L'assaut - Partie 2

Shiganshina, Mur Maria

Eren était déjà à mi-chemin, chacun de ses pas faisait trembler le sol ; Samuel, Emilie et Livaï durent abattre cinq Titans qui s'étaient rués vers lui. Le petit homme atterrit sur un toit après avoir habilement tué son troisième géant. Les équipes de l'arrière semblent avoir bien fait le ménage, pour qu'il y ait si peu d'entre eux qui s'aventurent ici. Bientôt, ils ne pourront même plus bouger.

Il continua à suivre le jeune homme, lames en main. Le gros poilu ne montre toujours pas le bout de son nez, hein ? Il fait dans son froc, lui aussi ? Ils étaient aux trois quarts du chemin. Alors qu'il continuait d'avancer, alerte, quelque chose à sa droite attira son regard.

« Hé », appela-t-il en voyant quatre soldats marcher en-dessous de lui. Il ne parvint pas à distinguer leur blason, dissimulé par l'obscurité. « Retournez à vos postes ! »

Ils se contentèrent de se tourner vers lui, armes dressées. Quoi... ? eut-il le temps de penser avant qu'ils ne se jettent sur eux. On a des ennemis jusque dans nos rangs ?! Il esquiva leur attaque et jeta un œil au jeune soldat, qui progressait toujours.

Deux hommes abattirent leurs épées sur lui. Il les évita d'un bond et harponna le premier en plein ventre ; il s'écroula dans un cri. Il récupéra la pointe ensanglantée de son câble et fit voler les lames du second dans un bruit cinglant. Son adversaire dégaina alors une arme à feu.

La balle qui frôla la joue du caporal-chef lui laissa une entaille brûlante. Il s'élança sur sa gauche à l'aide de son équipement tridimensionnel, prit un virage serré, et fonça à toute vitesse vers son ennemi. Celui-ci n'eut pas le temps d'appuyer sur sa gâchette : on lui transperçait déjà le torse avec force, lui brisant les os au passage.

Livaï retira sa lame et se tourna rapidement vers les autres. Emilie venait de maîtriser son assaillant, et Samuel, de décapiter le sien. Quelqu'un vint alors par-derrière ; le petit homme fit volte-face et entailla le ventre d'une femme. Deux autres fondirent sur lui.

Il envoya bouler la première d'un puissant coup de pied ; le second n'échappa pas à son attaque à revers et se retira, laissant la place au troisième. A l'instant où il se pencha sur la gauche pour esquiver son épée luisante, un déferlement de lumière brisa l'obscurité, l'aveuglant un moment. Un hurlement bestial s'éleva, et recouvrit leurs bruits de lutte. Et merde !

Il saisit le bras de l'homme et le jeta brutalement au sol, cassant quelques tuiles au passage. Il entendit un léger gémissement, qu'il ignora parfaitement pour lui trancher la gorge d'un geste sec. Du sang éclaboussa sa chemise, et l'autre s'affaissa, inerte.

Il profita de cette fraction de seconde de répit pour regarder le reste de son équipe, perchée sur le Mur. Ils luttaient également, mais il ne put discerner qui menait le combat.

Il attrapa le pistolet et descendit la femme ; elle s'écrasa au sol dans un bruit sourd. Le second se jeta alors sur lui, sortant d'un point mort de son champ de vision, et l'envoya valser. Une douleur lui traversa la colonne vertébrale, et il se retrouva plaqué à terre, ses épaules bloquées par deux mains fortes.

Un léger tremblement de terre lui indiqua que l'un des deux titans venait de se faire propulser quelque part. Les dents serrées, une expression de rage sur le visage, il vit les yeux de son assaillant briller alors qu'il plaquait son arme sur son front et la chargeait, prêt à tirer.

Livaï tenta de se dégager, en vain ; le tibia de l'autre lui immobilisait les genoux d'une force peu commune. Le jeune homme afficha un rictus satisfait. L'air triomphant, il posa son doigt sur la détente. Un coup de feu retentit.

***

Tokyo, 17 juin 2017

Hajime marchait dans une avenue bondée de monde. Il faisait une chaleur étouffante, et la foule n'améliorait en rien sa condition. Il jeta un œil sur sa montre, l'air impassible ; il était dix-sept heures cinq.

Le message de son supérieur était très clair : il suffisait d'enlever deux jours à la date donnée, et de rajouter deux heures dix à l'heure prescrite (l'adjectif « pétantes » étant un code à lui seul) pour connaître le moment où ils devaient se rencontrer. Le lieu « notre glacier favori » faisait lui référence à une pizzeria située non loin du centre-ville, dont les pizzas étaient si mauvaises qu'elles ne valaient même pas les surgelées de supermarché.

Il entra enfin dans le restaurant, dont le seul avantage était d'être climatisé, et repéra immédiatement son capitaine : un monsieur gras, à la barbe mal rasée, coiffé d'un bob kaki de très mauvais goût, installé à une table en aluminium sur laquelle persistaient des traces de sauce tomate mal nettoyées.

Il s'assit en face de lui avec un grand sourire. Malgré son apparence négligée, l'individu était très sympathique, et faisait preuve d'une sagacité qu'il admirait grandement.

« Je t'ai commandé une quatre fromages, annonça le moins mince en toussotant.

— Encore un rhume ?

— C'est pas surprenant, avec la différence de dix degrés entre l'extérieur et l'intérieur de cette foutue baraque. »

L'auteur rit légèrement avant de promener négligemment ses yeux dans la salle. Quelques jeunes étaient présents, mais à première vue, aucun d'eux ne paraissait suspect.

Ils reçurent leurs pizzas et commencèrent à manger.

« Donc, est-ce que tu peux m'expliquer ? commença Hajime.

— On a volé du ketchup en août, et Tickles n'a pas réussi à le récupérer. Il semblerait que Tickles, après de longues recherches, ait décidé de retourner à son point de départ avec du nouveau ketchup. Oh, et on a une autre inconnue dans l'équation, cette fois-ci. Avec le nouveau ketchup, je veux dire.

— Ah ?

— On a commandé un nouveau fromage. »

Il s'étouffa avec la croûte de sa pizza. Une fois remis, il s'essuya la bouche et regarda son interlocuteur avec des yeux ronds.

« Quel... Quel fromage ?

— Du chabichou, tout frais.

— Qu'est-ce que c'est que ce truc ?

—Le chabichou ? C'est un fromage régional venant de France, fait à partir de lait de chèvre poitevine, grosso modo.

— Donc ce nouveau fromage est français ?

— Français de chez français, tu ne peux pas en trouver ailleurs. »

Qu'est-ce que c'est que ce souk ? Il finit rapidement son repas et se leva. L'autre régla et le suivit. Quinze minutes plus tard, ils entrèrent l'appartement du plus maigre ; ce dernier ferma sa porte à double-tour. Il se retourna et vit avec horreur qu'un jeune homme aux longs cheveux noirs et aux yeux clairs était assis sur son sofa.

« C'est Chabichou ? » demanda-t-il en le pointant du doigt. L'intéressé acquiesça et se leva.

« Je m'appelle Antoine, je suis un ami de Marion, dit-il dans un japonais hésitant.

— Issei... souffla Hajime. Tu as recruté un ami de Ketchup ?

— Je n'ai pas eu le choix, il nous a trouvé sur le deep web. Soit on le tuait avant qu'il ne tombe dans les mains de nos ennemis, soit on le récupérait. En sachant que c'est un génie de l'informatique et qu'il a l'air très, très motivé...

— Ouais... Mais, tu lui as tout expliqué ?

— Non, c'est pourquoi je l'ai amené ici. Ton appartement est le plus sécurisé de Tokyo, si ce n'est du Japon tout entier. »

Il scruta le nouveau venu un moment puis s'affala à côté de lui, la tête dans les mains.

« Petit... articula-t-il en anglais. Tu sais ce que ça représente, d'entrer dans la R2.0 ?

— On m'a un peu mis au parfum, expliqua-t-il, peu à l'aise. Sur les risques, je veux dire. Du reste... Tout ce que je sais, c'est que le monde de l'Attaque des Titans existe vraiment et que Marion est coincée dedans...

— Non... Enfin, si, c'est très résumé. Bon... Issei, tu peux lui donner plus de détails, s'il-te-plaît ? »

L'homme hocha la tête et se plaça devant lui en lui tendant un verre d'eau.

« Le « monde » de l'Attaque des Titans est en réalité une période différente de celle-ci. Des gens veulent y éradiquer l'espèce humaine. Pour faire court, tout ce qu'il se passe de l'attaque de Shiganshina jusqu'à la capture d'Annie et la découverte du titan dans le Mur est vrai.

— Ça se passe quand, alors ? demanda le garçon, troublé.

— Ah, ça... C'est parfaitement confidentiel. Cette organisation secrète est à la solde des Etats-Unis. Nous luttons contre, comme tu l'as deviné.

— Mais pourquoi ils font ça ? s'exclama-t-il, horrifié.

— Seuls nos directeurs, et les espions qui sont sur le terrain le savent. »

Atterré, il but une gorgée. Issei... Il a des bons réflexes, avec ses verres d'eau.

« Donc, Marion le sait, puisqu'elle a été envoyée ?

— A propos de Marion... C'est Ketchup. Il faut dire Ketchup. Sinon, il est trop facile de la tracer, d'accord ? Elle ne sait rien.

— Vous l'avez envoyée sans rien lui dire ?! s'étrangla-t-il.

— Si nous l'avions fait, elle se serait trahie. Nous savions déjà qu'elle allait rejoindre le Bataillon, c'est ce qui colle à sa personnalité : choisir le plus compliqué, le plus extravagant et le plus dangereux. Mais surtout, ce qui allait aider le plus de monde et ce qui correspondait le plus avec ses idéaux.

— Mais elle a l'armée en horreur...

— L'armée d'aujourd'hui, oui, comme pour elle, ça se résume à apprendre à tuer des gens pour des histoires d'intérêts politiques et financiers alors que tout pourrait se régler par la diplomatie. Mais là-bas, ils ont une raison plus que valable de se battre. »

Il le fixa, choqué. Ses yeux s'écarquillaient un peu plus chaque seconde.

« Ouais... Et, pourquoi elle ?

— Elle a été choisie par nos ennemis pour son intelligence hors du commun et son tempérament facile. De plus, dans votre petite bourgade, ils pensaient qu'une disparition ne ferait pas de bruit... Les pauvres, ils se sont trompés sur toute la ligne.

— D'accord, murmura Antoine, de plus en plus sidéré. Maintenant, qui l'a enlevée ?

— Les ennemis, et on l'a récupérée en chemin.

— Et ensuite, vous en avez fait quoi ?

— Confidentiel. »

Il serra les poings, les larmes aux yeux.

« J'espère que c'est justifié, siffla-t-il.

— Elle est surveillée par Tickles. Sans le savoir, bien entendu. On peut vraiment compter sur Tickles pour veiller sur elle. Bon, il y a seulement un petit souci...

— Lequel ? demandèrent le jeune garçon et Hajime en même temps.

— Tickles est revenu en arrière, car tout était parti en vrille. Et pour la seconde fois, Ketchup a été enlevée. »

Ils le regardèrent avec des yeux ronds.

« Ça va recommencer comme sur la vidéo ? grimaça l'auteur.

— Non, car Tickles sait ce qu'il va se passer et va la sortir de là. Notre mission est toujours la même : envoyer et recevoir les messages de Tickles, les retranscrire, sécuriser le système, et tout le pataquès. Chabichou... Tu travailleras avec Comté sur nos serveurs, comme prévu. Mais tu devras rester avec Camembert, caché, car tu es très certainement traqué à l'heure qu'il est. »

L'adolescent acquiesça, un peu pâle. « Bien. Au travail », dit le capitaine en sortant une brique de jus d'orange du réfrigérateur.

Lien vers l'image : https://www.zerochan.net/1628821

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