Chapitre 2 : Une rentrée mouvementée
- Bon. Eh bien... soyez dignes de la maison Serpentard, faites en sorte de ne pas trop souiller le nom Malefoy et, si possible, faites comprendre aux Gryffondors qu'ils ne sont pas faits pour jouer au Quidditch.
Lucretia faillit pouffer sur la dernière recommandation. Oh, elle n'y manquerait pas, et à la vue du sourire complice de Lucius, lui non plus.
- Avec deux Malefoy sur le terrain, ils comprendront vite, assura celui ci.
Son père réprima un rire machiavélique et se tint droit, fier dans ses habits de grand noble. Sa femme, à ses côtés, observait ses enfants avec une tendresse toujours plus grande, hésitant entre se retenir de pleurer pour ne pas qu'ils la croient lâches ou craquer là, maintenant. Finalement, elle s'essuya les yeux avec son petit mouchoir en soie et força un sourire mélancolique. Avec ses accoutrements d'endeuillée et son filet accroché à son chapeau de la même couleur, on aurait dit qu'elle avait un enterrement de prévu dans la journée. Elle s'était tellement habituée à leur présence durant l'été que les laisser tout seuls devant cette gare, valise en main, lui brisait le cœur. Heureusement qu'elle les revoyait pour les vacances de Noël ou elle ne s'en remettrait pas.
- On doit y aller maintenant, lâcha Lucretia avec un petit rire nerveux, ne supportant plus ce genre de silence malaisant.
Sa mère détourna le visage pour cacher son émotion. Ses enfants eurent le même soupir simultané.
- Mère, c'est bon, personne ne peux nous voir, lui intima doucement Lucius.
En effet, ce n'était pas dans un recoin de la gare moldue qu'on allait la juger sur sa manière de leur dire au revoir. À l'altitude de sa mère, on croirait que Walburga Black allait apparaître tel un monstre aux griffes acérées, prête à lui reprocher d'être trop tendre avec ses enfants. Même Abraxas fermait les yeux la dessus, mettant de côté toutes les manières à respecter en société, une d'entre elles étant de cacher du mieux possible ses émotions. Comme personne n'avait eu l'intelligence de dire qu'ils étaient des humains, pas de stupides statues, tous les parents censés se cachaient comme ils le faisaient pour dire au revoir. Plus ridicule que ça, on ne pouvait pas mieux faire.
- Par Merlin, ce que vous allez me manquer ! craqua-t-elle et les enlaçant tous deux d'une manière étouffante.
Lucretia jeta un regard d'appel à l'aide à son père, mais celui ci l'ignora volontairement. Quand ils purent s'extirper de son câlin désespéré, elle pleurait déjà.
- On t'écrira toutes les semaines, assura sa fille sans grande conviction.
Les yeux de Éléonore Malefoy se noyèrent sous les larmes, et derrière cette armure aquatique, on put voir une alarme s'allumer dans ses iris bleues.
- Tous les jours, intervint Lucius en se raclant la gorge. Elle voulait dire tous les jours.
La femme sembla soulagée. Lucretia leva les yeux au ciel avant de pousser légèrement son chariot d'un air de dire "c'est quand tu veux on y va". Son frère serra une dernière fois sa mère dans ses bras, comme le bon fils qu'il était, subit la tape habituelle de son père sur l'épaule et rejoint sa sœur qui commençait à s'impatienter.
- À ce rythme là, on ferait mieux d'y aller à pied.
- C'est ça oui. Allez, après toi.
Il passèrent le mur en brique rouge de la gare King's Cross et arrivèrent sur un quai beaucoup plus remue ménage que celui moldu. Ils avaient pourtant une demi-heure d'avance ; ils n'imaginaient pas à l'heure de départ. Les chariots circulaient gaiement, les premières années sautillaient comme des canaries surexcités et leur parent les observaient avec ce petit rictus qui semblait dire "tu vas voir quand tes examens arriveront, tu auras moins envie d'être là bas". Chaque année, Lucretia avait l'impression de les voir rapetisser. Ces petits bouts d'homme et de femme paraissaient des nains, alors qu'elle se souvenait avoir été beaucoup plus grande que ça à cet âge là. Une évolution de l'être humain certainement.
- Lucretia ! hurla une voix dans son dos. Lucretiaaaaaaaaaaaaaaa !
Un poids immense l'écrasa quand elle se retourna. Les bras de Victoire faillirent l'étrangler. Pour la deuxième fois de la journée, elle avait été sur le point de mourir d'asphyxie. Avadys fut sa salvatrice. Avec des gros yeux, elle éloigna Victoire de sa meilleure amie et lui prit sa place, mais dans un câlin beaucoup plus digne et délicat, n'omettant bien sûr pas de balayer ses cheveux dans son dos juste avant.
- Les filles, ça fait que deux semaines qu'on s'est pas vu, fit la jeune Malefoy en se séparant d'elle.
Grâce à un coup d'œil discret, elle sut que son frère était parti retrouver Evan un peu plus loin.
- Pas moi, râla Victoire avec sa moue habituelle. Je te rappelle que je n'ai pas la chance de participer à vos petites réceptions privées.
Les Ills étaient certes des sang pur, mais pas suffisamment pour être acceptés dans leur communauté, ce qui les laissait souvent dans la marge. Les filles avaient donc moins l'occasion de la voir, mais elles compensaient cela avec des petites soirées entre amies.
- Narcissa n'est pas là ?
- Si, mais quand elle a pu s'échapper des griffes de sa mère, c'est dans celles de sa sœur qu'elle est tombée, se moqua Avadys.
- Sa sœur ? Qu'est ce qu'Andromeda fait là ?
- Non, pas Andromeda. L'autre folle.
Lucretia se retourna et vit alors sa deuxième meilleure amie subir un recoiffage exprès sous les mains appliquées de sa grande sœur. Les frères Lestrange observaient la scène avec un sourire complice. Bellatrix était sûrement venue ici dans le but d'accompagner son beau frère jusqu'à la gare, et malheureusement, sa petite sœur s'était trouvée sur son chemin. Cette dernière grimaçait toutes les dix secondes sous une mèche de cheveux tirée trop vivement.
- La pauvre. Ça aurait été moi, je l'aurais envoyé se faire voir depuis longtemps, surtout si c'est pour me tirer les cheveux.
- Oui mais c'est Narcissa.
Avec cette phrase, elle avait tout dit. Narcissa était une vraie pâte. Elle faisait tout ce qu'on lui ordonnait sans broncher, toujours avec se sourire tendre et bienveillant. Elle était un vrai ange, mais elle rappelait à ceux qui la provoquaient qu'elle était une Black et que s'ils tenaient à leur vie, mieux valait ne pas la prendre pour une idiote. Sous ses yeux innocents se cachait un fort caractère qu'elle partageait avec ses sœurs. Mais Narcissa avait quelque chose que ces dernières n'avaient pas : la capacité de remettre les gens à leur place de la manière la plus gentille possible. Avec une voix aussi douce que la sienne, tout était possible.
- Bon, fit Lucretia en se tournant vers ses amies. J'ai quelque chose à vous dire, je ne pense pas que quelqu'un puisse nous entendre dans ce bordel ambiant.
Les filles tendirent l'oreille, curieuses d'écouter ce qu'elle avait à dire.
- Hier après midi, j'ai trouvé dans le bureau de mon...
- Lucretia Éléonore Malefoy ! la coupa une voix dans son dos mille fois reconnaissable.
L'interpellée poussa un juron dans sa barbe et se retourna, arborant un joli sourire hypocrite sur les lèvres.
- Evan Armand Rosier, répondit-elle agacée avec une voix suave.
Son frère était à ses côtés, un air faussement tranquille planté sur son visage. D'un mouvement contrôlé et délicat, Evan s'empara de sa main et la baisa, tout en maintenant son regard dans le sien. Lucretia plissa ses yeux, suspicieuse.
- Pourquoi il est pas chiant comme d'habitude ? Et pourquoi cette attention si... particulière ?
Un grand sourire fit ressortir ses fossettes. Il se redressa, faisant dégager dans cette posture toute la puissance et le charme naturel des Rosier. Ses yeux bleus la fixèrent attentivement, s'attardant sur chaque détail de sa tenue. Lucretia tenta de lire dans son regard une intention, une opinion sur la dentelle de sa robe ou le petit nœud noir qui ornait son coup, mais elle s'y heurta comme devant un mur de pierre. Non pas que son expression était froide ou impassible, mais il arrivait à dissimuler à la perfection ses émotions.
Avadys, sa soeur, qui trouvait cette altitude tout aussi singulière, se posta derrière lui et posa ses mains sur sa tête tout en tonnant d'une voix particulièrement grave :
- Que se cache-t-il dans cette petite tête de con, mmm ?
- Arrête ça, maugréa-t-il en la poussant sur le côté à présent de mauvaise humeur.
Avadys éclata de rire et se rangea aux côtés de sa meilleure amie. Lucius leva les yeux au ciel, comme chaque fois que la Serpentard faisait quelque chose d'absurde. Les deux passaient leur temps à se chamailler. Un coup c'était pour prendre le fauteuil le plus proche du feu, Lucius affirmant qu'il était son aîné et Avadys qu'elle était une fille ( piètre excuse, il faut le reconnaître), un autre coup pour être à côté de Lucretia durant les repas, Lucius affirmant qu'il était son frère et qu'il se devait de surveiller son alimentation (autre piètre excuse) et Avadys qu'elle était sa meilleure amie, tout simplement. En réalité, toutes les occasions étaient bonnes. Quand un des deux faisait quelque chose, il fallait systématiquement que l'autre le fasse aussi, dans le seul but de l'emmerder. On se demandait parfois qui était l'aîné des deux, tellement ils étaient gamins.
- Je suis là ! s'exclama une voix douce comme de l'eau de rivière.
Narcissa émergea de la petite foule qui commençait à se former sur le quai pour s'intégrer au groupe. Ses longs cheveux blonds avaient été attachés en une queue de cheval haute, ce qui lui dégageait le visage et lui donnait plus de fraîcheur. Ses longs cils papillonèrent gaiement au dessus d'un sourire éternel. Le regard de Lucius s'attarda un peu trop longtemps sur elle, si bien que sa sœur le fusilla avec ses yeux gris perçants. Quand il s'en rendit compte, il lui tira discrètement la langue. Qu'avait-elle dit, un vrai gamin.
Rabastan s'ajouta après elle. En l'apercevant, Victoire s'exclama :
- Mon Rabastinouuuuu !
Il laissa échapper un juron et dut subir l'étreinte étouffante de la jeune fille. Depuis qu'elle avait trouvé ce surnom, il n'y avait qu'elle qui avait droit de l'utiliser. Elle l'enququinait toujours. À vrai dire, Rabastan était une cible facile. Il était le plus introverti, suivait Evan et Lucius par pur ennuie et parce qu'il n'aimait pas être avec d'autres personnes qu'eux. Un temps, il avait traîné avec Dolohov et Travers, mais uniquement parce qu'ils avaient été dans la même classe. Car si Lucius et Evan étaient tous deux des grands frères d'un an les aînés, Rabastan avait carrément deux ans de différence avec les filles. Il avait du répéter sa cinquième année après un échec total aux BUSES, à cause d'une seule matière à laquelle il s'était totalement désintéressé et qu'il pensait inutile : la botanique. Malheureusement, Mme Chourave n'avait pas trop apprécié et avait fait en sorte de le lui faire regretter. À présent, dès qu'il la voyait, il crachait par terre ou l'assassinait du regard. La rancune des Lestrange mise en image.
- Evan, où sont nos valises ? demanda Avadys en voyant des élèves entrer dans les wagons.
- Avec celles de Lucius et Lucretia, répondit celui ci. Je pense qu'on devrait les récupérer.
Les autres les avaient déjà rangés à l'intérieur. Ils les suivirent donc et arrivèrent autour des malettes. Au moment où Lucretia faillit faire remarquer qu'il y avait une cage ouverte posée là, Avadys étouffa un hurlement.
- Mon CHAT !
Tout le monde fit un bond d'écart, se demandant ce qu'un chat faisait dans leur discussion. Seul Evan se pinça l'arrête du nez, visiblement exaspéré.
- Je t'avais dit qu'il fallait mieux le laisser au Manoir.
- Pour que Père le tue malencontreusement ? Non merci. J'ai bien vu que si je le laissais là bas, il allait faire en sorte de s'en débarrasser.
Narcissa était devenue aussi blanche qu'une neige d'hiver. Lucretia s'énerva pour elle.
- Non mais tu déconnes là ? Je te rappelles que Cissy est allergique aux poils de chat !
- Oui ben si je l'ai récupéré dehors c'est pas pour qu'il meurt chez moi !
- Avadys a trouvé un jeune chat dans le jardin, expliqua Evan, et elle n'a rien trouvé de mieux que l'adopter. Sauf que ce chat est un sauvage.
- Il n'est pas un sauvage, il a juste voulu se faire ses griffes sur le canapé, le défendit-elle.
- Un canapé ancestral vieux de plusieurs siècles et qui porte les armoiries Rosier dessus !
- Il a choisi le mauvais, c'est tout !
- Bon, c'est bon, intervint Lucius avant que les deux ne s'entretuent pour un stupide animal. On va le retrouver. Comment il s'appelle ?
- Gros con, en ton honneur.
Le sourire victorieux qu'elle lui adressa après avoir sorti sa blague se reçut un doigt en retour.
- Il s'appelle Chat, répondit Evan d'un air blasé.
Victoire s'étrangla avec sa propre salive. Rabastan pouffa, et Lucretia croisa ses bras sur sa poitrine, visiblement mécontente.
- La question était sérieuse, on attend une réponse sérieuse.
- Mais c'est sérieux ! s'exclama-t-il en levant les mains. Je te jure, c'est elle qui l'a baptisé comme ça !
La jeune Malefoy se tourna vers sa meilleure amie qui cherchait déjà du regard son animal entre tous les sorciers présents. Cette dernière se retourna et souffla bruyamment.
- J'avais pas d'idées ok ?
- T'aurais mieux fait de l'appeler Gros con, ça aurait été plus original, se moqua Lucius.
- Si tu me cherches, je le rebaptise.
- Chiche.
- Non merci, intervint Lucretia qui savait qu'elle en était capable, j'ai pas envie de me balader dans les couloirs de Poudlard le soir en gueulant "Gros con" toutes les cinq secondes.
- Tu n'auras pas à le faire s'il se jete sous les rails du train, remarqua innocemment Victoire.
- Un accident est si vite arrivé, termina Evan avec un sourire complice.
- Vos gueules, si un de vous lui fait quoique ce soit, je le tue de mes propres mains.
Ils se mirent donc à la recherche de Chat, se séparant pour mieux le trouver. Narcissa s'assit sur une des valises et sortit un livre de son sac de voyage qu'elle commença gaiement. Lucius passa une fois devant elle sans lui prêter beaucoup attention. La deuxième fois, il jeta un simple coup d'œil sur la jeune fille mais continua sa recherche de mauvaise humeur. La troisième fois, il s'arrêta devant elle et la fixa avec insistance. Narcissa releva la tête, surprise.
- Oui ?
- Tu peux vraiment pas nous aider ?
- Disons que si je le vois, je ne pourrai pas m'en approcher. Et j'ai une voix qui ne s'entend pas trop au milieu d'une foule.
- Et tu peux vraiment pas le maintenir en attendant qu'on arrive ?
- Si, mais dans ce cas là, j'ai 90 % de chances de mourir d'asphyxie parce que ma gorge a gonflé et que je ne peux plus respirer.
Il ouvrit la bouche par surprise mais la referma aussitôt après. Il imagina la scène dans sa tête et fut parcouru d'un long frisson. L'idée de la voir mourir sous ses yeux lui était insupportable. En repartant, il se surprit de cette réaction. Il ne connaissait pas plus Narcissa qu'il ne connaissait ses cousins éloignés. En quoi son sort l'intéressait-t-il ? Enfin si il l'intéressait puisqu'elle était la meilleure amie de sa sœur et que voir une personne mourir devant ses yeux pouvait certainement être déstabilisant, mais pourquoi ce frisson ? Et pourquoi était-elle si belle ? Il s'asséna une gifle mentale quand cette pensée lui traversa l'esprit. Il avait mal dormi, ce devait être ça.
Son cœur loupa un bond quand il sentit une main douce s'enrouler autour de son poignée. Narcissa l'avait rejoint en courant. De sa course, deux auréoles roses étaient nées sur ses joues, lui donnant l'aspect d'une poupée de cire.
- Victoire l'a trouvé, lui annonça-t-elle.
- Ah, je... oui. Ok.
Il la suivit donc vers l'endroit où étaient posés leurs affaires et vit Evan se battre contre l'animal pour le fourrer dans la cage. Il s'était déjà reçu trois coups de griffes sur le visage, mais ce n'était rien comparé à Victoire. Cette dernière avait les cheveux en bataille, les mains taillées et les manches de son chemisier striées.
- Moi j'ai une proposition de nom pour ton chat, déclara-t-elle en tapant du pied.
Avadys releva la tête, curieuse.
- Satan ! s'exclama-t-elle.
- Non merci, j'ai déjà reçu cette proposition et elle ne me plaît pas.
- On va rester sur Gros con, rigola Rabastan pour qui tout cela l'amusait plus qu'autre chose.
Evan parvint tant bien que mal à l'enfermer dedans, s'assurant cette fois ci que la cage était bien fermée. Toutes les valises furent mises dans le train, mais un détail fit tiquer Lucretia. En plein milieu du couloir, alors que la plupart des Serpentards s'étaient installés dans leur compartiment, la jeune fille se tourna vers Narcissa et Victoire, les sourcils froncés.
- Vous pouvez nous dire où vous avez mis vos affaires ?
- Oh, elles sont dans le couloir, assura innocemment la cadette Black.
- Quoi ? s'étrangla Avadys. Mais pourquoi vous les avez pas mis dans un compartiment ?
- On voulait le choisir en commun, la défendit Victoire.
Lucretia se retint de dire qu'elles étaient idiotes. À cette heure-ci, il ne restait certainement aucune place libre. Chez les Serpentards, il y avait toujours un groupe qui se tassait dans leur compartiment par excès d'élèves. Les sang pur étaient d'avis de jeter les sang mêlés dehors, mais malheureusement, même dans un train il y avait un règlement.
Comme pour montrer qu'elle n'avait pas dit ça pour rire, Narcissa récupéra quelques mètres plus loin sa valise avec celle de Victoire et revint avec un air coupable. Un silence se posa, le genre de silence utile pour réfléchir à une solution le plus vite possible.
- On a qu'à rester dans le couloir, finit par proposer Lucretia en haussant les épaules.
- Mais oui c'est ça, comme des gueuses, râla Avadys. Non merci. Moi je vais aller rejoindre mon frère. Si vous voulez rester dans le couloir, bien vous fasse.
Comme pour accompagner ses paroles, elle bouscula un première année traumatisé par ses jurons et s'engouffra dans le compartiment des garçons. Un cri de protestation s'éleva, puis un autre, et enfin, la cage du chat vola en l'air pour se cogner contre la fenêtre du couloir. Un miaulement rauque s'en dégagea.
Avadys sortit du compartiment avec tous les gros mots possibles. Fort heureusement, la valise n'avait pas suivi le chat, ce qui voulait dire qu'elle avait pu s'installer dedans ; mais sans l'animal visiblement.
- Bon ben moi aussi j'y vais, je causerai avec Rabastinou pour m'occuper, déclara Victoire en s'en allant elle aussi vers le compartiment.
Narcissa la suivit, rassurée que le chat n'ait pas sa place avec eux et Lucretia aida Avadys à trouver une solution. Elles se mirent d'accord pour le filer à quelqu'un d'autre, juste pour le voyage et ouvrirent de force un compartiment. À l'intérieur, cinq paires d'yeux les dévisagèrent, tous des cinquième année.
- Vous pouvez nous garder mon chat ? Une amie à moi est allergique.
Les trois filles du groupe hochèrent activement la tête, sans penser que c'était un monstre qu'elles s'apprêtaient à accueillir. Avadys leur passa la cage, alla pour refermer la porte quand un des garçons demanda :
- Il s'appelle comment ?
- Gros c...
- Chat, la coupa Lucretia. Il s'appelle Chat.
Avant qu'il n'ait pu poser une autre question, elles firent coulisser la porte et se dirigèrent vers le compartiment de leur frère, Lucretia traînant son énorme valise derrière elle. En entrant, c'était déjà le chaos. Victoire se battait pour une place à côté de Rabastan, Lucius se tenait debout en attendant le pouvoir choisir qui serait son voisin tranquillement et Narcissa avait ouvert son bagage en grand pour vérifier si elle n'avait rien oublié.
- J'ai l'impression qu'il me manque quelque chose, murmura-t-elle pour elle-même.
- EVAN, ÇA FAIT SIX ANS QUE TU TE METS À CÔTÉ DE RABASTAN, ALORS LAISSE-MOI LA PLACE.
- ET ÇA VA FAIRE SEPT ANS CETTE ANNÉE ILLS, ALORS DÉGAGE IMMÉDIATEMENT.
Avadys soupira et s'assit à côté de Lestrange sous les yeux médusés de son frère et de sa meilleure amie. Elle haussa les épaules.
- Comme ça le problème est réglé.
- Mon écharpe ! s'exclama brusquement Narcissa. J'ai oublié mon écharpe !
- Je te prêterai la mienne si tu veux, j'en ai deux, proposa gentiment Lucius.
Toutes les discussions - ou plutôt disputes - en cours s'éteignirent. Le jeune Malefoy se sentit attaqué par des regards incrédules de tous les côtés.
- C'est quoi votre problème ?
Narcissa avait rougi jusqu'à la naissance des yeux, mais elle le cacha sous un mouvement de tête détourné. Lucretia releva un sourcil mais ne s'attarda pas plus longtemps sur l'incident.
- Dis, t'es pas préfet en chef toi ? demanda-t-elle en se bataillant pour soulever sa valise.
- Si, mais je me suis arrangé pour rester avec Evan et Rabastan. Et j'ai la vive impression que je vais le regretter.
Lucretia grogna sous le poids de la malette. Son frère, positionné juste à côté, ne fit rien pour l'aider. Super. Donc il proposait une écharpe à Narcissa, chose dont on en avait rien à foutre actuellement sous les 35° de début septembre, mais pour aider sa sœur à soulever sa valise, il ne bougeait pas son petit doigt. À la place, il faisait les gros yeux à Evan, alors avachi sur un siège. Ce dernier, après un court moment de réflexion, sauta sur ses pieds et lui prit sa valise des mains avec un joli clin d'œil. Il la souleva et la rangea au dessus, avec les autres.
- Heu... merci.
- Ce fut un plaisir.
Lucretia le regarda bizarrement puis se tourna vers les autres. Lucius plaçait lui aussi la valise de Narcissa sur les étagères, chose qui la vexa profondément puisqu'il l'avait volontairement ignoré, elle, sa propre petite sœur. Avant qu'elle n'ait pu choisir sa place, tout le monde s'était déjà installé, et il ne restait aucun vide. Elle ne pouvait même pas occuper le part terre puisque tous les sacs de voyage y étaient entassés.
- Super, passer cinq heures debout n'avait pas fait partie de mes plans, mais bon, visiblement, je n'ai pas le...
- Tu peux t'asseoir sur mes genoux si tu veux, proposa précipitamment Evan.
Si deux minutes auparavant elle l'avait regardé bizarrement, ce ne fut rien par rapport à maintenant. Elle cligna plusieurs fois des yeux, pensant qu'ils s'agissait forcément d'une blague. Mais à la vue de l'expression sérieuse du jeune homme, ce n'en était pas une.
- Je préfère autant m'asseoir sur les jambes de mon frère, merci, finit-elle par dire.
- Enfin Lucretia, s'exclama celui ci sur un ton un peu trop forcé. On ne refuse pas une telle invitation !
Elle les regarda alternativement, sentant le coup monté à trois kilomètres.
- Vous avez quoi tous les deux depuis le début ?
Les deux arborèrent une expression d'innocence pure, signe qu'effectivement, il s'agissait d'un coup monté. Malgré tout, Lucretia était d'humeur à se prêter au jeu. Elle voyait bien qu'Evan cherchait quelque chose, il se comportait bien, ne s'était pas moqué une seule fois depuis le début contrairement à d'habitude. Enfin, peut être était-elle un peu dure avec lui... en réalité, il n'avait jamais été bien méchant avec elle, mais les garçons restant des garçons, ils ne devenaient matures que trop tard.
Alors elle poussa un profond soupir et s'approcha d'Evan, un peu gênée. Avadys la fixa comme si elle venait de la planète Mars, Narcissa avec un petit sourire en coin et Lucius détournait volontairement la tête pour cacher son amusement. Evan lui adressa un de ses regards charmeurs qu'il utilisait si bien et la laissa s'asseoir sur lui.
Elle devait avouer que ce n'était pas si inconfortable. Certes gênant, mais pas inconfortable. Mais trop gênant quand il posa ses mains sur ses hanches.
- Tu fous quoi là ?
- Il faut bien que je pose mes mains quelque part !
- Tu fais chier, grommela-t-elle.
- Merci.
- Je t'en prie.
Mais alors qu'elle avait prévu de limiter le moindre contact avec lui, le sommeil eut raison d'elle et son corps se pencha au fur et à mesure en arrière sans s'en rendre compte. Au final, elle s'endormit complètement affalée sur lui, la tête posée sur son épaule. Son souffle lui chatouillait la nuque, mais il s'appliqua à ne pas faire un seul faux geste pour ne pas la réveiller. Son cœur se remplit de joie.
Eh bien voilà, ce n'était pas si difficile de l'attirer dans ses bras.
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