5- DANS LES CANALISATIONS

|ROZ's POV|

Ça faisait longtemps qu'on marchait. Thomas, Sarah et moi dans des canalisations. Le groupe s'était scindé en trois : Jorge, Teresa et Aris ; Beth, Minho, Newt et Frypan ; et nous trois. Si j'avais rechigné à laisser Beth dans un autre groupe, j'avais dû accepter. J'avais confiance en elle, et je savais que les garçons la protégerait. Ou qu'elle protégerait les garçons.

-Personne ne parle, soupira Sarah. C'est décevant.

-Si on parle, on fait du bruit, si on fait du bruit, on nous entend et si on nous entend, on peut nous retrouver, rappelai-je pour la énième fois, d'un ton monotone.

-Et tu as osé surnommer les mindières «casse-cocos», rit Sarah. Tu es bien plus rabat-joie qu'on ne l'était !

Je ricanai en lui ébouriffant les cheveux. Thomas marchait en silence, nous observant parfois sans bruit.

Puis soudain il se tourna brusquement vers nous, les sens en alerte.

-Vous avez entendu ça ? lança-t-il sur le qui-vive.

-Quoi ? Un gars qui se prend pour un agent secret ? ironisai-je.

Sarah me planta son coude dans les côtes pour me faire taire. Le silence régnait. Jusqu'à ce qu'un bruit étrange parvint à nos oreilles. J'échangeai un regard du type "qu'est-ce-que-c'est-que-cette-merde-encore" avec Sarah.
Les secondes s'écoulaient terriblement lentement. Des bruits de pieds pataugeant dans la boue nous parvinrent. Ainsi que les rires déments de ce qui semblait être un enfant.

-On fait quoi ? articulai-je silencieusement.

On n'avait aucune arme avec nous si ce n'était la brique que venait de prendre Thomas.

On avançait le plus discrètement possible vers la source du bruit. Derrière un tournant, une silhouette se fit voir.

-Mon dieu, murmurai-je avec une grimace de dégoût.

Le spectacle qui s'offrait était désolant. C'était un enfant, atteint par la Braise, le corps mutilé et les cheveux arrachés par endroits. On ne le voyait que de dos mais c'était déjà horrible. Il... Elle pataugeait dans le mélange de déjections et d'eau sale des canalisations, en riant de ce rire atroce.

-On devrait y aller, chuchota Thomas.

Mais quand je reculai, mon pied heurta un tuyau qui emit un grincement terriblement bruyant avant de se rompre. La petite fille s'immobilisa, tel un serpent prêt à bondir sur sa proie.

Puis avec une vivacité que seule la folie de cette maladie pouvait lui procurer, elle se jeta dans notre direction, s'érafflant la peau sur les murs rugueux.

-COURREZ ! criai-je à pleins poumons.

Sans plus se préoccuper de ne pas mettre les pieds dans l'eau, on courrut aussi vite qu'on le put. Sarah, désavantagée puisqu'elle n'avais jamais eu l'occasion de courir beaucoup à cause de son métier de mindière, était derrière moi.

En me retournant, un cri d'effroi se bloqua dans ma gorge. L'enfant fondu allait se jeter sur Sarah. N'écoutant que mon courage et l'amitié infaillible qui nous liait, je plongeai et percutai de plein fouet, non mon amie, mais bel et bien la petite fille qui poussa un rugissement à glacer le sang. Je roulai en sol, surprise par sa force démentielle.

-PUTAIN MAIS QU'EST-CE QUE C'EST QUE ÇA ?! hurlai-je d'horreur en voyant du sang noir couler de là où aurait dû se trouver son œil gauche.

Je retins un haut-le-cœur quand elle ouvrit sa bouche, découvrant un désastre buccal.

-Dégage de là ! grognai-je en envoyant valser le corps de la fondue.

Loin d'abandonner, elle tenta de nouveau sa chance sur moi. La première chose qui me vint à l'esprit fut de lui décocher une bonne droite.

Son cou fit un bruit bizarre et elle tomba au sol, prise de spasmes. Je m'écartai lentement, le cœur battant.
Quand la petite se releva, en un éclair Thomas brandit sa brique pour l'assommer. Soudain un cri déchirant fusa dans les tunnels :

-NON NE LUI FAITES PAS DE MAL !

Une silhouette féminine accourut et attrapa le visage de l'enfant fondu, cachant de sa main son unique œil.

-S'il vous plait elle est la dernière chose que j'ai...

Cette voix me semblait si familière et si inconnue à la fois... Quand la femme fit un pas vers nous, sortant de l'ombre, Sarah étouffa un hoquet de surprise.

Je n'étais pas moins stupéfaite, mais un sentiment plus féroce me poussait à lui arracher le cœur maintenant.

-Annabelle, lançai. Tiens donc. On dirait presque que même la mort ne veut pas de toi.

Elle releva la tête vers moi. Oui. C'était Annabelle.

Et Dieu seul savait comment elle était encore en vie.

|SARAH's POV|

La lèvre tremblotante, les genoux flageolants. Je restai figée d'incompréhension alors que Roz paraissait complètement stoïque.
Annabelle était bel et bien vivante après des mois à la considérer comme morte.

La première des réactions aurait sûrement été de l'interroger sur le pourquoi du comment mais je n'en fis rien.
À la place, un sentiment profond de dégoût prit possession de tout mon corps et je lui adressai la plus mauvaise des grimaces.

Elle s'était comportée comme une traîtresse envers la seule famille qui lui restait et en était allée jusqu'à ôter la vie à plusieurs d'entres nous.

Plus mes yeux parcouraient la sombre brune, plus je pouvais sentir la rage me gagner.
Ma cage thoracique se soulevant à un rythme anormalement rapide, je me contentai d'un geste ferme lorsque Thomas, complètement éperdu, demanda une explication quant à la situation.

- T'aurais pas un truc à nous dire par le plus grand des hasards ? S'enquit Roz en croisant nonchalamment les bras contre sa poitrine, son pied tapant furieusement contre le sol.

L'ignorant royalement, Annabelle brandit de son sac un jeu de chaînes en métal de plusieurs mètres qu'elle déroula contre le sol crasseux des égouts d'un geste étonnamment connaisseur, comme si elle avait déjà eu l'occasion de s'en servir.

Et c'est uniquement lorsque elle eut finit d'attacher solidement son protégé qu'elle daigna nous honorer de sa parole :

- J'ai rien à vous dire, et encore moins à toi Rosa. Posa t-elle d'une voix basse mais je n'eus aucun mal à l'entendre malgré les cris rauques de l'enfant, tout comme Roz qui serra des poings pour s'empêcher de commettre l'irréparable.

L'ancienne bâtisseuse s'empara de son sac, veillant une dernière fois à ce que les liens ne puissent céder sous aucun prétexte.
Puis, elle fit volte face et commença à esquisser ses premiers pas.

À cet instant précis, l'envie de commettre un meurtre me prit et je fermai les yeux un court instant.
Malgré tout ses antécédents, Annabelle semblait s'être familiarisée avec les lieus, contrairement à nous ; elle était peut-être notre seule chance d'en savoir plus sur ce mystérieux Bras Droit et par extension, notre seule chance de pouvoir survivre.
Je me doutais que cette éventualité risquait de déplaire fortement à ma meilleure amie mais ma priorité restait de tous nous sauver de ce merdier.

- Bella, appelai-je alors que je recevais le regard complètement outré de Roz.

Ce risque eut le don de m'offrir la réaction attendue puisque la jeune femme se figea à l'entente de cette appellation, s'immobilisant brusquement.

S'en suivit un silence de plomb.
Les regards dépassés de la Capitaine ne cessaient pas, devenant de plus en plus insistants.
Derrière, Thomas s'était retiré et s'activait à faire fonctionner un talkie-walkie que chaque membre du groupe avait reçu afin de signaler le moindre souci.
Puis enfin Annabelle qui n'avait pas remué d'un seul petit mètre. Malgré le fait qu'elle était de dos, je pouvais aisément remarquer l'une de ses mains trembler, sûrement submergée par de douloureux souvenirs.

Roz, qui n'était pas dupe, commença à comprendre doucement le fruit de mes intentions alors que son regard s'adoucissait.

- Tu te souviens de ta première journée en tant que bâtisseuse ? Tu t'étais égratignée le genoux ; puis tu étais allée voir Martina pour lui demander si t'allais mourir.
Je me souviens t'avoir ris au nez, puis pendant plus d'une semaine tu m'as détesté. Fis-je, un vent de nostalgie soufflant sur mon visage.

- Arrête, arrête ! Se défendit la fille à la chevelure de jais en plaquant ses mains sur ses oreilles.

Étrangement, la créature malade aux côtés de la jeune fille avait stoppé tout cri, tendant simplement les bras vers sa protectrice.
Cette dernière, les genoux à présent à terre, s'autorisait quelques sanglots étouffés.

Roz, Thomas et moi-même échangeâmes un regard dur. Il avait été question de pincer la corde sensible pour obtenir le bon accord pour que la mélodie puisse être parfaite.

- Je voulais pas, je voulais pas...Non, je voulais pas...

La jeune rebelle coula jusqu'à nous des yeux rouges et bouffis en raison des nombreux pleurs qu'elle n'avait pu retenir plus longtemps.

J'offris à mon amie mon regard des plus peiné et elle hocha négativement la tête, m'interdisant de prendre pitié pour celle qui avait tué une dizaine de nos sœurs, ajoutant que ma gentillesse me perdrait.

- Qu'est ce que vous voulez ?

Le Coureur trouva là une occasion de se manifester et surgit de derrière mes épaules.

- Sarah pense que tu peux nous aider à trouver le Bras Droit.

- Et aussi savoir pourquoi t'as pas crevé comme t'aurais du le faire y'a-

Nos regards assassins empêchèrent la jolie brune d'aboutir à une phrase concrète.

Pendant le temps d'une seconde je crus voir le coin de la bouche de l'évadée se convulser en un rictus mais cette image disparut aussitôt.

- Je sais p'têtre quelque chose.

J'arquai un sourcil, curieuse.

- Mais faudra y mettre le prix.

- Comme quand on était au camp, toujours à jouer les-

Cette fois ce sont les mains de Thomas qui vinrent se plaquer sans ménagement contre la bouche de la jeune fille, l'emmenant à l'écart.

- Je veux que tu me tues.

- Tu veux que je te tue ?! Répétai-je éberluée.

- Lorsque vous vous êtes échappés, la nuit qui a suivi votre départ des Piqueurs ont attaqué le camp,...'fin le peu qu'il en restait. J'ai réussi à introduire le Labyrinthe grâce à un plan détaillé que j'avais déniché dans la Tower.
Et au bout de plusieurs jours de luttes j'atteignais la Terre Brûlée, j'ai failli y passer, plus d'une fois. Mais quand j'ai aperçu les gigantesques dunes de sable plus rien ne pouvait m'arrêter. J'ai erré pendant plusieurs jours, et quand la seule alternative se présentait comme étant la mort, j'ai atteins un village abandonné ou j'ai eu l'incroyable chance de retrouver quelques survivants. Parmi eux une famille m'a accueilli à bras ouvert. Je me sentais bien chez eux, tout était parfait malgré cette pandémie qui couvrait le monde. C'est là que j'ai découvert W.I.C.K.E.D pour la première fois, Ca faisait des jours entiers qu'ils étaient à ma recherche et j'en savais rien. C'est là que j'ai ouï dire de toute cette histoire d'immunes et je me suis échappée avant même qu'on atteigne leur hangard super craignos.
Mais quand j'suis revenue...ils étaient tous contaminés, alors depuis je suis une fugitive qui tente de survivre d'égouts en égouts pour sauver sa peau, et...la sienne. Termina-t-elle en désignant d'un mouvement de tête le corps infecté de la petite fille qui s'était réfugiée dans des plaintes atroces.

- Si c'est ce que tu veux nous le ferons. Conclus-je parfaitement neutre. Maintenant j'ai besoin que tu honores ta part du marché.

- Le Bras droit ne reste jamais longtemps dans un même endroit, c'est trop dangereux. Les plus chanceux savent qu'il s'est réfugié dans les montagnes mais personne ne sait exactement où il se trouve.
Personne mise à part Marcus.

Plus loin, Roz, sous surveillance du blocard, exprima son impatience avec un galet qu'elle me jeta à la tête, sûrement dans le but d'attirer mon attention, en vain.

- Il possède un bar dans un village de l'Ouest avec les derniers survivants. Il vous donnera sûrement des informations.

J'acquiesçai et rejoignit mes deux compères sans demander mon reste.
Rapidement, je reportai les précieuses informations colportées par Annabelle alors que Thomas s'empressait de joindre Jorge.

- Et comment on sait si c'est pas un vicieux piège de cette vipère ?

- On a pas le choix Roz. La résonnai-je, excédée. Elle veut qu'on la tue.

Sans grande surprise, le visage terne de ma meilleure amie s'illumina soudainement.

- Mais avec grand plaisir !
Passe moi un gun.

- Ça suffit Roz, personne ne le fera, on va lui donner une de nos dague et elle se démmerde.

Elle roula péniblement des yeux et se tourna vers Thomas qui avait réussi à avoir un signal. Malgré les interférences, la voix de Jorge nous parvint de derrière le talkie-walkie.

- Marcus ? C'est une vielle connaissance, dites lui que vous venez de ma part on se rejoint tous là bas !

Un soupir de soulagement m'échappa, tout semblait nous sourire davantage.

- Tout le monde va bien ? Demanda Thomas.

L'homme nous donna un retour affirmatif, précisant en retour qu'il n'avait pas réussi à avoir Brenda.
Je fronçai les sourcils et lui assurai que nous tenterions notre chance de notre côté.
Puis, je sortis une dague d'une de mes poches et la tendit à l'ex Campeuse que je saluai d'un dernier signe de tête.

Sans pour autant me remercier, elle s'empara du petit couteau et le fis tournoyer entre ses doigts.

- Contente de t'avoir revue. Fis-je tandis que Roz lui criait un « pas moi ! », empruntant l'échelle qui menait à la surface.

J'escaladai à mon tour les échelons suivie de Thomas, et bientôt, Annabelle disparaissait de nos champs de vision.

*          *        *

- Qu'est ce que tu fais Roz ?

Je posai mon regard fatigué sur ma meilleure amie qui se défoulait sans retenue sur la radio, la secouant tel un nourrisson secourait son hochet.

- Fais attention ! Pesta Thomas en lui retirant l'objet des mains. C'est le seul moyen qu'on a de communiquer avec les autres.

- En parlant des autres, ils devraient déjà être là.

Nous avions atteint le petit quartier après une dizaine de minutes de marche.
Pour le peu de gens qui occupait la rue, tous se jetaient des regards craintifs les uns les autres.
Leurs mine débraillée et l'apparence des habitations nous donna quelques indices quant aux conditions de vie et je ne pus m'empêcher de penser que tout ces gens avaient été abandonnés par W.I.C.K.E.D.

- Regardez on y est !

Je reportai mon attention sur Le Brun qui pointait l'enseigne que nous avait décrite Anabelle.
Là, un homme nous interpella.

- On cherche un certain Marcus.

L'homme à l'allure suspicieuse porta une énième fois sa pipe à la bouche avant de répondre à Thomas :

- Il est à l'intérieur.

Roz, qui prit ça pour un acquis, commença à s'avancer bien vite stoppée par l'homme qui lui mima un geste signifiant qu'il réclamait quelque chose.

- J'ai pas d'argent sur moi.

L'homme habillé de pourpre pouffa, coinçant le calumet entre ses dents.
Il laissa un filet de fumée s'en échapper et s'empara d'un tube dont le contenu restait une liqueur douteuse dans les tons verdâtres.

Il nous fit comprendre que la clé d'entrée se résumait à avaler le liquide et nous nous échangeâmes un regard hésitant.

Éternelle téméraire, Roz prit le récipient que lui tendait l'inconnu et en prit sans hésiter une microseconde une gorgée. Gorgée qu'elle recracha immédiatement au sol.

- Ce truc a le goût de pisse !

Le prochain fut Thomas qui, malgré une réaction plus "civilisée" grimaça de dégoût, la ponctuant par un énorme juron.

Il me passa ensuite le liquide et je pus sentir une forte odeur inconnue s'en dégager.
Méfiante, j'humai discrètement le tube et plissai des yeux. Il y avait anguille sous roche.
Mais, je pris le peu de courage que j'avais entre mes mains puis gobai une première gorgée.

Je toussotai violemment lorsque un arrière-goût prononcé me détruisit les papilles et réprimai une envie de vomir.

Satisfait, l'individu écarta les rideaux de ce qui paraissait davantage être une boite qu'un vulgaire bar.
Thomas fut le premier à accéder à l'endroit bondé et nous le suivîmes de près.

Il nous proposa de se séparer pour plus d'efficacité et il opta pour la gauche tandis que je prenais la direction opposée accompagnée de ma fidèle alliée.
La pièce tout entière était baignée d'une musique à l'aspect hypnotique et je me sentis faiblir. Ignorant cet écart, je me frayai un chemin à travers la horde de gens à moitié drogués après m'avoir assuré que Roz suivait le pas.

Une horrible migraine me frappa de plein fouet et ma vue ne tarda pas à se brouiller.
La sensation de vertige suivit et je sentis mes jambes s'alourdir considérablement. Je vacillai sous cette sensation et rencontrai subitement le sol.

- Roz...

- On va tous mourir, et ce sera uniquement de ta faute.
Bonne à rien, bonne à rien.

Bonne à rien.
Cet assemblage de mot résonnait dans mon esprit comme un écho sans fin.

Bonne à rien.

J'étais toujours à l'intérieur de cet étouffant bar, mais cette fois Roz ne me secondait pas.
En revanche je pouvais distinctement voir la silhouette de Newt se dessiner juste devant moi.
Il me répétait ces mots à n'en plus finir et regardait d'un sourire mauvais mon corps épuisée tenter désespérément de se relever.
Puis plus rien.
Rien.
Juste ces trois mots.

*      *      *

- Sarah ! Sarah lève toi.

Plissant des yeux, je consentis à obéir à cette voix brusque et sans douceur, celle de Roz en l'occurrence.
Encore légèrement dans les vapes, je me redressai avec difficulté sur un coude pour observer les lieus.
L'immonde bar n'était plus et une décoration de type rustique m'entourait désormais. La pièce était chaleureuse et d'une luminosité presque louche.

- C'est pas trop tôt, j'ai bien cru que t'étais morte.

Je roulai des yeux et adressai un faux sourire à l'hardie jeune fille.

- On a été drogué c'est ça ?

- Et en beauté je dois dire. Soupira-t-elle. Ce gars là s'est bien foutu de notre gueule puisque c'était lui Marcus.

Je poussai un grognement et me laissai choir de nouveau contre mon oreiller.

- Sarah ?...Ca peut paraître dingue mais j'ai vu quelque chose ou plutôt...quelqu'un pendant que je délirais.

Je pivotai la tête vers son lit, l'invitant à m'en dire plus.

- J'ai vu l'Asiatique, il me parlait.

Je tiquai, me remémorant parfaitement mon rêve plus que brumeux.

- C'est simplement ton psychique qui développe une réaction étrangère à la drogue. Mais le fait que tu l'aies vu lui plutôt qu'un autre a forcément des significations. Lui expliquai-je alors que paradoxalement, je tentais de me prouver le contraire.

- Sarah je peux te dire un truc ? Dit Roz, les yeux toujours rivés sur le plafond.

J'acquiesçai doucement.

- J'ai arrêté de t'écouter après "psychique".

Je soufflai un bon coup et envoya valser mon oreiller contre sa tête mais je me figeai à sa question

- Et toi t'as vu quoi ?

La réponse "Anabelle" ne sembla pas la convaincre.

- Alors maintenant Anabelle est un beau blond aux yeux bruns et à la mine angélique, ouuui évidemment. Exagera t-elle en esquissant de grands gestes.

- Où sont les autres ? Détournai-je habilement sentant le périmètre devenir trop dangereux.

Le craquement sonore de ce que je devinai être un nez m'abstint de toute réponse et nous nous précipitâmes vers la pièce qui reliait la chambre pour tomber nez à nez avec Eather qui torturait à coups de poings ledit Marcus. Tout autour d'elle se dressait tout le petit groupe -y compris Thomas- et je ne tardai pas à les rejoindre tandis que la Roz des canalisations refaisait surface.

- Eh Eath', Laisse moi le relai.

Brandissant une fourchette de nulle part, elle s'accroupit au niveau du vieil aigrefin avec un air menaçant.

-Parle, ordonna-t-elle.

Il commença à rire avant qu'elle ne vienne lui planter violemment l'outil à trois dents dans les parties intimes.
La pauvre victime écarquilla des yeux ronds sous le coup de la douleur et finit par pousser une gigantesque plainte qui fit frémir Beth.

Derrière, les garçons, choqués s'échangeaient des regards complètement sidérés mis à part Minho qui laissa échapper un doux "cette meuf est complètement attardée", une lueur étrange dans les yeux.

Seule Eather faisait tâche à rire à n'en plus pouvoir au milieu du parquet.

Intervenant légèrement effrayé, Jorge entreprit d'écarter Roz du détenu, lui rappelant qu'elle n'avait en aucun cas le droit d'avoir de tels gestes.

- Donc lui il me drogue mais moi j'ai pas le droit de lui enfoncer une fourchette dans les cocos ?!

Tous laissèrent la question de Roz en suspend, bien trop effrayés à l'idée d'être confrontés au même sort.

Je pinçai des lèvres.
Roz pouvait vraiment être une catastrophe ambulante. La ramenant auprès de moi je lui intimai de s'assoir et elle s'exécuta, non sans ronchonner.

Les lèvres gonflés, trois dent arrachés et un cocard en guise d'œil gauche, Marcus était sur le point de tout cracher.

- Je vais tout Vous dire !...Mais la laissez plus m'approcher !

Il désigna la criminelle aux fourchette de son doigt ensanglanté et frémit de peur, capitulant.

- Il se cache dans les montagnes d'Hawhills a l'est. D'après mes dernières informations il lèverait le camp demain à l'aube.

Un sourire sincère éclaira mon visage.
Ca y'est, le Bras Droit était à portée de main.

|FIN|

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