Chapitre 7
Atsushi retira son manteau et le posa sur l'étendoir de la salle de bain. Ils avaient sans nuls doutes attrapés froid à cause de leur folie passée. Akutagawa était lui aussi glacé et tremblait comme une feuille. Cependant, il ne disait rien. Pas par timidité mais par peur de manque de politesse. Le blanc le dévisagea avant de comprendre son ressenti et l'incita à se déshabiller à son tour et à poser ses vêtements sur le fil.
__ Tu peux prendre ta douche en premier si tu veux.
__ Vraiment ?
__ Vraiment.
Le brun le remercia chaleureusement et s'enferma dans la pièce. Il retira son haut et fut contraint de voir son reflet dans un miroir en face de lui (qu'il n'avait pas remarqué jusqu'alors). Il fronça les sourcils, contrarié. Akutagawa détestait son corps et rien que de se voir le mettait en rogne. Si seulement... si seulement il n'était pas aussi maigre ! Il soupira et enleva tout le reste avant de faire couler l'eau et de s'y plonger rapidement. Bien vite, le plaisir de la sensation de chaleur le rempli et il divagua à travers ses pensées. Il trouva dans cette immense prairie qu'était son esprit un morceau de sentiments dirigés à l'égard d'Atsushi. Il murmura : "Ce garçon, il est tellement..." mais ne put finir sa phrase, ne trouvant pas le mot à poser sur le caractère du blanc. Il était dans l'eau depuis maintenant un bon moment, et sans s'en rendre compte toute la pièce avait été submergée de buée. Il se sentit si impoli d'avoir pris son pied dans le bain de quelqu'un d'autre qu'il en sortit de suite, les cheveux encore humides avec comme seul vêtement une serviette sur la taille.
__ Excuse moi Atsushi tu n'aurais pas quelques vêtements à me prêter ? Les miens sont mouillés et sèchent encore.
__ Ha ! Oui bien sûr, je te donne ça tout de suite.
Le blanc aussi était très peu vêtu à cause de la pluie qui les avait trempés. Il ne portait qu'un caleçon et était, jusqu'à l'intervention du brun, en train d'augmenter la température du chauffage (pour ne pas avoir à tomber malade dans sa propre maison).
Il parti chercher dans une des nombreuses armoires des habits et une fois trouvés, il donna un large tee-shirt blanc et un pantalon noir à son locuteur; qui s'habilla le plus vite possible. Il sortit de la pièce et Atsushi le relaya, s'isolant du reste du monde à son tour.
Akutagawa avait largement le temps d'admirer l'immense appartement avant le retour du plus jeune. Il en profita donc pour tout observer, en passant par détails les plus minimes. Il fit le constat que les lumières n'étaient pas allumés, la lune étant déjà une source suffisante à ce besoin. Il vit aussi des placards, beaucoup de placards. Soit c'était des fringues qui y reposaient soit c'était des ustensiles qui y étaient déposés, une grande cuisine jonchait le mur, elle était comparable au bureau de la chambre du noiraud. Il s'approcha de la baie vitrée et fut éblouit par la beauté du spectacle qui se jouait devant ses yeux. Il eut soudainement envie de le dessiner. Il courut vers la porte de la salle bain et frappa doucement.
__ Atsushi, tu n'aurais pas du papier et un crayon quelque part ?
Il ne répondit pas de suite, sûrement par réflexion. Il laissa échapper un soupire, à peine audible à cause des cloisons qui les séparaient, mais qui parvenu tant bien que mal aux oreilles d'Akutagawa. Il disait :
__ Je dois bien avoir ça quelque part...
Puis, l'illumination vint.
__ Mais si ! Regarde dans les tiroirs de la commode à l'entée !
Ainsi donc, le brun prit ses aises et alla fouiller dans le meuble en question. Le premier tiroir ne contenait rien de bien intéressant, seulement quelques bijoux comme des colliers ou des bracelets, le second non plus ne possédait pas d'objets des plus passionnants. En revanche le troisième contenait bien plus de choses ayant le don de captiver l'attention du garçon : des stylos et des crayons y étaient conservés en abondance, et une pile de feuilles était posé à leurs côtés. Il en saisit une au hasard et partit s'assoir sur le lit, positionné en face de la ville portuaire. Seul une vitre le séparait lui du fleuve, c'était excitant.
Le brun s'apprêtait à griffonner les bases lorsqu'il aperçut des mots traversant le papier. Il le retourna et fut surprit d'y trouver écrit une lettre, et non de simples annotations comme il aurait pu imaginer. Il observa longuement la feuille avant de perdre le combat qu'il menait contre sa curiosité et de lire les paroles qui y étaient écrites.
"Atsushi, je suis désolé, ce n'est pas une blague cette fois."
C'était le début du message, Akutagawa ravala sa salive, soudainement appréhendant la suite. Ces premiers mots sonnaient comme ceux d'une personne faisant ses adieux.
"Tu sais, cette fois là, quand on se baladait et que je t'avais montré la mer du doigt... j'y pensais vraiment, à ce que je disais.
J'étais mal, même si j'essayais de te le cacher. Tout ça parce que je voulais au moins le revoir une dernière fois avant qu'il ne s'en aille pour de bon... mais Kunikida et Ranpo m'ont on empêché et je n'ai pas pu lui dire quoi que ce soit.
Odasaku est tout aussi bouleversé que moi actuellement mais il ne veut pas le dire, comme moi en fait. On est meilleurs amis, ça ne devrait pas m'étonner qu'on se ressemble autant.
Je suis vraiment désolé d'être aussi égoïste, surtout envers mon fils. J'espère que tu t'occupera bien de Kyôka.
Aussi, il y a assez d'argent sur mon compte pour que tous les cinq vous vous achetiez une vrai maison à la place de cet appartement miteux. S'ils te demandent comment tu sais, dis juste que tu étais avec moi quand j'ai gagné au loto il y a une semaine et qu'on voulait leur faire une surprise. Ça devrait suffire.
Une dernière chose Atsushi, je veux que ce soit toi, celui qui lira ces mots. S'il-te-plait ne dit jamais aux autres que je t'ai écris cette lettre. Ne laisse personne savoir.
Dazai Osamu."
Le brun ne comprenait pas bien ce que signifiait cette lettre mais il n'avait aucun doute sur le fait que c'était les dernières volonté du jeune homme qu'il peignait tout les ans. A présent, il voulait en savoir bien plus. Cependant, le fait que le blanc ait eut à vivre une situation aussi triste plus jeune le rendait sincèrement empathique et il souhaitait le réconforter plus que tout au monde. Mais sans nuls doutes Atsushi ne voudrait pas en parler... le brun baissa les yeux et choisi le silence, contre toute attente. Il ne dirait rien et le laisserait lui en parler quand il voudrait, même s'il devait attendre des années pour cela. Akutagawa se redirigea vers la commode de l'entrée et échangea la feuille contre une autre. Cette fois il n'était plus aussi émerveillé par la vue qu'il avait en face, se doutant qu'elle devait être synonyme de douleur pour le blanc. Après tout, ce devait être dans cette eau verdâtre que Dazai avait plongé, comme le laissait sous-entendre le début de la lettre. Il esquissa les contours du panorama contre son gré, étant à présent refroidi par cette histoire.
Atsushi sortit finalement de la pièce et laissa échapper une énorme onde de chaleur dans l'entièreté de l'appartement. Il s'approcha du brun, et en posant ses deux mains sur le dossier de la chaise il regarda le croquis du plus vieux par dessus son épaule. Une moue enchantée apparue sur son visage, il avait des étoiles dans les yeux.
__ C'est incroyable ! Comment tu as fais ? C'est encore plus beau qu'en vrai.
Akutagawa tourna la tête et le fixa d'un regard accablé par le malheur des révélations qu'il venait de lire. Une lueur amère sortait de ses prunelles, il avait envie de le prendre dans ses bras. Sur le champ.
Il pensa : "Mais es-tu seulement vraiment heureux ?"
__ Qu'est-qu'il y a ? J'ai quelque chose sur la visage ? Dit-il d'un ton douteux. Il s'était sûrement rendu compte que quelque chose n'allait pas avec le brun.
__ Non. Je me disais juste que tu avais de belles mains... je pourrais les dessiner ?
Le blanc cru l'excuse et en fut flatter, il lui sourit et acquiesça d'un hochement de tête. Par réflexe, il regarda ses mains, elles n'avaient rien de spécial à ses yeux. Pourtant si le brun demandait à les dessiner, c'est qu'elles devaient avoir quelque chose.
En réalité, Akutagawa avait lâché ça car c'était la seule chose qui lui venait sur le coup, il n'avait jamais porter une quelconque attention aux les mains du blanc. Mais maintenant qu'il les avait de plus près et qu'elles étaient au centre de la conversation, il pouvait confirmer ses dires. Elles étaient vraiment belles et grandes, des doigts fins d'une couleur de marbre et des ongles de parfaite taille. Elles étaient féminisées par leur grâce, mais elles ne ressemblaient pas pour autant à celles d'une fille. Androgynes. C'était le mot. Et le brun adorait l'androgynie. Il ne regrettait finalement pas son mensonge, il lui en était même reconnaissant pour lui avoir fait découvrir une telle noblesse qu'il n'avait pas un seul instant soupçonné.
Atsushi s'assit à côté d'Akutagawa, les yeux au loin, plongé dans les abîmes du fleuve, noyé dans une certaine mélancolie. Cependant, un faible sourire venait éclairer sa face.
__ Tu sais, il y a quelque chose que je veux te dire depuis que je t'ai rencontré. Et une autre depuis qu'on a commencé à se revoir.
Le brun était tout ouïe, ses yeux étaient ancrés sur le visage du blanc et son cœur lui jouait des tours en valsant une danse éperdue dans sa poitrine. Il chantait en plus de ça. C'était une mélodie inconnue et incroyablement puissante pour lui.
__ La première c'est que je te trouve beau. Même très beau.
Atsushi avait tourné la tête et ses cils battaient à l'allure des ailes d'un oiseau en plein vol. Il n'avait pas honte, car il le pensait. Mais il était apeuré, apeuré d'un possible rejet. Et surtout, il était effrayé de la violence qu'il pourrait ressentir à nouveau s'il était blessé.
__ Et la deuxième c'est que je crois... non, j'en suis sûr, je suis amoureux de toi. Et pas seulement pour ta beauté. J'aime te voir parler, peindre et j'aime voir ce sourire sur ton visage. Je veux le voir plus souvent, et je veux t'entendre raconter toutes sortes de choses bien plus souvent.
Akutagawa faillit tomber en arrière tellement la chaleur lui montait à la tête. Il arrivait à saisir le sens des mots de son vis à vis, ils n'avaient rien de particulier, mais ils étaient si sincères que cela le faisait fondre intérieurement. Le brun le comprenait, les désirs du blanc n'étaient pas si compliqués : ils se résumaient par la présence de l'autre à ses côté.
Mais ce dernier n'avait pas d'expérience, jusque là il n'avait jamais ressenti d'attirance pour quelqu'un et en était venu à se qualifié d'aromatique et d'asexuel. Seulement depuis sa rencontre avec Atsushi, tout avait changé.
Il trouvait la situation un peu trop romantisé, voir même ridicule à ce niveau là. Mais son cœur, lui, n'y pensait même pas une seconde. Il réfléchissait, sa réponse se faisait attendre. Mais il ne voulait pas répondre un simple "moi aussi", ç'aurait été dénigré la puissance de ses émotions. Il devait faire un choix. Oui ou non. Bien sûr, la réponse était vite choisie, mais la formulation, elle, était bien plus compliqué. Akutagawa n'avait jamais été doué avec les mots, ses actes avaient toujours reflétés sa pensée.
Atsushi attendait. Il se demandait bien à quoi tout cela rimait. Après tout, tout avait été si rapide. Lui même avait du mal à y croire, il avait du mal à croire que ses désirs l'envoutaient déjà. Il se sentait d'ailleurs gêné d'avoir été aussi direct, il aurait dû mettre plus de formes à son goût, mais c'était trop tard. Il commençait à s'impatienter, la situation se mettait à produire une atmosphère étrangement délicate et le blanc n'arrivait plus à la supporter. Il n'avait jamais été une fleure bleue de la nature, il ne se laissait pas emporter par le vent, il le prenait en restant debout sur ses deux pieds. Pourtant, ce n'était pas non plus un gros dur. Il manquait juste de tact. Quant à Akutagawa, il n'en savait rien. Selon lui il n'avait pas l'air grandiosement sensible mais plus du genre à se prendre a tête pour tout et rien. Et là, c'était ce qu'il semblait faire. Le blanc s'apprêtait à se lever lorsqu'il senti le col de son haut se faire attirer vers le noiraud et ses lèvres toucher celle de son vis à vis.
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