J'atterris dans une petite ruelle de Londres. Il pleut énormément et je n'ai aucun pouvoir pour me protéger durant moins de vingt-quatre heures. Je me laisse emporter par la foule jusqu'au métro. J'ai une idée. Je ne sais pas ce que ça va donner mais je dois essayer. Je tente de me souvenir du chemin, je prie pour arriver à bon port. L'orage gronde fort, il n'y avait pas ça à Lord Light. Je coure sur le trottoir et finalement arrive devant une grande maison blanche.

Je m'avance jusqu'à la porte et frappe. J'attends quelque seconde avant que Madame Grey n'apparaisse.

- Faith ?

Elle m'a l'air choqué.

- Bonjour, je dois vraiment voir Amarille.

- Bien sûr, entre. Ne reste pas sous cette pluie.

Je la remercie et passe le pas de sa porte, j'essuie mes pieds et la suis jusqu'au salon. Elle m'indique de m'assoir et revient quelques secondes plus tard avec deux tasses de thé.

- Amy ne devrait pas tarder, elle rentre des cours dans quelques minutes. Tu n'y vas plus ? Je ne crois plus ta mère au café du coin.

- Mes parents sont... Ils ont eu un accident, mens-je.

- Oh quand ça ? Les informations n'en ont pas parlé. Je suis navrée Faith.

- Ne vous en faites pas, ça va. C'était il a une semaine ou deux.

Elle me sert son thé puis me tend une tasse que je prends entre mes deux mains. Je souffle la vapeur qui s'en échappe et puis soupire. La normalité m'avait manqué.

- Où étais-tu durant tout ce temps ? Amarille était très étrange en rentrant le jour de ton anniversaire.

J'ouvre la bouche en regardant la fumée s'échapper de la théière.

- Oh, nous avions dû nous disputer, mens-je, peu de temps après, j'ai changé d'école.

- Pour quelle raison ?

Toutes ses questions m'ennuient, je n'aime pas mentir. Encore moins à la mère de ma meilleure amie.

- C'est un internat loin d'ici, mes parents l'aimaient beaucoup mais les cours ont été suspendu hier.

Madame Grey acquiesce alors que j'ingurgite une gorgée de son thé. Je réchauffe mon corps lorsque la porte d'entrée claque. Je me tourne vers cette dernière pour voir Amy retirer son écharpe. Elle se tourne vers nous puis reste figer. Je me demande comment elle va réagir en me voyant.

- Faith est venue te voir, déclare sa mère.

- Tu nous as abandonné Faith, tu peux repartir, fait mon amie.

Sur ces mots, elle monte en courant dans sa chambre. Je râle parce que Samuel ne m'a jamais dit par quoi il avait remplacé notre ultime journée ensemble. Je la rejoins donc en l'appelant mais sa porte en verrouillée quand j'arrive, je tambourine alors dessus en l'appelant mais Amarille ne répond pas. Qu'est-ce qu'elle peut être bornée celle la aussi !

- Amy, laisse-moi tout t'expliquer. Ce n'est pas ce que tu crois, j'ai besoin de ton aide !

Au bout de longues minutes, le verrou se fait entendre et la porte s'ouvre.

- Pourquoi tu es partie ? demande-t-elle les larmes aux yeux.

Je la prends dans mes bras et soupire.

- Je ne suis pas partie, je dois tout t'expliquer.

Nous entrons dans sa chambre et nous asseyons sur son lit. Elle tente de cacher sa déception mais c'est peine perdu, je la lis dans ses yeux.

- La dernière journée que nous avons passé ensemble n'est pas réel Amy.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Je cherche mes mots, je cherche comment lui expliquer tout en douceur sans la faire devenir folle. Amarille n'y croira probablement jamais sauf que sans mes pouvoirs, je ne peux pas essayer de rompre le sort de Sam.

- Un ami t'a fait oublié ce qu'il s'est vraiment passé.

- Quoi ?! Mais c'est impossible Faith ! Ce jour là, tu nous as annoncé que tu quittais l'Angleterre.

- C'est faux, je n'ai jamais fait ça. C'est Samuel, mon ami, qui t'a mis ça dans la tête.

Elle lève les yeux au ciel. Elle est déjà agacée par cette situation.

- Écoute Amarille, dis-je en prenant ses mains, tu ne me croiras pas mais j'ai des dons. J'ai des pouvoirs qu'on m'a temporairement pris.

- Tu me prends pour une enfant Faith ? Arrête de me mentir, tu es partie et n'as jamais rappelé !

- Tu as raison, je ne voulais pas vous mettre en danger. Ce n'est pas facile, pleins de nouvelles choses se sont ouvertes à moi et le monde humain, je l'ai un peu oublié.

- Le monde humain ?! Mais tu déconnes ?!

Je soupire en baissant la tête, si seulement je pouvais lui prouver que ce que je dis est vrai. Je tourne ma tête vers la fenêtre et dans le reflet des gouttes d'eau sur le verre, je me vois. Je vois aussi le pentacle, si j'arrive juste à le faire scintiller, je peux lui montrer que je ne mens pas. Je le retire hâtivement de mon cou puis le pose sur ma paume.

- Regarde, je ne promets pas d'y arriver mais ce truc est magique.

- C'est le collier de ta mère, elle te la offert avant ta super annonce, bougonne-t-elle.

Je place ma deuxième main dessus puis ferme les yeux, je tente de puiser dans toute l'énergie que je peux trouver mais ça m'est impossible. Je n'y arrive pas.

- Je n'ai plus de pouvoir et je ne sais quand est-ce que je les récupèrerai mais je t'en prie Amarille, j'ai besoin de toi.

- Pourquoi faire ? Tu vas encore m'abandonner après.

Je souffle d'agacement alors d'un geste impulsif, j'attrape ses épaules pour la secouer. Cependant, quand elle voit mon visage de plus près, ses yeux s'écarquillent, j'aime même peur qu'elle ne tombe à la renverse. Je me tourne alors vers le miroir de sa chambre puis vois mes yeux, ils sont rouges.

- Tu vois ?! m'exclame-je, je retrouve mes pouvoirs.

- C'est impossible, ceux sont des lentilles.

Je grogne en frappant contre le matelas.

- Non ! Crois-moi.

- Comment te croire ?! Tout ceci n'existe pas Faith ! Tu pars en vrille je t'assure.

Si mes yeux changent de couleur, c'est que je récupère peu à peu mes pouvoirs. Il ne faudra pas beaucoup de temps je pense. Je les ferme et tente de me calmer. Quand je les ouvre de nouveau, Amarille me regarde étrangement, j'en conclu qu'ils ne sont plus rouges.

- Comment fais-tu ?

- Je t'ai dit, c'est de la magie. Je suis une sorcière Amy.

Elle me regarde de tous les cotés, elle me détaille comme un examen médical. Je soupire et me lève dans le but de partir, elle ne me croira jamais.

- Où vas-tu ? me demande-t-elle.

- Je vais te laisser, tu ne me crois pas et finalement, je ne veux pas te causer de problème.

Je m'approche de la porte lentement et sors de sa chambre. Je laisse une larme rouler le long de ma joue tandis que je commence à descendre les escaliers.

- Faith attends ! s'exclame mon amie.

Je me tourne et la regarde les larmes au yeux, elle semble triste aussi.

- Si tu en es vraiment une, montre moi.

- Je n'ai plus de pouvoirs, une sorcière très puissante les a siphonné pour vingt-quatre heures.

Amarille baisse la tête comme si elle réfléchissait puis elle soupire et me regarde de nouveau.

- Dors ici ce soir, tu me montreras demain.

Je souris puis accours vers elle pour la prendre dans mes bras. J'éclate en sanglot en m'excusant des dizaines de fois, elle finit par pleurer aussi et s'excuser de son comportement. Je me sens mieux maintenant que je l'ai retrouvé.