Chapitre 02| Devoirs
La pluie est forte aujourd'hui. Le ciel est sombre. Le vent est fort. Et les élèves doivent être bruyants au lycée.
Assis sur son canapé sous la fenêtre, Bryce regardait les gouttes d'eau pleines de pollution s'écraser sur la vitre. Il regardait les arbres se plier sous la force du vent, et le ciel plein de nuages noirs cacher le soleil.
Il n'était pas en cours aujourd'hui. Le temps ne lui en donnait pas l'envie, lui prenait toute sa force. Il se sentait plus faible.
Dans ses mains, il tenait un gros livre à la couverture rouge. Sur sa tête, il avait son casque, où il écoutait l'un de ces nombreux morceaux de piano qu'il écoutait sans cesse depuis qu'il était rentré chez lui.
A côté de lui, sa grand mère était assise dans le canapé, à regarder la télé, partageant un plaid avec lui.
L'ambiance était morose dans la maison. Aucun d'eux ne parlaient. Ils ne savaient pas trop quoi dire. Ils partageaient la même douleur, se soutenaient mutuellement du mieux qu'ils pouvaient, mais sa grand mère savait que pour Bryce, c'était quelque chose d'encore plus difficile à vivre, à son âge. Vivre cela à 16 ans, quand même...
En classe, c'était le gros bordel. Comme toujours, le cours d'Espagnol n'était pas fameux, et ça, le professeur ne le remarquait pas vraiment. Un petit nouveau arrivé cette année, d'origine espagnol, qui ne savait pas vraiment parler français. Pratique pour donner des cours.
Claude, comme toujours, était assis sur sa chaise, contre un mur, les pieds posés sur sa table. A ses côtés se trouvaient trois garçons qui faisaient tous partit de sa petite bande. Les autres étaient dans d'autres classes. Et comme toujours, Claude faisait ses conneries, ses blagues dans humour, il n'écoutait pas le professeur, et emmerdait parfois quelques élèves, mais ceux-ci lui rendait ses coups foireux.
A l'autre bout de la classe, Claude avait le loisir pas très amusant de regarder ses deux amis, la tête verte et la tête rouge, écouter le professeur. Tout les élèves qui souhaitaient étudier s'étaient mis dans le même coin, et le professeur ne leur donnait cours qu'à eux. Dans ce petit coin, en plus de Xavier et Jordan qu'il connaissait très bien, il reconnaissait quelques têtes.
Mark Evans, cet abrutis idiot qui ne comprend rien au double sens, surtout quand c'est sur le thème du sexe. Un gamin innocent qui était censé avoir 16 ans, donc ne pas être aussi enfantin qu'un sale gosse de primaire. Il était aussi le putain de crush de Xavier, et ce con ne remarquait aucune des tentatives - veines - de drague du rouge eux yeux émeraude.
Jude Sharp, une vraie tête à claque qui l'agassait plus qu'autre chose. Un vrai stratège, parfois à l'air surdoué, un premier de la classe, le genre de type que Claude ne supportait pas. Et il se demandait souvent comment Jude et Mark pouvaient être meilleurs amis (avec cet Axel Blaze, sauf qu'il était dans une autre classe).
Derrière eux se trouvaient Célia Hills. La soeur de Jude à ce qu'il paraît. S'ils sont frères et soeurs, pourquoi ils ont pas le même noms de famille ces cons ? Pensait à chaque fois Claude. Célia était une fille avec du caractère, qui ne se laissait pas faire devant les garçons, et qui à chaque fois se faisait un peu trop protéger par son grand frère, ce qu'elle n'avait pas l'air d'apprécier tout le temps.
Et enfin, Shawn Frost, un gamin albinos, qui changeait d'humeur toute les deux secondes. Claude le traitait de bipolaire, en gros con qu'il est, mais à chaque fois les amis du petit Shawn lui répondaient qu'il était lunatique, ce qui était différent.
Et la petite note qui fallait rajouter, c'est que ces abrutis de Mark, Jude et Shawn étaient dans l'équipe de foot du lycée, avec d'autres crétins de cette classe (comme Hurley qui faisait du surf sur une table, n'importe quoi), ou d'autres gars des autres classes ; et Célia était leur manageuse à ce qu'il avait comprit.
Récemment, Xavier s'était inscrit, avec Jordan, au club. Il savait très bien que même s'il adorait le foot, Xavier s'était aussi inscrit pour passer plus de temps avec Mark. Pour Jordan, il ne savait pas, grand mystère, mais il s'en foutait.
A la sonnerie, le rouge n'en manqua pas une pour crier "délivrance !", ou une autre stupidité du genre, faisant ainsi comprendre au prof son désintérêt pour l'Espagnol.
Dans les couloirs, c'était, comme toujours, le même foutoir. D'habitude, Claude restait avec sa bande devant les machine, mais aujourd'hui, il n'en avait pas l'envie. D'un pas rapide, il marchait vers la sortie. Mais en voyant le troupeau d'élèves devant le grillage, il décida d'attendre un peu pour sortir. Du coin de l'oeil, il vit ses amis, Jordan et Xavier, marcher en direction du club de foot. Ils avaient finis les cours pour aujourd'hui, et les deux lycéens allaient à leur club à la fin de la journée. Malgré le boucan, il pu les entendre.
- Je peux t'accompagner ce soir ? J'ai envie de voir Bryce !
- Bien sûr. Il sera sûrement content de te voir aussi. T'es un petit rayon de soleil après tout pour lui !
Claude roula des yeux, les trouvant ridicule. Cependant, il savait bien sûr Xavier irait chez Bryce ce soir pour lui apporter les cours manquer.
Et sans qu'il ne comprenne pourquoi, Claude se dirigea vers eux.
- Hey ! Le trouduc amoureux !
- Hein ?
- C'est bien, tu te reconnais ! S'exclama-t-il, sourire moqueur aux lèvres.
- Je t'emmerde aussi Claude.Qu'est-ce que tu veux ?
- File moi les cours de l'autre con !
Xavier sursauta un peu à cet ordre, mais aussi à l'insulte. Il ne comprenait pas Claude. Comment pouvait-il oser insulter Bryce, avec ce qu'il vivait en ce moment ?!
Mais étrangement, il se doutait de pourquoi Claude voulait les cours de l'argenté. Alors après un rapide coup d'oeil vert son meilleur ami qui hocha la tête, Xavier sortit les cours de son sac, rangés soigneusement dans une pochette mauve, et les donna à l'autre garçon aux cheveux rouge, qui fourra la pochette dans son sac.
- Dis lui de m'appeler s'il a besoin.
- Mouais, mouais. Salut les cons. Et en disant cela, il se retourna, mains dans les poches, près à se battre avec ce troupeau de connards devant le grillage.
- À demain Claude.. marmonna Jordan, en soupirant, un peu exaspéré du caractère de Claude parfois.
Les deux garçons observaient le rouge à la coiffure improbable, jusqu'à entendre quelqu'un crier leurs noms, et qu'un garçon un peu plus petit qu'eux ne se jettent sur eux. C'est donc avec Mark sur les épaules, et quelques membres de leurs classe, qu'ils se rendirent au club.
Écouteurs aux oreilles, mains dans les poches, une démarche de crétin brusque ; Claude se laissait guider par son instinct. Il n'avait pas envie de rentrer chez lui, même s'il adorait son chez lui, ses parents et sa petite soeur étaient adorables. Non. Il voulait juste trainer un peu en ville. Seul. Ce qu'il faisait rarement à présent.
Lorsqu'il releva la tête, il ne fut même pas étonné de voir devant quelle maison il était. Une grande maison, avec des fleurs dans ses peau devant, des jonquilles principalement, deux chats, un noir et un roux, allongés par terre devant la maison, étalés sous le soleil, profitant de la chaleur. Claude reconnaissait cette maison, pour y être allé plusieurs fois.
Il soupira un peu. Cela lui faisait bizarre de se dire que Bryce habitait ici.
Le rouge sonna, et se patienta qu'on lui ouvre. Ce matin, le temps avait été désagréable, morose, la pluie violente s'abattant sur les arbres, les immeubles, et les pauvres patients. Cet après-midi, le soleil était revenu. Et même si il y avait toujours de grosses flaques sur les routes et les trottoirs, les gens profitaient un peu du soleil qui repointait le bout de son nez.
Quelqu'un ouvrit la porte de la maison ; une ville dame, aux courts cheveux blancs, argenté un peu, des lunettes sur le nez. Ses yeux bleus de glace se posèrent sur Claude, qui ne savait pas si elle était ravi ou exaspérée de voir le rouge.
En même temps, il avait un caractère peu agréable. Il fallait le faire pour le supporter.
Et en plus, il n'était pas vraiment venu voir Bryce depuis qu'il avait quitté l'hôpital.
- J'suis venu lui apporter ses cours. L'informa le rouge, sachant qu'elle ne le laisserai pas entrer sans bonnes raisons.
Alors elle soupira un peu, et s'approcha du portail, en faisant attention à ne pas marcher sur les queues de ses chats.
Elle ouvrit le portail, et Claude la suivit jusque dans la maison, esquivant lui aussi les chats. Il les aimait bien, ces deux vieux félins.
- Il est dans sa chambre, au deuxième étage à gauche. Ne le brusque pas, Claude.
- Ouais, ouais. T'inquiète la vielle.
La femme âgée préféra ne rien dire, et observa l'adolescent monter les escaliers pour rejoindre son petit-fils.
En soit, elle appréciait Claude avant, le connaissant depuis qu'il était enfant ; lui et Bryce étaient inséparables. Mais il avait tant changé. Elle avait peur qu'il ne brusque trop Bryce, avec son caractère explosif.
Le rouge, une fois au deuxième étage de la maison, entra sans frapper, du bon Claude. Et il vit son ami d'enfance dans un état qu'il ne lui connaissait pas.
Bryce était allongé sur son lit, dos à la porte. Il semblait qu'il devait dormir, jusqu'à qu'il remarque le téléphone avec un câble d'écouteurs branchés à l'appareil. Bryce avait l'air de tenir quelque chose contre lui, mais étant de dos, impossible de savoir quoi.
Claude observa la "nouvelle chambre" de son ami. Il l'avait depuis tout jeune, mais à présent, il vivait vraiment ici.
La chambre était bien rangée. Un placard fermé, celui à vêtements, qui avaient tous l'air bien pliés soigneusement. Un bureau blanc, bien rangé, les cahiers tous mis les un sur les autres, comme une pile ordonnée. Un ordinateur portable trônait au milieu du meuble, avec deux carnets, de taille standard, un peu la taille de leurs carnets de brouillons.
Rien ne trainait par terre, à part quelques paires de chaussures dans un coin. Bryce n'aimait pas ranger ses chaussures dans un placards.
A côté du lit, il y avait une table de chevet, avec sur laquelle une bouteille d'eau à moitié vide, une boite de médicaments bleue, et une sorte de petite peluche, un porte clé, en forme de lézard vert.
La chambre de Bryce puait la déprime. Il avait toujours été quelqu'un d'ordonné, qui aimait quand tout était rangé. Mais là, il n'y avait aucune vie dans cette chambre.
Claude s'approcha de Bryce, et se pencha un peu pour le regarder. Bryce dormait, un livre rouge, énorme, serré précieusement contre lui. Ses écouteurs le coupaient du monde, et Claude se demandait ce que son ami pouvait bien écouté.
Il observa un peu son visage. Un visage fin, pâle, livide à présent, souligné de cernes. Et Claude remarqua les yeux rougies de Bryce. Il comprit que Bryce avait pleuré aujourd'hui, et sûrement pas qu'un peu.
Comme un reflex machinal, il passa sa main dans les cheveux argentés de Bryce. Ces cheveux qu'il aimait recouvrir de boulettes de papiers.
Et dire que Bryce allait bien avant. Tout était mieux, il n'y a même pas un mois encore. Cela faisait que deux semaines qu'ils avaient reprit les cours, et Bryce n'était revenu que récemment.
Tout agaçait Claude. Tout. L'accident. La nouvelle situation de son ami. Le comportement de celui-ci - qu'il comprenait parfaitement cependant. Mais tout l'agaçait.
Alors Claude lâcha les deux cheveux emmêlés de son ami d'enfance, sortit la pochette de Xavier de son sac, qu'il posa sur le bureau rangé. Il prit un post-it jaune, un stylo, puis écrivit rapidement d'une écriture brouillonne un petit mot à l'attention de l'argenté.
« Si tu galère avec les cours, appelle Xavier, il t'expliquera ce con.
J'peux t'aider qu'en Histoires machin
Revient vite en cours sale crétin
Claude »
Puis, après un dernier regard jeté vers son ami, toujours endormi, ce gros livre dont il ne connaissait l'existence serré contre lui, Claude s'en alla.
Lorsque la porte se ferma, le silence revint enfin, et l'argenté put ouvrir les yeux. De nouvelles larmes naissant aux coins de ses yeux, il se les frotta, puis soupira en reconnaissant l'odeur qui venait de prendre place dans sa chambre. Une odeur de shampoing de pamplemousse très fort, et de transpiration d'un ado très con.
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