IV.

warning. présence d'alcools, propos de violences, d'abus.

†††

  Trois jours que Atsushi n'est pas revenu au lycée. D'ailleurs, Kira non plus. Si la classe et nos professeurs sont habitués à les voir disparaître de la circulation par moments, cela met toujours un froid dans l'équipe. Personne n'aime voir un coéquipier manquant en même temps. Et l'état du bleu était inquiétant, il y a trois jours. Afuro et ceux de l'orphelinat avaient beau me dire de cesser de m'en faire, je ne pouvais m'en empêcher. Ce n'est pas le fait qu'Atsushi soit chez le gris qui me dérangeait, en soit. Plutôt son manque de communication.

  On appelle ça la jalousie.

« Tu es jaloux Seiya. » m'a dit Ame sur le chemin de la maison de notre God Stricker. A côté,Ryouhei s'est moqué, mais sans mauvais fond. Et je n'ai rien dis. C'est peut-être ça. Je suis peut-être jaloux de Kira. Parce qu'Atsushi préfère se réfugier chez lui.

  Vendredi soir, c'est aujourd'hui qu'a lieu la soirée justement. J'y suis allé avec Ryouhei et Ame, sans grande envie. J'ai d'autres choses en tête. Mais même ma mère m'a encouragé à y aller.
  « Ça te fera penser à autre chose chéri. Tu te souviens ce qu'a dis le docteur ? »
  Elle n'a toujours pas la force de dire « psychologue » ni « psychiatre», malgré qu'elle continue à en voir un. Cela doit bien faire un an et demi que j'ai arrêté mes rendez-vous, je sais que je n'en ais plus besoin.

  Ryouhei sonne, et c'est Suzuno qui nous ouvre. Il soupire, épuisé, en nous voyant, derrière lui on entend très clairement le foutoire. Il récupère la boite de petits fours que ma mère m'a forcé à emmener, tout en nous faisant entrer.
  Les portes fenêtres du grand salon sont ouvertesur le jardin de Kira qui donne sur le champs et la forêt. Tout les meubles ont été collés contre les murs pour faire de la place, sur les tables sont posés les boissons et la nourriture. Bien sûr à côté du grand nombre de bouteilles de jus de fruits et de soda, ily a l'alcool. « Une soirée sans alcools, c'est pas une soirée ! » comme aime tant le dire le frisé.

  Beaucoup sont déjà là. La soirée a commencé il y aune heure en même temps... Ryouhei, Ame et ma mère ont du batailler pour me faire venir. Au loin je vois Kiyama arriver, le t-shirt trempé, me faisant froncer les sourcils.

« Ils ont allumés le tuyau d'arrosage !! s'écriale rouge, tandis que Mizukamiya s'empressait de lui donner une servietteen riant.

-C'est malin ça ! Ils sontdéjà saoul ou quoi ?! Tu devrais éviter de sortir si tu ne veuxpas finir trempé Nishi.

-Je note ça.

-Ils sont seulementpompettes, et font ça pour pas finir bourrés...Soupira l'ancien capitaine de Eisei Gakuen.

-Sérieusement ?»

  Mizukamiya hoche simplement la tête. Je ne peux que soupirer. Soudain, une voix que je ne connais que trop bien me fit relever la tête. Atsushi tient le tuyau d'arrosage, qu'il brandit contre Nagumo et Kira, tous morts de rire. Pas loin d'eux, Afuro les regardent en riant doucement. Atsushi a les joues rouge dû à l'alcool, il ne le tient pas spécialement bien, et le boit toujours en très grande quantité dès le début de soirée. Mais comme il a l'alcool joyeux, ça ne dérange jamais personne, il sait mettre tout le monde dans l'ambiance.

  Son rire est bruyant, joyeux par les méandres de la boisson se trouvant dans son sang, son regard vague, dans le vide. Ses gestes sont tous las et désarticulés, preuves qu'il ne se contrôle même plus. Son corps semble même lourd. Pour le nombre de fois où je l'ai vu ainsi, je le connais parfaitement à présent. Chacune de ses mimiques. Sobre ou saoul. Mais voir ce sourire après trois jours d'absences m'est insupportable. Impossible de comprendre pourquoi, moi qui aime tant voir son visage lumineux... Je détourne tout de suite la tête et retourne à l'intérieur, bien que la musique n'est pas du tout à mon goût.

  Le temps est passé à cette fichue soirée. Y a bien des choses qui se sont déroulées sous mes yeux que j'aurai prié ne pas voir. En particulier le panier de préservatifs qu'a posé Afuro sur le petit meuble à côté des escaliers. Vraiment, j'aurai aimé ne pas savoir qu'il en avait acheté une grande quantité de toutes tailles.

  Je suis presque affalé sur l'un des canapés, à regarder d'un œil las les invités rirent et danser. C'est exactement la même chose dans le jardin. Mes yeux se posent sur le verre que j'ai dans les mains. La bière n'est pas spécialement ce que j'aime boire, mais de temps en temps je ne refuse pas. Seulement lors des soirées. Et de façon limitée. Alors que je m'apprête à boire, des cris dans le jardin me firent sursauter. A ce que j'entends, c'est un énième concours de shots. Mais les cris d'Ame me firent comprendre que l'un des participants ne pouvait être qu'Atsushi. Je me lève, bien que ma marche soit un peu bancale. Je n'ai pourtant pas bien bu, ce n'est que mon deuxième verre.

  En arrivant dans le jardin, j'observe avec désarroi Kira et Atsushi entrain de se préparer devant une lignée de verre à shot. En tournant la tête vers Afuro à côté de moi, je vois que même lui n'est pas spécialement pour. Mais son copain n'écoute jamais. Sur la table je vis une bouteille de vodka, et une de rhum. Les degrés m'ont l'air beaucoup trop élevés. Un coup d'œil au blond, celui-ci hoche la tête en me regardant, me confirmant que l'alcool dans ces shots sont tous des mélanges. Je soupire. D'un regard las je regarde les deux amis se jeter au top sur leurs verres. Et sans grande surprise, c'est le bleu qui a gagné. J'esquisse un sourire désespéré, devant l'alcoolisme du bleu. La minute suivante, on peut admirer Kira se précipiter à l'intérieur, en direction des toilettes, sous les rires moqueur de Ryouhei. Je tourne la tête vers Atsushi, nos regards se croisent.

  Ses pupilles sont dilatées, trop à mon goût. Ses joues sont rouges, il a un sourire béat. Son corps est pourtant recouverts de frissons, son t-shirt lui colle à la peau, il est trempé, et quelques mèches de cheveux sont collées sur son front. Mes yeux se posent instinctivement sur le bleu qu'il avait sous l'oeil, il y a trois jours. Il était gonflé, mais à présent ça s'est calmé. Mes poings se serrent. Je ne vois pas comment je pourrai l'aider et le protéger. Sa blessure me rappellent tant de choses. Au loin je n'entend plus vraiment les bruits de la fête. Mes yeux, mes pensées sont toutes sur lui, ou ailleurs, dans le passé. Les cris et les coups. Les moqueries. Les brûlures. C'est sa voix qui m'extirpe de mes pensées.

« Seiya !»

  Je n'ai pas la force de lui répondre. Au moment où il fait un pas vers moi, je retourne en silence à l'intérieur. Je sais que mon comportement est pathétique, dérisoire, ridicule. Mais quelque chose m'empêche de l'approcher ce soir. Sans doute cette dangereuse envie de l'avoir contre moi, pour moi. L'enfermer, le cajoler dans une cage. Une cage dorée ou d'argent. Une aussi scintillante que ses yeux, que son regard, que son sourire. Mais une telle envie n'est que malsaine. Je ne peux pas lui retirer sa liberté pour une envie aussi égoïste. Atsushi ne m'appartient pas. Il ne m'appartiendra jamais. Ce n'est qu'un ami. Un ami dont, pourtant, malheureusement, je suis dingue.

  Les bouteilles se sont ouvertes, les gens ont continués de danser, de se serrer à l'autre, tandis que certains montaient se coucher, d'autres repartaient. Je ne sais pas l'heure qu'il est à vrai dire. Une énième fois dans le canapé, verre à la main, je discute avec Nosaka et Hikaru qui sont arrivés peu après nous, mais que je n'étais pas encore allé voir. Nosaka a eut du mal à convaincre Hikaru de venir.
  Mon troisième verre dans la main, je le porte à mes lèvres. Une sorte de plénitude s'est installée dans mon corps, pas que cela ne me dérange, au contraire. Je ne pense plus à grand chose, mon esprit est semblable à du coton, je me sens pas en force de réfléchir ce soir.

  Je vis une tête noire que je connais bien se laisser tomber à côté de moi. Il n'a même plus d'équilibre au point de tomber contre mon épaule. Cela me fit étrangement rire, sans que je ne sache pourquoi. Il me regarde quelques secondes, puis lui aussi se met à rire.

« Tu m'as l'air de bonne humeur Seiya. C'est l'alcool qui te rend ainsi ?

- C'est toi qui parle? Tu t'es vu avec ton rire béat Osamu ?

- Si tu m'appelle par mon prénom, c'est que t'es bourré.

- Mais bien sûr. Je ne m'avache pas sur les épaules des autres moi ! »

  Osamu se mit à rire, fort, comme toujours. A sa voix raillée, je sens qu'il est passé par les shots lui aussi. Je déteste ça, je n'y ais plus jamais rejoué après ma toute première cuite. J'attrape le verre en face de moi sur la table basse, mais une main sur mon avant bras m'en empêche. Je relève la tête vers Hikaru, puis aperçois qu'il est seul, Nosaka a disparu. Son regard bleuté dévoile une certaine inquiétude. Je fronce les sourcils, et penche un peu trop la tête à mon goût. Instinctivement je me laisse tomber dans le canapé.

« Qu'est-ce qu'il y a Hikaru?

- T'es saoul Seiya.

- Bien sûr que non.

- Si. T'a demandé y a cinq minutes à Mizukamiya de jeter ton verre car ne tu pouvais même pas te lever. Et c'est le verre de Gouenji celui-là.

- Et alors ? Personne n'est malade.

- Tu dis toujours ça quand t'es saoul. Et en plus Gouenji fait toujours des mélanges super sombres avec Endou-san quand ils sont saouls eux aussi.

- Je n'ai bu que trois verres.

- Tu as jeté ton septième Seiya. »

  Je ne sais pas trop si c'est le peu de raison qui me restait qui s'est scratché au sol comme un avion que, j'ai entendu, ou juste Atsuya qui dévale les escaliers sur les fesses, ne tenant plus sur ses jambes. Quoiqu'il en soit, je ne sentais même plus mon corps après les mots de Hikaru. Je ne bois jamais autant, je hais ça. Surtout que le lendemain je deviens une vraie masse. Fatigué de moi même, mes mains vinrent couvrir mon visage. Ma tête tourne, mes yeux sont épuisés. J'ai une simple envie : dormir. Les fermer, et ne plus jamais les rouvrir. Dans un fond sonore mélangé à la musique de mauvais goût de Hiroto, les cris des invités, un énième concours de shot, je crus entendre les voix de Hikaru et Osamu, la main du plus jeune dans mondos. Deux autres voix se mêlent à celles déjà présentes. En relevant la tête, je vis une tête rouge fraise, et des cheveux bleus nuits aux mèches plus clairs.

« Kiyama, Mizukamiya, vous pouvez nous aidez ?! Seiya ne se sent pas bien...

- Je savais qu'ilavait trop bu cet abruti.

- Si tu es vulgaire, c'est que tu es aussi bien pompette Tatsu'.

- Tu peux parler Seiryuu...!

- C'est pas le moment d'une dispute vous deux...! »

  Leurs voix me donnent mal à la tête. Mes mains sont plaquées contre mes oreilles, je garde les yeux fermés. Je refuse de bouger, malgré Tatsuya, Seiryuu et Osamu qui tentent désespérément de me faire bouger. Seule la voix inquiète de Hikaru me fait réaliser mon état.

  Après une bataille avec les invités, les tables et les gobelets au sol, je suis enfin dans le jardin. Certains profitent de la fraîcheur de la nuit, d'autres dansent dehors, certains boivent encore. D'un geste de la main, je rassure ceux qui viennent de me faire sortir. J'ai besoin d'être seul. Ma tête me fait souffrir, j'ai l'impression que l'alcool mord mes veines.

« Ouais, je suis bien bourré moi, pour penser ça. »

  Je marche sans vraiment regarder où je vais. Sur le côté, dans le coin de l'œil, je vis Hiroto à l'air paniqué. Sans doute l'alcool qui joue sur ses nerfs. Quand il fait une soirée, c'est qu'il s'est encore disputé avec son père ou sa sœur. Terumi tente tant bien que mal de le calmer, mais le frisé est lui aussi incontrôlable une fois saoul.

  Il cri un nom. Je tourne la tête et reprend ma route. Je n'entend plus les rires et les cris. Ni la musique. Mes pieds dans l'herbe noire dû à la nuit qui me recouvre, je lève la tête. Le ciel est sombre, quelques étoiles l'illuminent avec difficulté. Des nuages sont plus visibles que d'autres, signe que la lune se cache derrière ceux-ci.

  En regardant autour de moi, je réalise le calme ambiant dans lequel je me suis plongé. Le champs qui se trouve à côté de la maison de Hiroto est grand, vaste, plat. Il n'y a pas un bruit, pas un chat. Personne à part moi. Ce lieu est aussi vide et plat que ma chambre. Aussi sombre et terrifiant que cette ordure.

« CONNARD ! »

  Cette insulte me fit sursauter. La voix tiraillée par l'alcool d'Atsushi est reconnaissable entre milles. Je l'entend crier une autre insulte, et le ton de sa voix paraît si détruite et fatigué. Un sanglot se fait entendre. Je me précipite vers la source des cris et des larmes. Au bas de la pente sur laquelle je me trouve, j'aperçois les cheveux décoiffés et un peu mouillés d'Atsushi. Il cri, il hurle. Ses mains sont contre son visage, et en plissant les yeux, je vois ses ongles longer sa mâchoire, puis sa gorge et enfin ses bras mis à nus. Son t-shirt à un peu séché par endroits, ses manches sont retroussées sur ses épaules.

  Je me précipite pour descendre cette foutue pente et l'arrêter avant qu'il ne se blesse vraiment, mais quelque chose me fit me stopper. Debout face au petit lac, Atsushi regarde droit devant lui. Ses yeux sont injectés de haine, ainsi que de grosses larmes qui dévalent ses joues. Je dirige lentement mon regard sur le point qu'il fixe, mais ne vois rien. Absolument rien hors mis le vide, le lac et la forêt. Dans un silence semblable à la mort, je ne peux que l'écouter, qu'écouter sa voix furieuse et pleine de sanglots, mon corps toujours figé.

« Laisse moi en paix! Qu'est-ce qui t'amuses ?! Voir ce qu'il me fait, ce qu'il me vole chaque jour ?! A cause de lui, IL ne m'adresse plus la parole ?! À cause de moi ! De ce que je fais ! Je... »

  Il tombe au sol. Je ne peux toujours pas bouger.

« Peut-être qu'il a raison...? Peut-être que je devrais pas exister ? »

  Un frisson parcours le long de ma nuque. J'ai envie de bouger. M'approcher de lui.

« Non ! Je ne l'ai pas tué !»

  Je sens à nouveau mon corps bouger. La seconde d'après, plus aucun sons ne nous entourent. Les sanglots d'Atsushi sont comme coincés dans sa gorge, tandis que mes bras se resserrèrent autour de lui. Impossible de le lâcher, de le voir parler seul plus longtemps. Je ne l'ai jamais vu ainsi, bien que ça ne soit pas la première fois que je le vois ivre. Ses larmes mouillent mon t-shirt, dans mon dos je sens ses mains resserrer mon haut, sa respiration saccadée se calme en prenant appuie sur la mienne.

  Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé, au moment où je l'ai pris contre moi, jusqu'au moment où ses yeux ont cherchés les miens, et les ont trouvés. Ses yeux rouges dû à ses larmes, sa joue pleine de terre, nos pupilles dilatées. Au dessus de nos têtes, les nuages se sont dégagés. La lune nous éclaire de sa lueur si blanche, si apaisante. Une nouvelle fois, je me perds dans son regard gris, perdu ce soir, différent de son habituel air espiègle.

« S-Seiya...? Qu'est-ce que tu fais ici...?

- C'est plutôt à moi de te poser la question. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

  Il détourne le regard. Lentement il se défait de mes bras, et se relève. Je fais de même, sans le quitter des yeux. Il essuie la terre sur sa joue avec son t-shrit, et je pu apercevoir le temps d'une seconde un hématome sur son ventre. En relevant les yeux vers lui, j'aperçus comme des coupures sur son épaule. Bien loin des légères griffures qui ont rougis ses bras.

« Tu vas me prendre pour un fou si je te le dis.

- Si ça peut te rassurer, j'ai tapé ma meilleure barre avec Osamu.

- En plus tu l'appelle par son prénom.

- Oui.

- Je ne suis pas le seul fou ce soir on dirait.

- Non. »

  Il soupire. Pose sa main contre son cœur, puis la laisse tomber. Par moment il passe sa main dans ses cheveux, puis laisse encore tomber sa main le long de son corps.

« C'est une voix que j'entends souvent quand je suis saoul. Parfois quand je suis sobre, mais c'est quand je n'ai pas dormis depuis des jours, donc c'est assez rare depuis quelques temps.

- Tu sais d'où elle vient ?

-Attend... Ça ne te choque pas plus que ça ?

- Je te rappelle du cas de Hikaru et Mitsuru lors du mondial?

- C'est vrai que dit comme ça... »

  Il se mit à rire. Un rire communicatif, qui me fit esquisser un sourire, avant que je ne me mette à mon tour à rire. Peut-être est-ce l'alcool qui nous rend ainsi, sans doute même. Mais ni lui, ni moi ne pouvons nous empêcher de rire. On doit avoir l'air pathétique ce soir, tout deux aussi saoul.

  Lorsque le mien cesse, je profite du calme bercé par le rire d'Atsushi pour l'observer. Je ne saurai dire si je le crois ou non. Oui, je le crois. Mais alors ce qu'il dit est-il vraiment réel, ou n'est-ce que son imagination ?

« Eh, Seiya, faut que je te dise un truc. La vérité.

- Je t'écoute.

- C'est mon frère qui me fait tout ça.

- Ton...Ton frère ? Ça veut dire qu'il est rentré ?

-Oui, la semaine dernière... C'est lui la cause de tout ça. »

  Le plus petit de nous deux se retourne, et je le vois retirer son t-shirt. Au fil que le tissu quitte son corps, j'aperçois à chaque fois une nouvelle parcelle de peau recouverte de bleus, d'hématomes, et de coupures récentes. Des coupures plus ou moins grandes, plus ou moins profondes, sur toute son épaule droite, qui redescend dans son omoplate.

  C'est une horreur à voir. Son corps est ainsi depuis nos treize ans quoique, il allait allait mieux à l'époque. Il se retourne, me regarde, un sourire triste aux lèvres, un regard fatigué. Je sais instantanément la raison de son frère. Je suis au courant. La mort de son père. La façon dont il est mort. A quel point son frère le pense responsable.

« Qu'est-ce qu'il t'a fais à l'épaule ?

- Il m'a poussé contre le grand miroir du salon, après m'avoir cogné au visage. Mais Hiroto a bien soigné le désastre, même si ça faisait déjà presque 24 h que je m'étais coupé..

- Pourquoi tu ne le dénonce pas ?!

- Car ça ne servirait à rien. Dans deux ans j'aurai dix-huit ans. Je partirai sans rien devoir à ma famille. Je serai enfin libre Seiya... »

  Au fil de ses mots, un sourire plein de rêves prend place sur son visage coloré en cette nuit de printemps, semblable à l'été. Ses joues rouges, ses yeux à nouveaux rayonnants. Son sourire est communicatif. Cette plénitude que j'ai ressentit il y a un moment revient au grand galop.

« Moi aussi je dois t'avouer quelque chose...

- Laquelle ?

- Mon passé, dont je ne t'ai jamais parlé. Dont je n'ai jamais parlé à personne.

- Et... Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Mon père nous battait, moi et ma mère. »

  C'est bien cette réaction à laquelle je m'attendais. Te voir te figer, les yeux grands ouverts. Toi qui me parle de ton père défunt comme s'il était un héro – il t'a sauvé la vie en même temps – apprendre que mon père était une enflure doit être un choque. Inconsciemment, tu lâche ton t-shirt qui tombe dans la terre, et t'approche lentement de moi. Je ne bouge pas, te laisse faire.

« Mais... Pourquoi tu ne m'en a jamais parlé ?

- Tu ne m'a jamais parlé de ton frère.

- A l'époque il ne faisait quasiment rien. Ce n'est pas comme maintenant. Et... J'ai honte. Honte de ne pas être assez fort pour l'en empêcher.

- Moi aussi j'avais honte, justement. Puis, il y a deux ans, je me suis réveillé. En troisième. J'ai compris que j'étais le seul qui pouvait nous sauver, moi et ma mère.

- Comment vous allez, à présent...?

- Beaucoup mieux. Ma mère a du mal à s'en sortir, mais à présent, c'est derrière moi. Bien que parfois... J'y repense... »

  Mes poings se serrent. Avec douceur tu les prend dans tes mains, me sourit toujours de cet adorable sourire dont je suis dingue. Celui dont je rêve de m'emparer. De faire mien. Un rire nerveux m'échappe, et en rouvrant les yeux, j'aperçus les tiens. Un sourire énigmatique s'empare cette fois-ci de tes lèvres. Tu lâche mes mains, et te dirige vers le lac. A nouveau dos à moi, je du faire à nouveau face à tes cicatrices et les coups recouvrant ton dos fin, peu musclé.

« En troisième il m'est aussi arrivé quelque chose. J'ai eu beaucoup de mal à m'en remettre. Personne n'est au courant, pas même Norika-chan, Asuto, Goujin qui étaient dans mon équipe, ou Mamoru, et les autres qui sont revenus à Raimon... »

  Je m'approche à pas lent de toi. Ton regard, perdu dans le large, sur le lac, ce sourire étrange, voilé de tristesse, se brise à tes mots.

« Je sortais avec un mec. Le grand amour d'après lui. A 15 ans, bien sûr. Il m'a agressé quand je n'étais plus vraiment libre de mes mouvements.

- Tu avais bu ?

- Pas que. Je fumais à cette époque là. Mais ça n'a duré que le temps que je sortes avec lui. Six mois je dirais ? Enfin bref. J'ai réussi à le fuir avant qu'il me pénètre, en plaquant sa tête contre le mur. Le lendemain je l'ai quitté. Il ne m'a plus approché, et je ne sais comment, personne ne la jamais su. Une semaine plus tard il sortais avec une fille. Je me demande s'il lui a fait subir la même chose. »

  Seul le vent coupait fin au silence qui régnait à nouveau entre nous. De loin je t'écoute parler, m'expliquer comment tu t'en ais sortis. Des images défilent dans ma tête. Je sens mes mains trembler. Les soirs et les nuits où mon père violait ma mère, je te vois à la place d'elle.

  Seulement, ta main prenant la mienne calme instantanément mes tremblements. Tu lève la tête. Nos yeux se perdent dans ceux de l'autre. Je ne peux faire autre chose, que t'admirer, sous la lune, dans le silence de ce champs. Je sais pertinemment que l'alcool doit jouer. Mais lentement, je te vois te mettre sur la pointe des pieds, t'appuyer contre moi. Alors je penche la tête. Nos visage se rapprochent, je sens nos souffles se mélanger à celui de l'autre. Une horrible odeur de bières et d'alcools forts flottent dans l'air, bien que le vent qui nous mène les odeurs de la forêt essaye de les faire partir.

  Seulement, il a fallu que tu perde l'équilibre.

« S-Seiya...!?

- Atsushi...! »

  Mon bras autour de ta taille, tes mains qui attrapent mon t-shirt, et nous deux qui tombons dans l'eau. D'une même voix on ne peut s'empêcher de crier de surprise, l'eau gelée nous trempe jusqu'aux os. Mais des rires nous échappent, la situation est tellement ridicule. J'ouvre les yeux après m'être redressé, et te vois assis dans l'eau, juste entre mes bras, mes mains appuyées au sol juste à côté de tes hanches.

  Dérangé de tes mèches de cheveux, tu les plaques en arrière, dévoilant ton visage fin, ta mâchoire un peu carrée, tes cernes et tes grains de beautés, ceux dont je ne me lasse jamais. Tu relève la tête, riant légèrement, puis te stoppe en croisant mon regard.

  Qui sait combien de temps s'est écoulé une énième fois. Ça a toujours été la même chose entre nous, depuis cette nuit blanche où nous avons appris à nous connaître. Dès que l'on se regarde, impossible de décrocher le regard de l'autre. Tu me l'a dis, un soir de mélancolie, sous la pluie, lors d'un stage du club l'an passé.

  Inconsciemment ou consciemment, nos visages se sont à nouveau rapprochés. Mon esprit encore semblable à du coton, je ne contrôlais plus mes gestes, et toi nous plus. Nos lèvres se sont frollés, puis se sont scellés. Je n'oublierai jamais ce frisson qui s'est emparé de mon corps, soit à cause du tien qui se colle au mien, soit par le vent nocturne sur nos corps trempés. Quoiqu'il en soit on ne s'est pas arrêtés.

  On se quittait pour mieux se retrouver. Mes bras ont à nouveau entourés ta taille, la serrant doucement, de façon protectrice. Tu t'es redressé pour t'asseoir sur mes jambes, l'une de tes mains dans ma nuque, l'autre dans mes cheveux. Des lèvres qui se mouvent, deux langues qui se cherchent, des mains découvrant l'autre. Le manque d'air nous forçait à se séparer de l'autre, et dans ces moments là, de quelques secondes seulement, nous prenions le temps de nous regarder, nous parler, en silence, d'un regard, les joues rouges. Toujours gelés et trempés, je sentais pourtant la température augmenter.

« Je t'aime. » As-tu murmuré tout bas. « Je t'aime au point d'être terrifié et de m'en vouloir. » As-tu bredouiller, les larmes naissantes.

« Pourquoi ? » Nous ne faisions que murmurer, préférant profiter du silence nocturne de la nature, le vent sifflant aux oreilles, l'écoulement de l'eau dans le lac.

« J'ai peur d'êtreun poids. De te faire souffrir plus tard.

- L'amour n'est jamais simple. Ce sera toujours douloureux. Mais jamais je ne te considérerai comme un poids.

- Tu en es sûr ?

- Tu es parfois incontrôlable, impulsif et violent au possible, trop renfermé avec tes problèmes, gamins, insuportable...

- Seiya... As-tu grogné, rentrant ta tête dans tes épaules, enfantin comme tu es.

- Mais c'est justement ça que j'aime chez toi. C'est aussi ces côtés là qui m'ont fait tomber amoureux... Amoureux de toi. »

  Un sourire s'empare de ton visage. Un rire m'échappe à nouveau, bien vite interrompu par un énième baiser. Un nouveau jeu de regards, on se lève en silence, tu attrape ma main et fonce hors de l'eau. La température est loin d'être redescendue. Sur le chemin j'attrape ton t-shirt sale et mouillé, tandis que tu me presse de marcher plus vite. Comment ne pas te résister ?

  Une fois à nouveau à la fête, j'ai le temps d'apercevoir que beaucoup sont raides morts, endormis, mais d'autres tiennent toujours. Sur l'une des tables à côté de la porte fenêtre que nous traversons, j'aperçois les regards curieux d'Ame et Ryouhei, qui contrairement à nous ont su mieux doser les boissons, et je pu aussi entendre le fou rire de Hiroto et les railleries de Terumi. En entrant on bouscule certains qui se plaignent d'être mouillés par notre faute. Mais comme tu aimes le dire : j'en ais rien à foutre.

  La seconde d'après, à l'étage, tu t'attaque à nouveau à mes lèvres, tandis que je te rattrape et t'allonge sur le lit. La poignée de petits paquets colorés que tu tiens dans la main me fait rire. Tu rougis, puis souris à nouveau.

« Tu penses qu'onva trop vite ?

- Absolument.

- C'est déraisonnable ?

- Totalement. Mais est-ce que t'a vraiment envie d'arrêter à cause de ça ?

- J'ai une tête à vouloir arrêter au moins ? Je te veux Seiya, si tu ne l'as toujours pas compris.

- Je te désire aussi. Tu n'imagine pas à quel point. »

  Tu lâche ta poignée, pour passer tes mains sous mon haut mouillé et collé à ma peau. Retirer nos vêtements est loin d'être simple, mais qu'est-ce qu'on en ris.
  Des caresses, des baisers, des chuchotements, des frissons, des je t'aime, des gémissements, des griffures. Des gestes et des bruits qui ont bordés une bonne partie de la nuit.

  Au réveil, un mal de crâne est le premier à me dire bonjour, me faisant grogner. Puis mes yeux se posent sur la boule de chaleur qui me serre, presque désespérément. Une touffe de cheveux bleu apparaît dans mon champs de vision, puis une épaule meurtrie. Atsushi relève la tête, dévoilant une bouille endormi, et un cou recouvert de nos ébats. Malgré mon corps et mon crane lourd dû à ce que j'ai bu, ce sentiment de plénitude ne m'a toujours pas quitté. En jetant un coup d'œil au sol, j'aperçois nos vêtements et les préservatifs qu'il a volé dans le panier de Afuro. Je ricane, puis reprend Atsushi contre moi. Je n'ai jamais été aussi déraisonnable, mais cette nuit fut la meilleure chose que je pouvais faire.







†††

plus de 4800 mots. 4800 putains de mots. ah j'me suis lâché.

bon, cette histoire courte sur eux est finie. J'me voyais pas faire une archi longue histoire sur un xoc, mais il se pourrait que je réécrive à nouveau sur eux, car c'est un pairing que j'adore (et non, ce n'est pas parce que c'est seiya et un de mes ocs, c'est pour leur relation que je trouve complémentaire loul (comme le nishsiendou)).

je réécrirai peut-être sur atsu pour mieux détailler et dévoiler ce qu'il se passe dans sa tête.

quoiqu'il en soit, merci d'avoir lu. ✨

(que pensez-vous de mon Seiya saoul ?)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top