Rebonjour... Ah, non - Partie 4

L'adolescente se réveilla en grommelant. Quelque chose lui appuyait sur la tête. Elle ouvrit les yeux en baillant et se retrouva le nez dans quelque chose de doux et de chaud. « Quoi... », marmonna-t-elle en poussant la chose de la main.

Elle se redressa. Un miaulement lui déchira les oreilles ; le chaton sautait sur ses genoux, la queue dressée. « Putain, ferme-la... » Elle lui gratouilla le menton et se leva maladroitement. Elle réalisa qu'elle se trouvait sur le sofa, et qu'elle était seule dans le salon, mis à part son nouvel ami châtain qui ronflait sur le fauteuil.

Elle s'étira longuement et bailla encore, les larmes aux yeux. Une crampe à l'estomac la fit se plier en deux. Et merde. A chaque fois qu'elle buvait, un mal de ventre l'assaillait le lendemain.

Elle s'assit en soupirant ; cinq minutes plus tard, la douleur s'était envolée, et elle put se remettre de nouveau sur ses jambes. Elle n'avait aucune idée de l'heure qu'il était, ni d'où ils stockaient la nourriture. Je suppose que je vais devoir attendre Sven.

La porte s'ouvrit alors, et l'intéressé entra à grands pas pour poser une boîte sur la table.

« Ah, la p'tite ! Pas trop mal d'crâne ?

— Où ? Ah... Non.

— Regarde c'pauvre Mert, rit-il. Les aut' ont pas arrêté d'le harceler quand t'as pioncé. Y l'ont tenu éveillé pendant des heures ! Tu parles d'amis !

— Ah bon ? Pourquoi ?

— Peut-être car je me suis transformé en oreiller ambulant en à peine trois secondes, maugréa le jeune homme en ouvrant un œil. Bien dormi, j'espère ?

— Moi ? balbutia-t-elle. J'ai fait ça ?

— Je t'en veux pas, tu étais ivre, sourit-il. »

Elle ouvrit grand les yeux.

« C'est pas vrai, j'étais juste pompette, bougonna-t-elle. Puis, j'étais fatiguée, en plus !

— Oui, je l'avais remarqué !

— Arrête, protesta-t-elle, embarrassée.

— C'est bon, je te dis, rigola-t-il. On a décidé de ton rôle dans la bande pendant que tu dormais. »

Elle apprit qu'elle aiderait à tenir la maison en attendant qu'ils se débarrassent de ses kidnappeurs, puis qu'elle les participerait à l'organisation de leurs activités. Naturellement, s'ils me recueillent, je vais devoir me rendre utile... Elle acquiesça et retroussa machinalement ses manches. « Je commence où, alors ? » dit-elle avec entrain.

Quatre yeux horrifiés se posèrent sur son bras droit. Elle les regarda sans comprendre, puis se souvint des coupures qui la meurtrissaient ; elle cacha ses blessures avec précipitation.

« Y t'ont torturée ? » souffla le chef. Elle recula, tremblante. « Pourquoi ? » Elle secoua la tête, effrayée. « Marion, c'est qui, tes kidnappeurs ? » Son cœur rata un battement. Tous ses souvenirs la heurtèrent le plein fouet : elle manqua de tomber à genoux sous l'horreur. La bile remonta sa gorge. Rien n'en sortit. Non. Non, j'y retourne et je me fous en l'air, et affaire réglée. J'ai été égoïste. Bon sang, j'ai été si égoïste... Ils ne méritent pas que je les entraîne dans mon pétrin.

La jeune scientifique jeta un œil à Mert, qui la fixait d'un air sidéré. « Je... » Les larmes lui montèrent aux yeux. « Je vais me rendre. » Il se redressa d'un bond et s'approcha d'elle.

« Tu te fous de moi ?

— Je ne veux pas vous emmener là-dedans... Je suis désolée... Je vais m'en aller, maintenant, articula-t-elle d'une voix étouffée en se dirigeant vers la sortie.

— Marion ! »

Il lui attrapa le poignet. Elle s'arrêta, tête baissée.

« Ce sont des ennemis de l'humanité, lâcha-t-elle. Ceux qui envoient les titans sur votre gueule. Vous ne voulez pas vous confronter à eux.

— Mais... commença le châtain.

— Je vous jure que vous ne voulez pas vous confronter à eux ! »

Elle se dégagea brusquement.

« Pourquoi est-ce qu'ils t'ont kidnappée, toi ? questionna-t-il d'une voix blanche.

— Je sais pas, mais je vais y retourner.

— Non, hors de question. Tu vois pas que l'enjeu est vachement plus grand que ça ?

— Depuis quand ça vous fait quelque chose ?! s'écria-t-elle d'une voix déchirée. C'est perdu d'avance, de toute façon. Vous devriez continuer ce que vous faites... Ne vous préoccupez pas de moi ! »

Elle ouvrit la porte et partit en courant. Il s'apprêta à la suivre, mais l'autre homme le retint.

« Sven ! protesta-t-il. On peut pas la laisser comme ça, merde ! Tu vas la laisser se faire charcuter sans bouger le petit doigt ?!

— T'as pas vu son r'gard ? tonna le baraqué. Elle sait c'qu'elle fait.

— Non, elle ne le sait pas ! Elle était complètement perturbée !

— Et tu veux la forcer à rester ici, p'têt ?

— Je..., s'étrangla l'autre. Non ! Non, mais on aurait pu la raisonner...

— J'fais c'qui est l'mieux pour not' bande. Si la garder est si dang'reux, et qu'on s'fait tous massacrer... C'en vaut pas la peine. »

Le plus jeune serra les dents, et finit par s'effondrer sur le sofa, la tête dans les mains. « Putain... Pourquoi ça doit finir comme ça... », murmura-t-il. Le chef de gang baissa la tête un instant, puis se remit à ranger les vivres qu'il venait de voler, silencieux.

***

Marion se laissa tomber contre un mur crasseux, hors d'haleine. Ses poumons la brûlaient affreusement. Elle toussa plusieurs fois ; quelques gouttes de sang éclaboussèrent le sol. Après le nez, la bouche ? Elle s'essuya le menton et enfouit sa tête dans ses genoux, figée au possible.

Elle resta prostrée ainsi pendant un long moment. Le silence régnait en maître autour d'elle. J'ai bien fait, hein ? se persuada-t-elle. J'ai bien fait de partir ? Ils vivront, comme ça... Les images de la veille lui revinrent en mémoire, et son cœur se fissura un peu plus.

Personne ne viendra me chercher. Je suis complètement seule. Peut-être qu'il faudrait mieux mettre fin à tout ça... Il n'y a plus rien pour moi, ici. Elle fouilla dans ses poches, mais ne trouva aucune arme. Elle jura, le visage recouvert de larmes.

Au bout d'une bonne heure, on atterrit agilement à sa droite. Des pas se rapprochèrent, et quelqu'un s'arrêta à côté d'elle. « Donc t'étais là, la minus ? » s'exclama Kenny en la relevant. « Elle était pas mal, ton idée. Ça m'a bien fait marrer. Par la porte d'entrée, je vous jure ! » Il éclata de rire et lui passa des menottes.

Il la traîna brusquement pendant une durée infinie. Complètement vidée, elle n'opposa aucune résistance. Lorsqu'elle trébuchait et tombait, elle n'émettait aucun cri, se contentant de se lever et de marcher encore, ignorant ses jambes douloureuses et la faim qui lui tordait l'estomac.

Avant qu'elle ne le remarque, ils étaient déjà arrivés au bâtiment qui lui servait de prison. Il la jeta dans la pièce en sous-sol où il l'avait menottée pour la première moi. Il l'assit sur une chaise, l'observa un instant... Puis quitta la pièce.

Une sortie... Juste, un moyen... Ses yeux verts se promenèrent laborieusement sur la pièce sombre dans laquelle elle se trouvait. Mais non. Ici, elle n'avait aucun moyen d'en finir. Ni corde, ni couteau, ni rien de tout cela. Elle se mura donc dans une horreur lugubre.

L'homme au chapeau fit de nouveau son apparition. Il lui donna une petite claque et la força à manger cette même purée sans goût qu'ils lui servaient tous les jours. Il enchaîna avec une plâtrée d'avoine, et posa l'assiette au sol.

Il lui jeta des vêtements d'un blanc propre, tout droit sortis d'un sac en toile légèrement déchiré. Elle les regarda avec stupéfaction, leva ses pupilles sur son bourreau, écarquilla les paupières. Il ne l'avait pas violentée. Il ne l'avait pas torturée. Il lui avait seulement refilée des vêtements propres. L'espoir pointa dans son estomac... Vite mitigé par le rictus du plus grand.

« Tu vas m'aider à rendre les choses intéressantes, hein ? »

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