L'assaut - Partie 3
Mur Maria, Shiganshina
L'adversaire du caporal-chef grimaça alors qu'une balle se plantait dans son flanc ; immédiatement, il le renversa et le plaqua violemment au sol. « On rigole moins, d'un coup », lâcha-t-il en l'égorgeant sans merci.
Un flot bouillonnant de sang se déversa sur ses mains. Il les essuya sur le cadavre sur lequel il était assis et se releva. Emilie se tenait à une dizaine de mètres, pistolet en main. Bien joué, lui signifia-t-il d'un hochement de tête. Il allégea Samuel d'un homme, dont il trancha la jambe avant de lui planter un sabre dans l'épaule gauche, le clouant littéralement au sol.
« Où sont tes amis ? » demanda-t-il, menaçant. L'autre écarquilla les yeux et tenta vainement de le frapper ; il le désarma en deux-deux et tourna sa lame dans la plaie. Sa victime poussa un hurlement déchirant.
« Où sont les autres ? » Il désigna d'un doigt tremblant l'endroit ou Cindi et Martin se battaient, puis quelque part à droite. « C'est tout ? » jeta-t-il, continuant à bouger son arme dans la chair de son ennemi.
Une souffrance sans nom se peignit sur son visage. Il montra l'arrière de la ville, où étaient les chevaux et l'équipe entourant Erwin. Mais il eut beau tenter de parler, seuls des « d » hachés sortirent de ses lèvres.
« Je t'écoute ?
— Argh... Allez au diable... articula-t-il difficilement.
— Ah ? »
Il enfonça sa seconde épée dans sa cuisse. Sa victime poussa un autre cri suraigu, et se tordit de douleur.
« Je te demande de finir ta phrase.
— Des Titans ! s'écria-t-il, en larmes.
— Ça, je n'en doute pas.
— C'est tout ! jura-t-il douloureusement. C'est absolument tout ! »
Le petit homme le scruta longuement, avant de l'achever. Il se mit debout en grimaçant et partit immédiatement vers les deux mastodontes. « Emilie, Samuel ! Allez à droite, fouillez le secteur, et lancez une grenade sonore pour que les équipes de soutien rappliquent ! » ordonna-t-il avant de s'élancer.
A son grand bonheur, la pleine lune était de sortie. Il arriva vite à l'endroit où devait se trouver Eren et le vit à genoux, tentant d'attraper quelque chose de ses mains. Le titan Bestial n'était nulle part en vue. Qu'est-ce qu'il fait ? maugréa-t-il intérieurement en le voyant agiter ses bras dans tous les sens.
Il s'approcha et discerna alors trois silhouettes humaines qui tournoyaient autour de lui, lui sectionnant les membres petit à petit. Il ne lui en fallut pas plus pour se jeter à pleine vitesse vers eux.
S'ils atteignent sa nuque, c'est cuit pour nous ! Il trancha l'un des assaillants en deux sans problème et harponna le second, l'envoyant s'écraser au sol dans un cri. La troisième l'ignora complètement et partit vers son cou, lames dressées.
Le titan attrapa son câble pour la jeter trente mètres plus loin. Il se releva dans un nuage de vapeur. « Eren », dit Livaï en se posant sur son épaule. « Reprends le rocher. Je te couvre. » L'intéressé obtempéra et le caporal-chef se posta non loin, aux aguets.
Une rafale de coups de feu le fit sursauter. Des soldats tombèrent du Murs, à sa droite. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?! Il aperçut l'escouade de Mike qui s'y dirigeait, et se concentra sur son subalterne.
Et où est ce foutu titan Bestial ? Il y a eu une autre transformation, pourtant... Le trou béant faisant place à la porte se trouvait à cinquante mètres devant eux. On y est presque.
Deux personnes arrivèrent derrière lui. Il se retourna immédiatement ; Emilie et Samuel revenaient, couverts de sang. « Nous en avons tué cinq », expliqua le combattant, hors d'haleine. « Nous avons récupéré leurs armes... Je crois que c'est avec ça qu'ils tirent, là-haut. »
Livaï attrapa le lourd objet qu'il tenait. Il ressemblait à un fusil en plus large, fait de bois et d'une matière noire qui lui était inconnue. Son canon simple était très fin, et il possédait deux poignées, dont une particulièrement étrange, recourbée et visiblement détachable.
« Je crois que c'est une sorte de réservoir à balles..., expliqua Emilie, légèrement confuse. On en a interrogé quelques-uns. Ils appellent ça un... Je ne sais plus comment ils ont dit...
— C'est un « M6 », compléta l'autre.
— Restez avec moi. Gardez ces trucs. Est-ce que vous savez combien ils sont ?
— Une dizaine, je crois. »
Le petit homme plissa les yeux.
« Quels sont les dégâts ?
— Plus d'une centaine de nos hommes sont déjà morts, l'informa la femme. Les soldats sur le Mur, devant la porte, ont été décimés, d'après les équipes de soutien. Nous sommes impuissants face à des armes pareilles...
— Vous savez viser ? lâcha-t-il. Vous avez appris à tirer ?
— Oui, mais...
— Alors, on est à armes égales. »
Il rattrapa Eren. « Samuel, va ramener ces bidules aux sentinelles sur le Mur et explique-leur comment ils fonctionnent. Ensuite, envoie l'un d'eux informer Erwin de la situation. » Le guerrier repartit dans une traînée de gaz.
Le caporal-chef, tout en marchant avec la soldate, toucha du bout des doigts le contour de l'étrange arme à feu. C'est une technologie avancée, à l'évidence. Ces types doivent venir du même endroit que Marion.
Trois silhouettes apparurent sous la lumière de la lune, fonçant droit sur le jeune homme. A leur flanc était suspendu ce même fusil. Il se lança sans hésiter à leur poursuite et en tua un ; Emilie s'occupa du second. Le troisième les visa avec son M6, mais Livaï fut plus rapide que lui et le décapita.
« Fouille ceux-ci », lança-t-il. Il s'apprêta à atterrir sur un toit à côté, lorsqu'il perçut du coin de l'œil une forme énorme lever deux grands bras fins. Le titan Bestial projeta une pluie de débris sur eux, qui les manquèrent de très peu. Ses deux petits yeux luisaient dans l'obscurité.
« Et merde... » Il ne restait qu'une vingtaine de mètres jusqu'à la porte. « Eren, accélère. » Il dégaina ses lames, prêt à en découdre. « Walsmley... », commença-t-il, lorsqu'un tremblement assourdissant fit glisser les tuiles sous ses pieds.
« Caporal ! Une horde de titans arrive par là ! » cria-t-elle en montrant du doigt les mastodontes qui se ruaient vers eux. « Eren ! » s'exclama-t-il en se tournant vers les géants. « Bouge ton cul ! Va falloir que t'ailles plus vite ! »
« Nous devons à tout prix reprendre Shiganshina », avait insisté le major la veille, ses yeux bleus brûlant d'une détermination sans égale. « Quoi qu'il arrive, Eren doit reboucher la porte. »
Seulement, la situation paraissait désespérée. L'étrange créature les visait avec des projectiles, manquant à chaque instant de les écraser net ; des tonnes de colosses couraient vers eux comme des dératés ; et les escouades postées non loin étaient en train de se faire faucher les unes après les autres. Le reste de leur jolie petite armée avait certainement tenté d'arrêter les monstres, au vu du sang frais dégoulinant sur leur torse.
C'est cette foutue bestiole qui a rameuté les autres ! Mais entre massacrer des titans à la chaîne, et en combattre un particulièrement tenace... Et de là, je en peux pas consulter Erwin... « Je vais retenir les titans », jeta-t-il à sa subalterne. « Occupe-toi du Bestial. » Elle eut un moment d'hésitation, puis s'élança, décidée.
Combien d'entre nous sont morts ? D'un mouvement circulaire, il enchaîna trois colosses. Le liquide vermeil qui tâcha sa cape verte s'évapora presque instantanément. Il esquiva habilement les mâchoires de l'un d'eux et en tua deux autres.
Les innombrables titans qui l'entouraient semblaient uniquement focalisés sur Eren. Dès qu'il en abattait un, deux autres reprenaient sa place. Il n'avait jamais vu autant de ces monstres concentrés sur un même endroit.
Et déjà, ils rattrapaient le jeune combattant, et tendaient leurs mains géantes vers ses jambes, ses bras et son bassin. Il trancha leur nuque à la vitesse de la lumière, trancha encore, mania ses lames avec le plus de précision et de technique qu'il possédait, optimisa chacun de ses mouvement, y mit toutes ses forces au point de sentir ses muscles brûler sous sa peau. En vain : la vague d'ennemis s'abattant sur eux paraissait infinie.
Erwin. J'espère que ta détermination en vaut la peine, ragea-t-il. Sa vision ne se résumait plus qu'à des giclées sanguinolentes, qui recouvraient son visage et ses cheveux. Eren poussa alors un cri déformé ; un classe six venait de lui mordre sauvagement la cuisse. Le petit homme s'en chargea dans la seconde, mais trois autres l'assaillirent, déchirant la chair du mastodonte de l'adolescent.
Il s'arrêta, entravé par une dizaine de géants que Livaï ne put abattre assez rapidement. Et merde ! Il pouvait voir les limites de ses capacités physiques danser devant ses yeux. Je suis réduit à ça, le regarder se faire dévorer sous mes yeux, au prix de sept cents soldats ?!
Les dents serrées, il se lança vers sa nuque, prêt à le sortir de là. On ne peut pas continuer plus longtemps. Il leva ses lames, ses yeux acier décidés à sauver le plus de vies possible.
« Eren ! » hurla alors une voix. Mikasa se jeta sur les monstres à une vitesse fulgurante, pour en abattre deux d'affilée. Elle se déchaîna sur eux, enragée : ils ne purent que tomber comme des mouches. Ça change la donne, pensa le caporal-chef en la rejoignant.
« Mikasa, occupe-toi de ceux à gauche !
— Compris ! »
Elle s'élança dans une tornade de haine. Les deux guerriers redoublèrent d'efforts contre leurs assaillants, et la foule de créatures commença lentement à s'éclaircir.
« Caporal, cria Mikasa. Il faut sortir Eren de là !
— Non, lâcha-t-il. Il faut qu'il rebouche la porte.
— Mais...
— Ce sont les ordres d'Erwin, et notre objectif primaire. Eren en est pleinement capable, et tu es pleinement capable de le protéger ! »
Elle le regarda avec des yeux ronds, puis hocha la tête. Il regarda ses fourreaux, dents serrées. Je n'ai plus qu'un jeu de lames... Celles qu'il utilisait n'avaient que trois crans de moins, mais avec le nombre de titans qui affluaient, cela risquait de devenir très compliqué.
D'où est-ce qu'ils sortent ? On aurait dit que tous les colosses du mur Maria s'étaient rassemblés ici. Il trancha la nuque d'un classe douze qui avait saisi le bras du jeune soldat, et s'apprêta à s'occuper d'un classe dix, lorsqu'une secousse soudaine l'arrêta.
Eren venait de jeter le bloc de pierre dans la porte et tournait les talons, furieux, pour attaquer les géants qui l'entouraient. Il distribua des coups de dents, de poing et de pied avec une rage inégalable. Le spectacle était aussi saisissant que grandiose : un titan qui tuait d'autres titans, de la haine plein les yeux, Livaï n'avait jamais vu ça.
La foule monstrueuse devenait déjà moins dense, et il put réduire le rythme de ses attaques. Il sortit ses dernières armes et jeta un œil autour de lui.
Un cri s'approcha d'eux ; le jeune soldat attrapa quelque chose dans son immense main. Emilie, qui venait manifestement d'être propulsée par le titan Bestial, se releva, grimaçante.
« Emilie, dit le caporal-chef en s'approchant.
— Caporal. Il m'a battue, ragea-t-elle. J'ai réussi à lui faire perdre un bras et à le foutre au sol, mais il a littéralement calculé tous mes mouvements et m'a renvoyée d'où je venais !
— Est-ce que tu es toujours en état de te battre ?
— Oui, mais pas contre lui, avoua-t-elle.
— Prends ma place ici, ordonna-t-il en actionnant sa grenade sonore. Je m'en charge.
— Il ne vous reste que deux lames...
— Ça le fera. »
Le petit homme s'élança vers la masse énorme qui se dressait non loin, et jaugea sa silhouette carrée et ses bras descendant jusqu'aux chevilles. Il descendit vers la gauche, puis vira brusquement vers le haut au prix d'un virage serré. La paume de la main de son ennemi se referma sur du vide.
Il arriva à pleine vitesse vers son visage inhumain et poilu. Il rangea rapidement l'une de ses armes pour saisir le fusil qu'il portait à son flanc. En une demi-seconde, il passait devant le nez de la bête, et appuya sur la détente.
La force des tirs le surprit lorsque la rafale de balles éclata les yeux du titan, qui poussa un hurlement déchirant. Ce truc est puissant... songea-t-il en attrapant l'épée qu'il venait de ranger. D'un mouvement rotatif, il trancha profondément la jambe du mastodonte.
Il coupa les tendons de ses chevilles, le laissa s'écraser au sol, et sectionna les ligaments de ses épaules. Les bras de son ennemi retombèrent mollement. Il fonça vers sa nuque à découvert, mais fut arrêté par des coups de feu. Quelqu'un l'assaillait par derrière.
Il tira à son tour, et rata sa cible. La main forte du titan le saisit alors ; d'un geste, il la hacha. Merde ! Une balle frôla son épaule, déchirant sa veste et sa chemise. Il esquiva de justesse une autre attaque du colosse. Je dois absolument en finir avec lui !
Livaï se rua sous le bras de la bête, remonta vers son point faible et le trancha net. Un homme aux cheveux et à la barbe blonds en sortit, le visage marqué par sa transformation. Au même instant, une autre rafale retentit, et l'inconnu fut touché dans le dos. Il poussa un hurlement de douleur.
Une voix de femme s'éleva dans un langage qui lui était inconnu. Des excuses, manifestement. Le caporal-chef trancha les deux bras de l'étranger, le saisit sans ménagement par les cheveux et plaqua son épée contre sa gorge, le regard fixé sur son assaillante.
Celle-ci prit une expression horrifiée et leva les bras.
« Bien, lâcha-t-il. Ce type est votre chef ?
— Oui, balbutia-t-elle dans un allemand incertain.
— Chef, cracha-t-il, tu peux contrôler les Titans qui sont là-bas, c'est ça ? »
Il resta parfaitement silencieux. Le petit homme trancha le moignon qui lui servait d'épaule ; il se tordit de douleur.
« Je ne dirai rien, siffla-t-il entre ses dents.
— Oui, c'est le cas, pleura la femme.
— Don't you dare saying anything !
— Eh, je ne parle pas votre langue, jeta brusquement Livaï. »
Quelqu'un poussa un cri derrière lui ; un inconnu se ruait vers lui. « Yahou ! » s'écria alors une énième voix alors que des coups de feu retentissaient. Le troisième homme s'écrasa au sol. Hansi se saisit de la femme et la menaça de son fusil.
« Livaï, ce truc est génial ! J'ai envoyé mon escouade aider Mikasa, Emilie et Eren, puis je t'ai vu ici... » Ses traits ovales retrouvèrent leur gravité.
« Et j'ai surtout vu l'autre imbécile heureux qui comptait t'attaquer par derrière. Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Un interrogatoire, comme tu peux le constater.
— Je vois. Livaï, reprit-elle, nous avons perdu au moins la moitié de nos effectifs avec leurs armes étranges et la cinquantaine de titans qui sont soudainement arrivés par le nord.
— Oh ? »
Il appuya un peu plus son épée contre la peau de son otage, le regard effrayant.
« Vous vous amusez bien, à ce que je vois ? articula-t-il. Toi, dit-il en regardant la blonde, tu ferais mieux de me dire ce que vous comptez faire, ou je découpe ton chéri en petits morceaux.
— Nous... Nous envoyons des titans du nord, déglutit-elle. Et des gens armés. Nous sommes vingt-huit. S'il-vous-plaît, ne lui faites pas de mal...
— Et ensuite ?
— Ensuite, c'est tout, nous n'avions rien d'autre. Nous devions avoir plus...
— Vous deviez avoir quoi ? martela-t-il, menaçant.
— Elsa ! gronda le barbu.
— Le... Le cuirassé et le colossal... »
Le caporal-chef plissa les yeux. « Hansi, ligote-la. » Elle accepta, et il s'apprêta à faire de même avec le « chef », lorsque celui-ci l'envoya bouler. Il se releva immédiatement, mais l'autre avait déjà sauté dans le vide.
Une explosion d'énergie l'aveugla. Le mastodonte poilu se redressa et se précipita vers le Mur, qu'il escalada à toute vitesse. Livaï se lança à sa poursuite, mais ne parvint qu'à lui trancher un tendon à l'arrière du genou ; l'ennemi s'enfuit bien plus rapidement que prévu, et s'éloigna bientôt des Murs au galop.
« Et merde ! » ragea-t-il en retournant vers Hansi. Celle-ci venait de finir de fouiller Elsa, qui n'opposait aucune résistance.
« Quelle est la situation autour ?
— Je sais seulement ce que je t'ai dit jusque-là. Leurs soldats avancent sur les Murs en nous abattant à la chaîne. Mais je crois qu'il ne reste qu'eux...
— Nous en avons tué vingt. C'est très probable. Il en reste huit... En fait, moins deux, donc six.
— Trois de chaque côté, conclut la chef d'escouade et repoussant les mèches folles qui tombaient sur ses yeux.
— Je crois qu'il vaut mieux aller s'occuper de ces titans, là-bas.
— C'est sûr, admit-elle, mais tu n'as plus de lames en stock. »
Il regarda ses fourreaux et jura.
« Les charrettes ont été attaquées ?
— Je n'en sais rien.
— Je vais y jeter un œil. Gère Emilie et Samuel. »
Elle acquiesça et il s'éloigna vers l'arrière de Shiganshina, disparaissant dans la nuit noire.
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