Chapitre 13 : Lux Noctem

Le premier bouquet que Lucius avait offert à Narcissa avait terminé dans la cuvette d’un des toilettes des garçons. Les Serpentards s’étaient pliés en deux sous l’hilarité en reconnaissant les fleurs de l’héritier Malefoy. Ils s’étaient tous arrêtés de rire quand ce dernier était entré, suivi de prêt d’Evan et Rabastan. Ce n’était pas qu’il faisait peur, mais il était le Préfet-en-Chef tout de même.

Et tout le monde connaissait les ravages d’un Malefoy en colère. Lucretia avait fait la première démonstration en début d’année.

Son égo ayant pris un gros coup, Lucius refusa de recommencer. Néanmoins, sa soeur et Victoire le convainquirent d’insister, ou ses efforts ne serviraient à rien. Les fleurs étaient un peu fades, dû à l’arrivée de l’automne, mais c’était l’intention qui comptait, n’est-ce pas ?

Ce ne fut cependant pas assez.

Narcissa le lui balança directement en pleine face avant de claquer la porte de sa chambre. Même les fenêtres tremblèrent ce jour là.

Les filles durent se rendre à l’évidence. La cadette Black était bien trop obstinée à lui en vouloir. Alors que tout espoir s’évanouissaient, ce fut directement le concerné qui eut une idée. Il en parla à Lucretia, Victoire et Avadys, puis, le soir même, le plan fut mis en action.

Narcissa descendait des escaliers après avoir étudié deux heures à la bibliothèque. Elle semblait en forme, ni trop gaie, ni trop triste. C’était parfait. Il était 22 heures 30, presque l’heure de se coucher. Pourtant, elle ne savait pas que son lit n’était pas prêt de l’accueillir. En la voyant arriver, Victoire poussa un cri d’exclamation, comme si elle venait d’oublier quelque chose. Où plutôt, ça ressemblait à un cri de quand on se cogne le petit doigt de pied, mais bon, ses talents d’actrice étaient limités. Narcissa lui jeta un regard curieux.

— Je suis bête ! J'ai oublié mon livre d’Astronomie dans la Tour et j’ai un devoir demain !

— C’est maintenant que tu t’en rends compte ? soupira la blonde. Eh bien, qu’est-ce que tu attends, va le chercher !

Lucretia entra en jeu.

— Ah non ! Victoire, tu m’avais promis de m’écrire la conclusion de mon devoir de Métamorphose !

— Oh mince, c’est vrai ! Narcissa, s’il te plaît, tu pourrais aller me le chercher ?

La jeune fille observa ses deux amies avec perplexité.

— Pourquoi Victoire doit t’écrire une conclusion ? demanda-t-elle à Lucretia.

— Parce qu’elle me le doit.

— Et ça peut pas attendre ? On a Métamorphose après demain.

— Non, parce que demain elle aura sûrement d’autres choses à faire.

— En l’occurence, c’est ce soir qu’elle a autre chose à faire.

— Oh et merde, va chercher mon livre et arrête de poser des questions ! s’agaça Victoire.

Narcissa fronça une dernière fois des sourcils mais décida de se plier à sa demande malgré tout. Elle traversa le château en faisant bien attention de ne pas croiser Miss Teigne au passage, puis monta dans la Tour d’Astronomie. À l’entente des pas dans les escaliers en bois de l’observatoire, Lucius se retourna, le coeur battant la chamade. Arrivée en haut, la jeune fille soupira.

— Pourquoi je m’en doutais, marmonna-t-elle.

Bien entendu, il n’y avait aucun livre dans les environs. Il fallait vraiment qu'elle dise aux filles de faire du théâtre pour se montrer plus convaincante. De mauvaise humeur, elle serait directement montée dans sa chambre sans même chercher à comprendre pourquoi elles l’attiraient dans la Tour d’Astronomie.

— Comme tu n’as pas eu l’air d’aimer mes fleurs, commença Lucius, légèrement angoissé par sa futur réaction, j’en ai ramené d’autres. On les appelle les Lux Noctem.

Il se retourna pour récupérer un objet brillant posé sur le rebord de la rambarde. Narcissa s’émerveilla contre son gré. Les pétales fluorescentes paraissaient avoir pris leur lumière des étoiles tellement elle semblait pure. Dans ses mains, il en avait un bouquet entier.

— Comme mon prénom en latin signifie lumière, et que le tien vient d’une fleur, j’ai... j’ai juste pensé que ça te plairais.

Narcissa s’approcha du jeune homme et s’empara du bouquet. Il redouta un instant ce qui allait suivre, mais elle ne semblait pas vouloir les jeter du haut de la Tour. Au contraire, elle prit du temps pour les observer, les toucha, les sentit même. Elles semblaient lui plairent.

— Merci.

Cela allait même au-delà de ses attentes. Elle le remerciait ! Comme si elle venait de se rendre compte de son erreur, elle rougit et détourna le visage.

— Elles vivent combien de temps ? demanda-t-elle.

— Elles sont immortelles.

La surprise traversa son visage. Elle ne connaissait pas cette race de fleur, mais si jolies et d’autant plus éternelles, elles avaient du coûter le prix d’un château anglais. Il devait vraiment être désespéré pour en arriver à ce point.

— Lucius, je... je te remercie pour ces fleurs, et aussi pour les autres, même si je les ai un peu détruites, mais je...

Les mots se bloquèrent dans sa gorge. Lucius attendit, l’anxiété peinte sur son visage.

— Oh et merde, on a qu’une vie.

Elle l’embrassa. La surprise fut courte, mais efficace. Lucius ne sut durant quelques secondes ni comment il s’appelait, ni qu’est-ce qu’il faisait ici ni pourquoi il existait, mais il se souvint de son nom à elle et cela suffit pour répondre à son baiser. Ses mains se posèrent sur ses hanches, parce qu’il fallait bien les mettre quelque part. Narcissa semblait vouloir lui dévorer la bouche, comme si elle s’en était empêchée depuis trop longtemps. Au moment où il voulut défaire sa cravate verte et argent, qu’elle avait gardé après le dîner, elle s’éloigna, essoufflée. Puis, le pointant du doigt, elle dit :

— Ça ne veut pas dire que je te pardonne.

Cette fille. Un chef d’œuvre.

— Mais tu viens de...

— Oui mais non.

Il ouvrit la bouche pour dire qu’il ne comprenait pas, mais elle l’arrêta dans son élan d’un simple geste de la main.

— Demain. Ici. À la même heure.

Puis elle partit sans oublier de ramasser les fleurs. Il lui fallut un bon quart d’heure pour se remettre du coup. Décidément, chaque fois qu’il pensait la connaître, elle savait lui démontrer que non, c’était raté. Mais ça lui plaisait. Lucius aimait le mystère.

Pour le coup, il en avait un gros.

Le lendemain matin, lors du petit déjeuner, elle ne lui offrit même pas un seul regard. Lucretia lui demanda comment ça s’était passé, mais il resta vague. Un "ça avance" lui suffit pour recentrer son attention sur son jus de citrouille.

Alors qu’il jetait continuellement des coups d’œils vers la jeune Black, ce fut une toux immonde qui le ramena à la réalité. Tout le monde se mit à observer Avadys. La jeune fille était en train de se plier en deux, le visage rouge. On aurait pu croire qu’elle était en train de s’étouffer, mais le bruit lui fit comprendre que ce n’était pas le cas. C’était un bruit provenant des poumons, comme quelque chose qui lui raclait l’intérieur du corps. Evan se leva pour l’aider, mais il ne pouvait rien faire. Elle eut besoin de deux bonnes minutes pour cesser de tousser. Elle but un verre d’eau entier sous le regard inquisiteur de son grand frère.

— Ça va ? finit-il par lui demander.

— À la perfection, répondit-elle d’une voix rauque.

— Tu dois être malade, on devrait aller à l’infirmerie.

— Non, c’est bon.

— Avadys, Madame Pomfresh pourrait te soulager et tu te...

— J’ai dis non, Evan.

Il adopta une mine contrit et se rassit en face d’elle, l’air inquiet. Les discussions reprirent avec entrain tandis que Avadys finissait son petit déjeuner. Alors qu’elle tartinait son toast de nourriture, elle soupira.

— T’as fini de me regarder fixement ? Tu me stresses.

— Tu es sûre que tu veux pas aller à l’infirmerie ?

Rabastan, qui avait entendu la conversation, se rajouta.

— En fait, Avadys n’a pas besoin d’une mère, elle en a déjà une en face d’elle.

Cette remarque fit rire Victoire. Enfin, Victoire riait à tout ce que disait le cadet Lestrange, même si ce n’était pas drôle. Le pire, c’était que son rire était toujours sincère.

— Je m’inquiète pour ma sœur, j’ai le droit non ? se vexa Evan.

— Mais oui mon chéri, le ramassura Lucretia avec un sourire moqueur sur les lèvres.

— Mon chéri ? Sérieusement ? fit Avadys avec une expression dégoûtée. On dirait un vieux couple centenaire.

— Crois-moi, rétorqua la blonde avec malice, des vieux ne seraient jamais capable de faire ce qu’on fait.

— Et moi qui croyais que tu étais vierge, ironisa Lucius. C'est Mère qui serait ravie de t’entendre parler.

Leurs parents maintenaient qu’il ne fallait vivre la première relation sexuelle seulement après le mariage. Ce concept rendait folle Lucretia. Comment être sûre de son choix s’ils n’avaient même pas essayé l’acte fondamental de l’amour ? Quand elle avait posé cette question à sa mère, celle-ci lui avait répondu : "qui a dit que c’était ton choix ?". Elle avait réussi à la faire taire pendant une semaine entière.

La journée se passa sans encombre. Lucius était tellement heureux à l’idée de retrouver Narcissa le soir même dans la Tour d’Astronomie qu’il dit bonjour à toutes les plantes de la serre, sous le regard étonné de Madame Chourave. Quand elle lui demanda le pourquoi de son geste, il lui répondit en haussant les épaules : "les pauvres, elles ont besoin d’un peu d’attention elles aussi non ?". La professeure avait souri et rajouté dix points à Serpentard. Ça devait être tellement rare d’entendre un élève de cette maison dire une chose pareil que cela méritait une récompense.

Rien n’aurait pu gâcher la journée de l’héritier Malefoy. Même pas les pas enragés d’une Serdaigle de dernière année, l’insigne Préfète en Chef consu sur son uniforme.

— Malefoy ! s’exclama-t-elle quand elle arriva à sa hauteur. Peux-tu me rappeler un court instant à quoi tu sers dans cette école ?

Elle paraissait vraiment en colère. C’était mal connaître Lucius. Plus les gens en face de lui était énervés, et plus il prenait plaisir à les énerver encore plus. Réflexe de Serpentard.

— Parce que l’humain a besoin de servir à quelque chose dans la vie ? Si oui, alors il faudrait en éliminer un paquet.

— Trève de plaisanterie. Tu étais chargé des rondes à 23 heures tous les mardis, mercredi et vendredi.

— Très chère, je suis un être vivant, pas un automate.

— Très cher, je m’en fous complètement. Être Préfet en Chef, ce n’est pas que se permettre de tout sans craindre une seule sanction, enlever des points à Gryffondor sans raison et utiliser la Salle de Bain des Préfets pour des après-midi piscines.

— Les quatre guignols qui se font appeler Maraudeurs depuis peu n’ont pas besoin de raison pour qu’on leur enlève des points. La démonstration de leur tête en public suffit.

— Et la tienne ne va pas tarder à se détacher de ton corps si tu ne prends pas tes responsabilités au sérieux. J’en ai marre de tout faire, on est deux Préfets en Chef que je sache.

— Les Serdaigles aiment travailler, non ?

— Et les Serpentards aiment emmerder le monde, c’est connu. Ce soir, tu te charges de la ronde. 22 heures 30.

Lucius s’adossa contre le mur, les mains dans les poches et un sourire séducteur sur les lèvres. Pourvu qu’elle cède. Par pitié.

— Luisa Giovanna Marcelli. Je suis désolé de te dire que c’est impossible.

— Lucius Abraxas Malefoy. Je suis désolée de te dire que je m’en fiche complètement. Tant que tu seras vivant, tu réaliseras cette ronde.

— Donc, tu me pousses à me jeter du haut d’une tour ?

— Oh, si ce n’est que ça, tu peux aussi te tailler les veines, te pendre, te noyer, te...

— Tu me vexes profondément. Enfin bref, ceci n’est pas la raison de notre discussion, puisque je n’ai pas l’intention de me tuer, en tout cas pas aujourd'hui. Mais je te répète que c’est impossible. J’ai un rendez-vous galant ce soir.

— Oooooh, que c’est mignon, le grand Lucius Malefoy est amoureux. Dommage. Tu en décevras une de plus.

— Ce n’est pas une de plus, s’agaça-t-il.

— Non, bien sûr, c’est l’élue de ton cœur. Celle qui t’as balancé les fleurs en pleine figure, c’est ça ?

Apparemment, les nouvelles circulaient vite dans cette école.

— Ouais. Mais elle a aimé les dernières.

— Heureuse pour toi, mais je reste sur la même idée. La ronde de ce soir est pour toi, et crois-moi, tu vas rattraper toutes celles que tu as esquivé ces deux derniers mois.

— J’accepte pour celle de 23 heures 30.

— Je fais celle-ci, et j’ai organisé toute ma soirée autour de cet horaire, alors ce n'est pas toi qui va tout chambouler.

— Combien tu veux ?

Elle eut besoin de quelques secondes pour comprendre.

— Ahahahaha ! Non.

— Cent gallions.

— Non.

— Mille.

— Non.

Il hésita. Pour Narcissa ? Allez, pour Narcissa.

— Dix milles.

Son père le tuerait. Mais bon, les vacances étaient dans un mois, il pouvait profiter de la vie durant ces quatre semaines restantes. Tant que cette vie était partagée avec elle.

— Malefoy.

— Présent.

— Tu fais chier. Mais j’accepte.

Il se retint de sauter de joie.

— MAIS, s’exclama-t-elle tout à coup en le pointant du doigt, les autres seront pour toi.

— Avec plaisir, Chef.

Elle secoua la tête d’exaspération et s’en alla en râlant. Lucius avait obtenu ce qu’il voulait : la paix pour ce soir. Il espérait juste que Narcissa ne le convoque pas en haut tous les soirs, ou il était mal. Il descendit à la Salle Commune à la recherche de Lucretia et la trouva en train de faire ses devoirs sur la table commune, plongée dans son écriture.

— Petite sœur ? fit-il en s’assayant à ses côtés.

— Généralement, quand tu m’appelles comme ça, ça s’annonce mal, grogna-t-elle en se redressant. Quoi ?

— J’ai besoin que tu écrives une lettre à Père.

— Pour ?

— Pour les cent mille gallions que j’ai besoin.

Ses yeux s’écarquillèrent et sa mâchoire tomba.

Cent mille ? Non mais ça va pas ? Tu comptes acheter Poudlard avec ça ou quoi ?

— Figure-toi que les fleurs fosforescentes que Narcissa a ramené l’autre soir ne viennent pas de la poubelle. Et je viens de négocier avec Marcelli pour m’annuler la ronde de ce soir. Narcissa m’a demandé de la rejoindre dans la Tour.

— Donc ma meilleure amie est actuellement en train de te ruiner ? résuma-t-elle.

Il dut constater, qu’en effet, cette affirmation était vraie.

— Un peu. Mais ça vaut la peine, alors on s’en fiche, non ?

— Je ne suis pas sûre que Père dise la même chose, grimaça-t-elle.

Elle céda finalement et envoya la lettre en hibou express. Elle ne dit pas clairement qui était celle pour qui Lucius avait autant dépensé, en espérant qu’il ne demande pas plus de détail. La réponse arriva deux heures plus tard. Une révolution pour Lucretia qui avait l’habitude d’attendre une semaine avant que son père digne de lire ses lettres. Une autre semaine pour lui répondre.

Il était écrit sur celle-ci :

Chère Lucretia,
J’apprécie la dévotion que tu as pour ton frère, aussi, joint à cette lettre, les cent milles gallions que tu m’as demandé. Dis-lui que cette jeune fille a intérêt de devenir sa femme. Je ne compte pas lui donner cent milles gallions chaque fois qu’une demoiselle lui fait la coure.
Affectueusement,
Abraxas Malefoy.

— Ma femme ? s’exclama Lucius quand il eut lu la lettre à son tour.

— Bien fait.

Heureusement qu’elle n’avait pas dit qu’il s’agissait de Narcissa Black, ou la cérémonie aurait déjà été préparée.

Le soleil tomba deux heures plus tard. Lucius fit les devoirs qu’il devait rendre pour le lendemain, prépara les futurs exercices de Quidditch et monta dîner avec ses amis. Narcissa ne lui adressa pas un seul regard, mais elle semblait rayonnante.

Après quoi, il abandonna Evan et Rabastan pour monter dans la Tour. Les étoiles brillaient avec autant d’éclat que la veille. Du haut de ce perchoir, les attraper semblait presque être facile. Narcissa arriva quelques minutes plus tard, encore en tenue d’école. À la place de sa cravate, elle avait accroché un petit nœud vert qui s’accordait parfaitement avec son style élégant.

Elle s’approcha de lui et posa ses deux mains à plat sur son torse. Lucius eut un frisson de plaisir.

— J’ai réfléchi, commença-t-elle après une grande inspiration.

Il redouta la suite. Même si son attitude était plutôt positive, il pouvait s’attendre à tout, surtout après la scène d’hier.

— Et ? s’enquit-il.

— Je crois que je t’aime.

A partir de ce moment là, le soleil de son monde porta le nom de Narcissa Black.

Hey tous/toutes
J’espère que jusque là, l’histoire vous plaît :) Je vais faire un petit bon dans le temps pour directement passer aux vacances de Noël (j’ai tellement d’idées mwahahaha, ça va être l’éclate), parce que j’ai déjà écrit tout ce que j'avais à écrire, les relations sont posées et la pierre attends son show :)
J’aimerai juste poser deux ou trois questions, histoire de connaître votre avis en cette première partie du livre :)

1. Quel est votre (vos ?) personnage(s) préféré(es) ?

2. Quelle est votre ship préféré ? (en couple ou non)

3. Des théories sur la suite ?

4. Une demande particulière sur la suite de l’histoire ? (une situation entre deux ou plusieurs personnages que vous aimeriez lire par exemple, ou un gros gros délire que vous avez en tête ; je précise cependant que toutes les demandes ne seront pas retenues)

Voilà, c’est tout ^^ Merci pour tous les votes, les commentaires, et surtout vos lectures :)

Bisouuuuus ❤

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