Introduction

Atsushi marchait silencieusement dans une des ruelles en bas de son immeuble; encore assombrie par la nuit mais dont la lune restait source de lumière. Il trouvait la sensation agréable, celle de se promener le soir ou le matin, lorsqu'il n'y avait personne pour dynamiser la ville.

Le calme était d'une beauté magistrale. Juste lui et les fines branches des arbres qui se balançaient au gré du vent, juste lui et les chats encore assoupis sur les murets des maisons du quartier, juste lui envouté par cette solitude en même temps gracieuse et violente.

Il n'avait pas toujours été seul, autrefois Atsushi était un garçon ambitieux et rempli d'une joie enivrante. Il avait été heureux, il avait eu un ami, une famille... Mais tout était parti en fumé. En l'espace d'un jour, sa vie avait été anéantie et il fut contraint de tout laisser derrière lui pour recommencer, une nouvelle fois, sans y arriver pour autant.

Il se tenait au bord du gouffre, mais tentait tout de même à ne pas se laisser tomber lâchement. Il se devait de rester en vie, de ne pas fermer les yeux et basculer. Au moins pour lui. Au moins pour Dazai.

Il se mordit la lèvre inférieure, se souvenant de cet homme si étrange qui avait été comme un père pour lui. Il l'avait sauvé une fois, mais pas deux. Aujourd'hui, il ne serait pas là pour lui tendre la main.

Par ailleurs, cette fameuse manie de se balader même dans les situations les plus importantes venait de lui. Dazai lui avait tant appris, il ne lui en serait jamais assez reconnaissant.

Un long soupire se fraya un passage entre les dents du garçon et il s'arrêta brusquement. La mer. Oui, c'était bien la mer.

« Oh ! Tu vois ça Atsushi ? Ne serais-ce pas le lieu parfait pour un suicide à deux? »

Le blanc lui avait sûrement répondu par un léger rire maladroit.

« Si tu veux trouver quelqu'un pour t'accompagner, va voir cette fille, tu sais bien qu'elle est folle de toi. »

Si seulement il avait été plus attentif, si seulement... il n'aurait pas eu à voir ça, il n'aurait pas eu à le voir dans cet état. Mais c'était trop tard à présent, Atsushi était coupable et il fallait qu'il vive avec ce fardeau.

Il reprit son chemin, les mains dans les poches de sa salopette noire. Il se demanda soudainement pourquoi la présence de la mer l'avait tant surpris. Après tout, Yokohama était une ville portuaire : l'eau était donc omniprésente. Il soupira, la fatigue le rendait probablement nigaud.

Ses yeux dérivèrent vers d'autres lieux, ses sens se développaient en même temps que ses cheveux voltigeaient. L'atmosphère était paisible. Les oiseaux s'éveillèrent, puis, dans un battement d'ailes commencèrent leur chant mélodieux.

Il fallait qu'Atsushi rentre, et vite. Il avait horreur du bruit de Yokohama en pleine journée et la chaleur écrasante du soleil. La lune était mille fois mieux à son goût. Douce, calme, sans précipitations. Il se mit à rêvasser, imaginant toute sortes de choses à propos de la beauté de ce blanc immaculé qui submergeait la croute du satellite.

Un sentiment de mélancolie le fit revenir à la réalité.

Il rigola amèrement avant de faire demi-tour. Ses pas se firent pressés et une folle envie de regagner son appartement lui prit les tripes. Il courait, à six heures du matin, dans une rue calme de Yokohama; parsemée de végétation et trouée par les premiers rayons du soleil. Il pleura, comme tout les matins depuis quatre ans.  Et alors qu'une larme de plus s'était échappée de ses yeux bicolores, son attention fut détournée vers une couleur bien plus pâle que celle du violet de ses prunelles. Il s'arrêta.

Un camélia. Aussi captivant qu'une hirondelle prenant son envol, envoutant tel l'odeur de la rosé du matin, hypnotisant comme l'aube s'étant enfermée elle même dans une carapace de lumière.

Il était le seul, sur cet arbuste frêle dont les branche ne supporteraient sans doute pas le poids d'une fleur de plus. Mais il était si beau. Ses pétales s'étalaient et avaient même l'air de s'étirer à la vue de la journée qui se préparait. Les feuilles l'entourant avaient l'air de lui faire la cour, toutes à ses côtés. Il était en parfaite harmonie avec le cœur perdu du garçon.

Peut être ce fut un signe, un signe du destin.

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