attack_on_titan&0.7 - Partie 9

Kenny fut le seul à ne pas sursauter ; ce fut par réflexe qu'il sortit son poignard, et se retourna d'un bond vers le corridor. Personne. Il regarda de nouveau vers les deux autres... Pour rencontrer la stupéfaction de Marion, la frayeur de l'enfant, et l'horreur de la brune.

« Fabien ! La porte ! » s'écria-t-elle. La porte. Il s'avança pour se saisir de la poignée, mais s'arrêta net. « Kenny ? » « Un, deux, trois, soleil. » « Fabien, qu'est-ce que t'attends ?! » Si c'est la Résistance... « Fabien... »

Il lui coula un regard dégoûté. « Quoi, j'ai une tronche à me terrer comme une taupe ? » s'indigna-t-il par-dessus le bruit strident. « Enfin, Reb' ! S'ils arrivent et que je sais pas combien ils sont, on est dans la merde ! Comment tu veux que je me batte dans ces conditions ? Et les droits des travailleurs ?! Tu voudrais pas que j'arrose vos jolis murs de purin ! »

L'intéressée se contenta de béer un long moment. Il en profita pour tendre vainement l'oreille. La sirène était trop forte. Trop forte... Ou presque : il l'entendit tout de même, le murmure de Marion. Elle le gratifiait d'un air profondément angoissé. « Kenny... Tu es loin... »

La porte, elle n'en avait manifestement rien à carrer. Historia se réfugiait contre sa jambe, mais c'était dans un geste machinal qu'elle lui caressait les cheveux. « Tu es loin. » Il s'avança vers elle, elle se réfugia lentement dans son manteau. « Maman deux... » pleurnicha la plus jeune en s'accrochant encore à elle.

Maman deux ? « C'est bien ce que je pense, n'est-ce pas ? » Il haussa les épaules. « Aucune idée. Bah, on est beaucoup, donc même si c'était le cas... » Elle hocha simplement la tête, puis se détacha de lui. Là, elle prit la blonde dans ses bras. « Ça va, pleure donc pas », lui dit-elle en lui tirant la joue. « Easy peasy. »

De longs instants coulèrent. Face à l'absence de danger, mère et fille se calmèrent. Marion, quant à elle, y était arrivée depuis un moment : elle le gratifiait d'une profonde confiance. De la confiance, hein.

« Eh bah », bâilla-t-il. Ils sont une centaine ici. « Y a personne ? » Et en face ? « On se fait chier. » Il paraît que je vaux cent hommes. Il tourna et retourna son couteau dans sa main. Et ma mère, elle ?

« Marion, tu ne voulais pas transférer le fichier ? » s'empressa subitement la brune. Il lui jeta un œil. Elle affichait un grand sourire, un grand sourire teinté d'une anxiété très mal dissimulée ; et, surtout, elle venait de prendre le poignet de la chercheuse avec fermeté.

« On ne sait jamais, il faudrait l'envoyer, tu sais, au serveur du LAN du labo, puis à celui du centre, puis au bâtiment de la machine... » Oh. Ils veulent copier attack_on_titan&0.7 sur toute la base. Pas con. « Tu vas le faire, n'est-ce pas ?! » L'intéressée eut un mouvement de recul. « Oui, bien entendu », répondit-elle avec stupeur.

Elle se remit face à l'ordinateur, les sourcils froncés par la concentration. Mais, du coup, même si elle se casse, ils pourront faire autant de machines numéro sept qu'ils le voudront... Il entrouvrit les lèvres. ... donc, ils ne viendront pas la chercher pour lui arracher ces informations de force. Un regard derrière lui. Ils n'étaient pas encore là ; et quand bien même, il pouvait bien lui faire gagner du temps.

« Et c'est envoyé. » « Et j'ai sonné la fin du monde ». Good job, Marion. La fin du monde, à laquelle Stéphane Bern était pleinement capable d'échapper. Un bon gars, celui-là. Kenny eut un petit sourire... Qui mourut bien vite. « La connexion est coupée... » venait de souffler son amie. Moment de flottement, au bout duquel l'alarme s'arrêta. Le silence tomba brusquement sur eux.

Et il persista durant de longues secondes, lourdes, très lourdes, à la limite du supportable. Ils ne peuvent pas copier le fichier. Donc, le seul exemplaire est ici. Donc, si Marion se fait enlever maintenant, ils vont en avoir après elle. Donc... Il écarquilla les yeux. « Mais c'est la dernière chose que je te demanderai. »

« Où est-ce qu'ils sont ?! » Il se retourna lentement vers le corridor. Onya-Kopon, un Résistant assez costaud, venait de débouler des escaliers. Il tourna son visage carré et sombre vers eux. Son fusil suivit bientôt, ainsi que celui des quelques cinq autres qui l'accompagnaient. « Ne bougez pas ! »

Il reconnut en passant monsieur Dainsborth. Deux ans avaient passé, mais ses cheveux châtain clair étaient toujours châtain clair, et ses yeux bleus, toujours bleus. « C'est la dernière chose que je te demanderai. » Il y avait un homme, aussi, qui le gratifiait d'une expression à la haine vengeresse. Le mari de la mère de Hannes.

Personne ne fit un seul mouvement. « C'est la dernière chose que je te demanderai. » La tension était électrique, presque brutale. Au moindre geste... Le jeune homme inspira légèrement. Je me fous dans quel camp, là ? Il regarda Marion, qui le regardait déjà. De la peur. Et, surtout, elle ne pouvait pas copier le fichier.

« Kenny », dit Onya-Kopon. « Elle nous a dit. On va avoir besoin de Marion et d'Historia. Tu connais les plans de la b... » Un coup de feu coupa sa phrase. La balle que venait de tirer Kenny frôla la joue de son ancien allié, qui écarquilla les paupières. Quelqu'un tomba, derrière lui : un dommage collatéral. Le père du petit blond. Et merde !

Il raffermit immédiatement sa prise sur son revolver, et se jeta sur eux. Leur moment de flottement eut raison de l'entre-jambe de son interlocuteur. Mais les autres furent plus réactifs : on lança un couteau vers sa gorge, un canon contre sa tempe. Il esquiva le premier, et se saisit sèchement du second. Son propriétaire se plia en deux l'instant d'après.

Mais alors qu'il se retournait, une entaille lui brûla la mâchoire. Le seul restant revenait à la charge. Il le plaqua contre le mur avec une facilité déconcertante, et abattit son propre poignard vers son épaule. Il ne l'atteignit pas.

« Marion ! » exhortait Rebecca. Il se retourna brusquement vers elles. La plus âgée venait de prendre le bras de la jeune femme, et la fixait avec affolement. Dans sa main, une seringue tout droit sortie de son sac... Seringue que l'autre ne voyait pas. « La machine ! Dis-moi tout sur la machine ! »

Il écarquilla les yeux. « La machine ?! » protesta-t-elle. « Rebecca, on est... » L'intéressée la secoua un peu plus. « La machine, Marion ! » Alors, l'intéressée commença à débiter des informations. Le langage de codage, le type de câbles qui reliaient le PC à la cage de transfert, le temps exact que mettait la particule pour se changer en antiparticule, la probabilité qu'elle dégénère, d'autres dangers encore. Elle entama ensuite une dernière phrase, un tout petit « pour sceller le tunnel », qu'elle ne termina pas.

L'aiguille venait de s'enfoncer brutalement dans son cou. D'où le thé... réalisa-t-il, soufflé. Au même instant, une douleur sourde assaillit la mâchoire de Kenny. Son adversaire tentait de se dégager, et le dernier des derniers s'avançait vers elles en courant. Il lâcha le premier, rattrapa le second, lui faucha les pieds. Mais il ne le tua pas.

Elle vient de lui effacer la mémoire. Il pouvait le voir, à ses pupilles qui venaient de se dilater, à son regard qui se faisait hagard. Et pourtant, celui qu'elle posa sur lui était toujours aussi désespéré. Son cœur se tordit une nouvelle fois. Elle ne l'avait pas oublié.

La métisse qui se rua sur l'ordinateur le ramena brutalement à la réalité. Trois autres étaient arrivés à sa suite. Rebecca tenta de l'en détourner, mais elle se fit purement et simplement jeter à terre. « Fabien, bon sang ! » Celui-ci se mit en mouvement, s'arrêta net.

Mais la machine numéro sept, elle ne s'en souvient plus... L'alarme leur déchira une nouvelle fois les tympans. La résistante démonta violemment la tour, fouilla dedans sans ménagement, repéra le disque dur, tenta de l'extraire. Le PC explosa l'instant d'après. Kenny venait de tirer dedans avec acharnement, et gratifiait son ennemie-alliée d'un regard noir.

Celui de l'autre, celui de Rebecca, celui d'Onya-Kopon qui s'était également relevé, tournèrent à l'horreur. La chercheuse, elle, ne comprenait rien ; elle se contentait de rester plantée derrière des tables contre le mur circulaire, Historia derrière elle. « Kenny ! » gronda la femme. « Toi... » Elle dégaina son fusil, il l'envoya valser du canon du sien. Là, il se rua sur Marion, la prit en sac à patates, et pointa de nouveau son arme sur eux.

Il n'en avait tué qu'un. Ils étaient désormais sept, en face de lui, mais peu lui importait. Le dossier sur la machine numéro sept était détruit, son amie ne s'en souvenait plus, tout était bien qui finissait bien. Alors, il chargea son revolver. « Dans la base », lâcha-t-il. « Vous êtes combien ? »

Pas de réponse. Il attendit tout de même un peu, mais son impatience eut raison de lui. Il tira juste devant les pieds d'Onya-Kopon, et durcit encore son regard. « Vous êtes combien ?! » Le regret se lut sur sa face carrée. « Assez pour te mettre à terre s'il le faut, Kenny. Dans quel camp es-tu ? Est-ce que tu t'aligneras toujours sur les idées de Marion ? »

Pendant quelque secondes, seule la sirène suraigüe fut là pour lui répondre. Ils se scrutèrent un long moment. Dans les yeux sombres de l'homme, il y avait de la compassion. De la compassion. Tu sais donc, pour le lien. Bern est si bavard que ça... « Assez pour battre en retraite ? » jeta-t-il à la place. Hochement de tête.

Le jeune homme baissa le menton. Il laissa finalement la chercheuse se remettre sur ses pieds, mais son bras ne la quitta pas. Sa main remonta sa mâchoire, épousa sa joue, la tint un instant. Il planta ses yeux dans les siens : ceux-ci s'écarquillèrent lentement. « Kenny ? » hésita-t-elle.

Je ne te l'ai jamais dit. « Ce n'est pas sur ses idées que je m'aligne. » Sur ce, il la porta de nouveau, et fonça vers la sortie. La surprise d'Onya-Kopon fut forcée de se faire de courte durée. « Marion ! Fabien ! » cria Rebecca. Quelques secondes, un sanglot. « Non ! Historia ! » Il jeta un œil derrière lui. Elle était en train de les regarder avec désespoir quitter le laboratoire. Ses pleurs naissants furent vite étouffés lorsqu'ils montèrent les escaliers.

« Kenny, qu'est-ce que tu fais ? » s'affola Marion. Elle tenta de se dégager, il la tint plus fermement. « Où est-ce que tu m'emmènes ? Kenny ! » Ils remontèrent à la surface ; ce fut avec stupeur qu'il vit Jelena se battre contre quelqu'un d'extérieur à leur unité. Ses yeux noirs se posèrent sur lui, son expression se fit toujours aussi impénétrable, il ne comprit pas, il ne chercha pas.

Ils commencèrent à courir. Lorsque ses camarades 'ricains les virent, ils s'apprêtèrent à tirer... Pour, au final, ne rien faire. Il y avait la scientifique, dans le tas : ils ne pouvaient pas prendre le risque de la tuer, c'était les ordres. Grâce à cet otage de luxe, ils naviguèrent avec une facilité déconcertante dans la base.

La sortie. « Kenny. » Son cœur se serra : le ton de la châtaine se faisait désormais brisé. « Tu m'y emmènes, n'est-ce pas ? Tu viens aussi, n'est-ce pas ? » Il le vit alors, le portail, le haut portail grillagé et d'ailleurs talentueusement explosé, encadré de quelques cadavres des deux camps. Une fois à sa hauteur, il passa brusquement son amie au père Dainsborth. Celui-ci la reçut avec surprise.

« C'est une fille, alors ? » lâcha-t-il. L'intéressé bloqua un instant. « Oui », bafouilla-t-il finalement. « Leah. On l'a appelée Leah. Kenny, tu... » Il le poussa violemment. « Barrez-vous », grinça-t-il. Le chef d'équipe le regarda avec des yeux ronds.

« Tu ne viens pas avec nous ?!

— Pour me faire chier comme jamais ? Non merci !

— Mais...

— Cassez-vous avant que je vous démonte ! »

Ils hésitèrent un instant, puis obtempérèrent.

D'autres suivirent, lui jetant au passage des regards ahuris. Mais ce fut celui de Marion qui attirait toute son attention. La distance qui les séparait grandissait un peu plus à chaque mètre : elle le gratifia d'une expression choquée, puis affolée, puis détruite.

« Non ! » hurla-t-elle. « Kenny ! » Elle tenta en vain de se dégager. « Pourquoi ?! » Sa voix se fit brisée, des larmes coulèrent douloureusement le long de ses joues. De là, il ne pouvait plus voir ses tâches de rousseur. « Kenny ! » De là, il aurait beau tendre la main...

On appliqua rapidement un bout de tissu sur ses voies respiratoires. Il entraperçut tout juste ses paupières s'alourdir, ses lèvres murmurer encore. Une, deux, trois personnes le bousculèrent dans leur fuite, sans ne jamais le faire bouger d'un iota. Un très long moment passa. Ce ne fut que lorsque le silence tomba sur lui qu'il s'autorisa à marcher jusqu'à un poteau pour s'y adosser.

Il se laissa lentement glisser au sol. Son long manteau manqua plusieurs fois de s'accrocher au grillage, mais il n'en eut cure. Sa main dévoila son revolver, sur lequel il posa ses prunelles égéennes. You have my gun, hein. Un long soupir s'échappa de ses lèvres.

Un fusil, ce n'est qu'une foutue arme à distance...

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