𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟗

NOA

Je me réveille en sursaut, le souffle court, la gorge sèche. Mon teeshirt collé à ma peau moite.
Je balance mes jambes hors du lit et me s'assoie simplement, tenant de calmer les battements désordonnés de mon coeur.
C'est ma première nuit à Marcoussis. Le silence dans le silence dans le logement est total, si ce n'est le léger grincement du bois sous mes pieds nus.
Je jete un œil à l'horloge de mon téléphone: 2h15.
J'ai beoins de prendre l'air, impossible de rester là, à tourner en rond dans cette chambre encore si peu familière.

J'attrape un sweat sur le dossier de la chaise et l'enfile en hâte. Lorsque je j'ouvre la porte, une bouffée d'air frais me frappe, piquante, presque violente après la chaleur suffocante de ma chambre.
Je prend une grande inspiration.
L'air portait avec lui une odeur d'herbe humide et de terre retournée.
Le centre d'entraînement est désert.Pas un bruit , sauf mes pas sur le gravier qui crissaient doucement. Les bâtiments autour de moi semblent dormir. Mais plus loin, quelque chose capte mon regard : un terrain encore éclairé. Les lampadaires projettent
leur lumière blanche sur le gazon.
Je ne sais pas pourquoi, mais mes jambes me porte dans cette direction. Peut-être pour échapper quelque instant aux milles questions qui me prennent la gorge.

Je m'arrête au bord, les mains enfoncées dans les poches de mon sweat. Le silence y est presque surnaturel. Sous la lumière artificielle, chaque brin d'herbe semblait briller, net, parfait.
Un frisson me parcours l'échine, mais je ne sais pas si c'était à cause du froid ou de cette sensation étrange qui monte en moi.
J'ai prend une grande inspiration. L'air est plus pur ici, ou peut-être que c'est l'illusion de l'espace ouvert. Je m'avance, doucement, jusqu'à poser un pied sur la pelouse. Le sol est ferme, mais accueillant. Je ferme les yeux une seconde.
Un bruit sec brise le silence, me tirant brusquement de mes pensées. Je me suis figée, le cœur battant.
Un coup, puis un autre, régulier, comme si quelque chose heurtait un objet lourd. Le son résonnait dans la nuit, un écho qui semblait venir de l'autre côté du terrain.
Je me suis avancée, hésitante, mes pas prudents sur la pelouse. Ce n'était sûrement rien... Peut-être un animal ou le vent. Mais à mesure que je m'approchais, le bruit devenait plus clair : un ballon de rugby, sans aucun doute. Quelqu'un tape dedans.

Je contourne l'un des poteaux de rugby.
Une silhouette, seule au centre du terrain, sous la lumière des lampadaires. Il porte un short sombre et un maillot léger, ses chaussettes repliées négligemment sur ses mollets. Son casque rouge est accrocher négligemment à son short.
Il se tient près d'un ballon posé au sol: pieds légèrement écartés, les mains sur les hanches.

Il s'élance doucement, d'un pas incertain, son pied frappe le ballon. Le bruit claque à nouveau, et le ballon s'envole vers les poteaux.
Loupé: le ballon termine sa trajectoire et heurte l'un des poteaux.
Je le reconnait avant même qu'il ne ramasse un autre ballon. Louis. Louis Bielle Biarrey, l'un des nouveaux ailiers du XV de France aka l'insolence en elle même. Je m'arrête net en voyant la silhouette, les cheveux bruns légèrement en bataille..Ça ne peut qu'être que lui.

Un soupir m'échappe. À croire qu'il est partout. Depuis mon arrivée ce matin, il avait déjà trouvé le moyen de m'énerver. Pourtant je n'ai pas eut plus l'occasion de lui adresser la parole. Et maintenant, voilà qu'il ruine ma tentative de trouver un peu de calme. Je l'observe un instant. Il se prépare à tirer à nouveau, son regard rivé sur le ballon. Ses épaules bien sculptées sont tendues sous son maillot d'entraînement, et malgré moi, je ne peux pas m'empêcher de remarquer sa silhouette athlétique.
Il avait ce genre de physique qu'on ne peut ignorer : grand, élancé, les muscles dessinés sans excès. Et ce visage...malgré tout son visage ne correspond pas dutout à l'homme puéril qu'il est.

-Qu'est ce que tu fou ici ?

Et merde il m'a vue.

Je garde la même distance entre nous et me contente de m'appuyer sur le rambarde qui à présent supporte tout mon poids.

-Je pourrais te poser la même questions.

-T'as du mal à dormir, toi aussi ? lança-t-il

Je me suis figée, serrant les bras autour de moi.

-Et toi ? T'as peur que tes coups de pied ne passe pas le milieu de terrain ? ai-je répliqué, incapable de m'empêcher d'être piquante.

Un sourire étire ses lèvres, et je sens cette pointe d'irritation revenir en force.

-Disons que je préfère m'occuper. Toi, par contre, tu te balades souvent sur les terrains à cette heure-là ?

-Peut-être que je cherchais juste un endroit tranquille.

Il hocha la tête, faussement compréhensif.

-Ah, je vois. Et là, tu te dis que tu es tombée sur le mauvais terrain. Dommage.

Il avait raison, bien sûr, mais je n'allais pas lui donner cette satisfaction.

-Crois pas que t'as le monopole de cet endroit, ai-je répliqué, croisant les bras pour me donner un semblant d'assurance.

Il haussa les épaules, l'air complètement indifférent.

-Fais comme chez toi. Mais si tu comptes rester, va falloir que tu fasses un truc utile.

Il désigna un ballon près de lui d'un petit geste du menton.

-Taper dedans, par exemple.

Je lui lance un regard exaspéré.

-Je suis pas là pour ça.

-Non ? Dommage. Ça aurait peut-être aidé à évacuer ce... stress que t'as l'air de traîner.

Je sentis mes mâchoires se serrer.
Un premier craquement sourd, suivi d'un souffle d'air frais sur ma joue, me fait lever les yeux vers le ciel. La pluie arrive sans prévenir, d'abord timide, comme quelques gouttes isolées, avant de se transformer en une averse fine mais persistante. Elle glisse sur mes cheveux et trempe mes vêtements, me faisant frissonner.

-Et voilà, la cerise sur le gâteau, ai-je marmonné pour moi-même, agacée par cette nuit qui ne faisait qu'empirer.

Louis, lui, ne semble pas le moins du monde affecté. Il se tient toujours là, à quelques mètres, l'air imperturbable, les bras relâchés le long de son corps. La pluie ruissèle sur son maillot et dessine des lignes sombres sur sa silhouette. Il n'a pas bougé, comme si la météo n'avait aucune prise sur lui.

-C'est quoi le problème ? T'aimes pas l'ambiance ? lança-t-il en jetant un coup d'œil vers moi.

-L'ambiance ? répétai-je en haussant les sourcils. T'appelles ça une ambiance, toi ? La pluie, le noir qui tombe... on dirait le début d'un mauvais film d'horreur.

Il sourit, ce sourire agaçant, légèrement moqueur, celui qui me donnait toujours envie de répliquer.

-Manque plus que tu trébuches dans une flaque, et on y est, répliqua-t-il, amusé.

J'ouvrais la bouche pour lui répondre quand un bruit sec et métallique résonne autour de nous. Puis, tout s'éteint d'un coup. Les lampadaires, qui baignaient le terrain d'une lumière artificielle, se sont éteints, nous plongeant dans une obscurité complète.

Je reste immobile, les bras instinctivement serrés autour de moi. Le noir est total, écrasant, accentué par la pluie qui tombe en rideaux invisibles mais bruyants.

-Super. Les lumières sont automatiques, ai-je dit à voix haute, plus pour moi-même que pour lui.

-Pas mal, non ? répondit Louis, comme si la situation l'amusait toujours autant.

-Ouais, génial. Tu comptes encore te moquer, ou on fait quelque chose ?

J'entendais son rire étouffé, quelque part devant moi. J'ai eu envie de l'ignorer, de m'éloigner, mais avec l'obscurité totale et la pluie qui rend la pelouse glissante, chaque pas me semble risqué.

-Relax, Nono, lança-t-il doucement. C'est pas comme si on allait se perdre sur un terrain de rugby.

-Ne m'appelle pas comme ça, ai-je rétorqué, frustrée.

Il ne dit rien. Un instant, j'entend ses pas près de moi, lourds et assurés malgré l'herbe glissante. Puis, ils s'arrête.

-Bon, je te laisse, Nono. Bonne chance pour retrouver ton chemin, lança-t-il, sa voix calme, presque amusée.

Je cligne des yeux dans le noir, figée.

-Quoi ?

-T'as dit que t'étais pas là pour taper dans des ballons, alors je vois pas pourquoi je devrais rester, répond-il simplement, avec une désinvolture exaspérante.

Je l'entend déjà s'éloigner, ses pas s'estompant dans la pluie, alors que l'obscurité autour de moi semble s'épaissir.

-Sérieusement ? Tu me laisses comme une conne dans le noir total? ai-je lancé, incrédule.

-T'as dit toi-même que tu voulais être tranquille, répondit-il, sa voix à peine audible maintenant.

-Louis !

-C'est moi. Dit-il maintenant assez loin pour percevoir son ton moqueur

-Va te faire voir ! Dis-je en étant le plus poli possible

Pas de réponse. Juste le bruit de la pluie qui tombe, masquant presque le son de ses pas. Il est parti. Il m'a laissée là, plantée en plein milieu du terrain, dans le noir complet, avec la pluie qui me trempe jusqu'aux os.

Je reste immobile, le souffle court, partagée entre l'agacement et une pointe de panique. Comment pouvait-il être aussi... insupportable ? Je me pince l'arrête du nez tentant de trouver mon téléphone au fond de ma poche. J'active simplement le flash.

-Pauvre con, marmonnais-je , mes mots se perdant dans le vide.

Je souffle un grand coup et tente de me rediriger vers ma chambre, pour retrouver le sommeil.

...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top