PARTIE V
Episode 5
Bien des années s’étaient écoulées…
Dans la vaste cuisine, Laura releva d’un geste rapide une mèche de cheveu rebelle et lança à son mari :
« Nicolas, tu peux aller chercher le petit dans sa chambre ? C’est l’heure de passer à table. »
« Tout de suite, mon amour », rétorqua Nicolas, tenant une serviette de table à la manière d’un cavalier sur une piste de danse esquissant un pas de Mazurka.
Puis il monta quatre à quatre l’escalier qui menait au premier étage et se dirigea à gauche, vers la chambre d’Alexandre. Ce dernier souriait, pensif, la tête penchée sur un énorme coffre en bois des îles. « Viens tout de suite mon petit gars, c’est l’heure de passer à table. Que cherches-tu dans ton coffre ? »
« Je ne cherche rien du tout, répondit le bambin. Je parle avec la dame qui me fait signe dans le coffre ».
Nicolas s’était arrêté au milieu de la chambre, pour admirer sur la tablette, une magnifique collection de soldats. Distraitement, il passa la main sur un personnage noir dont les yeux verts, plus lumineux que jamais, semblaient fixer le coffre au point de le traverser.
« Il faudra qu’on jette ce vieux joujou qui s’empoussière depuis des lustres ; cela fait trop longtemps qu’il est là, je crois bien qu’il faisait déjà partie des meubles lorsque mes parents ont acheté la maison. Au fait, c’est qui ta dame dans le coffre ? »
« Elle m’a dit qu’elle s’appelait Louise ».
Nicolas sourit avec attendrissement devant l’imagination toujours débordante de son fils et lui dit d’un air rêveur : « C’est un joli nom, Louise, ma grand-mère s’appelait comme ça ».
Puis, plongeant à son tour le nez dans le coffre, il marmonna entre ses dents : « Fichtre je ne sais de quelle île provient le bois de ce coffre mais il dégage une de ces chaleurs !
« Elle s’appelait comme ça, ta grand-mère ? Et elle est où maintenant papa ? »
« Elle a disparu un soir d’Octobre lorsque j’étais tout petit. Je ne l’ai jamais revue. »
« Mamy Annie et papy Seb ne t’ont pas dit où elle est allée ? »
« Je me souviens seulement qu’ils lui en voulurent longtemps ; en fait, je crois qu’ils restèrent toujours fâchés qu’elle soit partie comme ça subitement en voyage, sans préciser où elle allait et sans nous dire au revoir ».
« Et tu crois qu’elle est partie où, papa ? »
« Je n’en sais rien mon ange, mais à cette époque, lorsque comme toi, je leur ai posé la question, mes parents m’avaient raconté qu’elle adorait les voyages, les pays de chaleur et de soleil, où le ciel et la mer seraient tellement bleus qu’ils se rejoindraient pour faire disparaître la ligne d’horizon… Ne pensons plus à tout cela, c’est déjà si loin ! Descendons retrouver maman et à table ! »
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The End
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