Chapitre 10 : Mensonges, désirs et déceptions
Les garçons et Avadys s’étaient réunis dans la chambre du Préfet pour comploter le vol de la pierre, à l’abris de toutes les oreilles indiscrètes. Après plus d’un mois d’observation, il était temps de passer à l’action. Comment ? Ils n'en avaient aucune idée. La pierre était bien gardée. Narcissa, Lucretia et Victoire se relayaient pour la garder plusieurs fois par jour, ce qui ne leur facilitait pas la tâche. Avadys s’était déjà infiltrée dans leur chambre, mais comme ils s’y étaient attendus, la gardienne temporaire la gardait sur elle.
C’est ainsi qu’ils commencèrent leur réunion. Sans aucune idée pour la voler.
— C’est simple, dit Avadys après cinq minutes de vive réflexion. Evan, tu couches avec Lucretia pour la récupérer. Je suis sûre que c'est elle qui l’a la plupart du temps, et si c'est pas le cas, tu recommences jusqu’à mettre la main dessus.
Son frère la fixa comme si elle venait de lui demander de sauter du haut d’un pont.
— Non mais ça va pas ? Je l’ai même pas embrassé encore, et toi tu veux que je couche avec elle ?
— Que vous êtes lents.
— Et je ne vais pas tout gâcher en lui faisant un pareil coup.
Avadys leva les yeux au ciel. Si Lucretia pouvait passer le reste de son existence à ignorer Evan, ça l’arrangerait grandement. Elle n’aimait pas la façon dont il se pliait à ses moindres désirs, comme si Madame était la reine de Poudlard et lui son loyal serviteur.
— Dis moi Avadys, intervint Lucius en croisant ses bras contre son torse, tu as quoi au juste contre ma sœur ? Tu veux sa mort ou quoi ?
— Comment dire... oui ?
La mâchoire de l’héritier Malefoy se contracta. En réponse, la jeune fille lui renvoya son plus beau sourire.
— Je te conseille de ne pas trop en faire non plus, et de surveiller tes paroles.
— C’est une menace ?
— C’est un avertissement.
— Je pense qu’on a compris, s’interposa Rabastan.
Ce n’était pas qu’il n’aimait pas les bagarres, mais aujourd'hui, il n’en avait pas particulièrement envie. Lucius détourna le regard et se concentra sur son meilleur ami, ce dernier émergeant lentement de ses pensées.
— Tu as une idée ? demanda-t-il, puisqu’il l’avait vu réfléchir longuement sur un sujet.
— Quoi ? Moi ? Non, je pensais à elle, c’est tout.
À force, Lucius ne s’en désolait même pas. Ça devenait tellement habituel qu’il avait hâte que les deux se mettent enfin en couple. Quoique, il ne savait pas si ça allait être pire une fois ensemble.
— Sinon, proposa Rabastan, pressé de terminer cette petite réunion ridicule, on les surveille et on essaie de deviner qui a la pierre. Celui qui a la réponse se débrouille pour la prendre.
Puis il s’empara de sa cape de sorcier posé sur le dossier d’une chaise et partit de la pièce sans un mot de plus. Du Lestrange tout craché.
— Quel plan merveilleux ! ironisa la brune. Vraiment parfait, rien à dire.
— Tu as quelque chose à ajouter peut-être ? attaqua Lucius.
— Je sais pas, j’ai fait une proposition à Evan mais ça vaut aussi pour toi.
— Pour moi ?
Lucius ne cacha pas sa surprise. Evan fut lui aussi curieux de savoir en quoi voulait en venir sa sœur.
— Ne fais pas l’innocent Malefoy. La Tour d’Astronomie est un joli lieu pour un baiser, n’est-ce pas ? Mais je suppose que tu le sais déjà.
Il resta pétrifié. Evan ouvrit la bouche en grand et redressa dans toute sa hauteur, avide d’en savoir plus.
— Pourquoi tu m’as rien dit ?
Le blond l’ignora complètement.
— Comment le sais-tu ?
— Les choses se savent vite chez les Serpentards. Surtout quand vous répétez le même schéma tous les soirs. Tu dois être en manque de sommeil à force.
— Avec quiiii ?! le pressa Evan, ne tenant plus sur pied.
Il passait en revue toutes les filles sang pur sans parvenir à en trouver une qui conviendrait à Lucius. La seule avec un caractère aussi fort que lui était sa sœur, mais quand même, il ne fallait pas exagérer. Pas Lucretia. Son visage devint livide. Quand même.
— Elle ?
Lucius tourna enfin la tête dans sa direction avec un soupir.
— Ouais.
— Quoi ? s’étrangla-t-il.
Il avait osé. Voilà pourquoi Lucretia maintenait les distances. C’était affreux. Tout à fait repoussant. Non. Il ne pouvait pas y croire. Sa respiration s’accéléra. Lucius et Avadys froncèrent simultanément les sourcils, inquiets de sa réaction. Certes, c’était surprenant, mais sa réaction était un peu exagérée.
— Eh mec, tu vas bien ?
L’héritier Rosier tremblait de tout son corps. Il comprenait à présent sa soeur. La trahison se faisait encore plus grande quand c’était son meilleur ami qui était dans le coup. Et lui qui l’avait soutenu depuis le début dans sa relation avec Lucretia, lui qui lui avait donné de l’espoir, tout cela n’était qu’un ramassis de mensonge !
— Sale traître.
Ses poings se serrèrent. Lucius recula de quelques centimètres, totalement paumé. Narcissa était peut être sa cousine éloignée, de par le nom de jeune fille de sa mère, Druella Black, mais quand même. Si lui acceptait qu’il sorte avec sa sœur, pour une cousine secondaire, il n’allait quand même pas se fâcher.
— Par curiosité, demanda Avadys, qui sentait la catastrophe venir, à qui tu as pensé en disant "elle"?
— Tu sais très bien à qui je pensais, grinça Evan.
— Non justement, je pense qu’on parle pas de la même. À moins que tu n’entretiennes une relation secrète avec Narcissa.
— Narcissa ?
Toute la tension s’évanouit. En le voyant se relâcher, Lucius soupira de soulagement.
— Qui tu pensais que c’était ? s’exclama-t-il, en colère contre lui pour l’avoir effrayé inutilement.
— Je... je sais pas, j’ai pensé d’un seul coup à Lucretia et j’ai...
— Lucretia ?! s’écria le blond avec dégoût. Non mais t’es malade ! J’aime ma sœur mais quand même !
Avadys se retenait de rire avec difficulté. Quand elle pensait que, sans elle, ils se seraient jetés dessus comme deux bêtes féroces. Evan devenait vraiment paranoïaque.
— Totalement cinglé, répéta Lucius qui ne comprenait toujours pas comment il avait pu penser une chose pareille. C’est de famille apparemment.
— Eh oh, on insulte pas gratuitement, se défendit Avadys.
— Quand on appelle son chat Gros Con, je suis désolé, mais pour moi c’est être cinglé.
— C’est toi qui devrait t’appeler comme ça, cracha-t-elle comme un serpent avec son venin.
— Commencez pas, c’est bon, s’exaspéra Evan. Désolé vieux, je crois que je suis beaucoup trop amoureux d’elle.
— Ça se voit à peine, ironisa sa sœur.
— Et donc, avec Narcissa hein ? continua-t-il en l’ignorant royalement. Pas n’importe laquelle, une Black en plus.
— Je ne m’interesse pas qu’à son prénom, se défendit le blond.
— Ce n’était pas ce que je voulais dire.
Un silence.
— Mais quand même. Une Black.
— T’es jaloux peut-être ?
— Ah non non, moi une Malefoy ça me va très bien.
— Non mais sérieux, on dirait que vous êtes en train de faire votre liste de course, soupira Avadys en levant les yeux au ciel.
— Tu comprendra quand à chaque vacance on te présentera une dizaine de prétendante, dans l’espoir que tu en choisisses une qui te plaise dans le lot, expliqua Lucius avec un sourire cruel.
— Et celle que tu choisis n’a pas le choix je suppose ?
— Exactement.
— Merveilleux, dit-elle en faisant semblant de vomir.
Ils terminèrent cette réunion sur cette petite touche glamoure et revinrent dans la Salle Commune pour terminer leurs devoirs. Ou plutôt pour commencer dans le cas des garçons. Devoirs que Lucius remplaça vite par Quidditch vu que le lendemain, ils allaient jouer contre les Gryffondors. Impossible de perdre. Le capitaine mettait tout à l’œuvre pour vaincre ces sales vermines. Le soir même, il alla même jusqu’à gronder sa sœur pour aller se coucher si tard. Assise sur le fauteuil en train de lire, elle releva un sourcil.
— Non mais je rêve. Je fais ce que je veux.
— Il faut que tu sois en forme pour demain, trouva-t-il comme justification.
Narcissa eut un petit sourire complice qu’elle dissimula avec professionnalisme. Comme Lucretia se sentait aussi un peu fatiguée et lassée de répondre à son frère, elle laissa le roman qu’elle était en train de lire sur la table - appartenant à un deuxième année qui avait eu la gentillesse de le lui prêter - et se leva. Dans l’action, elle ne se rendit pas compte qu’un poids venait de quitter sa poche. Alors qu’elle se dirigeait vers les escaliers, Narcissa, ayant remarqué un éclat familier, gagna précipitamment le fauteuil et enfouit discrètement la pierre dans la poche de sa robe.
Tout ceci n’avait bien sûr pas échappé à l’œil avisé de Lucius.
Lucretia, elle, ne s’était rendue compte de rien. Alors qu’elle montait tranquillement vers les dortoirs filles, une voix l’appela d’en bas.
— Tu montes déjà te coucher ?
Evan la regardait avec espoir. Elle mit de côté ses bonnes résolutions- comme celles de se coucher tôt et d’être plus sympathique envers les gens, excepté son frère - et lui sourit. Elle portait encore sa chemise d’école avec sa jupe à carreaux verts. Son pyjama pouvait encore attendre quelques heures.
— Non. Pas si tu insistes.
Il la conduisit dans leur chambre, que Rabastan avait déserté à contrecœur sous la supplication de son meilleur ami, tandis que Lucius menait Narcissa en haut de la Tour d’Astronomie, sa main dans la sienne. D’en haut, les étoiles les fixaient de leur habituel éclat joyeux. Dans la chambre, les bougies vacilaient de par les mouvements des Serpentards. Le doigt de Lucius caressa le bras de Narcissa. Celle-ci frissonna, non pas de la fraîcheur nocturne comme lors du premier soir, mais par ce contact si désiré. Evan déboutonna la chemise de la jeune fille, tandis qu’elle se jetait sur ses lèvres, telle une cannibale en soif d’amour. Le vent frais s’infiltra à travers les fenêtres ouvertes de la chambre. Les bougies s’éteignirent ; elles semblaient fermer les yeux sur ce qui s’apprêter à se passer.
Un nuage passa devant la lune. Scellant elle aussi les paupières, Lucius put allonger la jeune fille au sol et descendre jusqu’entre ses cuisses, tout en déposant des baisers partout où ses lèvres passaient. Lucretia gémit quand Evan s’introduisit en elle. Elle avait atteint le Paradis. Un lieu où elle pourrait rester éternellement dans ses bras, un endroit où elle voulait être sienne, et lui serait sien. Elle en avait mis du temps, Merlin le savait. Mais au final, son amour avait été contagieux. Le serpent n’avait pas résisté face à la rose.
Et le serpent s’était piqué.
— Lucius, l’arrêta Narcissa entre deux souffles bruyants. Je... je suis vierge.
Elle aurait pu lui avouer ce détail un peu avant, certes, mais elle n’avait pas pensé qu’il allait aller aussi loin. Il s’arrêta dans son geste, ayant déjà fait tomber son pantalon.
— Sérieux ?
Dès l’instant où il prononça ce mot, l’envie de se gifler lui-même le prit avec force. Avadys avait raison. C’était lui qui aurait dû s’appeler Gros Con.
— Oui, sérieux, répliqua-t-elle un peu sèchement. Et je... pour tout t’avouer, j’ai un peu peur.
Elle était encore plus belle quand elle avait peur.
— Tu es sûre que tu veux le faire ?
Elle hocha la tête.
— Fais juste en sorte de rendre cette soirée magique.
Un sourire vint se loger sous ses pommettes.
— Aie confiance en moi.
Ce soir là, autant les bougies que les étoiles s’éteignirent, pour laisser place à la plus belle des obscurités.
***
Lucretia dut quitter la chambre avant l’arrivée de Rabastan.
— Quand on sera chez moi, je te promets qu’on dormira ensemble toutes les nuits, lui promit-il en lui déposant un énième baiser sur les lèvres.
Il l’embrassait tellement qu’elle n’arrivait pas à se rhabiller. Rien n’aurait pu le rendre plus heureux. Et à vrai dire, Lucretia se sentait légère. Comme si la vie en générale n’avait plus d’importance. Comme si tous ses petits problèmes comme Avadys ou la pierre avaient disparus. Comme si Evan occupait soudainement le centre de son monde.
Elle n’avait jamais ressenti une telle chose, même avec Avery. Auparavant, elle pensait quand dans l’acte, il n’y avait que le côté charnel. Lucretia se trompait rarement, mais dans ce cas précis, elle avouait s’être fourvoyée. L’acte n’était que la mise à nue des sentiments. Et il n’y avait rien de plus merveilleux que de s’en rendre compte par soi-même.
Après avoir à peu près réussi à se revêtir en entier, elle encadra son visage avec ses mains et prolongea leur baiser jusqu’à ce qu’ils n’aient plus de souffle.
— Je t’aime, lui murmura-t-il.
Combien de fois il avait rêvé de prononcer ces mots. Pour elle. Rien que pour elle. Un sourire lui répondit.
— Je n’aurais jamais imaginé dire ça devant toi, mais...
Le cœur d’Evan s’arrêta de battre, et ses yeux se remplirent d’étoiles.
— ...je t’aime aussi.
Quand elle revint dans la chambre, Narcissa n’était pas dans son lit. Victoire l’attendait assise sur son lit, un sourire idiot plaqué sur ses lèvres. Elle la fixait avec insistance, avec de si gros yeux qu’elle faisait presque peur dans le noir.
— Quoi ?
— Tu viens d’où ?
— Arrête, on dirait ma mère.
Narcissa sortit de la salle de bain en chemise de nuit. Elle paraissait comme... fraîche. Belle, terriblement belle dans toute son innocent. Une innocence qu’elle ne s’imaginait pas disparue.
— Vous avez fait quoi pendant que j’étais... dehors, à prendre l’air ?
— Vous ? répéta Victoire, perplexe.
— On a joué aux échec version sorcier, répondit précipitamment la blonde.
Victoire tourna la tête vers son amie. Plus Narcissa attendait, et plus la réaction de Lucretia allait être terrible. Quand elle apprendrait que sa meilleure amie avait couché avec son frère, et qu’en plus de cela, c’était avec lui qu’elle avait perdu sa virginité, elle deviendrait folle. C’était pour cette raison qu’elle ne lui disait rien à deux heures du matin. Une Malefoy était capable de réveiller toute l’école par colère. À la place, elle arbora son plus beau sourire. Dans toute l’euphorie du moment, Lucretia ne remarqua pas qu’il n’y avait aucun échec version sorcier dans la pièce.
— Et toi ? demanda à son tour Narcissa.
— Une ballade nocturne, mentit-elle.
— Avec une chemise déboutonnée ?
Lucretia n’avait pas remarqué qu’elle avait oublié de reboutonner les deux boutons du milieu. C’était la faute à Evan. S’il ne l’avait pas embrassé autant, elle aurait peut être réussi à se concentrer.
— Raconte nous la vérité, la pressa Narcissa.
— C’est la vé...
Tout à coup, l’image de la pierre lui traversa l’esprit. Inutile de savoir pourquoi. Il y a parfois des choses à laquelle on pense dans les moments les plus inopportuns, et ce fut quand elle s’apprêtait à raconter son aventure que la pierre se manifesta spirituellement.
Paniquée, elle se jeta sur les poches de sa veste et enfouit sa main dans les deux, une par une. Rien. Du vide.
— Non.... non, impossible...
Elle tira tous les tiroirs hors du meuble et fouilla dedans. Les pétales séchées de la rose s’éparpillèrent entre ses affaires. Elle y avait cru. Durant un instant, un court instant, elle y avait cru.
Quelle naïve.
Les larmes lui en vinrent presque aux yeux.
— Et merde ! s’exclama-t-elle en donnant un coup de pied au tiroir.
— Lucretia, qu’est-ce qu’il y a ? s’inquiéta Victoire.
Mais Narcissa avait compris elle aussi. Plus discrètement de son côté, elle tâta les poches de sa robe. C’était elle qui possédait la pierre. C’étaient ses poches qui étaient vides. Et elle se souvenait clairement avoir senti le poids de la pierre jusqu’au moment où il l’avait dévêtue. Son visage devint livide.
Au moment où elle s’apprêtait à expliquer à Lucretia que ce n’était pas elle qui l’avait perdue, cette dernière s’était déjà propulsée hors de la chambre.
— Pourquoi j’ai l’impression que la nuit n’est pas prête d’être finie, commenta Victoire avec tristesse.
Les deux filles suivirent la cadette Malefoy jusqu’à la chambre des garçons. Lucretia ne frappa même pas. Rabastan hurla de protestation quand elle entra en furie, mais dans la panique, elle ne l’entendit même pas.
La seule personne qu’elle cherchait était Evan.
— La pierre, réclama-t-elle d’une voix tremblante en tendant la main dans sa direction.
Assis sur son lit, encore torse nu, il la fixa sans rien comprendre. Pourquoi lui parlait-elle de la pierre à deux heures du matin ? Quel était le délire ?
— De quoi tu parles ?
Au fond, il savait très bien de quoi elle parlait, mais l’incompréhension l’empêchait de penser à une question censée. Et surtout à la voir ainsi, avec cette rage dans ses yeux gris, semblables à un ouragan, il n’arrivait plus à résonner. Seulement quelques minutes auparavant, ses yeux lui avaient offert tout l’amour du monde et ses lèvres avaient prononcés les mots "je t’aime". Le changement était bien trop brusque.
— La pierre. La P.I.E.R.R.E, épela-t-elle, la rage menaçant de déborder à tout moment.
— Mais merde, pourquoi tu me parles de la pierre ! s’exclama-t-il en se levant du lit.
— Tu sais très bien pourquoi, cria-t-elle, au bord de l’hystérie.
Une larme coula le long de sa joue. Il ne sut jamais si cette larme était dû à sa colère, l’impression d’avoir été trahie et manipulée ou simplement à l’illusion d’un amour idéal qui s’effondrait un peu plus chaque seconde.
Evan paniqua lui aussi. Ça ne pouvait pas se passer comme ça. Il ne pouvait pas la perdre après tant d’efforts. Pas d’une manière aussi absurde. Il s’agenouilla face à elle, joignant ses mains.
— Je n’ai pas la pierre, Lucretia.
— Tu as couché avec moi pour la récupérer, dit-t-elle avec une voix emplie de haine.
— Non ! Non, Lucretia, je te jure, jamais je n’aurais fais une chose pareille ! Je t’aime, je t’aime réellement, depuis des mois ! Crois-tu que j’ai fait semblant tout ce temps ? Tu crois vraiment que j’ai fait tous ces efforts pour tout détruire en te prenant cette foutue pierre ? Si j’avais à choisir entre toi et elle, je te choisirai sans hésiter. S’il te plaît, crois-moi.
Les yeux embués de Lucretia laissèrent échapper quelques larmes. Que faire ? Elle avait envie d’y croire. Très envie même. Mais comment expliquer la disparition de la pierre ?
Tout à coup, le regard d’Evan la quitta pour se figer sur Narcissa derrière elle. La jeune fille était aussi blanche que la lune. Pétrifiée sur place, incapable de prononcer un seul mot. Lucius, assis sur son lit, n’osait pas la regardait. La honte le submergeait.
Lucretia se retourna et les observa tour à tour, rassemblant toutes les pièces du puzzle. D’un côté, elle fut soulagée de savoir qu’Evan avait été sincère. De l’autre... de l’autre, c’était un chaos complet de pensées entremêlées.
Son frère.
Avec sa meilleure amie.
Tout se rassembla dans sa tête. Le sourire de Narcissa ce soir. Les rumeurs qui circulaient sur Lucius et une soi disant blonde dans la Tour d’Astronomie. Les siestes prolongées de cette dernière.
— Vous... vous deux ?
Narcissa eut enfin le courage de bouger. Elle était devenue froide comme la pierre. Convertie en une Black pure et dure, sans aucune émotion, lisse, impénétrable.
— La pierre est tombée de ta poche dans la Salle Commune, expliqua-t-elle d’une voix dénuée de toute émotion.
Lucius aurait voulu s’enterrer six pieds sous terre. Ne plus exister, se fondre dans le mur. Le pire étant que ses sentiments pour elle étaient des plus sincères. Lui qui avait du mal à s’attacher à de nouvelles personnes, il se surprenait à penser à elle même en cours. Mais comment le lui montrer maintenant qu’il avait tout gâché ?
— Je l’ai récupérée, continua-t-elle. Discrètement. Mais pas assez apparemment.
Lucretia tourna la tête vers son frère et sentit sa mâchoire tomber. Elle avait compris avant même que Narcissa ne prononce ces mots :
— Il m’a pris ma virginité dans le seul et unique but de me la voler.
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