Ŧøɨ, møɨ, łɇ søłɇɨł ɇŧ ŧȺ ǥᵾɇᵾłɇ

SpRiNg DaY

Je suis

un nuage qui passe sur ta vie

une fleur de coton qui navigue

sur la mer de nos larmes acides

Tu es

le vent dans les épis de blé

ma dose quotidienne d'humanité

de toi je ne pourrais me passer

Nous sommes

comme deux pépins dans une même pomme

les deux électrons d'un même atome

le plus imparfait des binômes 

J'ai

tant de mal à t'interpréter

à pénétrer dans tes pensées

à vraiment savoir qui tu es


Tu as

ce petit rien qu'on n'trouve nulle part

qui m'accapare de part en part

et qui fait tomber mes remparts

Nous avons

tous les deux perdu la raison

nageant dans les mêmes illusions

sautant en même temps du même avion

Dans le ciel

ce soir

nous sommes seuls

il n'y a plus que toi

et moi

et le soleil

...

et ta gueule


***


Cela faisait bien deux journées entières qu'Alisha n'était pas venue à l'école. Oliver n'avait pas son numéro de téléphone, mais personne ne l'avait dans tout l'établissement de toute façon.

"Ça doit être dur de ne pas avoir d'amis", pensa-t-il.

Tout ce qu'il détenait, c'était son adresse qu'il avait réussi à dénicher dans le livret du délégué de classe. 

- Tu sais qu'est-ce qu'elle a ? Lui demanda Nicolas. Elle est malade ?

- Je ne sais pas, elle ne m'a pas donné de nouvelles depuis mercredi...

Alors en ce vendredi soir, avant son cours d'escrime, Oliver s'était rendu chez sa douce et... tendre... Alisha Kaspov.

Il sonna à la porte. Bientôt, des pas résonnèrent à l'intérieur de la maison, s'approchant rapidement de l'entrée. C'est une Svetlana en sueur qui se présenta dans l'encadrement.

- Oui ? C'est pour quoi ?

Elle portait un pantalon à motifs militaires et un t-shirt noir à manches courtes. Les gouttes de transpiration dévalaient son front et son menton comme les chutes du Niagara et sa respiration semblait difficile. Oliver répondit, hésitant.

- Je viens amener les cours à ta sœur.

- Laquelle ?

- Euh... Alisha... Qui d'autre ?

Il fronça les sourcils. Croyait-elle vraiment qu'il viendrait pour Masha ?

- Oh oui, désolé, mon cerveau est un peu...

La jeune fille tourna étrangement de l'œil, comme sur le point de défaillir. Oliver s'alarma et fit un mouvement pour la rattraper, mais elle parvint à se maintenir debout toute seule en se tenant au cadran de la porte d'entrée.

- Tu peux rentrer, Alisha est dans le jardin, dit-elle finalement.

Peu rassuré, le garçon s'essuya les pieds sur le paillasson et entra. Il suivit Svetlana dans le couloir, puis à travers le salon pour arriver enfin devant la baie vitrée donnant sur le jardin.

- Maman est avec elle, tu es sûr que tu veux y aller ?

Oliver déglutit mais ouvrit la vitre. Une fois dehors, le soleil lui réchauffa la peau agréablement.

- один, два, один, два, один, два... (une, deux, une, deux, une, deux...)

Une voix forte aux intonations autoritaires résonnait dans l'atmosphère. Oliver tourna la tête vers la source du son. Alisha était bien là, habillée du même pantalon militaire que sa petite sœur et d'un débardeur gris. Et elle était en train de faire des pompes sous le regard strict d'une grande femme qui la supervisait, les mains posées sur les hanches.

Madame Kaspov était un colosse au regard de glace et aux cheveux courts et châtains. Physiquement, ses filles étaient son portrait craché -sauf pour les yeux qu'elle avait bleus et dont sa progéniture n'avait pas hérité-, mais quelque chose interpellait de suite chez elle. Outre son regard menaçant et sa posture droite et solide, il était difficile de ne pas remarquer les muscles de ses biceps et de ses quadriceps qui étaient saillants, impressionnants.

S'il existait une image clichée de la féminité, ça n'était sans doute pas celle de Tatiana Olga Sevastiana Kaspov. Anciennement professeure de systema, elle avait dû arrêter cette activité après le décès de son mari, ne souhaitant plus partir en déplacement et laisser ses enfants seuls et livrés à eux-mêmes.

Elle travaillait à présent dans une station de lavage automobile, n'ayant pas vraiment de diplômes lui permettant de postuler à mieux. Dans ce grand jardin à la pelouse bien tondue, Alisha faisait des pompes sous son œil averti et, à côté, la petite Masha travaillait avec un grand sérieux son grand écart.

"Elle n'était donc pas malade ? Se demanda Oliver. Mais... qu'est-ce qu'il se passe ici ?"

Il aurait crû entrer dans un camps d'entraînement des forces spéciales soviétiques s'il n'y avait pas eu de multiples tulipes qui poussaient tout le long du mur du fond.

- Vous ne retournerez pas à l'extérieur de cette maison tant que votre corps ne se sera pas suffisamment endurci, tonna la forte voix de la maîtresse de maison. Ça vous apprendra à vous ramollir pendant que je ne regarde pas vos entraînements.

Le garçon s'approcha timidement, jusqu'à entrer dans le champs de vision de la matrone russe.

- Halte là, garçon ! Qui es-tu donc ? Tonna Tatiana.

Alisha releva la tête et écarquilla les yeux en voyant son ami se tenir dix mètres plus loin.

- Eh ! On ne s'arrête pas, mademoiselle ! один, два ! один, два ! Alors petit, qui es-tu ?

- Bonjour madame. Je suis Oliver, un camarade de classe d'Alisha. Je suis venu prendre de ses nouvelles et lui apporter les devoirs, comme elle n'était pas là ces derniers jours.

La mère Kaspov croisa les bras, ce qui fit ressortir ses muscles contractés.

- C'est très gentil de ta part, mais dis-moi : tu m'as l'air un peu gringalet pour un lycéen de 18 ans.

Oliver jeta un coup d'œil à ses bras. C'est sur qu'à côté d'elle il ressemblait à une petite brindille...

- Je vois que tu es déjà en tenue de sport. Allez, enlève-moi cette veste et met-toi au sol, à côté d'Alisha. C'est l'heure des pompes pour toi aussi !

Oliver, un peu choqué et prit au dépourvu, coula un regard vers sa collègue de classe. Alisha arborait une expression qui semblait lui dire : tais-toi et fais-le juste.

- Exécution !

- Oui madame !

Il retira rapidement sa veste et se plaça comme elle le lui avait ordonné.

- Une deux, une deux, une deux !

Alisha montait et descendait avec plus ou moins de facilités. Oliver, moins coutumier de ce genre d'exercices, éprouvait bien plus de peine à suivre le rythme. Mais il essayait, et cela suffisait à son professeur improvisé. Tout en continuant à compter, madame Kaspov rectifia la position du jeune homme en lui abaissant les fesses gentiment. 

Alisha, voyant la scène du coin de l'œil, pouffa discrètement tandis qu'Oliver faisait de son mieux pour ne pas ressentir trop d'embarras alors que la mère de la fille qu'il aimait touchait sans gène son postérieur.

Cela dura une heure entière. Après les pompes, ils avaient enchaîné sur des squats, puis des tractions, des abdos et enfin du gainage. Au bout de vingt interminables minutes de gainage, Tatiana Kaspov considéra que ça allait suffire pour la journée. Les deux enfants étaient tout transpirants et abattus par l'effort. La femme leur balança à chacun une serviette dans la tronche.

- Reposez-vous les jeunes, je dois allez faire les courses maintenant. Alisha, je ne prends que Masha avec moi, Svetlana doit aller faire ses devoirs. Occupe-toi bien de notre invité. S'il veut prendre une douche donne-lui le nécessaire.

Après le départ de la prof de systema, les deux lycéens se retrouvaient allongés dans l'herbe au beau milieu du grand jardin. Ils s'épongeaient le front avec leurs serviettes, espérant se rendre plus présentables et moins dégoulinants. Au bout d'un moment, Alisha s'assit en tailleur dans la pelouse et resserra l'élastique de sa queue de cheval avant de saisir une bouteille d'eau à proximité. Le garçon, assoiffé lui aussi, se jeta aussitôt sur la bouteille, la prit, l'ouvrit et commença à boire à grosses gorgées.

- Eh ! se plaignit la jeune fille.

Elle tenta de lui arracher l'eau, mais il leva la bouteille au-dessus de sa tête. Ne laissant pas tomber l'affaire pour autant, elle le poussa en arrière avec le peu de force qui lui restait dans les avant-bras. Et sans vraiment s'en rendre compte, Alisha avait fini au-dessus d'Oliver et Oliver se retrouvait coincé sous Alisha. Les gouttes de sueur tombaient une à une du front de la jeune fille sur le t-shirt du garçon, comme des gouttes de rosée qui tomberaient des pétales d'une fleur au lever du jour.

- Viens on enterre un corps maintenant, plaisanta Oliver.

- On a qu'une seule pelle dans la cabane à outil. Si tu veux tu peux jouer le rôle du corps, et moi je t'enterre-

Alisha se tut en sentant un liquide froid lui couler sur les tempes. Ses sourcils se haussèrent de stupéfaction, il avait osé lui vider la bouteille sur la tête ? Voulait-il vraiment mourir ?

N'empêche que ça faisait du bien un peu de frais.

Oliver pouffa en voyant que la lycéenne était partagée entre l'envie de le trucider et celle de profiter de la fraîcheur de l'eau. Mais il redevint sérieux lorsqu'il sentit son regard pesant sur son visage. Leurs regards se croisèrent, s'accrochèrent et se mirent d'instinct à se sonder en profondeur.

Et c'est là qu'ils le sentirent.

Deux cœurs qui battaient la chamade. 

Deux regards de feu qui brûlaient ensembles. 

Ils étaient seuls. Et même s'il y avait eu quelqu'un d'autre, ils étaient seuls au monde en cet instant.

Alisha détaillait Oliver. Ses cheveux en bataille, ses yeux verts et envoûtants... Sa mâchoire bien tracée, ses fossettes si rayonnantes...

Oliver observait aussi Alisha. Ses joues rougies, ses mèches de cheveux qui lui collaient au front, ses yeux noisette que le soleil rendait caramel... Son nez droit, ses lèvres roses, entrouvertes et sucrées... C'était sûrement cela, "dévorer des yeux". Il n'avait plus qu'une seule envie, il aurait pu tuer pour goûter encore à ces lèvres...

- Alisha...

Coupé par l'objet du désir. 

La jeune fille, dans un moment de folie, avait avancé la tête vers l'avant. Elle avait déposé sa bouche sur celle de son camarade. Oliver fut d'abord stupéfait, et sa surprise fit douter Alisha. Elle rouvrit les yeux d'un coup et fit un mouvement de recul pour se retirer.

Mais le garçon l'arrêta à temps. Il lui posa les mains derrière la nuque, l'incitant à rester tout contre lui. Elle replaça alors ses paumes sur le sol pour ne pas l'écraser. Ils fermèrent les yeux tous les deux.

Le soleil se couchait à l'horizon et sa lumière se tamisait, comme pour respecter ce moment si spécial. Leurs lèvres étaient scellées, bougeant lentement malgré le rythme effréné de leurs cœurs.

Ils se sentaient. 

Ils s'embrassaient. 

Ils se découvraient d'une nouvelle façon.

Chacun pouvait enfin se rendre compte de la réelle passion qui habitait l'autre. 

Toujours les yeux fermés, Oliver bascula sur le côté. Il prit la mâchoire d'Alisha en coupe et approfondit le baiser. Avec douceur, leurs bouches glissaient l'une contre l'autre, se dévoraient, se décrochaient presque avant de se rejoindre à nouveau dans un long frisson. 

Leurs corps étaient pris de palpitations. Il n'y avait plus ni le sol, ni le ciel autour d'eux. Seulement leurs deux corps l'un contre l'autre qui flottaient dans l'espace, comme en apesanteur. C'était chaste et tendre, c'était sincèrement tendre, et Alisha aurait voulu rester ainsi toute la vie.

Ça ne semblait pourtant pas possible. Avec lenteur, le garçon se recula, détachant avec peine ses lèvres de celles qu'il avait tant désiré. La jeune fille resta les yeux clos un moment. Il en profita pour l'observer encore.

- Je t'aime, Alisha. Tu veux sortir avec moi ?

Son chuchotement était rauque. Elle papillonna des paupières. La teinte rouge de son visage s'accentuait encore malgré tous ses efforts pour masquer sa gêne. Des bribes de mots et des bégaiements incompréhensibles s'échappèrent de sa bouche avant qu'elle ne pousse un soupir final : 

- Ferme ta gueule...

Oliver rigola doucement et porta la main à son visage, lui dégageant ainsi une mèche de cheveux.

- I love you, Ali... I truly love you...


Jetons-nous, sautons, plongeons dans le vide

Tous les deux ensembles, et main dans la main

Sois ma bonne étoile, je serai ton guide

Sois mon parachute, je serai le tien...

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