Narcissa n’avait jamais eu autant de mal pour dormir de toute sa vie. Elle était plutôt du genre à se mettre à rêver dès qu’elle fermait les yeux, ayant à peine le temps de repasser la journée dans sa tête, mais ce soir là, c’était à croire que Morphée l’avait oubliée. Elle tourna la tête vers les lits de ses colocataires. Victoire dormait à points fermés, Lucretia semblait tout aussi reposée. Le lit d’Avadys était vide, comme depuis des semaines. Leur dispute prolongée devenait ridicule à son goût, mais ni elle ni Victoire n’osaient s’opposer. La dernière chose qu’elles voulaient c’était se fâcher avec Lucretia. Et Merlin savait combien il était désagréable de se fâcher avec une personnalité telle que la sienne.
Repoussant ses pensées de côtés, elle se leva et sortit de la chambre sur la pointe des pieds. Ce ne fut que dans la Salle Commune qu’elle se rendit compte qu’elle avait oublié sa veste. Cependant, réveiller ses amies était la dernière chose qu’elle voulait, surtout à deux heures du matin et connaissant la mauvaise humeur d’une Malefoy réveillée en pleine nuit.
Elle parcourut les couloirs de Poudlard en chemise de nuit, tentant de cacher ses tremblements sous ses bras menus. Le froid de la pierre semblait transpercer la semelle de ses chaussons en velours vert. Les torches brûlantes contre les murs antiques vacillaient de par les courants d’air qui traversaient le château. Étrangement, cela ne lui était pas désagréable. Narcissa aimait ressentir chaque sensation dans ces moments là. Elle aimait écouter le silence, apprécier la brise sur sa peau, goûter à la saveur de chaque aliment et sentir l’odeur de la végétation saisonnière. Trop de sorciers voyaient le temps passer sans penser à en profiter un petit instant. Ils avaient tellement d’objectifs en tête, tellement de buts à atteindre qu’ils en oubliaient la raison de leur existence. Narcissa était ambitieuse, certainement, mais elle savait trouver le juste milieu entre le travail et la vie.
Sa mince figure se fit invisible entre les marches de l’escalier menant à la Tour d’Astronomie. Personne dans les alentours, même pas Miss Teigne. En même temps, à cette heure ci, même les fantômes devaient dormir.
Le vent balaya ses mèches blondes derrière son épaule. Les étoiles brillaient déjà à travers le bois du sol. Montant tranquillement les marches, elle ne se rendit pas compte que quelqu’un d’autre s’y trouvait déjà. L’individu se retourna vivement pour savoir qui arrivait. La jeune fille se figea, comme pétrifiée. C’était une blague. Une pure blague. Les garçons avaient du mettre quelque chose dans sa boisson du soir qui l’empêchait de dormir et la connaissant, ils avaient du deviner qu’elle se rendrait à la Tour d’Astronomie. Impossible autrement.
— Toi aussi tu n’arrives pas à dormir ? soupira Lucius en la reconnaissant.
— Euh... oui, c'est ça...
Il fronça les sourcils devant sa réponse peu convaincante mais reporta son regard sur le paysage, comme désintéressé par une quelconque explication. Ou fatigué. Oui, il avait l’air fatigué. Narcissa s’appuya sur la même barrière tout en frissonnant sous l’air frais qui venait fouetter sa peau. Les étoiles transperçaient le ciel de leur éclat blanc. La lune observait le monde, régnant sagement dans cette obscurité rassurante. Un tissu vint se déposer sur ses épaules. Lucius termina de la recouvrir de sa propre veste et détourna le regard, comme gêné. Un faible "merci" franchit ses lèvres. Ses frissons n’étaient plus dû au froid mais à sa proximité et l’odeur qui se dégageait de sa veste. Une odeur d’eau de Cologne.
— À quoi pensais-tu ?
Il ne répondit pas tout de suite. Peut être ne voulait-il pas partager ses pensées. Peut-être qu’il la maudissait intérieurement pour le déranger dans sa méditation.
— Au futur.
— Au futur ? répéta-t-elle, ne s’étant pas attendue à cette réponse.
— Oui. À tout ce que je devrais accomplir à partir de l’année prochaine pour être digne de l’héritage familial, pour que mon père soit fier de moi.
— Je suis sûre qu’il l’est déjà, le rassura-t-elle d’une voix douce.
— J’espère. Et toi ? Ça t’arrives de penser au futur ?
Un petit rire la prit.
— Mon futur ne se résume qu’en un mot : un mari. À part tenter de me l’imaginer dans ma tête, je ne vois en quoi ça me servirait d’y penser.
Son regard se fit intense, parcourut toutes les courbes de son corps pour se reposer sur son visage. Une vive réflexion semblait l’animer.
— Tu ne veux pas faire autre chose de ta vie ?
— Quoi donc ?
— Je ne sais pas. Lucretia veut travailler au Ministère après Poudlard et Victoire à Gringotts si je me rappelle bien.
Elle secoua la tête.
— Les Malefoy se sont adaptés à notre temps, les Ills ont toujours vécu avec le monde du travail par faute d’argent mais les Black sont vivent encore comme il y a des siècles. Aucune femme dans ma famille n’a travaillé.
— Tu serais la première ?
— Je suis née pour être la dernière. Ce ne sera pas moi qui briserai les traditions.
Étrangement, elle s’y était fait à l’idée. Elle savait que dans deux ans, elle devrait trouver un mari, changer de manoir, commencer une nouvelle vie. Travailler n’avait jamais fait parti de ses plans. Pourquoi faire ? Son père se chargerait de lui trouver un parti avantageux. Elle vivrait comme elle avait toujours vécu : dans le luxe. Elle serait respectée sans n’avoir fait aucun effort.
— Les traditions sont ce qui retiennent les Black dans le temps.
— Sûrement, soupira-t-elle. Mais c’est ce qui garde notre sang pur.
Un fin sourire étira les lèvres de Lucius.
— Toujours Pur, prononça-t-il en français.
— Toujours, oui.
Un court silence se posa entre les deux Serpentards. Narcissa tenta de reconnaître quelques constellations dans le ciel. L’étoile polaire était facilement reconnaissable, et la Voie Lactée se voyait à la perfection ; il ne restait plus qu’à trouver la Grande Ours et tout serait plus facile à reconnaître. Néanmoins, plus elle cherchait à se concentrer et moins elle l’était. Difficile de l’être quand un garçon la regardait avec autant d’insistance dans les yeux, comme s’il attendait quelque chose d’elle. À moins qu’il ne détaille toutes les parties de son corps, de la racine de ses cheveux blonds à ses ongles violacés par le froid. C’était terriblement gênant. Surtout quand elle aussi avait envie de voir, revoir et re-revoir ses yeux gris perçants, aussi profonds qu’un puit argenté.
Il se rapprocha un peu plus d’elle. Sa respiration se faisait entendre dans le silence nocturne ; son souffle s’élevait dans l’air en de petites volutes de buée.
— Tu as froid.
Ce n’était pas une question. C’était plutôt le genre d’affirmation qui laissait supposer une autre affirmation un peu moins innocente.
— Non.
— Tu trembles.
— C’est le manque de sommeil.
Elle aurait pu trouver mieux.
— Je peux te réchauffer.
Le rouge gagna en l’espace de 2 secondes toute la superficie de ses joues. Merlin. Pourquoi fallait-il qu’il dise ça avec autant de charme ? Et pourquoi était-elle assez idiote pour dire :
— Euh... d’accord...
La satisfaction du Serpentard se laissa facilement deviner. Fille facile, fille facile, fille facile. Bête. Idiote. Nulle.
Ses bras entourèrent ses épaules et sa poitrine, son corps collé fermement au sien. Son souffle se coupa. L’odeur de l’eau de Cologne lui embrouilla l’esprit. Son pouce vint caresser lentement sa peau, en un geste répétitif et tendre. Son cœur s’emballa. Par Merlin et toutes les gargouilles. Une sensation inconnue vint se loger en bas de son ventre, comme des minuscules papillons virevoltant sous sa peau. Elle avait envie de rester dans cette position le reste de son existence. Face aux étoiles, entre les bras de Lucius Malefoy en personne. Elle savait qu’espérer était idiot. L’héritier Malefoy était un sans cœur, un garçon qui passait de fille en fille et qui se lassait de celles qui restaient trop longtemps. Elle n'était pas spéciale, ressemblait à toutes les autres. Pour lui, tout ça n’était qu’un jeu. Mais elle s’y plaisait. Est-ce que cela ferait mal quand elle se confronterait à la vérité ? Oui. Mais pour l’instant, face aux morceaux d’éclat du ciel, elle voulait rêver. Juste un court instant. Un tout tout petit instant.
— Ça va mieux ?
Elle dut déglutir avant de pouvoir répondre.
— Beaucoup mieux.
— Tu veux redescendre aller te coucher ou rester avec moi ?
Quelle question.
— Avec toi, murmura-t-elle.
Elle ne put le voir, mais elle était certaine qu’il avait souri. Alors lentement, il baissa sa tête vers le creux de son cou et lui déposa un baiser. Fin et silencieux, discret devant une lune ronde qui les dévisageait. Narcissa se sentit mourir de l’intérieur. Elle ferma les yeux quelques secondes. Si elle se réveillait dans son lit, cela voudrait dire que tout cela n’était qu’un rêve. Encore un de ses fantasmes puériles, ces songes sans importance. Elle releva ses paupières. Les bras de Lucius l’entourait toujours, les étoiles brillaient encore dans le ciel. Et elle était toujours en chemisette, tremblante d’émotions, les yeux débordants de larmes. Larmes qui remplaçaient toutes les réactions refoulées de son corps. Jamais elle n’avait vécu une telle proximité avec un garçon, jamais ça ne lui était venu à l’idée qu’on veuille s’intéresser à elle. De plus est, Lucius Malefoy. Le Préfet en Chef, le Serpentard le plus populaire de la maison, le capitaine de l’équipe de Quidditch. Le frère de sa meilleure amie.
Lucretia allait la tuer.
Mais Lucius était déjà en train de la tuer, alors quelle importance ?
— Tu te sens mieux ? lui chuchota-t-il tout près de son oreille.
— Oui.
Impossible de dire plus. Les mots s’étranglaient dans sa gorge.
— On devrait redescendre maintenant.
— Oui.
Il rit devant sa réponse répétée et son air de fille perdue, et elle se sentit idiote. Plus niaise, ça n’existait pas. Pourtant, il n’y avait aucune trace de moquerie dans son regard. Il lui prit doucement la main, geste qui fit naître une vague de frisson en elle. Ensemble, ils descendirent les escaliers, lui devant, la tirant de sa main qu’il serrait fort dans la sienne. Narcissa aurait voulu que ce moment dure l’éternité, et il était passé en un claquement de doigts.
Devant les torches vacillantes, leur ombre se fit invisible. Heureusement que Miss Teigne ne traînait pas dans les parages. Ils arrivèrent dans la Salle Commune. Narcissa ne voulait pas que ce moment prenne fin. Si elle avait le pouvoir de prolonger le temps, elle le rendrait éternel. Toujours sa main dans celle de Lucius, toujours ce sentiment de sécurité en sa présence. Toujours ces papillons dans le ventre, toujours lui, lui, et encore lui.
— Merci, souffla-t-elle quand il retira sa main.
— Pourquoi ?
Pour tellement de choses, songea-t-elle.
— Pour m’avoir réchauffé.
Il comprit. Une étincelle de joie éclaira son regard gris.
— Avec plaisir, Miss Black.
Elle lui rendit sa veste et emprunta les escaliers qui montaient au dortoir quand sa voix l’interrompit dans son geste.
— Narcissa !
— Oui ? répondit-elle pleine d’espoir en se retournant.
— Si une nuit tu ne peux pas dormir... rejoins moi.
— Tu vas rester là bas tous les soirs ?
Un sourire illumina son visage.
— Tous les soirs.
Cette nuit là, Narcissa s’endormit sous la mélodie d’un cœur gonflé de joie.
***
— Narcissa.
Aucune réaction.
— Black.
Ses yeux restaient fermés, ses paupières clouées à la peau.
— Cissy.
— Tu vas tous les faire ? s’impatienta Victoire qui s’étirait tranquillement dans son lit.
— Tu trouves pas ça bizarre ? s’exclama la blonde en se tournant vers elle.
Victoire haussa les épaules.
— On te dit rien à toi quand tu te lèves à 11 heures le dimanche ?
— Le plus tard pour Narcissa c’est 9 heures, et on le sait toutes. Jamais elle n’a dormi aussi tard.
— Elle a dû avoir du mal à s’endormir.
— Elle est celle qui s’endort le plus vite, rétorqua Lucretia avec un sourcil relevé.
— Oh eh, laisse la vivre nom d’une gargouille. Maintenant arrête d’essayer de trouver une raison et réveille la.
— Mais comment ? Ça fait une heure que j’essaie de la réveiller ! Elle grogne et elle s’endort !
Inutile de dire qu’une Narcissa qui grognait était très habituelle. Parce que la douce et tendre Narcissa ne grognait jamais. Elle soufflait, mais elle ne grognait pas. Victoire, qui s’impatientait grandement, sortit sa baguette magique et la pointa vers le lit de la cadette Black.
— Tu fais quoi là ? demanda Lucretia, légèrement inquiète.
— Ma mère utilisait ce sort quand je voulais pas me réveiller. C’est très drôle vu de l’extérieur. Un peu moins pour celui qui se fait réveiller par ça.
Elle murmura une incantation, et soudain, le drap se mit à bouger. D’abord en faisant de petites ondulations, puis petit à petit, en prenant confiance et en se dressant tel un tsunami d’étoffe blanche. Et tout à coup, le drap se précipita sur Narcissa et la fouetta violemment. D’abord affligée par le froid brusque, elle hurla en se voyant attaquée par du tissu. Elle tenta de se protéger avec ses bras, mais l’étoffe tapait fort et elle n’eut d’autre choix que de se lever précipitamment.
— NON MAIS C’EST QUOI VOTRE PROBLÈME ?
Lucretia retint difficilement un fou rire. Elle voulait apprendre ce sort. Absolument. Elle avait hâte de voir la tête de Lucius quand le drap l’attaquerait dans son lit.
— Eh ben voilà qui est fait, sourit Victoire en rangeant sa baguette.
Narcissa se recoiffa rapidement et jeta un regard meurtrier à sa meilleure amie.
— J’aurais ma vengeance.
— À ta place, rit Lucretia en s’adressant à la brune, je ferais gaffe, surtout quand sa sœur s’appelle Bellatrix Black.
— Bellatrix Lestrange, rectifia la blonde. Ce n’est pas parce que tu n’as pas assisté au mariage qu’elle n’a pas changé de nom.
— Oui, et d’ailleurs, tu m’en voies toujours offensée.
Narcissa leva les yeux au ciel, fatiguée de devoir répéter la même raison des centaines de fois. S’agissant d’un mariage arrangé, sa soeur avait préféré une cérémonie restreinte. Bien évidemment, avec tous les liens de parenté des Black, Narcissa ne savait pas bien si la cérémonie avait été vraiment restreinte ou pas, mais en tout cas, les Malefoy n’avaient pas fait parti du compte. Ce qui avait grandement vexé sa meilleure amie. Surtout quand Avadys avait été présente, de par le nom de naissance de sa mère, Druella.
Tout en faisant son lit ( avec un drap délivré du sort, fort heureusement), elle se souvint de la nuit passée. La Tour d’Astronomie. Le vent frais. L’eau de Cologne. Des bras qui l’entouraient. Lucius.
Un sourire niais vint se loger sur ses lèvres. Son cœur fut en accord avec son cerveau : ce soir, elle deviendrait de nouveau insomniaque.
Lucretia, de son côté, fut prête bien avant les autres. Vêtue d’une robe verte foncée élégante, elle descendit dans la Salle Commune l’esprit tranquille. Son frère était assis sur le sofa, une expression fermé rendant ses traits sévères. Quand il l’aperçut, il lui dirigea directement la parole.
— Evan veut carrément se suicider.
Cette annonce un peu brusque affola Lucretia. Elle ne l’avait pas vu depuis cette fameuse scène sur le stade de Quidditch, c’est à dire, une semaine déjà. Même si elle n’avait pas cours avec lui, c’était anormal de ne pas le croiser dans les couloirs, la Salle Commune ou la Grande Salle. Surtout quand lui et Lucius étaient inséparables.
— Que veux-tu que j’y fasse ? Ferme bien les fenêtres, c’est tout ce que je peux te dire.
— Je crois que t’as pas compris un truc, intervint Rabastan, assis sur le fauteuil près de la cheminée. Il s’agit de toi.
— Comment ça ?
Elle regarda les garçons alternativement, feignant de ne pas comprendre. Au fond, elle savait parfaitement pourquoi il disait ça, mais elle refusait de voir la vérité en face.
— Lucre', fit Lucius, il est amoureux de toi.
L’écouter dire de manière aussi direct lui fit bizarre. Ainsi, c’était vrai. Il était vraiment amoureux d’elle. Il ne l’avait pas embrassée sous une impulsion, il l’avait fait parce qu’il avait espéré, un court instant, qu’elle réponde de la même manière. Puis il avait découvert ce qu’elle avait fait avec Avery, et la dépression passagère s’était transformée en envies suicidaires.
— Depuis quand ? s’entendit-t-elle demander.
Lucius passa une main sur son visage.
— Tu sais, tu... tu as beaucoup changé cet été. Comme Narcissa, comme Avadys, comme toutes. Tu te rappelles du bal chez les Greengrass ?
Elle hocha la tête. Et comment. Ce soir là, Yaxley avait renversé son verre de vin sur la robe d’Avadys qui lui avait coûté, selon elle, la moitié de ses coffres de Gringotts. De par la colère, elle l’avait poursuivi à travers tout le Manoir en le menaçant de toutes les tortures possibles.
— Il a passé la soirée à t’observer.
Elle n’avait plus les mots pour rien dire. La soirée à l’observer. Et elle ne s’en était même pas rendue compte.
— À la rentrée, continua-t-il, je lui ai promis de faire tout mon possible pour te faire comprendre ses sentiments. Au début, il se faisait charmeur pour rire. Tu lui plaisais, mais sans plus. Enfin, c’était ce qu’il disait. Tu t’es endormi sur ses genoux, et il a passé les deux heures restants du trajet à te regarder dormir.
Tout le monde avait du s’en rendre compte. Génial.
— Il a suffit de quelques jours de plus pour qu’il soit prêt à te donner sa vie.
— Je ne comprends pas, lâcha-t-elle finalement accompagné d’un petit rire nerveux. J’ai changé physiquement, peut être, et encore, mais je reste la même.
— Il a toujours été intéressé par toi, intervint une nouvelle fois Rabastan. Tu t’es jamais demandé pourquoi il haïssait Avery ? À l’époque, il refusait juste de l’accepter.
Lucretia avait plu à de nombreux garçon. Son physique avantageux et sa forte personnalité faisait d’elle une conquête difficile mais méritée. Avery avait été le seul à pouvoir s’en vanter. Mais Avery était une mouche dans leur communauté. Son nom ne valait rien, et c’était seulement grâce à elle qu’il avait été invité à tant de soirées.
Evan, lui, faisait parti de l’élite. Tout comme les Malefoy, les Lestrange, et plus que tout, les Black. Lui même n’était sorti qu’avec peu de filles et gardait une relation amicale avec elle. Lucretia ne s’était en rien attendu à ça. N’importe quelle fille de Poudlard rêvait de sortir avec le beau Evan Rosier, toutes sauf elle visiblement. Ce n’était pas qu’il n’était pas gentil, ou agréable, mais elle n’avait pas pas passé assez de temps avec lui pour dire qu’elle se sentait bien en sa compagnie. Le baiser avait été précipité, toutes ces révélations aussi : ça lui faisait peur. Peur parce que l’unique relation qu’elle avait eu avec un garçon s’était basée sur de l’intérêt personnel et de l’égoïsme. Avery avait joué son rôle jusqu'au bout. Comment pourrait-elle être sûre qu’Evan ne faisait pas de même ? Comment savoir si son père lui avait dit "choisis-en une et rapproche toi d’elle afin que le mariage ne soit pas forcé " ou pas ?
— Lucius, je sais pas si je...
— Tu n’es pas obligée de tomber tout de suite amoureuse toi aussi, la rassura-t-il. Va juste le voir. S’il te plaît.
Elle hocha calmement la tête puis monta dans le dortoir des garçons. Les Serpentards qui sortirent de leur chambre la regardèrent passer avec curiosité, mais elle n’en avait absolument rien à faire. Combien de fois elle s’était aventurée ici pour parler avec son frère. Quand elle entra dans la chambre, elle eut la surprise de la voir ordonnée. Contrairement à celle des filles, tout était bien rangé et mis à sa place. Les lits étaient faits, sauf un. Lucretia referma la porte derrière elle prudemment et s’avança jusqu’à la forme se dessinant sous les draps.
— Evan, l’appella-t-elle depuis le pied du lit.
Surpris, il se redressa sur ses coudes. Ses yeux s’écarquillèrent brusquement. Des yeux vitreux et rougis. Par Merlin, elle ne l’aurait jamais cru aussi sensible...
— Qu’est ce que... qu’est-ce que tu fais là ? bredouilla-t-il.
— Je peux repartir si tu veux.
— Non ! Non, ne repars pas s’il te plaît.
Il lui faisait de la peine ainsi. Evan était un ami qu’elle avait connu depuis sa première année, et même un peu avant grâce aux soirées mondaines, et comme tous ses amis, elle s’inquiétait pour lui. Surtout quand elle songeait au fait que tout ça était de sa faute.
— Lucius m’a dit, lâcha-t-elle brusquement.
Autant cracher le morceau maintenant. Il ferma les yeux, comme pour tenter d’échapper à cette scène douloureuse.
— Tout ?
Sa voix s’était mise à trembler à la fin du mot.
— Tout.
— Mais tu ne veux pas.
— Evan, je... ça va vite. Trop vite.
Elle poussa un soupir et s’assit près de lui. Le regard qu’il lui lança était à sentir son cœur se craqueler.
— Je suis désolé Lucretia.
Il faisait référence au baiser, à la scène de Quidditch. À toutes ces fois où il l’avait regardé pendant des heures, à toutes ces nuits passées à penser à elle. Il s’excusait de l’aimer. Et malgré les faibles sentiments de Lucretia pour lui, elle ne pouvait le supporter. Parce qu’elle savait mieux que quiconque que le cœur et ses caprices était l’unique coupable dans cette histoire.
— Tu sais quoi ? On va recommencer du début.
— C’est à dire ? demanda-t-il en fronçant les sourcils. Du tout tout début ?
— Ouais.
Une lueur d’espoir s’agita dans ses yeux. Il finit par s’asseoir, admirant secrètement les reflets de ses cheveux sous les mouvements de l’eau du lac. Un court silence passa. Dans ce silence, il remontèrent dans le temps. Jour par jour, année par année. Regard par regard, conversation par conversation. Lucretia esquissa un petit sourire puis lui tendit la main.
— Lucretia Malefoy. Enchantée.
— Evan, se présenta-t-il à son tour en la dévorant des yeux. Evan Rosier.
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