Les meilleurs cosplays du monde - Partie 4

Quartier général du Bataillon d'Exploration, sud-est du Mur Rose, le soir même

La nuit était tombée sur le quartier général. La flamme dansante d'une lampe à huile éclairait le visage d'Erwin et de Livaï. Le silence régnait dans le château, seulement brisé par leur voix.

« Bon sang..., lâcha le second, les yeux écarquillés. Braun et Hoover, sérieusement ? Tu es sûr qu'elle ne déblatère pas des conneries ? Ils se sont tenus à carreau, au sud de Rose, alors qu'on foutait Stohess en l'air.

— Je ne l'ai pas redirigée vers les cachots pour rien. Haussman saura se charger d'elle en cas de problème. Mikasa, Emilie Jean sont au courant, et de nuit dans le couloir juste au-dessus : s'il s'avère qu'elle nous a mentis et que c'est elle, la traîtresse, ils sauront la gérer sans souci. De plus, tu es tout aussi réactif.

— Je l'ai bien compris, qu'elle ne représente pas de danger physique.

— Elle ne représente certainement pas de danger tout court. Mais mieux vaut-il être prudent. Dans tous les cas... »

Il inspira longuement, et braqua son regard sur le caporal-chef.

« Il faut les intercepter, dès cette nuit. S'ils ne sont pas coupables, tant mieux pour eux.

— Et s'ils se transforment ? C'est un pari risqué que tu prends là, Erwin.

— Ils ne le feront pas. »

Le plus petit plissa les paupières avec suspicion.

« Marion l'a dit, continua le major. Ils travaillent avec Annie. Annie, qui a voulu enlever Eren. Tant qu'ils sont confinés dans la base, ils ne prendront pas le risque de le tuer. Voilà notre garantie de cette nuit. De plus... Il me semble avoir vu Reiner particulièrement horrifié à l'arrivée de Marion... »

Son collègue acquiesça lentement.

« Soit. Et comment tu vas faire, pour les sortir de leur dortoir sans éveiller les soupçons de Conny et compagnie ?

— Je les ai mis de garde surprise dans le couloir des officiers...

— ... juste au-dessus du dortoir d'Eren, et entre deux escaliers ?

— J'ai envisagé le plus de possibilités de fuite. S'ils sautent par la fenêtre, Emilie et Jean les accueilleront chaudement. Ce sont toi et Mikasa qui allez les prendre en tenaille.

— Deux secondes, jeta l'autre. Pourquoi pas Mike ? »

Une pause.

« Car nous ne savons pas encore qui a laissé fuiter les informations sur nous.

— Marion n'a rien dit sur lui. Et qui te dit qu'Emilie et compagnie ne sont pas dangereux ?

— Ils ont participé de bon cœur à l'altercation d'Annie à Stohess. Quant à Mike, je ne pense pas qu'il soit un traître... »

Il baissa son large visage. « Mais c'est l'un de nos collègues qui a fait fuiter les informations sur le Bataillon. Hansi, ou Mike. Ils ne seront pas mis à pied... Toutefois, il faudra garder un œil sur eux. De penser qu'ils sont plus suspects que nos nouvelles recrues... », murmura-t-il dans un faible sourire. Quelques secondes coulèrent. Livaï décroisa les bras, et s'éloigna du mur froid sur lequel il s'appuyait.

« Dernière chose. On va la justifier comment, notre découverte fortuite ? Quel hasard, on arrête Reiner et Bertolt le lendemain de l'arrivée de Marion. Tu as une excuse en tête ? » L'intéressé le scruta un instant.

« Pas pour le moment. Tout ce qu'on peut avancer, ce sont les rares moments où les membres de la 104ème Brigade d'Entraînement les ont vus former un trio subtil... On peut faire passer cela pour de la prévention. Cependant, la priorité n'est pas là. Ils peuvent attaquer à tout moment, d'autant plus qu'on a une nouvelle arrivée qui peut leur paraître particulièrement douteuse. Nous verrons les excuses après. »

Il se leva sur ces belles paroles. « Je compte sur toi et Mikasa pour les immobiliser et les bâillonner sans blessure grave », conclut-il. « Ne leur laissez aucune opportunité de se transformer. » Le caporal-chef étudia ses manettes de commandement, puis hocha la tête. Ils quittèrent le bureau du major sans attendre.

Deux recrues en moins, hein. Ses pas raisonnèrent subtilement contre le plancher inégal du long corridor des officiers. Seule la lumière froide de la lune daignait intercepter celle, jaune et accueillante, des torches accrochées aux vieilles pierres. Il emprunta les escaliers sans prendre le soin de se cacher des deux semi-titans qui déambulaient plus loin. Cette Marion n'a pas intérêt à avoir déblatéré des conneries.

***

« C'est une blague, n'est-ce pas ? » marmonna Jean. Mikasa lui jeta un coup d'œil ; cela faisait une demi-heure qu'il observait la porte des cachots de ses prunelles châtain. Les cachots, dans lesquels dormait l'intruse.

Toutefois, ce n'était pas cette dernière qui troublait l'explorateur : on venait tout bonnement de leur annoncer, l'après-midi même, un plan de capture cuisiné à la dernière minute. Reiner et Bertolt... Elle ferma brièvement les paupières. Ces deux là, vraiment ? Le grand-frère et son ami incertain au possible ?

La tête gigantesque du titan Colossal lui revint en mémoire ; et le souffle violent qui avait secoué les habitants de Shiganshina, et les bouts de clocher volant comme de pauvres feuilles d'automne, et les cadavres sanglants...

Et les géants, au regard aussi avide que dénué de toute humanité.

Maintenant que j'y pense... Le Colossal a également attaqué Trost, pile au moment où nous y étions en mission... Où était passé Bertolt, à ce moment ? Mais le Cuirassé, lui, ne s'était pas ramené. Le Cuirassé, potentiellement contrôlé par Reiner... Reiner, stationné sur le Mur, puis à l'arrière de la formation... Il n'avait pas chômé. Se serait-il éclipsé qu'il aurait pu être mis dans la case « suspect ». Même Annie ne s'était pas transformée...

Elle inspira longuement, puis braqua de nouveau ses pupilles en face d'elle. Emilie aussi allait participer à l'opération. Il ne restait plus qu'à attendre des ordres plus précis de la part du caporal-chef, et le tout allait être réglé en quelques minutes. Et c'était qu'il ne se fit pas prier : les claquements fermes de bottes contre les dalles inégales raisonnèrent dans ce corridor obscurci par la nuit. A l'instant où il arriva à leur hauteur, ils plaquèrent leur poing contre leur poitrine. Dans ses mains, deux jeux de menottes et de bâillons.

« Emilie est de faction dans la cour », dit-il à voix basse. « Jean, rejoins-la directement. Vous servirez de plan de secours s'ils s'enfuient. Je doute que les lames soient efficaces contre le Cuirassé... », lâcha-t-il en observant leurs fourreaux. « Mais c'est mieux que rien. »

Un « compris » plus tard, l'adolescent partit en trottinant vers le hall carré. L'officier se tourna donc vers elle, les yeux plissés.

« Lequel des deux est le meilleur au corps-à-corps ?

— Reiner.

— Bien. Tu t'occuperas de Bertolt. Je me charge du blondinet. »

Il montra du doigt la porte menant vers l'antichambre. « Bertolt se trouve au fond du couloir. Il faudra que tu prennes les escaliers de droite. N'utilise pas de couteau ou de lame », la prévint-il alors. « On ne doit leur laisser aucune occasion de se transformer. Utilise plutôt ça. » Elle saisit le bout de tissu et les liens qu'il lui jeta.

« Compris.

— Sors de ta cachette dès que tu m'entends marcher vers eux. Il va falloir que tu y ailles en traître. Et ne montre pas une once de compassion, on ne peut pas se le permettre.

— Oui, Caporal. »

Il tourna donc les talons, et partit à grands pas vers le battant de bois mal poncé. Ils traversèrent l'antichambre sans s'y attarder, et partirent de leur côté respectif. Mikasa jeta un œil aux fenêtres rectangulaires donnant sur la cour et son donjon ; Emilie se tenait là, et discutait avec Jean d'un air rassurant. Comme toujours, un petit sourire modelait ses traits délicats dégagés par sa longue queue-de-cheval.

Mais dès qu'elle remarqua l'asiatique, elle hocha la tête d'un air entendu, et se positionna plus loin, manettes de commandement en main. Du corps-à-corps, hein... Se battre contre Reiner, aux Brigades, n'avait pas été quelque chose de compliqué. Puisque Bertolt n'était pas plus doué... Les choses se passeront bien.

Elle atteignit enfin les escaliers de pierre, longés par cette corde épaisse ; les menottes qu'elle avait accrochées à sa ceinture cliquetèrent au rythme de ses pas. Elle leur jeta un regard mauvais, et s'appliqua à se rendre un peu plus discrète. Et bientôt, le couloir du premier étage se découvrit à elle, avec leur flamme qui faisait danser les ombres.

Son cœur s'emballa légèrement, elle le fit taire. Il ne fallait pas qu'elle hésite. S'il s'avérait qu'ils étaient des traîtres, ils ne valaient pas mieux qu'Annie. Aussi déterminés avaient-ils paru durant leur service...

Elle s'arrêta juste avant l'ouverture, et se plaqua contre le mur, les paupières plissées. Quand son supérieur allait-il s'y mettre ? Il ne se fit pas prier. Elle l'entendit sans mal, sa course précipitée, et le hoquet stupéfait de l'un des deux soldats. Elle surgit donc à son tour, dents serrées. Bertolt se tourna vers elle avec panique.

« Mikasa ! » L'intéressée le prit immédiatement par le col, et l'envoya par-dessus bord avec violence. Un craquement sec retentit : il laissa échapper un cri de douleur. « Putain de Marion ! » jeta Reiner, de l'autre côté. Elle dirigea ses mains vers ses lames par réflexe... Pour s'arrêter juste à temps.

Cette demi-seconde lui fut fatale. Son opposant se releva illico, les yeux écarquillés. Mais il ne l'attaqua pas. Il ne sortit pas son poignard, et ne porta pas sa main à sa bouche. Ce fut une peur sans nom que l'asiatique lut sur son long visage. Et puisqu'elle venait de s'immobiliser, il fit volte-face, et courut vers... La fenêtre ! « Ackerman, assomme-le ! » s'exclama sèchement son supérieur.

Elle se jeta rageusement sur lui, trop tard. Déjà avait-il brisé la vitre de sa large épaule. Et il sauta, et une lumière trop familière naquit de sa blessure, et il ne fit rien de plus. Emilie planta son axe dans le bâtiment, fonça sur lui à une vitesse folle, et écrasa brutalement son genou contre sa face.

Alors qu'il tombait, elle s'appuya sur le mur, et fondit encore sur lui. Le pied qu'elle enfonça dans son dos accéléra grandement sa chute ; il s'écrasa au sol dans un cri de douleur. « Jean ! Assome-le ! Et ligote-le ! » L'intéressé ne la gratifia que d'une expression déchirée.

« Bon sang ! » rugit-elle. Elle atterrit d'elle-même. Peu de temps après, elle lui fit une clef-de-bras solide. Solide, mais Mikasa les vit, les tremblements de ses bras. Si cela devait se transformer en combat de force, elle perdrait à coup sûr.

« Jean ! » cria-t-elle encore. Cette fois-ci, il contracta les mâchoires, dégaina sa paire de menottes, et les enclencha sur les poignets de son allié-ennemi. Emilie s'occupa de passer son chiffon dans la bouche du traître, et d'abattre sèchement son poing derrière son crâne. Cette histoire se régla ainsi, l'exploratrice se tourna vers le caporal-chef. Lui avait terminé son boulot depuis un moment, déduisit-elle à l'air horrifié de Reiner.

Ils l'avaient, désormais, la preuve de leur double-identité. L'éclair qu'avait matérialisé Bertolt en disait long. Combien de personnes avaient entendu le raffut qu'ils avaient fait ? « Un plan discret, hein », jeta justement Livaï. « Ackerman, il me semblait t'avoir dit de ne pas hésiter. »

Elle baissa sombrement ses prunelles sur sa camarade, qui était en train de resserrer sa queue-de-cheval châtain. « Mes excuses, caporal », se contenta-t-elle de dire sur un ton plat. Il y eut un bref silence. Le Caporal en question releva finalement le blond sans ménagement, et le balança sur son épaule.

Le contraste entre la taille des deux n'arracha pas un sourire à l'adolescente. Elle se contenta de remettre une mèche noire derrière son oreille, et de suivre son supérieur. Pourquoi avait-elle retenu ses coups ? Non. Peu importe... Elle essuya une goutte de sueur qui avait perlé sur son front pâle. L'affaire est bouclée, maintenant. Plus qu'à les transférer je-ne-sais-où, pour leur faire subir je-ne-sais-quoi...

De la torture, peut-être. Grand bien leur fasse. Ils avaient encore des choses à apprendre sur le duo. D'autres ennemis se terraient-ils, autour d'eux ? Allaient-ils devoir rester sur le qui-vive vingt-quatre heures sur vingt-quatre ? Il lui semblait désormais que chaque compagnon pouvait se transformer en traître. Si Reiner et Bertolt eux-mêmes avaient si bien joué aux bons petits soldats...

L'affaire était bouclée ; mais, elle le sentait, beaucoup de choses n'attendaient que de leur tomber dessus.

Lien vers l'image : https://www.deviantart.com/newmilky/art/MIKASA-404011298

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