𓆞; 𝐉𝐞𝐚𝐧 𝐊𝐢𝐫𝐬𝐭𝐞𝐢𝐧,

⸻𝖏𝖊𝖆𝖓 𝖐𝖎𝖗𝖘𝖙𝖊𝖎𝖓;
𝐒𝐄𝐀𝐒𝐎𝐍 𝐅𝐎𝐔𝐑, 𝑃𝐴𝑅𝑇 𝑇𝑊𝑂.

Le lever de soleil avait à peine débuté que je refermais la porte d'entrée derrière moi. Une tasse chaude dans les mains, je descendais tranquillement du patio en admirant les alentours.

Une douce brise caressait ma peau, et toute cette verdure ainsi que cette bonne odeur boisée apaisait mes maux de cœur. Je me laissais aller, humant délicatement l'odeur émanant de ma boisson. Je venais à peine de me mettre au café, une obsession était née de cette découverte. Je ne pouvais plus me passer de ces moments où je me posais, et buvais le contenu de ma tasse en songeant à notre époque des plus marquantes. Cette matinée n'y faisait évidement pas exception.

En arrivant enfin sur l'herbe de la propriété, je ne tardais pas à apercevoir une silhouette à quelques mètres de là. Un sourire naquit sur mes lèvres. Jean, lui, ne m'avait toujours pas remarquée.

Le brun était assit contre un arbre, dessinant méticuleusement sur son carnet. Ses mouvements étaient très doux et précis. Le voir ainsi, me réconforta. Je m'approchais gentiment de lui en tentant de ne pas le déconcentrer. Il ne lui restait qu'une poignée de page et ses fusains étaient tous presque épuisés. L'idée de lui en offrir avait récemment germé dans ma tête, et tout coïncidait avec la date de son anniversaire qui ne cessait de se rapprocher. Une joie immense m'envahissait en pensant à quel point ces présents le combleraient.

"Bonjour."

Jean relevait sa tête vers moi. Sa petite mine surprise me fit sourire.

Rapidement, il fermait son carnet et une chaleureuse lueur vint traverser ses pupilles. Je prenais place à ses côtés au moment même où j'appercevais sa main tapoter le parterre d'herbe à ses côtés.

"Tu es réveillée depuis longtemps ?" il me demandait une fois posée.

Je soufflais gentiment sur ma tasse puis en bu une gorgée en me tournant vers lui. La beauté de Jean me séduisit instantanément. Je ne résistais à aucun traits de son visage, succombant lamentablement à l'amour que j'éprouvais à son égard. Comme depuis toujours.

"Dès que tu as quitté le lit." j'avouais. "J'ai du mal à dormir sans toi."

Jean me souriait timidement. Je remarquais du coin de l'œil qu'il gardait une main méfiante sur son carnet à dessin.

"Tu as commencé un nouveau portrait ?" je lui demandais.

Il jetait un même coup d'œil à son carnet avant de venir le déposer sur ses jambes. Quelque chose d'étrange changea dans son expression. Il esquissait un sourire triste sans lever son regard vers moi.

"J'avais envie de revoir son visage." Il m'avouait.

Comprenant à qui il faisait référence, je m'empressais de déposer une de mes mains sur son poignet. La différence de chaleur entre nos peaux me surpris légèrement. Jean, lui, n'eut aucune réaction.

"Je commençais à oublier à quoi elle ressemble." murmura-t-il. "Je déteste cette sensation.."

Sa gorge se serrait. Je l'entendais très clairement.

Je n'avais jamais été spécialement proche de l'ancienne brigade de Jean, puisque j'étais arrivée uniquement lorsque la vérité sur Paradis et Mahr avait été révélée. Jean était le seul avec qui j'avais réussi à me rapprocher, même si, depuis bien des années auparavant, j'étais déjà tombée sous son charme. Quelque chose émanait de lui, je l'avais ressenti depuis que mes yeux avaient croisés les siens.

Jean n'avait daigné me remarquer que quelques mois plus tôt, après la mort de Eren. Nous y avions tous compris les raisons qui l'avaient poussé à agir ainsi et nous l'avions tous pardonné. Jean avait immédiatement cherché du réconfort dans mes bras, et je l'avais acceuillie. Comme aurais-je pu le repousser ? Ça aurait été complètement stupide. J'avais donc cédé à son caprice et m'étais effacée avec lui.

"Je suis désolée, Jean." je murmurais en glissant mes doigts entre les siens. "Si je peux faire quoi que ce soit.."

Un petit sourire triste se peignait sur ses lèvres. Il ne tardait pas à relever ses yeux vers moi, une lueur intense y brillant.

"Tu en fait déjà assez, merci." il me répondait.

"Il n'y a pas de problème, Jean. Tu peux compter sur moi." je lui souris.

Lors des minutes suivantes, j'avais contemplé avec admiration et amour les traits de son visage. L'adolescence l'avait considérablement changé, que ce soit mentalement, ou physiquement. Je le sentais plus calme, et le voyais plus mâture. Il était devenu un très bel homme.

Puis, lorsque les rayons du soleil commencèrent à faire leurs apparitions sur son visage, mon attention fut détournée. Celle de Jean aussi. Il se mouva, et fit tomber son carnet au sol. Il s'ouvrit, attirant notre attention à tout les deux.

Embarrassé, Jean se jetait sur les pages et refermait le tout. Il s'empressait de me jeter un coup d'œil, appréhendant ma réaction.

Je me contentais de ramener mes jambes contre ma poitrine et de boire ma tasse. Mes pupilles se baladaient sur les alentours tandis que, si on tendait suffisamment l'oreille, il aurait presque été possible d'entendre mon cœur se fracasser en mille morceaux. Cependant, je fis mine de rien.

Quelques larmes menaçaient de teindre mes joues de tristesse, mais le soupir qui quitta l'instant d'après mes lèvres me donnait la force nécessaire afin de les ravaler.

"C'est un ancien dessin." se justifiait Jean.

Je me tournais vers lui.

"Oui, je sais, Jean." lui souris-je. "Tu me l'as déjà dit."

Stupide n'était pas un mot qui pourrait me définir. Il était évident que j'étais consciente de la relation ambiguë entre lui et Mikasa Ackerman. Je n'étais pas née de la dernière pluie, et c'était tant évident ! Mais, de ce que j'avais pu constater, ses sentiments avaient disparu. Il était passé outre ce coup de cœur foudroyant. Il avait rapidement compris l'intensité de la relation entre la jeune femme et Eren, il avait tourné la page.

Désormais, il prenait pitié pour son amie et la laissait faire son deuil. Elle était brisée. Il savait qu'il n'était pas celui qui l'a guérirait et qu'elle n'était pas non plus celle qui le guérirait. Ils étaient incompatibles et ses sentiments faisaient presque pitié à côté de ceux d'Eren.

Mais la façon dont ce portrait l'embelissait exagérément ne put me laisser de glace. C'était au dessus de mes forces. Il l'avait tant de fois dessinée...

"Y/N, je suis sérieux."

Jean attrapait ma main libre. Il attirait mon attention, plantant un regard troublant dans le mien.

"Je veux que tu en sois conscience." reprit-il. "Il n'y a plus que toi, et il n'y aura désormais que toi. Je te le promets."

J'acquiesçais gentiment.

Mes pupilles se perdaient dans les siennes. J'y croisais de puissants sentiments et un sérieux qui me fit énormément d'effet. L'envie de le croire me nouait le ventre et la peur de le perdre me nouait la gorge. C'était tellement dur de lui faire confiance avec toutes ces années où il avait sacrifié sa vie, sa sécurité, son honneur, pour une jeune femme aussi incroyable qu'elle. Je savais que je ne faisais pas le poids, il était alors évident que j'aie des doutes, même si je savais ses sentiments éteints.

"Je suis désolé."

Jean alla se frotter le visage puis glissait ses mains dans sa chevelure. Ce geste absolument séduisant fit s'emballer mon cœur, une douce chaleur réchauffa mes joues, puis finalement mon corps tout entier. Je le regardais faire, hypnotisée.

Un soupir quittait ses lèvres. Il plantait bientôt de nouveau son regard dans le mien.

"Je suis désolé de te faire vivre ça." déclarait Jean. "Tu ne mérites pas ça."

Je fronçais mes sourcils.

"Est-ce que tu m'aimes, Jean ?"

Il sourcils ses sourcils. Son expression se tordait dans une surprise désagréable peu dissimulée. Ma question venait sans doute de le vexer, je ne le blâmais pas.

"Bien sûr." il me répondait. "Tu es la femme de ma vie, je n'en doute pas un seul instant." affirma-t-il. "Pourquoi tu me demandes ça ?"

Je déposais ma tasse sur mes genoux en la serrant entre mes mains.

"Parce que tu t'excuses, et je ne comprends pas pourquoi." lui répondis-je. "Tu n'as rien fait de mal, Jean. J'attends juste que tu sois honnête envers moi."

Il déglutissait.

"Je sais que Mikasa a eut un grand impact dans ta vie, nous en avons déjà parlé avant de nous mettre ensemble." repris-je. "Je comprends, je t'assure. Alors ne t'excuse pas d'être tombé amoureux d'une autre femme, ce genre de choses ne se contrôlent pas. Tu peux me croire, je sais de quoi je parle." le rassurais-je.

Jean hochait la tête.

"Je ne veux pas te faire souffrir, c'est tout." il m'avouait. "Tu comptes énormément pour moi, je ne pensais même pas ça possible..." murmura-t-il.

Sa main vint délicatement attraper l'une des miennes et la déposer sur son torse. Surprise, je me laissais faire. Ma paume sentait les palpitations effrénées de son organe vital pulser contre elle, je relevais un regard étonné en sa direction. Jean me sourit gentiment.

"Ça n'a pas toujours été toi." il déclarait. "Mais désormais ce sera toi, et uniquement toi, jusqu'à mon dernier souffle. Tu peux me croire."

Il raffermissait sa pression sur mes doigts. Il les compressait d'une douceur désespérée.

"Le cœur ne peut pas mentir."

Je sentais son autre main saisir ma tasse et la déposer méticuleusement sur son cahier. Les deux se trouvaient au sol, hors de mon champs de vision. Et, lorsque les doigts du brun vinrent délicatement frôler ma mâchoire, j'abandonnais toute idée de songer à autre chose. Le sentir rapprocher mon visage du sien fit s'emballer mon être. Il était si lent, si sensuel, si doux. C'était comme si il avait peur de me briser. Et voir ses pupilles si intenses me dévorer ainsi d'amour me chamboula. La façon dont il me regardait me rendait muette, amnésique.

Jean me vola un tendre baiser.

Il fit se rencontrer nos lèvres dans une perfection qui m'arracha un frisson. Nos croissants de chair s'emboitaient parfaitement les unes sur les autres et sentir la douceur des siennes me caresser ainsi me donnait un mal fou à respirer. J'arrivais bientôt à bout de souffle. Jean prenait son temps, chouchoutant ma bouche comme il en avait l'habitude. Rien n'était violent, il me partageait ses sentiments, ses pensées, ses peurs, ses joies, à travers notre échange.

Et je ne pu que le remercier en glissant une de mes mains sur son visage. J'approfondissais tendrement le baiser, laissant ma langue entrer en contact avec la sienne. Une odeur de caféine se propagea dans nos bouches. Rapidement après, la prise de Jean sur ma mâchoire se raffermissait. Puis il se reculait de moi.

"Je t'aime."

Un honnête sourit naquit sur mes lèvres. Tendrement, je vins caresser sa barbe naissante du bout de mes doigts. Je brisais notre contact visuel, un peu embarrassée.

"Je t'aime aussi, Jean."

Le brun me souriait. Il glissait ses mains jusqu'à saisir les miennes et les enfermer dans ses paumes.

"Reste là avec moi." il me demandait.

Je relevais un regard curieux en sa direction. Jean insistait de ses yeux.

"Il est encore tôt, on a toute la journée devant nous." il déclarait. "Ne pars pas tout de suite."

Il resserrait sa prise sur mes mains.

"S'il te plaît."

Je me retirais de son emprise dans un sourire peu dissimulé. Une joie immense m'envahissait en entendant sa supplication. Elle me touchait en plein cœur, le badigeonnant d'un amour bien gras et débordant.

Je me penchais donc sur Jean, récupérais ma tasse à ses côtés -collée contre le tronc de l'arbre- et vins confortablement me rasseoir. Ma tête tombait contre l'épaule du brun alors que je prenais une gorgée de ma boisson. Le liquide encore chaud me réconforta et m'aidait à me focaliser sur autre chose que l'homme dont j'étais éperdument amoureuse. Lui, récupérait son carnet.

Je l'entendais feuilleter lors des secondes suivantes. Cela attira mon attention.

Je me sentais délicatement transportée par la fraîcheur de l'herbe encore humide. Elle me caressait les jambes et les trempait à de nombreuses reprises. L'odeur qui en émanait, plus celle du café, me fit un bien fou. Le soleil brillait davantage, il commençait à caresser mes chevilles, les enlaçant tendrement de sa douce chaleur. Il me berçait, plus la présence de Jean à mes cotés; je commençais à me laisser aller.

Cependant, je ne pu résister à l'envie de jeter un coup d'œil au carnet du brun. Je rouvrais alors mes paupières, papillonnant brièvement des yeux.

Jean avait effectivement feuilleté son carnet. Sa main s'activait sur son nouveau dessin à l'aide de son fusain. La vue me fut cachée l'espace d'un instant. Je pu alors contempler le nombre incroyables de pages qu'il avait utilisé. Le nombre avait augmenté depuis que nous avions emménagé à Paradis, dans cette petite cabane de bois, à l'abri du monde extérieur.

Jean avait plus de temps pour laisser libre cours à son talent, je n'en avais été que réjouie en constatant cela. Cette activité calme lui faisait énormément de bien, c'était flagrant.

Sur la page de gauche j'observais un récent portrait de sa défunte amie Sasha. Quelques tâches avait marqué au fer rouge la page; des larmes. Malgré ce détail poignant, la beauté de son dessin me sauta aux yeux. J'en terminais séduite. Je ne me souvenais pas la brune ainsi, pouvoir l'observer de la perspective de Jean était quelque peu étrange. Mais réconfortant. Car la douceur et la bienveillance qui émanait de son dessin me toucha.

Mes pupilles vinrent rapidement se tourner vers la main de Jean. Celle-ci s'était enfin déplacée. Son nouveau dessin me fut alors pleinement visible.

C'était un portrait. Un portrait de moi.

⸻𝖊𝖓𝖉 𝖔𝖋 𝖙𝖍𝖊 𝖔𝖓𝖊 𝖘𝖍𝖔𝖙;
@𝐭𝐡𝐞𝐫𝐚𝐩𝐢𝐬𝐭𝐥𝐞𝐯𝐢

⸻ᅳ𝖜𝖔𝖗𝖐 𝖇𝖞;
@_𝐒𝐇𝐎𝐄𝐒𝐔𝐊𝐄_

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