Chapitre 6 - Deux flingues et une baguette tradition

21 décembre – J-16

Pourquoi ? Les vacances avaient pointé le bout de leur nez ; Tsukishima était assis dans son salon, à regarder sans la voir une chaîne télévisée aléatoire. Pourquoi Akiteru est là ? Il avait accompli ses heures de révisions du jour, passé quelques niveaux sur sa console, et nettoyé sa fichue chambre. Et comment j'ai pu dire à Eigishi-san que je l'avais recontactée, et qu'elle pouvait m'ajouter de nouveau si elle voulait ?

Dans son jardin de rien, de la neige commençait à s'entasser sur leur panier de basket. Cette scène glacée tranchait avec brio avec la chaleur de leur salon : même le plancher chauffait, sous les chaussons de l'adolescent.

Le tout était bien confortable. Fond sonore de la série sens dessus-dessous que regardait son frère ; canapé ni trop mou, ni trop dur ; même leurs murs sobres facilitaient la scène. La seule chose bousculant son environnement était son téléphone.

Il l'avait mis en silencieux, car il ne savait pas à quel point Akiteru pouvait être intrusif. Alors, pour savoir si la lycéenne lui avait envoyé un message, il devait en allumer l'écran, puis l'éteindre, puis le rallumer – et cela avait tant commencé à l'agacer qu'il avait décidé de causer à Yamaguchi à la place.

Ce jour-ci, Eigishi ne l'avait pas – encore – contacté. À voir si elle allait le faire tout court. Ils avaient certes échangé, après leur entrevue, mais ses réponses devenaient de plus en plus éparses depuis la veille.

« Yamaguchi, 15:02 : Tu es aussi devant la série Un Cœur d'Hiver ?

Moi, 15:03 : Je n'ai vraiment pas choisi de la mettre.

Yamaguchi, 15:04 : J'en souffre aussi...(X_X) Mais il y a un documentaire sur les dinos quelque part »

Tsukishima étudia longuement son téléphone : au beau milieu de son ennui naquit une lente fascination.

— Akiteru. Tu peux changer de chaîne ?

— Tu ne regardes pas la télévision, fit remarquer l'intéressé.

— Tu ne voudrais pas qu'on sache que tu regardes Un Cœur d'Hiver... si ?

Il navigua sans attendre sur les antennes. Le cadet posa de nouveau ses yeux sur son écran : ils s'écarquillèrent brièvement.

« Eigishi-san, 15:04 : (◉_◉)/̵͇̿̿/'̿'̿ ̿ »

L'instant d'après, il déroulait les émoticônes disponibles sur son appareil. Il ne tenta pas de rivaliser avec les choix d'Eigishi. Il n'aimait pas la compétition. Et si compétition il y avait, elle était tout sauf sérieuse.

« Moi, 15:06 : ̿ ̿ ̿'̿'\̵͇̿̿\з=(•_•)=ε/̵͇̿̿/'̿'̿ ̿ »

... Non, vraiment, zéro rivalité, grimaça-t-il.

« Eigishi-san, 15:07 : Deux minutes d'attente ? Tu as été soigneux, avec ce smiley

Eigishi-san, 15:07 : Maintenant, notre conversation ressemble à un western spaghetti.

Moi, 15:07 : Non merci

Eigishi-san, 15:08 : « Je préfère les baguettes tradition » !

Moi, 15:08 : Les baguettes tradition ? »

Trois minutes plus tard, il n'avait toujours pas de réponse ; il se tourna vers son grand frère, dont le visage se crispait sous son intense recherche d'un programme décent à regarder.

— Tu sais ce qu'est une baguette tradition ?

— Une... quoi ? s'étouffa-t-il.

Tsukishima se retint de justesse de lui montrer le message d'Eigishi. Non. Ne confonds pas Akiteru l'Intrusif avec Yamaguchi.

— C'est juste une question qui m'a traversé l'esprit, rien d'important.

— C'est quand même précis, une « baguette tradition »... Tu parles à un français ?

Il arqua un sourcil, peu convaincu.

— J'ai une tête à attirer des français ?

— Kana m'a rapporté qu'ils sont très gentils.

— Elle saurait donc ce qu'est une baguette tradition...

Akiteru désigna alors le téléphone de Tsukishima d'un air surpris.

— Tu as une photo d'une baguette, pourquoi me le demander ?

— Non...

Non ? Non, si. Eigishi venait de lui envoyer l'image d'un long pain parsemé de graines noires.

— C'est consommable, ça ? souffla Akiteru.

— Aucune idée...

Cette conversation n'a plus aucun sens.

« Moi, 15:11 : Je ne comprends pas le rapport.

Eigishi-san, 15:11 : J'ai été en France, une fois : en campagne, j'ai côtoyé un groupe de jeunes. Lorsque l'un d'eux disait « non merci », on lui répondait « je préfère les baguettes tradition ». Je pensais que c'était connu ici aussi

Moi, 15:11 : Tu as déjà vu une baguette tradition au Japon ?

Eigishi-san, 15:12 : Non, certes... Navrée, je me suis emportée

Eigishi-san, 15:12 : (⨪ˬ⨪) »

Il esquissa un sourire. Cependant, puisqu'il ne trouvait dans l'immédiat pas grand-chose à répondre, il posa son téléphone à côté de lui, et se reconcentra sur la télévision. Aucun documentaire sur les dinosaures, remarqua-t-il, mais au moins son frère avait-il trouvé un film de samurai.

Son frère... lequel étudiait le téléviseur, les mains croisées derrière la nuque. L'impératif de Tsukishima avait dû le secouer, car il affichait un sourire sacrément crispé. Seuls le vacarme de deux gugusses s'affrontant dans d'obséquieux cris guerriers envahirent le salon : les deux frères restèrent muets, à demi happés par le long-métrage.

Alors qu'on venait de trancher un bras et que Tsukishima fronçait le nez, un portable vibra. Il se pencha de nouveau vers le sien ; lorsqu'il constata qu'il n'avait aucune notification, il remarqua que son frère l'avait imité avec son propre appareil, à l'exact même instant, dans l'exact même mouvement. Ils s'étudièrent dans un silence lourd de sens.

On aurait bien dit qu'ils étaient deux à attendre un message d'une quelconque personne.

— Oh, sortit enfin Akiteru.

— Quoi, « oh » ? se méfia Tsukishima.

On afficha un air au mitigé aimable. « Toi aussi ? », qu'il semblait signifier.

— Rien, dit-on à la place.

Rien, hein. Ainsi retournèrent-ils à leurs affaires, dans un mutisme un poil malaisant. Cette fois-ci, aux exclamations du film s'ajoutèrent le tapotement des doigts de l'aîné sur son clavier digital.

— Je dois m'éclipser un instant, annonça-t-il ensuite.

Le plus jeune n'y prêta pas grande attention. L'atmosphère s'allégea enfin : il se souvint ensuite que son téléphone, à lui, n'aurait pas pu vibrer, puisqu'il était en silencieux. Les vacances en ramollissent vraiment plus d'un.

— Ah, non, je ne suis pas en ville, entendit-il soudain Akiteru sortir.

Comme souvent, d'implicites excuses soutenaient sa voix.

— Hein ? Venir ici ?

De la visite ? Je vais grimper, alors...

— Tu es déjà en route... ? Quelle rue ? C'est celle d'à côté ! Attends, je vais...

Il jeta à Tsukishima une œillade nuancée de que savait-il – cette fois-ci, il ne la déchiffra pas le moins du monde, et emprunta leurs escaliers clairs. Il allait s'ennuyer, sans télévision, mais ainsi allait la vie. Cependant, il s'arrêta une fois sa chambre ouverte, face à ses meubles clairs plongés dans la froide lumière de l'hiver.

J'ai oublié mon portable. À l'instant où il fit demi-tour, un courant d'air glacé remonta les marches : il frissonna, morose. Un « bonjour » poli ne faisait pas de mal. Il descendit donc de nouveau... pour se figer dès son premier pas dans le rez-de-chaussée.

Eigishi se tenait dans leur entrée, son petit nez plongé dans son écharpe noire. Si elle salua d'abord Akiteru, elle posa ensuite ses fins yeux sur lui. Il crut sentir son cœur rater un battement. Sous la surprise. Certainement.

Puisque aucun d'eux ne prononça le moindre mot durant un bon moment, au point où les flocons dans la chevelure brune d'Eigishi fondirent dans leur intégralité, Akiteru lança un petit « bonjour ».

— Oh, oui, bonjour ! s'exclama-t-elle.

Elle s'inclina comme elle l'avait fait avec le lycéen.

— Je suis navrée de venir te déranger aujourd'hui, et voulais m'excuser... pour la fuite... de données.

Et un ange de passer, dans l'antichambre. Tsukishima poussa un long soupir.

— Je pense que tu peux te relever, sortit-il. C'est juste Akiteru.

— Oui, ne t'excuse pas ! se précipita celui-ci. Il ne s'est rien passé de mal.

Elle se redressa donc. Ses joues rougissaient sous le froid, remarqua le lycéen. Elle tirait une tête bien différente que quatre jours plus tôt : cette fois-ci, un embarras d'une autre nature modelait ses traits pointus.

— Voilà tout..., hésita-t-elle.

Elle glissa un regard à Tsukishima.

— Navrée de passer aussi subitement. Je suppose que je vais rentrer chez moi.

Il se frotta le front dès qu'elle commença à tourner les talons. Son pouls battait à ses tempes. J'ai mal au crâne.

— Mon frère ne va pas te laisser partir aussi facilement, avec ce froid, fit-il remarquer.

— Oui, exact, confirma aussitôt l'intéressé. Viens prendre un thé !

Alors, elle prit un thé. Elle et Tsukishima se retrouvèrent face-à-face dans la cuisine de ce dernier ; Akiteru, lui, s'asseyait en bout de table. La tête de l'adolescente dodelinait légèrement. Elle a fait une nuit blanche ?

Tous les trois se turent un instant ; leur aîné semblait bien mal à l'aise. Désormais que Tsukishima y réfléchissait à deux fois, Eigishi l'avait contacté, appelé, connaissait son adresse... Et l'appelle par son prénom, réalisa-t-il lentement. Il posa ses yeux sur sa tasse ; la vue ne se réduisit plus qu'à celle-ci.

Ah. C'est pour ça qu'Akiteru n'a pas l'air au top de sa forme. C'est légal, au moins ? Il ressentit de nouveau le besoin de monter dans sa chambre, poussé par le dépit, mais ses jambes refusèrent de lui obéir. Il resta donc assis, à attendre que l'un d'eux prenne la parole, car lui ne comptait plus fournir le moindre effort.

— L'école... ? toussota enfin Akiteru.

— C'est pourquoi je suis ici, hésita-t-elle.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Elle lui offrit une réponse bien plus concise qu'à Tsukishima. Lorsque celui-ci en remarqua la formalité, son menton se releva de lui-même. Ou je me fais des films... ? Il les étudia un instant : son frère n'était pas plus embarrassé que lors d'une quelconque autre situation délicate, et Eigishi affichait un sourire poli.

Autant pour moi... j'imagine ? Toujours était-il qu'il ne pouvait pas ignorer le soulagement l'allégeant désormais. Mon frère est dans la légalité. Il ne sort pas avec une seconde. Youpi. Youpi.

« Youpi » pour son frère, vraiment ? Était-ce tout ? Il secoua légèrement la tête. C'est quand même un grand pas pour lui. Paraît qu'elle a déjà « quelques soucis », il ne lui en rajouterait pas une couche. Donc, je vais cesser de cogiter, boire ce fichu thé, et remonter dans ma...

— Kana, tu as l'air fatiguée, pointa alors Akiteru.

En effet, elle semblait se retenir de poser son menton contre la paume de sa main.

— Je suis venue en vélo, et me suis levée tôt ce matin pour travailler... Donc, il se peut que j'aie certes un coup de mou... Mais rien de bien grave, je suis habituée, assura-t-elle en levant le pouce.

On dirait Hinata, mais elle a l'air un poil moins endurante.

— Pourquoi tu te pousses autant ? dit Tsukishima. Tu n'arriveras à rien, si tu te tues à la tâche.

Cette fois-ci, sa fatigue se grava pour de bon sur son visage ; elle secoua une main.

— Il y a pire, marmonna-t-elle. Mieux, peut-être, aussi.

— Réponse attendue d'une élite, brocarda-t-il en haussant les épaules.

Eigishi pinça ses lèvres fines.

— Tu as pu le constater, ce n'est pas toujours une partie de plaisir... sauf chez notre équipe masculine de volley-ball, maronna-t-elle. D'ailleurs, je ne t'avais pas reconnu. Tu es le central qui a harcelé Ushijima-san ? Si tu avais vu les tronches de mes camarades – des pépites. Même si je n'en ai pas mené plus large..., avoua-t-elle. Et votre attaquant. Et le serveur quand l'un de vous s'est blessé la main...

« L'un de nous » ? Je suppose que je n'ai pas laissé une si grande impression sur eux. Un léger rictus s'étala donc sur la face de Tsukishima.

— Navré si mes collègues vous ont perturbés, railla-t-il. Comment était l'ambiance chez vous ?

— Sombre.

— C'est direct.

Elle ouvrit la bouche pour parler ; on sonna à leur porte au même instant. Akiteru se leva sans attendre.

— Navré, je vais ouvrir !

Là-dessus, il les laissa seuls autour de la table de leur cuisine. Notre maison se transforme en moulin ? Eigishi s'apprêta à se remettre sur ses pieds, pour s'arrêter avant qu'ils ne touchent le sol.

— ... Oui ? posa Tsukishima, un poil confus par son indécision.

— Je me suis dit que si vous aviez de la visite, je devais partir. Mais je me suis souvenue que j'avais un thé, et que je ne vous ai pas demandés si je pouvais m'éclipser. Donc, je reste sur ma chaise.

« Ceci, mais, donc. » C'est très... mathématique. Et tout aussi clair, net, et précis. Au moins cela de pris.

— D'ailleurs..., reprit-elle.

— Akiteru ! s'exclama soudain une voix mi-essoufflée, mi-enjouée.

Maman. Il se leva de sa chaise avec lenteur. Puis, le Akiteru en question engagea une discussion aléatoire avec elle – et que le lycéen trouva bien futile. Inhabituel de sa part, lorsqu'on est en famille. Et le téléphone de la brune de vibrer : elle remit une mèche trempée derrière son oreille, pour jeter une œillade à Tsukishima.

— C'est juste un téléphone, fit-il remarquer, sourcils froncés.

Alors, elle en alluma l'écran : une légère surprise modela sa face.

— Ton frère dit que ta mère est rentrée. Pourquoi ?

Ah. Il entendait son enthousiaste prévention de là : « puisque tu es mon petit frère, je vais te poser le moins de problèmes possible ! ». Il veut quoi, que je cache Eigishi-san dans un placard ? Ce n'est pas un drame, si ces deux-là se croisent.

— Laisse-moi t'aider avec les courses ! s'exclamait cependant toujours son aîné.

Tsukishima poussa un court soupir en remarquant sa nervosité. Eigishi-san appelle Akiteru par son prénom. Si j'ai été confus, il se peut que maman s'imagine aussi que ces deux-là sont proches. Soit...

— Tes cheveux sont mouillés. Une serviette ?

— Ils le sont ? songea-t-elle.

— Une serviette.

Sur ce, il finit le reste de sa boisson chaude ; aussi paumée l'adolescente paraissait-elle, elle l'imita sans poser de questions. Sérieusement. J'ai autre chose à faire que de jouer aux ninjas... Lorsqu'il entendit que les deux autres se trouvaient dans une pièce annexe, il guida Eigishi à l'étage, ouvrit sa chambre sans y prêter grande attention, et lui montra une chaise.

Un court silence suivit : s'il crut d'abord que la jeune fille bloquait sur ses figurines de dinosaures, il constata au bout de quelques secondes qu'elle étudiait la pièce dans son intégralité. Perdue au possible, qu'elle était. Elle déchiffrait la moindre étagère de bois, le moindre recoin de ses cloisons sobres, le moindre de ses livres ordonnés.

« Quoi ? » s'apprêta-t-il à demander pour la dixième fois de la journée... avant de se figer quelques secondes. Une éternelle réplique de mangas repassa en boucle dans son crâne : « Ma... ma première fois dans la chambre d'un garçon... ! ».

Sérieusement ? Chez Eigishi-san ? Alors qu'elle utilise des émoticônes avec des flingues ? Il dut vérifier son expression à deux reprises pour esquisser la potentielle hypothèse que, non, elle n'était pas une nana sortie d'un anime – plutôt que sa politesse reprenait le dessus.

— Je suppose que je m'assieds... Non, est-ce que je peux ? réfléchit-elle.

— Je ne pensais pas que la chaise de mon bureau était si discrète.

— Celle-là ?

— Tu as besoin de lunettes ? persifla-t-il. Même moi, je vois qu'elle est seule au monde.

— Je vais monter un instant..., annonça alors sa mère.

Tsukishima se raidit aussitôt, maudit son frère de tous les noms et poussa Eigishi dans la pièce. Les quiproquos vont s'enchaîner ! Je vais le... le... Merde, il se démerdera !

Là où il s'attendit à ce qu'Eigishi lui plante aussi une épine dans le pied, elle s'assit comme prévu et le regarda s'affaler sur son lit simple.

— C'est le moment où je me tais ? devina-t-elle.

Dieu merci.

— Plus ou moins. Tu maudiras Akiteru plus tard.

Les pas de sa mère résonnèrent dans le corridor : il fixa ses yeux sur la fenêtre. Là-dehors, du névé recouvrait les ramures des arbres, et quelques flocons tournoyaient gentiment au gré du vent. Son vélo sera dans un sale état.

Puis, on s'arrêta face à sa porte : il se raidit de nouveau dès qu'elle frappa contre le battant.

— Kei ? Je suis rentrée. Tu pourras m'aider pour les courses ?

Il vit Eigishi se pincer l'arête du nez.

— Je peux entrer ? demanda-t-on.

— Oui.

« Oui », car la tronche d'Akiteru allait valoir tous les malentendus du monde. Bien évidemment, si les prunelles châtaines de leur mère se posèrent d'abord sur Tsukishima, elles dérivèrent ensuite vers Eigishi. Celle-ci se leva et s'inclina avec respect.

— Oh, une invitée ? s'étonna la quadragénaire. Je ne savais pas que tu allais recevoir de la visite, Kei.

— Je m'appelle Kana Eigishi.

— Sachiko Tsukishima, enchantée ! Akiteru ? Tu t'occuperas des courses, dans ce cas ?

Bref silence, dans le rez-de-chaussée : la plus âgée haussa les sourcils.

— Il est parti ?

— Oui, se précipita l'intéressé, je range ça !

— J'arrive, alors.

Elle se tourna une dernière fois vers la lycéenne.

— Contente de voir que Kei se fait d'autres amis, au lycée, sourit-elle.

Et elle partit sans insister. On dirait qu'il n'y a qu'Akiteru pour en faire des tonnes. À l'instant où il se leva pour aller chercher une serviette, il vit les paupières d'Eigishi tourner de nouveau au tombant : même un aveugle aurait noté qu'elle pouvait s'endormir à tout instant. Reprendre le vélo dans un tel état était insensé ; et peu pour lui, d'apprendre qu'elle s'était cassé sur le chemin du retour un bras, une jambe, ou autre os relativement utile.

— Fais comme chez toi, dit-il donc d'un ton traînant.

Il la laissa là-dessus, à entendre tout juste son « merci » ténu. Il se dirigea vers sa salle de bain avec lenteur, en ferma la battant, et examina leur bain simple et blanc, leur évier simple et blanc, et leurs placards simples et blancs. Plus les secondes sonnaient à ses tympans, plus les cloisons encadrant l'adolescent parurent grandir pour mieux l'étouffer.

Désormais sorti de sa chambre, à quelques pièces d'Eigishi, sa vision sur cette situation changeait drastiquement. Lui qui s'était moqué d'un cliché « Grands Dieux, première fois que j'entre dans la chambre d'un garçon ! », il se rendait compte de sa propre sottise.

... Je n'ai jamais accueilli de fille. Il pensait que cela aurait été le dernier de ses soucis ; néanmoins, supporter une autre présence que celle de Yamaguchi, ou qui savait-il, était plus compliqué que ce qu'il s'était figuré. S'était-il attendu à arborer un comportement de Jean-Foutiste ? Cela se résumait à tendre la main vers un idéal inatteignable.

Tout ça pour une foutue adolescente. Une, car Yachi n'aurait posé aucun souci ; Shimizu non plus ; une quelconque autre individue non plus. Se cacher derrière de ridicules œillères ne servait plus à rien.

Je me tape un foutu béguin. Superbe.

Fanart par Pixiv Id 908107 sur Pixiv, lien : https://www.zerochan.net/2146157

Hey hey hey ! (oh si c'est rigolo-)

Voici donc le chapitre de ce mercredi ! ^-^ Après une journée chargée en cours et en écriture (et ce n'est pas fini), j'ai enfin trouvé le temps de le poster x)

Sur mon fichier, pour l'instant, il y a vingt chapitres ! Celui-là était plus long que les autres, mais promis, le reste sera plus court, j'espère que ça ne vous a pas dérangé.e.s :(

Sur ce, eh bien, à samedi ! Ô cordialement, 97Imim, pour vous servir :D

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