Chapitre 11 - Des noisettes et un tsundere

23 décembre – J-14

— Tu n'es pas sérieuse ?! se plaignit une énième fois Ayaka.

— Arrête donc de geindre, la sœur, grogna Eigishi. Je viens de t'arranger un rendez-vous grâce à ces foutues noisettes. De plus...

Elles étudièrent en chœur les vallons s'enchaînant à droite comme à gauche. Durant un instant, ronronnements du monteur et cliquetis des boucles d'oreille de la plus âgée résonnèrent dans la petite voiture bravant neige et brouillard.

— ... Tu conduis de toi-même vers la maison d'Akiteru.

Les lèvres rouges d'Ayaka se pincèrent sous la frustration ; elle replaça nerveusement l'une de ses mèches décolorées.

— Je te fais une faveur, grommela-t-elle. Pour ton Tsunshima.

— Ce n'est pas son prénom.

— Tsun-tsun-shima, pardon.

— Non pl...

— Tsundereshima ? songea Ayaka.

— Tsukishima, Grands Dieux ! Kei Tsukishima !

— Oh, elle a dit son prénom, railla la majeure.

Eigishi plaqua sa main sur son front.

— Soit, cracha-t-elle. Je ne m'abaisserai pas à ton niveau, et avouerai que c'est un échange de bon procédé. Tu vas voir Deredere-teru, je vais voir Tsundere-shima.

Ayaka bondit vers elle sous l'indignation.

— « Deredere » ?! Un peu de respect !

— Quoi, c'est sa définition même : explicitement gentil et affectueux, à faire attention aux autres – et à toi, éventuellement.

On afficha un sourire acide.

— Puisque tu lui trouves tant de qualités, Kana, tu n'as qu'à foncer à ma place.

— J'ai assez d'un tsundere, navrée. Cela dit, si tu n'es plus intéressée par Deredere-teru, je peux t'aider pour que tu te tapes la caissière du magasin du coin...

— Deredere-teru me va, débita aussitôt Ayaka.

— Félicitations, Tsundereyaka a évolué en Ayaka.

— Tais-toi et laisse-moi conduire !

Sur ce, elles savourèrent un second silence.

La veille même, Eigishi avait gentiment appelé Akiteru pour savoir quand il souhaitait se faire livrer un panier de noisettes. Elle avait plus ou moins tâté le terrain afin de savoir si passer un vingt-trois était dérangeant : le bougre avait suggéré qu'elles leur rendent rapidement visite un peu avant le Réveillon même.

Ayaka avait aussitôt refusé.

Aller offrir des gâteaux aux noisettes un vingt-trois était assez étrange. Peut-être auraient-elles pu attendre le vingt-cinq, ou peut-être Eigishi aurait-elle dû insister pour le vingt-quatre. Cependant, elle n'en avait pas trouvé le courage...

La raison étant Tsukishima, qu'elle aurait mis sacrément mal à l'aise en apparaissant de nulle-part un vingt-quatre décembre. Tous savaient que ce jour se tapait des connotations tant familiales qu'amoureuses. Or, Tsukishima Le Tsundere semblait en pincer pour elle, et Eigishi souhaitait lui éviter de se noyer dans les soucis dont elle souffrait. Donc, ce vingt-quatre avait été un non catégorique, et point final.

Cela dit, en parlant de Tsukishima-kun... Elle alluma l'écran de son téléphone, puis leur discussion. Le dernier message du bonhomme était un joli « Toujours vivante ? » datant de vingt-et-une heures vingt-sept, auquel elle n'avait pas répondu.

Auquel je n'ai pas répondu... Ses paupières papillonnèrent un instant : elle réalisa peu à peu qu'elle venait de mettre un joli petit vent à Tsukishima. Elle se pinça l'arête du nez, excédée, puis lui répondit enfin.

« On est en train »..., récita-t-elle intérieurement. Elle le récita, elle ne le tapa qu'à moitié, Ayaka poussa un cri soudain. Elle releva aussitôt la tête... et se prit leur airbag en pleine face. La voiture se heurta lourdement à un obstacle, tourna follement sur elle-même, puis pila juste en face d'un versant enneigé.

Un autre désastre, face auquel elles n'eurent qu'à peine le temps de béer.

***

« Eigishi-san, 8:26 : On est en train d'arrivgfh »

Tsukishima en posa son magazine, un poil surpris. Elle se met aussi à bafouiller à l'écrit ? Paraît pourtant qu'elle se lève tôt pour bosser. Il s'étira un coup, toujours hagard.

Lui s'était réveillé par habitude un peu avant huit heures – et avait d'avance su qu'il n'allait pas réussir à se rendormir. Et puis, des grasses matinées forcées étaient mauvaises pour la santé, paraissait-il. De plus, lire n'était pas désagréable. Sans compter le fait qu'il devait conserver un rythme normal avant de se retrouver, au hasard, face à des monstres du volleyball à Tokyo.

Son portable vibra une seconde fois : il se frotta les bras lorsqu'un frais courant d'air le titilla une énième fois, puis s'en saisit en baillant.

« Yamaguchi, 8:29 : J'ai trop de chocolats, tu en voudras ?

Moi, 8:30 : Quel goût ?

Yamaguchi, 8:30 : Blanc avec des amandes !

Moi, 8:30 : Pourquoi pas. Tu comptais passer ? »

Quelques secondes, et son téléphone sonna. Il sursauta en arrière : là où il s'attendit à ce que son ami le contacte à voix haute, son cœur rata un battement en lisant « Eigishi-san ». Il décrocha en déglutissant.

— Je suis trop jeune pour mourir d'un arrêt cardiaque. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Tsukishima-kun ! débita-t-elle. Ma sœur et moi, départementale vers chez toi, et...

Et un frottement bien désagréable de suivre. Il grimaça un instant avant d'enregistrer la nature de son appel et se mit debout, un sérieux tombal gravé sur sa face.

— Eigishi-san ?

Kana, s'écria-t-on, je crois qu'il est mort !

Qui est mort ?!

C'est qu'un chevreuil ! récria l'intéressée.

Oh.

— Eigishi-san, toujours là ?

Oui, pardon, bonjour. On a eu un accident, et on aurait besoin de quelqu'un pour nous conduire... je ne sais où. Donc, ma sœur a voulu contacter ton frère, mais je pense que ton frère dort...

— ... et notre putain d'oncle doit être en train de faire un foutu jogging ! rugit-on de nouveau.

Là où le lycéen s'attendit à ce qu'on lui explose le tympan, il entendit Eigishi avoir la décence d'éloigner son micro de sa bouche.

Ayaka, j'essaie de causer !

Et j'essaie de réanimer le chevreuil, tu crois que c'est facile ?!

Chacun son rôle ! Joue à le véto', et moi, au hibou ! C'est bon ?!

Oui, c'est putain de bon !

Un soupir exaspéré plus tard, on s'adressa enfin à un Tsukishima un poil éberlué.

Je suis vraiment désolée pour ces injures ferventes. En bref, Akiteru pourrait-il venir nous chercher ?

— Il dort.

Ah.

Court silence. L'adolescent imagina trop bien la jeune fille bloquer sur place, à réfléchir à une autre solution plus ou moins inexistante.

— Je peux aller le réveiller, suggéra-t-il.

Ça serait merveilleux.

Un sourire naquit au coin des lèvres de Tsukishima.

— Ta sœur s'appelle Ayaka Eigishi, c'est ça ? souligna-t-il.

Correct, pourquoi ?

Il se contenta de marcher vers le couloir.

Attends, ne me dis pas que tu vas l'appâter comme ça ?

— Oh, mince, on a deviné ma supercherie. Cela dit...

Il s'arrêta juste avant sa porte.

— Ça va ? demanda-t-il plus sérieusement.

Nous ? s'étonna-t-elle. Oui, pourquoi ?

— Mieux vaut confirmer. Et toi ?

Je vais bien aussi.

— Bien. C'est parti.

Là-dessus pénétra-t-il leur corridor illuminé par le froid soleil du matin : trois pas sur leur plancher, et il se retrouva face au battant gris de son frère. Il frappa trois petits coups avant de l'ouvrir pour de bon.

Naturellement, la pièce était plongée dans le noir, et Akiteru ronflait, couché de travers au milieu de ses draps.

— Akiteru. Est-ce que tu peux te réveiller ?

Pas de réponse.

— Il y a besoin de ton aide.

Toujours rien.

— C'est plutôt urgent.

Nada. Tsukishima se racla la gorge, pour afficher un rictus railleur.

— Ayaka défaille !

— Elle quoi ?! pataugea-t-on derechef.

Il se gaussa en voyant Akiteru bondir de son lit, l'air hagard. Ses yeux parcoururent sa chambre un instant avant de se poser sur un Tsukishima au rire moqueur.

— C'est une blague ? marmonna-t-il donc en se frottant le front.

— Non.

— Non ? Qu'est-ce qu'il s'est...

— ... passé ? Eigishi-san a voulu te contacter, mais tu dormais. Donc elle m'a appelée. Elle et sa sœur étaient en route pour venir ici mais ont eu un accident. Il y a eu un mort.

— Un quoi ?!

— Oui, un chevreuil a trépassé.

Son aîné soupira d'un coup sous le soulagement.

— Ne me fais pas des blagues pareilles..., murmura-t-il.

Murmure même qu'il balaya d'un rire nerveux. Cela picota l'attention de l'adolescent. Ayaka Eigishi avait-elle aussi des soucis, ou était-ce Eigishi tout court ?

Il se souvint de l'appel soudain auquel elle avait répondu, la veille même ; de son regard fuyant, ses réponses évasives et explicitement incertaines, du mensonge spontané qu'elle lui avait servi ; et, surtout, de son final « je leur expliquais mes projets d'études d'histoire ».

Des études d'histoire, alors qu'elle souhaitait aller en chimie. Comment une telle excuse avait-elle pu mettre fin à la discussion qu'avait vraisemblablement forcé son interlocuteur ?

« Akiteru t'a certainement dit que j'avais quelques soucis ; je ne souhaiterais pas t'y mêler. » Le ton navré de la jeune file résonna un instant dans son crâne, à se superposer à ses nombreux « allô ? ».

Là seulement réalisa-t-il qu'il était toujours en appel. Puisque son frère se levait enfin, il retourna dans sa propre chambre, le regard brièvement sombre.

— Toujours en ligne, posa-t-il ensuite. Et la police ?

Elle est en route, mais ne peut pas nous ramener..., regretta-t-elle. Je suppose qu'ils auront ramassé la voiture une fois que vous serez arrivés.

En effet, la voie était déjà dégagée lorsqu'ils débarquèrent. Une femme aux boucles décolorées était adossée contre la barrière de la départementale ; ses boucles d'oreille cliquetaient au rythme de ses acquiescements navrés. Elle ne ressemblait que très peu à Eigishi, laquelle étudiait la partie détruite de la clôture. Des bandes jaunes séparaient le goudron d'un versant tout autant corsé qu'inquiétant.

En bref, elles ont frôlé la mort ? Superbe.

Il sortit dans le froid ; même au travers de ses gants, il sentait les bourrasques gelées malmener l'air environnant. Ses iris rencontrèrent ensuite sur Eigishi, dont les prunelles se posèrent ensuite sur lui. Ils s'étudièrent quelques secondes, muets comme des carpes. Les joues rondes de la lycéenne rosissaient sous... Je ne sais pas. Il fait certes moins deux degrés, mais tout mettre sur le dos de la météo devient ridicule.

Cela dit, peut-être rougissait-elle réellement à cause du froid. Il n'en savait rien, et forcer le sujet était la dernière de ses envies. Si lui se tapait « un foutu béguin », elle en était peut-être loin. Ainsi allait la vie. Il n'y pouvait rien. Et puis, elle se distançait dès qu'il effleurait le moindre de ses problèmes...

Car elle pense être un désastre. On dirait moi après le match contre Shiratorizawa. Je devrais peut-être appeler Yamaguchi pour qu'il lui crie dessus un coup, songea-t-il.

Il songea, il songea encore, il réalisa à peine qu'il se trouvait de nouveau sur la banquette arrière de la voiture d'Akiteru. Lui et la sœur d'Eigishi parlaient avec fluidité ; mais les deux adolescents, eux, se muraient dans un silence qu'il n'avait pas même repéré.

— Le voyage ? demanda-t-il donc.

— Ah. Merveilleux, comme tu as pu le constater. On a perdu les noisettes.

Elle baissa ensuite le ton.

— Ton coup de pression envers Akiteru a porté ses fruits ? Quelle tête il a tiré ? Non pas que j'approuve de se jouer des sentiments de quelqu'un, précisa-t-elle aussitôt.

Il réfléchit un instant. Quelle description collerait le mieux avec son aîné ?

— On aurait dit un lapin sur le point de se faire renverser...

... et Eigishi d'éclater de rire. Il étudia, pris de court, son visage ayant tourné au lumineux.

— Grands Dieux, j'aurais aimé voir ça, hoqueta-t-elle.

— ... Oui, parvint-il à répondre. Mais ça risque de ne jamais arriver, sauf si tu es chez nous à sept heures du matin.

Quelques secondes : les yeux ambre d'Eigishi papillonnèrent sous la confusion avant qu'elle n'entrouvre les lèvres. Je ne cause pas de dormir chez moi, s'exaspéra-t-il. Mais de nous rendre visite dès l'aube. Après avoir maudit mon « ton nom est Tsukishima » ou je ne sais quoi, je parviens encore à sortir des âneries pareilles ?

— En effet, réfléchit-elle alors. Les chances sont plutôt faibles.

Réfléchit-elle. Elle ne nia rien. Elle ne suggéra rien non plus. Tsukishima manqua de soupirer avec soulagement. Cette fois-ci, lui s'était monté la tête tout seul, et elle n'avait décelé aucun faux sous-entendu dans ses paroles. Un sans faute. Peut-être.

— Mais je pourrais, si tu étais une fille.

— Plaît-il ? s'étrangla-t-il.

— Hein ? s'étonna-t-elle. J'ai dit quelque chose de...

... « mal. » Elle se raidit d'un coup, pour tourner son visage vers la fenêtre.

— Même si c'était une fille, s'exclama soudain Ayaka Eigishi, on n'est jamais à l'abri !

— Dans ton cas, en effet, répondit calmement Eigishi.

Madame Eigishi, je vous prie d'arrêter. Vous allez invoquer Tsundereigishi... si elle a des raisons d'être une tsundere, grimaça-t-il.

— Navrée, s'excusa d'ailleurs tout bas l'adolescente. C'était inapproprié.

— Ce n'est pas grave.

Après tout, on est quittes... Là-devant, les échanges reprirent en bonne et due forme. Akiteru ne prêtait plus attention qu'à Ayaka Eigishi, et réciproquement – voir ça en direct lui arracha un bref rictus. Il y avait matière à le railler.

— Comment tu abordes les Nationales ? questionna alors Eigishi.

— Je ne sais pas. On verra.

— Ah, vous avez de la chance...

Il posa son menton sur sa main, le regard rivé sur les collines alentours.

— Les terminales, peut-être, répondit-il. Cependant, je ne joue pas un rôle majeur comme Hinata ou Kageyama, même si je suis souvent sur le terrain.

— Mais tu as stoppé Ushijima. Et irrité Tendou. Quoique, plus que ça, tu as plutôt tapé sur les nerfs de la moitié de leur équipe... et je suppose que je ne vais pas m'étaler plus que ça, car tu n'as pas l'air d'apprécier ce sujet. Navr...

— Ce n'est pas un problème.

Du coin de l'œil, il la vit se tourner vers lui avec surprise.

— Te parler n'est pas une corvée, continua-t-il sobrement. Donc...

— De même.

À lui de s'immobiliser. « De même » ? De même. Non, attends... Il écarquilla les paupières. « De même » ?! Comment ça ? Qu'est-ce que ça veut dire, ça ?! Te parler n'est pas une corvée, mais il serait fantastique d'éclaircir tes propos lorsqu'ils peuvent être aussi vagues !

Mais il eut beau penser et penser et ronchonner, il ne parvint pas à sortir un seul son. Faire face à Eigishi était aussi hors de portée, et il louait les sièges de l'avant de cacher tout autant son visage. Se voir dans le reflet de la vitre était suffisant.

Il ressemblait donc à ça, quand le froid chauffait ses joues.

Derrière, il entendit Eigishi se pencher vers lui, peut-être sous l'étonnement, il ne souhaitait pas en avoir quelque chose à faire. Mais non, sa curiosité le piquait.

— Tsukishima-kun ?

— Oui ?

— Ça va ?

— Oui.

— Tsu, sortit-elle...

... avant de se taire. Un sourire moqueur se dessina au coin des lèvres de l'intéressé – la jeune fille ne le vit pas, peut-être pour le mieux.

— Je t'en prie, la nargua-t-il. Finis ta phrase.

— Ce mot est un peu trop connu dans cette voiture. Je m'en excuse.

« Entre nous deux, j'aurais tout à fait dit que tu étais un tsundere, et ce n'est plus un secret. » Son ton indescriptible le disait à sa place. Ah, elle m'a eu. Depuis quand ? Mais je ne suis pas un tsundere, pensa-t-il, le nez froncé.

— Où est-ce que je vous dépose ? demanda soudain Akiteru.

— Chez notre oncle, proposa Ayaka.

Il habitait non loin de la chère boutique d'Ukai, réalisa Tsukishima. C'est pourquoi Eigishi-san connaît un peu le coin.

— On y reste pour Noël ! sourit la sœur de celle-ci. Nos parents ont décidé de réserver cette soirée pour eux, comme moi et Kana sommes « grandes et indépendantes ». Mais passer le réveillon seules chez nous aurait été ennuyant...

Suivirent une flopée de paroles, d'anecdotes, et Tsukishima finit par décrocher. Eigishi, elle, remettait son écharpe en ordre. Lorsque ses petites prunelles ambre se posèrent sur l'adolescent, elle afficha un léger sourire et sortit son téléphone.

— À plus tard, j'imagine.

— Oui, à plus tard.

Elles partirent avec un remerciement.

Un petit silence s'installa entre Akiteru et Tsukishima ; ce dernier posa l'œil sur son téléphone. Au « Pourquoi pas ! À quelle heure ? » de Yamaguchi s'ajouta un SMS d'Eigishi.

« Eigishi-san, 10:02 : \(^_^)/ »

Simple, efficace : voici pourquoi lui parler n'était « pas une corvée ». Mais plus le temps passait, plus Tsukishima sentait que ses attentes naissantes envers la jeune fille allaient dépasser son champ des possibles, plus il s'excédait lui-même.

« Pas une corvée », mais pas moins fatiguant. Et pourtant, là où il aurait abandonné quelques mois plus tôt, il persévéra dans leurs échanges au rythme étrangement bancal. Celui-ci différait de la veille même, réalisa-t-il peu à peu. Et il ne s'était pourtant rien passé : aucun évènement particulier, ou alors, il était aveugle et sourd.

Mais si ce tournant sentait mauvais, pourquoi Tsukishima l'encourageait-il tout de même ? Car il avait appris de la gueulante de Yamaguchi ? Lorsque celui-ci se présenta à sa porte, il le fixa un instant d'une face impassible avant de prendre la parole.

— ... Tu es dangereux.

— Dangereux ? s'inquiéta son ami. Tsukki, tu t'es réveillé du mauvais pied ?

L'intéressé se contenta de lui désigner des chaussons, puis fit volte-face vers son salon.

— Rien. Oublie, murmura-t-il.

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