Chapitre 5 : Soupe au potiron et cuisses de poulet
Dans les semaines qui suivirent, les deux filles gardèrent une distance raisonnable entre elles et se jetèrent des regards haineux chaque fois qu’elles en avaient l’occasion. Avadys s’était totalement isolée, au plus grand désespoir de Narcissa et Victoire, ainsi qu’à la plus grande satisfaction de Lucretia. Elle était terriblement en colère pour avoir été traitée d’égoïste alors que son seul but avait été de leur faire partager cette gloire. Et surtout la manière dont elle s’était jetée sur elle pour récupérer la pierre ! Tout cela l’indignait et elle ne pouvait pas lui pardonner. Elle ne savait pas où elle dormait, mais en fait, elle en avait strictement rien à faire. Qu’elle se couche dans le couloir ou dans le bureau de Rusard ne lui faisait ni chaud ni froid. Sa colère était tel que tout sentiment de bienveillance s’était évaporé.
Du côté d’Avadys, elle refusait ne serait-ce que de la regarder. Son égoïsme lui donnait presque envie de vomir. Madame allait remettre la pierre au Seigneur des Ténèbres, et elle serait derrière, à tenter de se faire remarquer une fois de plus. Comment plusieurs personnes pouvaient remettre une pierre ? Non, ce n’en serait qu’une, et bien sûr, comme d’habitude, Lucretia prendrait les reines. Sans demander l’avis à personne, parce qu’elle se croyait supérieure aux autres. Pour une fois, elle était décidée à ne pas céder. Quitte à foutre en l’air cinq années d’amitié.
Evan n’avait finalement pas à se plaindre. Sa sœur restait aimable et amusante, et sa compagnie leur était à lui et aux garçons agréable. Il était heureux que tout se passe bien : mieux leur relation était étroite, et plus ils auraient de chance de lui soustraire les informations. Ils n’avaient pas encore tenté leur chance entre tous les devoirs à rendre et les leçons à étudier, mais ils ne tarderaient pas à le faire.
Mais la vie était généreuse et donnait parfois des cadeaux gratuits. C’est ce qui se passa deux semaines plus tard. Lucretia était dans le parc, en train de faire réciter les cours à Narcissa tandis que Lucius se trouvait dans la Salle Commune, gratant sa plume sur le parchemin. Les deux furent convoqués dans le bureau de Slughorn. Ils n’opposèrent aucune résistance mais ils se demandaient ce qu’ils avaient bien pu faire pour que leur directeur de maison les convoque. Peut être pour parler de la sélection de Quidditch qui se déroulerait ce week-end ? Mais dans ces cas là, pourquoi Lucretia était aussi convoquée ?
La réponse vint à eux quand, en entrant, ils ne trouvèrent non pas Slughorn mais leur père, les mains posés sur sa canne d’argent, un air sévère planté dans son regard.
— Vous voilà, déclara-t-il d’une voix cinglante. Lucius, ferme la porte.
Son fils s’exécuta et se tint à côté de sa soeur, les sourcils froncés.
— Je ne vais pas passer par quatre chemins, commença-t-il, visiblement agacé. L’un de vous m’a volé un objet très précieux.
Lucius s’apprêta à clamer haut et fort son innocence mais il se garda de le faire, une idée germant dans son esprit. Non, il allait attendre. Quelque chose lui disait que cet incident allait l’intéresser. Lucretia, à côté de lui, se tenait droite, imperturbable.
— Dans mon bureau, continua le patriarche.
Le bureau... sa sœur s’y était rendu pour récupérer le Vif d’Or. Était-ce de cela dont il voulait parler ? Pourtant, elle était revenue bredouille, après avoir cherché un bon quart d’heure. Pourquoi voler un Vif d’Or ?
— Qu’est-ce, Père ? finit-il par demander.
Le regard d’Abraxas se fit hésitant.
— Oui, c’est vrai, qu’est-ce ? insista Lucretia. Et pourquoi nous ?
— Parce que le peu de personne que nous avons reçu depuis votre départ ne sont jamais monté à l’étage. Il n’y a que vous.
Lucius était sûr qu’il s’agissait de sa sœur. Celle ci mimait la stupeur à la perfection, mais le clignement répétitif de ses paupières la trahissait. Il avait appris à reconnaître ces genres de choses quand il cherchait quelque chose qu’elle lui avait pris plus petite.
— Peut-être que si vous nous dites ce que c’est, on arrivera à retrouver cette chose.
— C’est une pierre philolosophale, Lucius, lâcha-t-il rapidement pour ne pas avoir à regretter ses paroles.
Cette révélation lui fit l’effet d’une gifle. Une pierre philolosophale ? Voilà pourquoi il avait aperçu l’éclat dans la chambre l’autre jour ! Et voilà pourquoi Avadys avait traité Lucretia d’égoïste et avait parlé de remettre une chose ! Il s’agissait d’une pierre philolosophale depuis le début !
Lucretia fit semblant d’en être surprise, mais sa réaction lui résultait fausse. Peut être parce que lui savait qu’elle l’avait véritablement volée. Mais dans quel but ?
Maintenant qu’il savait cela, il avait la folle envie de partager sa découverte avec Evan et Rabastan. La colère de son père n’était qu’un détail.
— Je ne sais pas du tout qui vous l'a prise, assura-t-il précipitamment, mais je vous promets de faire tout mon possible pour mettre la main sur le voleur.
— Et moi de même, répéta sa sœur.
C’était drôle qu’elle dise ça puisqu’elle était justement la voleuse. Leur père les crut. Il les laissa retourner à leur occupation, mécontent pour avoir accusé ses propres enfants et pour n’avoir toujours pas retrouvé le voleur. Que penseraient les autres ? Ils lui avaient fait confiance en lui confiant le trésor, et voilà qu’il le perdait.
En sortant, Lucius attrapa le bras de sa sœur et la traîna jusqu’à une classe vide. Elle lui ordonna de le lâcher mais il n’obtempéra qu’à l’intérieur.
— Une pierre philosophale ? Sérieusement ? cracha-t-il une fois assuré qu’ils étaient seuls.
— Pourquoi tu me dis ça à moi ? se défendit-elle avec animosité.
— Parce que je sais que c’est toi.
— Ah oui ? Si tu es tellement sur, pourquoi ne l’as-tu pas dit à Père ?
— Parce que d’une manière ou d’une autre, j’aurais tout gâché.
Elle eut un petit rire nerveux.
— Tu crois sérieusement que c’est moi ? J’ai une tête à voler une pierre philosophale ?
— Oui. Justement.
Elle s’indigna.
— Non mais c’est quoi cette accusation gratuite là ?
— Ne me prends pas pour un con, Lucre'.
— Je n’ai pas besoin puisque tu es un con. Dis-moi, ça vous amuse de dresser Avadys contre nous ? C’est peut être un amuse temps pour des abrutis comme vous, après tout, pourquoi s’étonner.
— Mais qu’est-ce que tu racontes ? On ne parle jamais de ça avec elle.
— Mais bien sûr. Plus le temps passe et plus elle se montre méchante avec nous. La dernière fois, elle a bousculé Narcissa et ne s’est même pas excusée. Vous lui avez retourné le cerveau !
— Écoute, Avadys est très en colère, et j’ai l’impression qu’elle est rongée par la jalousie. Plus le temps passera et plus ça va empirer si tu ne vas pas t’excuser auprès d’elle.
— M’excuser ! s’exclama-t-elle, scandalée. On dirait que c'est moi la fautive !
— Si tu as décidé de garder la pierre pour toi toute seule, alors je comprendrais que...
Mais il n’eut pas le temps de dire un mot de plus qu’elle approcha son visage à seulement quelques millimètres du sien, le bout de sa baguette pointé dans sa gorge. Lucius recula et se cogna contre le mur, surpris par cette attaque si soudaine.
— Premièrement, je n’ai pas cette foutue pierre, ok ? Deuxièmement, tu ne sais pas ce qui s’est passé ce soir-là, alors mêle toi de tes propres affaires et laisse nous tranquilles.
Pour qui se prenait-elle ? Depuis quand le menaçait-elle pour quelque chose qu’elle prétendait ne pas avoir ? Son comportement l’irrita, et il s’empara de son poignet pour le baisser de force. Son visage se tordit en une grimace de colère, rejetant tous les reproches en un seul regard.
— Premièrement, je suis ton aîné et tu me dois le respect. C’est la dernière fois que tu pointes ta baguette sur moi. Deuxièmement, je sais que tu as la pierre. Ça fait beaucoup trop longtemps que je ne me suis pas rendu dans le bureau de Père, tandis que tu y es allée la veille de la rentrée pour rechercher le Vif d’Or.
Elle ouvrit la bouche pour parler mais la referma quand elle dut subir le regard sévère de son frère.
— Ne te prends pas pour plus intelligente que les autres, Lucretia. Je ne suis pas, ni moi ni mes amis, un abruti ou un con, tout comme tu ne l’es pas. Je pense que tu as un peu négligé le respect ces derniers temps.
Il y avait des tas de choses qu’elle voulait dire. Toutes les injures destinées à lui lui traversaient son esprit comme des fusées volantes dans le ciel. Mais pour ne pas se refaire réprimander comme une stupide enfant, elle garda le menton soulevé et une lueur de défi dans ses yeux gris aciers.
— Autre chose à dire ?
— Non. Tu peux sortir.
Comme si elle attendait son autorisation pour le faire. Elle le haïssait. Lui et sa fierté mal placée, lui et ses termes de "respect" quand il en connaissait à peine la définition. Ça lui arrangeait de dire qu’il était l’aîné. Ça lui octroyait le pouvoir de la réprimander quand il se trouvait blessé. Elle, dans ces moments là, tout ce qu’elle avait le droit de faire était la fermer. Écouter en silence puis le maudire intérieurement.
Avec la rage affluant des ses veines, elle descendit dans la Salle Commune, alla pour se rendre dans sa chambre quand Avery se posta face à elle, ne lui laissant d’autre choix que de s’arrêter dans son élan.
— Alors tu vois, là, c’est pas du tout le moment. Mais alors pas du tout, le menaça-t-elle avec l’index.
Elle avait presque envie de faire une crise d’hystérie tellement elle débordait d’émotions. D’abord voir son père à Poudlard n’était pas très commun et lui mettait un peu le stress, se faire sermonner par son frère l’irritait plus qu’autre chose et surtout, être démasquée de cette manière, c’était évidemment honteux. La dernière chose qu’elle avait envie de voir était sa tête d’abruti se planter face à elle.
— Tu fais quoi ce soir ?
— Dormir, comme le font les gens normaux. Maintenant laisse moi passer.
— Si tu... enfin, si tu veux, rejoins moi dans la salle de bain des Préfets.
Elle sut ce qu’il voulait insinuer. La sincérité se lisait clairement sur son visage. À le voir ainsi, la suppliant de faire ce qu’il avait en tête de faire, il la dégoûtait presque. Par Merlin, ce n’était vraiment pas son jour.
— Pour information, je ne suis pas ta pute. Dégage.
— Je t’attendrai, lui cria-t-il alors qu’elle montait dans les dortoirs.
Par instinct, elle lui fit un doigt majestueux puis ouvrit la porte de sa chambre. L’incident qui se produisit par la suite lui montra clairement qu’effectivement, c’était un jour de merde. Elle s’étala de tout son long sur la moquette verte, n’ayant même pas la capacité de crier sous l’effet de la surprise. Narcissa et Victoire se recouvrirent la bouche avec leur main, effrayées non pas pour sa santé mais pour ce qui allait suivre juste après. Un silence suivit. Lucretia se redressa sur ses coudes, les joues rouges de fureur.
— NON MAIS VOUS POUVEZ M’EXPLIQUER CE QU’EST QUE CE MERDIER ?
— On pensait pas que t’allais revenir si rapidement ! s’exclama Victoire avec un regard des plus désolés.
— Avadys nous a demandé de lui apporter quelques affaires... avoua Narcissa en montrant du doigt la valise sur laquelle elle venait de broncher.
Deux choses l’énervèrent plus que tout. Son sang ne fit qu’un tour.
— PARCE QUE MAINTENANT VOUS RENDEZ SERVICE À CETTE CONNASSE ? ET EN PLUS VOUS METTEZ LA VALISE EN PLEIN MILIEU COMME ÇA CELLE QUI ENTRE N’A PAS D’AUTRES CHOIX QUE DE SE VAUTRER LAMANTABLEMENT ?
Ce qui était drôle avec Lucretia, c’est que, même en colère, sa phrase était grammaticalement correcte. Cette pensée totalement saugrenue dans ce contexte fit pouffer Narcissa.
— PARCE QUE ÇA TE FAIS RIRE BLACK ?
— Désolée.
La blonde se releva avec colère et donna un coup de pied à la malette. Ce qui s’ensuivit ne fut qu’un cri de douleur, puis une avalanche de juron sur ce pauvre objet qui n’avait rien demandé.
— Journée de merde !
Elle sortit en claquant tellement fort la porte que même les vitres des fenêtres tremblèrent. Le silence fut tel que le déglutissement de Narcissa s’entendit à la perfection.
— Tu crois qu’elle est en colère ?
— Non, à peine, ironisa Victoire.
Son passage dans la Salle Commune ressembla à un tsunami niveau 10. Elle gueula sur un première année qui avait eu le malheur de croiser son chemin, récupéra le Vif d’Or des entraînements qu’un des parents sang pur avait acheté pour la maison Serpentard, se cogna le petit orteil contre la table d’étude ce qui emplit la pièce de cris de rage démesurés. Tous les regards étaient fixés sur elle, les uns indignés par tant de boucan et les autres surpris. Elle monta les escaliers presque en courant, n’ayant jamais connu une colère contre le monde entier aussi grande.
Quand elle arriva au terrain de Quidditch, celui-ci était vide- à son plus grand soulagement-. Elle récupéra son balais dans la cabane de matériel, étant donné que c’était la première fois de l’année qu’elle y touchait et l’enfourcha rageusement. Le Vif d’Or fut lâché. Elle fusa l’air à sa recherche, appréciant pleinement de l’air tiède qui balayait ses cheveux en arrière. Voler à grande vitesse calma ses pulsions meurtrières. Elle n’aperçut pas la boule dorée durant un bon quart d’heure, mais cela ne lui empêcha de réaliser des accélérations monumentales, histoire de se défouler pleinement. Quand elle était sur un balais, elle ne pensait plus à rien. Son esprit se vidait entièrement, et la seule chose qui constituait son intelligence était le Vif d’Or. C’était pour cela qu’elle n’arrivait pas à jouer à d’autres postes. Toutes leurs règles la fatiguait. Elle, ce qu’elle voulait, c’était se sentir vivante. Accélérer, décélérer, monter très haut puis descendre en piquet. Ça lui donnait l’adrénaline dont elle avait besoin pour survivre à ses journées.
Elle en oublia même la douleur à son petit orteil.
Au bout d’une demi-heure, alors que le soleil descendait lentement sur les plaines anglaises, de petites ailes dorées attirèrent son œil. Un grand sourire lui barra le visage. Brusquement, elle vola dans sa direction, à une vitesse grand V. Le Vif d’Or la narguait. Plus elle allait vite pour pouvoir l’attraper, et plus il la semait, échappant sans cesse à ses doigts désireux de le toucher. Elle ne s’aperçut pas qu’elle s’approchait dangereusement du sol, ni qu’une personne était sur le terrain, cherchant quelque chose des yeux. Tout ce qui comptait était la boule dorée. Rien d’autres.
Sauf qu’elle ne vit Evan que trop tard.
Leur corps se cognèrent brutalement et le balais virevolta tragiquement dans les airs pour aller se briser au sol. Ils s’écroulèrent tous deux, bras et jambes entremêlés pour finir allongés sur l’herbe. Lucretia se retrouva littéralement sur lui, le souffle court, bien trop surprise pour prononcer un mot. Quand l’information put enfin monter à son cerveau et activer la petite alarme spirituelle, elle entendit le gémissement étouffé d’Evan.
— Tu... m’écrases...
Elle se releva avec précipitation, constatant avec dépit la terre qui avait taché sa chemise d’école.
— Je... je suis vraiment désolée, balbutia-t-elle en lui tenant généreusement la main qu’il accepta avec plaisir.
— Ça va, c’est bon, marmonna-t-il en dépoussiérant dédaigneusement son pantalon.
— Je t’avais pas vu, je...
— Dans le cas contraire, je me serais inquiété, souligna-t-il avec un petit sourire en coin.
Elle devina à sa réponse qu’il ne lui en voulait pas. La chute avait été brutale, et son corps entier lui hurlait qu’il avait mal, mais toute son attention était concentrée sur lui. Même son balais complètement explosé n’eut même pas droit à un seul regard.
— Et je... qu’est-ce que tu faisais là au fait ?
— Ah, eh ben, Lucius m’a nommé responsable du matériel du coup je suis allé voir si tout était à sa place et...
— Depuis quand ça existe les responsables de matériel ?
— Depuis... 1870.
Il avait lâché cette date au hasard mais se rendit compte trop tard qu’être aussi précis avait été absurde.
— 1870 ? répéta-t-elle en relevant un sourcil.
— Ouais, tu sais un des joueurs est désigné responsable du matériel et s’il y a une casse, eh ben... enfin voilà quoi.
À voir sa mine sceptique, il capitula.
— En fait j’étais allé voir si tu allais bien.
— C’est plus crédible, rit-elle.
— En effet, répondit-il, gêné.
— Depuis quand tu t’inquiètes pour moi ?
— Depuis... 1870.
Elle ne s’était pas du tout attendu à cette réponse. Sans le vouloir, elle éclata de rire sous le regard dévoreur du Serpentard.
— Pas mal, j’avoue.
Il lui adressa un sourire charmeur puis reprit un air à peu près sérieux.
— Ça faisait plus d’une heure que t’étais partie toute seule.
— Et alors ? Que veux-tu qu’il m’arrive ?
— Tout et rien, tu sais pas.
— Tu serais venu à ma rescousse.
— Évidemment.
— Quel gentleman.
Il ne se rendit compte que trop tard qu’elle se moquait de lui. Elle secoua la tête et jeta un coup d’œil rapide à son balais.
— Du coup en tant que responsable du matériel, il va falloir que tu t’occupes de lui.
Evan fixa l’objet sans vraiment y prêter attention. Une idée germait dans son esprit. Sauf que généralement, ses idées étaient souvent mauvaises.
— En fait je suis responsable du matériel humain.
Un silence solennel se posa après cette phrase. Lucretia hésita entre le gifler ou lui hurler d’aller se faire voir. Heureusement, elle n’eut pas le temps de faire ni l’un ni l’autre que les lèvres du garçon se posèrent sur les siennes. Surprise, elle écarquilla les yeux, oublia de respirer et le repoussa avec violence.
— Non mais t’es un malade !
— Attends, Lucretia tu...
Mais elle était déjà partie. Il s’assit sur le banc positionné à côté de lui et enfouit son visage dans ses mains en se répétant mentalement qu’il n’était qu’un connard et qu’il méritait cette insulte. Non mais qu’est-ce qu’il lui avait pris ? C’était mort maintenant, elle n’allait plus vouloir lui parler de toute sa vie, voire elle le bannirait de son existence. Il avait tout gâché. Tout.
Du côté de la jeune fille, la bonne humeur n’était pas vraiment à l’œuvre. Elle revint dans la salle commune plus énervée que quand elle était partie, et le première année qu’elle avait traumatisé prit bien soin de courir à l’autre bout pour la laisser passer. Quand elle monta dans le dortoir et qu’elle ouvrit la porte, elle oublia pour la deuxième fois de la journée la valise posée en plein milieu et se mangea une nouvelle fois la moquette de la chambre. C’était la goûte de trop. Narcissa et Victoire étaient dans la Grande Salle pour le dîner, aussi elle profita de leur absence pour commettre l’irréparable. Elle s’empara de la valise, la traîna avec elle jusque dans la cour extérieure avec la ferme intention de faire subir à cette pouffiasse de Rosier la même journée qu’elle avait eut. Quand elle arriva au bord du lac noir, un rictus cruel orna son visage rougie par la rage.
Tout le contenu fut déversé dans l’eau. Les vêtements, le maquillage, les soins de beauté. Ils plongèrent dans le liquide froid telle une cascade d’affaires personnelles. Une fois la tâche terminée, elle réfléchit un court instant. Tant qu’à y faire, autant jeter la valise avec. C’est ce qu'elle fit.
Quand elle arriva dans la Salle Commune, ce fut avec un air tranquille et apaisé. Rien n’aurait pu gâcher cette joie intérieure qui l’animait. En la voyant arriver, Narcissa dut se souvenir de la valise puisqu’elle couvrit sa bouche avec sa main et la fixa avec anxiété.
— Tu... t’es montée dans la chambre ?
Lucretia s’assit à ses côtés et s’empara d’une cuisse de poulet rôti. Elle adorait les cuisses de poulet rôti.
— Oui, répondit-elle calmement. Par contre, inutile d’aller la chercher. Elle n’est plus là bas.
Avadys, située un peu plus loin mais qui avait suivi la conversation, releva la tête, surprise.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Comment elle s’appelait déjà ta crème pour la peau ? Ah oui attends... Circé non ? C’était la marque. On verra si les sirènes apprécieront autant que ta face d’imbécile les effets.
Ce fut l’étincelle qui déclencha la bombe. Avadys se releva de sa place avec la bouche bien ouverte, refusant de croire qu’elle avait fait ça. Pourtant, l’expression victorieuse de la Serpentard ne détrompait pas.
— SALLE CONNASSE ! s’exclama-t-elle avec une voix rendue aigu par l’hystérie.
— Ah oui et j’ai balancé la valise aussi, tant qu’à y faire. Au fond du Lac Noir, c’est difficile d’avoir des armoires pour ranger, elle fera l’affaire je pense. Réjouis-toi, tu viens de faire une action bénévole pour les pauvres sirènes de l’école.
Rabastan cacha son rire par une quinte de toux tandis que Lucius la regardait avec amusement, se demandant toujours de qui elle tirait ce courage pour emmerder autant les autres. Dommage qu’Evan ne soit trop dépité pour dîner, il aurait pu rajouter une qualité dans sa liste interminable de traits de caractère de Lucretia.
Avadys bouillonnait.
— Comment... as-tu... OSÉ !
Son exclamation se répercuta dans toute la Grande Salle. Les élèves se retournèrent pour apprécier le spectacle tandis que les professeurs tentaient de comprendre ce qui se passait. Lucretia, elle, mordait sa cuisse de poulet.
Pas pour longtemps.
Avadys s’empara de la soupe au potiron et la versa entièrement sur elle. Rabastan ne put se retenir et éclata de rire. Narcissa s’écarta brusquement pour ne pas s’en recevoir elle aussi et Victoire poussa un cri de surprise.
— Et cette crème pour le visage, elle te plaît chérie ?
La blonde fixait un point face à elle, parfaitement immobile dans son immense colère. La soupe dégoulinait affreusement entre ses cheveux et sur son visage entier, pour ne pas parler de sa tenue entièrement teinte en orange. Elle se redressa en expirant bruyamment. Sans prévenir, elle prit deux ou trois cuisses de poulet dans ses mains et les jeta sur elle, répandant sur la chemise d’Avadys des tâches de gras immondes. Rabastan se tenait les côtes d’hilarité, Lucius était incapable de réagir et Rosier poussait des petits cris aiguës digne d’un canaris en colère. Dumbledore regardait la scène avec intérêt. On avait jamais vu le directeur aussi intéressé par une bataille qu’en cet instant.
Avadys s’apprêtait à lui renvoyer la douzaine de cuisses envoyées quand McGonagall décida qu’elles avaient gaspillées assez de nourriture. Slughorn portait une expression effrayé, ne voulant pas croire que ses élèves étaient capables d’une telle chose. Surtout quand son propre Préfet en Chef se limitait à ricaner bêtement avec un Lestrange mourant actuellement d’hilarité. La maison Serpentard s’en prenait un gros coup.
— ASSEZ ! hurla le professeur de Métamorphose.
Elle fit disparaître tout ce que les filles avaient dans les mains.
— UNE RETENUE À CHACUNE TOUS LES SOIRS JUSQU’À LA FIN DE L’ANNÉE ! VOUS AIDEREZ LES ELFES DE MAISON À FAIRE À MANGER !
Seul Merlin savait la haine qui existaient entre les deux Serpentard, et pourtant, elle s’indignèrent ensemble de cette punition totalement ridicule.
— Aider des elfes de maison ? s’étrangla Lucretia en repoussant une mèche de cheveux engluée de soupe.
— C’est totalement indigne de nous ! protesta Avadys.
— Parce que vous croyez que ce que vous venez de faire est digne de votre maison ? Allez, sortez immédiatement avant que je ne vous y force. Et vous, Mr Malefoy, rire ne nettoiera pas tout ce chantier !
Ce dernier maugréa puis sortit sa baguette pour effacer les restes de la bataille. Lucretia sortit en trombe de la Salle. Elle n’avait pas vu Avery à table. Bien. Au lieu de se diriger dans les dortoirs pour se changer, elle monta dans la Salle de bain des Préfets. À l’intérieur, tout un tas de parfum étaient répandus dans l’eau. Une odeur agréable de fleur flottait dans l’air, entre les élans d’une humidité tiède. Le jeune homme se retourna, prêt à la remercier d’être venu quand il s’aperçut avec horreur la soupe de potiron qui enduisait son corps tout entier. Lucretia ôta ses chaussures pour les balancer à l’autre bout de la pièce.
— Dans l’eau, lui ordonna-t-elle.
Il ne se fit pas attendre. Son corps musclé et bien formé plongea dans le bain chaud tout en maintenant un regard dévoreur sur la jeune fille. C’était drôle dit comme ça, mais Lucretia avait l’air bien plus appétissante enduite de soupe de potiron.
Cette dernière s’aventura dans l’eau tout en répandant derrière elle des sillons de soupe fraîche. Avery se jeta immédiatement sur elle et écrasa ses lèves sur les siennes. Ses mains ôtèrent maladroitement sa chemise aux boutons glissants, puis son soutien gorge, puis il releva sa jupe et la bloqua contre un bord du grand bain.
Qui aurait cru que cette journée allait se finir ainsi : en train de faire l’amour avec son idiot d’ex dans un bain parfumé à la soupe de potiron.
Sûrement pas elle.
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