Chapitre 7 : Bousier
Étrangement, après plusieurs jours de retenue en cuisine, Avadys s’était passionnée pour cette activité. Elle avait commencé à piquer des livres à la bibliothèque sur le sujet, commandait parfois elfes de faire telle ou telle choses contre leur gré. Elle envoya plusieurs lettres à sa grande tante française, cuisinière dans un grand restaurant de la haute gastronomie et nota tous ses conseils dans un carnet. Bien entendu, elle n’améliorait que les plats servis à la maison Serpentard. Tous notèrent une différence, et Avadys relevait la tête avec fierté, se recevant des félicitations des plus aimables. Même Evan avait été surpris de cette amélioration et dévora chaque plat qui lui passait sous la main. Il y avait aussi le désespoir qui l’incitait à manger comme un ogre, mais Avadys ne s’en vexait pas.
Un dimanche matin, elle était dans l’appartement du Préfet en Chef en train de feuilleter un énorme grimoire envoyé par sa grande tante quand la porte principale s’ouvrit. Elle n’y fit pas plus attention que ça, pensant qu’il s’agissait de Lucius venu récupérer quelques affaires. Cependant, le cri d’exclamation qu’elle entendit l’incita à relever la tête.
Ce fut une illumination. Un ange tombé du ciel, une muse ayant inspirée tous les plus grands artistes de l’Histoire. Sa mâchoire tomba.
— Euh... qu’est-ce que tu fais ici ?
Avadys eut besoin de quelques minutes pour activer son cerveau et penser à la question. Premièrement, comprendre ce qu’elle lui demandait, deuxièmement lui donner une réponse. Chaque chose en son temps. Son adoration était telle face à cette Beauté que ses mots se brouillèrent dans sa tête.
— La chambre me l’a laissé par Lucius.
Il y eut un instant de silence, court instant durant lequel elle se rendit compte que sa phrase ne voulait absolument rien dire.
— Enfin, je veux dire, Lucius m’a laissé sa chambre. Je me suis fâchée avec mes colocataires.
Elle avait tenté de dire ça sur le ton de la rigolade mais l’intruse fronça les sourcils.
— C’est toi non qui a balancé la soupe sur la fille Malefoy ?
— Effectivement.
— Ah oui. Je comprends. Lucius ne m’avait rien dit.
— Désolée, ça fait déjà plusieurs jours que je suis là mais je ne veux pas non plus te déran...
— Non non, ne t’inquiète pas. Je voulais juste passer une nuit ici au calme pour reposer mes pensées, disons que mes amies sont très bruyantes et je suis une fille qui a besoin de silence. Mais je ne vois pas d’inconvénient à partager ce moment avec toi.
Oh oui. Ce soir, elle avait prévu étudier les Potions et élaborer quelques recettes, mais Slughorn et les elfes pouvaient bien attendre une nuit. Surtout pour passer une nuit avec cette perfection.
— Et puis, continua-t-elle en passant dans l’autre chambre pour déposer ses affaires, je préfère être avec une fille qu’avec un garçon, surtout un garçon comme Malefoy.
Tandis qu’elle l’entendait ranger quelques trucs, elle se mit à penser. Elle lui disait quelque chose. Elle se rappelait l’avoir vue, non pas dans un couloir en passant mais de près. Très près. Sur le moment, elle n’y avait pas fait attention, mais elle avait eu bien tort. Il ne pouvait exister dans ce monde aucune autre beauté pareille. Ses cheveux étaient blonds, mais bruns à la racine, signe d’une coloration. Ses yeux étaient bleus transparents, et ils constrastaient tellement avec son bronzage d’été que ça lui donnait un air singulier mais unique. Tout dans son air et ses gestes reflétaient une indifférence complète à la vie des autres. À la voir, on avait envie de briser toutes les règles établies pour croquer la vie à pleine dent. Avadys se releva et s’appuya contre le chambranle de sa porte, dans l’intention de se montrer avenante et complètement ouverte à la discussion. Très très ouverte même.
— Et donc tu es la Préfète en Chef ?
— Oui.
— Maison ?
— Serdaigle.
Une bonne maison, selon Avadys. La seule qui valait le coup après Serpentard. Le reste n’étaient faits que de traîtres, sang de bourbes ou personnes trop gentilles pour être prises au sérieux. Trop Poufsouffle. Trop bienveillants. Trop innocents. Avadys avait en horreur ces genres de personnes. Non, les Serdaigle étaient bien. Sang pur pour la plupart ou sang mêlé, intelligents, culturés, parfois un peu bizarres mais ils se faisaient rares. Lovegood était un cas à part entière, même les gens de sa maison ne s’en approchaient pas.
Soudain, elle se souvint. Dans le train, lorsqu'elles leur avait demandé pour se changer dans ce compartiment. C’était avec elle que Lucretia s’était attardée pour parler. À ce souvenirs, une vive jalousie la piqua.
— Et euh, tu connais celle sur qui j’ai versé la soupe ?
— La Malefoy ? J’ai parlé avec elle dans le train, quand vous étiez venues, mais sans plus.
Le soulagement l’envahit. Elle avait eu peur qu’encore une fois, Lucretia ne lui prenne une chose qui lui tenait à cœur. Qui lui tenait à cœur ? Qu’étaient ces pensées ? Par Merlin, elle devenait folle.
— Par contre je connais Black. On s’entends très bien avec Andromeda, et je suis allée plusieurs fois chez elle.
— Narcissa ? Elle ne m’a jamais parlé de toi.
La Serdaigle se mit à rire tout en s’assayant sur le bord de son lit.
— Pourquoi est-ce qu’elle aurait parlé de moi ? J’étais venue pour sa sœur. Elle est plutôt timide et nous n’avons parlé que de rares fois.
— Oui enfin, timide quand elle veut.
Narcissa était une de ces filles qui paraissaient réservées et innocentes de l’extérieur mais qui à l’intérieur étaient dures comme de la pierre. Et surtout, elle même avait été au Manoir Black et elle s’était rendue compte à quel point la jeune fille ne se laissait en rien faire par ses sœurs. Elle était presque la pire de toutes. Son sourire ironique et ses remarques cinglantes laissait n’importe qui traumatisé. La Serdaigle sourit légèrement, puis, comme si elle se rendait compte qu’elle avait oublié quelque chose, elle fit un geste vif de la tête et se présenta précipitamment.
— Je m’appelle Luisa. Luisa Marcelli.
Pourquoi est-ce qu’ils avaient tous tendance à répéter leur prénom deux fois ? Comme si elle était incapable de le retenir une demi seconde, ou comme s’ils insistaient tous sur la beauté de leur prénom. Prénom qui, pour la plupart des sang pur, à commencer par elle, était bizarre. Cependant, elle trouva que Luisa était joli. Typiquement italien, elle le disait d’ailleurs avec un accent bien prononcé, mais très fluide et beau à entendre. Comme elle.
— Avadys Rosier.
— Ton frère joue dans l’équipe de Serpentard non?
Avadys fit la moue. Son frère. Toujours son frère. Elle ne pouvait pas se présenter à quelqu'un sans que ce dernier ne dise "ton frère est Evan !" ou "ton frère a fait ça, ton frère à fait çi". Encore une preuve que son ombre la recouvrait de son entier.
— Désolée, s’excusa Luisa en remarquant son expression blessée. Je suis capitaine alors c’est la première chose à laquelle j’ai pensé en entendant ton nom.
— Pas de problème.
Si un problème, mais l’important était de rester polie.
— Tu as sûrement du travail non ? lui demanda-t-elle avec bienveillance.
— Euh... ben je... j’allais faire Potions.
— Ah ! Et tu as besoin d’aide ?
Un silence passa. Avadys resta immobile, s’efforçant de réfléchir le plus vite possible. Si elle avait besoin d’aide ? Non, elle était même la meilleure de la classe. Si elle avait besoin de son aide ? Oui. Absolument. Urgemment.
— Si ça ne te dérange pas...
***
Lucius avait été rarement le genre de garçon qui s’excusait le premier. Jamais même. C’était comme un principe sur lequel tenait sa vie entière. Quand il avait rompu avec Helena Nott il y avait deux ans - de manière très brusque, il le reconnaissait -, Evan l’avait pressé de s’excuser. Lucius avait demandé pourquoi avec son sourcil relevé, Evan lui avait dit que c’était parce qu’il lui avait fait du mal et que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire, Lucius avait rétorqué qu’il s’en fichait complètement et il était retourné à sa lecture, l’esprit léger. Helena ne lui avait plus jamais adressé la parole.
Pourtant, aujourd'hui, il ressentait au plus profond de lui cette petite voix qui le poussait à le faire. La raison pour laquelle les disputes pouvaient se prolonger des mois entre lui et sa sœur était que Lucretia avait exactement le même principe. Cela s’était bien sûr prouvé avec Avadys. Un peu moins avec Avery, ce qui avait d’ailleurs le jeune homme en colère. Mais en général, elle s’y tenait. Néanmoins, Lucius n’avait pas envie de l’éviter pendant des mois. Pour deux raisons simples : c’était la dernière année qu’ils étaient ensemble et Evan n’aurait aucune chance avec elle si lui n’était pas là pour faire office de hibou et de manipulateur professionnel à la fois. Et il fallait avouer : Lucius adorait manipuler. Héritage de famille.
Aussi, avec toute la délicatesse du monde, il changea de chaise et s’assit le plus discrètement possible à côté de sa soeur, alors plongée dans un devoir de Métamorphose. La Salle Commune était presque vide et la table d’étude ne comptait que lui, Lucretia, Victoire et deux deuxièmes années papotant à voix basse à l’autre bout de la table. La plume grattait son parchemin. N’importe qui aurait cru que Lucretia ne s’était pas rendue compte de sa présence. Mais c’était mal la connaître.
— Retourne là d’où tu viens.
Imperturbable, elle continuait d’écrire comme si elle pouvait réfléchir à deux choses en même temps. Lucius s’apprêta à dire les mots qu’il s’était répété des milliers de fois dans sa tête mais rien ne sortit. À la place, les battements de son coeur se déchénèrent contre sa cage thoracique. Sérieusement, il avait plus peur de s’excuser devant sa sœur que d’affronter un dragon.
— T’es né sourd ou simplement idiot ?
Un peu plus loin, Victoire pouffa mais se cacha le visage avec son livre de Défense contre les forces du Mal. Lucius la fusilla du regard puis se racla la gorge.
— Pardon.
Le grattement cessa. Lucretia releva lentement la tête, les yeux transformés en deux petites fentes venimeuses.
— Je crois que ton jus du citrouille du matin a tourné, fut la seule chose qui lui vint à l’esprit.
Lucius soupira.
— On peut aller dans un endroit où quelqu'un ne pourrait pas faire semblant de lire tandis qu’il écoute derrière son manuel de Défense ?
Victoire baissa le livre avec véhémence.
— Je n’écoute pas !
— Alors comment tu sais que je sais que tu nous écoutes ?
— Parce que je sais que tu sais que je sais déjà ce que tu t’apprêtes à lui dire et que je sais que tu...
— Ok c’est bon, l’interrompit Lucretia en chassant ses paroles d’un geste de la main.
Il comptait toujours sur Victoire pour convaincre Lucretia. Il lui adressa un clin d’œil en signe de remerciements tandis qu’il se levait pour suivre la Serpentard. Les couloirs de l’école étaient déserts en ce samedi après midi. Tous profitaient d’une des dernières après midi ensoleillées avant l’hiver. La seule raison pour laquelle il était resté à l’intérieur était parce qu’Evan refusait de sortir de la chambre. Et puis il avait eu cette si mauvaise idée d’excuse et avait feint d’étudier pendant une bonne heure.
— Écoute Lucre', j’ai pas envie de t’ignorer pendant des semaines.
— Dommage, j’étais en train de profiter de mes vacances.
Question ironie forcée, il ne savait lequel des deux gagnait. Cependant, déjà que s’excuser lui avait demandé de l’effort, alors si en plus elle y mettait de la mauvaise volonté, ce n’était plus un mois sans parler qu’il allait lui infliger mais un siècle.
— Je suis sérieux. Ça sert à rien ce qu’on est en train de faire.
Elle croisa ses bras contre sa poitrine et lui renvoya un regard scandalisé.
— Attends, rappelle moi avec quoi ça a commencé ?
— Avec tes conneries. Et ne fait pas celle qui le découvre maintenant.
— Non mais je rêve ! C’est quoi ton problème ? Je couche avec qui je veux et je n’ai pas besoin de ton autorisation pour ça.
Ses propos le mirent sévèrement en colère.
— Justement, je n’ai pas envie que l’on te prenne pour une traînée !
— Je me tape pas tous les Serpentards que je sache, contrairement à toi ?
— C’est de toi qu’il est question.
— Non, là il est question de qui a tort et qui a raison. J’ai le droit légitime de coucher avec qui je veux, et du moment que tu ne m’emmerde pas avec ça, je ne t’emmerderai pas non plus.
— Lucre', la supplia-t-il, n’importe qui mais pas lui...
Il l’avait dit avec tant de désespoir dans la voix que Lucretia recula d’un pas, comme comprenant soudainement l’objet véritable de leur dispute.
— C’était un mauvais jour. Et il me l’avait proposé.
— Je sais. Je sais tout ça, soupira-t-il. Ça aurait été n’importe qui d’autres, je n’aurais rien dit je te le jure. Mais lui ! Il le fait exprès ! Parce que son nom s’est perdu dans l’Histoire, il le refait briller en t’utilisant !
Elle resta silencieuse, songeant à ses paroles. Lucius continua.
— C’est ta vie et je la respecte, et je veux que tout le monde fasse de même. Mais ce n’est pas son cas.
— Tu fais ça pour Evan hein ?
La surprise traversa ses yeux gris.
— Je le fais pour toi. Parce que tu es ma petite sœur et que je ne veux pas te voir pleurer pour un idiot de ce genre.
— Parce que tu m’as vue pleurer beaucoup de fois peut être ?
— À cause de lui, beaucoup trop. Avadys me racontait tout ce qui se passait dans votre chambre, pour la simple et bonne raison qu’elle voulait aussi que ça s’arrête.
Avadys. Rien que le fait d’entendre son nom lui faisait mal. Plus elle repensait à l’objet de leur dispute, et plus elle trouvait cela sans importance. Sa meilleure amie lui manquait.
— Je refuse de le voir te briser le cœur.
— Lucius, ce soir là, il n’y eut rien de sentimental. Absolument rien.
Ça paraissait une évidence à ses yeux, et pourtant, elle surprit le soulagement détendre ses traits.
— Vraiment ?
— Comment pourrais-je continuer d’aimer un abruti comme lui ? J’ai juste accepté parce que j’avais besoin de défouloir après une telle journée. Sur le moment, quand il me l’a proposé, je lui ai fait un doigt avec la nette intention de refuser. Je ne suis pas aussi idiote que tu ne le crois.
— Je n’ai jamais pensé une telle chose de toi.
C’etait tellement inhabituel d’entendre Lucius dire ce genre de choses que Lucretia sentit son cœur battre un peu plus vite. Encore plus vite quand il s’approcha et lui déposa un baiser sur le front. Elle resta béate quelques secondes, ne sachant comment réagir, touchée et bouleversée à la fois du geste. Serait-ce la maturité qui le gagnait ?
Néanmoins, elle n’eut pas besoin de lui fournir une réponse qu’Avery se chargea de détourner son attention. Visiblement, il avait emprunté le mauvais couloir.
Dès qu’il aperçut Lucius, son visage perdit toutes ses couleurs et il commença à faire marche arrière sur la pointe des pieds. Seulement, ce n’était pas seulement de Lucius dont il devait se méfier, mais surtout de Lucretia. Parce qu’après tout, s’il avait su la fermer, rien de tout cela ne serait arrivé.
— En parlant du loup.
Avery eut la mauvaise idée de fuir en courant. D’un coup de baguette magique, Lucius fit apparaître une racine du sol qui lui emprisonna le pied et l’empêcha de faire un pas de plus. S’il avait pu s’arracher la jambe et se traîner au sol jusqu’à un endroit sûr, il l’aurait fait, sans hésiter.
— Tu comptais aller où comme ça ? lui demanda l’héritier Malefoy comme s’il lui demandais quel temps il allait faire demain.
Jouant avec sa baguette d’une main, il se posta face à lui. Lucretia le suivit, avide de savoir quelle torture il avait prévu de lui infliger.
— Ré...récupérer mon... mon livre de Potions... bredouilla Avery à la manière d’une brebis malade.
— Pauvre livre de Potions. Il va devoir changer de propriétaire très bientôt.
Le peu de couleurs qui lui restait s’en alla immédiatement.
— Je suis désolé, déglutit-il difficilement. Tu connais Yaxley et Rookwood, ils voulaient savoir ce que j’avais fait ce soir là et je...
— Et tu leur a dit, évidemment.
— Pas... pas tout...
Appuyée contre le mur, Lucretia lâcha un petit rire. D’après ce qu’elle avait entendu, chaque détail y était. Et plus la rumeur avait circulé, plus des détails s’étaient ajoutées, comme un livre auquel on ajoutait des pages écrites à l’improviste.
— Tu vaux rien Avery, lâcha-t-elle en s’avançant vers lui, un air dégoûté implanté sur le visage. Sais-tu ce qu’est un bousier ?
Il secoua la tête, ayant déjà peur de la réponse.
— C’est un petit insecte ressemblant au scarabée qui récolte les excréments pour les manger. C’est marrant parce que je remarque déjà la ressemblance. Et tu sais ce que fait le serpent quand il se confronte à un bousier ?
Il secoua de nouveau la tête, appréhendant une nouvelle fois la réponse.
— Il le contourne. Le plus loin possible.
Fière de sa métaphore, elle le laissa apprécier son humiliation avant de se tourner vers son frère, satisfaite.
— Enferme le dans une classe inutilisée. On verra bien qui le trouvera le premier.
— Non ! Non, tout mais pas ça ! Lucretia je t’en supplie ! Je suis désolée, tellement désolée, je te...
Elle tourna les talons et s’en alla avant de pouvoir écouter la suite.
***
Narcissa passait par là par intuition. Étrangement, elle savait qu’elle allait découvrir quelque chose. De bien ou de mal, peu importe. Son intuition lui hurlait depuis une heure de marcher dans ce couloirs, alors elle y était allée. Bon, pour l’instant, elle n’avait rien découvert du tout, mais elle faisait se confiance.
Cependant, quand elle se cogna contre Lucius dans l’angle du couloirs, déboussolée par cette brusque rencontre, elle se fâcha intérieurement contre sa stupide intuition. Vraiment, sur les 280 élèves à Poudlard, il fallait absolument qu’elle tombe sur lui.
— Je suis désolée ! s’exclama-t-elle en se massant le front, chose stupide puisque c’était le menton qui lui faisait mal.
— Non, c’est moi qui faisais pas attention à où je marchais et je...
Plusieurs "boums" répétitifs se firent entendre derrière une porte à plusieurs mètres de là. Narcissa fronça les sourcils, intriguée. Elle les fronça encore plus quand elle entendit une voix lointaine hurler à plein poumons quelque chose d’inaudible.
— Tu as entendu ?
— Non.
Lucius, en revanche, ne paraissait pas y prêter attention. Mais Narcissa ne connaissait que trop cet air de "je n’ai rien à voir là dedans". Pour toutes les fois où elle avait du faire affaire avec Bellatrix, ce regard restait le même peu importe la personne.
— Tu gardes un épouvantard ou quoi ? rit-elle, préférant prendre cela à la rigolade même si elle avait peur de savoir ce qui se trouvait là dedans.
— Pire que ça.
Les hurlements se répétèrent. Le sourire de Narcissa s’évanouit.
— Sérieusement.
— Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?
— Parce que tu sais ce qui se trouve derrière cette porte.
— Ok, peut être que je sais, grinça-t-il, mais crois-moi, c’est sans intérêt.
— C’est à dire ? Qu’est-ce qu’il y a à l’intérieur ?
— Un bousier.
Elle n’avait aucune idée de ce qu’était un bousier mais éclata de rire à la prononciation de ce nom. La manière dont il l’avait dit, lâché comme une piètre réponse trouvée sous la panique l’amusait beaucoup.
— Un bousier ?
— Oui. Une Black n’aimerait pas aider un bousier, n’est-ce pas ?
Il jeta un coup d’œil derrière lui et posa sa main derrière son dos pour la pousser à rebrousser le chemin. Ce contact la fit légèrement frissonner. C’était si doux que ça l’étonnait de sa part. Mais Narcissa étant Narcissa, c’est à dire une des plus grandes têtues de l’univers, elle le contourna pour se diriger vers l’origine des cris.
— Non ! Attends !
Quand elle arriva devant la porte en question, il était déjà trop tard. Narcissa croisa ses bras devant sa poitrine et le regarda comme une mère regarderait son enfant après l’avoir pris la main dans le sac. Derrière le bois, les "boums" avaient cessés, mais pas les jurons. Et malheureusement, elle reconnut la voix.
— Non mais j’y crois pas.
— C’est Lucretia qui m’a ordonné de faire ça.
— Mais tu y as pris du plaisir, ne dis pas le contraire.
La culpabilité se refléta dans ses iris grises. Il n’avait pourtant rien fait de bien méchant, en tout cas si ça l’était cela rentrait dans le cadre de la légitime défense, et pourtant, face à elle, il eut l’impression d’avoir assassiné quelqu'un.
— Un peu.
— Il y a quelqu’un ? demanda Avery derrière la porte. Qui c’est ? Aidez moi !
— Rapelle moi qui est Préfet en Chef ?
— Black ? Black c’est toi ?
— Justement, personne ne peut rien me dire.
— Malefoy ? Eh ! Ouvre moi !
— Je crois que tu n’as pas compris un truc. Le Préfet en Chef est censé être un exemple, et enfermer des gens dans une salle de classe n’est pas un exemple.
— BLACK ! BLACK PAR PITIÉ OUVRE !
Lucius prit un air contrit.
— Mais Avery ne fait pas partie de ces gens.
Narcissa releva un sourcil, perplexe.
— C’est un bousier.
— BLAAAAAAAAAAAACK !
— LA FERME ! hurla-t-elle à son tour, en ayant plus qu’assez de ses plaintes incessantes. Malefoy, j’espérais mieux de toi.
Puis elle s’en alla. Lucius resta légèrement perplexe, ne sachant que penser. Parce qu’elle avait attendu quelque chose de lui peut être ?
La logique aurait voulu que Narcissa ouvre à Avery. Mais la logique ne faisait pas partie de ses plans aujourd'hui.
Le Serpentard passa la nuit dans la classe, abandonné et délaissé comme un vulgaire bousier.
Ce qu’il était, au final.
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