𓆞; 𝐑𝐞𝐢𝐧𝐞𝐫 𝐁𝐫𝐚𝐮𝐧,

⸻𝖗𝖊𝖎𝖓𝖊𝖗 𝖇𝖗𝖆𝖚𝖓;
𝐒𝐄𝐀𝐒𝐎𝐍 𝐓𝐇𝐑𝐄𝐄.

Les plaines s'étendaient à perte de vue, les feuilles des arbres bougeaient au gré léger du vent, les titans se baladaient tranquillement dans tout cela, et, depuis le haut des murs, à regarder, tout était magnifique. Si on en oubliait évidement les titans qui attendaient patiemment leurs futurs repas..

Reiner, Ymir et Bertolt, eux, avaient un accès direct à cette, justement, vue, se tenant tout les trois au dessus d'un des fameux murs nommés Maria, Rose ou Sina. Mais, malheureusement, ils étaient trop essoufflés pour profiter de ce luxe offert. Ils se contentaient alors de reprendre leur souffle.

Ymir était étendue au sol, les bras et jambes écartées. Une main déposée sur le front et les yeux rivés sur le ciel, elle semblait apaisée, comme dans un état de transe. Bertolt, lui, était recroquevillé sur lui-même. Son regard vide trahissait sa peur, son incompréhension et son envie d'être ailleurs, sauf ici.

Et Reiner, lui, était accroupi, le souffle coupé. Il avait utilisé déjà deux fois sa forme de titan en une journée et avait dû se battre comme jamais. Alors il lui fallait énormément de temps pour reprendre des forces. Il avait sûrement été le plus blessé physiquement.

Enfin, après un moment de silence, Reiner prit la parole, tout en se tournant vers la brune.

"Ymir.." il déclara. "Pourquoi tu es venue avec nous ?"

Les larmes aux yeux, l'interpelée répondit :

"Eh bien.. Sûrement parce que je suis stupide." elle plaisantait. "Je serai votre ticket de retour au pays." proposa-t-elle.

Et, déposant sa main déposée sur son front au sol, elle ajoutait :

"Vous ne seriez pas repartis les mains vides, si ?"

Chamboulé, Bertolt ne pu garder le silence.

"Ymir..."

Il était vrai que le jeune homme était chamboulé, car les actions de la jeune brune étaient à la fois touchants et incompréhensibles. Elle ne semblait pas faire ça par obligation ou pour d'obscures raisons, mais juste par envies.

Et Ymir rajouta donc :

"Si vous n'étiez jamais venus détruire le mur, je ne me serai jamais éveillée de mon cauchemar." les larmes aux yeux elle poursuivit : "Je ne fais que m'acquitter de la dette que j'ai envers vous depuis ce jour. Et puis.. Je suis la seule à savoir dans quelle situations vous vous trouvez." elle insista.

"Merci, Ymir." balbutia Bertolt, avant de déposer sa main sur ses lèvres, et de sentir un flot de larmes venir lui brouiller la vue. "Désolé..."

Dans un sourire, la brune répondit :

"C'est pas grave."

Puis, alors qu'une larme perla le long de sa joue, elle leva sa main en direction des étoiles, le regard rêveur.

"C'est pas si désagréable, cette sensation d'être une déesse." elle avouait.

Reiner et Bertolt ne surent quoi répondre à cela. Ils restèrent alors silencieux. Et, durant un court laps de temps, les trois traîtres purent enfin reprendre leur souffle, ainsi que se remettre de leurs émotions. Car cette bataille contre le bataillon d'exploration avait été des plus éprouvante.

Bertolt pleurait silencieusement, toujours recroquevillé sur lui-même tandis que Ymir avait fermé ses yeux, profitant du vent frais qui venait caresser ses cheveux, et Reiner, lui, s'était tourné vers une proche silhouette allongée au sol.

"Vous pensez que la corde suffira à la retenir ?" demandait soudainement Ymir, en référence au corps qui était étendu non loin de là.

"Pas vraiment." soupira Reiner. "Le seul moyen de la garder reste de la persuader."

La brune lâchait un rire.

"Mission impossible, connaissant son caractère de cochon." elle plaisantait.

"Je.. Je crois que c'était une mauvaise idée de l'enlever..." sanglota Bertolt. "Ils risquent de revenir la chercher, comme pour Historia et ils... Ils vont nous tuer."

Reiner grogna.

"C'est peu probable." contesta-t-il. "Avec de la chance ils comprendront que c'est nous, mais sinon ils penseront qu'elle a été tuée lors de notre combat."

"Ils risquent de s'en rendre compte, ils sont moins bêtes qu'ils en ont l'air." siffla Ymir.

"Mais le temps que ça arrive elle sera déjà bien loin." conclua Reiner.

"Elle va nous détester." murmura difficilement Bertolt. "Elle va te détester, Reiner."

La brune lâcha un ricanement amer.

"Comme si c'était la seule."

Le blond ne répliqua pas. Ymir ne le disait pas méchamment, il en était conscient. Il se contentait alors de se redresser puis de marcher jusqu'au corps qu'il s'était efforcé de transporter jusqu'ici avec celui de ses deux complices. Une fois face à celui-ci, il vint le porter, puis annoncer :

"Je me charge de lui expliquer la situation. Ne nous interrompez pas."

Reiner s'éloigna alors de plusieurs vingtaine de mètres de ses compagnons. Car il savait pertinemment que la discussion qu'il s'apprêtait à avoir allait être non seulement douloureuse, mais aussi extrêmement bruyante.

"Y/N.. Pardonne moi."

──〖06h39〗──

Cela faisait à peu près une petite heure que Reiner avait déposé le corps qu'il transportait au sol. Il s'était entre-temps assuré que rien ne pourrait l'aider à s'enfuir de là, puis il avait commencé à attendre. Durant d'interminables minutes, il avait patienté.

Avant que, finalement, tu ne te réveilles.

"Aïe..! Ma tête..."

Douloureusement, tu t'étais redressée et sans attendre tu avais porté ta main sur le dos de ton crâne, sentant une puissante douleur t'y lancer. De ce que tu sentais, tu n'étais pas blessée. Ça ne devait pas être une blessure importante, tu concluais. Peut-être une simple bosse.

Enfin, après t'être assurée que tu allais plus ou moins bien, tu avais commencé à détailler les alentours.

Il t'était difficile de comprendre où tu étais, pourquoi tu voyais flou, et pourquoi tu étais ici, sans Eren, Mikasa, Armin, Jean, Conny, Sacha et tous les autres. Tu avais du mal à te souvenir de ce qui c'était passé. Il te fallut donc quelques minutes d'adaptation.

Tu déposais ta main sur ton front, les sourcils froncés. Tu avais l'impression que rien n'existait autour de toi, du moins tant que tes souvenirs ne se décidaient pas à revenir. C'était une situation compliquée. Mais, le problème fut rapidement résolu.

Tu te souvenais.

Ça revenait.

Avec l'aide de Mikasa et des autres vous étiez venus en aide à Christa, Conny et Bertolt, et Ymir... Et... Et Reiner. Puis, lorsque vous étiez enfin rentrés, à l'abri, le cauchemar avait commencé. La vérité avait éclaté. La guerre avait été déclarée...

Tes yeux s'humidifiaient brusquement, la dure réalité te tombant brusquement sur les épaules. Si bien que l'espace d'un instant tu ne pu respirer. Tu suffoquais.

Reiner était un titan. Le titan cuirassé. Bertolt était un titan. Le titan colossal. Et Ymir aussi était un titan...

"Y/N, ça va aller ?" intervint soudainement une voix.

Tes yeux larmoyants se posèrent sur Reiner. Puis tu bondis en arrière.

"N-Non... Qu'est-ce que... Reiner !" tu hurla brusquement, la rage s'étant emparée aussi bien du son de ta voix que de toi.

Oui, ça y est, les souvenirs revenaient. Tu te rappelais de son combat avec Eren. Tu te rappelais comment il t'avait fixé lors de sa transformation, et tu te souvenais aussi du regard désolé qu'il t'avait lancé sous sa forme de titan lorsqu'il t'avait discrètement attrapée et enfermée dans sa mâchoire.

"Il faut qu'on parle, je crois." déclarait Reiner.

"Tu es... Mon Dieu j'y crois pas. Tu es un titan..."

Ton cœur palpitait à une vitesse folle. Tu avais encore du mal à croire que c'était vrai. Reiner avait semblé tout ce temps si loyal... Conny t'avait même rapporté qu'il s'était battu à mains nues avec un titan afin de le sauver. C'était incompréhensible !

"Premièrement, je suis-"

"Laisse moi partir."

Surpris, le blond vint te dévisager.

"Y/N, s'il te plaît écoute moi, avant... Ensuite je te promets que-"

"Je n'arrive pas à croire que je n'ai rien vu depuis tout ce temps..." tu murmurais en le foudroyant du regard. "Je veux dire... On sort ensemble, non ? Alors on est proches... Pourtant.. Tu cachais bien ton jeu, hein ?" cracha-tu. "Espèce d'assassin."

Reiner détourna le regard, bouleversé.

Tu étais tombée amoureuse de Reiner dès que tes yeux s'étaient posés sur lui, donc depuis trois ans. Mais vous aviez seulement commencé à vous fréquenter depuis six mois, après que Conny et Sacha ne vous aient fait punir par Livaï pour des bêtises qu'ils avaient commises.

Faire le ménage à deux vous avait grandement distrait, et surtout rapprochés. Enfin, c'était ce que tu croyais.

Reiner t'avait toujours énormément impressionnée. Tu aimais tout de lui. Son corps robuste, musclé, sa gentillesse, son habilité au combat, son sens du sacrifice, les petites attentions qu'il avait à ton égard que vous soyiez seuls ou non et le fait qu'il soit aussi dévoué envers l'humanité.

"J'ai envie de vomir."

Des remontées peu agréables vinrent te faire grimacer. Forcée de déposer ta main sur tes lèvres, par pur réflexe, tu détournais le regard de ton petit ami. Comme si ne plus le regarder allait t'aider à aller mieux. Et, étrangement, cela se produisit.

"Tu m'as... Tu m'as menti." tu déclarais en fixant les plaines qui s'offraient devant toi. "Depuis tout ce temps tu.. Tu te fichais bien de moi... J'arrive pas à y croire... Oui, c'est incroyable..."

Reiner restait assit, les jambes en tailleurs, à de nouveau te regarder. Tandis que toi aussi tu étais dans la même position, mais beaucoup plus éloignée de lui, au bord du vide.

Tu étais terrifiée.

Qui était cet homme dont tu étais tombée amoureuse ? Était-ce vraiment Reiner ? Ou une personnalité inventée par ses soins afin de mieux s'intégrer parmi vous ? Et que désirait-il en t'enlevant ? Une rançon ? Il voulait faire un échange ? Eren contre toi ?

Tu t'y attendais. Après tout, tu ne savais plus qui tu avais en face de toi.

"Y/N..."

Tu le froudroya du regard. De quel droit se montrait-il aussi désolé et chamboulé ?

Reiner avait assassiné des familles entières. Elles étaient mortes sous la peur des titans, elles avaient été torturées. Et sûrement des proches à eux devaient vivre avec cette douleur constante, celle d'avoir perdu non seulement des êtres chers, mais aussi celui de subir le même sort qu'eux.

En cet instant, tu étais incapable de ressentir la moindre pitié pour lui. Comme Eren, tu ne voyais désormais plus ton petit ami comme un être humain, mais comme la pire crasse de l'humanité qui n'aie jamais existée en ce bas monde. Tu avais juste envie qu'il disparaisse. Qu'il meure.

"Je suis désolé."

Fronçant tes sourcils, tu répliquais :

"Jamais tu ne seras pardonné pour avoir osé ôter la vie à tant de personne. Alors garde tes excuses de merde pour toi et vas-t'en. Reiner, je-"

"Je ne m'excusais pas pour ça, Y/N."

Quel culot ! Il avait assassiné des millions de personne et il n'en accordait plus aucune importance ?

"Je veux dire... Bien sûr que je me sens mal d'avoir tué autant de personnes, mais c'est mon devoir de guerrier et..." lourdement, il soupira. "Enfin, je ne voulais pas m'excuser pour ça."

Rapidement, il se levait pour venir s'accroupir face à toi. Malheureusement, tu ne pus y échapper, car le vide se trouvait derrière toi. Et de toute façon, tu avais trop peur de bouger.

"Je suis désolé de t'avoir fait croire que j'étais un soldat. Je suis désolé de t'avoir menti. Et je suis désolé de te faire autant souffrir." il se confessa.

"Tu..."

Tu secouais la tête.

"C'est trop facile de s'excuser. Mais là il ne s'agit pas de nous, Reiner. Là il s'agit de l'humanité et-"

"Vous n'êtes pas seuls."

La phrase du blond resta en suspens.

'Pas seuls'..? Que devais-tu comprendre par là ? Tu avais énormément de mal à suivre ce qu'il te racontait... Tout allait si vite.

"J'aimerais que tu me fasses confiance, Y/N. J'aimerais que tu restes à mes côtés. Je sais que c'est fou, mais je-"

"Je refuse."

Naturellement, tu avais envisagé la possibilité qu'il te fasse cette proposition. Mais pour quoi ? Pour le suivre alors que tu ne savais rien de lui ? Pour rencontrer le titan bestial et risquer de faire tuer tous tes camarades du bataillon d'exploration ?

C'était hors de question.

Le choix entre ce faux amour et l'amitié que tu entretenais depuis des années avec Eren, Mikasa, Jean, Armin, Sacha, Conny et tous les autres était rapide. Reiner ne méritait plus sa place dans ton cœur. Qu'il ne veuille ou non. Tu ne voulais plus de lui.

"Qu-Quoi...?" il demanda, stupéfait. "Y/N..."

Tu te releva soudainement. Il fit de même.

"Je ne sais pas qui tu es." déclara-tu. "Je sais juste que tu viens du monde extérieur, que tu as assassiné toute ma famille, que tu as intégré le bataillon d'exploration afin de capturer Eren pour je ne sais quelle raison, et tu voudrais me faire croire que tes sentiments ne sont pas faux ?"

"Je ne t'ai jamais menti sur ce point !" il s'exclama brusquement. "Crois-moi, je t'aime."

Tendrement, il saisissait ta main.

"À ton avis, pourquoi sinon t'aurais-je enlevée ?"

Tu retirais sèchement celle-ci de son emprise en le foudroyant du regard et tu sifflais :

"Pour en savoir plus sur le bataillon, voire me manipuler pour que j'attire Eren en dehors des murs et ainsi t'aider à le kidnapper ?"

Tu haussais un sourcil.

"Tu veux peut-être d'autres suppositions ? Parce que je suis pas à court, hein, Reiner." repris-tu.

"C'est faux, Y/N, je t'aime." il insista. "Alors reste avec moi !"

La mère de Eren était morte par sa faute. Conny, Jean et Sacha risquaient leur vie alors que leur famille redoutaient un peu plus chaque jour leur mort. Mikasa se faisait sans cesse un sang d'encre pour Eren. Armin n'avait plus son innocence d'antant.

C'était tout ce que tu voulais retenir.

Alors peu t'importait d'avoir les joues rosées face à l'homme que tu aimais, peu t'importait de sentir ton corps réclamer encore de son touché, peu t'importait de sentir ton bas ventre s'enflammer alors que vos regards se fixaient et peu t'importait de savoir qu'il était prêt à faire tout ça pour toi.

Reiner et Bertolt avaient délibérément briser les murs vous protégeant des titans quelques années plus tôt. Ils avaient provoqué un génocide historique. Une Grande Peur. Et même encore aujourd'hui, des gens mouraient à cause d'eux. Marco était mort à cause d'eux. Franz était mort à cause d'eux.

Vous alliez tous mourir à cause d'eux.

"Donc.. Si on suit ton résonnement, je suis supposée te pardonner toutes ces morts, par amour ?" tu demanda.

Reiner s'approcha brusquement de toi.

"Je sais que ça peu paraître égoïste et mal mais je t'en prie, comprends moi !" s'exclama-t-il. "Y/N, il faut que tu nous suives, et là je te promets que tu y verras plus clair. Il faut que tu viennes avec moi, je ne veux pas que tu meures."

Tu fronçais tes sourcils.

"Comment ça ?" tu le questionnais. "Pourquoi tu me parles de mort maintenant ? Qu'est-ce que vous allez faire, Reiner ?"

Le blond semblait hésitant.

"Réponds moi, Reiner !" tu hurlais sous le coup de la panique.

Le jeune homme détourna le regard.

"Je... Je suis désolé. Pour l'instant je ne peux pas t'en dire plus." il avoua. "Mais viens avec nous, et tu en sauras plus, je te le promets."

Haletante, tu secouais la tête.

"C'est hors de question. Je refuse de te suivre." le coupa-tu. "Je veux que tu me laisses partir, Reiner. Je veux rentrer chez moi."

Ton petit ami semblait vexé, peiné, par ta réaction. Mais cela ne te fit ni chaud ni froid.

"Y/N, je t'en prie, comprends.. Pardonne moi..." il murmura d'une voix tremblante.

Comment pouvais-tu comprendre, toi qui ne savais rien ? Comment pouvais-tu avoir pitié de l'homme que tu aimais alors que tout ce que tu savais était qu'il avait délibérément tué des millions de personnes dont tes propres parents voire même tes amis ? Tu ne pouvais pas, tout simplement.

"Je te déteste, Reiner." tu déclarais. "Je crois d'ailleurs que jamais personne ne m'a autant inspiré le dégoût que toi. Disparais. Je t'en supplie, disparais avant que je ne te tue." insistais-tu douloureusement.

Reiner te dévisagea, profondément heurté par tes dires. Et cela suffit à te faire enrager car tu ne comprenais rien à ce qui lui arrivait. Il regrettait ce qu'il avait fait, tu le sentais, mais... Non. Il était impardonnable. À tes yeux, oui, il était terriblement impardonnable.

"J'aimerais tellement que tu comprennes à quel point je suis désolé, et à quel point je t'aime, Y/N..." il t'avouait.

Rapidement, tes yeux dérivaient sur son équipement, plus précisément sur les lames encore toutes aiguisées qu'il portait. Il te fallait t'enfuir, tu ne pouvais pas rester avec lui. C'était finalement la seule solution. Oui, tu n'avais pas d'autre choix. Reiner ne devait plus t'approcher.

Sans attendre, tu te jeta alors sur lui.

"Y-Y/N !"

Tu tentais de saisir n'importe quoi provenant de son équipement. Ne serait-ce qu'un bout de métal qui te permettrait de te sauver de là. Car tu savais qu'il n'allait pas te laisser partir aussi facilement. Non, pas après tout ce que tu savais et tout ce que vous aviez vécus.

"Y/N, je t'aime je t'en prie-"

Ton poing s'abattit sur son visage.

"Silence, assassin ! Meurtrier ! Monstre !" tu hurla à plein poumon, les joues ravagées par les larmes.

Face à l'océan de désespoir que devenait ton regard, celui de Reiner changea brusquement. Il ne semblait plus crispé. Il commençait à lâcher tes poignets qu'il avait précédemment saisit puis à te dévisager.

"Y..Y/N..?" il te questionna.

"Quoi !?"

Tu tenta de le gifler, mais tu te figea en l'entendant.

"Pourquoi nous sommes en train de nous battre ?"

Tu le fixa, incrédule.

"Tu.. Quoi..?"

Tes traits sur durcirent et tu t'exclama, prise de rage :

"Ne te fous pas de moi, Reiner ! C'est toi qui m'a enlevée, n'inverse pas les rôles !"

Une claque s'abattit sur sa joue et le blond retint son souffle. Reiner n'osa pas bouger d'un seul pouce, bouche bée.

"Je ne veux plus de toi ! Vas-t'en ! Disparais ! Meurs !"

Tu frappais son torse aussi puissamment que ton état te le permettait.

"Je te.. Je te déteste !" hurla-tu.

Presque à bout de souffle, tu persistais à lui asséner des coups toujours plus faibles. Reiner, lui, te dévisageait.

Il contemplait avec douleur tes yeux larmoyants, tes lèvres tremblantes, tes joues tachées de larme et entendait avec peine ta voix vaciller et se faire rouée. Tu étais détruite, il le voyait bien. Mais pourquoi ? Que c'était-il passé ?

"Y/N qu'est-"

"Tais-toi !" tu le coupa dans un sanglot. "Je t'en supplie, tais-toi..."

Tu hoquetais.

La douleur dans ta poitrine était insoutenable. Tu aurais rêvé être dans cette même position avec lui, comme quelques jours plus tôt. Où vous vous câliniez timidement. Où vous vous échangiez des baisers amoureux. Où ses bras t'entouraient chaleureusement. Où ses yeux te contemplaient avec tant d'amour...

Ton amour pour lui venait de se retourner contre toi.

Et c'était terriblement douloureux.

"Il faut que tu m'expliques, Y/N..."

Tu relevais timidement tes yeux vers lui.

"Pourquoi est-ce qu'il faut que tu compliques tout, hein ?" tu le questionnais. "Pourquoi est-ce que tu as accepté de m'aimer si tu savais notre relation vouée à l'échec ? Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas simplement mis un râteau ?"

Avant de fondre en larmes, tu murmurais :

"Pourquoi est-ce que tu dis m'aimer, si au final tu cherches à me tuer ?"

Une lueur brilla dans le regard du blond. Et, remarquant votre position, il paniqua l'espace d'un instant avant de comprendre que tu étais complètement brisée, donc inoffensive. Il avait encore perdu connaissance, sa deuxième personnalité avait refait surface. Il allait devoir rapidement remédier à cela...

"Je suis honnête quand je te dis que je t'aime, Y/N." déclara sérieusement le blond. "Je n'ai jamais aimé quelqu'un aussi fort que toi. Et je pense que jamais ça ne se reproduira." avoua-t-il.

La douleur dans tes sanglots vinrent lui briser le cœur.

Tu avais déposé tes mains sur ton visage, et tu pleurais à chaudes larmes, assises sur ses jambes. Parce que tu n'avais pas pu te retenir. Tu avais mal, tu avais peur. Tu étais tombée amoureuse de la pire personne imaginable.

"Compte sur moi, Y/N. Je te protégerai." te souffla le beau blond.

Et, venant saisir tes mains, il profita de ton moment d'incompréhension pour te voler un baiser. Toi, ébahie, tu ne su quoi répondre.

"Je sais maintenant à quel camp tu appartiens, et je ne chercherai plus à forcer tes décisions." reprit le guerrier.

Reiner te sourit tristement.

"Qu'est-ce que.."

On te vola un autre baiser, cette fois ci plus long et plus passionné que le précédent. Et tu ne pu résister à y répondre. Ton corps répondait tout seul, car ton cerveau était tellement submergé d'informations, qu'il n'arrivait plus à te transmettre ce que tu devais faire.

"Je vais t'aider à rentrer." te souffla Reiner, une fois votre échange terminé.

Tu hocha docilement la tête.

Tu te sentais toute petite face à cet homme. Il ne ressemblait plus en rien à ce que tu avais vu. C'était comme si il y avait deux Reiner pour un seul corps. Et le Reiner qui te faisait désormais face, te terrifiait autant qu'il t'attirait.

"Je vais.. Oui, je vais t'aider à rentrer."

Ses mains vinrent déplacer quelques mèches de tes cheveux derrières tes oreilles tandis que ses yeux te dévoraient avec envie. Oui, une envie de te voler à ta famille, tes amis, le bataillon. À tout ce qui pourrait se mettre entre votre amour.

"Il doit y avoir des chevaux en bas, d'accord ? Je vais.. Je vais aller t'en chercher un."

Il avait l'air déboussolé. Son état te peinait. Reiner avait l'air de moins en moins monstrueux pour un titan qui avait tué des familles entières et qui menaçait d'éteindre l'humanité.

Alors que le blond se levait, tu saisissais sa main.

"Reiner.. Qu'est-ce qui va nous arriver ?"

Aucune réponse ne vint.

"Pas seulement toi et moi, notre relation. Mais ceux à l'intérieur des murs, Ymir, et Bertolt aussi. Et ces autres humains qui vivent à l'extérieur. Qu'est-ce qui va tous nous arriver ?"

Tu semblais désormais avide de questions. Mais Reiner ne savait pas quoi te dire, car il était aussi perdu que toi en cet instant.

"Je vais.. Je vais te chercher un cheval. Je reviens."

Il répétait en boucle les mêmes choses, trop déboussolé. Alors tu le laissa partir.

Reiner se dirigea vers le bord du mur afin d'utiliser son équipement tridimensionnel. Il revint quelques minutes plus tard pour t'avertir que ton cheval était prêt.

"Tu seras en sécurité pour rentrer, d'accord ? Longe le mur, je m'occuperais d'attirer les titans les plus proches pour te protéger."

Se transformer deux fois était déjà un paris risqué, mais trois fois c'était sûrement la goutte d'eau de trop. Néanmoins, Reiner n'hésita pas un seul instant.

"M.. Merci, Reiner."

Tu te levais difficilement et fus rapidement aidée par le jeune blond. Il te fit t'accrocher à lui, puis vous descendis du mur.

Une fois sur la terre ferme, tu te séparais de lui, embarrassée, et remarquais que, effectivement, ton cheval t'attendait. Attaché contre une maison en mille morceaux, il te fixa de ses yeux sombres et remua la queue.

"Tu devrais y aller." te conseilla le guerrier.

Tu avançais timidement vers le cheval afin de le caresser. La pauvre bête était tremblante de peur. Il avait sûrement été sortit aujourd'hui par un de vos camarades du bataillon qui avait combattu Reiner, Bertolt et Ymir avant que ce dernier ne perdre la vie. Tu en étais persuadée.

"Reiner.. Tu vas vivre au moins ?"

Ta question le fit se figer.

Quelques minutes plus tôt, tu avais souhaité sa mort. Mais maintenant que tu étais déboussolée, tu laissais juste ta crainte prendre le pas sur l'adrénaline. Tu laissais ton cœur parler et dominer ta morale, ta raison.

"Oui." mentis alors le jeune homme.

Tu lui offrais un tendre sourire, ravie de l'entendre avant de grimper sur ta monture et de saisir les rênes de ton cheval de secours.

"Reiner tu sais je-"

Le sourire triste de ton petit ami te fit taire.

"Je suis désolé."

Reiner s'approcha de toi et décida de rompre votre contact visuel.

"Je t'aime, fais attention à toi. Tâche de vivre le plus longtemps possible, et oublie moi."

Tu fronçais tes sourcils.

"Quoi ? Mais-"

Le hennissement de ton cheval vint te faire hoqueter de surprise, à la limite de te faire mordre ta propre langue. Reiner venait de lui asséner une claque sur le postérieur, le faisant bondir en avant, vous faisant ainsi vous éloigner de lui.

"Reiner !" tu hurla.

En vain. Car le guerrier ne te regardait désormais plus.

"Non ! Reiner !"

Tu le voyais saisir une lame de son équipement avant de se blesser avec. Puis s'en suivit de sa transformation. Reiner poussa un hurlement si puissant, alors que tu voyais des brides d'immenses peaux surgir du vide, que tu fus contrainte de te boucher les oreilles.

"Bon sang... Reiner !"

Ton cheval était trop loin, il ne t'entendait plus.

Soudainement, tu sentis un brusque courant d'air faire virvoleter tes cheveux.

Et alors que tes yeux rencontrèrent d'énormes pupilles, ainsi qu'une dentition trente fois supérieures en taille, un hurlement s'échappait de tes lèvres.

Tu voyais une horde de titans se diriger vers toi. Mais ils te dépassaient tous, afin de se ruer vers Reiner. Celui-ci se contentait de courir, ou de les tabasser jusqu'à les laisser à moitié morts au sol. Sans même te lancer un dernier regard.

Tu ne pus d'ailleurs toi-même contempler cette horreur davantage, car une plaine se dessina bientôt là où l'homme que tu aimais se battait pour te protéger. Il disparut alors de ton champs de vision, te faisant à nouveau hurler son prénom.

──〖18h09〗──

La nuit était enfin tombée sur l'île du paradis. Pourtant, la plupart de ses habitants ne dormaient pas. Principalement les soldats provenant du secteur de la garnison. Car ils étaient bien trop occupés à surveiller les murs afin d'éviter une soudaine attaque de titans pour penser à se reposer.

Et pendant que le silence régnait, que la peur voire l'ennui grouillait dans l'estomac de certains, un bruit répétitif résonna.

"Umh. Vous entendez ?" demanda un soldat.

On distingua des bruits de sabots s'écrasant sur de la pierre provenant de l'extérieur du mur Rose. La panique se fit sans attendre ressentir. Qui était-ce ? Devait-on signer l'alerte ? Ou était-ce juste le bruit du vent ? Ou d'un annimal égaré ?

"Le bataillon d'exploration serait revenu ?" demanda une voix.

"Pourtant j'ai entendu dire qu'il était revenu cet après-midi !" s'en exclama une autre.

"Alors qui est-ce ?" s'impatienta un autre soldat.

Une silhouette se pencha vers la provenance des bruits et te pointa sans attendre du doigt.

"Hey ! C'est un membre du bataillon d'exploration ! Regardez sa tenue !"

La lumière présente sur la hauteur des murs te permis à te faire reconnaître. Car ce n'est pas en étant endormie que tu aurais pu servir à grand chose.

"Attendez je la reconnais, c'est Y/N L/N !" beugla une demoiselle penchée dans le vide en ta direction. "Elle fait bien partie du bataillon d'exploration, elle a été déclarée morte pourtant..."

"Je vais prévenir le commandant Erwin !" intervint une nouvelle voix.

"Alors occupons nous de la remonter en attendant !" ordonna un jeune homme. "Et dépêchez vous avant qu'il ne soit trop tard !"

Et tandis que tout le monde s'activait en hauteur, tu vins petit à petit ouvrir les yeux.

Reprenant connaissance, tu te redressais et vins dévisager la source de lumière qui se trouvait au dessus de toi, pour finir par brusquement sentir ton souffle se couper.

Et dans un faible murmure tout tremblant, tu te demandais :

"Je suis rentrée..?"

⸻𝖊𝖓𝖉 𝖔𝖋 𝖙𝖍𝖊 𝖔𝖓𝖊 𝖘𝖍𝖔𝖙;
@𝐯𝐯𝐯𝟎𝟐𝟎𝐯𝐯𝐯

⸻ᅳ𝖜𝖔𝖗𝖐 𝖇𝖞;
@_𝐒𝐇𝐎𝐄𝐒𝐔𝐊𝐄_

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top