L'assaut - Partie 4
Au même instant, sur le Mur – Aile gauche de la formation
« Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? » s'écriait Conny, ses yeux verts rivés devant lui. Armin, tremblant, gardait ses lames dressées. En face d'eux, depuis vingt minutes, leurs camarades tombaient les uns après les autres sous le feu de trois inconnus, qui avançaient infatigablement vers eux.
Il y avait un quart d'heure de cela, Mikasa était partie en furie vers Eren en entendant ses hurlements. Il s'était retrouvé seul avec Jean, Conny et Ymir. Tous les quatre étaient sidérés – même la jeune fille ne parvenait que difficilement à cacher sa stupeur.
« On ne peut pas les battre comme ça », ragea Jean. « Ils vont nous descendre dès qu'on entrera dans leur champ de vision ! » Armin hocha la tête. Leurs armes leur permettent de tirer à une fréquence très élevée, et les recharger semble prendre deux petites secondes. Mais au vu de leurs mouvements, cela demande beaucoup de force d'amortir un choc pareil, et ils doivent se focaliser uniquement dessus...
Comme ça, ils ne faisaient pas le poids, et ils n'avaient aucun moyen de les attaquer à distance. On ne peut pas fuir, ou ils atteindront Erwin. Il faut trouver un moyen de les arrêter autrement... Le combat au corps à corps semblait perdu d'avance, et c'était la seule option qui leur restait.
Réfléchis... Il y a forcément un moyen... Il serra les dents ; quatre soldats venaient de s'effondrer dans un cri. Son regard se baissa. Dans deux minutes... Ils nous atteindrons, et nous mourrons aussi... Il fixa le bord du Mur, désespéré.
Le bord du Mur... Son visage s'éclaira. Mais oui !
« Armin ! s'écria le châtain. Tu as une idée, c'est ça ? Est-ce que tu pourrais te grouiller de nous la partager ?
— Si on se met sur le côté du Mur... commença-t-il. Ils passeront sans nous voir, et nous pourrons foncer sur eux par derrière. Seulement, ça demanderait une grande rapidité...
— Tu as une autre idée ?
— Non, balbutia-t-il, perturbé par le ton de son ami.
— Alors on prend ! Vous êtes d'accord, vous deux ? »
Ils acquiescèrent. « Deux de chaque côté, vite, avant qu'ils n'arrivent ! Armin, viens avec moi ! » Il obéit, affolé, et ils se postèrent là en silence, épées en main.
« Jean... murmura le blond. Si ça ne fonctionne pas...
— On serait morts de base. Tu ferais mieux de rester en retrait, tu connais ton niveau en combat.
— Mais...
— Tu l'as dit toi-même, lâcha-t-il, ça demande une grande rapidité. Même si tu as tué ton premier titan hier, ça ne fait pas de toi un soldat doué. Tu rateras à coup sûr, et tu serais d'une grande perte pour l'armée. Tu as oublié que c'était à toi qu'ils ont fait appel pour organiser les bases de la formation à Shiganshina ? »
Le jeune homme le gratifia d'un air étonné.
« Quoi ?
— Non, rien, bafouilla-t-il. Tu es juste devenu très... Sérieux. Ça m'a surpris.
— Tu peux dire merci aux titans. Ils sont là, chuchota-t-il soudainement. »
Armin se raidit. Jean attendit un instant. De nouveaux coups de feu retentirent, et il se jeta en avant. Le bruit assourdissant des rafales laissèrent la place à des hurlements déchirants. Le cœur de l'adolescent rata un battement. Est-ce qu'ils ont réussi ?
« Jean ! s'exclama Conny. Qu'est-ce que tu attends ? Achève-le !
— Regarde, il ne peut plus bouger, il n'y a pas besoin de le tuer !
— Il a tué nos camarades, et tu veux l'épargner ?!
— Bon sang, Conny, il y a eu assez de morts comme ça, et il peut être utile au major ! »
Il les rejoignit, et découvrit les deux individus en train de se disputer au-dessus d'un homme à terre, gisant dans une mare de sang.
« Eh... commença-t-il.
— Alors quoi, Conny, t'as toujours pas compris que ton Q.I. ne dépassait pas la barre des dix ? lâcha Ymir. Même la face de cheval a plus de jugeote que toi. Quoi que, peut-être qu'il n'a juste pas eu les boules de se salir les mains...
— Espèce de...
— Assez ! s'interposa fermement Nanaba, qui venait de les rejoindre. Il vaut mieux le ramener vivant. Les informations qu'il possède sont précieuses. Ce n'est pas le moment de se chamailler ! »
Les trois se turent. « Bien. Je vous félicite quand même, c'est du bon boulot. Ce qui vous attend maintenant, c'est les titans qui se promènent dans la cité. Vous êtes prêts ? » Ils hochèrent la tête, décidés. « C'est parti, les jeunes ! » s'exclama-t-elle en s'élançant.
Armin les suivit, peu rassuré. Lorsqu'ils arrivèrent dans l'allée centrale, des exclamations s'élevèrent. D'innombrables têtes géantes se dressaient, tournées vers un même point. Des guerriers tournaient déjà autour d'eux, tranchaient à la chaîne, se faisant parfois attraper et dévorer dans un déluge pourpre.
« Tant que ça ?! s'exclama le rasé. On va jamais y arriver !
— Ils sont tous concentrés sur Eren, objecta Jean d'une voix légèrement tremblante. On n'a pas le choix. »
Un combattant perdit une jambe dans un hurlement et s'écrasa au sol. L'un des géants l'attrapa et ouvrit grand ses mâchoires, prêt à le croquer. Dans un cri, le châtain fonça et sectionna sa nuque. Il fit volte-face lorsqu'un autre se saisit de sa cheville, et lui coupa la main.
Les deux autres se lancèrent dans le sillage de la chef d'équipe et commencèrent à se battre. Armin, complètement déboussolé et tremblant de terreur, resta en retrait. Je ne pourrais survivre de cet enfer par aucun moyen... Il y en a beaucoup trop réunis... Il tomba à genoux sur un toit, pétrifié.
Ce n'est pas bon... Je dois me battre... Mais la peur le clouait au sol, glaçant chacun de ses muscles. Il serra les dents, réduit à regarder, passif, la scène épouvantable qui se déroulait sous ses yeux. Pourquoi est-ce je n'en ai pas la force ?
Un visage monstrueux se dressa devant lui, et une main géante s'ouvrit, prête à l'attraper. Je ne veux pas que ça recommence... geignit-il. Les souvenirs de Trost passaient en flèche dans son esprit, allaient jusqu'à se mêler à la réalité qui l'entourait.
Il leva une lame tremblante. Je ne veux pas que ça recommence. Il se leva, les jambes flageolantes. J'ai bien tué un titan, hier. Ses dents claquèrent, et les larmes lui montèrent aux yeux alors que les doigts géants de la créature se rapprochaient dangereusement de lui.
Il remua maladroitement son épée dans l'espoir de faire reculer le colosse, en vain ; ce dernier finit par l'écraser avec force dans sa paume. Un craquement retentit, et une douleur affreuse foudroya l'une des jambes de l'adolescent. Il hurla de douleur ; il eut beau se débattre, rien ne pouvait l'éloigner de la bouche puante de son ennemi.
« Armin ! » s'éleva une voix affolée. Christa, ses grands yeux bleus rivés sur lui, se précipita pour trancher le poignet du mastodonte. Le jeune garçon atterrit lourdement sur les tuiles, son membre meurtri serré contre son torse.
Elle prit un virage maladroit pour tenter d'atteindre la nuque du prédateur, mais la pointe de son câble ne fit que rebondir sur le mur qu'elle visait. Il la vit avec horreur tomber aux pieds du titan, dans l'incapacité de bouger.
« Putain, gros boulet ! » fulmina Ymir en tuant la bête. « T'as vu ce que t'as fait ? T'es content, c'est bon, on a encore sauvé ta petite vie misérable ?! » Elle rejoignit immédiatement la jeune blonde et la ramena sur le toit.
« Ymir, s'étonna-t-elle en grimaçant.
— Et toi, t'as voulu tenter quoi, là ? C'est un dix mètres, bordel ! Tu crois avec les capacités pour t'attaquer à un truc pareil, ou t'as encore voulu jouer les héroïnes, comme d'habitude ?
— Je ne pouvais pas le laisser se faire bouffer, protesta-t-elle.
— Tu aurais dû ! C'est un bon à rien ! »
Le sol trembla violemment. Ils se retournèrent ; les colosses les acculaient, leur coupant toute retraite.
« Bordel, ils ont quoi, d'un coup ? ragea-t-elle. Avec deux estropiés, va falloir que je me les tape tous ?!
— Je vais t'aider, dit faiblement son amie.
— Pour survivre trois secondes, oui ! Tu sauveras personne, comme ça ! »
Le monde tourna autour d'Armin, et ses tympans se mirent à bourdonner. « Souviens... ce jour-là ? » discerna-t-il. Il lui sembla que le ton de la brune était devenu plus grave. Un liquide chaud coula sur sa main ; sa jambe saignait abondamment. « Ymir ! » cria la plus petite, épouvantée.
Une déflagration de lumière et un nuage de vapeur chaude acheva de le faire tomber dans les pommes.
***
Lorsqu'il se réveilla, les rayons du soleil l'éblouirent. Il plissa les yeux. Puis, il se redressa, rompant le contact entre la pierre froide et son dos ; une douleur à sa jambe droite l'assaillit.
La cape verte qui lui servait de couverture tomba sur ses cuisses. Il vit avec horreur que son mollet était entouré de bandages ensanglantés.
« Comment tu te sens ? demanda Mikasa, assise à côté de lui.
— Je... bafouilla-t-il en la dévisageant. »
Elle semblait intacte, malgré ses traits tirés par la fatigue.
« Qu'est-ce qu'il m'est arrivé ?
— Tu t'es évanoui. Un titan t'a cassé la jambe, on dirait, et ça a engendré une hémorragie.
— Et... Et les autres ? Est-ce qu'il y a des morts... ?
— Eren va bien, affirma-t-elle avec conviction. Conny a reçu un choc à la tête, ajouta-t-elle plus modérément, Christa s'est fracturée l'épaule. Ymir est aussi tombée dans les pommes après sa transformation. Mais sinon, ils sont tous en vie.
— Sa quoi ? »
Elle le gratifia d'un air impassible.
« Il semblerait que c'est aussi un titan, dit-elle simplement.
— Ymir...? souffla-t-il. C'est pour ça... L'éclair... Tu es sûre qu'il n'y a pas erreur ?
— Jean l'a sortie lui-même de sa nuque après qu'elle ait manqué de se faire tuer. »
Il baissa le regard, choqué au possible. Pourquoi est-ce qu'elle n'a jamais rien dit ? Surtout, comment est-ce qu'elle a obtenu ses pouvoirs ? Lui est-il arrivée la même chose qu'à Eren ?
« Et le reste ? L'opération... Est-ce que l'opération a réussi ? » Elle hocha la tête. Il soupira, soulagé. Shiganshina est de nouveau à nous... Malgré ça, l'angoisse le saisit : il regarda autour de lui. De nombreux blessés étaient étendus, et plus bas, des montagnes de cadavres s'entassaient dans les charrettes prévues à cet effet.
« Combien sont morts...? murmura-t-il comme pour lui-même.
— Environ cinq cents personnes, répondit la jeune fille, impassible.
— Cinq cents... »
Il se prit la tête dans les mains. La culpabilité le rongeait abominablement.
« Si seulement j'avais mieux travaillé... gémit-il.
— Tu as fait tout ce que tu pouvais, contra-t-elle. Et puis, le major et les commandants ont accepté ta proposition. S'il y a quelqu'un à blâmer, ce sont eux, pas toi.
— Peut-être... »
Il lui demanda plus de précisions sur la bataille, et elle lui raconta comment Eren et elle avaient combattu les Titans qui affluaient, accompagnés d'Emilie. Elle lui dit que le titan Bestial s'était échappé, mais qu'ils avaient récupéré deux de leurs assaillants. Les troupes qui n'avaient pas été tuées sur le Mur étaient avaient aidé à abattre les géants qui s'étaient rassemblés dans Shiganshina.
« Ils venaient de l'arrière de la ville, expliqua-t-elle. Ils sont d'abord passés devant Erwin, qui a évacué les chevaux et les vivres, puisqu'il semblait que c'était leur cible avant Eren. Maintenant, la plupart des titans ont été tués. Il n'en reste qu'une quinzaine, peut-être une vingtaine... Les élites sont en train de les terminer.
— Tu n'es pas avec eux ?
— Le caporal-chef m'a ordonnée de me reposer. »
Ça ne m'étonne pas. Son amie devait avoir combattu jusqu'à l'aurore, au vu de ses yeux cernés et de son teint pâle.
« Putain... entendit-il grommeler derrière lui.
— Conny, tu vas bien ? demanda Sasha d'une voix fatiguée.
— J'ai eu un choc à la tête, c'est ça ? Je suis pas assez débile comme ça ? »
Elle eut un petit rire nerveux.
« C'est sûr que ton cas risque pas de s'améliorer, bailla Jean. Tiens, Mikasa, tu devrais manger un bout, non ? dit-il en lui tendant une ration.
— J'en ai déjà eu. Donne-la à Armin. »
Il grommela et l'offrit au jeune blond, qui le remercia. Il croqua dans le biscuit dur et fade. On est tous vivants... Emilie, qui venait d'escalader le Mur, les rejoignit.
« Ah ! s'exclama-t-elle en s'étirant. Enfin une pause ! Armin, tu vas bien ? J'ai entendu que tu étais blessé...
— J'ai une jambe cassée, mais sinon, ça va.
— Oh, c'est pas terrible... grimaça-t-elle. Bon, je devais aller chercher d'autres lames et du gaz, vous savez pas où se trouvent les charrettes de ravitaillement ? Je n'ai pas eu les ressources pour chercher moi-même, sourit-elle en tapotant sa bouteille d'air compressé.
— Par là, dit Conny en désignant la gauche.
— Merci, mon gars ! »
Elle passa devant lui en posant une main sur son épaule.
« Comment est-ce qu'elle réussit à avoir autant d'entrain ? marmonna-t-il.
— Elle en a toujours eu, fit remarquer l'adolescent aux yeux bleus. Même après Trost, ou les deux attaques du titan Femelle. En fait, même avant qu'on ne rejoigne l'armée, alors qu'on était réfugiés dans le Mur Rose...
— J'aimerais bien qu'elle m'en prête un peu, dans ce cas, soupira l'autre. C'était un massacre, cette opération. Tout le monde tire des tronches pas possibles. »
Il hocha la tête. Un massacre, mais la stratégie de nos ennemis était bien trop brouillonne. Est-ce qu'ils comptaient sur Reiner et Bertolt pour les aider ? Leurs effectifs étaient loin d'être suffisants, même s'il y avait beaucoup de géants.
Il leva les yeux vers le ciel bleu. Quelques nuages passaient calmement par là. Mais au moins... Ils sont morts pour quelque chose. On a repris le mur Maria, et on va bientôt connaître le secret qui se cache derrière l'existence des Titans.
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