Chapitre 22 - J-9
28 décembre, quelques instants plus tard – J-9
Tsukishima bloquait sur l'écran de son téléphone depuis une demi-heure désormais. Il restait assis à son bureau raide comme un piquet ; son cerveau avait d'abord tourné au ralenti, mais s'échauffait de plus en plus à mesure que le temps passait. Il ne se concentrait plus que sur le message qu'il avait envoyé après les dernières paroles d'Eigishi.
« Moi, 20:03 : hayukopaiji »
J'ai paniqué.
Eigishi avait dû le lire, sans jamais lui répondre. Il ne lui jetait pas la pierre : après un « je t'aime » avoué du bout des lèvres – il avait même cru mal entendre –, il ne répondait que par « hayukopaiji ». Ses doigts avaient glissé sur son clavier. Il n'y pouvait rien. Et désormais, il se morfondait tant qu'il ne parvenait pas même à effacer son message.
Je suis une plaie. Il massa ses tempes douloureuses : le ton hésitant, sincère, souriant d'Eigishi, cinglait toujours sans merci ses tympans. Il devait rattraper son « hayukopaiji », elle méritait mieux que ça. Cependant, rien n'arrivait à la cheville de l'aveu qu'elle avait verbalisé en plein dans sa face.
Il le savait déjà, qu'elle avait des sentiments pour lui. Alors pourquoi mettre des mots dessus à la toute fin de leur dernière entrevue, juste avant qu'elle reparte à Sendai ? Car elle avait voulu qu'ils se quittent en grandes pompes ? Non, ça ne lui ressemble pas du tout. Alors, briser le malaise qui s'était installé suite à leur étreinte ? Elle l'a juste aggravé !
Un très long soupir s'échappa de ses lèvres. Il ne comprenait pas. Oh, dans ce cas... Ses pouces voletèrent au-dessus de son clavier, sa trachée se noua petit à petit. Au final, il se força à se détendre et écrire une phrase normale, simple et efficace.
« Moi, 20:46 : Pourquoi avoir verbalisé ça au dernier moment ? »
... Ça n'a pas l'air trop mal. Il ne faut pas que je surinterprète tout, ou je vais foncer dans le mur. Je sais qu'elle a le béguin pour moi, je lui ai dit que c'était réciproque ; ça m'a l'air d'être le plus important... Je crois. Peut-être.
Court immobilisme. Puis, il posa d'un coup ses coudes sur son bureau.
— Non, je n'en sais rien, siffla-t-il à mi-voix.
Il ferma les yeux un court instant ; son téléphone vibra alors. S'il manqua de bondir trois mètres en arrière, il nota bien vite qu'Eigishi restait silencieuse. Un mélange de soulagement et d'anxiété picota son estomac.
« Yamaguchi, 20:54 : Il y a un autre documentaire sur les dinosaures
Il est intéressant (^∇^) »
Ah. Oui. Un documentaire. Tsukishima tapota son écran avec plus de tranquillité. Un autre message s'afficha dans sa barre de notifications à l'instant où il commençait à rédiger sa réponse ; il s'étrangla aussitôt, son index dérapa sur « envoyer », un lourd poids tomba au creux de son estomac.
« Tsundere, 20:54 : Je suis vraiment navrée pour ça, en effet
Moi, 20:54 : C'est sur qu
Tsundere, 20:54 : Je n'avais pas réfléchi, maudite sois-je ! »
Le lycéen plaqua sa paume sur son front, pour de bon désespéré. J'ai tapé ce message dans la barre de notifications. Je l'ai envoyé à Eigishi. Alors qu'elle explique quelque chose d'important. Une plaie, avait-il dit ? À ce stade, il devenait un désastre.
« Tsundere, 20:55 : De quoi ?
Moi, 20:55 : Pardon, je me suis trompé de destinataire.
Tsundere, 20:55 : Je comprends mieux (ㆁᴗㆁ) Go on
Moi, 20:56 : Tu m'as juste surpris.
Dans le sens où je ne m'y attendais pas.
Tsundere, 20:56 : Compréhensible d[-_-]b
Moi, 20:57 : Et je ne peux pas y répondre par écrit.
Tsundere, 20:57 : Non, non, tu n'as pas à répondre quoi que ce soit ! »
Tsukishima posa son front sur son bureau. À chaque seconde, ses muscles mouraient un peu plus sous la pression. Sérieusement, après un « je t'aime » aussi franc ? Elle ne semblait certes pas attendre de « réponse »... Mais bon sang, Eigishi-san, comment fonctionne ton cerveau ?!
« Moi, 20:59 : À ta guise.
Tsundere, 20:59 : Mais tu fais ce que tu veux
Dans tous les cas, merci pour aujourd'hui (ง^-^)ง »
Il posa son menton dans sa main. Elle ne faisait pas de chichis. Elle restait juste Eigishi, avec ses émoticônes à tout va et sa façon bien à elle de lui laisser toutes les libertés du monde. Son regard dériva sur la clé USB renfermant les vidéos de ce français énervé ; peut-être devrait-il lui donner quelque chose en retour. Ce sous-titrage avait dû prendre des heures, et elle lui avait offert sans rien attendre de sa part.
Je devrais lui donner quelque chose en rapport avec la chimie, supposa-t-il. Si on a du temps à Tokyo... Mais quand est-ce que je lui filerais un truc pareil ? « De rien », lui répondit-il simplement ; « je vais dormir, bonne nuit », ajouta-t-il ensuite. Puis il croisa ses bras sur son bureau, et poussa un court soupir. « Je suis censée rentrer demain. » On ne se reverra pas avant longtemps. C'est comme ça, balaya-t-il.
Néanmoins, il se retrouva incapable de défaire l'étrange souci nouant son estomac. Et si elle trouvait quelqu'un d'autre à qui elle pouvait dire « je t'aime » de cette façon ? Et si elle sous-titrait des vidéos pour un autre adolescent ?
Ça lui appartient. Je ne serais personne pour interférer. Alors cette inquiétude futile, il la garda pour lui, et se contenta de son train de vie habituel où Eigishi s'était désormais nichée une place.
Ils verraient, c'était tout.
***
Sendai, 1er janvier 2013 – J-5
— Bonne année, bailla Ayaka.
Eigishi leva le nez de son smartphone, un sourcil haussé.
Sa sœur venait d'entrer dans leur cuisine désormais inondée par la lumière du jour. Son plancher luisait et ses cloisons claires renvoyaient chaque rayon de soleil daignant traverser leur baie vitrée. Ayaka poussa un grognement avant de tituber jusqu'à leur réfrigérateur, calé entre le mur et leur plan de travail. Elle se mit ensuite sur la pointe des pieds pour atteindre les placards, posa une casserole sur la gazinière et tira une chaise à elle.
Les deux sœurs se retrouvaient désormais face à face à la table célibataire de la pièce. La plus âgée posa deux yeux cernés sur la vue urbaine qu'offrait la vitre de leur appartement. Du cinquième étage, les immeubles du centre de Sendai osaient se dévoiler au loin. Les Eigishi, eux, habitaient plus en périphérie ; au moins, l'adolescente n'était qu'à quinze minutes en bus de Shiratorizawa.
— Les Nationales, c'est dans trois jours ? reprit Ayaka en nouant une mèche blonde autour de son index.
— Exact.
— Tsukishima y joue, c'est ça ?
— Correct.
— Et ça continue jusqu'au neuf.
— Oui.
Sa sœur fit la moue.
— T'es évasive, ce matin, grogna-t-elle. T'as quoi ?
Eigishi afficha un sourire crispé.
— Bonne année ! s'enjoua-t-elle faussement. Il reste du riz dans le frigidaire...
— On t'interdit de causer aux Tsukishima.
Court silence. Les deux sœurs ployèrent sous un mutisme lourd de sens. Si Eigishi s'était déjà rapprochée de Tsukishima, cet ordre de la mère de celui-ci entravait drastiquement leurs échanges. Comme attendu, ils se contactaient bien moins depuis le vingt-huit. Et ils n'allaient pas se revoir avant un bon moment...
— Je ne travaille pas le cinq et le six, glissa alors Ayaka.
— Et donc ?
— Si tu veux, je peux t'emmener à Tokyo.
La jeune fille béa aussitôt.
Elle avait pensé à regarder les matchs de Karasuno sur leur télévision. Mais jamais, jamais l'idée de se rendre en personne aux Nationales ne lui avait traversé l'esprit. Je vais pouvoir revoir Tsukishima-kun dès ce week-end ? Non, il me tuerait s'il apprenait ça ! Il m'a déjà dit de ne pas regarder leurs matchs – alors m'y rendre... !
Eigishi détourna le visage, les lèvres pincées. Ses petits iris se posèrent sur son écran. Le dernier message du lycéen datait de la veille, seize heures trente-deux, « bon courage pour supporter ta sœur ce soir ». Leurs échanges se faisaient de plus en plus épars, un gouffre semblait se creuser entre eux... Sachiko Tsukishima, je comprends votre décision, mais ça commence à picoter !
— Je ne sais pas si Tsukishima-kun serait content, toussota-t-elle.
— Pourquoi ?
— Il m'a dit de ne pas regarder les Nationales.
— Hein ? Pourquoi ?!
— Je sais pas, peut-être qu'il n'aime pas qu'on le regarde jouer.
Ayaka plaqua une main sur son front.
— Mais va y avoir des centaines et des centaines de spectateurs ! Il est débile, ou... oh.
Elle releva la tête.
— Peut-être que ça le déconcentrerait que tu le regardes.
— Précisément.
— C'est une plaie, ton petit-ami...
Eigishi afficha un sourire crispé.
— On ne sort pas ensemble, navrée.
Cette fois-ci, Ayaka bondit de sa chaise ; tout de son visage reflétait sa stupeur sans nom.
— Quoi ?!
Pourquoi tirer une tronche pareille ? Tu sais juste que j'ai des sentiments pour lui. Pas que c'est réciproque et qu'il s'est passé deux-trois trucs. Et en effet, on ne sort pas ensemble. La jeune femme s'apprêta à ajouter quelque chose, mais la théière siffla au même instant. Après un dernier regard méfiant, elle partit se servir sans discuter.
L'adolescente soupira en silence. Qu'elle lui fiche la paix, cette situation était assez compliquée comme ça.
Cela dit, aller directement à Tokyo... Eh, s'il ne me prend pas la main dans le sac, pourquoi pas. Samedi et dimanche, je pourrais y aller ; il ne me remarquerait pas, dans les gradins. Elle déverrouilla son téléphone, celui-ci vibra au même instant.
« Tsukishima-kun, 8:32 : Bonne année »
Un petit sourire teinta ses lèvres.
« Moi, 8:33 : Bonne année ! (•̀ᴗ•́)و
Tsukishima-kun, 8:33 : Ma mère travaille.
Je peux utiliser mon téléphone.
Moi, 8:34 : ( ゚Д゚)
Tsukishima-kun, 8:34 : Je veux dire, elle travaille tous les jours, mais je peux effacer les messages qu'on échange quand elle n'est pas là. »
Elle observa longuement son écran. Une minutes, deux minutes, dix minutes passèrent ; mais pour Eigishi, elles ne se déguisèrent qu'en une poignée de secondes. Pourquoi on y a pas pensé avant ? On est cons, on a un QI négatif ?
« Tsukishima-kun, 8:45 : On aurait peut-être pu y penser avant. »
Il réveilla son cerveau avec violence.
« Moi, 8:45 : Je te le fais pas dire (-‸ლ) J'ai l'impression que mes neurones sont passés de trop contents et sportifs à complètement végétatifs.
Tsukishima-kun, 8:45 : Ils sont contents et sportifs ? ಠ_ಠ
Moi, 8:45 : D'après soixante-dix pourcents de mon entourage, oui
Tsukishima-kun, 8:46 : C'est-à-dire combien de personnes ?
Moi, 8:46 : Mes parents, mes grands-parents maternels, et mes professeurs de maths, chimie et sport.
Tsukishima-kun, 8:47 : ... Sport ?
Moi, 8:47 : Oui
Car quand on a un physique de faible
Il ne reste plus que la stratégie (ง'̀-'́)ง
Tsukishima-kun, 8:48 : Ah, c'est ce que fait Hinata. Je comprends mieux. Bon courage, avec ton mètre soixante.
Moi, 8:47 : ('༎ຶㅂ༎ຶ') »
— Je vais au travail.
Eigishi releva la tête : sa sœur avait enfin enfilé son tailleur. Rose à lèvres discret, anti-cernes et mascara mettant en valeur ses fins yeux bruns, chignon strict. À chaque fois, elle se transformait en une toute nouvelle personne.
Sa cadette secoua une main.
— Tu diras bonjour à Akiteru de ma part, souffla-t-elle.
— Il ira aussi à Tokyo, mais le sept.
Elle braqua derechef son regard sur Ayaka, qui faisait défiler l'écran de son téléphone, le nez froncé.
— Il a pris un jour de repos, donc t'emmènerait de lui-même : tu pourras donc t'y rendre samedi, dimanche et lundi. De toute façon, il fallait que je rentre chez moi aujourd'hui et je travaille toute la semaine, ça aurait été compliqué de conduire jusque là-bas le sept. Bye-bye, je prendrai de tes nouvelles !
Sur ce, elle quitta la maison sacoche de travail en mains et petite valise derrière elle. Lorsque la porte de leur appartement se referma, Eigishi se retrouva plongée dans un silence empestant déjà la solitude. Le sept... Mais c'est un lundi pour moi aussi. J'ai cours, tu sais.
Elle mit son téléphone en veille, pour se masser les tempes. Que faire de ma journée, maintenant... ? De la chimie, j'imagine. Elle finit son petit-déjeuner l'estomac noué. Une fois dans sa chambre, son lit aux couvertures blanches, sa commode boisée et son petit bureau optimisé la compressèrent sans merci. Elle récupéra ses classeurs de cours sagement rangés sous la table basse au centre de ces murs tout de gris teintés.
La lueur de ce début d'année refroidit d'autant plus la pièce. Étagères décorées de manuels de chimie. Tableau de Mendeleïev placardé au-dessus de son lit. Fins rideaux blancs à ses fenêtres, petit radiateur, plancher sobre, et uniforme ciel, blanc et pourpre sur un cintre.
C'était tout. De quoi d'autre avait-elle besoin, si elle vouait sa vie aux sciences ?
Mais ce premier janvier, quelque chose manquait dans cette pièce. Elle qui haïssait les bibelots et ne jurait que par la propreté se retrouvait soudain assaillie par une sensation de vide. Cette chambre l'oppressait. Sa simplicité l'accablait. Même Tsukishima-kun a des dinosaures et un ballon de volleyball. Depuis quand ma vie est aussi triste ?
Dans le le petit miroir de poche qui reposait au coin de son bureau, elle croisa son visage pointu et pâle, ses deux petits yeux ambre, sa queue-de-cheval brune et stricte. Les filles qu'elle croisait à Shiratorizawa portaient des barrettes, parfois des nœuds pour décorer leurs couettes ou chignons. Certaines portaient un maquillage très léger. Leur portable, elles le décoraient de stickers ou d'un pendentif.
Le sien poussa un « ding » : elle s'en saisit d'un geste aussi morne que cette pièce à coucher.
« Akiteru (◠﹏◠), 9:21 : Tokyo le sept, c'est possible pour toi ?
Moi, 9:21 : J'aurai cours.
Akiteru (◠﹏◠), 9:21 : Oh... Mais au moins, tu pourras voir leurs deux premiers matchs ! »
En effet. C'était déjà ça. Elle ne pouvait pas se plaindre. Il faudra juste que je prévienne Tsukishima-kun...
— Sinon, j'aurais l'impression de le trahir, rit-elle sans conviction.
Sur ce, alternant entre l'accablement et l'espoir, elle mit son smartphone en silencieux plus loin et plongea le nez dans ses révisions.
Le temps passa avec labeur. Chaque exercice l'excitait autant que la blasait. Ils étaient simples, c'était un jeu pour elle – cependant, elle n'était qu'à moitié d'humeur pour ça. Mais elle se força, se força encore, jusqu'à ce que son estomac brise dans un gargouillis le mutisme alourdissant ses épaules.
Midi trente passé, lut-elle sur son réveil mécanique. Manger, conclut-elle en exhalant. Ah, j'ai fait pas mal de trucs, nota-t-elle lorsqu'elle observa les cinq feuilles recto-verso qu'elle venait de torturer. Avait-elle assez bossé ? Pouvait-elle se permettre une pause, maîtrisait-elle assez ses cours ?
Son cerveau mis en pause ces derniers jours carbura de nouveau. Il retrouva ses engrenages, ses réflexes, ses mécanismes bien ancrés chez lui depuis des années et des années déjà.
Elle s'étira un coup, puis étudia de nouveau la pièce. Oui, c'est vraiment triste. Peut-être que je peux demander des décos à mes parents...
Sur ce, elle retourna dans sa cuisine et entama son déjeuner. Quinze minutes chrono, vaisselle, coup de balai ; ce début d'après-midi se réglait comme du papier à musique. Ce, jusqu'à ce qu'elle recroise son portable posé sur le plan de travail.
Tsukishima-kun. Tokyo. Les Nationales.
« Tsukishima-kun, 9:23 : Je pensais que tu t'étais habituée à ton manque de capacités physiques.
Tsukishima-kun, 9:25 : Même si tu rattrapes des objets comme un ninja. Ça, ça fait peur. »
Tokyo, les Nationales, se répéta Eigishi. Elle serra les dents ; chacun des battements de son cœur lançait ses mâchoires et serrait son estomac.
« Moi, 14:26 : En parlant de sport, tu ne veux vraiment pas que je regarde vos matchs ?
Tsukishima-kun, 14:26 : En toute honnêteté, à ta guise. »
Elle plaqua une main sur sa bouche ; ses joues rosirent telles des idiotes. D'une, il a répondu instantanément. De deux, il veut bien ?! Non, il était peut-être déjà sur sa messagerie ; du reste, il avait dû se faire une raison. Une longue inspiration plus tard, elle reprit leur échange, le visage crispé.
« Moi, 14:28 : Car ma sœur peut m'emmener à Tokyo ce week-end. C'est ok si je suis dans le public ? »
Sa sonnerie lui éclata derechef les tympans. L'adolescente bondit en arrière et lâcha son téléphone ; il claqua contre le sol avec grand bruit, mais jamais ses tintements ne cessèrent. Il l'appelait ? Vraiment ? Il va m'engueuler ?!
Au prix d'un effort colossal, elle le ramassa et décrocha.
— Ça serait passé si tu ne m'avais pas prévenu, siffla-t-il.
— ... Ah, s'étrangla-t-elle. Oups. Pardon.
Et elle s'arrêta là-dessus, car il l'avait trop prise de court, qu'elle avait manqué l'arrêt cardiaque et que lui aurait pu prévenir qu'il allait directement l'appeler.
— Aussi, bonne année à voix haute. Et ne me dis pas si tu viens.
— Pas de problème, c'est complètement hypothétique, je n'ai pas réservé de billet et le trajet n'est pas encore planifié...
Court soupir.
— Je retire ce que j'ai dit, c'est encore pire. Tiens-moi au courant. Cela dit...
Eigishi se frotta la nuque avec nervosité.
— Je ne pense pas qu'on pourra se croiser – ou alors, ça sera la veille de notre premier match. Mais tu ne seras pas encore là...
— Oh, peut-être que je peux prendre un train, réfléchit-elle.
Silence, à l'autre bout du fil. Elle retourna dans sa chambre et s'assit sur son matelas, plus tranquille. Elle entrait en mode stratégie, rien ne pouvait arrêter ses neurones.
— Et loger... Je ne sais pas vraiment où. Une auberge de jeunesse ne doit pas coûter bien cher.
— Ne te ruine pas, l'arrêta-t-il. On peut se voir un autre jour.
— Certes, mais ça risque de tarder. De plus, ça ne sera pas un problème financier pour moi. Donc, je peux venir directement vendredi soir. Conclusion, c'est comme tu veux.
Elle l'entendit marmonner vaguement.
— Tu me poses vraiment cette question ? grogna-t-il.
— Tsundereshima de retour ?!
— Je ne suis pas un tsundere.
Tu n'en es plus un, tu veux dire.
— Je suppose que je viens.
— Pas de souci pour moi. À toi de voir. Je dois te laisser, Akiteru est complètement bourré.
Eigishi sourit brièvement.
— À plus tard, alors.
— À plus.
Ils raccrochèrent là-dessus.
Les traits de la jeune fille s'éclaircirent ; elle s'apprêta à reposer son smartphone, lorsqu'il vibra de nouveau. Cette fois-ci, toute couleur quitta ses joues.
« Maman, 14:50 : On a des nouvelles de la police. On parle ce soir. »
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