II.
Je ne t'ai pas toujours aimé, et c'était clairement réciproque. Cependant aujourd'hui, trois ans après le Football Frontier et le mondial où l'on s'est rencontré, je me retrouve dans ton jardin, a essayer de récupérer le jouet de Neptune, ton Shiba. Qui aurait cru que l'on deviendrai autant amis ? Assis sur ta balançoire, pas loin, tu donne encore nombre de papouilles à Balto. Je ne peux pas m'empêcher de te regarder rire, d'admirer ton sourire, et de me perdre dans ton regard si pâle et si clair, comme ta peau.
Je ne me lasse jamais de cette rage de vivre qu'il y a dans tes yeux. De cette lueur qui est apparue pendant le mondial. J'adore voir ton regard malicieux, ton sourire de défis, ta mine de gamin. Tu es bien différent du Atsushi du collège, je peux te l'assurer. Même si tu ne fais que le nier.
Finalement je laisse Neptune jouer seule – de toute façon elle ne rend jamais le jouet – et vins m'asseoir à côté de toi sur la seconde balançoire. Balto est assis entre tes jambes, et ta tête est posée sur la sienne qui se trouve sur tes cuisses. Tes yeux sont fermés. Je ne me vois pas te forcer à te réveiller, alors je te laisse somnoler sur ton chien, et j'en profite pour une énième fois détailler ton visage. Tes longs cils, ces trois grains de beautés, semblables à une petite constellation, et tes cernes. C'est fou, elles sont encore là. Semblables à celles que tu avais quand on avait treize ans. Elles sont mêmes pires à présent. Et tu refuse de consulter quelqu'un pour régler ce problème. Ton excuse est toujours la même.
« j'ai peur qu'ils me donnent des médocs à prendre. ».
A chaque fois, j'ai un mauvais pressentiment, lorsque tu dis ça.
Un soupire s'échappe de mes lèvres. Je me sens impuissant lorsque je te vois ainsi. Lorsque je vois ton air épuisé. Ton corps recouvert de blessures. Et tes yeux gonflés par des larmes que tu refuse de dévoiler et d'admettre. Il est logique de vouloir protéger la personne que l'on aime. Mais dans mon cas il m'est impossible d'être là pour toi. Car tu ne parviens toujours pas à m'expliquer le problème. Car tu préfère te débrouiller toi même, au risque de te détruire. Et je n'en peux plus de me faire des films sur ce que tu subis. Sur qui te fait ça. Après tout ta mère est dans un autre continent jusqu'à cet été, et ton frère n'est jamais là. Je refuse de me dire que tu es toi même l'auteur de tes coups. C'est toi qui aurait éclaté le vase qui se trouvait encore sur ton bar, il y a trois jours ?
En relevant la tête, je vis que le soleil commençait à se teinter d'orange. Il est l'heure pour moi de rentrer. Comme toujours, je passe ma main dans ta chevelure emmêlée ; instantanément tu rouvres les yeux, mais lentement, et non dans un sursaut lorsque d'autres te touchent ou entrent dans ton espace personnel. Cela me fit sourire. En particulier lorsque que, comme l'enfant que tu es, tu te frotte le coin de l'oeil en regardant autour de toi, pour te rappeler où est-ce que tu te trouve.
« Tu t'en va déjà ? »
déjà. J'ai vite compris que tu déteste être seul chez toi. Tout le monde détesterait se retrouver seul dans ta grande maison. Même ces asociales de Ryouhei et Kira je pense.
« 'Faut bien qu je rentre chez moi Atsu', mes parents me tueraient si je rentre trop tard.
- Ahah, t'as pas tord. J'te raccompagne. »
Balto chouine un peu lorsque tu te lève, mais est vite rejoint par Neptune qui s'allonge sur lui. Nous rions de tes deux chiens, puis allons à ton portail. Parfois je jette un coup d'œil sur ton jardin. C'est fou comme tu parviens à l'entretenir seul. Ça m'impressionnera toujours. Tu vis seul, toi qui déteste la solitude, et ta maison et ton jardin sont impeccables.
« A demain Seiya.
- A demain Atsu'. Et n'oublie pas de recopier le cours de maths'.
- Oui, oui... »
Tu détourne le regard, au souvenir de ton petit somme pendant le cours de maths. De toute façon tu dors à chaque cours. Ça fait rire tout le monde à force, même si nos profs sont plutôt désespérés de leur côté.
On se salue de la main, tu retourne dans ton jardin, je prend le chemin du tram, pour retourner au centre-ville, où se trouve mon appartement. A cette heure-ci le tram n'est pas bruyant, mais bondé de monde. Un soupire m'échappe bien malgré moi, c'est toujours la même chose. J'aurai du profiter du beau temps pour rentrer à pieds tiens.
Une petite sonnerie provenant de la poche de mon uniforme me fit rouvrir les yeux. Je le sors difficilement de ma poche, obligé de jouer du coude pour le monter jusqu'à mon visage. Simplement quelques messages du groupe WhatsApp du club de foot. Kira qui annonce qu'il fait une soirée ce week-end avec les jeunes de l'orphelinat dans leur maison à l'écart de la ville. A côté d'un champs et d'un forêt qui n'appartiennent à personne, et les domestiques, ni sa sœur, ni son père ne seront là. Et Kiyama qui arrive dans les messages pour lui rappeler qu'il ne devrait pas... Puis Nagumo qui se met du côté de Kira... Ils me fatiguent.
La notification de Nosaka me fit sursauter. Tout comme l'arrêt brusque du tram à mon arrêt. J'en profite pour descendre, tout en cliquant sur son message. Il n'a beau ne pas être dans le groupe, je suppose qu'Inamori a du le mettre au courant pour qu'il vienne à la soirée, comme il est dans notre ville.
Nosaka :
Tu comptes venir à cette énième soirée de Kira ? [18h57]
Je sens son sourire à travers l'écran. Les soirées de Kira sont un moyen pour Nosaka de s'amuser à récupérer des ''dossiers'' comme il les appelle. Je n'ai toujours pas oublié cette soirée où il a filmé Kira et Atsushi totalement bourrés, qui essayaient de jouer à Just Dance, et qui ont faillis se déshabiller comme ils avaient chauds. Ils me désespèrent toujours autant, même Atsushi. Au final ils ont finis torse-nus, comme Afuro les encourageaient un peu trop à mon goût, et grâce à l'alcool, tous faisaient abstraction des blessures du bleu.
Vous :
Je suppose oui ? Toi et Hikaru aussi ?
[18h58]
N
osaka :
Je suis prévisible ;)
Mais Hikaru-kun veut savoir si tu viendras, sinon il refuse de venir.. Je me demande pourquoi.
[18h58]
Vous :
Bien évidemment. Je pense venir, oui, et puis dis à Hikaru qu'Ôtani viendra.
[
18h59.]
Il me lâche un vu, signe que la conversation se finit là. Au moment où je range mon téléphone dans mon sac, je suis juste devant la boulangerie se trouvant en bas de mon immeuble. Un regard aux pâtisseries exposées à la vitre, un au balcon de mon appartement qui se trouve au troisième étage. Je soupire. Avec son état de ce matin, ça lui fera plaisir.
En rentrant, il y a un son de piano en fond, signe qu'elle est là. Le chat du voisin qui passe ses journées chez nous vint miauler à mon pied, et se frotte à ma jambe, laissant quelque poils sur le pantalon brun de mon uniforme. Je soupire, et me baisse pour pouvoir câliner le chat roux qui ronronne automatiquement, avant d'entendre un bruit et de fuir dans le salon. Je retire mes chaussures, pose mes clefs dans le bol en forme de coquillage qui sert de décoration, et me dirige dans la salon lumineux grâce au balcon ouvert.
Ma mère, face à moi, allongée dans le canapé, et penchée dans un livre, un roman plutôt énorme qui me fait froncer les sourcils. Vu sa taille, je ne peux qu'avoir une pensée pour Atsushi qui se serait jeté dessus.
Le chat installé sur son ventre miaule une nouvelle fois, ce qui fit relever la tête de ma mère. Sa chevelure platine tombe sur la moitié de son visage, et comme toujours, elle glisse quelques mèches derrière son oreille, percée et ''habillée'' de boucle d'oreilles simple, argentés. Un sourire illumine son visage pâle au moment où elle me vit, me faisant à mon tour sourire légèrement.
« Salut maman. Je t'ai acheté ça. »
Ma mère sourit un peu plus, et se redressa sur le canapé après avoir fermé son livre. Je pose la pâtisserie que je lui ais prise sur la table basse noire en verre, puis me laisse tomber dans le fauteuil à côté du canapé, laissant le chat littéralement se jeter sur mes cuisses.
« Merci mon chéri... Comment était ta journée ?
- Comme toujours, bruyante et assez fatigante.
- Et ta petite cession de révision avec Atsushi ?
- Plutôt bien, on avait pas grand choses ce soir.
- Pourtant tu es rentré à la même heure que d'habitude, et pas plus tôt. Tu as encore joué avec Neptune et Balto ?
- Maman... Un soupire m'échappe, à la vu de son petit sourire taquin.
- Je rigole, je sais que tu aimes bien passer du temps avec lui. »
Un nouveau soupire m'échappe, tandis que mes joues se chauffent, faisant rire ma mère. Je ne supporte pas le fait qu'elle sache autant lire en moi parfois... Et dire qu'elle sait aussi qu'avant je ne le supportais pas. Repenser à l'époque du collège me fait grogner, et la patte du chat sur mes jambes qui se pose sur mon torse parvient à me calmer. Comme chaque soir après les cours c'est la même chose, nous discutons de tout et de rien devant la télé, en jouant avec le chat du voisin. Il y encore deux ans, je n'aurai jamais pensé qu'une telle chose pourrait arriver, une fin d'après-midi qui se déroule dans une douce ambiance, tranquillement.
En jetant un coup d'œil aux murs du salon blanc et vert pastel, je regarde les différents cadres photos, les tableaux qu'elle reçoit, et quelques décorations envoyées par des nièces et neveux. Il y a encore deux ans, ces murs n'étaient pas les nôtres. Et en y repensant, je ne peux m'empêcher de repenser aux anciens ; gris, le papier peint déchiré par endroit, sale par autre, des cadres inexistants à cette époque, d'horribles odeurs de déchets, de vaisselles non faites, d'alcools, de sexe et de sang.
Les cris à mes oreilles résonnent encore parfois. Les pleurs aussi. Les grincements de lit, les coups sur ma peau, et le verre des bouteilles qui se brisent au sol. Je sais que je ne dois surtout pas y penser, mais à chaque fois la vision de son poing en sang revint devant mes yeux.
La sonnerie de l'appartement retentit, me faisant rouvrir les yeux. Ma mère à côté a sursauté, à nouveau plongée dans son livre. Elle est correctrice, c'est son travail. Et pour ses yeux, elle demande toujours une version papier simple.
« Ça doit être le voisin. » dis-je en me levant, portant le chat dans mes bras, qui préfère s'installer sur mes épaules.
En ouvrant la porte, je vis justement ledit voisin, qui ne retint pas son habituel rire sympathique en voyant son chat sur mes épaules. Je me baisse un peu pour lui permettre de récupérer son chat, qui miaule gaiement avant de se blottir contre son maître ; un vieil homme d'une soixante-dizaines d'années aux cheveux blancs encore un peu présents malgré sa calvitie. Ce sont des voisins agréables qui, dès notre arrivée il y a deux ans, ont été tout de suite d'un soutien.
« Tu as grandis j'ai l'impression mon p'tit Nishikage !
- Pas vraiment, je fais toujours les un mètre quatre-vingt treize d'il y a six mois.
- C'est grand justement ! A mon époque la moyenne des hommes était d'un mètre quatre-vingt tout au plus ! Rit-il, tout en me donnant deux coups affectifs sur le bras. Prend bien soin de toi et ta mère, et merci de garder mon chat la journée.
- C'est plutôt lui qui vient, répondis-je tout en hochant la tête, mais c'est toujours un plaisir. Bonne journée monsieur. »
Il me salue de la main puis rentre chez lui. Une fois de retour dans le salon, j'entends des bruits dans la cuisine. Un coup d'œil à l'horloge, et je vois l'heure tardive. On ne mange jamais si tard d'habitude...
« Maman, pourquoi tu ne m'as pas réveillé ? Tu déteste manger tard.
- Oui, mais tu semblais bien dormir, et puis le soleil n'est pas encore couché...
- C'est pas une raison, je te l'ai déjà dis.
- Tu as pourtant l'air épuisé ces derniers temps. Tu es sûr que ça va ? Tu sais que tu peux tout me dire. »
Je ne peux pas lui répondre cette fois-ci. Comment lui expliquer que je ne cesse de m'en faire pour Atsushi, par rapport à ses blessures, ses insomnies, les quelques heures qu'il sèche le matin ? Ces derniers temps, son état se dégrade de plus en plus, ça arrive de temps à autres. Il est pâle, plus cerné que d'habitude, les cheveux parfois sales, lui qui déteste ça, et mange moins. Pourtant, il continue de rire, de sourire. Son jeu sur le terrain est toujours précis, bien qu'un peu brutal par moment. Il a beau me dire de ne pas m'inquiéter, il me rappelle l'époque du collège. Époque que je cherche absolument à oublier.
D'un geste las de la main, je rassure ma mère, puis m'en vais dans ma chambre après avoir repris mon sac. Une fois dans celle-ci, je change rapidement l'uniforme du lycée pour un simple jogging et un t-shirt, et me laisse tomber sur le lit. Un silence plat s'installe, et me fait à nouveau fermer les yeux. Les seuls moments calmes de la journée sont chez moi, et chez Atsushi lorsque nous faisons nos devoirs. Notre classe est bruyante et insupportable au possible, au point que j'ai mit le groupe de la classe en muet ; je ne parlerai pas des couloirs ou de la cantine ; et encore moins du club, bien que ce lieu est mon préféré du lycée. En même temps, il y a beaucoup de mes anciens coéquipiers du mondial, ce n'est pas très étonnant.
Je me retourne dans mon lit, et fait face aux deux cadres photos posés sur mon bureau, côte à côte. Je me redresse, et me laisse tomber sur ma chaise, pour ensuite regarder les deux cadres. Une photo du mondial, après que nous ayons gagné celui-ci, et la seconde de mon ancienne équipe Outei Tsukinomiya. Un sourire étire mes lèvres. Sur le mur sont accrochées quelques photos prisent au collège, l'an dernier et cette année. Souvent par les autres, ils en impriment en quantité, et me forcent presque à les accepter. Au moins, ça décore la chambre, comme aime le dire ma mère.
Un soupir las résonne dans ma chambre, au moment où je me laisse tomber en arrière sur ma chaise, pour regarder le plafond. Bien que ces photos donnent l'impression que le collège était une bonne partie de ma vie, elles ne représentent en réalité que certains moments magiques.
Instinctivement ou non, je cache mon visage de mes mains, la douleur faisant soudainement irruption dans mon esprit. Les insultes et les cris. Je me souviens aussi du dos de Nosaka en feux que je tentait d'éteindre avec ma veste. Voir le feu, même une simple flamme me terrifie depuis. Les cours à Outei Tsukinomiya, ces horribles moments à devoir supporter un casque inconfortable qui nous bombarde d'informations.
Seule une chose revient, et parvient à me calmer. Ces yeux gris, cependant tiraillés par des larmes et de la fatigue, à contre jour, révélant pourtant des rêves, des espoirs, bien que brisé. Il a été le premier qui a commencé à me redonner espoir. J'ai l'impression que sans lui, jamais je n'aurai pu m'extirper avec ma mère de cet enfer, de cette torture quasiment quotidienne et habituelle avec le temps.
†††
kuku, juste un petit mot pour me dire ce que vous pensez du point de vu de seiya. j'ai jamais écris sur lui, et comme il n'est pas énormément à l'écran, le cerner pour écrire sur lui n'est pas le plus simple, donc s'il y a quelque chose qui ne va pas, dites le moi ! j'ai un peu peur de l'avoir ooc ahah (la phobie de tout écrivain sur un fandom avec son perso fav' lol)
des bisous tout doux dans vos cheveux.
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