Chapitre 18 : Le Bal du Nouvel An (Partie 1)

Le Manoir Malefoy était en effervescence cette après-midi là. Lucretia et Lucius étaient revenus de leur séjour en Irlande, et depuis, les occupations se résumaient aux choix des tenues et à l’organisation de la soirée. Le point le plus important fut de savoir où consacrer le lieu de réunion du Seigneur des Ténèbres. Lucretia y prêta une oreille attentive ; leur plan ne tiendrait pas sans cette information.

Sa mère et elle avaient eu de nombreux débats sur le choix de sa robe. Alors qu’Éléonore Malefoy voulait une tenue volumineuse et chargée de pierre précieuses, afin de montrer à tous la richesse des Malefoy, Lucretia désirait une plus agréable à porter. C’était mieux quand on avait prévu de jouer les aventuriers. Ainsi, afin de mettre fin aux querelles, son père fit venir un couturier français qui lui présenta des tenues à la fois légères, délicates et étincelantes. La couleur principale était bien sûr le vert, un vert semblable au col en velours de Lucius. Comme coiffure, un serpent argenté s’enroulait dans son chignon et glissait jusqu’à la pointe de son œil, où plusieurs couches de maquillage l’attendait. Le contour de ses yeux fut saupoudré de vert, afin de créer comme un masque fin, à même la peau. Lucius eut droit au même ornement. Ses parents, eux, se contentaient de refléter le symbole de leur maison dans les petits détails de leur tenue. En se tenant aux côté de son frère, avec les mêmes couleurs et le même animal ressortant d’eux, Lucretia se sentit fière. Orgueilleuse de sa famille et de ses membres. Rien n’aurait pu la rendre si heureuse.

Tout était prêt quand arrivèrent les premiers invités. Comme prévus, les Rosiers se présentèrent selon leur symbole : Avadys portait une robe faite entièrement de roses rouges, et Evan en portait au col, ainsi qu’aux manches et une épinglée sur son torse droit. Quand les Lestrange entrèrent, Bellatrix montra ses merveilleuses plumes de jais pendues à ses bras. Sa folle chevelure au dessus de sa tête allait parfaitement bien avec le reste. Les garçons, eux, s’étaient contentés d’épaulettes ailées et d’un maquillage autour des yeux forcé sur le noir. On aurait dit qu’ils venaient d’être ressuscités.

Victoire se présenta toute habillée de bleu, avec un coquillage dans les cheveux. D’autres familles se joignirent à eux, ayant respecté le thème imposé. Il n’en restait qu’une. Les Black.

Et visiblement, ils n’avaient pas pris les conditions à la légère.

Leur but était d’intimider, et ils avaient réussi. Pas une seule touche de couleur dans leurs tenues. La preuve la plus flagrante fut Narcissa. Ses longs cheveux blonds tombaient en cascades dans son dos, ondulés ; mais plusieurs mèches à ma racine étaient devenues noires. Ramenées en arrière, cela donnait l’impression d’une couronne obscure fondue en elle. Sa robe mettait en valeurs les formes de son corps, volumineuse mais fluide. Ses lèvres avaient également pris la couleur des Ténèbres. Elle semblait avoir grandi de plusieurs années.

Lucius en fut estomaqué. Il s’approcha et lui baisa la main, ne réussissant pas à détacher ses yeux d’elle.

— Je vois que je suis la seule à avoir pensé à notre objectif, maugréa Lucretia.

— Ma mère ne m’a pas donné le choix, se justifia Narcissa.

— Et moi, des robes avec des roses, il n’y en avait pas beaucoup.

— Peu importe.

— Mais tu restes la plus belle de la soirée, lui chuchota Evan à l’oreille.

Elle secoua la tête pour chasser ses rougeurs. Un plateau flottait par là, et elle s’empara d’une flûte. Le champagne était devenu sa boisson favorite.

— Victoire, j’espère que tu as la pierre.

La jeune fille hocha la tête, puis désigna discrètement la cachette du trésor. L’arme des femmes. Entre sa poitrine. Lucius se racla la gorge pour donner les renseignements.

— Le Seigneur des Ténèbres n’arrivera qu’à vingt-trois heures. On a donc le temps avant de...

— On dirait une secte, vous voulez pas me faire une petite place ?

Bellatrix s’attira tous les mauvais regards en s’immisçant dans leur cercle. Cette fille ne savait donc pas ce qu’était la gêne, c’était incroyable.

— De quoi vous parliez ? demanda-t-elle innocemment en trempant les lèvres dans son verre.

— Des minutes qu’il te reste à vivre si tu ne trouves pas quelqu’un d’autre à qui gâcher la soirée, renchérit Lucretia avec un mauvais sourire aux lèvres.

Bellatrix éclata d’un rire faux.

— J’adore ton humour, vraiment.

— Qui a dit que c’était de l’humour ?

— Bella, s’il te plaît, laisse-nous, ordonna gentiment Narcissa.

Un instant, Lucretia crut que la brune allait répliquer, mais tout ce qu’elle fit fut passer en revue sa sœur, puis s’attarder sur sa coiffure.

— Tu devrais garder les mèches, commenta-t-elle. Ça te va bien.

Narcissa rougit.

— Merci.

Puis l’aînée se tourna de nouveau vers eux tous, l’index menaçant.

— Vous devriez rester à votre place, ce soir. Ne pas vagabonder je ne sais ou, et surtout, faire ce que l’on vous demande de faire. Je sais que ce concept t’échappe un peu, Lucretia, mais juste pour ce soir... fais l’effort.

— Où veux-tu en venir ? questionna celle-ci.

— Tu verras bien.

Puis elle repartit. Un court silence passa, avant que Rabastan ne le brise.

— Vous croyez qu’elle sait ?

— On est dans la merde dans ce cas, murmura Narcissa. Elle sert déjà le Seigneur des Ténèbres.

— Quoi ? Déjà ? s’étonna Lucretia.

— C’était ce à quoi elle aspirait le plus. Bien sûr, mon père l’y a encouragé, et Rodolphus aussi.

Bellatrix était une des seules femmes à s’aventurer là dedans. Lucretia n’était pas contre les idées de Lord Voldemort, bien au contraire. Elle plus que quiconque voulait voir les sang purs reprendre enfin leurs droits divins, comme le disait son père petite. Mais pour ce qui était de ses batailles, de faire couler du sang pour gagner ces droits et blablabla, elle laissait cela aux autres. Pour elle, il y avait des manières plus pacifiques, et surtout plus intelligentes de reprendre ce qui leur revenaient. La ruse n’était-elle pas une des qualités des Serpentards ?

— Alors noyons ses doutes. En attendant vingt-trois heures, profitons de la soirée.

C’est ce qu’ils firent.

La musique était jouée par un petit orchestre dans un coin de la pièce, et la piste de danse avait été dégagée. Evan invita Lucretia à danser. Elle prit plaisir à la première, la deuxième, puis, la troisième devint longue, et la quatrième infernale. Elle n’osait pas couper Evan dans son élan de bonheur. Il avait l’air tellement heureux. Danser réveillait en lui les plus belles pensées, et Lucretia ne voulait en rien le priver de ce plaisir.

Mais à la sixième, elle décida de mettre fin à sa souffrance.

— Je suis désolée, j’aime beaucoup Tchaicovsky, mais là mes pieds demandent la paix.

Elle ne s’était pas attendue à le voir sourire.

— Je me demandais quand est-ce que tu allais dire ça.

— Tu es sérieux ?

— Mes pieds me font mal à moi aussi, mais je voulais savoir combien de temps tu tiendrais.

Elle le frappa sur le torse et il se mit à rire. Conclusion : si elle n’avait pas eu le courage d’arrêter, elle aurait pu se farcir vingt danses. Une belle morale à retenir.

Lucius avait la tête reposée sur les cuisses de Narcissa, qui s’appliquait alors à lui caresser les cheveux. Avachi sur le canapé, Lucretia s’étonna de ne pas avoir vu son père débarquer pour le sermonner. Ses yeux se fermaient petit à petit ; il n’avait jamais été aussi détendu. On lui aurait demandé de quelle couleur était le ciel, il aurait certainement répondu "rose". Le reste était positionné autour, avec un ennui remarquable peint sur chacune de leur tête.

Elle regarda l’horloge. Une demi-heure avant l’arrivée du Mage Noir.

— Je monte à l’étage, dans ma chambre. Vous me suivez petit à petit.

Sa main trouva celle d’Evan et ils montèrent les grands escaliers de marbre ensemble. Une fois dans la chambre, il ne sut se retenir.

— Laisse-moi t’embrasser une dernière fois avant l’arrivée des autres, chuchota-t-il en posant ses mains sur ses hanches.

Lucretia aimait Evan. Sincèrement. Passionnément. Mais s’il y avait un défaut qui méritait d’être cité, c’était bien celui ci : il était très, très, mais très envahissant. Après deux baiser rapides, elle le repoussa.

— Moi aussi je t’aime, lâcha-t-elle rapidement.

Son esprit s’était déjà tourné vers la pierre. Pour elle, le temps de la frivolité était terminé. Ils avaient passé six mois à attendre ce moment, ce n’était pas pour tout gâcher.

Petit à petit, les autres firent leur apparition, s’engouffrant dans la chambre. Avadys fut la dernière. Étonnament, elle avait pâle figure. Evan le remarqua mais se pinça les lèvres pour se garder de questions insistantes. Elle avait l’air d’être assez sur les nerfs comme ça.

— Victoire, la pierre.

La jeune fille la sortit de sous son corset, non sans difficultés. Rabastan siffla d’admiration.

— Tu arrives à mettre ça là dedans ?

Il s’avança pour regarder mais Victoire le repoussa avec une mine scandalisée.

— Non mais je rêve ! Dégage !

— C’est pas comme si je t’avais jamais vue nue.

— En soutien-gorge, rectifia-t-elle, alors maîtrise tes ardeurs.

— Vous pouvez vous concentrer ne serait-ce que quelques secondes ? s’irrita Lucretia. Il reste cinq minutes avant son arrivée. Toute sa réunion sera concentrée dans le petit salon. J’espère que vous savez tous où est le petit salon.

Ils hochèrent la tête. C’était déjà ça.

— Par contre, j’ai besoin d’une petite acclaration, fit Avadys. Pourquoi on est tous là à élaborer un plan aussi simple quand la seule concernée est Victoire ?

— Parce que ça fait de nous des membres d’un groupe dangereux et terroristes prêts à tout pour obtenir ce qu’ils veulent, déclara Rabastan en envoyant les poings en l’air, comme pour mimer un combat sanglant.

Avadys haussa les sourcils. Il était vraiment cinglé.

— Parce qu’on est là pour servir d’appui au cas où les choses se passeraient mal, soupira Lucretia.

— Et j’ai comme l’impression que rien ne va se dérouler comme prévu, dit Narcissa avec un brin de sarcasme dans la voix.

— Pourquoi tu dis ça ? demanda Lucretia. 

— Parce que c’est toujours comme ça dans les livres.

— Mais au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, on est pas dans un livre, renchérit Rabastan.

— Ce qui est pire encore.

— Bon, les coupa Lucius. Victoire, si tu as besoin d’aide, envoie nous un signal.

La jeune fille hocha la tête, l’angoisse formant une boule dans son estomac. Ses doigts étaient crispés à la pierre comme si elle avait peur que quelqu'un la lui vole.

— Ça va aller, la rassura Lucretia. On est là si besoin.

Victoire dut se résoudre à partir. Elle traversa les couloirs en silence, des scénarios improbables cognant déjà son esprit. Tout allait bien se passer. Elle allait gentiment toquer à la porte, remettre la pierre au Seigneur des Ténèbres, et celui-ci allait la récompenser en élevant les Ills dans la hiérarchie sang pur. Son père avait tellement travaillé pour obtenir cet honneur. Grâce à elle, tous les privilèges leur reviendraient, et il pourrait se reposer. Oui, c’était merveilleux. Elle allait réussir. Elle en était capable.

Le petit salon n’était heureusement pas très loin. Son cœur bourrait sa poitrine de coups, mais Victoire se concentra sur ce qu’elle avait à faire. Frapper à la porte, attendre qu’on l’invite, remettre la pierre. Son poing se leva pour réaliser la première action. Quelques millimètres séparaient ses doigts du bois ; deux secondes de plus lui aurait permis de se faire entendre.

Mais ce ne fut pas le cas.

Un jet électrique la projeta à l’autre bout du couloirs. Sa poitrine se referma, et son cri fut étouffé. Elle avait cogné le mur et gisait à présent au sol, comme une vulgaire poupée de chiffon. Que s’était-il passé ?

— Bien. Maintenant, tu vas me faire le plaisir de me donner cette pierre.

Sa vue se réajusta avec peine. Lentement, elle releva la tête et reconnut Rodolphus Lestrange. Ce crétin.

— Jamais, cracha-t-elle.

— Victoire. Obéit.

Cette voix était toute autre. Son coeur s’arrêta. Rabastan apparut derrière son frère, un regard qui lui hurlait de faire ce qu’il demandait.

— Sale traître !

— Allons, ne t’en prends pas à lui, fit Rodolphus. Il ne fait que servir sa famille. C’est ce que doit faire tout sang-pur, n’est-ce pas ?

Il avait bien caché son jeu. Parfaitement même. Victoire le haïssait. Elle ne savait pas comment il avait pu se soustraire du groupe sans attirer les questions, mais ce qui était sûr, c’était qu’il avait dévoilé tout leur plan à son frère. Voire à d’autres. Alors qu’il savait que c’était elle qui devait remettre cette pierre au Seigneur des Ténèbres. Elle qui en avait réellement besoin.

Sa baguette gisait malheureusement à l’autre bout du couloirs. Elle avait du glisser de sa robe lors de la projection. Le piège s’était refermé sur elle.

— Maintenant, remets-moi cette pierre, ordonna d’une voix froide Rodolphus.

— Pourquoi faire ? Que voulez-vous faire avec elle ?

— Quelle question, rit-il. Pour la remettre au Maître, bien entendu.

— Laissez-moi le faire.

— Non, je crois que tu n’as pas compris quelque chose. Le Seigneur des Ténèbres se fiche bien de savoir qui va la lui donner. Tout ce qu’il veut, c’est la pierre. Et il est hors de question qu’une petite adolescente imbécile se poste devant lui en lui présentant un trésor aussi important.

— Le... le Seigneur des Ténèbres sait que la pierre est ici ?

— Bien sûr qu’il le sait. Le crois-tu idiot ? Maintenant, donne la moi. C’est la dernière fois que je te le demande.

— Et toi éloigne-toi d’elle, ou c’est la dernière fois que tu pourras admirer les murs de mon Manoir.

Les deux frères firent volte-face. Lucretia se tenait devant eux, la baguette pointée dans leur direction. Dans l’autre main, elle tenait celle de Victoire. Cette dernière soupira de soulagement. La fuite de Rabastan n’était donc pas passée inaperçue.

— Pourquoi vous acharner à la garder avec vous ? demanda Rodolphus. Nous voulons la même chose, non ? La remettre au Seigneur des Ténèbres.

— La ferme. Laisse-la partir.

— C’est mal me connaître.

La bataille commença. Des bruits électriques s’élevèrent entre les tapisseries grises du couloirs, alors que le serpent et le corbeau combattaient férocement. Malgré son plus jeune âge, Lucretia maîtrisait l’art du duel. Elle rejetait les sorts avec une puissance étonnante, les renvoyant à son destinataire avec plus de force.

— Rabastan ! Aide moi ! hurla Rodolphus.

Le jeune homme hésita. D’un côté, il y avait Victoire qui peinait à se relever, surtout après une telle chute, de l’autre, son frère qui régissait ses choix depuis l’enfance. Quand cesserait-il de lui obéir ? Il se faisait passer pour un traître aux yeux de ses amis, alors qu’au fond, c’était la dernière chose qu’il désirait. De plus, Rodolphus mentait. Bien sûr que le Seigneur des Ténèbres récompenserait celui qui lui offrirait la pierre. Surtout quand il était au courant de sa présence. Tout ce que voulait Rodolphus, c’était surpasser les Black et les Malefoy. Monter tout en haut de l’échelle et hurler à tous les autres qu’il était le plus fort. Alors que Rabastan, lui, n’en avait rien à faire. Tout ce qu’il voulait était le bien être de Victoire.

Cette dernière lui lança un regard assassin puis courut en direction de Lucretia, se protégeant des jets électriques. Il n’avait plus que quelques secondes pour faire son choix.

— Rabastan putain, tu fous quoi ? hurla de nouveau Rodolphus, qui commençait à fatiguer sous la vivacité de deux sorcières brûlantes de combat.

Il se pinça la lèvre. C’est bon. Il avait décidé.

Dans la chambre, rien ne se passait non plus comme prévu. Lucretia n’était pas revenue, ce qui commençait à inquiéter Lucius. Rabastan non plus. Lui qui avait prétendu vouloir aller au toilettes, il en mettait du temps.

— Je sais pas où elle a bien pu aller, souffla Evan, qui imaginait lui aussi les pires scénarios.

La cadette Malefoy n’avait pas donné de raison sur son départ. Elle avait juste dit "Je reviens vite". Ils n’avaient pas la même définition de "vite".

— Je vous l’avais dit, observa Narcissa. Rien ne se passe comme prévu.

Soudain, Avadys se mit à tousser. C’était le moment. Évidemment. Elle tenta de se retenir, mais ses poumons protestèrent. La douleur la plia en deux, et elle dut se retenir au contour du lit pour ne pas s’effondrer. La toux devenait tellement forte qu’elle ne parvenait plus à respirer. Chaque fois que de l’air tentait de rentrer en elle, elle l’éjectait comme s’il s’agissait d’un poison. Ses jambes ne tinrent plus, et son corps se courba en avant.

Un filet de sang coula de sa bouche. Elle voulut l’essuyer avant que les autres ne le remarquent, mais aussitôt, une convulsion lui fit cracher une gorgée pleine de liquide rouge. La moquette s’en abreuva aussitôt.

— C’est quoi ce bordel ? entendit-elle Evan s’exclamer.

Sa voix fit écho dans son cerveau. Elle voulut lui dire de ne pas crier, mais l’impression d’étouffer ne s’était toujours pas évanouie. Quand une autre convulsion naquit, Narcissa se précipita pour recouvrir sa bouche d'un mouchoir en satin. Le tissu devint écarlate. D’une main tremblante, elle s’en empara et essuya ses lèvres. Quand elle releva la tête, Evan la fixait avec horreur.

— Je... ce n’est rien. Je t’assure. Ça va passer.

— Ça va passer ?

Ses poings s’étaient serrés. Il répétait cette question comme si elle se moquait de lui.

— Oui, ce n’est que...

— Donc tu me prends vraiment pour un con, c’est ça ! éclata-t-il. Tu t’effondres en toussant, tu vomis du sang et tu me dis ce que n’est rien !

— Evan, c’est bon, tenta de le calmer Lucius.

Mais le jeune homme se dégagea du contact de son meilleur ami, incapable de détacher son regard de sa sœur.

— Depuis combien de temps ça dure ? questionna-t-il avec un semblant de calme.

— Pas... pas longtemps.

Le mensonge s’entendait.

— Depuis combien de temps ! hurla-t-il, le visage rouge de colère.

L’envie de pleurer la menaça. Elle devait tenir bon. Tenir bon, rester digne.

— Deux mois.

Il enfouit son visage dans ses mains. Avadys s’en voulut pour lui infliger autant de douleur. Elle ne faisait que ça, de toute manière. Lui faire du mal. Lui pourrir la vie.

— Pourquoi tu nous as rien dit ? questionna alors d’une voix douce Narcissa.

Avadys tourna la tête dans sa direction, les yeux pleins de larmes.

— Parce que je ne voulais pas vous inquiéter. Et puis, ça va passer, non ?

La cadette Black esquissa un sourire triste. Sa main vint trouver la sienne et la serra fort. Très fort.

— Oui. Ça va passer.

A ce moment là, Lucretia deboula comme une tornade dans la chambre, sa baguette enfoncée dans la gorge de Rabastan. Elle le plaqua contre le mur.

—Dis-leur ce que tu as fait. Dis-leur, espèce de traître !

Tous tournèrent la tête dans leur direction. Evan, les yeux injectés de sang, ne résista pas non plus à la curiosité. Victoire se tenait à l’encadrement de la porte, pâle comme une morte, la pierre toujours à l’abris dans sa main. À l’évidence, leur plan était tombé à l’eau. Rabastan supplia Lucretia de ne pas continuer, mais celle-ci se montra imperturbable. Comme il ne disait rien, elle cria :

— Dis leur comment tu as tout raconté à ton imbécile de frère ! Dis-leur que tu nous a trahis !

— Je n’ai pas eu le choix !

— Bien sûr que tu avais le choix ! Sans tes conneries, Victoire serait peut être en train de remettre la pierre au Seigneur des Ténèbres !

— Tu ne sais pas ce que c’est d’avoir un frère comme Rodolphus. Tu n’as aucune idée de...

— Tu te fais manipuler, Rabastan, c’est tout ce que tu fais !

— Je suis désolé, murmura-t-il.

Elle finit par le lâcher.

— Si j’accepte tes excuses, c’est uniquement parce que tu t’es rangé de notre côté au dernier moment.

Les garçons ne demandèrent pas ce qu’il s’était passé, mais les informations qu’avait lâché Lucretia avait suffit pour construire toute l’histoire. Victoire compléta le tout.

— Le Seigneur des Ténèbres est au courant, à présent. Et apparemment, d’autres aussi.

— Tu inclus qui dans "d’autres" ? questionna Lucius.

— Les Lestrange et Armand Rosier. Je ne suis pas sûre, mais je crois que les Black sont aussi dans le coup.

— Ce qu’ils veulent, c’est que le mérite soit attribué à eux trois. Rodolphus, Armand et Bellatrix. Cygnus et Orion doivent sûrement servir d’appui, ajouta Lucretia.

— Super, donc maintenant, la moitié du groupe se bat contre sa propre famille ? s’exclama Narcissa. Est-ce que ça vaut vraiment le coup ?

— Tu comptes abandonner Victoire si lâchement ?

— Arrêtez, les coupa alors Evan. Changement de plan.

Le silence qu’il imposa fut plein d’interrogations.

— On garde la pierre.

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