cet enfer a commencé dans cette ruelle sombre où il me suivait et où je lui avait foutu une droite... Tout ça, pour une simple mauvaise rencontre au mauvais endroit, au mauvais moment... Si j'avais tourné plus tôt, où si j'étais passée par le centre-ville, si j'avais raccompagné Emy... La vie est injuste. Terriblement injuste. Pourquoi moi et pas une autre fille ? Pourquoi une fille d'ailleurs ?! Je voudrais tellement que rien de tout ça ne soit arrivé, que je retrouve ma petite vie tranquille avant que Jeff n'arrive et ne la fasse éclater...

"Le coeur, ça ne se commande pas." C'est ce qu'on dit et c'est vrai mais mon dieu que j'aimerai le commander mon coeur ! Il a fallu que je tombe amoureuse du seul tueur en série de cette putain de région ! Je l'aime et j'arrive pas à faire autrement... C'est incontrôlable ...

Je soupirais bruyamment et laissais ma tête partir en arrière et rencontrer l'oreiller. Mes yeux se fermèrent tout seuls et le sommeil commença à me gagner. J'y sombrai sans rechigner une seconde. 

Un bruit étouffé me tira des bras de Morphée. Je tournais la tête vers l'horloge et constatais avec dépit qu'il était trois heures vingt-quatre du matin. Le bruit recommença et je braquais mon regard dans sa direction : la fenêtre. Je me levais lentement, encore endormie et soulevais le cadre. Je plaquais ma main devant ma bouche pour m'empêcher de hurler à pleins poumons. Jeffrey était, par je ne sais quel moyen, monté et était recouvert de sang frais. En me voyant ouvrir la fenêtre, il m'avait souris gentiment, comme si de rien n'était. 

- Tu viens avec moi ?
- Jeff, tu- Non !

Je reculais de deux pas en manquant tomber dès que mes pieds se soulevaient du sol. Jeff grogna et rentra dans la chambre. Il ôta sa capuche, dévoilant au grand jour son sourire ensanglanté. Il avança vers moi et me prit par épaules.

- Allez ! S'il te plais ! Tu me manques trop !
- Je sors d'ici dans...

Je tentais de calculer mais mon cerveau restait inactif. Jeff répondit à ma place.

- Dans un jour et demi maintenant, c'est trop long ! Je veux t'avoir avec moi !
- Jeff...
- Je t'en pris, viens ! Je te jure que je ne te ferai aucun mal ! Je peux juste plus rester loin de toi...

Et le coeur est faible... Le mien du moins... Je me mis sur la pointe des pieds et je l'embrassais avec envie. Je le senti sourire légèrement avant qu'il ne me rende mon baiser. Je reculais au bout de quelques secondes pour respirer. 

- Mais tu sais, je peux pas descendre par là moi...

Je pointais la fenêtre du doigt et Jeffrey fit la moue. Il s'avança vers la porte close de la chambre et regarda par l'espèce de judas fixé dedans. 

- On peut essayer de passer par-là, mais y'a plus de risques de se faire prendre...

Je croisais les bras, boudeuse. Il me regarda d'un air blasé puis soupira.

- Si on se fait choper, ce sera ta faute ! 

Je ris un peu face à son expression puis me tournai pour saisir le sac de fringues qu'il m'avait amené la veille. Il était maintenant trois heures trente-sept. J'ouvris le sac et constatais joyeusement qu'il avait pris mes habits favoris. Je commençai alors à défaire la tunique bleue mais m'arrêtai subitement. Je me retournai et le fusillai du regard. 

- Retourne-toi et ferme les yeux !

Il eut l'air indigné et haussa les sourcils de surprise. 

- Non mais-
- Pas de "mais" ! Tu te retournes, point !

Il grogna mais s'exécuta. Il plaqua son front contre un mur et marmonna son mécontentement. Je me retins de rire et m'habillai rapidement puis refermais le sac. Je me dirigeai vers Jeff et posa une main sur son épaule. Il se tourna et me regarda, toujours avec son air blasé. 

- C'est bon, madame a terminé ?

Je hochai la tête avec un petit air satisfait et lui adressai un sourire qu'il finit par me rendre. Il me prit la main et la serra dans la sienne avant d'ouvrir discrètement la porte. Il passa la tête par l'entrebâillement et me tira en avant, me faisant sortir de la chambre. Le couloir était désert. Nous marchions main dans main, lui assuré, moi beaucoup moins. Soudain, un cri perça le silence. Jeff soupira et ouvrit une porte du couloir qui menait à une pièce de stockage du matériel d'entretien. Le hurlement recommença et une armée de bruits de pas tambourina dans le couloir. Jeffrey m'avait plaquée contre la porte, me retrouvant dos à cette dernière. Nos souffles réguliers se mélangeaient. L'odeur ambiante formait un mélange entre la Javel et je ne sais quel autre produit chimique. Je senti mon souffle se couper, entravé par les lèvres de Jeff sur les miennes. Je passais une main dans ses cheveux par par réflexe en lui rendant son baiser. Les cris avaient cessé mais on entendait toujours les pas résonner dans le couloir. Le baiser s'envenimait. Je senti mon tee-shirt remonter jusqu'au dessus de mon nombril. Je bloquai la main de Jeff qui commençait déjà à glisser le long de ma cuisse. Je tournais la tête afin de stopper le baiser. Il grogna un peu puis me saisit les deux poignets et les bloqua au dessus de ma tête. Je le regardai sans comprendre. Jeff me fit tourner la tête avec sa main libre et m'embrassa à nouveau. Je me laissai faire sans rechigner et mes poignets retrouvèrent leur liberté. Mes doigts se logèrent à nouveau dans ses cheveux et ses mains reprirent leur place initiale sur mes hanches. Soudain, je remarquai que le calme semblait être revenu derrière la porte. Je repoussais doucement Jeffrey qui obtempérait. Je lui fis signe d'écouter et il hocha la tête. Plus aucun son n'animait le couloir. Jeff sembla déçu mais ne dit rien. Il ouvrit la porte et vérifia les alentours. Il me fit signe de le suivre avant de s'engager dans le corridor. On passa par les escaliers extérieurs pour éviter de se faire repérer par les gardiens de nuit. Un air froid passa sur ma nuque brulante, me faisant frissonner. Jeff me regarda du coin de l'oeil puis enleva son sweat avant de me le tendre sans un mot. Je rougis malgré moi et secouai la tête. 

- Allez, enfile-le. Tu vas choper la crève. 

Je reculai de quelques pas et refusai toujours, légèrement dégoutée des tâches rougeâtres imprégnées dans le tissu clair. Jeff grogne et m'attira contre lui avant de m'enfiler le sweat lui-même. Je ne bougeai plus, paralysée par la gène. Je rabattît la capuche sur ma tête et détournais le regard. Jeff sourit et passa un bras sur mes épaules, ce qui ne fit qu'aggraver mon rougissement. On se mit à marcher pour sortir de l'enceinte de l'hôpital. Une fois dehors, on s'engagea dans une de ces ruelles sombres qui foutent la frousse. Jeffrey marchait toujours avec son air déterminé et un peu flippant sur les bords. Je lui avais prit la main et nos doigts s'étaient entre-mêlés. Le souvenir de la tuerie dans une ruelle semblable me remonta. Je crispais mes doigts autour des siens. On croisa quelques SDF, des junkies et des prostituées. Je marchais les yeux baissés, plus ou moins rassurée par la présence menaçante de Jeff. Une fille recula même de quelques mètres en le voyant arriver. C'est au bout d'environ dix minutes de marche que je reconnu la zone industrielle. On arriva devant la maison et Jeff ouvrit la porte avant d'entrer. Je le suivi et refermais la porte derrière moi. Jeffrey était parti en direction de la cuisine et avant sorti une bière et un coca du frigo. Je m'assis sur le canapé et le regardais faire en silence. Il arriva à ma hauteur et me tendit le soda que je saisi en le remerciant. Je portai la cannette à mes lèvres tandis que Jeff s'asseyait à côté de moi. 

- J'ai envie de toi. 

J'avalais de travers et me mis à tousser. Jeff éclata de rire avant de reprendre une gorgée de bière. Je le regardai, rouge et gênée. 

- Non mais ça va pas de sortir des trucs comme ça ?!
- Si, moi ça va. 

Il ricana avant de poser sa bouteille sur la table-basse puis de saisir ma cannette et de la poser à ses côtés. Je le regardai faire sans comprendre. Il se pencha doucement au dessus de moi avant de m'embrasser. Je lui rendis son baiser en penchant la tête sur le côté. Je sentis son bassin se coller progressivement au mien. J'enroulais, sans vraiment m'en rendre compte, mes jambes autour de ses hanches tout en approfondissant le baiser. Je le senti commencer à bouger et je fis de même. Sa langue vint chercher la mienne et ses mains vinrent se plaquer autour de ma taille. Il coupa le baiser pour venir mordiller ma nuque, m'arrachant de bruyants soupires. Je tournais la tête sur le côté pour lui laisser le champs libre. Nos mouvements de bassin se faisaient de plus en plus insistants et je sentais des bouffées de chaleur me gagner. Jeff me posa LA question entre deux baisers. 

- Tu veux le faire, princesse ? 

Ce surnomme fit rougir un peu plus que les autres fois. Je hochais timidement la tête. Jeff m'adressa un sourire, plus pervers que bienveillant. Je piquais du nez, mes joues semblaient menacer de prendre feu. Il se leva lentement du canapé. 

- J'reviens, j'en ai pour trente secondes, princesse.

Pour enfiler une capote. L'idée s'était invitée d'elle-même. Je secouais la tête pour la chasser, sans vraiment de succès. Jeff revint à peines quelques secondes plus tard. Il enleva son T-shirt et le balança sur le sol avant de se remettre sur moi. Le rouge avait élu domicile sur mes joues mais l'envie était bien plus forte que la timidité. Jeff se redressa, m'entrainant avec lui. Il échangea les positions et m'aida à enlever son sweat tout en m'embrassant. Il déboutonna rapidement mon jean puis le sien avant de me renverser à nouveau sur le dos. Soudain, un bruit sourd nous immobilisa. 

- T/P ?! Tu es là ?!

Une voix familière me fit tourner la tête. Liu, accompagné de trois autres soldats avaient littéralement détruit la porte et étaient entrés de force dans la maison. Je paniquais et reboutonnais mon jean à la hâte. Jeff fit de même et se releva rapidement en me prenant la main. nous nous  réfugiâmes dans la cuisine et il saisit un couteau à viande. Je le regardais effrayée. 

- Vous allez pas vous entre-tuer quand même ...?!
- S'il le faut, si.

La lueur rouge avait fait son apparition dans son regard clair et on entendait les bruits de pas de Liu et ses hommes qui approchaient. Jeff serra le manche du couteau jusqu'à ce que ses phalanges blanchissent. Il allait quitter la cuisine pour aller à leur rencontre mais le stoppais. 

- Tu ne peux pas y aller comme ça ! Ils te tireront dessus !

Il me décala doucement sur le côté et m'adressa un sourire assuré. 

- Faudrait qu'ils sachent viser pour ça.
- Jeff ! Arrête de faire ta tête de con et réfléchis !

Il me regarda, décontenancé. Je me rendis compte que mon ton s'était durci. Je soupirai. 

- Je tiens à toi. Et si tu y vas, tu as quatre-vingt-quinze pour-cent de chance de crever et c'est inadmissible. Alors, on réfléchit et on se tire d'ici. 
- OK.

Je lui souris à mon tour puis regardais autour de moi. Je m'avançai discrètement et fermai la porte de la cuisine à clef puis me retournai vers lui en pointant la petite fenêtre du doigt. 

- T'arriverai à passer par là ?

Il ricana un peu avant de se diriger vers l'ouverture. 

- Si tu savais par où j'ai réussi à passer, tu demanderais même pas. 


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