Chapitre V.
| Tango nocturno |
Il était encore adossé à ce balcon, regardant les enfants jouer au foot dans la rues commerçante sous ses yeux. Deux semaines qu'il vivait ici à présent. Les joues de congés de Thiago étaient finis, et Edgar passait ses journées à rechercher un emplois, sans savoir réellement quoi faire, ou alors à flâner dans les rues,souvent accompagné de Mamoru, et parfois d'Akio. Presque un mois qu'eux étaient en Argentine, et les deux japonais lui avaient expliqués qu'ils ne savaient pas quand ils rentreraient au Japon.Seulement lorsque l'envie se fera ressentir. Cela avait fait rire Edgar, c'était typique de l'ancien capitaine d'Inazuma Japan.
Il ne vit pas dans son dos son hôte rentré, perdu dans ses pensées.Le passé, le futur, sa vie à présent. Un vrai foutoir absolument pas organisé, ce qu'il détestait. Mais étrangement, l'aventure lui plaisait.
Thiago posa ses clés dans le petit bol en forme de coquillage, à côté de celles d'Edgar, et se laissa tomber dans le canapé. Son regard riva sur le britannique adossé au balcon, clope entre les doigts, ses cheveux relevés en un chignon. Le bleu avait souvent cet air mélancolique au visage, lorsqu'il allumait une cigarette, bien qu'il soit de dos, l'argentin savait très bien quelle tête tirait son invité. Finalement il se releva, et sortit à son tour sur le balcon. Il put même tirer un sursaut à son colocataire, le faisant ainsi ricaner.
« Alors, ta journée ? » Demanda-t-il en s'adossant à la rambarde blanche. C'était leur petit rituel ; il rentrait aux alentours de dix neuf-heures, se posait à côté du bleu sur le balcon, et ils parlaient de leur journée respective, sous le crépuscule qui s'assombrissait au fil des mots.
« J'ai passé la moitié de la journée avec Mamoru, puis l'après-midi j'ai épluché les offres d'emplois.
- Et tu as trouvé
- Il y a plein de choses, mais... Le bleu soupira en écrasant son mégot dans le cendrier, puis s'adossa à la rambarde. Je ne sais pas quoi faire. J'ai toujours été formaté pour être dans un bureau, des réceptions, ce genre de choses...
- La bourgeoisie quoi.
- Entre autre. »
Ils se firent silencieux. Puis rentrèrent au son du ventre du professeur de danse. C'est dans quelques rires, accompagnés d'anecdotes de Thiago sur son travail, qu'ils préparèrent le repas. Un Arrollado de pollo, plat typique que Thiago avait apprit à Edgar depuis son arrivée dans l'appartement. Pendant que le basané le regardait préparer la farce, tandis qu'il s'occupait des lamelles de poivrons à la poêle,une idée, sans doute un peu bête, lui vint.
« Et si tu postulais comme cuisinier ou serveur ? »
La réaction attendue ne se fit pas attendre. Edgar manqua de se couper en s'étouffant avec sa propre salive. L'argentin ne put que rire,devant son ami qui reprenait de l'air, ainsi qu'un souffle plus régulier.
« T'es sérieux là ?!
- Bah pourquoi pas ?
-Je ne sais pas cuisiner, on ne m'as jamais permis d'approcher les cuisines !
-Oui, mais regarde. Tu sais déjà cuisiner un Arrollado de pollo alors qu'on l'a fait que la semaine dernière. Tu apprend vite. Et puis t'a une belle gueule, tu serais directement embauché en tant que serveur, surtout qu'on est encore à la période des touristes en ce moment. »
Le bleu ne sut quoi répondre. Au lieu de ça, il se murra dans le silence, continuant de préparer le repas - normalement pour quatre, mais comme Thiago était un ventre sur pattes, c'était presque limite.
Il reconsidéra la proposition dans son silence. Serveur n'avait l'air d'être quelque chose de très compliqué, et il débrouillait niveau langues, il en parlait couramment quatre. Une fois le plat au four pour vingt minutes, le bleu souffla dans le canapé. Il releva la tête vers son hôte, qui sortait une bière et un simple jus de fruit du frigo. Edgar s'était soudainement trouvé un amour pour le jus de pamplemousse.
« Je pourrai essayer le métier de serveur, en effet. »
Thiago s'était tourné vers lui, sourcils arqué, surpris de ce changement d'avis. Il sourit, et donna un petit coup de coude encourageant dans les côtes du bleu.
Il avait bien compris que l'ancien attaquant n'avait en réalité aucune confiance en lui, contrairement à ce qu'il prétendait faire croire.
†††
Vingt-heures trente. Aux fourneaux, Thiago ne put que rire en voyant son colocataire arriver, les traits tirés. La première chose qu'il fit après avoir retiré ses chaussures fut de se laisser tomber dans le canapé. L'argentin ne put retenir un nouveau éclat de rire ; loin d'être moqueur, juste amusé de l'état du britannique après seulement trois jours de travail.
« Rappelle-moi comment j'ai pu accepter.
- C'était si horrible ?
- Ça se voit que tu n'as pas vu toutes ces filles qui me collaient ! Se plaignit Edgar en levant les bras au ciel, allongé sur le dos. Charmantes mais agaçantes.
- Désolé querido, j'étais trop occupé avec mes cours. Ria le plus grand, penché sur le canapé.
- Tu as bien la belle vie, tiens.
- Ce n'est pas si facile de donner des cours de tango tu sais.
- Ah oui ?
-Si tu essayes, tu verras comme c'est compliqué à enseigner.
- Enseignes-moi alors. Répondit le bleu du tac au tac, son regard se faisant moqueur, quand il vit un Thiago étrangement déstabilisé.
- Seulement si tu files à la douche, tu pue le tabac. »
Edgar leva les yeux au ciel, quitta le canapé, pour traverser le rideau de perles jusqu'à sa chambre. Bien qu'il se plaignait depuis trois soirs des clients, le bleu ne cachait pas ce sentiment de contentement. Travailler avec les autres, hors d'un bureau. Discuter par moment avec les clients, se débrouiller pour fuir certaines lourdingues. Ce n'était pas le métier de rêve, mais il s'y plaisait bien.
Il revint quelques minutes plus tard, les cheveux à peines séchés, lâchés dans son dos, fin et frêle comparé à celui de l'ancien défenseur. Le britannique soupira en voyant une énième fois de la viande de bœuf à table, et ce prit une énième railleries, comme quoi il s'agissait de la viande de prédilections de l'Argentine.
Edgar s'apprêtait à sortir au balcon pour allumer son habituelle clope du soir, mais fut arrêté en sentant une main empoigner son poignet. Il se retourna, et n'eut pas le temps de répondre à l'annonce du basané, qu'il était déjà en train d'enfiler ses chaussures.
« Suis moi, j'ai envie de sortir.
- Où va-t-on ?
- Surprise querido. »
Depuis le temps, Edgar s'était habitué à ce surnom. Il était même entré dans le jeu de l'Argentin, l'appelant chéri par moment, bien que le surnommé ne comprenait pas ce qu'il disait. L'un des avantages de parler français.
Edgar reconnut sans problèmes le chemin qu'ils prenaient, celui de la plage. Le bleu travaillait dans un café-restaurant qui donnait sur celle-ci, et le club de danse de Thiago n'était pas très loin. Cependant Edgar ne dit mot, suivant l'argentin en silence, tout en finissant sa cigarette. L'air salée autour d'eux annulait en quelques sortes l'horrible odeur de nicotine que Thiago ne supportait toujours pas et qui le faisait toujours grogner.
Il entrèrent dans le club, comme l'argentin possédait les clés. Ils passèrent l'accueille, marchèrent quelques pas dans un couloir décoré de photos, de cadres, et même de quelques peintures, puis Thiago s'arrêta devant une salle, l'ouvrit, et invita Edgar à entrer en premier.
Rien de bien impressionnant : une simple vaste salle de danse avec un grand miroir contre un mur, quelques prises électriques pour brancher enceintes, téléphones et autres, et une grande fenêtre en verre fumé donnant sur la mer. Edgar fit un tour de la salle, regardant les murs d'une douce teinte beige rosé, profitant du bruit de ses tongs contre le parquet, résonnant entre les quatre murs.
Il se tourna vers Thiago, arquant un sourcils de façon interrogative. L'argentin ne dit mot, s'occupant plutôt de connecter son téléphone à la petite enceinte qu'il avait attrapé à l'accueille.
« Tu veux bien m'expliquer Thiago ?
- Tu m'as bien demandé de t'enseigner le tango, pas vrai ?
- C'est v... Attend, tu es séreux ? »
L'argentin ne lui répondit que par un sourire. D'un geste, il intima au bleu de retirer ses tongs, ce qu'il fit sans broncher. L'argentin lança une musique typique du tango, et s'approcha du britannique, lui aussi pieds nus.
Dans un silence commun bercé par la musique, Edgar laissa son professeur d'un soir le guider où placer ses bras, sans rien dire. C'était une danse où il fallait être proche de son partenaire, quelque chose dont il n'avait en aucun cas l'habitude, étonnamment, il ne se sentait pas gêné, plutôt en confiance.
Le temps de la musique, de seulement quelques minutes, Edgar laissa Thiago lui enseigner quelques pas basiques. Lorsqu'il ne parvennait pas à l'exécuter, il ne recevait rien d'autre qu'un rire, quil 'encourageait.
Cinq minutes noyé dans une musique endiablé, dans les bras de son hôte, guidé par son savoir de la danse. Leurs rires se mêlant aux notes qui les entouraient chaleureusement, qui se répercutaient sur les murs de la salle.
La dernière note se fit entendre, arrivée trop vite pour Edgar. Sa main dans la forte paume de l'argentin, leur deux torses se frôlant, et son souffle court lui fit réaliser la situation. Une situation tentatrice, à laquelle il aurait cédé, si sa soudaine confiance ne s'était pas échappée. Il put une nouvelle fois voir cette scène de loin, se trouvant presque pathétique, à côté de son partenaire de danse d'une nuit. Son corps frêle, sa peau blanche. Il n'avait jamais complexé sur lui, et encore aujourd'hui ce n'était pas le cas, mais étrangement, le bleu réalisa dans quel monde il avait toujours vécu. Simplement en ce voyant ainsi.
« Edgar ? »
Un silence. Il sentit la chaude main tenant la sienne le quitter, pour se poser par la suite sur sa joue. L'autre toujours dans le bas de son dos, le maintenait contre Thiago. Il cligna des yeux, et instinctivement, détourna le regard, priant pour que ses cheveux puissent cacher ses soudaines rougeurs.
« On devrait rentrer.
- Je pense aussi. »
Les mains de Thiago quittant son dos et sa joue lui arrachèrent un frisson. Il le regarda se rapprocher de son téléphone pour couper la seconde musique qui s'était lancée, puis regarda le sol, les bras serrant son corps. La tentation et la peur se battaient dans son esprit, et Edgar ne savait qui écouter. Et toutes ces coalitions dans son esprit ne le fit qu'un peut plus se noyer dans l'eau du puits.
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