Chapitre 10| Le diable dans les larmes
« On a manqué toute la matinée.
- J'en ais un peu rien à foutre tu vois.
- Ce n'est qu'une constatation.
- Pas la peine de la dire alors.
- Tu veux vraiment que je me taise ?
- Non. J'aime ta voix. »
Allongé sur le sol, le regard dirigé vers le bleu du ciel, Bryce ne cessait de passer et de repasser sa main dans les cheveux rouges de son ami, qui était allongé sur lui, sa tête posée sur son torse.
"Amis", ce mot ne pouvait plus définir leur relation, il le savait bien ça. Cependant, Bryce ne savait pas comment la décrire. Et il savait qu'il ne parviendrait pas à en parler avec Claude, bien qu'il soit le concerné, la personne qui foutait de la merde dans son esprit.
Il ferma les yeux, préférant éviter de penser à ce qu'il venait de se passer, à Claude qui somnolait encore contre lui, la tête posée proche de son cœur. Bryce se demandait à quoi le rouge pouvait bien penser.
C'est après mangé qu'ils décidèrent de redescendre en cours. La faim ne se faisait pas tant ressentir, et puis, ils finissaient dans deux heures... Xavier et Jordan les attendaient, et eurent le sourire aux lèvres en les voyant approcher. Ils leur rendirent leurs sac, et le cours se fit plutôt calmement, bien que la professeur n'avait cessé pendant presque dix minutes de demander aux deux garçons où est-ce qu'ils étaient de toute la mâtinée.
Aucun n'a répondu. Et personne n'a abordé ce qu'il s'était passé ce matin. Personne n'osait parler sur les yeux encore plus rouges de Claude, ni sur la poussière qui recouvrait le dos et les cheveux de Bryce. Ils ne répondraient pas de toute façon.
Bryce et Claude ne se lâchaient pas ; comme en primaire, comme aux premières années de collège. Ils discutaient simplement de tout et de rien, parfois des activités féministes de Claude, qui expliquait à l'argenté comment ça se passait. Puis se fut la fin des cours, et la plénitude qui avait envahis Bryce depuis quelques temps déjà vint se briser en un million de petits morceaux, au moment même pas où il fit fasse aux reflets de deux iris chauds, d'un brun chocolat qui aurait pu être doux, mais froids et haineux comme ceux du diable.
« R-Rose ? Qu'est-ce que tu fais là ?
- Oh, Bryce ! Je voulais passer un coucou à Mamie, et je me suis dis qu'on pourrait y aller ensemble. »
L'argenté ne bougeait plus, figé au milieu de la grande place juste devant le grillage de son lycée. Il n'entendait et ne voyaient plus les autres, hors mis cette fille qui lui souriait faussement, niant cette innocence qu'elle s'amusait à afficher sur son visage, cette fille à qui il était relié par le sang de leur père. Il se faisait force, violence, pour ne pas trembler. Cette fille avait le don de le mettre dans tout ses états, et il détestait ça.
Une main se posa sur son épaule. Il se retourna brusquement, pour voir Claude, pour croiser son regard fauve. Non. Il n'était pas seul face à elle.
« Bon, au lieu de rester planter là, tu viens ? C'est la moindre des choses de me tenir compagnie, après ce que tu as fais..
- Qu'est-ce que tu raconte encore ?!
- Je te rappelle que c'est toi qui a tué Papa.
- Tu ne t'es jamais soucié de lui auparavant ! Pourquoi tu le fais maintenant qu'il est mort ?! »
Oui. Elle avait encore réussi à le mettre hors de lui. C'était à peine s'il ne se jetait pas sur elle. Mais une main retenait son bras. Il savait qu'il ne devait pas craquer.
« Je fais ce que je veux aux dernières nouvelles. Et puis, il reste mon père.
- Tu as toujours souhaité sa mort ! »
Un silence plat s'installa entre tous ceux qui sortaient du lycée. Tous observaient les deux adolescents à la chevelure argenté, ils étaient le ventre de l'attention, au grand damne de Bryce qui haïssait ça. Il n'était pas comme Rose, qui aimait se faire voir par les autres, être sous les projecteurs.
« C'est quoi ce mensonge ?
- Ne le nie pas Rose.
- Écoute Bryce, t'es bien mignon, mais arrête de me faire passer pour la méchante, c'est toi l'assassin dans cette histoire. En fait, tu es le seul fautif de tout ça.
- Qu- Hein ?
- Arrête de dire ce genre de conneries ! »
L'exclamation de Claude fit sursauter l'argenté, qui avait presque oublié sa présence. Cependant son regard de glace restait ancré dans celui de cette fille. Celui de sa demi-soeur.
Elle qui regardait justement Claude avec dédain, ennuyée par son intervention. Mais son sourire malsain fit frissonner Bryce.
« Il n'aurait jamais eu naître. Rien de tout ça ne serait arrivé sinon.
- Pourquoi tu t'amuses à dire ça ?! répliqua Claude, présent celui qui se retenait de se jeter sur elle.
- Bryce est le fils de la maîtresse de mon père après tout. »
Silence de mort. Le rouge ne bougeant plus. Celui aux regard froid figé, se souvenant des mots de sa sœur par le passé. Le regard plein de haine, malsain au possible, s'exaltant de la détresse du plus jeune des deux argenté ; oh oui, Rose adorait voir son petit frère ainsi.
« Bon, je n'ai plus rien à dire on dirait. J'espère que tu ne détruira pas non plus ce garçon Bryce, il a l'air d'être quelqu'un de bien. Contrairement à toi. »
Il n'avait pas même la force de la regarder s'en aller, fière, faisant résonner ses talon sur le goudron. Tout tournait autour de lui, la nausée montait. Instinctivement, il mit sa main devant sa bouche, tandis que ses jambes ne pouvaient plus le porter. Un bras autour de sa taille, quelqu'un qui fait passer son bras autour d'épaules plutôt large. Bryce releva lentement la tête, pour seulement apercevoir une chevelure rouge.
« Claude...?
- On s'en va. »
Bryce n'eut une seconde pas la force de le contredire. De toute façon il n'en avait pas envie, il avait besoin de fuir. Il se fichait totalement où est-ce que Claude pourrait l'emmener, tant que c'était loin de ce foutu lycée, de ces foutus ados qui s'étaient tous amusés à filmer la scène. Foutue technologie.
Le chemin se fit en silence, Claude préférant se concentrer pour ne pas lâcher l'argenté, qui quand à lui se concentrait sur ses nausées pour ne pas vomir.
Une dizaine de minutes plus tard, ils arrivaient dans le parc où tout deux aimaient aller, se réfugier, lorsqu'ils avaient besoin. La dernière fois que Bryce s'y était rendu, c'était lors de sa sortie nocturne avec Claude. Il y avait beaucoup d'enfants, cependant les deux garçons connaissaient un coin où personne ne pouvait venir. Un coin logiquement interdit. Ils remerciaient on-ne-sait-qui que ce parc soit aussi une forêt, bien que l'accès au bout d'un certain chemin soit interdit.
Ils prirent alors le petit chemin, puis se faufilèrent dans la partie non autorisée, et coururent jusqu'à leur petit coin. Simplement un lieu isolé, avec un tronc renversé au sol qui servait de banc. Le bois était pourris, mais ils n'en avaient rien à foutre.
Une fois assis, les minutes défilèrent, dans un silence de mort. L'un ne savait que dire, l'autre était encore troublé. Bien que ses nausées soient enfin parties, il avait tout de même besoin d'un appui. Sa tête posée sur l'épaule du rouge, il regardait le sol, la terre, l'herbe et les fleurs sous leurs pieds. Il se sentait bien la, entre les arbres.
« C'est vrai ce qu'elle a dit ?
- ... Oui. Mon père et trompait sa femme. Je ne l'ai appris que lorsque j'avais cinq ans, quand Rose se disait que j'étais en âge de comprendre sa haine envers moi. A l'époque je ne comprenais pas. Mon père n'aimait plus sa femme, mais n'osait pas la quitter. Bien que je l'aimais, il restait quelqu'un de lâche, et j'ai toujours détesté cette partie de lui...
- Donc Rose te déteste parce qu'elle pense que tu lui as volé son père ?
- Oui. Elle s'est aussi mise à détester Papa, mais au fond elle l'a toujours aimé...
- Je comprends mieux maintenant. »
Ils ne dirent rien. Mais une peur commençait lentement à envahir Bryce, petit à petit. Est-ce que Claude allait se mettre à penser comme Rose ? Il n'était pas du genre, Bryce le savait, mais il ne pouvait s'en empêcher...
Une main sur son épaule, un mouvement qui lui fit signe de relever la tête. Bryce le fit, hésitant, avant de croiser ce regard fauve qui le rassurait tant.
« T'es pas fautif dans cette histoire. Ton père était un crétin de tromper sa femme de l'époque, mais le mal est fait. Cesse de penser à ce qu'elle a dit. »
Il se mit à sourire. Un sourire de remerciement.
« Je ne savais pas que tu pouvais dire de telles choses censées, Claude.
- Non mais- J'te permet pas !
- Je rigole. »
Bryce posa instinctivement sa tête sur l'épaule de Claude, calmant instantanément celui-ci. Ils échangeaient les rôles de ce matin, Bryce était celui qui avait besoin de réconfort. Et inconsciemment ou consciemment, Claude passa ses bras autour de Bryce.
C'était bien de ça dont tout deux avaient besoin ces derniers temps.
« Dis Claude, est-ce que c'est en ce moment l'anniversaire de ta mère ?
- Oui. Comment tu l'as deviné ?
- Chaque année tu deviens ainsi, à cette période de l'année. »
Claude ne put s'empêcher de sourire. Bryce le connaissait bien trop bien. Il ne put retenir un rire, bien que le sujet le déchirait toujours autant de l'intérieur. Il sentit même Bryce rire contre lui. Un rire joyeux ou désespéré, aucun des deux ne sauraient dire.
Le rouge baissa la tête vers Bryce, pour observer ces deux prunelles bleus glace, couleur aussi froide que sa chevelure. Il ne remarqua pas tout de suite que Bryce le regardait à son tour. Yeux dans les yeux.
Consciemment ou inconsciemment, ni l'un ni l'autre ne le savait, mais petit à petit leurs têtes de rapprochaient de l'autre. Instincts, sentiments ou instant du moment, aucun ne sauraient dire ce qui les avaient dictés à sceller leurs lèvres. Quoiqu'il en soit, ils étaient bien là, assis sur le tronc pourri d'un vieil arbre, dans cette partie interdite de la forêt du parc pour enfant, à s'embrasser dans les bras de l'autre, après deux révélation accablantes.
Ils ne cessèrent pas, hors mis pour reprendre leur souffle. Déjà bien accrocs aux lèvres de l'autre. Claude rêvait de cet instant depuis bien trop longtemps sans doute. Et Bryce n'aurait jamais imaginé autant aimer quelque chose de pareil.
Après un énième baiser, Claude se leva, tenant la main de Bryce. L'argenté lisait dans le blanc des yeux ce que le regard et le silence du rouge voulait dire. Leurs joies rouges, la température qui aurait pu monter d'avantage. Bryce se leva à son tour, resserrant sa main sur celle de Claude.
★
oh mon byron je suis beaucoup trop actif sur cette histoire.
mais là j'ai une poussée d'inspiration ouloulou.
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