Chapitre 14 : Retour à la maison

Le mois de novembre était passé à la vitesse de l’éclair pour le groupe Serpentard. Avadys avait enfin retrouvé sa place dans le dortoir des filles, ce qui l’avait un peu éloignée de Luisa contre son gré ; elle continuait néanmoins de passer du temps avec elle entre deux cours ou durant les sorties au Pré-Au-Lard. Evan et Lucretia vivaient le parfait amour, de même que Lucius et Narcissa. Victoire désespérait autant, répétant tous les jours qu’elle allait finir vieille fille puisque personne ne s’intéressait à elle, et Rabastan faisait la même chose de son côté. Entre les examens et les matchs de Quidditch, le temps fila bien trop rapidement.

La veille du départ pour les vacances de Noël, il fallut trouver Gros Con. Tâche compliquée puisque le chat avait disparu depuis plusieurs jours. Evan assurait que c’était mieux ainsi, déjà prêt pour creuser sa pierre tombale ; malheureusement, il réapparut le soir même, se dandinant tranquillement entre les canapés des verts et argent.

— Si ça se trouve, lâcha Victoire, il s’est tapé Miss Teigne dans notre dos.

À cette hypothèse, Lucretia poussa un grand cri dégoûté. Une multitude de petits Gros Con. Rien qu’à l’imaginer, elle en faisait des cauchemars.

Le jour du départ arriva. Tous étaient excités et angoissés à la fois. Excités de retrouver leur mode de vie princière, et angoissés pour le plan foireux de la pierre. Enfin, s’il y avait un plan. Pour l’instant, la seule tâche revenait à Narcissa, qui devait convaincre son père d’inviter les Ills au bal de Noël. Tâche plutôt facile, puisque Cygnus accédait souvent à toutes les demandes de ses filles, même les plus extravagantes.

Tous agglutinés dans le compartiment, Lucretia entre les genoux d’Evan et Narcissa contre Lucius, ils en discutèrent.

— Mon père a une très bonne relation avec le père de Victoire, assura-t-elle.

— Ton père a une bonne relation avec tout le monde, se moqua Rabastan. On se demande si un jour, il s’est fâché avec quelqu'un.

— Il est pacifique, déclara la blonde en balayant ses cheveux par dessus son épaule.

— Plutôt en quête d’intérêt, railla Rabastan.

— Et si ça ne marche pas ? demanda Lucretia.

— Il reste le bal du Nouvel An, répondit Lucius. Ça sera notre tour de convaincre Père.

— Et c’est là qu’ils demandent aux Greengrass de l’organiser, fit Avadys en rigolant à moitié.

Son rire fit naître un chatouillis dans sa gorge. Un chatouillis qui se transforma en la toux grasse et rauque de ces dernières semaines. Toutes les têtes se tournèrent dans sa direction. Mal à l’aise, et surtout presque morte d’asphyxie à force de tousser, elle sortit du compartiment et se précipita dehors. Il n’y avait malheureusement pas de toilettes dans le train, il ne lui restait donc que la passerelle entre les wagons des Serpentards et des Serdaigles. Malgré l’air frais qui s’engouffrait dans ses poumons, sa toux ne cessa pas. Au contraire, ce fut encore pire. C’était comme si on lui arrachait les organes par la gorge. Son corps entier lui faisait mal.

Elle mit une main devant sa bouche alors qu’elle se pliait en deux sous la douleur. Un liquide visqueux atterrit sur sa peau. Étrangement, comme par la surprise, elle s’arrêta de tousser. Elle éloigna la main, la fixa avec de la peur et de l’effroi dans les yeux.

Du sang. Elle avait craché du sang.

C’était pas bon. Pas la peine d’être un expert pour savoir que tousser du sang était rarement bon signe.

— Hey.

Elle sursauta quand elle reconnut la voix. Son poing se ferma automatiquement, cachant de tout œil indiscret son secret. Un secret qui pourrait très bien être en train de la tuer de l’intérieur.

Luisa se tenait devant elle, couverte de sa cape bleue et d’une écharpe grise. Ses joues et son nez étaient devenus rouges, mais elle était encore plus mignonne comme ça.

— Ça va ? lui demanda-t-elle en fronçant les sourcils. Je t’ai entendue tousser comme une folle.

— Ouais. Ne t’en fais pas, c’est juste un petit rhume.

Rien de grave, se répétait-elle mentalement. Absolument rien de grave.

— Je voulais juste te souhaiter un Joyeux Noël.

Avadys sourit. Les deux filles ouvrirent leurs bras et s’enlacèrent, chacune se réfugiant dans les fourrures de l’autre. Elle devait lui acheter un cadeau et lui envoyer. Elle ne savait pas quoi, peut-être un livre ou un bijou, mais quelque chose. Pour qu’elle sache que, malgré la distance, elle continuait de penser à elle.

— Écris-moi, lui ordonna Avadys en se détachant.

— Promis.

Quand elle revint dans le compartiment, elle eut droit au regard inquisiteur d’Evan. Lucretia lui donna un coup de coude dans les côtes pour lui dire d’arrêter, mais il l’ignora royalement.

— Tu devrais peut-être aller voir l’apothicaire.

— C’est juste un rhume, soupira la jeune fille.

— Un rhume qui dure deux mois ?

— Ouais.

Faute d’arguments. Elle voulait juste qu’il lui laisse la paix.

— Ne me prends pas pour un con, Avadys.

— Evan, c'est bon, murmura Lucretia qui voyait bien que sa meilleure amie voulait qu’il laisse tomber.

Il ne dit plus rien, mais l’inquiétude sur son visage ne disparut pas totalement. Evan avait toujours été trop protecteur envers sa petite soeur. Il s’était occupé d'elle depuis petit, puisque son père s’était mis en tête de l’abandonner à son sort, alors, évidemment, il s’était transformé en son protecteur. Avadys savait qu’elle pouvait compter sur lui sur beaucoup de choses, mais parfois, il en faisait trop, et elle en était fatiguée.
En fait, elle était fatiguée de tout. Ses yeux se fermèrent lentement. Les paupières clauses, un cauchemars commença à l’attraper et l’entraîner dans un abyme glacial. Elle hurla. Son corps était congelé, c’était à peine si elle arrivait à bouger. Mais ce qui lui fit le plus mal furent ses poumons. Comme si on les lui arrachait tout doucement. L’air qui rentrait lui fit mal ; tout n’était que souffrance. Les Ténèbres l’entouraient et l’étouffait, tandis qu’elle continuait de tomber, tomber, tomber...

— Avadys ! Eh, sœurette !

Elle ouvrit les yeux dans un sursaut, hors d’haleine. Ses vêtements étaient trempés de sueur. Dès l’instant où elle se réveilla, elle se mit à trembler comme jamais. Evan s’empressa de l’envelopper avec son manteau et lui frotta les bras, dans l’intention de la réchauffer. Avadys eut envie de pleurer. Elle ne savait pas pourquoi, mais ce cauchemars l’avait terrorisée, et continuait de la terroriser même dans la réalité. Ces Ténèbres, si épaisses, si noires qui s’enroulaient autour de sa gorge et bloquait l’air dans ses poumons, son corps qui se congelait, lentement... elle éclata en sanglot. Son frère paniqua.

— Non, Avadys, regarde-moi, ça va aller ok ?

Non, ça n’allait pas aller. Elle avait craché du sang il y avait à peine quelques heures. Elle avait senti la mort s’insérer dans son sommeil, comme un avertissement. Non, ça n’allait pas. Rien n’allait. Elle ne voulait pas mourir. Elle était trop jeune pour ça.

Elle se blottit dans les bras d’Evan et se laissa caresser les cheveux. Lucretia la scrutait attentivement de sa place, elle aussi inquiète. Elle ne savait pas de quoi elle avait eu l’air de l’extérieur, mais vu l’expression de ses amis, ça n’avait pas dû être beau à voir.

— On est bientôt arrivé, lui chuchota Evan.

Elle ne voulait pas rentrer à la maison. Ce n’était même pas la sienne. C’était celle d’un étranger qui la détestait et qui voulait la voir mourir à tout prix. Quelle vie de merde. Pourquoi devait-elle accumuler tous les malheurs ?

Une demi-heure plus tard, ils étaient arrivés. Avadys s’était remise de son cauchemars, à nouveau prête pour affronter l’indifférence de son père. Ce fut l’heure des adieux. Lucretia voulut dire au revoir à Evan, afin de ne pas entendre son père jacasser sur un possible mariage avec les Rosiers quand il apprendrait pour leur couple. Lucius, lui, n’avait plus rien à perdre, mais Narcissa voulait elle aussi un peu de paix pour les vacances. Surtout quand elle avait une sœur qui se nommait Bellatrix Lestrange.

— Bon, déclara Lucretia à Evan dans la cabine à présent à moitié vide. On se revoie pour le bal.

Il encadra son visage avec ses mains et l’embrassa avec passion. Lucretia gémit de plaisir mais le força à s’éloigner. Ils sortirent du wagon. Lucius lâchait à contrecœur la main de Narcissa en plein milieu de la foule. Avadys et Victoire lui dirent au revoir, et la cadette Black ne la capta même pas, plus concentrée sur son nouvel petit ami qu’autre chose. Lucretia marmonna quelques injures à l’intention de son frère ; entre toutes les filles existantes sur terre, il avait fallut qu'il tombe amoureux de Narcissa. Évidemment. Ils n’avaient jamais eu cette discussion, mais ça n’allait pas tarder.

Elle aperçut ses parents collés contre le mur, cherchant à éviter le plus possible le contact avec les sangs impurs. Au moment où elle se dirigeait vers eux, et, bien sûr, au moment où ils posaient leur regard sur elle, Evan lui attrapa la main et la força à se retourner. Avant qu’elle n’ait pu l’empêcher de faire quoi que ce soit, il murmura :

— Un dernier bisous.

Et il l’embrassa. Elle n’eut pas la force de l’envoyer bouler, parce qu’au fond, c’était elle qui ne lui avait pas expliqué. Mais elle aurait juste voulu qu’il retienne ses pulsions romantiques. Juste un moment.

Lucius passa à côté d’eux avec un sourire moqueur en coin. Lucretia soupira. Elle pouvait dire adieu à la vision des vacances tranquilles qu’elle s’était faite.

— Tu me revaudras ça, lança-t-elle à Evan avant de l’abandonner sur le quais.

Il n’avait sûrement rien compris, mais peu importait. Elle lui expliquerait cela.

En arrivant, elle eut droit au regard éberlué de ses parents. Son père était à la limite de la crise cardiaque, et sa mère tremblait d’excitation.

Joyeux Noël.

***

— Et donc... tu sors avec Evan Rosier ?

Ce devait être au moins la cinquième fois depuis le début du repas qu’il lui posait la question. Lucius se retint d’éclater de rire et Lucretia soupira s’exaspération. Tout en reposant sa fourchette, elle se prépara pour l’énième interrogatoire de son père.

— Oui.

— Officiellement ?

— Non, juste pour rire, ironisa-t-elle. Où voulez-vous en venir ?

Il but une gorgée de son vin tout en la scrutant avec attention.

— À rien.

Sa mère se retint de le contredire. Lucretia n’avait pas besoin d’être un génie pour comprendre que si, il voulait en venir à quelque chose. Elle avait seize ans, Evan dix-sept. D’ici un an, elle serait en âge de se marier. Faisant partie d’une des maisons de sorciers les plus puissantes d’Angleterre, de même que les Rosiers, l’union ne pouvait qu’être parfaite. C’était fou comme, dans leur communauté, un simple lien amoureux pouvait se transformer en un mariage arrangé.

— Et depuis combien  de temps cela dure-t-il ?

— Deux mois. Plus ou moins.

— Ah.

À l’entente de ce "Ah" lâché avec une fausse désinvolture, Lucius dissimula son fou rire par une toux. Son comportement commençait à l’agacer. D’un simple regard, elle lui fit comprendre que s’il continuait, c’était lui qui aller se retrouver à sa place.

Visiblement, sa menace n’eut pas besoin d’avoir lieu. Son père se chargea de tout.

— Et toi, Lucius ? Qui est donc cette fille pour qui tu as dépensé cent mille gallions ?

Un silence de mort se posa sur la salle. Lucretia dissimula un sourire. Son frère semblait maudire le monde entier pour avoir un père avec une aussi bonne mémoire

— Euh... je ne sais pas si...

— Mais si, voyons ! s’exclama sa mère avec entrain. Dis-le nous !

Savoir que sa fille sortait avec un Rosier la mettait déjà dans tous ses états, alors Lucretia craignait pour sa santé mentale à l’annonce de la nouvelle.

— Elle ne veut pas que ça se sache, se justifia-t-il en ayant du mal à déglutir.

— Cela restera bien entendu entre nous, affirma son père. Et puis, à qui veux-tu que nous le disions ?

Là était le problème. Leur père ne parlait à personne, excepté Cygnus Black. Qui n’avait jamais parlé à Cygnus Black en même temps, mais c’était à croire que les deux hommes étaient inséparables. Tellement leur amitié était forte, son père avait voulu promettre Lucretia à ce petit merdeux de Sirius Black, de cinq ans son cadet. Quand elle s’était enfermée dans sa chambre pendant plus de trois jours tout en menaçant de se laisser mourir de faim, il avait abandonné l’idée.

Lucius espérait secrètement que quelqu’un ne débarque dans la pièce pour couper court à cette discussion. Malheureusement, personne ne vint à son secours, même pas un elfe de maison.

— Nar... Narcissa.

Un ange passa. Comme il n’y eut aucune réaction, il crut bon de préciser :

— Black.

C’est alors qu’Abraxas Malefoy éclata de rire. Lucius en fut légèrement vexé, surtout quand sa mère le rejoignit. Sa sœur haussa les épaules, comme pour lui dire que s’ils ne le prenaient pas au sérieux, il pourrait au moins profiter de ses vacances en bonne et due forme.

Le rire de leur parents s’éteint.

— C’est une blague, n’est-ce pas ?

Le jeune homme grimaça.

— Pas vraiment, non.

Leur mère but d’un trait le verre de vin qu’elle avait dans la main. Alors que la surprise se faisait unanime, Lucretia mangeait tranquillement ses pommes de terre, heureuse qu’on la laisse un peu en paix.

— Ahaha ! s’exclama soudain leur père, faisant sursauter la jeune fille. Narcissa Black !

— Euh, oui...

— Ahahahaha ! Ahahahahahahaha !

S’en devenait presque flippant. Lucretia délaissa son assiette, portant un regard craintif sur son géniteur. Lucius recula légèrement sa chaise, ayant accordé par télépathie la désertion directe de la salle à manger.

— Cours, chuchota-t-elle à son frère. Maintenant.

Il ne se le fit pas répéter deux fois. Les deux détalèrent le plus rapidement possible et s’engagèrent dans une course contre la montre à travers le Manoir. L’euphorie qu’ils avaient tenté de contenir explosa à cet instant précis. Leur rire résonna à travers les murs gris de l’ancienne demeure, faisait râler les portraits au passage. Lucretia faillit trébucher à plusieurs reprises contre les bordures des tapis, ce qui ne fit qu’augmenter leur hilarité. Finalement, ils s’engouffrèrent dans la chambre de l’aîné et la fermèrent à clef, juste au cas où. Lucius jeta sur son lit pour étouffer son rire dans les coussins. Lucretia se laissa glisser contre le mur, hors d’halaine et épuisée par l’effort. Mine de rien, le trajet était long entre la salle à manger et les chambres.

— Je n’imagine pas comment sera la réaction de Cygnus alors, déclara-t-elle en pouffant à moitié.

Lucius releva la tête, les cheveux décoiffés s’élevant tout autour de sa tête. Avec son sourire idiot planté sur les lèvres, il avait perdu cinq ans d’âge mental.

— Il ira se cogner la tête contre un tronc.

Un rire idiot franchit ses lèvres. Lucretia secoua la tête et observa les alentours. Cela faisait longtemps qu’elle n’était pas entré dans l’antre ô combien personnel de son frère. Lui, il s’invitait à tous les coups dans la sienne, mais elle, c’était interdit ; sans même comprendre cette injustice, elle l’avait toujours accepté et laissé faire. Aujourd'hui, elle visitait enfin sa chambre. Après seize ans de cohabitation sous le même toit, il était temps.

Malheureusement, il n’y eut pas beaucoup à voir. Plusieurs feuilles traînaient sur son bureau, toutes noircies d’écritures et de rayures. Lucretia se leva et s’en empara d'une. Il s’agissait d’un poème. Surprise, elle se tourna vers lui, agitant la feuille juste sous son nez.

— Pourquoi tu ne m’as jamais dit que tu écrivais ?

— Remet ça à sa place, dit-il soudain avec sérieux, et peut être aussi avec panique. C’est nul de toute façon.

Mais Lucretia étant Lucretia, elle se mit à le lire. Son frère ne se jeta pas sur elle pour la lui arracher des mains, à sa grande surprise. Peut-être qu’au fond, il voulait juste un avis. Et... c’était magnifique. Elle n’avait pas l’habitude de lire des poèmes, n’y comprenant souvent rien à rien, mais celui de Lucius était tout simplement parfait. Elle ne disait pas cela parce qu’il était son frère, bien entendu, mais parce que c’était la vérité. Pour une fois, elle comprenait quelque chose ; c’était peut-être parce ce qu’elle connaissait tous les symboles auxquels il faisait référence. Comme dans la majorité des poèmes, il y parlait de l’amour, mais plus avec un sentiment de tristesse que d’euphorie. C’était un amour pour la vie envolée dans le temps, abandonnée par la routine et l’habitude. Une simple souffrance de l’existence humaine, connue par tous les hommes.

— C’est tout sauf nul, souffla-t-elle, éberluée.

— Pose ça j’ai dit.

— Lucius, c’est magnifique, tu devrais le proposer au Sorcier Littéraire, je suis sûre que...

— Lucre'. S’il te plaît.

Elle abandonna à contrecœur la feuille. L’envie de lire les autres fut immense, mais elle respecta la volonté de son frère et se dirigea vers les photos qu’elle avait aperçu un peu plus tôt, toutes gardées dans des cadres sur son meuble en bois d’acajou.
Il n’y avait qu’elle. De temps en temps avec lui, quand ils étaient plus jeunes, mais pour la majorité, c’était elle qui apparaissait, toujours avec le sourire aux lèvres. La seule photo de famille fut celle qu’ils avaient prise l’année dernière, se trouvant assise sur le fauteuil avec ses cousins derrière elle, et son frère juste à côté. C’était tout. Le reste lui était dédiée entièrement.

— Pourquoi gardes-tu autant de photos de moi ? finit-elle par demander, la gorge nouée par une sorte de reconnaissance profonde.

Il ne répondit pas. Lucius n’était pas du genre à sortir de grands mots émotionnels. Enfin, visiblement si, mais que dans ses poèmes. Néanmoins, c’était dans ses gestes qu’elle devinait ses pensées. Elle comptait énormément pour lui, cela sautait aux yeux. Bien plus qu’elle ne se l’était imaginé. C’était peut être pour cela qu’il lui avait interdit de se rendre dans sa chambre. Peut être avait-il honte de ses sentiments. Le connaissant, ça ne l’étonnait pas.

Il tapota la place à côté de lui.

— Viens là.

Elle obéit avec joie et s’allongea à ses côtés, se blotissant contre lui comme elle avait l’habitude de le face petite. Il posa une main sur sa tête et se mit à caresser tout doucement ses cheveux.

— Quand tu n’avais que trois ans, moi quatre, Mère m’a fait promettre une chose. C’était de prendre soin de toi, et de te protéger, coûte que coûte. Elle m’a dit que personne ne devrait jamais passer avant ma petite sœur. J’aime Narcissa, et je sais que notre histoire est loin d’être finie ; mais si un jour tu me demandes de l’abandonner pour te suivre, je le ferais.

— Tu dis ça maintenant, mais si ça arrive, je ne suis pas sûre que...

— J’ai fait une promesse. Et je compte la tenir.

Lucretia, la tête appuyée contre son torse, sourit. Elle avait beau se plaindre de lui à plusieurs reprises, il restait le meilleur grand frère du monde.

— Merci, murmura-t-elle.

Ce fut avec ce mot flottant entre eux qu’ils s’endormirent, serrés l’un contre l’autre, tel qu’ils le faisaient dix ans auparavant.

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